Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Bordetella pertussis

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Bordetella pertussis

SYNONYME OU RENVOI: Portait auparavant le nom de Haemophilus pertussis FNote de bas de page 1, coquelucheNote de bas de page 2.

CARACTÉRISTIQUES: Bordetella pertussis est un coccobacille Gram négatif de petite taille, encapsulé et immobile, possédant des cils externes. La bactérie mesure généralement environ 0,5 à 1,0 µmNote de bas de page 3 -Note de bas de page 5 . Selon certains auteurs, la bactérie serait recouverte d’un biofilm composé de polysaccharidesNote de bas de page 6 . B. pertussis est un organisme aérobie strict dont la température de croissance optimale se situe entre 35 et 37 °CNote de bas de page 3 ; la bactérie est toutefois exigeante sur le plan nutritionnel, car elle requiert un milieu supplémenté en nicotinamide pour croîtreNote de bas de page 5  et sa croissance peut être inhibée par la présence d’acides gras, d’ions métalliques, de sulfures et de peroxydes dans le milieu de cultureNote de bas de page 3 . Les toxines extracellulaires qu’elle produit, dont l’anatoxine coquelucheuse, l’adénylate cyclase invasive et la toxine cytotrachéale, contribuent grandement à sa pathogénicitéNote de bas de page 5 .

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: B. pertussis est un agent pathogène respiratoire qui cause la coqueluche, également appelée toux coquelucheuse, une infection localisée de l’épithélium cilié de l’arbre bronchiqueNote de bas de page 3, Note de bas de page 7. Cette maladie touche principalement les enfants, mais on signale un nombre croissant d’adultes qui la contractentNote de bas de page 2, Note de bas de page 8. L’agent pathogène produit des toxines qui provoquent des lésions locales au niveau des cils des cellules épithéliales, lesquelles entraînent une maladie de longue durée, la coquelucheNote de bas de page 2, Note de bas de page 5. Les symptômes de la coqueluche peuvent être typiques (classiques) ou atypiquesNote de bas de page 3. Chaque année, on déclare 400 000 cas mortelsNote de bas de page 9. Les symptômes typiques se manifestent en trois phases différentesNote de bas de page 3. La première est la phase catarrhale, qui dure environ 1 à 2 semaines et est caractérisée par des symptômes non spécifiques tels qu’une rhinorrhée, des éternuements, une faible fièvre et de la toux. La deuxième, la phase paroxystique, dure environ 1 à 6 semaines et est caractérisée par différents symptômes pathognomoniques de la coqueluche tels que des épisodes de toux paroxystique caractérisée par un son rauque. La toux paroxystique peut également être associée à une cyanose ou à des vomissements post-tussifsNote de bas de page 2, Note de bas de page 3. La dernière phase, la phase de convalescence, est celle durant laquelle les symptômes respiratoires s’estompent graduellement, même si la toux peut persister plusieurs moisNote de bas de page 2, Note de bas de page 3. La coqueluche atypique, une maladie respiratoire moins grave caractérisée par une toux non paroxystique de longue durée, survient principalement chez les adultes et les enfants plus âgés ayant été vaccinésNote de bas de page 3, Note de bas de page 7. Chez le nourrisson, la coqueluche peut provoquer une toux sévère accompagnée de crises de suffocation, de sous-alimentation et d’apnée sans toux paroxystiqueNote de bas de page 3, Note de bas de page 7, Note de bas de page 10. Les complications graves associées à la coqueluche sont la cyanose, la pneumonie, la bradycardie, les crises convulsives, l’encéphalopathie, l’hypertension pulmonaire réfractaire, et même la mortNote de bas de page 2. Les complications varient selon le groupe d’âge et surviennent surtout chez les nourrissonsNote de bas de page 2.

