Information sur des aliments nouveaux : Prune C5 résistante aux virus

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Contexte :

Santé Canada a avisé le département de l'Agriculture des États-Unis qu'il ne s'oppose pas à l'utilisation de prune C5 résistantes aux virus dans les aliments. Santé Canada a effectué une évaluation exhaustive de cette variété conformément à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices sont fondées sur des principes reconnus à l'échelle internationale pour établir la salubrité des aliments à caractères nouveaux.

Le texte qui suit résume l'avis remis par le département de l'agriculture des États-Unis ainsi que l'évaluation réalisée par Santé Canada. Il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

1. Introduction

Le département de l'Agriculture des États-Unis a mis au point la prune C5 pour résister à l'infection par le virus de la sharka.

L'évaluation de l'innocuité effectuée par les évaluateurs de la Direction des aliments a été réalisée conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Ces dernières sont fondées sur les démarches visant l'harmonisation avec les directives établies par d'autres autorités réglementaires et reflètent les documents d'orientation internationaux dans ce domaine (p. ex., le Codex Alimentarius). L'évaluation a tenu compte de la méthode de mise au point de la prune C5, de la composition et de la qualité nutritionnelle de la prune C5 par rapport aux variétés non modifiées et de sa toxicité ou allergénicité potentielle. département de l'Agriculture des États-Unis a fourni des données qui démontrent que la prune C5 est aussi sûr et de même qualité nutritionnelle que les variétés de prune traditionnelles utilisées comme aliment au Canada.

La Direction des aliments est chargée par la loi de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux, comme le précise le Règlement sur les aliments et drogues (Titre B.28). La prune C5 utilisé dans les aliments est considéré comme un aliment nouveau conformément à la partie suivante de la définition des aliments nouveaux :

2. Mise au point de la plante modifiée

La prune C5 a été mise au point grâce à la transformation de la variété de prune « Bluebyrd » au moyen d'Agrobacterium avec le vecteur de transformation pGA482GG/PPV-CP-33 (Mante et coll. 1991; Scorza et coll., 1994).

Le vecteur de transformation pGA482GG/PPV-CP-33 a également été utilisé dans la mise au point de la lignée de papaya 55-1 – précurseur des cultivars de papayes Rainbow et Sunup – pour laquelle Santé Canada a émis une lettre de non-objection à l'égard de l'utilisation alimentaire en 2003, à la suite d'une évaluation de l'innocuité avant la mise en marché en tant qu'aliment nouveau.

Le vecteur de transformation pGA482GG/PPV-CP-33 contient un ADN de transfert (T-DNA) codant un gène pour la protéine de la couche du virus de la sharka du prunier (PPV-CP) provenant de l'isolat de la souche D du virus de la sharka du prunier. Cette protéine est destinée à la surexpression et protège contre l'infection par le virus de la sharka en inhibant la dissolution des particules virales.

Le vecteur de transformation pGA482GG/PPV-CP-33 code également une protéine de néomycine phosphotransférase de type II (NPTII). Cette protéine fonctionne comme un agent de sélection spécifique qui désactive les antibiotiques de néomycine et de kanamycine et confère une caractéristique de résistance aux antibiotiques aux cellules végétales transformées. La protéine NPTII a été incluse dans 22 produits qui ont déjà été examinés par Santé Canada et qui ont tous reçu des lettres de non-objection.

Le vecteur de transformation pGA482GG/PPV-CP-33 code également une protéine bêta-glucuronidase (GUS). Cette protéine catalyse la décomposition des glucides complexes. Dans les plantes transgéniques, ell eest utilisé comme gène rapporteur pour identifier les cellules végétales transformées par l'apparence de couleur bleue. Cette protéine a été introduite dans trois produits qui ont déjà été examinés par Santé Canada et qui ont tous reçu des lettres de non-objection.

