Rapport du Comité - Approche de gestion des produits chimiques axée sur la santé publique, 28 et 29 novembre 2018

Comité scientifique sur le Plan de gestion des produits chimiques

Approche de gestion des produits chimiques axée sur la santé publique au Canada

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Introduction et aperçu du processus

Santé Canada (SC) et Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) (« les ministères »), par l'intermédiaire du Plan de gestion des produits chimiques (PGPC), explorent la possibilité de mettre au point un plan directeur en vue de la mise en œuvre d'une approche de santé publique/de la population à l'égard de la gestion des produits et des risques chimiques au Canada. Il a été établi que la mise en application d'une telle approche demanderait un temps et des ressources considérables. Nous définissons une approche de santé publique comme une « approche [qui] chercherait à lier un risque élevé de maladies spécifiques ou d'effets indésirables à des actions de gestion de produits chimiques (incluant la recherche, la surveillance, la priorisation, les évaluations de risque et la gestion de risque). »

Dans le cadre de ce projet, le Comité scientifique (CS) sur le PGPC s'est vu demander d'évaluer les occasions favorables et les enjeux qui découleraient de la mise en œuvre d'une telle approche, ainsi que de fournir des suggestions quant aux éléments fondamentaux qui contribueraient adéquatement à la conception d'un plan directeur apte à favoriser l'adoption d'une telle approche.

Le CS est d'avis que la réussite d'un tel projet permettrait de mieux arrimer la gestion des produits chimiques à une approche de santé de la population et qu'elle dépend, à la base, de la nature d'écosystème de l'approche, qui correspondrait à celle de l'approche « Une santé » ou d'autres approches semblables (Aguirre et al., 2016; OHC, 2019). Plusieurs initiatives sont analogues à l'approche « Une santé », notamment l'approche « écosystémique », qu'appuie le Centre de recherches pour le développement international (CRDI, 2010), et l'approche de « santé planétaire » qu'emploie la Rockefeller Foundation (États-Unis, Planetary Health, 2019). On peut considérer les approches de « santé publique » ou de « santé de la population » ayant une composante de santé environnementale comme plus globales que les approches de gestion des produits chimiques uniquement axées sur l'exposition aux produits ou sur les effets pathologiques, car les sciences de la santé publique s'intéressent à tout l'éventail des causes de maladie et aux liens entre l'exposition et les problèmes de santé, avec pour objectif une lutte, notamment préventive, plus efficace contre les maladies. Une telle approche privilégie la diversité des interventions (par exemple, auprès des personnes ou des populations dans leur ensemble). En parallèle, l'approche « Une santé » a pour but la santé optimale « des humains, des animaux et de l'environnement » (American Veterinary Medical Association, One Health, 2008). Ces méthodes pourraient contribuer à orienter les efforts du gouvernement fédéral en ce qui concerne la modernisation de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) [LCPE (1999)] (Parlement du Canada, 2017) et permettre une meilleure articulation de la forme que prendra le PGPC et de la voie qu'il empruntera au-delà de l'horizon 2020.

On a demandé au CS d'envisager un cadre général pour le PGPC, au sein d'une approche de santé publique globale pour le Canada. Trois questions à l'étude formulées par les ministères ont guidé les réflexions du CS. Le présent rapport résume les résultats d'une rencontre de 2 jours qui s'est tenue à Ottawa à propos des 3 questions. Les réponses à chaque question à l'étude sont abordées dans l'ordre selon lequel elles ont été présentées dans le document de travail du PGPC (CS sur le PGPC de SC et d'ECCC, 2018).

Question à l'étude 1

Le Comité scientifique sur le PGPC pourrait-il donner son avis relativement aux possibilités qu'offrirait une approche de la gestion des produits chimiques axée sur la santé publique au Canada, ainsi qu'aux défis que poserait une telle approche?

De nombreuses possibilités ont été définies et ont fait l'objet de discussions :

  1. Le CS a abordé les possibilités que présenterait l'enrichissement du paradigme actuel de gestion des produits chimiques axé sur les risques chimiques. Tout d'abord, un tel enrichissement consisterait à passer d'une approche privilégiant la gestion un produit chimique à la fois à une approche globale, basée sur de multiples déterminants de la santé, parmi lesquels l'exposition à un ou à plusieurs produits chimiques. Analyser la situation à travers le prisme de la santé publique permettrait de tenir compte du contexte réel (par exemple, la complexité d'exposition multiple à plusieurs facteurs de stress et non seulement aux facteurs de stress chimiques, au courant de la vie) et, ainsi, d'établir des liens entre les risques de maladie ou les marqueurs précoces d'effets indésirables et les mesures de gestion des produits chimiques; une telle méthode favoriserait la recherche précoce d'effets imprévus associés à l'exposition et d'autres facteurs environnementaux (notamment sociaux) et génétiques relatifs aux effets indésirables sur la santé.
  2. L'inclusion d'une des approches de santé publique susmentionnées pourrait se faire à partir des approches fondées sur la santé déjà en place. Il suffirait d'intégrer, selon les besoins, des compétences et des technologies de santé publique à une approche de gestion des produits chimiques. Celle-ci s'en trouverait améliorée et comprendrait une résolution des problèmes fondée sur l'analyse des indicateurs (par exemple, des états pathologiques) visant à déterminer la participation de l'agression chimique à titre d'agent étiologique. On passerait ainsi d'une approche de type cause à effet ou déterministe (« A cause B ») à une approche de type « probabilité de causalité » (PC) dans la gestion des produits chimiques, ce qui éclairerait ensuite les mesures préventives de gestion des risques. L'approche de type PC tient compte de l'incertitude et de la notion de probabilité statistique (dont la stochasticité) inhérentes à l'établissement d'une relation de cause à effet entre un élément A et un élément B. La PC a déjà été utilisée dans les décisions judiciaires, les décisions relatives à la santé au travail et les décisions en matière toxicologique (par exemple, Pearl, 1999; Robins et Greenland, 1989). On peut soutenir que, en ce qui concerne les facteurs environnementaux et la santé publique, une approche de type PC permettrait d'évaluer la puissance et l'incertitude de la causalité au moyen de la méthode du poids de la preuve, dont l'utilisation a été rendue obligatoire par la LCPE (1999). Une telle approche devrait explicitement tenir compte de multiples incertitudes, son fondement même résidant dans l'estimation des probabilités. La possibilité d'employer une approche de type PC est abordée plus avant en réponse à la question à l'étude 3a.
  3. Un autre élément de l'intégration d'une approche de santé publique consiste à reconnaître la pertinence de concepts tels que celui de « Une santé », que nous avons mentionnés plus haut. La notion transdisciplinaire « Une santé » intègre l'expertise de multiples secteurs et vise la santé des humains, des animaux et des écosystèmes (voir par exemple One Health Commission - disponible en anglais seulement). Dans le présent rapport, le CS donne au terme global cette portée générale. De plus, l'approche « Une santé » a pour objectif l'atteinte d'une santé optimale pour les populations humaines et de l'écosystème - de l'échelle locale à l'échelle mondiale - par l'adoption de méthodes transdisciplinaires et intersectorielles (Aguirre et al., 2016). L'emploi du terme « Une santé » dans ce sens est assez nouveau, mais Hippocrate a proposé il y a plus de 2 000 ans les notions fondamentales qui sous-tendent cette idée. Divers programmes gouvernementaux aux États-Unis, en Europe et ailleurs dans le monde, de même que d'éminentes organisations gouvernementales telles que l'Organisation mondiale de la Santé et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, emploient déjà des approches de type « Une santé », qui reconnaissent l'importance de la protection de l'écosystème en soi et favorisent une telle protection. De plus, ces méthodes offrent une perspective plus inclusive, qui pourrait permettre la détection précoce d'agents étiologiques grâce à la prise en compte des répercussions subies par toute population de l'écosystème jugée vulnérable, à titre d'indicateurs d'effets indésirables sur la santé qui pourraient toucher d'autres espèces, dont la population humaine. Il est entendu qu'il vaudrait mieux faire évoluer graduellement les approches actuellement employées plutôt que de les remplacer du tout au tout, mais l'exploration des approches de type « Une santé » au Canada est tout à fait possible, étant donné l'expertise dont le pays dispose en matière d'études sur la population axées sur la santé humaine et des écosystèmes, en particulier au sein des universités et du gouvernement, sans parler du caractère ouvert des voies de communication entre ces communautés.

