Rapport sommaire : Consultations sur le renouvellement du Programme pour les langues officielles en santé 2023 - 2028
Sur cette page
Contexte
En janvier 2022, Santé Canada a lancé une consultation auprès des communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM - francophones à l'extérieur du Québec et anglophones au Québec) afin de connaître leurs expériences personnelles à accéder à des services de santé dans la langue officielle (LO) de leur choix et de connaître leurs intérêts pour la phase 2023-2028 du Programme pour les langues officielles en santé (PLOS). Les renseignements recueillis ont été analysés et sont résumés dans le présent rapport.
Le PLOS, lancé en 2003, vise à améliorer l'accès aux services de santé pour les CLOSM et fait partie du Plan d'action pour les langues officielles 2018-2023 - Investir dans notre avenir du gouvernement du Canada. Le Programme inclut présentement les trois composantes suivantes qui se renforcent mutuellement :
1 - Formation et maintien en poste des professionnels de la santé
Santé Canada fournit un soutien aux établissements de formation postsecondaire afin d'améliorer la disponibilité des fournisseurs de services de santé bilingues partout au pays et plus particulièrement dans les régions où les besoins des CLOSM sont les plus grands.
-
Le Consortium national de formation en santé (CNFS), qui comprend un secrétariat national et 16 établissements postsecondaires membres hors Québec, offre plus de 100 programmes de santé en français dans huit provinces et collabore avec les établissements de santé pour offrir des stages et des placements à ses étudiants.
-
L'Université McGill offre une formation linguistique aux fournisseurs de soins de santé en poste au Québec, ainsi que des bourses et des stages pour intégrer les professionnels de la santé bilingues dans les régions où les besoins en services de santé en anglais sont importants.
2 - Réseautage en santé
Les réseaux de la santé travaillent avec divers partenaires (communautés, décideurs, gestionnaires de la santé, professionnels de la santé et établissements d'enseignement postsecondaire) afin d'élaborer des solutions concrètes pour améliorer l'accès aux services de santé pour les CLOSM. Les bénéficiaires ciblés pour cette composante sont :
- La Société Santé en français (SSF), avec ses 16 réseaux répartis dans toutes les provinces et tous les territoires (sauf le Québec) pour les communautés francophones en situation minoritaire.
- Le Community Health and Social Services Network (CHSSN), avec ses 23 réseaux et répartis à travers le Québec pour les communautés anglophones en situation minoritaire.
3 - Projets d'accès aux services de santé
Les projets de la phase de financement 2018-2023 utilisent des approches novatrices pour améliorer l'accès aux services de santé des CLOSM.
-
La SSF et le CHSSN soutiennent des projets sous les composantes suivantes : l'intégration des ressources humaines en santé; le développement et la diffusion des connaissances (y compris les activités et les outils de collecte de données, les évaluations des besoins et la recherche); et l'amélioration de la santé des communautés (grâce à un accès accru aux services de santé).
-
Santé Canada a lancé un appel de propositions à l'hiver 2019 pour soutenir des bénéficiaires tels que les organismes à but non lucratif, les provinces et les territoires dans les domaines suivants: soins à domicile et en milieu communautaire, services de santé mentale et de toxicomanie, soins palliatifs et soins de fin de vie.
-
En tant que projet pilote, des micro-subventions allant jusqu'à 1000 $ chacune ont été offertes entre 2019 et 2022 à de petits organismes sans but lucratif et à des particuliers afin d'accroître l'accès aux services de santé au sein des CLOSM.
Le Programme est aligné avec le mandat de Santé Canada visant à aider les Canadiens et les
Canadiennes à maintenir et à améliorer leur santé. Il contribue également à l'obligation du Ministère de
veiller à ce que des mesures positives soient prises pour renforcer la vitalité des communautés
minoritaires linguistiques anglaises et françaises au Canada et pour soutenir et aider leur développement,
en accord avec l'engagement du gouvernement du Canada dans la partie VII de la Loi sur les langues
officielles.
Données démographiques
Un total de 2001 personnes provenant de toutes les provinces et les territoires du Canada ont participé à la consultation en ligne. Un peu plus de la moitié (53%) des répondants étaient des francophones en situation minoritaire, comparativement à 47% d'anglophones du Québec. Voir Tableau 1.1.
Identité de la communauté de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) | Identité CLOSM | |
---|---|---|
N | % | |
Anglophone vivant au Québec | 950 | 47% |
Francophone vivant hors Québec | 1051 | 53% |
Total | 2001 | 100% |
Figure 1 - Équivalent textuel
Le graphique montre une proportion de 53% de répondants francophones vivant à l'extérieur du Québec et de 47% de répondants anglophones vivant au Québec.
