Page 7 : Parce que la vie continue…aider les enfants et les adolescents à vivre la séparation et le divorce
Section 5 - Les pratiques parentales : élever des enfants résilients
D’aucuns disent qu’élever des enfants est le métier le plus important qui soit. D’autres, le plus difficile. D’autres, encore, le plus enrichissant. Que le superlatif « le plus » soit exact ou non, la plupart conviendront qu’il s’agit d’un rôle important tout aussi difficile qu’enrichissant.
De nos jours, les parents sont bombardés d’information, qu’il s’agisse de livres, d’articles, d’émissions de télévision ou d’Internet. Impossible d’y échapper. Alors, à qui faire confiance? Vers qui se tourner?
Pas besoin d’être parfait ou d’essayer de l’être pour élever des enfants. Non, il s’agit plutôt d’user de sagesse intérieure et de discernement. On sait de toute façon qu’il n’y a pas qu’une seule manière d’élever des enfants, car chaque enfant et chaque famille est unique.
Malgré la multitude d’avis contradictoires sur la façon d’élever ses enfants, les décennies de recherche en la matière nous éclairent sur ce qui les aide en général à bâtir leur résilience et à mieux réussir à l’école et dans la vie. (Voir l’encadré Qu’est-ce que la résilience?) La présente section vous donne de l’information et des conseils sur un certain nombre de pratiques et de conduites parentales ayant fait leurs preuves. Personne ne connaît vos enfants mieux que vous. Sentez-vous libre d’essayer ce qui vous semble utile pour voir si cela les aide.
Qu’est-ce que la résilience?
La vie nous réserve d’innombrables défis, revers et difficultés. La « résilience » est la capacité de « rebondir » face à son cortège incessant de demandes et difficultés et d’en tirer des leçons positives.
Nous naissons tous capables de résilience, faculté que nous cultivons tout au long de la vie en apprenant à comprendre et à gérer nos impulsions et nos émotions, en particulier face au stress. Les parents ont un rôle majeur à jouer pour aider leurs enfants à bâtir leur résilience. Les enfants apprennent beaucoup en observant leurs parents. Ainsi, les parents qui gèrent bien le stress de tous les jours montrent à leurs enfants à faire de même.
Il est essentiel pour accroître sa résilience de posséder certaines forces intérieures et d’être bien entouré.
Les forces intérieures :
- conscience et maîtrise de soi
- savoir réfléchir et résoudre des problèmes
- confiance et courage
- optimisme
- sens des responsabilités et participation
Être bien entouré signifie :
- des gens qui nous aiment
- des modèles positifs à suivre dans la famille et la communauté
- des ressources communautaires : écoles, centres communautaires, programmes pour les parents et les enfants, groupes confessionnels, etc.
L’information et les suggestions du présent guide ont pour but d’aider les parents à bâtir la résilience de leurs enfants et la leur.
Bien élever ses enfants les protège des risques
Le bon sens dit et la science démontre que la qualité de la relation entre un parent et son enfant est l’un des plus principaux facteurs de développement et de croissance de ce dernier. Le lien affectif avec le parent permet à l’enfant de grandir dans la sécurité, l’amour et la compréhension.
En fait, parmi les enfants qui vivent des situations stressantes (comme la séparation de leurs parents ou le décès d’un proche parent), ceux qui s’en tirent mieux ont au moins deux choses en commun :
- une relation proche et riche de sens avec au moins un parent et
- des parents bienveillants faisant preuve de constance.
Les parents seront heureux d’apprendre que des méthodes leur permettent, comme le confirment les études, d’améliorer les chances de réussite de leurs enfants à l’école et dans la vie. (Voir l’encadré Renseignez-vous sur vos ressources provinciales.) Certaines sont d’une grande simplicité, alors que d’autres exigent des pratiques parentales et une discipline constantes.
