ARCHIVÉE - Leçons tirées de l'éclosion de listériose : Allocution du sous-ministre de Santé Canada, Morris Rosenberg : Sous-comité sur la salubrité des aliments du Comité permanent de l'agriculture
Leçons tirées de l'éclosion de listériose
Sous-comité sur la salubrité des aliments du Comité permanent de l'agriculture
Morris Rosenberg
Sous-ministre de Santé Canada
Le 22 avril 2009
L'allocution définitive fait foi
Monsieur le Président,
Je tiens à remercier le Sous comité de m'avoir invité à prendre la parole ce soir.
Je suis accompagné par Mme Meena Ballantyne, sous ministre adjointe de la Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada, et de M. Jeff Farber, directeur du Bureau des dangers microbiens de la Direction des aliments, au sein de la Direction générale des produits de santé et des aliments.
Ce soir, je traiterai de l'appui que Santé Canada offre à l'Agence de la santé publique du Canada et à l'Agence canadienne d'inspection des aliments non seulement durant une éclosion de maladie d'origine alimentaire, mais à longueur d'année.
Santé Canada est responsable de protéger la santé et la sécurité des Canadiens, et c'est ce qui constitue le fondement même du travail de nos scientifiques qualifiés et dévoués, des organismes de réglementation et des décideurs.
De même, tous les partenaires fédéraux en matière de salubrité des aliments au Canada sont résolus à protéger la santé et la sécurité des Canadiens.
Nous cherchons toujours des moyens d'améliorer le régime canadien de salubrité des aliments, qui est déjà l'un des meilleurs au monde.
Malgré tous nos efforts, nous n'avons pu prévenir la perte de vies pendant l'éclosion de listériose en 2008. Voilà le vrai problème.
L'éclosion était d'abord et avant tout une tragédie humaine. Au nom de tous les employés de Santé Canada, je tiens à exprimer mes sincères condoléances aux familles éprouvées par la mort ou la maladie d'un de leurs proches. Nous sommes fermement résolus à tirer des leçons de cette tragédie. Je fais cette promesse non seulement en tant que cadre supérieur, mais également en tant que Canadien qui souhaite que sa famille ait confiance en la salubrité des aliments qu'elle consomme tous les jours.
Santé Canada cherche toujours à s'améliorer. En qualité d'organisation à vocation scientifique, nous nous demandons continuellement si nos politiques et nos pratiques sont au diapason des meilleures données scientifiques disponibles.
Le rapport sur les leçons apprises que nous avons présenté au Comité traduit l'engagement de Santé Canada à tirer des leçons de ce qui a fonctionné et de ce qui n'a pas fonctionné.
C'est pourquoi j'attends aussi avec intérêt les recommandations que formuleront le Sous comité et l'enquêteur indépendant.
Rôle de Santé Canada
Au sein du partenariat fédéral en matière de salubrité alimentaire, Santé Canada a pour rôle d'aider à établir une base solide de principes scientifiques éprouvés. En utilisant les meilleures données scientifiques disponibles, nous travaillons en étroite collaboration avec l'ACIA et avec l'ASPC et exécutons plusieurs fonctions clés :
Nous élaborons des politiques, des lignes directrices et des normes de salubrité des aliments. Par exemple, nous disposons d'une politique sur la présence de Listeria dans les aliments prêts à manger, dont je vous parlerai davantage dans quelques instants.
Nous menons des recherches sur la salubrité des aliments dans nos laboratoires et nous effectuons des analyses pour détecter la présence de contaminants alimentaires. Dans le cas de Listeria, nous travaillons en collaboration avec l'ASPC pour offrir des services de référence sur la listériose.
Nous tenons une base de données sur Listeria et nous analysons des échantillons d'aliments afin de déterminer s'il y a un lien entre une éclosion présumée et une source de nourriture particulière.
Sur demande de l'ACIA, Santé Canada effectue des évaluations scientifiques des risques pour la santé. L'Agence s'en sert pour intervenir de manière efficace et appropriée dans une situation mettant en cause la salubrité des aliments.
Par l'entremise de nos publications dans le portail Votre santé et vous et d'autres avis saisonniers courants sur la salubrité des aliments, nous offrons, à intervalles réguliers, de l'information scientifique aux Canadiens afin qu'ils puissent se protéger contre les maladies d'origine alimentaire.
Enfin, dans le cadre de notre rôle de prestataire de services de santé publique aux Premières nations, nous tenons les collectivités au courant des rappels d'aliments.
Ce qui s'est passé pendant l'éclosion
Vers la fin du mois de juillet dernier, le Bureau de santé publique de Toronto a demandé comme d'habitude à Santé Canada de vérifier la présence de Listeria dans des échantillons d'aliments. Parmi les onze échantillons analysés, trois étaient positifs. Ces analyses ont été réalisées dans les délais prévus pour de telles analyses.
Tout au long de l'éclosion, Santé Canada a réalisé les activités de typage génétique d'échantillons nécessaires pour lier une éclosion chez les humains à une source alimentaire. En fait, les laboratoires de Santé Canada ont analysé plus de 200 échantillons entre juillet et septembre. Certains échantillons ont également été analysés au Laboratoire national de microbiologie de l'ASPC, à Winnipeg, dans le cadre d'une entente visant à accroître la capacité des laboratoires lorsque nécessaire.