Les données démographiques montrent également que les répondants anglophones étaient généralement plus âgés que les répondants francophones, ce qui pourrait avoir eu un impact sur la perception des répondants sur les services de santé offerts sur les catégories de service que les répondants jugent prioritaires.
Identité de la communauté de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) | Groupe d'âge | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
0-34 | 35-54 | 55+ | Total | |||||
N | % | N | % | N | % | N | % | |
Anglophone vivant au Québec | 116 | 31% | 386 | 42% | 445 | 64% | 950 | 47% |
Francophone vivant hors Québec | 256 | 69% | 539 | 58% | 250 | 36% | 1051 | 53% |
Total | 372 | 100% | 925 | 100% | 695 | 100% | 2001 | 100% |
Note: La colonne des totaux comprend les répondants qui n'ont pas sélectionné de groupe d'âge ou qui ont sélectionné « Je préfère ne pas répondre ». |
Il est de plus intéressant de noter que les trois quarts des répondants (1496 sur 2001) étaient des femmes et que le nombre d'hommes francophones par rapport aux nombre d'hommes anglophones était pratiquement identique, alors que le nombre de femmes francophones était légèrement supérieur au nombre de femmes anglophones.
Identité de la communauté de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) | Genre | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Homme | Femme | Total | ||||
N | % | N | % | N | % | |
Anglophone vivant au Québec | 236 | 50% | 703 | 47% | 950 | 47% |
Francophone vivant hors Québec | 238 | 50% | 793 | 53% | 1051 | 53% |
Total | 474 | 100% | 1496 | 100% | 2001 | 100% |
Note: La colonne des totaux comprend les répondants qui n'ont pas sélectionné d'identité de genre ou qui ont répondu « diverses identités de genre » ou « autre ». |
En ce qui concerne la province ou le territoire de résidence des répondants francophones, 38% provenaient des provinces de l'Ouest (surtout de l'Alberta) et des territoires, 31% provenaient de l'Ontario et 30 % provenaient des provinces de l'Atlantique (surtout du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse).
La proportion de répondants immigrants était plus élevée chez les francophones (26%) que chez les anglophones (16%), alors que 2% des répondants (francophones comme anglophones) affirmait une identité autochtone.
Environ la moitié des répondants ont déclaré une affiliation à des institutions qui desservent ou pourraient desservir les CLOSM, dont 269 appartenant à un établissement post-secondaire (étudiants ou personnel), 142 travaillant pour des établissements de santé, 155 travaillant pour les gouvernements provinciaux ou territoriaux et 108 travaillant pour des organismes au service des CLOSM.
Questions de consultation
- On demandait aux répondants s'ils avaient des défis à accéder aux services de santé dans la langue officielle de leur choix. La vaste majorité des répondants, anglophones comme francophones, ont répondu oui à cette question.
- On demandait aux répondants les catégories de service pour lesquelles il était le plus difficile d'accéder dans la langue officielle de leur choix et on leur demandait d'expliquer les défis qu'ils rencontraient.
- On a demandé aux répondants s'ils avaient remarqué des progrès dans l'accès aux services de santé dans la langue officielle minoritaire depuis quelques années et d'expliquer leur réponse.
- On demandait aux répondants d'identifier leurs priorités pour l'accès aux services de santé dans la langue officielle de choix d'ici 2028.
- On demandait aux répondants s'ils croyaient qu'une carte de santé qui identifie la langue officielle de préférence du patient pourrait avoir un impact significatif sur l'offre de services de santé dans cette langue.
- On demandait aux répondants s'ils connaissaient des professionnels de la santé bilingues dans leur région et comment ils ont pu les trouver.
- On demandait aux répondants s'ils avaient des suggestions sur de possibles mesures pour mettre en contact les patients issus des CLOSM avec des professionnels de la santé bilingues et qui devraient en être responsables.
- On demandait aux participants s'ils croyaient que la télésanté pouvait être un moyen efficace (ou pas) de desservir les CLOSM dans leur langue et quels services se prêteraient le mieux à
- On demandait aux participants s'ils avaient d'autres idées qui pourraient augmenter l'accès aux services dans la langue officielle de choix des patients.
Question 1 : On demandait aux répondants s'ils avaient des défis à accéder aux services de santé dans la langue officielle de leur choix. La vaste majorité des répondants, anglophones comme francophones, ont répondu oui à cette question.