Des renseignements ont été fournis à l'appui de l'innocuité et de la longue histoire d'utilisation des organismes donneurs (isolat de la souche D du virus de la sharka et souche K12 d'E. coli) et de l'organisme bénéficiaire (Prunus domestica). Aucun de ces organismes ne pose de problème sur le plan de la salubrité des aliments.

3. Caractérisation de la plante modifiée

Le nombre d'insertions d'ADN-T dans la prune C5 a été caractérisé par une combinaison d'analyse par transfert de Southern (Scorza et coll., 1994; Scorza et coll., 20011), la construction d'une bibliothèque de chromosomes artificiels bactériens (BAC) et le séquençage direct de clones de bibliothèques de BAC. (Georgi et coll., 20022; Scorza et coll., 2001; Scorza et coll., 20103), le séquençage du génome entier (WGS), ainsi que le séquençage direct des séquences de jonction identifiées par le WGS (Callahan et coll., 20214). Les résultats des analyses ont démontré qu'il existe de multiples sites d'intégration dans la prune C5.

La prune C5 possède deux sites d'insertion d'ADN-T complexes (« Insert-1 » et « Insert-2 »). L'insert-1 est constitué d'un insert T-DNA dupliqué et réorganisé. L'insert-1 contient deux copies de la cassette d'expression ppv-cp, trois copies de la cassette d'expression nptII et trois copies de la cassette d'expression uidA. L'insert 2 est également composé d'un T-DNA dupliqué et réorganisé. Cependant, dans ce cas, le résultat est une configuration queue à queue de deux copies de la cassette d'expression ppv-cp. Sur le plan fonctionnel, l'insert 2 est une cassette de suppression de gènes ARNi qui confère la résistance au virus de la sharka au moyen d'un mécanisme d'interférence ARN (ARNi), plutôt que par le mécanisme prévu de suppression virale par intermédiaire de protéines (Scorza et al. 19942; Scorza et coll. 20015; Georgi et coll. 20026; Scorza et coll. 20107; Callahan et coll., 20218).

Comme seulement quatre jonctions insert-génome ont été relevées dans l'étude par WGS, et que les jonctions correspondaient à l'insert 1 et à l'insert 2, il a été conclu qu'aucune séquence de l'épine dorsale du vecteur n'a été intégrée au prunier C5 (Callahan et coll., 20218).

L'étude par WGS, couplée à une analyse approfondie de la bibliothèque de clones BAC (Scorza et coll. 2010 Armstrong, P. et coll. 20218) ont évalué la perturbation potentielle des gènes endogènes de la prune par l'insert 1 et l'insert 2. Cette analyse a permis d'établir l'absence de perturbation des gènes endogènes chez la prune (Callahan et coll., 20218).

L'analyse par séquençage de l'ARN (ARN-seq) a été utilisé pour déterminer si les profils d'expression des gènes proches des inserts ont été influencés par ces derniers (Callahan et coll., 20218). Les résultats de cette étude suggèrent que tout changement à l'expression des gènes proximaux de l'insert 1 et de l'insert 2 était peu susceptible d'être causé par les inserts, mais plutôt par des influences environnementales.

La possibilité que de nouveaux gènes puissent être potentiellement codés dans les inserts complexes et exprimés chez la prune C5 a également été étudiée (Callahan et al., 20218). La technologie ARN-seq a également été utilisé, ce qui a permis de déterminer que seules les lectures correspondant aux transcriptions de l'ARNm pour nptII, uidA et ppv-cp se sont exprimées.

Étant donné les copies complexes et réarrangées des insertions d'ADN-T dans la prune C5, le requérant a également effectué une analyse au niveau de la séquence des régions 5' à 3' de l'insert-1 et de l'insert-2 du génome. Cette approche a été utilisée pour rechercher des cadres de lecture ouverts (ORF) capables de coder des protéines d'au moins 30 acides aminés. D'après cette analyse, trois ORF possibles ont été identifiés (ORF-1 : 41 acides aminés; ORF-2 : 130 acides aminés; ORF-3 : 157 acides aminés).