Le changement de paradigme qui consiste à inclure une approche de santé publique suppose la définition de l'expertise disponible et des possibilités que représenterait un tel changement. Tel qu'il est indiqué en réponse à la question à l'étude 2b, le Canada dispose de nombreuses ressources et d'une vaste expertise, notamment des programmes de surveillance écologique et humaine, dont on pourrait tirer parti. Les systèmes de soins de santé canadiens sont aussi des mines d'information. En outre, plusieurs études de cohortes prospectives bien engagées au pays, dont le Projet de partenariat canadien Espoir pour demain (PPCED), sont d'une conception et d'une ampleur ayant le potentiel de faire évoluer la compréhension des effets des produits chimiques sur l'environnement (voir la question à l'étude 2b). De plus, le Canada est bien placé pour créer des ponts entre des systèmes de données environnementales, sociodémographiques et de santé, la nouvelle « analytique des données massives » offrant en effet l'occasion de relier ces ensembles de données. Par ailleurs, l'enseignement dans le domaine de la santé publique au Canada connaît une croissance considérable, des programmes de grande qualité ayant été créés en toxicologie, en sciences de l'exposition, en épidémiologie et en sciences des données, programmes qui comprennent des cours sur les nouvelles technologies et approches [par exemple, les sciences omiques et les méthodologies fondées sur une nouvelle approche (MNA)]. On s'attend ainsi au cours de la prochaine génération à l'émergence d'un groupe d'experts prêt à contribuer à l'orientation d'un programme de gestion des produits chimiques amélioré, qui serait beaucoup plus complet. Ce groupe pourrait inclure des experts de plusieurs gouvernements, du milieu académique, and des organismes de recherche. Des décisions antérieures pourraient être réévaluées et modifiées.

Le CS a constaté que d'autres groupes œuvrant en santé publique, y compris ceux situés au Canada (telles que les agences de santé publique fédérale et provinciales et les universités), étudiaient et surveillaient les tendances épidémiologiques et en matière de santé ainsi que les déterminants des maladies et de la santé, notamment les agents pathogènes connus et les expositions potentiellement nuisibles, au moyen d'approches différentes et plus complètes. Le CS est d'avis qu'il faut tenir compte de ces groupes et éventuellement créer des liens avec eux. Le CS tient à faire remarquer que divers plans directeurs ou cadres accompagnent les efforts de chaque groupe et qu'il y a là une occasion de créer des ponts entre les différents plans directeurs et de favoriser les possibilités de collaboration internationale. En outre, dans l'adoption d'une approche de santé publique, il serait possible de s'inspirer d'initiatives telles que celle du National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS) des États-Unis, dont le plan stratégique s'appuie sur une approche de santé publique (Birnbaum, 2018; Pattibone et al., 2018), bien que l'ampleur de la mise en œuvre de l'approche soit incertaine. Il faudrait aussi tirer les leçons d'autres exemples, tels que ceux mentionnés en introduction.

Le CS a étudié l'approche de santé publique employée depuis un certain temps déjà pour la recherche d'agents pathogènes, car celle-ci pourrait constituer un modèle. À titre d'exemple, le CS a relevé que les évolutions en microbiologie moléculaire moderne fondées sur la génomique, dans leurs applications en santé publique, avaient fait la preuve des capacités qu'offraient les nouvelles méthodes, conjuguées aux programmes de surveillance, en matière de caractérisation des flambées épidémiques (autrement dit, des problèmes de santé) et de lutte contre celles-ci. Une telle approche, appliquée à la gestion des produits chimiques, devrait initialement être axée sur les données disponibles sur les dangers. Par la suite, les résultats de criblage de toxicité et d'exposition à haut débit pourraient aussi servir à l'établissement des priorités.

Enfin, l'adoption d'une approche axée sur la santé publique indiquerait clairement que l'inaction a un coût économique mesurable et qu'il est possible de trouver des solutions gagnantes favorisant la prise de décisions éclairées en matière de gestion intersectorielle des produits chimiques. De telles décisions contribuent non seulement à un environnement plus sain et à une bonne santé, mais aussi à l'économie (Landrigan et al., 2018).

En résumé, travailler à une approche axée sur la santé publique ou des populations ou tout simplement plus multidimensionnelle aurait de nombreux et importants avantages à long terme. Concevoir une telle approche nécessitera un processus lui-même pluridimensionnel comptant de nombreuses étapes progressives, comme l'explique la réponse à la question à l'étude 3a.

De même, de nombreux enjeux ont été définis et ont fait l'objet de discussions :

Comme il a été indiqué précédemment, adopter une approche axée sur la santé des populations suppose d'embrasser un point de vue transdisciplinaire et intersectoriel, ce qui exige nécessairement de la coordination et une certaine mise en commun des efforts de multiples équipes. Un enjeu évident est ainsi les nombreux obstacles institutionnels à la coopération et au partage de renseignements (voir la question à l'étude 2). Bien sûr, divers modes de partenariat permettent de lever ces obstacles, mais au prix d'une volonté et d'une patience importantes, de considérables efforts et de ressources (telles que le temps et l'argent). Plus concrètement, le CS a abordé la nécessité d'un meilleur accès aux données, d'une collaboration avec la communauté de la recherche en santé et avec celle des systèmes de santé et d'une coordination pangouvernementale (regroupant par exemple Santé Canada, les agences de santé publique et Statistique Canada).