Figure Q1 - Équivalent textuel
Le graphique montre que 80% des anglophones du Québec et que 77% des francophones de l'extérieur du Québec ont affirmé éprouver des difficultés à accéder aux services de santé dans la langue officielle de leur choix.
However, it is interesting to note that 90% of Anglophones aged 0 to 34 reported challenges accessing health services in their OL of choice while, among Francophones living in a minority situation, this age group reported the fewest challenges.
Figure Q1-02 - Équivalent textuel
Le graphique montre que chez les répondants anglophones du Québec, 90% des 0-34 ans, 86% des 35-54 ans et 73% des 55 ans et plus ont affirmé éprouver des difficultés à accéder aux services de santé dans la langue officielle de leur choix.
Figure Q1-03 - Équivalent textuel
Le premier graphique montre que chez les répondants francophones à l'extérieur du Québec, 67% des 0-34 ans, 81% des 35-54 ans et 79% des 55 ans et plus ont affirmé éprouver des difficultés à accéder aux services de santé dans la langue officielle de leur choix.
Le deuxième graphique montre les différences régionales d'accès aux services de santé en français. La proportion de répondants affirmant avoir de la difficulté à obtenir des services en français était de 69% dans les provinces de l'Atlantique, de 73% en Ontario et de 86% dans les provinces de l'Ouest et dans les territoires.
Chez les francophones, l'accès aux services de santé dans la LO de leur choix était le plus difficile dans les provinces et territoires de l'Ouest (86 % ont signalé un défi à cet égard), comparativement à 73 % en Ontario (où existe le seul hôpital bilingue à l'ouest du Québec) et 69 % dans l'Atlantique (où une province, le Nouveau-Brunswick, est officiellement bilingue).
Question 2: On demandait aux répondants les catégories de service pour lesquelles il était le plus difficile d'accéder dans la langue officielle de leur choix et on leur demandait d'expliquer les défis qu'ils rencontraient.
Toutes les catégories de services étaient difficiles d'accès, mais les francophones ont identifié la santé mentale (62%), les soins palliatifs (60%), les soins pour maladies chroniques (59%) et les soins de longue durée (58%) comme défis particuliers, alors que les services d'accueil (58%) ont été choisis par une majorité d'anglophones.
Figure Q2 - Équivalent textuel
Le graphique montre que les répondants francophones à l'extérieur du Québec ont rapporté avoir plus de difficulté que les répondants anglophones du Québec à se faire servir dans la langue officielle de leur choix en santé mentale, en soins palliatifs, en soins de maladies chroniques, en soins de longue durée, en soins primaires et en soins à domicile, alors que les répondants anglophones du Québec ont rapporté avoir plus de difficulté à accéder aux services d'accueil en anglais.
Parmi les défis cités par les répondants, le manque de professionnels de la santé bilingues et qui offrent activement le service dans la langue officielle minoritaire, a été relevé comme le principal défi. Le stress occasionné par le fait de ne pas bien comprendre le professionnel de la santé ou de ne pas être compris par le professionnel de la santé a aussi été relevé. Enfin, plusieurs ont noté qu'ils ont ressenti de la discrimination à leur endroit lors qu'ils demandaient des services dans leur langue officielle.
Question 3: On a demandé aux répondants s'ils avaient remarqué des progrès dans l'accès aux services de santé dans la langue officielle minoritaire depuis quelques années et d'expliquer leur réponse.
La majorité des répondants ont affirmé ne pas avoir constaté de progrès significatifs. Cette proportion est toutefois beaucoup plus élevée chez les anglophones. Plusieurs ont commenté de façon négative sur le projet de Loi 96 proposé par le gouvernement du Québec pour protéger la langue française. Cet élément, qui était très critiqué dans les médias anglophones, a pu avoir eu un effet négatif sur la perception des répondants anglophones au moment où ils ont répondu à la consultation. Près du tiers des répondants francophones ont, pour leur part, remarqué une amélioration.
Lors d'accès aux services de santé dans un hôpital plutôt anglophone, on m'a demandé si je préférais avoir quelqu'un de francophone de présent lors d'une procédure médicale. Cela est définitivement une amélioration!
Figure Q3 - Équivalent textuel
Le graphique montre que 86% des répondants anglophones du Québec et 69% des répondants francophones de l'extérieur du Québec n'avaient pas constaté de progrès dans l'accès aux services de santé dans la langue officielle de leur choix.
Question 4: On demandait aux répondants d'identifier leurs priorités pour l'accès aux services de santé dans la langue officielle de choix d'ici 2028.