Renseignez-vous sur vos ressources provinciales
Chaque province et territoire offre des séances d’information parentale (certaines en ligne). Les programmes d’éducation pour les parents en situation de rupture traitent de tout, des besoins des enfants selon l’âge aux questions juridiques et financières en passant par les compétences parentales et les moyens à prendre pour atténuer les conflits. Dans certaines provinces et certains territoires, ces cours d’éducation parentale sont obligatoires en cas de procédure judiciaire.
Consultez d’abord la liste des services et ressources qui sont offerts dans votre province ou territoire aux parents qui se séparent. Certains sites Web proposent des vidéos et des possibilités d’apprentissage en ligne et publient des guides sur le rôle des parents après la séparation ainsi que des ressources à l’intention des enfants selon l’âge.
(Voir « Section 11 – Ressources » pour savoir comment vous prévaloir des services de justice familiale de votre province ou territoire.)
Chaleureux, enthousiastes et fermes
Au fil des ans, les chercheurs ont étudié les modes et méthodes d’éducation parentale qui aident les enfants à mûrir et à s’épanouir. Le style le plus efficace est celui du « parent démocratique ». (Voir l’encadré Ce qui fait de moi un parent démocratique.)
Les parents démocratiques, c’est-à-dire fermes mais bienveillants, sont en général dévoués et attentifs, ont des normes élevées et respectent leurs enfants en tant qu’êtres indépendants. Ils s’attendent à ce que leurs enfants fassent preuve de maturité et coopèrent tout en leur manifestant beaucoup d’affection.
Bien que dévoués, attentifs et présents, les parents démocratiques ne laissent pas leurs enfants s’en tirer impunément en cas de mauvaise conduite. Ils sont très chaleureux et insistent sur le pourquoi des règles. (Voir « Enseignez par la discipline ».)
Ce qui fait de moi un parent démocratique
- Je suis ferme mais bienveillant.
- J’écoute mes enfants.
- J’encourage leur curiosité et leur indépendance.
- Je les informe des limites à ne pas franchir, des conséquences de le faire et de mes attentes.
- Je suis chaleureux et accueillant.
- J’encourage mes enfants à exprimer leurs sentiments et je les aide quand ils ont peur ou sont troublés.
- J’essaie de me réjouir de ce qui les emballe.
- Je permets à mes enfants d’exprimer leurs opinions, même si elles sont différentes des miennes.
- J’encourage mes enfants à discuter d’options.
- J’explique le sens des règles.
- Ma discipline est juste et constante et privilégie la croissance et la maturité, pas les punitions.
En général, les enfants de parents démocratiques :
- sont d’un naturel plus heureux,
- savent mieux gérer leurs émotions,
- sont très sociables, et
- se savent capables d’acquérir de nouvelles compétences.
Ajustez vos attentes selon le tempérament de vos enfants
Tout parent ayant plus d’un enfant sait que le « style personnel » d’un enfant peut se définir très tôt dans la vie. Même entre frères et sœurs, les goûts, les niveaux d’activité, les réactions aux stimuli et autres traits varient. Ainsi, dans une même situation, un enfant sera timide et calme et l’autre, audacieux et fougueux. Cette qualité innée qu’a l’enfant en venant au monde s’appelle « tempérament ». (Voir l’encadré « Qu’est-ce que le « tempérament? »à la section 7.)
L’idée n’est pas de comprendre le tempérament d’un enfant pour l’étiqueter, mais d’aider les parents et le personnel éducateur à tenir compte des différences entre les enfants de même qu’à offrir à chacun le cadre idéal pour s’épanouir. Pourquoi? Parce que les enfants réussissent mieux quand leurs parents les guident dans le respect de leurs différences et l’affirmation de soi. À l’inverse, quand les parents sont aveugles au tempérament distinct de leurs enfants, ceux-ci sont plus à risque d’être stressés et frustrés. Voici quelques exemples :
- Les parents qui savent que leur enfant met du temps à se familiariser avec des étrangers et de nouveaux endroits peuvent lui donner plus de temps pour s’habituer. Peut-être devront-ils l’inviter à tenter de nouvelles choses en l’y encourageant plutôt qu’en l’y poussant, l’aidant ainsi à grandir et à se développer à son propre rythme. L’idée, surtout durant les transitions d’un foyer à un autre, est d’y aller lentement et doucement, de prendre plus de temps, d’encourager et d’être patient.