Une fois que l'ACIA et l'ASPC ont été en mesure de faire le lien entre les échantillons en question et les cas de listériose, le personnel scientifique de Santé Canada s'est servi de ces renseignements, ainsi que du savoir scientifique existant, pour préparer plusieurs évaluations des risques pour la santé, lesquelles ont été réalisées à partir du mois d'août et se sont poursuivies jusqu'à l'automne.
Pendant la gestion de l'éclosion, Santé Canada a participé à des téléconférences quotidiennes avec l'ACIA, l'ASPC et le Bureau de santé publique de Toronto afin de communiquer des renseignements et de gérer les interventions.
Le Dr Farber était présent à titre de porte parole lors des séances d'information technique à l'intention des médias données quotidiennement tout au long de l'éclosion. Nous avons publié à nouveau notre article Votre santé et vous portant sur Listeria.
Les membres du personnel de la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits se sont occupés de diffuser, au besoin, les rappels d'aliments et les alertes dans les collectivités où ils étaient en poste.
Dans l'ensemble, notre personnel a travaillé de longues heures, sept jours par semaine, pendant l'éclosion, et a réussi à produire des résultats de laboratoire et des évaluations des risques pour la santé en respectant les délais établis. En effet, toutes nos évaluations étaient prêtes en moins de 24 heures.
Je sais qu'il y a eu certaines questions au sujet des délais pris pour réaliser les essais en laboratoire. Je tiens toutefois à informer le Comité que ces essais ont été réalisés à l'intérieur des délais requis pour obtenir des résultats scientifiques fiables, et que ces délais respectaient les normes internationales. Ce fait a d'ailleurs été confirmé par le médecin hygiéniste en chef du ministère de la Santé de l'Ontario dans le rapport qu'il a publié récemment. Mais surtout, je tiens à informer le Comité que nous avons entrepris des recherches afin de déterminer si des méthodes d'essais plus rapides pourraient être mises au point et être utilisées à l'avenir.
Mesures prises depuis l'éclosion
Depuis l'éclosion, nous avons cherché à tirer des leçons de cet événement, et nous nous sommes concentrés sur les considérations opérationnelles.
Nous avons publié notre rapport sur le site Web de Santé Canada et nous en avons envoyé une copie au Sous comité et à l'enquêteur indépendant.
Nous collaborons avec nos partenaires fédéraux et provinciaux afin de définir clairement les rôles et les responsabilités en cas d'éclosion et renforcer les protocoles de communication.
Santé Canada a, depuis longtemps, une politique sur Listeria. Dans ses remarques au Comité, M. Michael McCain a indiqué que la politique de Santé Canada sur Listeria est fondée sur des principes scientifiques solides et est reconnue à l'échelle mondiale en tant que méthode appropriée de contrôle de Listeria. Mais conformément à l'engagement pris par Santé Canada de réviser et d'améliorer constamment ses processus, nous sommes actuellement en train de mettre à jour cette politique afin qu'elle prenne en compte les données scientifiques disponibles les plus récentes. Nous menons de vastes consultations à ce sujet, et nous prévoyons finaliser la politique d'ici la fin de l'exercice financier.
De plus, en septembre, Santé Canada a émis une autorisation de mise en marché provisoire permettant l'utilisation d'acétate de sodium et de diacétate de sodium comme additifs alimentaires dans les produits de viande prêts à manger, puisqu'ils ont un effet inhibiteur sur la croissance de Listeria.
Nous tâchons maintenant d'accroître notre capacité de réponse pour nos activités d'évaluation des risques pour la santé et d'essais en laboratoire. Pour cela, il faut avoir assez d'employés pour effectuer le travail lorsque des situations d'urgence font augmenter la demande dans nos laboratoires. Pendant l'éclosion, nos experts techniques travaillaient jour et nuit pour effectuer les analyses nécessaires.
Nous miserons donc sur le transfert d'apprentissage afin de pouvoir mettre à contribution un plus grand nombre de spécialistes sur de plus longues périodes de temps.
Des employés sont disponibles en tout temps pour effectuer des évaluations des risques et aider à gérer les situations mettant en cause la salubrité des aliments. La Direction des aliments prend également des mesures visant à simplifier les procédures d'essai en normalisant les renseignements que nous exigeons et en établissant un point de contact qui permettra de transmettre les renseignements rapidement entre les partenaires. Aussi, de nouvelles mesures ont été mises en uvre afin de renforcer la coordination des communications publiques et de mettre davantage l'accent sur l'importance d'informer les populations à risque.
Nous nous employons également à simplifier les processus réglementaires.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, nous prenons notre mandat très au sérieux à Santé Canada. Nous nous engageons à faire le maximum pour protéger la salubrité de l'approvisionnement alimentaire du Canada.
Comme le montre notre rapport sur les leçons apprises, nous sommes déterminés à apprendre de cette expérience très difficile et à rendre compte de notre rendement.
L'objectif principal de Santé Canada, maintenant, est de travailler en étroite collaboration avec ses partenaires fédéraux en matière de salubrité des aliments, le présent Comité et l'enquêteur indépendant afin de faire en sorte que nous ayons des procédures en place pour éviter, dans la mesure où la science le permet, qu'une telle éclosion ne survienne à nouveau.
Je vous remercie de votre attention. Si vous avez des questions, nous y répondrons avec plaisir.
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