Les réponses des répondants s'alignaient assez bien avec les catégories de services qui représentaient les plus grands défis, tels qu'identifiés à la question 2. Encore une fois, les anglophones ont privilégié les services d'accueil, alors que les soins palliatifs et la santé mentale étaient en haut de la liste chez les francophones.
Figure Q4 - Équivalent textuel
Le graphique montre les catégories de service de santé prioritaires pour les les répondants francophones à l'extérieur du Québec et des répondants anglophones au Québec. Les soins palliatifs (61%) et la santé mentale (59%) étaient les catégories les plus prioritaires pour les répondants francophones de l'extérieur du Québec, alors que les services d'accueil (57%) étaient la plus grande priorité des répondants anglophones du Québec.
Quelques témoignages en ce sens :
- Services d'accueil : Ils sont le premier point de contact et donnent des informations importantes sur ce qu'une personne doit apporter avec elle au rendez-vous et sont ceux qui peuvent aider à accéder au médecin en cas de besoin. [Traduction]
- La santé mentale est un des domaines de santé où l'interprétation n'est pas une solution adéquate. L'expression des émotions et des expériences ne peut pas se faire facilement avec un interprète. De plus, c'est un domaine très personnel et c'est difficile d'accepter une tierce partie dans la relation professionnel-patient.
Même lorsqu'il n'était pas question de santé mentale comme telle, on perçoit dans les réponses de plusieurs répondants l'importance de l'aspect psychologique que peut jouer l'offre (ou l'absence) de services dans la langue officielle minoritaire :
- Pouvoir initier la discussion en anglais avec un professionnel ou un établissement de santé à travers les services d'accueil permettrait d'atténuer le stress, l'anxiété et les risques d'information erronée. [Traduction]
- Je suis atteinte d'un cancer avec métastases et je vis énormément d'anxiété déchirante. Je suis vulnérable et inquiète de mon état de santé alors que je devrai recevoir des traitements de chimiothérapie aux 28 jours pour le reste de ma vie. Se présenter à l'accueil avec ma vulnérabilité, j'aimerais être traitée comme une personne humaine dans le respect et la dignité, ce qui pourrait me donner de l'espoir de vivre les soins nécessaires jusqu'au dernier jour de mon existence.
- Lorsque vous avez des problèmes de santé, vous êtes déjà inquiet de ce qui se passe en vous. Vous avez besoin d'une voix amicale et d'un professionnel calme pour soulager votre anxiété. Vous n'avez pas besoin de vous sentir obligé de combattre le système qui devrait prendre soin de vous. La confiance est si importante pour une personne qui ne se sent pas bien. [Traduction]- Lorsque je tomberai malade et que j'aurai besoin de soins de longue durée, je crains de ne pas pouvoir rester ici où vivent mes enfants. Je vais devoir retourner dans une province anglophone pour me sentir plus à l'aise dans ma langue maternelle. [Traduction]
Question 5: On demandait aux répondants s'ils croyaient qu'une carte de santé qui identifie la langue officielle de préférence du patient pourrait avoir un impact significatif sur l'offre de services de santé dans cette langue.
Ce concept, mis en œuvre à l'Île-du-Prince-Édouard, semblait mieux connu et générer beaucoup plus d'enthousiasme chez les répondants francophones (58% d'appui) qu'anglophones (41% d'appui).
Figure Q5 - Équivalent textuel
Le graphique montre que 41% des répondants anglophones du Québec appuyaient l'idée d'une carte de santé qui identifie la langue officielle du patient, alors que 29% et 30% n'appuyaient pas ou étaient indécis par rapport à cette proposition. Chez les répondants francophones de l'extérieur du Québec, 58% appuyaient cette initiative contre 17% qui ne l'appuyaient pas et 25% qui étaient indécis.
Plusieurs répondants, surtout francophones, ont fait valoir les aspects positifs d'une carte qui capterait la langue officielle de préférence du patient, dont une meilleure planification des services en fonction des données recueillies sur la langue de préférence des patients et l'offre active de services dans la langue officielle minoritaire :
- Une carte santé provinciale qui identifie la langue permettrait une meilleure collecte de données sur l'état de santé des francophones. Les organismes et les régies pourront ensuite planifier la distribution des ressources humaines francophones aux départements et domaines les plus sollicités. De plus, l'identification des francophones améliorerait l'offre active des services de santé en français et agirait comme un rappel aux employés de santé de fournir un service en français ou un service d'interprétation.
- La variable est impérative pour la planification de services car il existe toujours des pourvoyeurs de soins qui ne pensent pas avoir de clients francophones.
