Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Le virus de la rougeole

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM: Le virus de la rougeole

SYNONYME OU RENVOI: VR, virus morbilleux, Morbillivirus, rougeole, première maladie, pneumonie rougeoleuse, encéphalite à inclusions post-rougeoleuse, encéphalomyélite, rougeole atypique, panencéphalite sclérosante subaiguëNote de bas de page 1 Note de bas de page 3.

CARACTÉRISTIQUES: Le virus de la rougeole est un virus à ARN monocaténaire à polarité négative qui appartient au genre Morbillivirus de la famille de ParamyxoviridaeNote de bas de page 1. Il est constitué d'une nucléocapside hélicoïdale d'un diamètre de 100 à 300 nm entourée d'une enveloppe. La face interne de l'enveloppe est revêtue de protéines matricielles, tandis que la face externe porte des hémagglutinines et des glycoprotéines de fusion, qui sont les facteurs de virulence.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: Le virus de la rougeole est l'agent étiologique de la rougeole, une infection systémique qui prend naissance dans l'épithélium respiratoire du nasopharynxNote de bas de page 3 Note de bas de page 4. Cette affection peut donner lieu à de graves complications et peut être mortelle. Après une période d'incubation de 8 à 12 jours, apparaissent en 24 heures de la fièvre (environ 38,3 °C) et un malaiseNote de bas de page 3. Ces symptômes sont suivis de toux, de coryza (inflammation des muqueuses nasales) et de conjonctivite. Après 2 à 3 jours de toux, de coryza et de conjonctivite apparaissent des taches de Koplik (lésions blanches et granulaires au niveau de la muqueuse buccale latérale). Le quatrième jour se manifeste une éruption macropapulaire sur le visage et le cou, derrière les oreilles. L'éruption se propage ensuite sur le reste du corps et persiste pendant 3 à 5 jours avant de s'estomperNote de bas de page 2. L'anorexie et la dyspnée sont d'autres symptômes de la rougeoleNote de bas de page 5. Une amélioration subjective peut commencer de 2 à 4 jours après l'apparition des premiers signes d'éruption cutanéeNote de bas de page 3. Chez les nourrissons, les femmes enceintes et les patients immunodéprimés et dénutris, le risque de complications et de gravité accrue de la maladie est plus élevéNote de bas de page 3 Note de bas de page 4. Historiquement, le taux de mortalité était plus élevé chez les hommes que chez les femmes; cette différence tend cependant à s'estomper, grâce à la modernisation des soins de santé dans les pays occidentaux. Les complications courantes sont la surinfection bactérienne, qui peut causer une otite moyenne (infection de l'oreille moyenne), une bronchite, le croup ou une pneumonie (3,5 à 50 % des cas), une adénopathie, de la diarrhée et une encéphalite (1 cas sur 1 000)Note de bas de page 3. La pneumonie est la première cause de mortalité. L'encéphalite peut provoquer le coma, des lésions cérébrales (25 %) ou la mort (15 %). Parmi les complications plus rares figurent le purpura thrombocytopénique, la myocardite, la panencéphalite sclérosante subaiguë, les douleurs abdominales et l'appendicite aiguë. Durant la grossesse, la rougeole augmente le risque d'avortement spontané et de naissance prématurée. Dans les pays industrialisés, le taux de mortalité est de 1 à 2 pour 1 000 casNote de bas de page 4, alors qu'il est de 15 à 25 % dans les pays en développementNote de bas de page 2. Chez les individus ayant reçu le vaccin inactivé (utilisé entre 1963 et 1968 et abandonné parce que sa période de protection était trop brève) ou des immunoglobulines à titre de mesure prophylactique 6 jours après l'infection, on peut observer une rougeole atypiqueNote de bas de page 4 pouvant se manifester par une forte fièvre, par une éruption cutanée importante (accompagnée souvent de pétéchies) sur les membres et par un risque accru de pneumonie.

ÉPIDÉMIOLOGIE: Avant l'introduction du vaccin en 1963 aux États-Unis, on estimait qu'il y avait 130 millions de cas de rougeole, que de 7 à 8 millions de décès étaient attribuables à cette maladie et que de 95 à 98 % des enfants étaient infectésNote de bas de page 4 Note de bas de page 6. La rougeole, qui était endémique dans les centres métropolitains, devenait épidémique tous les 2 à 3 ans, surtout à la fin de l'hiver et au début du printemps, et se propageait par vagues jusqu'aux plus petites villes et aux régions rurales, où elle sévissait de manière plus graveNote de bas de page 1 Note de bas de page 7. La mortalité a décliné au cours de la première moitié du vingtième siècle en raison de l'amélioration des conditions de vie. Dans les années 1960, l'introduction du vaccin a permis de réduire de manière appréciable l'incidence de la rougeole et la mortalité imputable à cette infection. La résurgence de la maladie en 1989-1991 s'expliquait par une faible couverture vaccinale au sein de certaines populations des pays industrialisésNote de bas de page 4. On considère que la rougeole a été éliminée dans les Amériques et en Europe; toutefois, des éclosions surviennent à l'occasion à cause des cas importés et des populations non vaccinéesNote de bas de page 6. La rougeole reste une maladie très répandue dans les pays en développementNote de bas de page 1.