Le changement de paradigme évoqué plus haut exige d'abord l'aspiration et l'engagement à mettre en place les capacités qui permettront le changement. Ensuite, il faudra définir les avancées théoriques et méthodologiques souhaitées, qui devraient être considérables, et les encourager. Le fait que l'adoption d'un schéma de gestion des produits chimiques axé sur les « causes des maladies » doive tenir compte du délai de latence généralement constaté entre une exposition et la survenue d'un effet indésirable constitue un autre enjeu évident; ce délai est une des raisons pour lesquelles les études prospectives de cohorte de longue durée sont déterminantes. Il importe d'inclure, aux fins du suivi de la santé des populations, une collecte de données et une surveillance régulières. Ces méthodes ont fait leurs preuves en santé publique dans les cas où la présence d'agents infectieux était avérée ou soupçonnée. Elles sont désormais appliquées de façon systématique au suivi des effets à long terme pouvant mener à des maladies chroniques (par exemple les effets de la fumée de cigarette, qui peuvent causer des cancers). Le CS a notamment réfléchi aux idées mises en œuvre dans l'étude des cancers infantiles, qui s'appuie sur les méthodes de surveillance et de recherche existantes. Ajoutons que, dans certains cas, les effets nocifs des produits chimiques que subissent certaines espèces de l'écosystème peuvent être annonciateurs d'effets qui ne sont pas encore apparents chez l'humain (un argument fort en faveur de l'adoption de l'approche « Une santé » ou d'une autre approche du même ordre).

Pour établir le lien entre les états pathologiques et les agents chimiques, des progrès théoriques et méthodologiques sont nécessaires; en effet, des agents étiologiques multiples, dont des facteurs de stress non chimiques, peuvent être à l'origine d'un état pathologique. La période de latence des maladies et les multiples facteurs de stress, qui évoluent au fil du temps, viennent compliquer encore davantage la situation. Parmi les facteurs de stress non chimiques, il y a la situation socio-économique et les diverses répercussions d'un climat en pleine évolution. Le CS est d'avis qu'il est possible d'atténuer la difficulté à établir la relation de cause à effet par l'emploi d'indicateurs de résultats en amont des effets apicaux dans le contexte plus vaste des parcours de résultats néfastes (PRN) (Tollefsen et al., 2014). Attribuer les effets à chacun des facteurs de stress, dont les facteurs de stress chimiques, sera compliqué et exigera un suivi des données régulier et de longue durée pour l'ensemble de la population canadienne; une approche d'exploration par analyse des systèmes pourrait dans ce cas-ci être idéale.

En ce qui concerne les décisions et les mesures de gestion des produits chimiques, des questions demeurent quant au degré de preuve qui serait requis en cas d'intégration d'un paradigme de santé publique dans le programme de gestion des produits chimiques. Quel serait le degré d'incertitude acceptable aux fins des décisions de gestion des produits chimiques dans le contexte d'une approche axée sur la santé publique? Les processus et les pratiques actuellement appliqués dans le cadre du PGPC sont-ils suffisamment efficaces et prudents? La quantité des données accessibles et leur qualité sont-elles suffisantes pour l'adoption d'une approche axée sur la santé publique? Dans la mesure où ces points sont déjà problématiques, le défi serait considérable dans le cadre d'un programme plus vaste, reposant sur des données.

Il a été constaté que les programmes de surveillance qui ne détectaient aucun effet étaient tout aussi importants et éclairants que ceux qui relevaient des effets nocifs, les deux types de programmes permettant d'orienter l'établissement des liens entre l'exposition aux produits chimiques et les répercussions sur les populations. L'attitude à adopter lorsque des résultats positifs confirment que X cause Y est plus évidente, mais des données négatives, en particulier lorsqu'elles sont issues de programmes de surveillance à grande échelle bien conçus, apportent des avantages associés à la confirmation de l'absence d'effets nocifs, ainsi que des données probantes à l'appui de l'établissement des priorités.

L'étoffement d'outils existants (depuis longtemps ou récemment créés), dont les programmes de biosurveillance, pourrait favoriser la réorientation vers une approche axée sur la santé publique. Il pourrait s'agir par exemple d'élargir certains programmes afin d'y inclure des études de cohorte prospectives de longue durée, telles que l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) (2019), la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) (2019) ou le Programme de surveillance des Grands Lacs (ECCC, 2017). Adopter de nouvelles méthodes analytiques et un cadre organisationnel permettant de mettre en commun tous les flux de données aux fins des évaluations (Basu et Lanphear, 2019) favoriserait aussi la réorientation. Le financement stable à long terme des organisations gouvernementales et de recherche, nécessaire à la mise en place des nouvelles infrastructures et méthodes nécessaires, est un défi qu'il faudra relever si l'on veut adopter une approche axée sur la santé publique. Selon le CS, les coûts seront élevés. Toutefois, il faut mettre en balance les coûts d'élaboration d'un tel programme et les coûts qu'entraîne l'absence d'une telle approche pour la santé publique et les écosystèmes.

Une autre difficulté potentielle qu'a définie le CS est celle de la communication de toute la complexité du dossier (y compris sur le plan des risques possibles) aux décideurs et à la population.

Enfin, si l'on veut adopter une approche axée sur la santé publique, il faudra étudier les avantages de chaque produit chimique défini comme présentant un risque potentiel pour la santé ou l'environnement.

Question à l'étude 2

Le CS a divisé cette question en ses 3 parties. En fonction des données et des outils actuellement disponibles, quelles lacunes constitueraient un obstacle à la mise en œuvre d'une approche de la gestion des produits chimiques axée sur la santé publique au Canada? Que faudrait-il d'autre en matière de données et d'outils pour favoriser l'emploi d'une approche axée sur la santé publique? Existe-t-il un lien clair entre certains états pathologiques et l'exposition à des produits chimiques qui devrait orienter la production de données et d'outils?

Question à l'étude 2a

En fonction des données et des outils actuellement disponibles, quelles lacunes constitueraient un obstacle à la mise en œuvre d'une approche de la gestion des produits chimiques axée sur la santé publique au Canada?

Le CS a répondu à cette question en 3 volets :

1. Lacunes en matière de connaissances

De nombreuses lacunes demeurent à combler en matière de connaissances aux fins de la compréhension des effets des produits chimiques sur la santé dans une perspective de santé des populations. Ces lacunes pourraient être encore plus grandes en ce qui concerne les programmes de gestion de produits chimiques qui n'ont pas d'exigences minimales explicites en matière de données et pour lesquels des données ne sont pas facilement accessibles au public (par exemple, les produits qui ne sont ni un pesticide, ni un aliment/additif alimentaire intentionnel ou un médicament et qui, par conséquent, ont des exigences minimales en matière de rapport). Les lacunes doivent être définies et organisées selon un cadre logique et accessible. Un cadre valable, compatible avec une approche axée sur la santé publique, permettrait d'inclure les éléments connus, les éléments recherchés et enfin les éléments troubles. Afin d'en arriver à une base de données aussi vaste, il faudrait des renseignements non seulement sur la population générale, mais aussi sur les écosystèmes et les groupes vulnérables. Une option consisterait à concevoir le cadre en s'inspirant de l'approche « Une santé » ou d'une approche semblable (c'est-à-dire, en rassemblant, entre autres, les ressources, les données et les méthodes relatives aux communautés humaines et aux écosystèmes). Dans un tel cadre, on établirait la portée d'abord à partir des données existantes et des données recherchées. Il serait ensuite possible de passer à la définition claire des lacunes et à la désignation des agences les plus susceptibles de réussir à les combler.