- Une excellente idée si ça pouvait être inclut dans un dossier médical. Le patient déjà affaibli par son problème de santé ne devrait pas perdre de l'énergie à demander de recevoir un service dans sa langue maternelle. Ça devrait être automatiquement offert vu la mention dans le dossier médical.
Un autre point positif serait de réduire l'ambiguïté lorsque le nom de la personne ne correspond pas à sa langue de préférence du patient :
- Mon nom de jeune fille est français, mais je ne parle pas assez français. [Traduction]
- Travaillant moi-même dans le domaine de la santé à Montréal, je parle habituellement français et anglais à mes clients lors de notre première rencontre. J'ai toutefois eu quelques surprises car certaines personnes ont des noms français ou anglais comme John Smith alors que le patient ne parle pas anglais. Je passe ainsi naturellement au français. Mais si je connaissais leur préférence linguistique du début, je l'offrirais immédiatement. [Traduction]
Pas tous les répondants étaient convaincus qu'une carte de santé qui capte la préférence linguistique du patient serait quelque chose de positif, par contre. Certains répondants, surtout anglophones, ont souligné leur peur de subir de la discrimination. De plus, contrairement aux répondants francophones qui souhaitent que les services en français correspondent au poids démographique des communautés francophones dans les régions, l'inverse a été soulevé chez les anglophones, où on craint une baisse de service si ceux-ci étaient basés sur des données démographiques plus précises. :
- Cela crée une situation « nous contre eux ». Pas bon du tout. [Traduction]
- Cela semble être un moyen de quantifier la minorité afin que les services ne puissent être distribués qu'en proportion de la minorité par région. Le personnel doit être bilingue, comme on s'attend à ce qu'il le soit dans de nombreuses autres industries. [Traduction]
Certains répondants francophones, généralement en faveur de la mesure, craignaient toutefois que les francophones ne s'identifient pas comme tel et que les services soient réduits en conséquence :
- Il faudrait cependant faire attention de ne pas obliger les gens à choisir. Beaucoup de gens que je connais sont entièrement bilingues et hésiteraient à indiquer le français comme langue de préférence s'ils savent que l'accès au service serait plus facile s'ils choisissent "Bilingue ou anglais/français" comme préférence.
- L'insécurité linguistique dans ma région fera en sorte que plusieurs personnes ne s'identifieront pas comme francophone et cela permettra aux fournisseurs de service de réduire encore plus leurs efforts.
Question 6: On demandait aux répondants s'ils connaissaient des professionnels de la santé bilingues dans leur région et comment ils ont pu les trouver.
Bien que les répondants ont, en majorité, indiqué avoir des problèmes d'accès à des services de santé dans leur langue officielle, une vaste majorité d'entre eux ont quand-même indiqué qu'ils connaissaient au moins un professionnel de la santé bilingue dans leur région. Les résultats étaient d'ailleurs très semblables entre francophones et anglophones :
Figure Q6-01 - Équivalent textuel
Le graphique montre que 77% des répondants anglophones du Québec connaissent au moins un professionnel de la santé bilingue dans leur région.
On peut toutefois constater une certaine disparité entre les régions du pays. En effet, la proportion des répondants des provinces de l'Ouest et des territoires avaient moins de chances de connaitre des professionnels de la santé bilingue dans leur région (72% contre 80% en Ontario et 83% en Atlantique).
Figure Q6-02 - Équivalent textuel
Le graphique montre que 78% des répondants francophones à l'extérieur du Québec connaissaient au moins un professionnel de la santé bilingue et que cette proportion est de 83% dans les provinces de l'Atlantique, 80% en Ontario et 72% dans les provinces de l'Ouest et dans les territoires.
Les commentaires des participants permettent toutefois de nuancer les résultats précédents. En effet, plusieurs répondants anglophones demeurant à Montréal ont affirmé qu'il était très facile pour eux de trouver des services dans leur langue, tandis que d'autres répondants d'autres régions du Québec ont dit devoir se déplacer à Montréal pour obtenir des services dans leur langue officielle, lorsqu'ils habitaient à proximité (ex : Montérégie). Dans d'autres régions du Québec, plusieurs services en anglais n'étaient pas disponibles du tout. Le même type de situation a été décrit par des répondants du Nouveau-Brunswick, où il serait assez facile de trouver des services en français à Moncton et dans les régions plus francophones de la province, mais plus difficile de trouver des professionnels bilingues dans les régions plus anglophones.
