Fiche technique santé-sécurité : Agents pathogènes - virus d'Epstein-Barr
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- Section I : Agent infectieux
- Section II : Détermination du risque
- Section III : Dissémination
- Section IV : Viabilité et stabilité
- Section V : Premiers soins et aspects médicaux
- Section VI : Dangers pour le personnel de laboratoire
- Section VII : Contrôle de l'exposition et protection personnelle
- Section VIII : Manutention et entreposage
- Section IX : Renseignements sur la réglementation et autres
- Références
Section I : Agent infectieux
Nom : Virus d'Epstein-Barr
Synonyme ou renvoi : Virus herpétique humain 4 (VHH4); EBV, mononucléose infectieuse (MNI), fièvre glandulaire, lymphome de Burkitt (LB), carcinome nasopharyngé (CNP)Note de bas de page 1Note de bas de page 2.
Caractéristiques : Le virus d'Epstein-Barr appartient au genre Lymphocryptovirus de la sous-famille des Gammaherpesvirinae de la famille des HerpesviridaeNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Il est constitué d'un génome formé d'un ADN de 172 kb à double brin enfermé dans une capside icosaédrique entourée d'une enveloppe riche en phospholipidesNote de bas de page 1Note de bas de page 3. Le virus d'Epstein-Barr peut être cultivé dans des lignées cellulaires lymphoblastoïdesNote de bas de page 4. Le virus peut infecter les lymphocytes B et les cellules épithélialesNote de bas de page 1Note de bas de page 3Note de bas de page 4.
Section II : Détermination du risque
Pathogénicité et toxicité : La plupart des infections à VEB sont acquises pendant l'enfance et sont asymptomatiquesNote de bas de page 1Note de bas de page 5. Lorsqu'il y en a, les symptômes ne peuvent être distingués de ceux d'autres syndromes viraux aigus. Bon nombre de maladies bénignes et malignes ont toutefois été associées au virus d'Epstein-Barr chez des patients immunocompétents et chez des patients immunodéprimésNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 6Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9.
Maladies chez des hôtes immunocompétents
Mononucléose infectieuse (MNI) : La MNI est une maladie fébrile aiguë et autolimitante affectant les jeunes adultes et caractérisée par une fièvre, un mal de gorge, des malaises abdominaux, une pharyngite, une amygdalite, une lymphadénopathie généralisée avec douleur au toucher, des pétéchies palatales et un œdème périorbitalNote de bas de page 1. Certains patients présentent aussi des éruptions maculopapulaires, une splénomégalie, une hépatomégalie et une jaunisse. Des éruptions cutanées sont presque toujours présentes chez les patients qui ont reçu de l'ampicilline ou de l'amoxicillineNote de bas de page 1Note de bas de page 5Note de bas de page 9. La maladie dure habituellement de 1 à 4 semaines; cela dit, certains patients présentent une maladie ou une fatigue s'étalant sur une période pouvant aller jusqu'à un anNote de bas de page 1. De nombreuses complications, dont l'anémie hémolytique auto-immune, la rupture splénique, la lymphohistiocytose hémophagocytique et des complications neurologiques, ont aussi été associées à la mononucléose infectieuseNote de bas de page 1Note de bas de page 5.
Lymphome de Burkitt : Le lymphome de Burkitt peut être endémique, sporadique ou associé à une immunodéficienceNote de bas de page 3. Ce lymphome survient en raison d'une infection précoce par le VEB qui atteint les lymphocytes BNote de bas de page 4Note de bas de page 8. Le lymphome de Burkitt endémique touche souvent les os faciaux, particulièrement la mâchoire, le maxillaire et les os orbitaux chez les jeunes enfantsNote de bas de page 8. La version sporadique du lymphome de Burkitt survient dans les tissus lymphoídes du tube digestif et des voies respiratoires supérieuresNote de bas de page 8.
Parmi les autres maladies malignes survenant chez les personnes immunocompétentes, citons les lymphomes à cellules B ou T et les carcinomes épithéliaux ou mésenchymateux comme la maladie de Hodgkin classique et le carcinome nasopharyngéNote de bas de page 6Note de bas de page 7Note de bas de page 10.