Au cours de l'élargissement de la portée, de nouvelles lacunes devraient probablement se révéler : on passerait de ce qui est pertinent, nécessaire à petite échelle et déjà accessible (et probablement de très grande qualité) à ce qui sera nécessaire à grande échelle (c'est-à-dire, dans le contexte d'une approche de détection ou de surveillance).

Le CS s'est intéressé à certaines lacunes en matière de connaissances, notamment l'insuffisance de données disponibles et accessibles (non seulement pour la communauté de recherche, mais aussi pour le grand public, qui a le droit de s'informer). Il a été constaté que les États-Unis et le Canada (par exemple Statistique Canada et des organisations de santé provinciales telles que l'ICES, en Ontario) travaillent à créer des centres de données qui favoriseront le partage de ces dernières; ces centres relèvent des détails techniques tels que les problèmes de compatibilité des données. Le CS a déjà soulevé ces problèmes dans des rapports antérieurs au sujet du partage de données avec des partenaires internationaux (CS sur le PGPC, 2015; CS sur le PGPC, 2017).

2. Lacunes en matière de disponibilité des ressources

L'analyse et la surveillance permanente de la présence de produits chimiques et de biomarqueurs au sein de la population humaine et chez d'autres espèces exigent des investissements considérables et soutenus. Il ne faudrait pas sous-estimer la nécessité de ressources financières. Le CS est d'avis qu'il serait utile de tenir compte des besoins associés à l'approche « Une santé »/axée sur la santé publique dans l'établissement des investissements dans les infrastructures.

En ce qui concerne la mise en commun des données, la politique sur les données ouvertes du gouvernement du Canada ne s'applique toujours pas aux données qui seraient utiles à l'approche « Une santé » [par exemple, en raison de restrictions au titre de la Loi sur la statistique, il n'est possible d'accéder aux données brutes de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS, 2014) que par l'intermédiaire de centres de données, ce qui constitue un obstacle pour certains intervenants et en particulier pour la population]. Dans l'ensemble, il faut prendre des mesures pour que les données pertinentes soient accessibles à tous les intervenants et susceptibles d'être interprétées par ceux-ci.

Selon une suggestion du CS, il faudrait que l'analyse des lacunes en matière de données établisse une distinction entre les besoins en données détaillées et les besoins en données plus générales, à l'échelle de la population. En présence de laboratoires centralisés, des programmes d'exploration centraux pourraient être mis au point pour certains types de recherche. Des centres principaux pourraient accueillir les bases de données, auxquelles les petits laboratoires de recherche auraient accès. Cela comblerait une lacune pour les laboratoires autrement dans l'impossibilité d'effectuer des recherches coûteuses, en raison de restrictions financières. Les États-Unis ont financé la création de tels centres de données, afin de favoriser l'accès aux données issues d'études de cohortes particulières, mais ces centres sont en grande partie fondés sur des recherches. Santé Canada a entamé des pourparlers avec Statistique Canada en vue de l'élaboration d'un modèle semblable [fondé, par exemple, sur l'étude de la Cohorte santé et environnement du recensement canadien (CSERCan)], qui pourrait être configuré dès le départ pour tenir davantage compte des données de surveillance.

Si l'on veut arriver à combler les lacunes évoquées en matière de données, la collecte et l'analyse des biomarqueurs environnementaux doivent pouvoir s'appuyer sur une infrastructure complexe et une expertise pointue. Par exemple, l'ECMS dépend grandement de l'expertise d'un petit nombre de laboratoires, tels que l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), l'un des seuls au pays à détenir l'expertise nécessaire à cette tâche hautement spécialisée. On a aussi donné à des laboratoires de Santé Canada la capacité d'effectuer l'analyse d'échantillons d'un certain nombre de substances. Comme il a été mentionné ci-dessus, il faudrait que les fonds consacrés à l'obtention de ressources plus vastes (destinés à couvrir les coûts d'immobilisations et d'exploitation) proviennent de la réorientation et de l'expansion de programmes existants. Des modèles de prévision pourraient servir à atténuer le caractère incertain des renseignements sur l'exposition, et le comblement des lacunes en matière de données, grâce à une surveillance accrue, pourrait compenser une partie des coûts.

3. Obstacles institutionnels

Le CS a plusieurs fois souligné l'importance des obstacles institutionnels. Parmi ceux-ci, il y a le problème de l'accès aux données (l'accès à l'information devant être beaucoup plus facile qu'il ne l'est pour le moment), la question de la protection des renseignements personnels par rapport à la mise en commun de données appartenant à diverses organisations et à différents chercheurs, ainsi que les questions de compétence. Actuellement, ces obstacles entravent les efforts d'intégration de la biosurveillance, de la surveillance écologique et des efforts de modélisation, notamment de modélisation géospatiale, efforts qui visent une meilleure caractérisation de l'exposition et des effets. De plus, le CS a émis des commentaires sur les aspects financiers et professionnels de l'accès à des données conservées par d'autres parties. Les données recueillies par les établissements dont le grand public peut disposer étant limitées, il est très difficile de créer des documents d'information et de les transmettre, comme l'exigerait un cadre axé sur la santé des populations, et lorsque l'accès aux données est limité, il est difficile de définir les lacunes en matière de données. Encore une fois, la présence de partenariats réduirait le problème que constituent les obstacles institutionnels, mais conclure de telles ententes demande du temps, de la bonne volonté et de considérables efforts.

Question à l'étude 2b

Que faudrait-il d'autre en matière de données et d'outils pour favoriser l'emploi d'une approche axée sur la santé publique?

Le CS a abordé dans le détail le type de données et d'outils qui favoriseraient l'emploi d'une approche axée sur la santé publique. Certaines des réponses à la question à l'étude 2b concernent aussi la question à l'étude 3b, qui porte sur les études de cas éventuellement appropriées. Plusieurs réponses à la question à l'étude 2b sont possibles :

