Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada – Antimoine : Stratégies de gestion, considérations internationales
- Aperçu
- Considérations relatives à la exposition
- Considérations relatives à la santé, calcul de la valeur
- Considérations relatives à l’analyse et au traitement
- Stratégies de gestion, considérations internationales
- Justification de la concentration maximale acceptable
- Références, liste des abréviations
- Données sur la qualité des eaux au Canada
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Stratégies de gestion
Tous les responsables des réseaux de distribution d'eau potable en eau potable devraient mettre en œuvre une approche de gestion des risques, comme l'approche de la source au robinet ou du plan de gestion de la sécurité sanitaire de l'eau pour assurer la salubrité de l'eau (CCME, 2004; OMS, 2011, 2017). Ces approches exigent une évaluation du réseau pour caractériser la source d'approvisionnement en eau; décrire les procédés de traitement qui préviennent ou diminuent la contamination; déterminer les conditions pouvant mener à une contamination et mettre en œuvre des mesures de contrôle. Une surveillance opérationnelle est alors établie et des protocoles opérationnels ou de gestion sont institués (par exemple, procédures opérationnelles standardisées, mesures correctives et interventions en cas d'incident). Une surveillance de la conformité est établie, ainsi que d'autres protocoles permettant de valider le plan de gestion de la sécurité sanitaire de l'eau sont mis en œuvre (par exemple, tenue de registre, satisfaction des consommateurs). Les opérateurs doivent aussi recevoir une formation pour assurer en tout temps l'efficacité du plan de gestion de la sécurité sanitaire de l'eau (Smeets et coll., 2009).
Stratégies de contrôle
Dans les sources d'approvisionnement en eau présentant des concentrations d'antimoine supérieures au seuil acceptable, une option de traitement dont il a été question dans la section en considérations relatives au traitement section en considérations relatives au traitement peut être mise en œuvre, ou des stratégies de non-traitement (par exemple, mélange) ou d'autres sources d'approvisionnement en eau peuvent être envisagées. Lorsque l'option d'une technologie de traitement est retenue, le dérivé d'antimoine doit être identifié et des essais pilotes sont recommandés pour s'assurer que l'eau peut être traitée avec succès et que la conception du procédé est établie. Il faut accorder une attention particulière à la qualité de l'eau provenant d'une nouvelle source avant d'apporter tout changement (passage à une autre source, mélange ou raccordement) à une source d'approvisionnement en eau existante. Ainsi, si l'eau de la nouvelle source est plus dure, elle peut entraîner un relargage du plomb ou du cuivre dans le réseau de distribution.
Comme il est difficile de maîtriser l'accumulation et la libération d'antimoine et d'autres contaminants préoccupants pour la santé dans le réseau de distribution, la stratégie de contrôle devrait permettre de réduire au minimum la concentration d'antimoine qui entre dans le réseau de distribution à partir de la station de traitement. Généralement, le réseau de distribution devrait être géré de manière à ce que l'eau potable se rende de la station de traitement au point de consommation avec le moins de perte de qualité possible. Étant donné que les sources d'approvisionnement en eau, les stations de traitement et les réseaux de distribution peuvent différer considérablement, une stratégie de contrôle spécifique au réseau sera nécessaire.
Surveillance
Caractérisation de la source d'approvisionnement en eau
Il faut effectuer une analyse des sources d'eau pour déterminer si elles contiennent de l'antimoine. La surveillance de la source d'eau doit être effectuée chaque année. Les autorités peuvent envisager une surveillance réduite lorsqu'il a été démontré que l'antimoine n'est pas présent ou qu'un traitement approprié est en place.
Traitement
Lorsqu'un traitement est nécessaire pour enlever l'antimoine, une surveillance opérationnelle doit être mise en place pour confirmer que le processus de traitement fonctionne comme prévu (c.-à-d. des échantillons appariés d'eau de la source et d'eau traitée pour confirmer l'efficacité du traitement). La fréquence de cette surveillance dépendra du procédé de traitement. Par exemple, si l'adsorption est utilisée, il faut effectuer une surveillance au moins trimestrielle ou utiliser une méthode d'estimation des VL jusqu' au point de percée pour prévoir le remplacement du média.
Surveillance de la conformité
Lorsqu'un procédé de traitement est en place pour l'enlèvement de l'antimoine, il est recommandé de mener une surveillance de la conformité pour l'antimoine total, à tout le moins chaque année, afin de confirmer que la CMA n'est pas dépassée. Les échantillons devraient être prélevés après le traitement, mais avant la distribution (généralement au point d'entrée du réseau de distribution), puis analysés par un laboratoire accrédité.
