Mise à jour sur l’évaluation rapide des risques : Influenza aviaire A(H5N1) de clade 2.3.4.4b, répercussions pour la santé publique au Canada
Date de cette évaluation : 29 novembre 2024 (avec des données en date du 22 novembre 2024)
Date de la précédente évaluation des risques : 27 août 2024
Sur cette page
- Raison de l'évaluation
- Questions sur les risques
- Énoncé de risque
- Sommaire de l'évaluation des risques
- Mesures proposées pour les autorités de santé publique et les partenaires de l'initiative Une seule santé
- Remerciements
- Notes de bas de page
Raison de l'évaluation
L'évaluation rapide des risques (ERR) est en cours de mise à jour, car le déclencheur suivant a été satisfait : « Augmentation significative des rapports de cas humains, en particulier sur une courte période », en raison des cas humains d'influenza aviaire A(H5N1) de clade 2.3.4.4b aux États-Unis (É.-U.) et au Canada. En outre, le déclencheur « Cas dans la population générale sans exposition ou avec une exposition limitée aux animaux infectés » fait l'objet d'une surveillance étroite.
Questions sur les risques
- Quelle est la probabilité et quel est l'impact d'une infection humaine par l'influenza aviaire A (H5N1) de clade 2.3.4.4b due à une exposition à des animaux au Canada au cours des trois (3) prochains mois?
- Si une personne est exposée à des animaux connus pour être infectés (p. ex., lors d'activités professionnelles dans des fermes touchées), quelle est la probabilité et quel est l'impact d'une infection humaine après cette exposition?
- Depuis la dernière ERR, comment les cas humains sporadiques et la transmission continue chez d'autres animaux aux États-Unis et au Canada peuvent-ils influencer l'évolution du virus?
Énoncé de risque
Le risque global pour la population canadienne de contracter l'influenza aviaire A(H5N1) de clade 2.3.4.4b reste faible (incertitude faible); toutefois, les personnes ayant un niveau d'exposition plus élevéNote de bas de page a à des animaux infectés courent un risque accru et doivent prendre les précautions appropriées. La transmission continue du virus chez les animaux et les cas sporadiques chez les humains peuvent augmenter le risque de changements dans le virus qui pourraient conduire à une transmission de personne à personne.
- La probabilité d'infection de la population générale au cours des trois prochains mois est très faible à faible, selon les régions, et l'impact sur la population générale au Canada est estimé mineur, car il n'existe aucune preuve de transmission entre humains ou que le virus en circulation ait acquis la capacité de se transmettre durablement parmi les humains. La probabilité d'infection pour les personnes ayant un niveau d'exposition plus élevéNote de bas de page a aux animaux dépend fortement de la probabilité d'infection chez les animaux auxquels elles sont exposées. Un animal aléatoire provenant du Canada a une probabilité très faible à faible d'être infecté; cependant, la proportion d'animaux affectés varie selon la région et l'espèce. La probabilité d'infection est plus élevée pour les personnes travaillant avec certaines espèces, telles que les volailles ou les canards sauvages, dans certaines régions, comme celles qui connaissent des éclosions. L'impact sur les adultes immunocompétents (18 ans et plus) est estimé mineur en raison des symptômes cliniques légers observés aux États-Unis en 2024; toutefois, l'impact possible sur les enfants (moins de 18 ans) et les adultes immunodéprimés est estimé majeur en raison de la gravité de ces infections historiques et du cas récent au Canada.
- Si une personne est exposée à des animaux connus pour être infectés, comme dans le cas d'une exposition professionnelle dans des fermes touchées, la probabilité d'infection est estimée modérée (incertitude modérée). Cela a augmenté par rapport à l'évaluation rapide des risques de juin 2023 et à la mise à jour sur l'évaluation rapide des risques d'avril 2024. Il a été démontré que les volailles et le bétail (bovins et porcs) excrètent des quantités suffisantes de virus pour la transmission et un nombre rapidement croissant de cas est apparu chez les travailleurs d'élevages de bovins et de volailles aux États-Unis, en particulier chez ceux qui ne respectent pas les recommandations en matière d'équipement de protection individuelle (EPI). Il est clair à ce stade que les humains sont susceptibles d'être infectés lorsqu'ils sont exposés à une dose suffisante. Dans la plupart des cas, les personnes ayant été exposées à un niveau plus élevéNote de bas de page a à des animaux infectés seront des adultes immunocompétents, pour lesquels l'estimation de l'impact est mineure. Cependant, les impacts sont potentiellement plus élevés pour les enfants et les adultes immunodéprimés.
- Outre le risque d'infection humaine à court terme, il est important de tenir compte de l'évolution des virus de l'influenza aviaire. On ignore comment la situation actuelle affectera l'évolution du virus. Toutefois, depuis la dernière mise à jour sur l'évaluation des risques, la transmission continue de l'influenza aviaire A(H5N1) de clade 2.3.4.4b dans les populations d'oiseaux sauvages et domestiques, le saut d'espèce répété dans diverses espèces de mammifères sauvages et domestiques, la transmission continue entre les vaches laitières des États-Unis et les cas sporadiques chez les humains exposés à la volaille ou au bétail, augmentent la probabilité d'un réassortiment viral et/ou d'une adaptation qui pourrait permettre une transmission de personne à personne. Des mutations virales précédemment reconnues pour leur adaptation potentielle chez des mammifères ont été observées dans certains cas humains, y compris le cas canadien, mais des incertitudes subsistent quant à l'interprétation de ces mutations en conjonction avec les résultats épidémiologiques. Les activités de surveillance et de préparation dans les secteurs humain et animal restent importantes.