  1. Une attention particulière devrait être portée aux populations fortement exposées. Certains peuples autochtones, par exemple, consomment des aliments traditionnels pouvant avoir une concentration élevée de certains contaminants [parmi les études notables sur le sujet, il y a l'Étude sur l'alimentation, la nutrition et l'environnement chez les Premières Nations (www.fnfnes.ca), ainsi que diverses études de population financées par l'intermédiaire du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord]. Les populations qui subissent une exposition professionnelle à diverses catégories de produits chimiques, tels que les produits industriels, les produits pharmaceutiques ou les pesticides, sont aussi des populations fortement exposées. Le CS s'est également intéressé au personnel militaire, car les dossiers conservés pourraient permettre de reconstituer des expositions ayant possiblement eu lieu. Ces groupes pourraient être rassemblés sous l'appellation de « populations canadiennes vulnérables » étant donné leur exposition élevée à certains produits chimiques. Le défaut de bien des études sur l'exposition professionnelle est le fait qu'elles sont rétrospectives et ne comprennent pas de prélèvement d'échantillons biologiques. Il serait cependant possible de remédier à ce défaut par un élargissement immédiat des études épidémiologiques et des grandes études de cohorte prospectives en cours qui permettrait d'inclure le prélèvement d'échantillons et les évaluations de référence. Soulignons à nouveau qu'un certain temps pourrait être nécessaire à l'élimination des nombreux éventuels obstacles institutionnels en la matière.
  2. Le CS a connaissance de l'existence de cohortes, notamment celle du PPCED, formées du regroupement de plusieurs cohortes provinciales (Dummer et al., 2018; voir l'annexe). De nombreux éléments plaident en faveur d'une approche pancanadienne axée sur la santé publique intégrant des cohortes existantes : l'utilisation de programmes et d'activités déjà en place rendrait le projet possible, et l'on pourrait néanmoins définir les éléments d'un cadre plus général, puis les perfectionner. Le CS convient toutefois que l'approche nécessiterait, dans ce cas, des analyses et des investissements considérables, ainsi que le recrutement de sous-populations adéquates, aux profils d'exposition pertinents.
  3. Le Canada compte plusieurs biobanques qui abritent des échantillons d'espèces de l'écosystème [par exemple, la Banque nationale de spécimens d'espèces sauvages du Centre national de la recherche faunique (CNRF, ECCC, 2010)] et qui pourraient accepter d'élargir leurs analyses chimiques. Ces banques constitueraient de précieuses sources de données, compte tenu de la longue durée des programmes, de leur portée géographique et de la possibilité d'utiliser grâce à elles l'approche « Une santé ».
  4. Un élément rend complexe l'application de la plupart des suggestions du CS : pour chaque personne au sujet de laquelle des renseignements sur l'exposition chimique deviendraient accessibles en cas d'adoption d'un cadre axé sur la santé publique, la collecte de renseignements non relatifs aux produits chimiques (régime alimentaire, état de santé, etc.) serait nécessaire à l'obtention de la plus grande valeur possible. Notons que cet élément de complexité est une des raisons pour lesquelles une vaste étude de cohorte prospective telle que le PPCED a été commandée au Canada.
  5. Le CS a évoqué d'autres outils qui pourraient être utiles. Il a été convenu que les essais non ciblés (tant au sujet de l'exposition que de ses effets) seraient utiles et que le criblage « suspect » (ou semi-ciblé) pourrait être intégré aux études de cohorte prospectives en cours aux fins de l'établissement des produits chimiques pouvant être détectés au sein de certaines populations (par exemple, au moyen de méthodes envisagées selon le concept de l'exposome). Quant aux modèles d'exposition, ils pourraient former un complément aux programmes de surveillance et combler certaines lacunes en matière de données (Bonnell et al., 2018; Cowan-Ellsberry et al., 2009; Ring et al., 2019). De plus, dans le cadre des mêmes études de cohorte, il serait possible d'utiliser les nouvelles technologies omiques (par exemple la métabolomique, la protéomique, la transcriptomique et l'exposomique), qui promettent l'approfondissement de la compréhension que nous avons de l'état de santé d'un être vivant et de son exposition environnementale.
  6. Les analyses et les bases de données géospatiales forment un autre outil qui permet de mieux évaluer le fardeau de la maladie (FM) dans une région en particulier, notamment s'il s'agit d'un « point névralgique » où se trouve une population vulnérable. Il est ainsi possible d'accroître le niveau de granularité (par exemple, d'obtenir de plus petites zones géographiques), d'associer des données sur l'exposition de nature géospatiale au FM et de mieux comprendre la relation entre les deux paramètres. Des plateformes existantes peuvent être adaptées aux besoins, qui consisteront surtout au départ en l'établissement des priorités [EJSCREEN (EPA des États-Unis, 2014); EnviroAtlas (EPA des États-Unis, 2015)]. Parallèlement, des études de conception plus inclusive (voir la section des possibilités sous question à l'étude 1) peuvent s'effectuer dans l'ensemble du pays et permettre une définition plus fine du FM à l'échelle nationale, qui servira de point de référence pour les décisions et le suivi des progrès.

Question à l'étude 2c

Existe-t-il un lien clair entre certains états pathologiques et l'exposition à des produits chimiques qui devrait orienter la production de données et d'outils?

Il est des états pathologiques dont le lien direct avec l'exposition chimique est évident par rapport à d'autres. Les troubles qui ont une prévalence élevée au sein d'une population touchée par un facteur de stress qui intéresse la recherche sont évidemment ceux auxquels les premiers efforts doivent être consacrés. En ce qui concerne les maladies chroniques, telles que la plupart des cancers, il est bien sûr plus utile de trouver un biomarqueur ou une autre réaction biologique intermédiaire significatifs que de se fier au critère d'effet final.

Parmi les états pathologiques inquiétants ayant potentiellement des liens clairs avec l'exposition à un produit chimique, il y a ceux qui touchent le développement du cerveau, si l'on se fie aux recherches effectuées au sujet des substances toxiques ayant des effets neurocomportementaux [par exemple, le plomb, qui a des effets nocifs sur le plan cognitif (Landrigan et al., 2018)]. Ensuite, il y a les maladies cardiovasculaires. D'une part, les troubles neurocomportementaux constituent une cible mouvante par rapport aux technologies, qui évoluent sans cesse, et à la reconnaissance/mesure des effets. D'autre part, de nombreux facteurs (par exemple, le régime alimentaire ou le mode de vie) empêchent de déterminer clairement les agents responsables des affections cardiovasculaires. Il faut donc se poser la question : quel poids relatif (ou risque relatif) l'exposition au produit chimique évalué représente-t-elle par rapport aux autres facteurs, notamment de stress? Ces considérations sont reportées plus bas, dans la liste des éléments du projet de plan directeur énoncée sous la question à l'étude 3.

Le CS a aussi abordé, mais sans dégager de consensus, d'autres états pathologiques d'un intérêt potentiellement élevé, dont ceux associés à des composés perturbant la fonction endocrine (CPFE). Par exemple, certains effets neurocomportementaux néfastes pourraient être le résultat de la pénétration de CPFE dans l'organisme. Il a été souligné que des efforts consacrés aux maladies à parcours de résultats néfastes « non-EATS » (dont le parcours n'est ni à récepteur des œstrogènes ni à récepteur des androgènes, à signalisation thyroïdienne ou à stéroïdogenèse) (CS sur le PGPC, 2018) pourraient être utiles. Une approche de FM pourrait aussi contribuer à la définition des états pathologiques les plus préoccupants au pays.

