Évaluation des risques pour la santé humaine des gaz d’échappement des moteurs à essence – Sommaire

Santé Canada a complété l'Évaluation des risques pour la santé humaine des gaz d'échappement des moteurs à essence, une analyse complète des effets indésirables potentiels sur la santé liés à l'utilisation de l'essence au Canada. Le rapport porte sur les gaz d'échappement des moteurs à essence (GEE) et sur les émissions attribuables aux sources mobiles sur route et hors route (à l'exclusion des applications ferroviaires, maritimes et aériennes). Il se penche notamment sur les types d'essence, les moteurs à essence et leurs émissions, ainsi que l'exposition aux GEE. Il comprend aussi une analyse de la documentation scientifique sur les effets sur la santé de l'exposition aux GEE, de même qu'une analyse quantitative des impacts sur la santé de la population liés à la contribution des émissions de véhicules et moteurs à essence aux concentrations de polluants atmosphériques au Canada. Le rapport n'examine pas les risques pour la santé de l'essence elle-même. Cette dernière est évaluée dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques du gouvernement du Canada et fera l'objet d'un rapport distinct.

Les moteurs à essence, aussi appelés moteurs à allumage commandé ou à étincelles, sont utilisés dans l'ensemble du Canada; ils sont utilisés dans 92 % des véhicules routiers et 87 % des moteurs ou de l'équipement hors route. Il est raisonnable de supposer que l'exposition aux GEE est quasi généralisée, surtout pour les Canadiens vivant en milieu urbain ou à proximité d'une route principale. Selon les estimations, près de deux millions de personnes vivent dans un rayon de 50 mètres d'une route principale au Canada. Les GEE sont un mélange très variable et complexe de polluants particulaires et gazeux, dont la composition dépend de nombreux facteurs tels que la qualité du carburant, le type de moteur, les technologies antipollution, les conditions d'utilisation du véhicule et la température ambiante. Les GEE sont une source de principaux contaminants atmosphériques associés à des effets indésirables non négligeables sur la santé humaine, notamment les particules fines (PM2,5), l'ozone troposphérique (O3), le dioxyde d'azote (NO2), les composés organiques volatils (COV) et le monoxyde de carbone (CO). Les GEE se composent en outre d'aérocontaminants toxiques considérés comme cancérogènes à l'échelle internationale, dont le benzène et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).

L'essence, de même que les moteurs et les véhicules à essence sont assujettis à plusieurs règlements fédéraux qui ont contribué à réduire les émissions de polluants atmosphériques de sources mobiles, ce qui représente un important pas en avant sur le plan de la gestion de la qualité de l'air au Canada et de la protection de la santé humaine. Toutefois, compte tenu du nombre de véhicules et de moteurs utilisés, de la structure par âge des parcs de véhicules en usage et des kilomètres-véhicules parcourus par les Canadiens, les moteurs à essence demeurent une source importante de pollution atmosphérique. Les effets indésirables sur la santé des différents polluants présents dans les GEE ou découlant des émissions primaires de ces gaz d'échappement (p. ex. PM2,5, O3, NO2, benzène et HAP) sont bien caractérisés dans la littérature scientifique. Ces polluants posent, entre autres, un risque accru de cancer ainsi que de mortalité et de morbidité cardiorespiratoires.

Le présent rapport est une analyse exhaustive des effets indésirables potentiels sur la santé liés à l'utilisation de l'essence au Canada. Deux méthodes distinctes sont utilisées. La partie A considère les résultats d'études scientifiques portant sur les effets sur la santé de l'exposition aux GEE en tant que mélange. Les études sur les effets de chaque composant des GEE (p. ex. les PM2,5 et le benzène) ne sont pas prises en compte, puisque ces substances ont fait l'objet d'examens approfondis dans le cadre d'autres projets de Santé Canada. La partie B fournit une évaluation quantitative de la contribution des émissions de sources mobiles à essence sur route et hors route aux concentrations de différents polluants atmosphériques au Canada ainsi que des répercussions sur la santé de la population associées à ces contributions additionnelles. L'analyse des impacts sur la santé présentée dans la partie B se veut un complément de la méthode traditionnelle d'évaluation des risques utilisée dans la partie A. La partie B se fonde sur des estimations quantitatives reconnues du risque d'impacts indésirables sur la santé lié aux changements graduels dans les concentrations atmosphériques de polluants.

