Résumé scientifique des effets sur la santé des acides perfluorocarboxyliques (APFC) à longue chaîne, de leurs sels et de leurs composés apparentés
Sur cette page
- Aperçu
- Contexte
- Propriétés et utilisations
- Exposition
- Effets sur la santé
- Considérations internationales
Aperçu
Le gouvernement du Canada a désigné les acides perfluorocarboxyliques (APFC) à longue chaîne, leurs sels et leurs composés apparentés (aussi appelés précurseurs) comme devant faire l'objet d'un examen en vertu de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP). La Convention de Stockholm est un traité multilatéral visant à éliminer ou restreindre la production et l'utilisation mondiales des POP dans le but de protéger la santé humaine et l'environnement. Les POP sont des produits chimiques :
- qui demeurent intacts dans l'environnement pendant de longues périodes,
- qui s'accumulent dans des organismes vivants,
- qui sont nocifs pour les humains ou l'environnement, et
- qui présentent des propriétés qui les font se déplacer sur de grandes distances et devenir très répandus dans l'ensemble de l'environnement.
Bien que le Canada ait soumis auparavant les APFC à longue chaîne, leurs sels et leurs composés apparentés à une évaluation écologique préalable, ces substances n'ont pas été évaluées au pays du point de vue de la santé humaine. Par conséquent, en préparation à la désignation, le gouvernement du Canada a examiné les connaissances scientifiques relativement à la santé humaine. La désignation par le Canada des APFC à longue chaîne, de leurs sels et de leurs composés apparentés en vertu de la Convention de Stockholm sera examinée lors de la 17e rencontre du Comité d'étude des polluants organiques persistants (CEPOP-17).
Contexte
Les APFC à longue chaîne, leurs sels et leurs composés apparentés forment un sous-groupe de la famille chimique des substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques (SPFA). Les SPFA sont un vaste groupe de plus de 4 700 substances synthétiques qui comportent des liaisons entre des atomes de carbone et de fluor. En raison de leurs propriétés uniques, on les utilise dans une vaste gamme de produits comme des surfactants, des lubrifiants et des répulsifs (pour les poussières, l'eau et les graisses). Les SPFA peuvent également être présentes dans d'autres produits aussi divers que les mousses extinctrices, les textiles (p. ex. tapis, mobilier et vêtements), les cosmétiques et les matériaux d'emballage des aliments. Les SPFA ne sont pas fabriquées au Canada, mais elles y sont importées indirectement en raison de leur présence dans des produits ou d'articles manufacturés. En raison de la force de la liaison carbone-fluor, la plupart des SPFA ne se dégradent pas facilement, d'où leur persistance dans l'environnement.
En août 2012, le gouvernement du Canada a publié un Rapport d’évaluation écologique préalable des acides perfluorocarboxyliques à longue chaîne, de leurs sels et de leurs précurseurs et a ensuite adopté des mesures de gestion des risques à l’égard de ces substances. Selon les conclusions du rapport, les APFC à longue chaîne, leurs sels et leurs précurseurs pénètrent dans l’environnement à des concentrations nocives pour l’environnement. La fabrication, l'utilisation, la vente, la mise en vente ou l'importation d'APFC à longue chaîne, de leurs sels et précurseurs et des produits qui les contiennent sont interdits depuis 2016, en vertu du Règlement sur certaines substances toxiques interdites (2012), avec un nombre limité d'exemptions. Pour en savoir davantage sur l’évaluation écologique et les mesures de gestion de risques, veuillez consulter le site Web Acides perfluorocarboxyliques à longue chaîne (C9-C20) (APFC-LC), leurs sels et précurseurs.
À l'époque où l'évaluation écologique a été effectuée, ces substances n'ont pas été évaluées en vertu de la LCPE relativement à leurs répercussions sur la santé humaine. Depuis, de nouvelles données scientifiques sont apparues et, selon les éléments probants actuels, il semble que l'exposition aux APFC à longue chaîne, à leurs sels et à leurs composés apparentés pourrait être associée à des effets sur la santé humaine. Bien que des mesures de gestion des risques aient été prises pour contrôler leur rejet dans l'environnement, les APFC à longue chaîne sont toujours préoccupants à cause de leur potentiel de transport sur de grandes distances, de leur persistance dans l'environnement (ce qui augmente les risques d'exposition humaine), et du long délai nécessaire pour qu'ils s'éliminent du corps humain.
Propriétés et utilisations
Les APFC à longue chaîne et leurs sels sont des composés organiques qui présentent une structure en chaîne de carbone fluorée et dont la formule moléculaire est CnF2n+1CO2H (où 8 ≤ n ≤ 20). Ils contiennent entre 9 et 21 atomes de carbone au total (C9-C21). Les APFC à longue chaîne peuvent se former à partir de la dégradation ou de la transformation de composés parents et de produits chimiques (appelés composés apparentés ou précurseurs) contenant des APFC à longue chaîne. Les précurseurs des APFC à longue chaîne ont été couramment utilisés dans des produits commerciaux afin de les rendre résistants aux huiles, aux graisses, à l'eau et aux taches. Cependant, à l'exception du sel d'ammonium des APFC C9 (perfluorononanoate d'ammonium), les APFC à longue chaîne sont très peu utilisés de façon intentionnelle dans des produits. Ces substances sont plutôt produites involontairement durant la fabrication et l'utilisation d'autres SPFA. Les APFC à longue chaîne, leurs sels et leurs composés apparentés ont été observés dans de nombreux produits commerciaux (p. ex. revêtements hydrofuges, résistants aux salissures et antitaches destinés à des vêtements, des textiles et des tapis; revêtements résistants à l'huile destinés à du papier entrant en contact avec des aliments; mousses extinctrices; peintures; adhésifs; cires; produits à polir; cosmétiques et lotions) et dans des utilisations industrielles (p. ex. surfactants, produits d'étanchéité).