Les ORF attendus ont ensuite été examinés plus à fond pour déterminer s'ils présentaient une similarité avec des allergènes et toxines connus. Pour détecter d'éventuelles toxines, on a utilisé la séquence d'acides aminés ORF-1, ORF-2 et ORF-3 pour effectuer une recherche dans la base de données sur les toxines UniProt Knowledgebase. Cette recherche a été effectuée à l'aide de l'outil d'alignement de séquences FAST All (FASTA) en utilisant les matrices de substitution (Blocks Substitution Matrix, ou BLOSUM) 50 et un critère d'acceptation de 1x10-5 (note E). Ces paramètres et la réutilisation des données de la base de données sur les toxines ont été jugés acceptables. La recherche de toxines n'a révélé aucun résultat significatif.

Pour dépister la présence d'allergènes potentiels, les mêmes séquences d'acides aminés que l'ORF-1, l'ORF-2 et l'ORF-3 ont été utilisées pour rechercher les allergènes putatifs et les protéines céliaques dans les données du Food Allergy Research and Resource Program (FARRP). Des seuils de 35 % d'identité sur 80 acides aminés ont été utilisés dans cette recherche Ces paramètres et la réutilisation de la base de données étaient acceptables. Les résultats de la recherche n'ont révélé aucun allergène. Pour une vérification supplémentaire de l'absence de risque d'allergénicité des séquences d'acides aminés ORF-1, ORF-2 et ORF-3, une recherche de correspondances parfaites a été effectuée dans les huit fenêtres d'acides aminés possibles entre les séquences prévues et les séquences contenues dans la base de données. Aucune correspondance n'a été observée pour les séquences prévues d'acides aminés ORF-1, ORF-2 ou ORF-3, ce qui laisse supposer qu'il pourrait s'agir d'allergènes potentiels.

La stabilité générationnelle n'a pas été évaluée au moyen d'une analyse multigénérationnelle, car les pruniers ne sont pas cultivés à partir de semences à chaque génération. La stabilité de la résistance au virus de la sharka (VPP) a été démontrée au niveau phénotypique en évaluant les populations de prune C5 dans le cadre d'essais de terrain de la résistance du prunier au virus de la sharka au cours de quatre années consécutives. Des populations de prune C5 résistantes au VPP, prune C3 sensibles au VPP et de parents non transgéniques ont été inoculées avec du VPP. Les résultats de cette étude ont permis de déterminer que la résistance virale des prunes en C5 est stable au cours de l'essai de quatre ans (Hily et coll., 2004).

Pour caractériser le mode génétique de l'héritage des inserts de prune C5, des croisements interspécifiques ont été effectués en utilisant la prune C5 hétérozygote comme parent mâle, et des variétés de prune non transgéniques « prunier d'ente », « quetsche » et P. spinosa comme mères (Ravelonandro et coll. 20015; Ravelonandro et coll. 20106 ). Les fruits issus de ces croisements ont été récoltés, les graines matures ont été isolées des fruits, elles ont ensuite germé pour produire des plantes qui ont été cultivées pour le génotypage et le phénotypage. Le génotypage a été réalisé par la PCR en amplifiant les gènes ppv-cp et nptII à partir de l'ADN génomique isolé des feuilles des semis hybrides, ainsi que des parents. Le phénotypage a été effectué en récoltant des feuilles et en évaluant la coloration des marqueurs par la béta-glucuronidase (GUS), en utilisant le X-glucuronide comme substrat. Le test de coloration fonctionne par la détection visuelle d'un précipité bleu indigo et insoluble qui se forme dans les tissus végétaux qui expriment la GUS en présence du substrat de glucuronide. Les semis contenant les inserts transgéniques de la prune C5 devraient présenter une activité du marqueur GUS, contrairement aux semis dépourvus d'inserts transgéniques. Sur la base des études de génotypage et de phénotypage et de l'analyse Chi-Square des résultats, il a été déterminé que l'héritage des inserts de prune C5 suivait le modèle d'héritage mendélien attendu.