Cela a été mentionné ci-dessus : le CS a discuté de la nécessité de déceler un effet en amont du point apical (par exemple, entre le moment de l'événement moléculaire déclencheur [EMD] et celui de l'effet apical). Une approche de PRN pourrait être utile dans ce cas-ci. Le PRN est un cadre conceptuel qui illustre les connaissances existantes au sujet de l'articulation entre 2 points d'ancrage - l'EMD et un résultat néfaste (RN) - reliés par une suite d'événements clés (EC). Afin de permettre à la communauté scientifique de mettre en commun les connaissances en matière de PRN, de les perfectionner et d'en discuter de manière centralisée, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a entrepris un projet de mise au point d'une « base de connaissances sur les parcours de résultats néfastes » (BC-PRN). Les définitions de PRN, rédigées de manière collaborative, et les données probantes pertinentes peuvent être consultées dans le wiki sur les PRN (https://aopwiki.org/ -disonible en anglais seulement).

Le CS a convenu qu'il faudrait, au cours des travaux futurs, s'appuyer sur les fondements justes que constituent les définitions actuelles et adopter les meilleures idées déjà mises de l'avant, tout en s'assurant que le cadre choisi peut évoluer en fonction de changements permanents et de « mises à jour » qui continueront d'avoir lieu.

Question à l'étude 3

Question à l'étude 3a

S'il considère la gestion des produits chimiques au-delà de 2020, le Comité scientifique sur le PGPC pourrait-il dresser la liste des éléments à inclure dans un plan directeur visant l'élaboration d'une approche de la gestion des produits chimiques axée sur la santé publique au Canada devant être prête à court ou moyen terme (par exemple, d'ici 5 à 10 ans)?

Le CS approuve un certain nombre d'éléments existants et en cours de conception qui contribueraient à la mise en place de l'approche « Une santé » ou d'une autre approche de santé publique au sein du PGPC et à l'étoffement de l'approche actuelle fondée sur le risque que représente chaque produit chimique. Une approche globale axée sur la santé publique aurait notamment pour but l'établissement de liens entre le risque de maladie et les mesures de gestion des produits chimiques. Les autres objectifs seraient la détection précoce des expositions involontaires et de leurs effets, ainsi que, par conséquent, un mode d'intervention préventif. Un tel programme serait précieux en ce que le grand public serait mieux informé. Le CS est d'avis qu'il faudrait tenir compte simultanément des deux aspects - la santé humaine et celle des écosystèmes - dans toute la mesure du possible.

Le CS a utilisé le modèle conceptuel d'approche de santé publique présenté par Gwinn et ses collaborateurs (2017) comme point de départ pour la définition des principaux éléments à considérer. Il suggère d'adapter le modèle de façon à ce qu'il intègre mieux les aspects humain et écologique et comporte un axe de surveillance. Au cœur du modèle conceptuel réside un objectif d'amélioration de la santé publique. Le modèle présente les éléments destinés à l'atteinte de l'objectif, inspirés des éléments employés dans une évaluation des risques classique (ce qui permet d'inclure les travaux passés et futurs qui ont été ou seront effectués dans le cadre du PGPC), ainsi que ceux déjà utilisés dans une perspective de santé publique. Le modèle de Gwinn et al. met en évidence la nécessité de rassembler et de mettre en relation de multiples sources de données en vue de la définition et de la mise en œuvre de stratégies de prévention appropriées.

Un élément technologique majeur pour la réalisation du projet serait le nouveau champ des données omiques, évoqué en réponse aux questions à l'étude 1 et 2, dont l'accessibilité et l'utilité sont croissantes. Une base de données toxicogénomiques et exposomiques comparative de conception adéquate offrirait des liens entre les produits chimiques, les gènes, les effets et les expositions. Néanmoins, au centre d'un cadre efficace, il y aura les populations vulnérables et les résultats pour la santé plutôt que des produits chimiques en particulier.

Comme il a été mentionné plus haut, les études prospectives existantes (voir l'annexe) permettront de choisir rapidement des éléments à inclure au sein du cadre.

Le CS est allé plus loin afin de proposer un cadre « adapté aux besoins », qui englobe les approches « Une santé » et de probabilité de causalité, et pour définir les principaux éléments qui permettraient d'obtenir le cadre voulu. Ceux-ci sont présentés aux figures 1 et 2 et au tableau 1.

Comme on peut le voir à la figure 1, le cadre tiendrait compte, par rapport à la santé humaine, des expositions à un seul et à plusieurs produits chimiques selon différents niveaux d'organisation, de la cellule, aux tissus, puis aux organes et ainsi de suite, jusqu'aux personnes, aux populations et aux communautés. Là où l'évaluation classique des risques va de l'exposition à l'état pathologique, une approche axée sur la santé publique de type « Une santé » irait de l'état pathologique à l'exposition aux produits chimiques. Une telle approche globale tient aussi compte des multiples facteurs de stress (chimiques et non chimiques) pouvant causer l'état pathologique et non pas uniquement de l'exposition chimique.

Figure 1. Cadre général exprimant la relation entre, d’une part, les états pathologiques ou les effets néfastes sur la santé de l’humain et de l’écosystème et, d’autre part, l’exposition à un ou des produits chimiques et les autres facteurs de stress pouvant influer sur les effets néfastes.
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel

Le diagramme présente les principaux éléments qui pourraient former un cadre « adapté aux besoins » incarnant l’essence de l’approche « Une santé ». Les lettres A, B, C et D représentent l’exposition à une substance chimique ou à diverses substances, ensemble ou de façon indépendante. Le cadre général comprend l’élément humain et l’écosystème. Un modèle linéaire classique analyse l’exposition aux substances chimiques chez le fœtus, le nourrisson, puis l’adulte, de la cellule aux tissus, puis aux organes et enfin aux personnes, aux populations et aux collectivités. L’approche de santé publique « Une santé » va dans le sens inverse et part du problème de santé et des collectivités de l’écosystème pour remonter vers l’exposition aux substances chimiques. Une telle approche globale tient également compte des multiples facteurs de stress (chimiques et non chimiques) pouvant être à l’origine du problème de santé et non uniquement de l’exposition aux substances chimiques.

Dans le sens habituel, on peut voir l'évaluation classique des risques. Dans le sens inverse, l'analyse s'inspire de l'approche de santé publique ou « Une santé ».

Afin d'opérationnaliser l'approche générale illustrée à la figure 1, le CS a défini un processus qu'il serait possible de suivre pour en arriver à une probabilité de causalité, comme l'illustre la figure 2. En fonction du résultat néfaste ou de l'état pathologique indiqué à la figure 1, le processus d'examen systématique tiendrait compte des données probantes de nature toxicologique et épidémiologique (fig. 2). L'évaluation de la cohérence des données probantes devant mener à un consensus sur la probabilité de causalité serait ou pourrait être faite par un groupe d'experts. Le processus inclurait la mise au point d'un rapport de probabilités exposition/réaction qui serait lié au FM. Le CS a constaté que des méthodes statistiques bayésiennes étaient utilisées dans ce type de contexte.

