Déclaration du Conseil des médecins hygiénistes en chef au sujet des extraits de cannabis, du cannabis comestible et du cannabis pour usage topique

Déclaration

6 janvier 2020

Pour donner suite à notre déclaration d’octobre 2018 sur le cannabis et la santé, nous tenons à conseiller la population canadienne quant aux façons de réduire les risques pour la santé liés à la consommation de cannabis, particulièrement en ce qui concerne l’offre de nouveaux produits du cannabis légaux, disponibles à l’échelle du pays.

Comme les autres substances réglementées (telles que l’alcool et le tabac), le cannabis n’est pas inoffensif et comporte des risques. Bien qu’il existe certaines données probantes à l’appui de possibles utilisations thérapeutiques du cannabis, de nouveaux éléments probants au sujet de ses effets à long terme sur la santé continuent d’émerger, ce qui souligne l’importance de poursuivre la recherche. La seule façon d’éviter complètement les risques liés à la consommation de cannabis est de ne pas en consommer.

Les personnes qui consomment du cannabis devraient bien connaître les risques liés aux différentes méthodes de consommation des extraits de cannabis, du cannabis comestible et du cannabis pour usage topique. La méthode de consommation (p. ex. par ingestion ou inhalation), la quantité de tétrahydrocannabinol (THC) ou de cannabidiol (CBD) consommée et la rapidité de consommation d’un produit peuvent déterminer si des effets indésirables seront ressentis ou non. Commencez par de petites quantités et allez-y lentement. Optez pour des produits ayant une faible quantité de THC et une quantité égale ou supérieure de CBD pour réduire au maximum les risques pour la santé et les risques de surconsommation.

Vu les préoccupations actuelles liées à la maladie pulmonaire associée au vapotage ainsi que la compréhension globale limitée des risques du vapotage à court et à long terme, le choix le plus sûr pour les personnes qui consomment du cannabis est d’éviter de fumer ou de vapoter des extraits de cannabis. Les personnes qui choisissent de vapoter des extraits de cannabis devraient considérer les conseils qui suivent afin de réduire les risques pour leur santé :

  • N’utilisez que des produits de vapotage de sources légales et réglementées. Les sources illégales ou non réglementées, qui ne sont soumises à aucun contrôle ni supervision, peuvent présenter plus de risques pour la santé et la sécurité.
  • Utilisez les produits de vapotage aux fins prévues seulement. Évitez de modifier ces produits et n’y ajoutez pas de substances non prévues par le fabricant (p. ex. des produits contenant de la nicotine). Si un produit n’est pas destiné à la consommation par vapotage, ne le vapotez pas.
  • Limitez la quantité consommée et la fréquence de consommation. Les premiers effets sont ressentis en l’espace de secondes ou de minutes, mais il faut parfois jusqu’à 30 minutes pour que les effets du cannabis se fassent pleinement sentir. Commencez par inhaler une ou deux bouffées de vapeur ou de fumée d’un produit contenant 10 % (100 mg/g) de THC ou moins.
  • Lisez toujours l’étiquette pour connaître la concentration du produit. La concentration de THC (indiquée en pourcentage [%] ou en mg/g) est affichée sur l’étiquette des produits de source légale et réglementée.
  • Évitez d’inspirer profondément et de retenir votre souffle.
  • Évitez de consommer d’autres substances psychoactives, comme de l’alcool, quand vous consommez du cannabis.

Afin d’éviter les possibles conséquences pour la santé pulmonaire, il est possible d’utiliser des produits du cannabis qui ne sont pas inhalés, comme les huiles et les teintures prises par voie orale, les produits de cannabis comestibles ainsi que les vaporisateurs et les produits de cannabis pour usage topique. Les produits du cannabis ingérés peuvent toutefois avoir des effets psychoactifs (c.-à-d. des effets sur les processus mentaux) différents de ceux des produits inhalés. Chez certaines personnes, les effets du cannabis comestible peuvent être plus intenses ou plus imprévisibles que ceux du cannabis inhalé. De plus, l’intervalle entre l’ingestion de cannabis et l’apparition des effets psychoactifs peut entraîner une surconsommation et accroître le risque d’intoxication. Le risque d’intoxication accidentelle, notamment des enfants et des animaux domestiques, est aussi plus élevé pour les produits de cannabis comestibles, qui peuvent être confondus avec des aliments et des boissons ordinaires.