L'expression de l'ARNm de la PPV-CP transgénique dans la prune C5 a été évaluée au moyen d'une analyse par transfert de Northern de l'ARN total isolé des tissus foliaires. Le signal de transfert Northern de la PPV-CP n'était observable qu'après 40 heures d'exposition audioradiographique, ce qui correspond à l'expression de transcription de bas niveau (Scorza et coll. 19942 Afin d'évaluer l'accumulation de la protéine de la PPV-CP dans la prune C5, des immunotransferts de Western ont été effectués sur la protéine totale isolée des tissus de la feuille de prunier C5. Le signal du PPV-CP n'a pas été détecté à partir de la protéine totale de la feuille de prunier C5, même si des contrôles positifs ont démontré que l'anticorps polyclonal du PPV fonctionnait dans les conditions expérimentales (Scorza et coll. 19942 Enfin, comme les feuilles de prunier ne sont pas consommées comme aliments, le pétitionnaire a fourni des détails d'une étude ARN-seq réalisée pour évaluer la transcription de l'ARNm de ppv-cp dans la prune non transgénique « Stanley » et la prune transgénique C5. Les résultats de cette étude ont démontré que dans les tissus fruitiers, la transcription de la ppv-cp dans la prune C5 est comparable à celle de la prune non transgénique Stanley, et qu'elle représente donc des niveaux de signal de fond qui peuvent être observés uniquement au moyen d'outils très sensibles comme l'ARN-seq.

L'analyse des protéines néomycine-phosphotransférase (NPTII) et GUS n'a pas été effectuée, car le pétitionnaire a adopté une approche fondée sur le poids de la preuve pour établir la sécurité de ces protéines dans les aliments. Le plasmide de transformation (pGA482GG) utilisé pour produire la prune C5 a également été utilisé pour produire la papaye transgénique 55-1, qui a déjà fait l'objet d'une évaluation de l'innocuité avant la mise en marché par Santé Canada (Papaya Line 55-1)7. De plus, les gènes Npt et uidA codés dans la prune C5 sont identiques à ceux de la papaye 55-1 - qui est le précurseur des cultivars papayes Rainbow et Sunup. La papaye 55-1 a constitué 85 % de la production de papaye hawaïenne au cours des 20 dernières années (Gonsalves, 2014)8, ce qui signifie qu'il y a eu une exposition importante et continue de diverses populations humaines aux mêmes protéines NPTII et GUS dans la prune C5 sans effets négatifs apparents sur la santé humaine. De plus, de nombreux aliments nouveaux contenant des protéines NPTII et GUS ayant déjà fait l'objet d'un examen ont tous fait l'objet d'une évaluation rigoureuse de l'innocuité, et aucune objection n'a été soulevée.

D'après les données disponibles, il n'y a pas de préoccupations en matière de sécurité concernant la prune C5 du point de vue de la biologie moléculaire.

4. Exposition alimentaire

Les prunes sont consommées fraîches, en conserve, sous forme de jus ou de concentré, congelées, séchées sous forme de pruneaux ou utilisées pour produire des spiritueux. Le concentré de prunes fraîches ou séchées est utilisé dans les produits de boulangerie, les sauces et marinades, les grignotines et les barres énergétiques. Au Canada, les prunes sont principalement produites pour le marché frais. Les prunes représentent généralement une très petite partie de l'alimentation quotidienne. La consommation de prunes par habitant au Canada en 2017 était estimée à environ 0,35 kg/personne par an.

Les données présentées montrent de faibles concentrations de petits ARN (pARN) de la PPV-CP dans les fruits de prunes non transgéniques non infectés et de fortes concentrations de pARNs persistants de la PPV-CC dans les prunes non transgéniques infectés. Les concentrations de pARN de la PPV-CP dans les prunes transgéniques C5 sont six fois inférieures à celles des prunes non transgéniques infectées. Par conséquent, la consommation de fruits asymptomatiques infectés par le PPV entraînerait une plus grande exposition à l'ARNs de la PPV-CP que la consommation de fruits de prunes C5.