Figure 2. Diagramme de déroulement des opérations selon l’approche qu’illustre la figure 1.Note de bas de page 1
Figure 2. La version textuelle suit.
Figure 2 - Équivalent textuel

Le diagramme présente le déroulement des opérations au moyen de flèches, illustrant ainsi l’opérationnalisation de l’approche générale exposée à la figure 1 menant à une PC et, s’il y a lieu, au calcul d’un FM. Le processus commence par la sélection des dyades exposition-résultats, suivie de l’analyse des données sur l’exposition à l’origine du FM, issues notamment de rapports de l’OMC et des NASEM (2017). L’étape suivante consisterait à examiner, au moyen d’une méthode systématique, les données probantes toxicologiques (c.-à-d. celles de l’OHAT, de l’agence de protection de l’environnement du Danemark et du guide de navigation du NCBI) et épidémiologiques (c.-à-d. celles des lignes directrices GRADES, de l’IARC et du guide de navigation du NCBI) au sujet de la réaction néfaste ou de l’état pathologique indiqué dans la figure 1. À cette étape, un groupe d’experts pourrait évaluer la cohérence des données probantes, en fonction du cadre proposé par le GIEC ou d’un autre cadre, afin de produire une PC consensuelle. Le processus supposerait l’établissement d’un rapport de probabilités exposition/réaction qui serait lié au résultat final du calcul du FM.

Le résultat des opérations est un énoncé consensuel sur la probabilité de causalité (PC), obtenu par l'examen des données toxicologiques et épidémiologiques probantes au moyen d'une méthode systématique. Les éléments indiqués sous « Toxicologie », « Exposition » et « Épidémiologie » le sont à titre d'exemples. Le résultat sera une estimation du FM.

Le tableau 1 présente les principaux éléments d'un plan directeur visant l'adoption d'une approche de la gestion des produits chimiques axée sur la santé publique. Une fois l'approche adoptée, on accroîtrait les capacités et on les utiliserait de façon à axer la surveillance, les essais et les évaluations sur les résultats de santé et les groupes vulnérables, qui, en fin de compte, déterminent les priorités en matière de santé des populations et des écosystèmes.

Tableau 1. Principaux éléments et capacités qui permettraient une approche de la gestion des produits chimiques axée sur la santé publique
Capacités Groupes vulnérables + résultats prioritaires

Partenariats
Sources de données canadiennes

  • santé publique
  • environnement

Technologies (de base)/MNA

  • mesures
  • essais

Études de cohorte

  • surveillance de la santé
  • surveillance des maladies

Programme de surveillance environnementale

  • criblage « suspect » et non ciblé

Centres de données

  • analyses

Formations/études universitaires

Résultats néfastes (intrinsèques ou d'origine chimique)

Intégration de systèmes

Indicateurs/marqueurs communs

  • facteurs de stress chimiques/non chimiques
  • caractéristiques des récepteurs
  • caractéristiques de l'environnement
    • économique/social
  • résultats
    • expositions pertinentes du point de vue de la biologie
    • effets pertinents du point de vue de l'environnement

Signaux/signes en temps réel (surveillance)

  • facteurs de stress chimiques/non chimiques
  • expositions naturelles
  • déterminants de la santé aux premiers stades de la vie

Sources de données multiples

  • Essais fondés sur les PRN

Processus d'évaluation

  • examens systématiques
  • probabilité de causalité
  • examen de répartition
  • ToxPi (index de priorité toxicologique), diagrammes en toile d'araignée

Politiques

  • gestion des risques
  • perceptions du public

Enfin, bien qu'il n'ait pas discuté en profondeur de la façon dont cela se ferait, le CS est d'avis que les aspects économique et stratégique des décisions de santé publique devraient être inclus dans le cadre.

Question à l'étude 3b

Le Comité scientifique sur le PGPC aurait-il une étude de cas canadienne pertinente (c'est-à-dire, des données disponibles au sujet d'une maladie cible) à recommander à titre de « validation de principe » des éléments du plan directeur aux fins de l'adoption d'une approche de la gestion des produits chimiques axée sur la santé publique? Quelles sont les sources de données de l'étude de cas recommandée? Quels paramètres indiqueraient que la « validation de principe » est une réussite?

Le CS a d'abord évoqué l'application des connaissances actuelles à trois types de cas pouvant servir à la validation de principe : 1) les cas dont la causalité est établie (« éléments connus ») et pour lesquels un mandat de réglementation existe (par exemple, le mercure et le développement du cerveau, sous les auspices de la Convention de Minamata); 2) les cas associés à de nouveaux contaminants préoccupants [« éléments recherchés »; par exemple, un composé dont on soupçonne qu'il perturbe la fonction endocrine et les préoccupations neurodéveloppementales/reproductives pertinentes ou les pesticides organophosphorés et le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH)]; 3) les cas de dangers non établis (« éléments troubles »). Après discussion, le CS a préféré créer des critères d'évaluation devant orienter le choix d'une ou de plusieurs études de cas par les ministères (voir ci-dessous). Le CS en est arrivé à cette décision en partie parce que de nombreuses considérations pouvaient influencer le choix de l'étude, parmi lesquelles la nécessité de définir un problème de santé préoccupant, associé à des situations pour lesquelles l'exposition est bien caractérisée, la nécessité de rendre compte d'une situation où tous les facteurs de confusion (c'est-à-dire, les autres facteurs de stress) sont bien caractérisés, la disponibilité de cohortes [par exemple, celle de l'Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l'environnement (étude MIREC)] et la volonté de trouver des études de cas axées sur des problèmes écologiques [touchant par exemple les populations d'oiseaux, étant donné l'expertise canadienne en toxicologie aviaire, ou les cétacés à vie longue (baleines), etc.].

Les membres du CS se sont entendus sur les critères qui suivent relativement aux études de cas et au cadre; les critères doivent orienter la sélection d'études de cas appropriées par les ministères :