- Les parents qui savent que leur enfant déborde d’énergie ne s’attendront pas à ce qu’il reste assis bien longtemps en voiture. Cet enfant a sans cesse besoin de bouger et de faire des activités. Il faut se réjouir de toute cette énergie et donner à l’enfant de nombreuses occasions de la dépenser.
De plus, la réaction aux conflits et aux divergences d’opinions peut varier selon le tempérament de l’enfant.
- Certains enfants réagiront d’abord par la colère à un désaccord; leurs parents devront peut-être les aider pour qu’ils apprennent à se calmer et à contenir leur frustration.« Jouons ensemble à “respirer profondément”, puis nous en parlerons. »
- Certains enfants commencent à jouer les gendarmes et peuvent devenir méchants; les parents peuvent les aider en leur enseignant l’empathie et le sens de l’équité. « Je me demande comment ta sœur se sent quand tu la traites de stupide? Comment te sentirais-tu si les autres te traitaient de stupide? »
- Certains enfants prennent mal les conflits, les fuyant pour ne pas faire de peine à personne; leurs parents peuvent les aider en leur montrant à s’affirmer et à faire part de leurs besoins et de leurs désirs. « C’est à ton tour de jouer avec le nouveau jouet. Alors, tu peux dire aux autres enfants qu’ils auront leur tour après toi. C’est à ton tour de jouer avec. »
Y a-t-il plus beau cadeau à faire à votre enfant que de l’accepter tel qu’il est? Cela vous demande en pratique d’ajuster vos attentes en tenant compte de ses capacités. Si votre enfant est extroverti, vous le condamnez à l’échec si vous pensez qu’il pourra rester assis sagement bien longtemps. S’il est timide, le pousser à socialiser se retournera très certainement contre vous. Avec le temps et en guidant bien vos enfants, leur tempérament s’adaptera et changera.
Soignez leur sentiment d’identité et d’appartenance
Les enfants et les jeunes commencent dès la naissance à se forger un sentiment d’identité et d’appartenance par les relations qu’ils entretiennent avec leurs parents et leur famille, leurs pairs, leur quartier et leur communauté. Ce sentiment doit être positif, car la maturité affective et la capacité de s’entendre avec les autres en dépendent, et sans lui nous sommes perdus. Les enfants issus d’un milieu positif – du fait de grandir en se sentant aimés, respectés et appréciés par leurs parents et la parenté – acquièrent un sentiment de sécurité intérieure et de résilience.
Les conflits entre ses parents, leur séparation et la réorganisation de la famille peuvent troubler l’univers intérieur et extérieur de l’enfant. Cela ébranle le sentiment d’identité et d’appartenance qu’il avait bâti autour de ses deux parents. Peuvent s’ensuivre la confusion, la tristesse et l’insécurité, surtout quand tout change vite. Sachant cela, les parents peuvent aider leur enfant à conserver son identité au fil des changements et des transitions.
Ce que vous pouvez faire
Bébés et tout-petits : Vous pouvez favoriser l’émergence de leur sentiment d’identité et d’appartenance :
- en leur fournissant en milieu épanouissant et chaleureux où ils savent qu’on répondra à leurs besoins physiques et affectifs;
- en les tenant dans vos bras, en les cajolant et en multipliant les marques physiques d’affection à leur endroit;
- en leur disant doucement tout l’amour que vous avez pour eux; et
- en vous délectant de leurs nouvelles habiletés, qu’ils aient appris à se toucher les orteils ou qu’ils aient dit leur premier mot.
Jeunes enfants : Vous pouvez favoriser l’émergence de leur sentiment d’identité et d’appartenance :
- en étant tous les deux présents dans leur vie;
- en respectant et en encourageant la personnalité, les intérêts et les préférences de chaque enfant;
- en leur donnant l’occasion de jouer et d’interagir avec des membres de la parenté et des pairs;
- en leur racontant des histoires intéressantes à propos de leurs grands-parents et de leurs ancêtres; et
- en prenant le temps d’intégrer les nouveaux conjoints dans leur vie.