Le pétitionnaire a fait remarquer que le PPV infecte de nombreuses espèces de Prunus, dont l'abricot (Prunus armeniaca), la pêche (Prunus persica), la prune (Prunus domestica, Prunus salicina et Prunus cerasifera) et l'amande (Prunus dulcis). Ces fruits se trouvent couramment dans les régions du monde où le PPV est endémique et ils contiennent du PPV et du pARN de la PPV-PC auquel les humains sont exposés depuis de nombreuses années.

La protéine de PPV-CP n'est pas produite par le fragment inséré du gène de la PPV-CP. L'analyse de la protéine totale provenant de feuilles de prunier C5 par immunotransfert de Western n'a pas révélé de protéine de PPV-CP (< 1 ng/100 µg de protéine). De plus, la protéine PPV-CP est déjà présente dans l'alimentation en raison de la consommation de fruits asymptomatiques ou légèrement infectés par le PPV.

5. Nutrition

Pour évaluer s’il y avait des conséquences imprévues des modifications génétiques apportées à la prune C5, on a comparé sa composition nutritionnelle à celle des cultivars commerciaux représentant une gamme composée de divers types de prunes. Au total, 22 comparateurs ont été utilisés, dont un cultivar non transgénique tolérant à la sharka (PPV) et un cultivar non transgénique résistant à la sharka (PPV).

Des essais sur le terrain ont été menés à divers moments à 12 endroits (un verger au Canada, 10 en Europe et un aux États-Unis). Des collectes ont été effectuées en Espagne à deux périodes de récolte différentes pour permettre les comparaisons entre des saisons de croissance et des périodes de récolte différentes à partir des mêmes arbres. Au total, 62 échantillons de fruits ont été prélevés sur 23 cultivars (14 échantillons de prunes C5, 19 échantillons de cultivars tolérants à la sharka (PPV), 9 échantillons de cultivars résistants à la sharka (PPV) et un échantillon de chacun des 20 autres cultivars). Les fruits (plus de 10) au stade mûr ont été récoltés dans un à quatre arbres de 12 vergers différents.

Au total, 54 constituants ont été choisis pour l’analyse de la composition nutritionnelle en fonction des attributs associés aux prunes ainsi qu’un antinutriment connu, l’acide oxalique. Les principaux constituants analysés étaient l’amidon, les glucides, les calories, les fibres, l’humidité, les cendres, les antioxydants, les carotènes, l’acidité, les acides, les sucres, les alcools de sucre, les vitamines, les phénoliques totaux, le calcium, le fer, le magnésium, le potassium et le sodium. Les échantillons de fruits ont été analysés à l’aide des méthodes de l’Association of Official Analytical Chemists (AOAC) ou d’autres méthodes acceptables.

Les données sur la composition nutritionnelle ont été analysées à l’aide de la version 9.2 du Statistical Analysis System. Une analyse de la variance, effectuée à l’aide de la procédure Modèles linéaires généralisés, a été réalisée à un seuil de signification de α = 0,05. Les moyennes de l’échantillon ont été comparées à l’aide du test de comparaison multiple de Tukey-Kramer (α = 0,05).