Conclusions

  1. Le CS a évoqué l'adoption d'une approche multidimensionnelle globale axée sur la santé publique, qui viendrait appuyer les approches actuelles d'analyse de produits chimiques individuellement et par regroupement. Une approche axée sur la santé publique offrirait la possibilité de faire progresser la détection et la prévention précoces, visant à réduire les répercussions négatives des facteurs de stress chimiques.
  2. Le CS appuie l'élargissement de l'approche axée sur la santé publique, qui engloberait alors le paradigme « Une santé » ou un paradigme semblable tenant compte de la santé de la population humaine et des écosystèmes. Le CS a constaté qu'il existe désormais certains fondements et une expertise permettant l'adoption d'une approche axée sur la santé publique ou « Une santé », mais que celle-ci nécessiterait une réorientation considérable des priorités et des ressources et supposerait la résolution d'importants enjeux.
  3. Le CS a étudié diverses méthodes et différents cadres en vue de la mise en œuvre d'une telle approche. Il est d'avis, comme il a été souligné, que les ministères pourraient utiliser des méthodes existantes, telles que celle de la probabilité de causalité, avec pour base une démarche fondée sur le poids de la preuve. Une analyse approfondie sera nécessaire au préalable.
  4. Le CS a réfléchi au mode de mise en œuvre de l'approche et relevé la nécessité d'obtenir, entre autres :
    • une expertise et des capacités
    • des ressources (du temps et de l'argent)
    • un meilleur accès à des données mieux couplées
    • la levée des obstacles institutionnels.
  5. Il serait possible d'entreprendre une ou plusieurs études de cas afin d'explorer la faisabilité de l'approche axée sur la santé publique. Les études pourraient :
    • Tenir compte des trois types de données que sont les « éléments connus » (par exemple, un état pathologique connu, causé par un facteur de stress chimique connu, tel que le mercure), les « éléments recherchés » (par exemple, un facteur de stress chimique qui serait à l'origine d'une perturbation endocrinienne connue ou de résultats néfastes connus sur le plan neurocomportemental, reproductif ou cardiovasculaire) et les « éléments troubles » (le facteur de stress chimique et le résultat néfaste étant tous 2 incertains). Selon le CS, les paradigmes du cycle de l'application des connaissances actuellement employés pourraient venir encadrer cette méthode.
    • Tenir compte des populations des écosystèmes et humaines fortement exposées.
    • Utiliser les études de cohorte et les biobanques, ainsi que divers outils, nouveaux ou bien établis, tels que le criblage non ciblé ou « suspect », les analyses géospatiales et les omiques.

Glossaire

CNRF - Centre national de la recherche faunique
CPFE - composé perturbant la fonction endocrine
CRDI - Centre de recherches pour le développement international
CS - comité scientifique
CSERCan - Cohorte santé et environnement du recensement canadien
EATS - récepteur des œstrogènes, récepteur des androgènes, signalisation thyroïdienne et stéroïdogenèse
EC - événement clé
ECCC - Environnement et Changement climatique Canada
ECMS - Enquête canadienne sur les mesures de la santé
EMD - événement moléculaire déclencheur
FM - fardeau de la maladie
ICES - Institute for Clinical Evaluative Sciences
INSPQ - Institut national de santé publique du Québec
LCPE - Loi canadienne sur la protection de l'environnement
MIREC - Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l'environnement
MNA - méthodologie fondée sur une nouvelle approche
NASEM - National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine
NHANES - National Health and Nutrition Examination Survey
OCDE - Organisation de coopération et de développement économiques
PC - probabilité de causalité
PGPC - Plan de gestion des produits chimiques
PPCED - Projet de partenariat canadien Espoir pour demain
PRN - parcours de résultats néfastes
RN - résultat néfaste
SC - Santé Canada
TDAH - trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité
U.S. NIEHS - United States National Institute of Environmental Health Sciences

Références

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[CS PGPC SC ECCC] Comité scientifique sur le Plan de gestion des produits chimiques de Santé Canada et d'Environnement et Changement climatique Canada. 2018. Document de discussion et rapport du comité scientifique sur la substitution éclairée. Sur Internet : https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/documents/services/chemical-substances/chemicals-management-plan/science-committee/meeting-records-reports/cmp-fra.pdf.

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[CSPGPC 2017] Comité scientifique sur le Plan de gestion des produits chimiques. 2017. Rapport du Comité scientifique sur le Plan de gestion des produits chimiques des 16 et 17 novembre 2016. Sur Internet : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/substances-chimiques/plan-gestion-produits-chimiques/comite-scientifique/rapports-comptes-rendus-reunions/rapport-16-17-novembre-2016.html.

[CSPGPC 2018] Comité scientifique sur le Plan de gestion des produits chimiques. 2018.

[ECCC] Gouvernement du Canada, Environnement et Changement climatique Canada. 2017. Programme de surveillance des Grands Lacs. Sur Internet : http://www.ec.gc.ca/scitech/default.asp?lang=Fr&n=3F61CB56-.

Dummer T. J. B., Awadalla P., Boileau C., et al.; en collaboration avec le Regional Cohort Consortium du PPCED. 2018. The Canadian Partnership for Tomorrow Project: A pan-Canadian platform for research on chronic disease prevention. Canadian Med Assoc J, 190 (23): E710-E717. Sur Internet : https://doi.org/10.1503/cmaj.170292.

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Gwinn M.R., Axelrad D.A., Bahadori T., Bussard D., Cascio W. E., Deener K., Thomas R. S., Kavlock R. J., Burke T. A., 2017. Chemical Risk Assessment: Traditional vs Public Health Perspectives. AJPH, 107(7) : 1032-1039. doi : 10.2105/AJPH.2017.303771.

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[PPCED] Projet de partenariat canadien Espoir pour demain. Sur Internet : http://www.partnershipfortomorrow.ca/fr/.

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Annexe

Études de cohorte canadiennes en cours (exemples)

Études de cohorte canadiennes à données approfondies et échantillons biologiques
Études de cohorte canadiennes en cours Nombre de participants
PPCEDNote de bas de page 1 (Projet de partenariat canadien Espoir pour demain) >320,000
ÉLCV (Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement) ~50,000
CHILD (étude longitudinale canadienne sur le développement des enfants en santé) 3,455
MIREC (Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l'environnement) 2,001
Note de bas de page 1

Le PPCED est un projet collaboratif qui rassemble les efforts déployés auprès de cohortes de huit provinces (Colombie-Britannique, Alberta, Ontario, Québec, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve et l'Île-du-Prince-Édouard). Il est en train de se mettre en place au Manitoba et pourrait s'étendre à d'autres territoires.

Retour à la référence de la note de bas de page 1

Exemples d'importants programmes de recherche en cours au Canada, de conception prospective (longitudinale), à consentement éclairé permettant le couplage avec les bases de données médicales et des systèmes de santé. Si l'on se fie à leur taille actuelle, le Projet de partenariat canadien Espoir pour demain est la plus vaste étude de cohorte prospective en cours au Canada à disposer d'une banque de tissus biologiques et d'un couplage aux données des systèmes de santé provinciaux.

Exemples d'autres programmes
(par exemple, des enquêtes transversales à passages répétés)

Autres programmes Nombre de participants
ECMS (Enquête canadienne sur les mesures de la santé) : 5 sondages ~29,000
ESCC (Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes) : sondage tous les 2 ans ~65,000

Notes de bas de page

Note de bas de page 1

Abréviations : BoD, burden of disease (FM, fardeau de la maladie); GRADE, Grades of Recommendation, Assessment, Development, and Evaluation (une série de lignes directrices concernant les examens systématiques en épidémiologie; Guyatt et al., 2011); IARC, International Agency for Research on Cancer (CIRC, Centre international de recherche sur le cancer); IPCC, Intergovernmental Panel on Climate Change (GIEC, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat); NASEM, National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine des États-Unis (IOM, 2011); Nav Guide, Navigation Guide Systematic Review Methodology (Woodruff et Sutton, 2014); OHAT, Office of Health Assessment and Translation du National Toxicology Program des États-Unis (NTP, 2019); WHO, World Health Organization (OMS, Organisation mondiale de la Santé; OMS, 2019).

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