Enfants d’âge préscolaire avancé et commençant l’école : Vous pouvez favoriser l’émergence de leur sentiment d’identité et d’appartenance :
- en les encourageant à explorer et approfondir leurs intérêts et leurs aptitudes;
- en les aidant à se sentir sûrs et fiers de leur personnalité et leurs intérêts à eux;
- en apprenant à mieux les connaître en leur posant des questions et en vous intéressant aux mêmes choses qu’eux; et
- en regardant des photos de la parenté et en leur racontant des histoires drôles illustrant les traits de personnalités et les talents de chaque personne.
Enfants d’âge scolaire et préadolescents : Vous pouvez favoriser l’émergence de leur sentiment d’identité et d’appartenance :
- en leur offrant le foyer le plus stable et ouvert possible;
- en les encourageant à parler ouvertement de l’école, de leurs amis et de toute autre personne;
- en leur racontant l’histoire de leur famille;
- en vous tenant au courant de leurs activités scolaires et en sachant ce qui les intéresse; et
- en suivant leurs activités sociales pour pouvoir toujours garder contact.
Adolescents : Vous pouvez favoriser l’émergence de leur sentiment d’identité et d’appartenance :
- en leur démontrant que vous décidez et que vous agissez en fonction de vos propres croyances et valeurs et que vous les traitez comme vous voudriez l’être, joignant ce faisant le geste à la parole;
- en les encourageant à donner leur opinion sur l’actualité et la politique; et
- en les aidant à trouver des mentors qui sont animés des mêmes intérêts qu’eux ou qui ont su faire leur marque.
(Voir aussi « Section 7 – Aider les enfants de tous les âges ».)
Écoutez ce qu’ils ont à dire et faites preuve d’empathie
Nous désirons tous être compris. Pensez seulement à un moment où vous vous êtes senti incompris dernièrement d’un collègue, de votre ex-conjoint ou d’un ami. Ou, encore, à un moment dans votre enfance où vous vous êtes senti incompris ou fait dire que vous ne devriez pas avoir telle ou telle émotion? Vous vous êtes sans doute senti frustré, blessé ou fâché, n’est-ce pas? C’est la même chose pour les enfants, mais parce qu’ils manquent de vocabulaire ou de maturité, ils sont plus susceptibles d’être incompris.
Quand vos enfants sont fâchés ou se comportent mal, essayez de vous mettre à leur place. Le seul fait d’être compris aide les humains à se défaire d’émotions troublantes. Si la colère de votre enfant vous semble démesurée, rappelez-vous que nous emmagasinons tous des émotions pour ensuite nous en libérer en lieu sûr et pouvoir ainsi passer à autre chose.
Les enfants n’ont pas l’habitude de se conduire mal pour rien. Peut-être sont-ils fatigués ou frustrés, ont-ils faim ou se sentent-ils incompris. En mettant le doigt sur ce qui cloche, leur mauvais comportement vous donnera moins de fil à retordre la prochaine fois et, qui sait, peut-être le préviendrez-vous. Si vous vous doutez de ce qui ne va pas, faites-leur comprendre que vous essayez de savoir pourquoi :
- « Je sais que tu trouves difficile d’arrêter de jouer et de venir souper, mais c’est le temps de venir manger. »
- « Tu me voudrais à toi tout seul, pas vrai? »
- « Tu veux veiller plus tard avec les grands, je le sais. Mais te rappelles-tu à quel point tu as du mal à te lever le matin quand tu veilles tard? »
- « Tu es fâché parce qu’il faut quitter le parc pour que j’aille faire à souper. »
Faire preuve d’empathie envers l’enfant, ce n’est pas être d’accord avec lui, mais simplement voir les choses de son point de vue. Nous savons tous à quel point il est bon de se sentir compris. Une fois nos pensées et nos sentiments validés, on dirait qu’il est plus facile de ne pas avoir gain de cause. Essayez-le avec vos enfants et voyez si l’expérience est concluante.