Sur les 54 constituants mesurés, les sucres et les acides organiques étaient les principaux composés nutritifs dans tous les cultivars de prunes, où la teneur totale en sucre variait de 8,81 % à 10,58 %, la valeur pour la prune C5 étant de 10,47 %, dans la fourchette déclarée. Il n’y avait pas de différence entre la prune C5 et ses comparateurs, sauf pour quatre constituants, qui étaient plus élevés chez la prune C5, soit les cendres, la vitamine C, l’acidité titrable et l’acide malique (test de Tukey-Kramer, α = 0,05). Bien que la teneur en cendres soit statistiquement plus élevée dans les prunes C5, elle était très faible dans tous les cultivars de prunes. La teneur plus élevée en vitamine C déclarée pour la prune C5 (9,38 mg/100 g) est semblable à la valeur déclarée pour la prune dans le Fichier canadien sur les éléments nutritifs (9,5 mg/100 g; code de l’aliment : 1740). Les teneurs en cendres et en vitamine C dans la prune C5 ne présentent pas de risque nutritionnel. En ce qui concerne les teneurs en acidité titrable et en acide malique, des composantes connexes, elles étaient élevées dans les prunes C5 et cinq autres cultivars. L’acide malique est habituellement l’acide organique dominant dans les prunes et, bien qu’il ne s’agisse pas d’une préoccupation nutritionnelle, il peut avoir une incidence sur la saveur et l’acceptation par les consommateurs. Cependant, l’interaction des acides et du sucre sur la perception du goût sucré par les consommateurs est complexe et les variations des teneurs en sucre peuvent compenser une acidité élevée, de sorte que les cultivars de fruits hautement acides sont acceptables sur le marché.

La teneur de l’antinutriment acide oxalique dans la prune C5 (0,02 %) ainsi que dans six autres cultivars était égale ou supérieure aux teneurs minimales décelables. La teneur observée dans les prunes C5 est semblable à celle des aliments à faible teneur en oxalate, comme le maïs sucré (0,01 %) et le concombre (0,02 %), comparativement aux aliments à forte teneur en oxalate, comme les épinards (0,97 %) ou l’amarante (1,09 %). Il n’y a pas de préoccupation sur le plan nutritionnel associée à l’antinutriment acide oxalique dans la prune C5.

En fournissant les données obtenues à partir d’une diversité de régions géographiques et de différentes conditions de croissance sur plusieurs années, le pétitionnaire a démontré que, dans l’ensemble, la composition de la prune C5 se situe dans la fourchette déterminée pour une grande variété de prunes commerciales.

D’après les renseignements fournis, le Bureau des sciences de la nutrition n’a aucune préoccupation quant aux propriétés nutritionnelles de la prune C5 ou des aliments dérivés de cette prune.

6. Chimie et toxicologie

Le pétitionnaire n'a pas fourni de données sur les éléments traces toxiques. Cependant, une évaluation comparative de la composition d'échantillons de prunes C5 et de cultivars commerciaux représentant plusieurs variétés de prunes a été fournie, dans laquelle les niveaux de divers nutriments, y compris les minéraux (calcium, fer, magnésium, potassium et sodium), ont été comparés. Le pétitionnaire a conclu que l'évaluation de la composition des éléments nutritifs n'a révélé aucune différence statistiquement significative dans les concentrations des minéraux mesurés dans les prunes C5 et les cultivars commerciaux. Cette conclusion a été appuyée par le Bureau des sciences de la nutrition. D'après les renseignements ci-dessus, il n'existe aucune indication que les modifications entraîneraient des différences importantes dans l'absorption d'oligo-éléments toxiques dans les prunes C5 par rapport aux prunes conventionnelles.

Le pétitionnaire n'a pas non plus fourni de données sur les mycotoxines. Cependant, des essais sur le terrain ont été menés sur divers clones de prunes transgéniques transformées par le PPV et cultivés dans un éventail de régions géographiques et dans différentes conditions de croissance sur plusieurs années. Les prunes C5 ont démontré une forte résistance à la PPV par la transmission aphidienne naturelle. L'inoculation de greffes d'arbres par des bois de greffe infectés ou d'arbres poussant sur des porte-greffes infectés présentait peu de symptômes et, lorsqu'ils étaient présents, les symptômes étaient très légers. Ces renseignements suggèrent que la prune C5 n'est pas plus vulnérable aux facteurs de stress liés aux insectes et aux maladies que la prune conventionnelle. Étant donné que l'infection par les insectes ravageurs et les maladies peut accroître la susceptibilité d'une plante aux champignons produisant des mycotoxines, on peut déduire que les modifications apportées à la prune C5 sont peu susceptibles d'accroître sa susceptibilité aux mycotoxines par rapport aux variétés traditionnelles de maïs.