GAMME D'HÔTES: Les humains sont les principaux hôtes, mais les primates non humains peuvent en être également et leur préservation est menacée par la rougeoleNote de bas de page 6 Note de bas de page 8.

DOSE INFECTIEUSE: 0,2 unité par pulvérisation intranasaleNote de bas de page 9.

MODE DE TRANSMISSION: La rougeole peut être propagée par les gouttelettes respiratoires et par contact direct avec des sécrétions du nez et de la gorge d'une personne infectéeNote de bas de page 7 Note de bas de page 8. Le contact direct est le principal mode de transmission, tandis que les gouttelettes aérogènes et le contact indirect sont des modes de transmissions moins répandus.

PÉRIODE D'INCUBATION: De 8 à 12 joursNote de bas de page 3.

TRANSMISSIBILITÉ: La rougeole est une maladie très contagieuseNote de bas de page 3. Les patients sont infectieux dès la survenue des symptômes prodromiques et jusqu'à 2 à 4 jours après l'apparition de l'éruption cutanée; toutefois, la transmissibilité est plus élevée avant le début de l'éruption.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Les humains sont le seul réservoir connuNote de bas de page 4 Note de bas de page 6. Si les primates non humains peuvent être infectés, on estime que leur population totale est trop peu élevée pour permettre une transmission durableNote de bas de page 10.

ZOONOSE: Aucune connueNote de bas de page 11, mais les humains peuvent transmettre la maladie à des primates non humains.

VECTEURS: Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: On a observé que le virus de la rougeole était sensible à la ribavirine, mais ce médicament n'est actuellement pas approuvé pour usage thérapeutique contre la rougeoleNote de bas de page 12.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS:Le virus de la rougeole est sensible à la povidone-iode, au formaldéhyde, à l'hypochlorite de sodium à 1 %, à l'éthanol à 70 %, au glutaraldéhyde, aux désinfectants phénoliques, à l'acide peracétique et au peroxyde d'hydrogèneNote de bas de page 13 Note de bas de page 15.

INACTIVATION PHYSIQUE: Chaleur (30 min à 56 °C), rayons UV, pH acide et trypsineNote de bas de page 7 Note de bas de page 10 Note de bas de page 16.

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: L'agent peut survivre moins de 2 heures sur des surfaces ou des objetsNote de bas de page 7. Les gouttelettes respiratoires peuvent demeurer infectieuses pendant au moins 1 heure dans un espace closNote de bas de page 17.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Rechercher les symptômes; utiliser des tests microbiologiques et sérologiques pour détecter le virus de la rougeole ou les anticorps anti-rougeoleNote de bas de page 3.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Il n'existe à l'heure actuelle aucun traitement de la rougeole, hormis les soins de soutien. En cas de dénutrition ou de carence en vitamine A, on peut prescrire de la vitamine A pour aider à éviter les complicationsNote de bas de page 12.

IMMUNISATION: Il existe un vaccin trivalent faisant appel à une forme atténuée des virus vivants de la rougeole, des oreillons et de la rubéole (ROR), mais celui-ci doit être conservé au froid en tout temps, y compris pendant son transport, ce qui constitue un problème dans les pays en développementNote de bas de page 3 Note de bas de page 10Note de bas de page 21. La première dose est administrée durant la première année de vie, et la seconde, au début de la scolarisation de l'enfant (entre 4 et 6 ans) pour permettre une couverture complèteNote de bas de page 6Note de bas de page 21. Au Canada, la vaccination est également recommandée pour toutes les personnes nées après 1957 parce que le vaccin inactivé de la première génération n'était que faiblement immunogène. La plupart des personnes nées avant 1957 ont contracté la rougeole et sont considérées comme étant immunisées. Le vaccin ROR ne doit pas être administré aux femmes enceintesNote de bas de page 3Note de bas de page 21.

PROPHYLAXIE: L'immunisation par le vaccin contenant le virus vivant peut être faite jusqu'à 72 heures après l'exposition pour prévenir la rougeole chez les personnes non vaccinées. L'immunisation passive par les immunoglobulines de la rougeole (0,25 mL/kg, jusqu'à concurrence de 15 mL) entre 72 heures et 6 jours après l'exposition, ou chez les personnes pour qui le vaccin est contre-indiqué, peut être réalisée afin de prévenir la rougeole ou de réduire sa gravitéNote de bas de page 3.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Un cas d'infection contracté en laboratoire signalé jusqu'à 1974Note de bas de page 11.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Le virus de la rougeole peut être isolé dans l'urine, la conjonctive, le nasopharynx et le sangNote de bas de page 18.

DANGERS PRIMAIRES: Les éclaboussures, l'inoculation parentérale accidentelle et l'exposition des muqueuses aux gouttelettes peuvent être à l'origine d'une infection contractée en laboratoireNote de bas de page 13.

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION DU GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2 Note de bas de page 19.

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure Note de bas de page 20.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 20.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS: Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION: Avant la mise au rebut, décontaminer tous les déchets qui contiennent ou ont été en contact avec l'organisme infectieux par autoclavage, désinfection chimique, exposition aux rayons gamma ou incinération.

ENTREPOSAGE: L'agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION: L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Septembre 2011

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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