Passez des moments rien qu’à vous avec chaque enfant
On s’imagine mal pouvoir consacrer du temps à chaque enfant lorsqu’on n’a pas une minute à soi en raison du travail, des repas, du ménage et des activités des enfants. Mais en passant spontanément ne serait-ce que quelques instants par jour avec chaque enfant, cela vous aidera beaucoup à resserrer vos liens avec lui, à lui donner confiance, à augmenter sa capacité d’adaptation au changement et même à réduire ses problèmes de comportement. Vous pouvez faire en alternance ce que l’enfant veut et ce que vous voulez. Ces moments privilégiés sont une excellente occasion d’accorder toute votre présence à l’enfant en l’observant, en l’écoutant, en interagissant avec lui et en l’appréciant. Vous gagnerez énormément à souffler et passer quelques moments seul avec chaque enfant. Tentez l’expérience pendant un mois et voyez si cela donne des résultats, non seulement chez votre enfant mais également chez vous!
Encouragez le jeu et les loisirs
L’enfant doit jouer pour se développer, quel que soit son âge. Quelqu’un a d’ailleurs dit que « le jeu est le travail de l’enfance ». La science corrobore beaucoup de nos intuitions quant à l’importance du jeu. Le comportement ludique semble aider les enfants à apprendre, qu’ils jouent en s’amusant à l’extérieur, à faire semblant, avec des jouets, à des jeux, seul, avec d’autres enfants, avec des adultes, etc.
En période de stress et de changement, les enfants jouent plus que jamais. Jouer physiquement peut les aider à se défouler, jouer à faire semblant peut les aider à moins s’inquiéter de votre séparation, jouer avec des jouets les amuse et les aide à apprendre et jouer avec vous renforce vos liens. Alors, même si la transition est difficile pour tout le monde, et peut-être surtout parce qu’elle l’est, voyez le jeu pour son côté thérapeutique plutôt que superficiel ou égoïste.
Les enfants plus âgés doivent pouvoir jouer souvent avec leurs amis. Les sports organisés sont un excellent moyen pour eux d’être actifs, d’apprendre à s’entendre avec les autres et de se faire de nouveaux amis. Encouragez également les enfants à mettre leur ordinateur ou leur téléphone de côté et à s’amuser avec leurs amis en s’intéressant aux arts, à la science, etc.
Applaudissez surtout l’effort
- « Que c’est beau de te voir travailler aussi fort pour faire le casse-tête. »
- « Tu m’impressionnes avec des devoirs de mathématiques. Continue et dis-moi si tu bloques sur un problème. »
- « Tu es bien meilleur au piano que la semaine passée. De toute évidence, tu y as mis beaucoup de temps. Bravo! »
Dans la mesure du possible, saluez l’effort au lieu du résultat. Plutôt que de féliciter l’enfant pour son bon travail, vantez ses efforts et encouragez-le à persévérer, même s’il n’atteint pas son but. L’encourager le rend fier de ses progrès, le motive à s’appliquer même quand la tâche est difficile et lui montre à devenir autonome. Quand il bloque, encouragez-le à vous demander de l’aide ou à se tourner vers un professeur, son frère ou sa sœur pour en obtenir. La clé est d’encourager l’enfant tout en le valorisant. Non seulement développe-t-il ainsi un profond sentiment d’appartenance, mais il est reconnaissant de pouvoir apprendre de ses erreurs. Les chercheurs ont découvert que les enfants réussissent mieux à l’école s’ils croient en leur capacité d’apprendre ou de s’améliorer simplement en s’appliquant ou en redoublant d’efforts.