Pour ce qui est de la façon de trouver ces professionnels bilingues, il semble que les réseaux de la Société Santé en français et du Community Health and Social Services Network soient très utiles aux CLOSM, notamment par l'offre de répertoires de professionnels de la santé bilingues sur leurs site internet. Les références de la part de médecin de famille et le bouche à oreille ont aussi joué un rôle important pour plusieurs répondants.
Question 7: On demandait aux répondants s'ils avaient des suggestions sur de possibles mesures pour mettre en contact les patients issus des CLOSM avec des professionnels de la santé bilingues et qui devraient en être responsables.
De nombreuses suggestions ont été faites, qui pourraient être regroupées dans cinq grandes catégories :
Identification de l'offre et de la demande de services de santé dans la langue officielle minoritaire
Un très grand nombre de répondants ont suggéré de créer et de mettre à jour de façon continue des bases de données/répertoires/bottins de professionnels de la santé bilingues qui devraient être accessibles en ligne. Bien que plusieurs ressources semblables existent déjà, celles-ci sont souvent la création de petits organismes communautaires comme les réseaux de la Société Santé en français et du Community Health and Social Services Network. Plusieurs répondants ont plutôt dit souhaiter que ces répertoires soient la responsabilité des autorités de santé provinciales, territoriales ou régionales. Plusieurs ont aussi souligné le rôle potentiel des établissements de santé et des ordres professionnels pour maintenir ces bases de données et répertoires à jour. En plus de rendre ces données publiques sur un site web, il a de plus été suggéré d'utiliser la géolocalisation pour permettre aux patients de trouver des professionnels de la santé localement. Certains répondants ont toutefois souligné qu'il était important de s'assurer que les professionnels identifiés aient une maitrise réelle et fonctionnelle de la langue officielle minoritaire et qu'ils soient vraiment disposés à servir les CLOSM dans leur langue. À l'intérieur des établissements de santé, il a de plus été suggéré que le statut bilingue des professionnels soient soulignés à l'aide d'affiches et de macarons.
Les répondants, surtout chez les francophones, ont aussi été nombreux à souhaiter que la préférence linguistique des patients soit documentée par la province ou le territoire et ajoutée à une base de données afin de mieux planifier les services dans la langue officielle minoritaire et d'en faire l'offre active dans les établissements de santé.
Formation et maintien en poste de professionnels de la santé bilingues
Plusieurs répondants ont souligné que pour mettre en contact les patients issus des CLOSM avec des professionnels de la santé bilingue, il faut d'abord s'assurer qu'il y ait des professionnels de la santé bilingues de disponibles. C'est pourquoi le thème de la formation est ressorti régulièrement.
Plusieurs répondants, surtout francophones, ont dit souhaiter que les provinces et les territoires forment davantage de nouveaux professionnels de la santé bilingues pour servir les CLOSM. Certains ont de plus déploré que des immigrants francophones n'arrivent pas à pratiquer dans les CLOSM étant donné les problèmes de reconnaissance des diplômes étrangers.
L'apprentissage et la connaissance de la langue officielle minoritaire a aussi fait l'objet de plusieurs commentaires. Plusieurs répondants francophones ont insisté que la maitrise de la langue officielle minoritaire devrait être reconnue comme une compétence par les ordres professionnels et qu'elle devrait être rémunérée en conséquence. Chez les répondants anglophones, un grand nombre ont plutôt dit souhaiter que tous les professionnels de la santé au Québec soient bilingues. Selon eux, le bilinguisme devrait être une condition essentielle pour l'obtention d'un diplôme en santé ainsi que pour l'embauche dans tout établissement de santé du Québec.
Offre active de services dans la langue officielle minoritaire
L'offre active de services de santé dans la langue officielle minoritaire a été relevée par plusieurs répondants comme une façon de s'assurer que les patients puissent être automatiquement mis en contact avec des professionnels de la santé bilingues. Chez les anglophones, le concept d'offre active n'est pas exprimé tout à fait de la même manière, mais les répondants ont dit quand-même souhaiter que les services d'accueil soient disponibles en anglais et puis ensuite assurer un triage pour que les suivis subséquents avec le patient soient faits en anglais.
Télémédecine
La télémédecine a aussi fait l'objet de discussions. Les répondants ont souligné les effets positifs de la télémédecine, particulièrement dans les régions éloignées. Certains ont dit souhaiter une stratégie nationale (fédérale-provinciale-territoriale) afin d'offrir des soins virtuels à la grandeur du pays. De cette façon, des professionnels de la santé d'une province donnée pourraient servir des CLOSM d'une autre province, par exemple.
