ARCHIVÉE - Santé Canada examine deux études sur le lien entre l'ingestion d'acrylamide par voie alimentaire et le risque de cancers de l'endomètre, de l'ovaire ou du sein

Les scientifiques de Santé Canada ont examiné les résultats de deux études épidémiologiques sur le lien entre l’acrylamide ingéré par voie alimentaire et le risque des cancers de l’endomètre, de l’ovaire et (ou) du sein1 2, lesquels ont été publiés en novembre 2007 dans la revue scientifique Cancer Epidemiology Biomarkers and Prevention ainsi que dans l'International Journal of Cancer,en janvier 2008.

L'acrylamide est une substance chimique qui se forme dans certains aliments lorsqu'un acide aminé appelé asparagine entre en réaction avec certains sucres naturels tels que le glucose pendant la transformation des aliments ou pendant leur cuisson à température élevée. L'acrylamide est cancérigène chez les animaux.

La première étude, une étude prospective d'une durée de 11 ans, a porté sur l'incidence du cancer parmi les membres d'une cohorte de femmes néerlandaises postménopausées. Les résultats de celle-ci ont révélé un faible risque, mais néanmoins significativement accru, de contracter un cancer de l'endomètre et de l'ovaire, mais non un cancer du sein, associé à l'ingestion d'acrylamide par voie alimentaire.

Il s'agit-là de la première étude épidémiologique complète faisant état d'un lien entre l'ingestion d'acrylamide par voie alimentaire et les cancers de l'endomètre et de l'ovaire, mais celle-ci ne s'est pas avérée concluante quant à la relation de causalité. Les auteurs de l'étude ont encouragé d'autres chercheurs à examiner prospectivement le lien entre l'ingestion d'acrylamide par voie alimentaire et le cancer des organes hormono-sensibles.

Les scientifiques de Santé Canada ont estimé que cette première étude avait été bien menée. Cependant, ils ont aussi souligné que l'applicabilité des résultats aux femmes canadiennes pourrait être limitée en raison des différences en matière d'habitudes alimentaires entre le groupe de femmes néerlandaises postménopausées ayant participé à cette étude et la population canadienne au chapitre de la consommation des aliments qui contribuent le plus à l'ingestion d'acrylamide.

La seconde étude, soit une étude rétrospective de cas-témoins emboîtés, a fait appel aux marqueurs d'exposition à l'acrylamide de l'hémoglobine ainsi qu'à son métabolite principal pour estimer la dose. Un résultat positif statistiquement significatif a été établi entre les marqueurs d'exposition à l'acrylamide de l'hémoglobine et le cancer du sein RE positif, mais aucune autre association positive n'a atteint une signification statistique.

Les scientifiques de Santé Canada ont émis des réserves, et ceci, tant sur la validité des marqueurs biologiques employés dans le cadre de cette étude que sur les analyses statistiques des auteurs ainsi que sur l'interprétation des données qu'en ont fait ceux-ci, ce qui les a amenés à mettre en doute les constatations issues de l'étude. Dans ces conditions, l'association entre l'exposition à l'acrylamide et le cancer du sein n'a pas été confirmée.

L'étude des effets de l'acrylamide sur la santé est en cours, et les résultats de vastes essais chez les rongeurs actuellement évalués au National Center for Toxicology Research des États-Unis fourniront des données supplémentaires sur le risque carcinogène que comporte l'ingestion d'acrylamide.

À la lumière des résultats de ces nouvelles études épidémiologiques, Santé Canada réitère sa consigne de diminuer la fréquence de consommation de collations et d'aliments frits tels que les pommes de terre frites et les croustilles, tout en adoptant une alimentation variée conformément aux recommandations énoncées dans la publication Bien manger avec le Guide alimentaire canadien.

Les scientifiques de Santé Canada poursuivent leur évaluation des risques pour la santé humaine associés à l'exposition par voie alimentaire à l'acrylamide au fur et à mesure que de nouvelles données et que de nouveaux renseignements sont rendus disponibles, et ceci, tout particulièrement lorsque ceux-ci sont pertinents par rapport au contexte canadien. Comme toujours, Santé Canada tiendra les Canadiens au courant de l'évolution de ce dossier.

1 Hogervorst et al. 2007. A prospective study of dietary acrylamide intake and the risk of endometrial, ovarian and breast cancer. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 16(11): 2304-2313.

2 Olesen et al. 2008. Acrylamide exposure and incidence of breast cancer among postmenopausal women in the Danish Diet, Cancer and Health Study. Int J Cancer online Jan 8, 2008.

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