Certains enfants ont moins de tolérance à la frustration et réagiront, par exemple, en pleurant ou en se fâchant s’ils n’arrivent pas à finir un casse-tête ou en se levant et partant lorsqu’ils perdent à un jeu. Il faut s’efforcer d’aider et d’encourager un peu plus un tel enfant à persévérer. S’il a de la difficulté, encouragez-le à s’y prendre autrement ou à vous demander votre aide ou celle d’un autre adulte. Répétez-lui qu’il est plus important d’essayer que de réussir et qu’à force de travail et de patience, les choses seront plus faciles à comprendre. (Voir Ce que peuvent faire les parents pour aider leurs enfants, quel que soit leur âge.)
Ce que peuvent faire les parents pour aider leurs enfants, quel que soit leur âge
- Les enfants doivent savoir à quel point leurs parents les aiment. Soyez démonstratif : montrez-leur votre affection par des paroles et des gestes.
- Protégez les enfants des conflits (par exemple, évitez de vous disputer devant eux).
- Évitez de mêler les enfants à vos problèmes d’adultes.
- Permettez à vos enfants d’exprimer leurs sentiments et d’avoir leur mot à dire sur les décisions qui les touchent.
- Jouez avec vos enfants. À tous les stades de leur développement, jouer seul, avec des adultes ou avec des amis améliore leurs facultés affectives, cognitives et sociales.
- Évitez de parler en mal de l’autre parent. Vos enfants doivent pouvoir continuer à aimer leurs deux parents sans avoir le sentiment qu’ils trahissent l’un ou l’autre.
- Passez du temps seul à seul, ne serait-ce que quelques minutes, avec chaque enfant.
- Maintenez le plus de routine et de continuité possible.
- Voyez à ce que les enfants puissent fréquenter la parenté et leurs amis.
- Restez en contact avec les éducateurs en garderie et les professeurs. La plupart d’entre eux seront heureux de vos commentaires et de votre participation et ravis de vous faire part de leurs points de vue et de leurs idées. Sans oublier qu’ils sauront bien vous renseigner sur le développement de l’enfant et les services communautaires.
- Fixez pour vos enfants des règles de conduite et des limites raisonnables selon le stade de développement de chacun.
- Tenez les promesses que vous leur faites.
- Prenez soin de vous-même. Vos enfants comptent sur vous.
- Par-dessus tout, si votre enfant a des problèmes, demandez de l’aide professionnelle en vous adressant à l’école ou à votre médecin de famille. Il est préférable de ne pas tarder à le faire.
Entretenez le réseau de soutien de votre enfant
Le réseau de soutien d’un enfant lui donne un milieu auquel appartenir. En font partie la famille, la garderie, l’école et les amis, c’est-à-dire les gens et les endroits que fréquente l’enfant et qui l’influencent presque tous les jours de sa jeune vie. Les préadolescents et les adolescents, en particulier, ont besoin d’être régulièrement en contact avec leurs amis, que ce soit au téléphone, à l’école, lors d’activités sociales, etc.
Les grands-parents et les autres membres de la famille élargie comptent beaucoup pour les enfants, surtout s’ils sont déjà proches. (Voir l’encadré Ce que les grands-parents – ainsi que les proches parents et les amis – peuvent faire.) À condition de rester neutre, la parenté peut combler le besoin de sécurité affective des enfants et avoir une grande influence sur eux. Les grands-parents, les oncles et les tantes peuvent aider les enfants en demeurant en contact et en passant du temps seuls avec eux et les rassurer en leur faisant comprendre que le divorce n’est pas de leur faute. Il faut prévenir les professeurs et le personnel éducateur en cas de séparation ou de changement d’adresse. Il est impératif qu’ils sachent qui viendra chercher l’enfant et à quelle heure et qui appeler en cas de problème ou d’urgence.
Les professeurs et les éducateurs en garderie jouent un rôle particulièrement important auprès de votre enfant, leur consacrant tellement de temps. Ils peuvent l’aider à jouir d’un cadre et d’une routine stables. Ils peuvent aussi l’aider à comprendre qu’il n’est pas seul et que d’autres enfants voient aussi leurs parents se séparer et divorcer. S’ils communiquent bien entre eux, les professeurs, le personnel éducateur et les parents peuvent aider l’enfant à s’adapter aux changements découlant du divorce. Ils peuvent jouer un rôle important en vous parlant de tout changement de comportement de votre enfant. L’enfant exprime souvent ses sentiments de façon détournée, mais son professeur pourrait s’apercevoir que quelque chose ne va pas.