Maladies chez les hôtes immunodéprimés : Chez les patients atteints du sida ou immunodéprimés, de nombreuses maladies associées au VEB peuvent survenir, comme une leucoplasie chevelue, une pneumonie lymphocytique interstitielle, un lymphome à cellules B ou T et un lymphome mésenchymateux (p. ex. un léiomyosarcome)Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 7. Chez les receveurs de greffe, des maladies lymphoprolifératives précoces ou tardives sont souvent causées par le VEB.
Épidémiologie : Les infections à VEB ont une prévalence plutôt élevée, touchant plus de 90 % des personnes durant les vingt premières années de leur vie dans le monde entierNote de bas de page 3. Dans les pays en voie de développement, les infections primaires surviennent principalement chez les jeunes enfants et sont souvent asymptomatiquesNote de bas de page 3Note de bas de page 9. Dans les pays industrialisés, les infections primaires à VEB se manifestent surtout sous forme de mononucléose infectieuse, et touchent les adolescents et les jeunes adultesNote de bas de page 3Note de bas de page 9. Le lymphome de Burkitt endémique est souvent noté chez les jeunes enfants des régions équatoriales de l'Afrique et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée; son taux d'incidence est de 50 à 100 cas pour 1 000 000 de personnesNote de bas de page 7. En revanche, le lymphome sporadique associé au VEB survient chez les enfants et les jeunes adultes et n'a pas de distribution géographique particulière; son taux d'incidence est de 2 ou 3 cas pour 1 000 000 de personnesNote de bas de page 7. Le virus est à l'origine de 40 et 50 % des cas de lymphome non hodgkinien chez les enfants et de 1 à 2 % des lymphomes chez l'adulte en Europe occidentale et aux États-UnisNote de bas de page 8. Le lymphome de Burkitt endémique est associé à presque 100 % au VEB, alors que l'association du lymphome de Burkitt sporadique avec le virus est faible (15 à 30 % des cas)Note de bas de page 7. Le carcinome nasopharyngé (CNP) se manifeste surtout dans le sud de la Chine, et représente environ 20 % des cas de cancer chez l'adulteNote de bas de page 6. Il est extrêmement rare en Europe et en Amérique du Nord, son taux d'incidence étant de < 1 pour 100 000 personnesNote de bas de page 6.
Gamme d'hôtes : Humains.
Dose infectieuse : Inconnue.
Mode de transmission : Dans le cas de la mononucléose infectieuse, la transmission se fait surtout par contact sexuel ou par contact avec la salive de personnes infectées (voie orale)Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 9. Une transmission par transfusion de sang est possible (mais ne représente pas une voie importante)Note de bas de page 1Note de bas de page 9. Dans le cas du lymphome de Burkitt, la transmission du VEB survient tôt dans la vie par la salive, et le lymphome apparaît plus tard après un épisode de paludisme. Le VIH-sida est aussi un cofacteur potentielNote de bas de page 11.
Période d'incubation : Dans le cas de la MNI, la période d'incubation est de 30 à 50 joursNote de bas de page 5Note de bas de page 9. Pour le LB, la période d'incubation est plus longue, allant de 4,7 à 9,2 ansNote de bas de page 12Note de bas de page 13.
TRANSMISSIBILITÉ : L'infection virale est contractée après des contacts répétés avec la personne infectée ou avec une personne asymptomatique excrétant le virusNote de bas de page 4. L'excrétion diminue pendant l'année suivant l'infection, mais persiste toute la vieNote de bas de page 14. Les pics de transmission surviennent entre les âges de 1 à 6 ans et de 14 à 20 ans, et plus de 95 % des adultes sont des porteurs asymptomatiques du virusNote de bas de page 15.
Section III : Dissémination
Réservoir : Les humains symptomatiques excrètent le virusNote de bas de page 4.
Zoonose : Aucune.
Vecteurs : Aucun.