Sommaire de l'évaluation des risques
Question | Estimation [incertitude] | Justification |
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Quelle est la probabilité qu'un animal aléatoire au Canada soit infecté par l'influenza aviaire A(H5N1) de clade 2.3.4.4b au cours de la période d'évaluation? |
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Quelle est la probabilité qu'une exposition implique une quantité suffisante de virus pour potentiellement causer une infection (chez une personne ordinaire)? |
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Quelle est la probabilité qu'une personne ayant été exposée à une quantité suffisante de virus développera une infection? | Modérée [modérée] |
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Composante de probabilité pour la question sur le risque 1 : Probabilité globale d'infection humaine par l'influenza aviaire A (H5N1) de clade 2.3.4.4b à la suite d'une exposition à des animaux au Canada | Niveau d'exposition plus élevéNote de bas de page e : Très faible à faible [modérée] Population générale/niveau d'exposition plus faibleNote de bas de page f : Très faible à faible [modérée] |
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Composante de probabilité pour la question sur le risque 2 : Probabilité globale d'infection si une personne ayant un niveau d'exposition plus élevéNote de bas de page c à des animaux connus pour être infectés | Modérée [modérée] |
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Au cas où une infection humaine se produirait, quel serait le scénario de propagation le plus probable? | Infection zoonotique sans autre forme de transmission |
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Quel serait l'impact sur une personne infectée? | Adulte immunocompétent (≥18 ans) : Mineur [modéré] Enfants (< 18 ans) et adultes immunodéprimés : Majeur [élevée] |
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Quel serait l'impact sur la population canadienne au cours de la période d'évaluation? | Population générale : Mineur [modérée] |
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Notes de bas de page :
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Risque futur pour le Canada
Les scénarios, facteurs et indicateurs futurs ont été étudiés dans les évaluations précédentes et restent pertinents.
Les conclusions de cette évaluation sont fondées sur la quantité de virus qui devrait circuler chez les animaux au Canada au cours des trois prochains mois, et notamment sur le fait que rien n'indique que le virus soit présent chez le bétail canadien à ce jour. Si le virus peut pénétrer dans les troupeaux de bovins canadiens au cours de cette période, il est probable qu'il lui faudra plus de temps pour se propager de manière significative. Toutefois, compte tenu de ce qui a été observé aux États-Unis, il est probable qu'à long terme, le virus pénètre et se propage dans les troupeaux de bovins canadiens, au moins à l'intérieur d'une province (consulter l'évaluation qualitative rapide des risques de l'ACIA). Il est également probable que des cas continuent d'être observés chez les oiseaux sauvages, les mammifères sauvages et les volailles. Cette transmission plus large dans les populations animales pourrait alors entraîner davantage d'expositions et d'infections humaines, de même que l'infection d'une nouvelle espèce animale hôte avec davantage de contacts humains ou de nouvelles voies d'exposition.
À l'avenir, la probabilité d'une infection si une personne est exposée à un niveau plus élevé peut être réduite par une utilisation accrue et correcte des EPI, une diminution de l'excrétion du virus par les animaux ou une diminution de la sensibilité humaine ou animale (p. ex., en raison de la vaccination ou de l'immunité naturelle chez les humains ou les animaux). L'impact sur les personnes concernées pourrait augmenter si un plus grand nombre de personnes vulnérables participent à des activités d'exposition à un niveau plus élevé.
Les considérations relatives à l'évolution du virus et au potentiel pandémique s'étendent sur une plus longue période et présentent une plus grande incertitude. Comme indiqué précédemment, la circulation continue du virus chez tous les animaux, et en particulier chez les mammifères, augmente la probabilité de modifications du virus. D'autres détections du virus chez les porcs, dont on sait qu'ils constituent un hôte pour de multiples virus de l'influenza A, ou potentiellement chez d'autres mammifères, pour lesquels le niveau d'incertitude est élevé, pourraient accroître la probabilité d'un réassortiment viral et/ou d'une adaptation susceptible de permettre une transmission de personne à personne. La circulation des virus grippaux humains pendant la saison grippale annuelle peut accroître la probabilité d'une infection simultanée (d'un humain ou d'un animal) par des virus humains et aviaires, ainsi que le potentiel de réassortiment.
Ce virus a également été évalué à l'aide de l'outil IRAT (Influenza Risk Assessment Tool) des CDC des États-Unis à partir du 26 juin 2024, qui évalue le risque de pandémie posé par les virus de l'influenza A.1 Cet outil place le clade 2.3.4.4b de l'influenza aviaire A(H5N1) dans la catégorie " risque modéré" en ce qui concerne l'émergence future potentielle et l'impact sur la santé publique, ce qui est similaire aux évaluations précédentes des virus de l'influenza aviaire A(H5N1).