Voici nos conseils aux consommateurs pour réduire au maximum les risques associés à l’ingestion de cannabis :

  • Lisez toujours l’étiquette pour connaître la concentration du produit. Un emballage de cannabis comestible peut contenir jusqu’à 10 mg de THC, ce qui constitue une grande quantité pour une personne qui n’a jamais consommé de cannabis ou qui n’en consomme qu’à l’occasion.
  • Étiquetez tout le cannabis et entreposez-le de façon sécuritaire. Les produits de cannabis comestibles peuvent être confondus avec des aliments ordinaires (p. ex. des pâtisseries ou des bonbons). Entreposez-les de façon sécuritaire dans des contenants clairement étiquetés ou dans leur emballage d’origine à l’épreuve des enfants, loin de toute nourriture et hors de la portée des enfants ainsi que des animaux domestiques.
  • Commencez par de petites quantités : 2,5 mg de THC ou moins pour les produits à manger ou à boire.
  • Attendez de ressentir les effets du cannabis avant d’en reprendre. Il peut s’écouler jusqu’à 2 heures avant de commencer à  ressentir les effets du cannabis comestible et jusqu’à 4 heures pour ressentir tous les effets.

Souvenez-vous qu’il ne faut pas conduire ni utiliser de machinerie lourde après avoir consommé du cannabis. Le cannabis peut nuire à la coordination ainsi qu’à la concentration et peut vous empêcher de prendre des décisions rapidement. Les effets du cannabis comestible durent de 4 à 12 heures, et certains effets résiduels peuvent durer jusqu’à 24 heures.

En cas d’effets indésirables du cannabis (y compris de produits comestibles, d’extraits ou de produits pour usage topique), obtenez les soins médicaux nécessaires et signalez les effets secondaires des produits du cannabis à Santé Canada.

En dernier lieu, il convient de se souvenir que, comme pour toute substance psychoactive, la consommation de n’importe quelle forme de cannabis peut créer une dépendance et qu’une consommation fréquente peut nuire à la santé physique de même que mentale. Près de 10 % des adultes ayant consommé du cannabis développent un trouble lié à la consommation de cannabis. Plus on est jeune lorsqu’on commence à consommer du cannabis, et plus on en consomme souvent et longtemps, plus il est probable que cette consommation aura une incidence négative sur la santé. Les personnes qui ont des difficultés liées à leur consommation de cannabis peuvent discuter avec un professionnel de la santé de méthodes de traitement comportementales et d’options de rétablissement fondées sur des données probantes.

À titre de médecins hygiénistes en chef du Canada, nous encourageons toutes les personnes qui consomment du cannabis, ou qui songent à en consommer, à connaître les façons dont elles peuvent réduire au maximum les effets négatifs possibles de la consommation de cannabis.

Renseignez-vous. Protégez votre santé et celle de votre famille.

Dre Theresa Tam
Administratrice en chef de la santé publique du Canada

Dre Bonnie Henry
Agente des soins de santé provincial de la Colombie-Britannique
Présidente du Conseil des médecins hygiénistes en chef pour le Canada

Dr Brendan E. Hanley
Médecin hygiéniste en chef du Yukon
Vice-président du Conseil des médecins hygiénistes en chef pour le Canada

Dre Janice Fitzgerald
Médecin hygiéniste en chef intérimaire de Terre-Neuve et Labrador

Dre Heather Morrison
Administratrice en chef de la santé publique de l’Île-du-Prince-Édouard

Dr Robert Strang
Médecin hygiéniste en chef de la Nouvelle-Écosse

Dre Jennifer Russell
Médecin hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick

Dr Horacio Arruda
Directeur de la santé publique et sous-ministre adjoint
Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec

Dr David Williams
Médecin hygiéniste en chef de l’Ontario

Dr Brent Roussin
Administrateur en chef de la santé publique du Manitoba

Dr Saqib Shahab
Médecin hygiéniste en chef de la Saskatchewan

Dre Deena Hinshaw
Médecin hygiéniste en chef de l’Alberta

Dr Michael Patterson
Médecin hygiéniste en chef du Nunavut

Dre Kami Kandola
Médecin hygiéniste en chef des Territoires du Nord-Ouest

Dr Evan Adams
Médecin hygiéniste en chef, les autorités sanitaires des Premières nations de la Colombie-Britannique

Dr Tom Wong
Médecin hygiéniste en chef, Santé publique, Services aux Autochtones Canada

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