Section IV : Viabilité et stabilité
Sensibilité aux médicaments : Les analogues nucléosidiques comme l'acyclovir, le ganciclovir et le famciclovir, et les analogues du pyrophosphate, comme le foscarnet, peuvent inhiber la réplication viraleNote de bas de page 1Note de bas de page 4.
Sensibilité aux désinfectants : La plupart des virus herpétiques sont sensibles à l'éthanol à 30 % et à l'isopropanol à 20 %, à l'hypochlorite de sodium à 200 ppm, au biphényl-2-ol à 0,12 % et au glutaraldéhyde à 0,04 %Note de bas de page 16.
Inactivation physique : Les virus herpétiques peuvent être inactivés par chauffage en solution à 60 à 80 °C, par cryodessiccation et par chauffage à 100 °C pendant 30 minutesNote de bas de page 10.
Survie à l'extérieur de l'hôte : Reste à déterminer.
Section V : Premiers soins et aspects médicaux
Surveillance : Surveiller les symptômes cliniquesNote de bas de page 4. On peut procéder à la détection directe de l'antigène viral EBNA 1 par coloration par immunofluorescence anti-complément; on peut identifier l'ARN ou l'ADN viral par hybridation in situ, hybridation sur tache, test d'amplification des acides nucléiques (TAAN) et transfert de SouthernNote de bas de page 1. On peut aussi avoir recours aux tests de dépistage des anticorps hétérophiles pour la mononucléose, au dépistage des anticorps anti-VCA (antigènes des capsides virales), et au dépistage des anticorps anti-EBNA (antigènes nucléaires du VEB)Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 4.
Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.
Premiers soins et traitement : Le traitement de la mononucléose infectieuse est surtout de type palliatif Note de bas de page 4. La réplication virale peut être inhibée par la prise d'analogues nucléosidiques qui pourront réduire ou éliminer l'excrétion virale, mais ceux-ci n'auront aucun effet sur les symptômesNote de bas de page 1Note de bas de page 4. L'obstruction des voies respiratoires est traitée par une dose élevée de corticostéroídes et par la pose d'une canule nasopharyngéeNote de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 9. Un traitement par interféron gamma s'est révélé efficace chez les patients présentant une carence en cet interféronNote de bas de page 1. Les maladies lymphoprolifératives associées au VEB peuvent être traitées par anticorps monoclonaux anti-CD20 et par lymphocytes T cytotoxiques spécifiques du VEB ainsi que par des agents antivirauxNote de bas de page 1.
Immunisation : Aucun vaccin approuvé n'est disponible pour prévenir l'infection par le virus d'Epstein-Barr; cela dit, un vaccin contenant la glycoprotéine gp340 fait actuellement l'objet d'essais cliniquesNote de bas de page 1.
Prophylaxie : Aucune.
Section VI : Dangers pour le personnel de laboratoire
Infections contractées au laboratoire : Faible risque d'infection acquise en laboratoireNote de bas de page 17. Aucun cas d'infection acquise en laboratoire n'est signalé dans la littérature.
Sources et échantillons : Échantillons cliniques - sang, salive et tissus de la gorgeNote de bas de page 1Note de bas de page 4.
Dangers primaires : Les risques associés aux virus herpétiques sont l'ingestion, l'inoculation parentérale accidentelle, l'exposition directe des muqueuses oculaires, nasales ou buccales, ou l'inhalation de matières aérosoliséesNote de bas de page 17.
Dangers particuliers : Aucun.
Section VII : Contrôle de l'exposition et protection personnelle
Classification du groupe de risque : Groupe de risque 2Note de bas de page 18.
Exigences de confinement : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieuxNote de bas de page 19.
Vêtements de protection : Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure.
AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelleNote de bas de page 18.
Section VIII : Manutention et entreposage
Déversements : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.
Élimination : Tous les déchets doivent être décontaminés avant leur mise au rebut par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique.
Entreposage : L'agent infectieux doit être conservé dans un contenant scellé et clairement étiqueté.
Section IX : Renseignements sur la réglementation et autres
INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.
dernière mise à jour : Octobre 2010.
Préparée par : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.
Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.
Tous droits réservés
©Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada
Références
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