Centres de santé communautaire
Enfin, certains répondants francophones ont dit souhaiter la mise sur pied de centres de santé communautaire ou de cliniques de santé bilingues, dont la mission première serait d'offrir des services de santé en français pour les communautés francophones en situation minoritaire. Les répondants n'ont toutefois pas noté qui seraient les responsables de ces centres ou cliniques et d'où proviendrait leur financement.
Question 8: On demandait aux participants s'ils croyaient que la télésanté pouvait être un moyen efficace (ou pas) de desservir les CLOSM dans leur langue et quels services se prêteraient le mieux à cela.
Environ les trois quarts des répondants, qu'ils soient francophones ou anglophones, étaient favorables aux services de télésanté comme moyen d'améliorer l'accès aux services de santé dans la langue officielle minoritaire.
Figure Q8 - Équivalent textuel
Le graphique montre que 74% des répondants anglophones au Québec et 73% des répondants francophones en de l'extérieur du Québec étaient en faveur de la télésanté pour améliorer l'accès aux services de santé dans la langue officielle minoritaire.
Cette proportion était d'ailleurs la même pour toutes les tranches d'âge, les genres et les régions de résidence. Selon plusieurs répondants, la télésanté constituerait même un avantage considérable pour les communautés rurales et éloignées :
- Nous devons voyager cinq heures jusqu'à Rimouski juste pour que le médecin nous dise ce qui se passe avec notre santé. Cela aiderait beaucoup les membres de la communauté. Juste le fait de ne pas avoir à se déplacer hors région pour parfois un résultat de cinq minutes. [Traduction]
Certains ont de plus suggéré qu'il serait intéressant de pouvoir accéder à des professionnels de la santé d'autres provinces pour élargir le bassin de professionnels de la santé bilingues pouvant servir les CLOSM.
Plusieurs répondants ont toutefois nuancé leur appui à la télésanté en affirmant que ces services ne devaient pas devenir la norme et remplacer tous les services en personne :
- Ce service peut certainement dépanner, mais il ne faut pas qu'il devienne le service unique pour desservir les CLOSM.
- Oui mais avec des limites, certains services ne sont pas faits pour être offert par téléphone. Il ne faut pas non plus créer un système de deuxième classe pour les minorités.
D'autres défis potentiels ont également été soulevés, comme l'accès à la technologie et la sensibilité culturelle d'un professionnel provenant d'une autre région :
- Ça prend quelqu'un qui comprend le parler d'ici. Les ainés dans beaucoup de nos communautés n'ont pas mal au dos, ils ont mal à l'échine, par exemple.
Pour ce qui est des catégories de service qui se prêteraient le mieux à la télésanté, plusieurs ont mentionné la santé mentale, les résultats d'examens médicaux, les suivis de routine pour des maladies chroniques, les renouvellements de prescriptions et des services de santé primaires qui ne requièrent pas d'examen en personne.
Question 9: On demandait aux participants s'ils avaient d'autres idées qui pourraient augmenter l'accès aux services dans la langue officielle de choix des patients.
Un grand nombre de répondants ont réitéré des suggestions discutées lors de questions précédentes :
- répertoires de professionnels de la santé bilingues;
- formation de plus de professionnels de la santé bilingues;
- formation/sensibilisation à l'offre active dans la langue officielle minoritaire;
- carte santé qui capte la langue officielle de préférence du patient; et
- télésanté.
Il est à noter que certaines suggestions dépassaient le mandat du PLOS telles que la création de primes au bilinguisme. Il est également à noter que les initiatives mises de l'avant par Santé Canada dans le cadre du PLOS doivent respecter les champs de compétence des provinces et des territoires ainsi que les pouvoirs législatifs du gouvernement fédéral.
D'autres suggestions dépassaient la compétence constitutionnelle du gouvernement fédéral, comme l'imposition unilatérale de clauses sur les langues officielles dans les ententes entre le gouvernement fédéral et les provinces et territoires ou, comme le souhaitaient certains anglophones en situation minoritaire, l'abolition des lois visant à protéger le français au Québec. Cela dit, dans le cadre de la négociation d'ententes entre les deux paliers de gouvernement, des considérations pour les CLOSM pourraient être incluses sur entente des parties concernées quant au partage des pouvoirs législatifs.