Réseau de distribution
Comme toute substance inorganique, l'antimoine peut s'accumuler dans les réseaux de distribution et être libéré par la suite. Par conséquent, il faut aussi exercer une surveillance tout le long des réseaux de distribution lorsque la présence d'antimoine a été ou est habituellement observée dans l'eau non traitée ou distribuée. Les programmes de surveillance doivent être conçus en fonction de chaque réseau d'eau potable particulier, afin qu'il soit possible de vérifier que les stratégies de surveillance fonctionnent comme prévu et doivent prendre en compte les facteurs de risque de concentration élevée d'antimoine dans le réseau d'eau potable. Les facteurs qui influencent l'accumulation et la mobilisation tels que des changements des propriétés chimiques de l'eau et des perturbations physiques/hydrauliques dans le réseau de distribution, pourraient servir d'indicateurs de la fréquence de surveillance des libérations d'antimoine, ainsi que des endroits où exercer une telle surveillance.
Il faut exercer une surveillance de l'antimoine total et des autres contaminants (par exemple, fer, manganèse, arsenic, plomb) lorsque la qualité de l'eau change ou que des perturbations physiques se produisent dans le réseau. La libération d'antimoine et d'autres contaminants peut être indiqué par un changement de couleur de l'eau ou une augmentation de la turbidité résultant de la libération de dépôts ou d'incrustations présents sur les parois des tuyaux. La fréquence et l'emplacement des sites de surveillance de l'antimoine dans le réseau de distribution, incluant un échantillonnage au robinet, doivent tenir compte de l'accumulation propre au site et des facteurs de risques de libération. Cependant, même si l'eau ne change pas de couleur, il ne faut pas l'interpréter comme une absence de libération de métaux.
La fréquence des activités de surveillance peut être moindre pour les responsables des réseaux de distribution d'eau potable dont les données de base indiquent l'absence d'antimoine dans le réseau de distribution.
Résidentiel
Les propriétaires qui possèdent des puits privés sont encouragés à faire vérifier la présence d'antimoine total dans leur eau, afin de s'assurer que la concentration dans leur source d'approvisionnement est inférieure à la CMA. De plus, les propriétaires de puits privés qui utilisent des dispositifs de traitement résidentiel doivent régulièrement faire vérifier l'eau qui entre dans le dispositif ainsi que l'eau traitée pour s'assurer de l'efficacité du dispositif.
Considérations internationales
D'autres organisations nationales et internationales disposent de lignes directrices, de normes et/ou de valeurs recommandées pour l'antimoine dans l'eau potable. Les variations de ces valeurs peuvent s'expliquer par l'âge des évaluations ou par les différences de politiques et d'approches, notamment par le choix de l'étude clé et l'utilisation de différents taux de consommation, poids corporels et facteurs d'attribution liés à la source.
Organisation (année) | Valeur (mg/L) | Effet principal (référence) | NOAEL/ LOAEL (mg/kg p.c. par jour) | FI | AQA (mg/kg p.c. par jour) | p.c. (kg) | Apport en eau potable (L/d) | FA (%) |
Santé Canada – CMA proposée (2022) | 0,006 | Effets sur le foie : anisocaryose; modifications biochimiques liées à des modifications histologiques du foie (Poon et coll., 1998). | 0,06 (NOAEL) | 300 | 0,0002 | 74 | 1,53 | 30 |
U.S. EPA – MCL (1992; 2018) | 0,006 | Diminution de la durée de vie, augmentation de la glycémie et du cholestérol (Schroeder, 1970). | 0,43 (DMENO) | 1 000 | 0,0004 (RfD) | 70 | 2 | 40 |
OMS (2003) | 0,02 | Réduction du gain de poids corporel et de la consommation d'eau et de nourriture chez les rats (Poon et coll., 1998). | 6 (NOAEL) | 1 000 | 0,006 | 60 | 2 | 10 |
Australie (NHMRC et NRMMC, 2011) | 0,003 | Diminution de la durée de vie, modification de la glycémie et du cholestérol (Schroeder, 1970). | 0,43 (DMEO) | 500 | n.d. | 70 | 2 | 10 |
UE (2020) | 0,01 | n.d. | n.d. | n.d. | n.d. | n.d. | n.d. | n.d. |
AQA – apport quotidien acceptable; CMA – concentration maximale acceptable; FA – facteur d'attribution; FI – Facteur d'incertitude; LOAEL – dose minimale avec effet nocif observé; LOEL – dose minimale avec effet observé; MCL – Maximum Contaminant level (concentration maximale de contaminant; l'équivalent d'une CMA); n.d. – non disponible; NOAEL – dose sans effet nocif observé; RfD – dose de référence
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