ÉPIDÉMIOLOGIE: B. pertussis est présente dans le monde entier et peut exister sous la forme d’un parasite non envahissant des voies respiratoires des mammifères; toutefois, on signale chaque année de 20 à 40 millions de cas de coqueluche et 400 000 cas mortelsNote de bas de page 9. Le dernier pic de cas d’infection au Canada a été observé en 1998Note de bas de page 7 . Entre 1998 et 2004, on a pu observer une diminution notable de l’incidence de la coqueluche et de la mortalité attribuable à cette maladie à la suite de l’introduction du vaccin anticoquelucheux acellulaire (vaccin DCaT-VPI-Hib) en 1998Note de bas de page 7 . Aux États-Unis, les taux de coqueluche ont augmenté de façon modérée entre 1980 et 2000, mais cette augmentation a été plus prononcée chez les adolescents et les adultesNote de bas de page 2 ,Note de bas de page 9 . C’est chez les jeunes enfants de moins de 12 mois que l’incidence de la coqueluche et la mortalité attribuable à cette maladie sont le plus élevées. Les taux d’incidence dans ce groupe d’âge sont demeurés stables depuis 2001, variant entre 71,3 et 91,6 cas pour 100 000.

GAMME D’HÔTES: La maladie survient uniquement chez l’humainNote de bas de page 3.

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: La transmission de B. pertussis s’effectue principalement par contact direct ou inhalation de gouttelettes en suspension dans l’airNote de bas de page 2, Note de bas de page 11. Les symptômes apparaissent après l’inhalation de l’agent pathogène présent dans l’air.

PÉRIODE D’INCUBATION: La période d’incubation est normalement de 7 à 10 jours, mais elle peut s’étendre sur un intervalle de 4 à 21 joursNote de bas de page 3.

TRANSMISSIBILITÉ: Cette maladie est extrêmement contagieuse (elle infecte de 80 % à 90 % des personnes vulnérables) et est transmise de personne à personne par contact avec les sécrétions des membranes respiratoires ou par l’inhalation de gouttelettes respiratoires infectieusesNote de bas de page 3, Note de bas de page 11. Sa contagiosité est maximale durant les phases catarrhale et paroxystiqueNote de bas de page 2.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Les humains sont les seuls réservoirsNote de bas de page 3. Le principal réservoir est constitué des adultes et des adolescents présentant une infection atypique ou non diagnostiquée, qui peuvent transmettre celle-ci à des nourrissons ou à des enfantsNote de bas de page 8.

ZOONOSE: AucuneNote de bas de page 3.

VECTEUR: AucunNote de bas de page 3.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Sensible à l’érythromycine, aux macrolides tels que l’azithromycine et la clarithromycine, au triméthoprime-sulfaméthoxazole, et aux fluoroquinolones telles que la ciprofloxacine, la lévofloxacine et la gémifloxacineNote de bas de page 3, Note de bas de page 12.

RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS: On observe des souches résistantes à l’érythromycine depuis 1994, mais cette résistance ne semble pas se propagerNote de bas de page 3, Note de bas de page 12-Note de bas de page 14.

SENSIBILITÉ / RÉSISTANCE AUX DÉSINFECTANTS: Il a été démontré que B. pertussis est sensible au glutaraldéhydeNote de bas de page 15. De plus, la plupart des bactéries végétatives sont sensibles au chlore à de faibles concentrations (< 1 ppm)Note de bas de page 16, Note de bas de page 17, à l’éthanol à 70 %, aux composés phénoliques tels que l’orthophénylphénol et l’ortho-benzyl-para-chlorophénol, et à l’acide peracétique (0,001 à 0,2 %)Note de bas de page 17.

INACTIVATION PHYSIQUE: Aucun renseignement portant précisément sur B. pertussis n’est disponible, mais la plupart des bactéries végétatives peuvent être inactivées par un traitement à la chaleur humide (121 °C pendant 15 à 30 min) ou à la chaleur sèche (160 à 170 °C pendant 1 à 2 h)Note de bas de page 18.

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE: Survit pendant 3 à 5 jours sur des surfaces sèches inaniméesNote de bas de page 19. B. pertussis peut également survivre 5 jours sur les vêtements, 2 jours sur du papier et 6 jours sur du verreNote de bas de page 20.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Rechercher les symptômes. Le diagnostic d’infection par B. pertussis peut être posé par la mise en culture d’échantillons cliniques, par exemple des aspirats nasopharyngés et des échantillons prélevés par écouvillonnage nasopharyngé postérieurNote de bas de page 2 , Note de bas de page 3 ; toutefois, il convient de noter que les cultures sont moins sensibles après l’instauration d’un traitement antimicrobienNote de bas de page 2 . La méthode de coloration de Gram et les tests biochimiques tels que la technique de PCR, l’épreuve d’immunofluorescence directe (DFA) et la méthode ELISA peuvent également confirmer l’infectionNote de bas de page 2 ,Note de bas de page 3 . La technique de PCR est une méthode plus rapide et plus sensible, mais elle est moins spécifique que celle de la culture. Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) recommandent d’utiliser à la fois la culture et la PCR pour diagnostiquer la coquelucheNote de bas de page 2 .