Quelques suggestions originales ont toutefois fait surface :
- La reconnaissance des diplômes de professionnels de la santé bilingues formés à l'étranger. Bien qu'il s'agisse d'un dossier complexe impliquant plusieurs joueurs du système de santé, il pourrait y avoir un potentiel positif pour les CLOSM;
- L'utilisation d'équipe de soins de santé primaire volantes, qui pourraient se déplacer dans de petits centres pour offrir des services en personne. Cette solution pourrait être étudiée, mais ses limites devraient être clairement définies au départ pour ne pas créer d'attentes trop importantes de la part des communautés;
- L'utilisation de nouvelles technologies pour permettre une traduction instantanée entre professionnels de la santé et patients. Cette solution pourrait toutefois être controversée, étant donné les limites des services de traduction et d'interprétation déjà connus; et
- L'imposition de clauses de langues officielles dans des ententes entre le gouvernement fédéral et les provinces et territoires. Étant donné que ces ententes doivent être négociées de bonne foi entre les deux paliers de gouvernement, le gouvernement fédéral a déjà incité les gouvernement provinciaux et territoriaux d'inclure des considérations pour les CLOSM dans les ententes qui les concernent. Certaines peuvent choisir de le faire volontairement.
Conclusion et prochaines étapes
La consultation en ligne auprès des CLOSM sur le renouvellement du PLOS a permis de recueillir le témoignage de 2001 personnes, ce qui est une augmentation remarquable par rapport à la dernière consultation en ligne tenue en 2016, qui a rejoint environ 150 personnes. La proportion de répondants francophones (53%) et anglophones (47%), a d'ailleurs permis de dégager des constats plus équilibrés et nuancés pour chacune des communautés linguistiques. Les répondants anglophones étaient toutefois, en moyenne, plus âgés que les répondants francophones, tandis que les femmes étaient surreprésentées pour les deux groupes linguistiques, à environ 75%. Cette dernière constatation n'est pas surprenante vu que les femmes ont souvent un rôle plus marqué dans le maintien de la santé familiale et/ou du fait qu'une certaine proportion des répondants œuvraient dans le secteur de la santé dans lequel les femmes sont historiquement surreprésentées.
Une grande majorité de répondants (80% francophones et 77% anglophones) s'accordaient pour dire qu'ils avaient des défis à accéder à des services de santé. Bien que cette réalité soit la même pour l'ensemble des services, les priorités étaient toutefois légèrement différentes pour les deux groupes linguistiques. Alors que la santé mentale et les soins palliatifs étaient, ente autres, privilégiés par les francophones, ce sont les services d'accueil qui étaient les plus importants pour les anglophones, afin de mieux aiguiller les services par la suite. La plupart des répondants disaient toutefois connaître au moins un professionnel de la santé capable de les desservir dans leur langue, mais cette proportion était moins élevée dans l'Ouest du pays.
Le concept d'une carte de santé qui capte la préférence linguistique du patient ne faisait pas non-plus consensus entre francophones et anglophones en situation minoritaire. Plusieurs francophones se montraient enthousiastes à l'idée, afin de permettre de collecter des donnés pour la planification de services et inciter à plus d'offre active de services en français, alors que plusieurs anglophones se montraient plutôt craintifs qu'une telle carte puisse engendrer davantage de discrimination à leur égard et qu'ils perdent des services.
La télésanté était toutefois un concept populaire pour les deux groupes linguistiques, avec un appui d'environ 75% des répondants. Plusieurs ont toutefois signalé que cette façon de faire ne devait pas devenir la norme pour servir les CLOSM et que le contact humain était encore très important dans plusieurs cas.
Pour ce qui est de suggestions pour améliorer l'accès à des professionnels et à des services de santé dans la langue officielle minoritaire, cinq grandes catégories sont ressorties :
- L'identification de l'offre (professionnels de la santé bilingues disponibles) et de la demande (patients provenant des CLOSM), par l'entremise de bases de données mises-à-jour par les provinces (et certains autres partenaires) afin de trouver un équilibre dans la planification des services et de simplifier la recherche des ressources disponibles pour les patients;
- La formation et le maintien en poste de professionnels de la santé bilingues, par la formation postsecondaire dans la langue officielle minoritaire et par la formation linguistique;
- Encourager l'offre active de services de santé dans la langue officielle minoritaire;
- L'offre de service par télémédecine, y compris entre les provinces et les territoires; et
- La création et le maintien de centre de santé communautaire en mesure d'offrir des services de santé dans la langue officielle minoritaire.
Le présent rapport de consultation fera partie d'un ensemble de documents (incluant un rapport de consultation avec les parties prenantes, le rapport d'évaluation du Plan d'action pour les langues officielles, un rapport de recherche d'opinion publique, divers documents de recherche, etc.) qui seront utilisés pour informer les réflexions de Santé Canada sur l'avenir du PLOS et plus particulièrement des priorités du Programme lors de sa prochaine phase en 2023-2028.
Détails de la page
- Date de modification :