Selon l'analyse du poids de la preuve dans la partie A de l'évaluation, il est conclu que les données des études portant sur les effets sur la santé des GEE comme mélange sont limitées, tant sur le plan de la qualité que sur le plan de la quantité. Les effets des GEE comme mélange sont, de par leur nature, difficiles à analyser dans le cadre d'études épidémiologiques, puisque la majorité des populations sont exposées à la fois aux gaz d'échappement des moteurs diesel et aux GEE, et qu'il n'a pas été possible d'établir un marqueur de substitution unique de l'exposition aux GEE. Dans l'ensemble, les données des études portant sur la part des effets indésirables sur la santé (cancer et effets cardiovasculaires, immunologiques, reproductifs, développementaux et neurologiques) attribuables aux GEE comme mélange sont insuffisantes. Les données disponibles semblent indiquer que les GEE affectent le système respiratoire, ce qui concorde avec les effets connus de la pollution de l'air sur la santé, à laquelle contribuent les GEE. Les données sur les GEE comme mélange sont toutefois limitées et des études plus approfondies s'imposent. Ces liens de causalité ne changent rien au fait que certains composants des GEE sont des agents cancérogènes connus et caractérisés, comme le benzène et les HAP, tandis que d'autres ont des effets non cancérogènes bien connus.

Dans la partie B, les analyses ont été réalisées par étapes : 1) estimation des émissions attribuables aux véhicules routiers et aux usages hors route à essence au Canada; 2) estimation des répercussions de ces émissions sur les concentrations ambiantes de PM2,5, de NO2, d'O3, de CO, de dioxyde de soufre (SO2), de benzène, de formaldéhyde et d'acétaldéhyde au pays à l'aide de modèles de la qualité de l'air; 3) estimation des impacts sur la santé de la population ou des risques pour la population découlant de la contribution additionnelle des émissions des moteurs à essence aux concentrations de ces polluants dans l'air ambiant. La modélisation portait sur l'année civile 2015.

Les sources mobiles à essence sur route et hors route sont responsables d'importantes émissions de polluants atmosphériques (par exemple, 11 % d'oxydes d'azote (NOx), 67 % des émissions de CO et 20 % des émissions de COV), surtout dans les zones urbaines peuplées. Ces zones, où réside une grande proportion de la population canadienne, sont caractérisées par un fort taux d'utilisation de véhicules personnels. En outre, les véhicules routiers à essence sont à l'origine de 98 % des émissions de CO, de 46 % des émissions de NOx, de 28 % des émissions de PM2,5, de 83 % des émissions de SO2 et de 91 % des émissions de COV provenant de l'ensemble des véhicules routiers (tous les types de carburants). Les moteurs et véhicules à essence non routiers contribuent pour 94 % des émissions de CO, 14 % des émissions de NOx, 27 % des émissions de PM2,5, 32 % des émissions de SO2 et 89 % des émissions de COV provenant de l'ensemble des moteurs et des véhicules hors route (tous les types de carburants).

Les résultats de la modélisation de la qualité de l'air indiquent que les émissions des moteurs à essence influent sur les concentrations de PM2,5, de NO2, d'O3 et de CO dans l'air ambiant. Les émissions des véhicules routiers à essence contribuent aux concentrations de polluants atmosphériques dans les zones urbaines (p. ex. Grand Vancouver, Calgary, Winnipeg, Toronto et Montréal) et le long des principaux axes routiers. Plus précisément, il est estimé que les émissions des véhicules routiers à essence contribuent à raison de 0,5 à 2 microgrammes par mètre cube (µg/m3) aux concentrations de PM2,5, de 0,5 à 5,5 parties par milliard (ppb) aux concentrations de NO2 et de 100 à plus de 500 ppb aux concentrations de CO dans les zones urbaines et à proximité de celles-ci. Les émissions des véhicules routiers à essence entraînent une réduction des concentrations estivales d'O3 de 0,01 à 4 ppb dans les grands centres urbains et une augmentation des concentrations estivales d'O3 de 0,5 à 4 ppb dans les zones environnantes. Ces effets apparemment opposés sont dus aux réactions photochimiques complexes entre l'O3 et le NOx, et aux répercussions connexes des concentrations élevées de NOx dans les centres urbains. L'influence des émissions provenant des moteurs à essence hors route sur les concentrations de polluants atmosphériques semble plus répartie géographiquement, affectant la qualité de l'air tant dans les régions urbaines que dans les régions rurales, mais semble moins importante que celle des émissions provenant des véhicules routiers à essence.