Remarque : Les méthodes diagnostiques ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Le traitement de la coqueluche est en général un traitement de soutien. Les antibiotiques ont une efficacité maximale lorsqu’ils sont administrés durant la phase catarrhale et peuvent également réduire le risque de transmission lorsqu’ils sont administrés durant la phase paroxystiqueNote de bas de page 2. Il est recommandé d’administrer de l’érythromycine pendant 14 jours pour traiter les cas de coquelucheNote de bas de page 2, Note de bas de page 12. Parmi les autres antibiotiques efficaces contre la maladie figurent l’azithromycine et la clarithromycineNote de bas de page 2. Ces médicaments ont moins d’effets secondaires que l’érythromycine. Dans le cas des nouveau-nés, seule l’azithromycine est recommandéeNote de bas de page 2.

IMMUNISATION: La vaccination à des fins de lutte contre l’infection par B. pertussis se fait au moyen d’un vaccin combiné contre la diphtérie, la coqueluche et l’anatoxine tétanique (DCaT)Note de bas de page 10. Chez les très jeunes enfants, celui-ci peut être administré en même temps que le vaccin contre la poliomyélite et contre Haemophilus influenzae de type b (DCaT-VPI-Hib)Note de bas de page 7. Une dose de rappel du vaccin DTaC-VPI peut également être donnée lorsque les enfants ont entre 4 et 6 ansNote de bas de page 7, Note de bas de page 10.

PROPHYLAXIE: Une antibioprophylaxie à l’érythromycine, à l’azithromycine ou à la clarithromycine est conseillée tant par l’American Academy of Pediatrics (AAP) que par les CDC pour prévenir les éclosions de coquelucheNote de bas de page 2. Au Canada, un traitement prophylactique à l’érythromycine, à l’azithromycine ou à la clarithromycine est recommandé pour les proches en contact étroit avec les patients ayant contracté la coquelucheNote de bas de page 12. L’azithromycine a également été efficace contre une éclosion de coqueluche survenue dans un hôpitalNote de bas de page 12.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Huit cas d’infection à B. pertussis ont été signalés par un établissement de recherche effectuant des travaux sur la coquelucheNote de bas de page 8. Les infections ont été observées chez des personnes qui ne travaillaient pas directement avec les bactéries. Il est possible que ces personnes aient contracté l’infection dans les aires communes des laboratoires où étaient effectués les travaux de rechercheNote de bas de page 8. Deux cas d’infection à B. pertussis contractés en laboratoire ont également été signalés par une importante université du Midwest américainNote de bas de page 8. Enfin, on a signalé une infection à B. pertussis chez un travailleur qui avait effectué l’aération de cultures liquides de bactéries destinées à la préparation de vaccinsNote de bas de page 21.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Écouvillonnage nasopharyngé, sécrétions, écouvillonnage de la gorgeNote de bas de page 3. Cet organisme est rarement isolé à partir du sangNote de bas de page 3.

DANGERS PRIMAIRES: Exposition des muqueuses à des aérosols infectieux produits lors de la manipulation de cultures de l’organisme ou de suspensions de bactéries concentréesNote de bas de page 8.

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION DU GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2 Note de bas de page 22.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux Note de bas de page 23.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 23.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 23.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer Note de bas de page 23.

ÉLIMINATION: Avant la mise au rebut, décontaminer tous les déchets qui contiennent ou ont été en contact avec l’organisme infectieux par autoclavage, désinfection chimique, exposition aux rayons gamma ou incinérationNote de bas de page 23.

ENTREPOSAGE: L’agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée Note de bas de page 23.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: October 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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