Exposition
Des APFC à longue chaîne, leurs sels et leurs composés apparentés pourraient être libérés au cours d'activités de fabrication et de traitement. Des rejets peuvent aussi survenir pendant l'utilisation et l'élimination de produits industriels et de consommation contenant ces substances. Ainsi, les sites d'enfouissement et les installations de traitement des eaux usées sont des sources potentielles de ces substances dans l'environnement. En raison de l'utilisation continue des précurseurs des APFC à l'échelle internationale et des nombreux usages de ces substances, des APFC à longue chaîne, leurs sels et leurs composés apparentés sont très répandus dans l'environnement, même dans des régions éloignées comme l'Arctique. Les études portant sur les concentrations de ces substances dans l'environnement à l'échelle mondiale montrent que celles-ci peuvent être présentes à de très faibles concentrations dans les eaux de surface et souterraines (de l'ordre du pg/L à faible ng/L), dans les sédiments et les sols (de l'ordre du pg/g à faible ng/g (poids sec)) et dans l'air extérieur (pg/m3 ). Une étude menée à l'intérieur a révélé la présence de précurseurs des APFC à des niveaux de ng/g dans la poussière domestique.
Des études de biosurveillance canadiennes, qui mesurent certains produits chimiques dans le corps humain, ont détecté des APFC à longue chaîne dans des échantillons de sang prélevés un peu partout au Canada, notamment chez des femmes enceintes et des membres des Inuits et des Premières Nations. Les résultats de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), cycle 2 (2009–2011) et cycle 5 (2016–2017), ont fait état de concentrations plasmatiques moyennes d'APFC C9 à C11 de 0,12 à 0,82 µg/L chez les participants canadiens âgés de 12 à 79 ans. Les concentrations d'APFC C9 à C11 dans le sérum de femmes inuites enceintes (mesurées en 2016-2017) et d'APFC C9 chez des jeunes de la Première Nation des Anichinabés (mesurées en 2015) se sont révélées supérieures aux valeurs de l'ECMS avec des concentrations moyennes variant de 0.61 à 9.44 ug/L.
Effets sur la santé
On ne dispose pas de données de toxicité sur les humains et les animaux pour chaque APFC à longue chaîne, de leurs sels et de leurs composés apparentés. Cependant, étant donné que les APFC à longue chaîne ont des structures similaires et que des substances avec des structures similaires se comportent de façon similaire dans le corps, ces substances peuvent être associées à des effets similaires sur la santé.
Les APFC à longue chaîne sont généralement bien absorbés dans le corps et peuvent être distribués dans de nombreux tissus (p. ex. le cerveau, le foie et les reins). Ces substances peuvent aussi traverser le placenta et se rendre au fœtus, et elles peuvent être transmises par le lait maternel. Selon les données disponibles sur les APFC C9 à C11, ces substances sont éliminées du corps très lentement. En raison de leurs propriétés, les APFC à longue chaîne peuvent persister dans le corps pendant des années.
Des études expérimentales dans le cadre desquelles des animaux de laboratoire (surtout des rongeurs) étaient exposés à des doses élevées d'APFC à longue chaîne pendant différentes périodes ont montré que divers effets pouvaient se manifester. Des effets ont été observés principalement dans le foie, la thyroïde, le système immunitaire et les fonctions de reproduction ou le développement. Par exemple, on note une fonction hépatique réduite, des changements de niveaux d'hormones thyroïdiennes, une réponse immunitaire réduite et une diminution du poids des petits à la naissance Parmi les autres effets signalés dans une moindre mesure, citons des effets rénaux, cardiovasculaires et neurologiques, des perturbations métaboliques, des changements de poids corporel et des organes, et la mortalité.
D'après certaines études menées chez des populations humaines, l'exposition à certains APFC à longue chaîne (c.-à-d. les APFC C9 à C14) pouvait être associée à divers effets liés à la santé (p. ex. des effets sur le foie, la thyroïde, les reins et le système immunitaire, des répercussions sur l'appareil cardiovasculaire ou reproducteur et le développement, l'obésité et des perturbations métaboliques). Certaines de ces constatations concordent avec les résultats d'études en laboratoire menées sur des animaux. On continue d'étudier l'importance clinique de ces résultats, ainsi que de nouvelles données.
Considérations internationales
Un nombre croissant d'autorités internationales, incluant les États-Unis, l'Australie et l'Union européenne développent des plans d'action visant la grande classe des SPFA, incluant les APFC à longue chaîne. En 2009, l'United States Environmental Protection Agency (US EPA) a publié un Plan d'Action visant les préoccupations potentielles reliées aux SPFA à longue chaîne, incluant les APFC à longue chaîne. Le programme Integrated Risk Information System de l'US EPA réalise actuellement une évaluation des dangers pour la santé associés aux APFC C9 et C10. En Australie, le gouvernement a publié une évaluation des risques pour l'environnement et la santé humaine associés aux précurseurs indirects des APFC à longue chaîne. Cette évaluation a démontré que les APFC à longue chaîne avaient un effet sur le foie, le système immunitaire et au niveau de la reproduction et du développement dans des études animales. Des évaluations des APFC C9 et C10 par l'Union européenne ont permis une classification de leur potentiel cancérigène et de leur toxicité au niveau de la reproduction. L'APFC C9 est aussi classifié pour sa toxicité sur le foie, le thymus et la rate.
Pour en savoir davantage sur les effets sur la santé des APFC à longue chaîne, de leurs sels et de leurs composés apparentés, veuillez consulter le document de désignation de la Convention de Stockholm.
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