La prune C5 exprime deux protéines marqueurs (c.-à-d. la néomycine phosphotransferase II (NPTII) et la bêta-glucuronidase (GUS) d'E.coli K12). La prune C5 exprime également un ARN à double brin (ARNdb; c.-à-d. fragment génétique de 990 paires de base de la protéine de couche (CP) provenant de la souche D du virus de la sharka). Les petits ARN interférents (pARNi) qui en découlent confèrent une résistance à l'infection par le virus de la sharka (PPV) par l'entremise du silençage et de l'interférence et de l'ARN (ARNi).

Le pétitionnaire a fourni une justification scientifique de l'absence de toxicité du prune C5 fondée sur l'information publiée sur l'innocuité des protéines marqueurs NPTII et GUS, et sur un historique de consommation de APRdb/pARNi de la PPV-CP par la consommation fruits asymptomatiques ou légèrement infectés par le PPV contenant ces ARN.

La fonction du NPTII est bien connue : il ne s'agit pas d'une toxine, il n'a aucune homologie d'acides aminés avec des toxines connues et ne présente pas de toxicité aiguë chez la souris à des doses inférieures à 5 000 mg/kg de poids corporel (pc). La GUS n'a aucune toxicité connue pour les humains, et la GUS d'E. coli est naturellement présente dans le tube digestif des humains. Aucun problème de sécurité toxicologique n'a été relevé pour les marqueurs NPTII et GUS.

Les ARN de la PPV-CP sont présents dans les fruits infectés par le PPV, qui sont largement consommés depuis plus de 50 ans. Les fruits infectés par le VPP ont été identifiés pour la première fois dans les années 30, et l'infection par le VPP est maintenant présente dans de nombreuses régions fruitières du monde. Le VPP infecte une grande variété de fruits, et les fruits présentant des symptômes légers ou aucun symptôme d'infection seraient consommés.

Le niveau de petit ARN (pARN) de la PPV-CP, qui comprend l'ARNsi, dans la prune C5 était 6 fois inférieur aux niveaux présents dans la prune conventionnelle infectée par le VPP. La diffuson de la prune C5 entraînerait donc des niveaux d'exposition à l'ARNsi de la PPV-CP (et à son précurseur, l'ARNdb du PPV) semblables ou peut-être inférieurs aux niveaux déjà présents dans l'alimentation humaine par suite de la consommation de fruits infectés par le PPV. L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) signale que le PPV n'a aucune incidence sur la santé humaine ni la santé animale (ACIA, 2019).

La préoccupation hypothétique concernant l'ARNi découle de la possibilité que des ARN intacts étrangers provenant d'aliments puissent pénétrer dans l'organisme ingéré et étouffer les transcriptions endogènes. À l'heure actuelle, la preuve que ce processus se produit chez les mammifères est faible. Même si des résultats initiaux positifs ont été rapportés chez les mammifères, des expériences ultérieures n'ont pas permis de reproduire ces résultats (Witwer, 2016)9.

Il existe des obstacles physiques importants à l'absorption de l'ARNdb/ARNsi de la VPP-PC dans l'appareil digestif humain, et on s'attendrait à ce que très peu, voire aucun, pénètre dans les cellules où elles pourraient interagir avec les ARNm humains non ciblés.

Aucun problème d'innocuité toxicologique n'a été relevé pour le dsRNA/RNAsi de la PPV-CP d'après l'historique de consommation humaine à des niveaux semblables à ceux attendus pour la prune C5. De plus, il existe des barrières à l'absorption dans le système digestif humain

Le pétitionnaire a fourni une justification scientifique de l'absence d'allergénicité de la prune C5 en se fondant sur des informations publiées sur les protéines marqueurs NPTII et GUS, et les allergènes connus de la prune.

La NPTII ne possède pas d'homologie d'acides aminés avec des allergènes connus. Le NPTII se dégrade aussi rapidement dans le liquide gastrique simulé de test, contrairement à certains allergènes alimentaires. La GUS d'E. coli est naturellement présents dans le tube digestif des humains. Il a également été signalé que le GUS est rapidement dégradé dans des conditions gastriques.