Les effets sur la santé des polluants atmosphériques sont bien connus de Santé Canada et sur la scène internationale. Selon l'analyse réalisée, les émissions des moteurs à essence sur route et hors route, par leur contribution aux concentrations des principaux contaminants atmosphériques dans l'air ambiant, entraînent des effets notables sur la santé de la population de même que des coûts sociétaux au Canada. Pour l'année civile 2015, les émissions des véhicules routiers à essence sont associées à 700 décès prématurés (coût estimé de 5,0 milliards de dollars). De ce nombre, 69 %, 20 %, 6 % et 5 % sont attribuables aux concentrations de PM2,5, de NO2, de CO et d'O3 dans l'air ambiant, respectivement. Les émissions des moteurs à essence sur route et hors route sont quant à elles associées à 940 décès prématurés (coût estimé de 6,8 milliards de dollars). De ce nombre, 66 %, 17 %, 11 % et 6 % sont attribuables aux concentrations de PM2,5, de NO2, d'O3 et de CO dans l'air ambiant, respectivement. Les indicateurs de mortalité examinés découlent de l'exposition aiguë et de l'exposition chronique aux polluants atmosphériques et comprennent les décès liés à des causes cardiovasculaires, respiratoires et au cancer du poumon. Les émissions des moteurs à essence sont aussi liées à des jours de symptômes respiratoires aigus, des jours d'activité restreinte, des jours de symptômes d'asthme, des admissions à l'hôpital, des visites aux urgences, des épisodes de bronchite aiguë chez les enfants et des cas de bronchite chronique chez les adultes à l'échelle du Canada. En 2015, le coût total pour la société associé aux émissions des moteurs à essence sur route et hors route est estimé à 7,3 milliards de dollars.

Santé Canada a précédemment réalisé une analyse similaire des effets sur la santé des émissions des moteurs diesel sur route et hors route au Canada, pour l'année 2015 toujours. Selon les estimations, les émissions des moteurs diesel sur route sont associées à 320 décès prématurés et les émissions sur route et hors route combinées à 710 décès prématurés. Les effets sur la santé de la population des émissions des moteurs à essence seraient donc plus importants que ceux des émissions des moteurs diesel, selon ces analyses par modélisation. Ces constatations font ressortir le rôle important que jouent les émissions des moteurs à essence dans la pollution atmosphérique, y compris la contribution des NOx et des COV à la production secondaire de PM2,5. Elles indiquent par ailleurs que la répartition géographique des sources d'émissions à essence correspond à celle des populations humaines, ce qui augmente l'exposition de ces dernières.

Au Canada, les récentes modifications apportées au Règlement sur les émissions des véhicules routiers et de leurs moteursNote de bas de page 1, au Règlement sur le soufre dans l'essenceNote de bas de page 2 et au Règlement sur les émissions des petits moteurs hors route à allumage commandéNote de bas de page 3 permettront de réduire les émissions de polluants atmosphériques provenant des moteurs à essence au cours des dix prochaines années et auront des effets positifs sur la santé de la population. Ces modifications n'ont pas été prises en compte dans l'analyse, qui ciblait l'année 2015.

Le rapport d'évaluation a été rédigé dans le but de fournir aux autorités, aux organismes de réglementation et aux décideurs canadiens une évaluation exhaustive des effets potentiels sur la santé des émissions provenant des moteurs à essenceNote de bas de page 4. Il vise à appuyer les efforts qui seront déployés pour réduire les émissions et les impacts sur la santé de la population associés à cette importante source de pollution atmosphérique au Canada. Dans l'ensemble, il est conclu que les émissions provenant des véhicules et des moteurs à essence sur route et hors route présentent toujours un risque pour la santé humaine au Canada.

Pour obtenir une copie électronique de l'Évaluation des risques pour la santé humaine des gaz d'échappement des moteurs à essence, veuillez contacter hc.air.sc@canada.ca. Le rapport peut également être téléchargé.

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Pollution de l'air : qu'est-ce que les gaz d'échappement des moteurs diesel et à essence?

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