Mesures proposées pour les autorités de santé publique et les partenaires de l’initiative Une seule santé
La coordination et la gouvernance dans le cadre de l'initiative Une seule santé sur cette question, restent essentielles. Les actions proposées dans l'évaluation rapide des risques de juin 2023 et l'évaluation rapide des risques d'avril 2024 restent importantes. L'Agence de la santé publique du Canada continuera à mobiliser les partenaires de l'initiative Une seule santé (organisations fédérales, provinciales, territoriales, autochtones et autres organisations non gouvernementales) au niveau national et à collaborer avec des partenaires internationaux pour évaluer les risques pour la santé publique associés aux souches actuelles et futures de l'influenza A.
Les recommandations proposées ci-dessous sont basées sur les lacunes dans les connaissances identifiées au cours de cette mise à jour.
Surveillance, établissement de rapports et évaluation des risques
- Envisager de renforcer et d'intégrer les activités de surveillance de l'influenza A(H5N1) dans le cadre de l'initiative Une seule santé pour :
- Détecter les maladies humaines asymptomatiques, bénignes ou graves, en particulier dans les régions touchées. Consulter le protocole d'enquête microbiologique concernant les Infections respiratoires aiguës sévères (IRAS).
- Envisager d'utiliser le protocole, de l'agence de la santé publique du Canada, de surveillance accrue des cas de grippe aviaire A(H5N1) chez les humains dans les fermes au Canada, le cas échéant.
- Surveiller les changements génétiques, l'adaptation chez les différentes espèces et la résistance aux antiviraux des virus identifiés chez toute espèce de mammifère infectée, y compris les humains.
- Effectuer une surveillance chez les porcs, en particulier dans les locaux abritant des animaux mixtes et/ou présentant des éclosions, afin de détecter le réassortiment viral.
- Réaliser des évaluations des risques pour la santé publique spécifiques à une région, à une activité ou à une espèce, selon les besoins.
Gestion de la santé publique
- Consulter les lignes directrices sur la gestion de la santé publique des cas humains d'influenza aviaire et des contacts humains associés au Canada.
- Collaborer avec les partenaires de l'initiative Une seule santé pour mener une enquête approfondie sur tous les cas humains de l'influenza A(H5N1) afin d'identifier la source possible de l'infection.
- Collaborer avec les partenaires fédéraux, provinciaux, territoriaux et autochtones pour améliorer la préparation à une pandémie de santé.
- Continuer à sensibiliser les professionnels de la santé à la détection précoce et à la gestion de l'influenza A(H5N1) chez les personnes souffrant d'une maladie respiratoire aiguë ou d'une conjonctivite dans les régions touchées par l'influenza aviaire.
Communication des risques
- Continuer à communiquer régulièrement sur l'éclosion actuelle de virus de l'influenza aviaire A(H5N1) de clade 2.3.4.4b avec le public et les personnes travaillant avec des oiseaux et des animaux. Partager les lignes directrices de la page la faune sauvage et la grippe aviaire : conseils généraux sur la manipulation pour protéger votre santé.
Recherche
- Soutenir la collecte de données et les activités scientifiques et de recherche afin de combler les lacunes dans les connaissances et de contribuer à l'émergence de données probantes pour la prise de décision en matière de santé publique.
Annexe technique : Pour plus de détails sur l'évaluation des risques, y compris l'annexe technique, veuillez contacter rap-per@phac-aspc.gc.ca.
Remerciements
Réalisé par l'Agence de la santé publique du Canada en collaboration avec les partenaires suivants :
- Agence canadienne d'inspection des aliments
- Environnement et Changement climatique Canada
- Santé Canada
- Services aux Autochtones Canada
- Ministère de l'Agriculture et de l'Irrigation de l'Alberta
- Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique
- Ministère de l'Agriculture de la Colombie-Britannique
- Laboratoire provincial Cadham
- Gouvernement de la Nouvelle-Écosse : ministère de la Santé et du Mieux-être
- Gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard
- Institut national de santé publique du Québec
- Ministère de l'Agriculture
- Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
- Ministère de la santé et des services sociaux du Québec
- Régie de la santé de la Nouvelle-Écosse
- Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario, Ministère de la Santé de l'Ontario
- Santé publique Nouveau-Brunswick
- Santé publique Ontario
Notes de bas de page
- Note de bas de page a
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Contact de haute intensité (à moins de deux (2) mètres et/ou prolongé) avec des animaux (oiseaux sauvages, volailles ou mammifères) ou avec des matières infectées de ces animaux (p. ex., excréments, sang, sécrétions ou tissus), ou encore avec un milieu fortement contaminé par des animaux infectés. L'évaluation rapide des risques de juin 2023 (Annexe B) et la mise à jour sur l'évaluation rapide des risques d'avril 2024 (Définitions) fournissent des exemples de groupes professionnels et récréatifs présentant des expositions potentiellement pertinentes, tels que les travailleurs agricoles, les vétérinaires, les agents de protection de la faune et les récolteurs autochtones, entre autres.
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