La prune n'est pas un allergène alimentaire prioritaire, bien que certaines protéines présentes dans la prune (p. ex., la protéine de transfert des lipides) soient associées à l'allergie alimentaire. Les changements génétiques apportés à la prune C5 ne devraient pas avoir d'effet sur la présence d'allergènes naturels de la prune C5; par conséquent, les produits alimentaires dérivés de la prune C5 devraient avoir le même niveau de préoccupations en matière d'allergie alimentaire que les aliments dérivés de cultivars de prune cultivés de façon conventionnelle.

Les changements apportés par l'ARNi ne produisent pas de nouvelles protéines et sont donc peu susceptibles d'entraîner des réactions allergiques, car presque tous les allergènes alimentaires connus sont des protéines.

Il a été conclu que la prune C5 serait tout aussi sûre que la prune conventionnelle en ce qui concerne les contaminants chimiques, les substances toxiques et les allergènes potentiels.

Conclusion :

L'examen par Santé Canada de l'information présentée à l'appui de l'utilisation alimentaire de la variété de prune C5 ne soulève pas de préoccupations liées à l'innocuité des aliments. Santé Canada est d'avis que les aliments dérivés de la prune C5 sont tout aussi sécuritaires et nutritifs que les aliments issus des variétés de prune actuellement sur le marché.

L'opinion de Santé Canada porte uniquement sur l'utilisation alimentaire de la prune C5.

Le présent document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis concernant le produit en question fourni par la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'examen exhaustif des renseignements soumis par le pétitionnaire conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

(Also available in English)

Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :

Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, PL2204A1
251, promenade Frederick Banting
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
bmh-bdm@hc-sc.gc.ca

1

Scorza, Ralph et coll. "Post-transcriptional gene silencing in plum pox virus resistant transgenic European plum containing the plum pox potyvirus coat protein gene." Transgenic Research 10.3 (2001) : p. 201-209.

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2

Georgi, L., et coll. "Construction of a BAC library and its application to the identification of simple sequence repeats in peach [Prunus persica (L.) Batsch]." Theoretical and Applied Genetics 105.8 (2002) : p. 1151-1158.

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3

Scorza, R., et al. "Hairpin Plum pox virus coat protein (hpPPV-CP) structure in ‘HoneySweet’C5 plum provides PPV resistance when genetically engineered into plum (Prunus domestica) seedlings." Julius-Kühn-Archiv 427 (2010) : 141.

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4

Callahan, Ann M. et coll. "Defining the ‘HoneySweet’insertion event utilizing NextGen sequencing and a de novo genome assembly of plum (Prunus domestica)." Horticulture Research 8.1 (2021) : p. 1-13.

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5

Ravelonandro, M., et coll. "STABLE TRANSFER OF THE PLUM POX VIRUS (PPV) CAPSID TRANSGENE TO SEEDLINGS OF TWO FRENCH CULTIVARS’PRUNIER D’ENTE 303’AND’QUETSCHE 2906’, AND PRELIMINARY RESULTS OF PPV CHALLENGE ASSAYS." VII International Symposium on Plum and Prune Genetics, Breeding and Pomology 577. 2001.

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6

Ravelonandro, Michel, et coll. "Inheritance of silencing in transgenic plums." International Symposium on Plum Pox Virus 899. 2010.

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7

https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/aliments-genetiquement-modifies-autres-aliments-nouveaux/produits-approuves/emploi-alimentaire-papaye-resistant-virus-lignee-55-1.html

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Gonsalves, Carol V. et Dennis Gonsalves. "The Hawaii papaya story." Handbook on agriculture, biotechnology and development. Edward Elgar Publishing, 2014.

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Witwer, Kenneth W. « Hypothetical plant-mammal small RNA Communication : Packaging and Stoichiometry." Non-coding RNAs and Inter-kingdom Communication. Springer, Cham, 2016. p. 161-176.

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