Ce que les grands-parents – ainsi que les proches parents et les amis – peuvent faire
- Gardez à l’esprit, comme en font foi beaucoup d’études, que les enfants ayant une relation riche de sens avec les deux parents s’en sortent nettement mieux. La meilleure chose que vous puissiez faire pour vos petits-enfants est de mettre vos sentiments ou loyautés en veilleuse et de les aider à bien s’entendre avec chacun de leurs parents.
- Sachez bien écouter. Si vos petits-enfants sont plongés dans la tourmente ou entourés d’adultes en colère, vous êtes peut-être l’un des rares endroits où ils seront à l’aise d’être eux-mêmes et de s’ouvrir. Vous pouvez devenir cette personne digne de confiance qui se garde de juger et de s’obstiner. Cette relation privilégiée peut faire toute la différence dans leur vie pendant cette période de changement.
- Dites à vos petits-enfants qu’il est tout à fait normal d’avoir des sentiments, quels qu’ils soient. Certains enfants se font dire qu’ils « ne devraient pas » se sentir de telle ou telle façon, parfois parce que les adultes autour d’eux se sentent coupables de leur faire de la peine ou de chambarder leur vie. Mais l’enfant ne s’en sent que plus seul et incompris. Et n’oubliez pas qu’il est parfaitement naturel pour les enfants de vouloir que leurs parents se réconcilient. Permettez-leur d’exprimer leurs peurs et désirs sans leur donner de l’information erronée ou de faux espoirs.
- Il est important de ne pas contrecarrer les plans d’un parent. Par exemple, si un parent a pris rendez-vous pour jouer avec ses enfants, aménagez votre horaire en conséquence. Ou si les enfants doivent terminer leurs devoirs avant d’aller jouer, essayez de ne pas capituler parce que vous avez pitié d’eux. Durant la séparation de leurs parents, en particulier, les enfants ont besoin de structure et de routine pour mieux s’adapter aux changements.
- Parlez à vos petits-enfants d’obstacles que vous avez surmontés dans la vie. Aidez-les à voir comme vous que tout ira bien et qu’ils sont en sécurité. En insistant sur la façon dont vous avez vaincu ces obstacles, vous les aiderez à bâtir leur résilience.
- Aidez vos petits-enfants à trouver des moyens d’apaiser leur tristesse ou leurs craintes. Dites-leur ce que vous faites pour prendre soin de vous-même quand vous vous sentez malheureux ou dépassé par les événements. Si marcher dans la nature vous revigore, amenez-les se promener dans la forêt ou dans un parc. Demandez-leur ce qu’ils aiment faire pour s’amuser ou ce qui les aide quand ils se sentent malheureux. Ajoutez ces activités au programme de leurs prochaines visites.
- Profitez d’un moment de tranquillité pour lire ensemble avant le coucher ou entre des activités. Lire des histoires parlant de sentiments ou de ce qu’ont fait d’autres enfants pour s’adapter au divorce de leurs parents peut aider vos petits-enfants à trouver les mots pour dire ce qu’ils vivent et vous demander votre aide ou celle d’autres adultes lorsqu’ils en ont besoin.
- Souplesse et constance sont le mot d’ordre pour fréquenter vos petits-enfants. L’un des rôles importants des grands-parents est de passer des moments agréables et de faire le plein de bons souvenirs avec leurs petits-enfants. Ces réjouissances peuvent être différentes ou demander davantage d’organisation maintenant que les parents sont séparés, mais si vous pensez à l’intérêt supérieur des enfants, vous pourriez créer avec eux d’inoubliables et merveilleuses traditions. Même leur envoyer par la poste une boîte de biscuits faits maison de temps à autre durant l’année peut se transformer pour eux en un précieux souvenir d’amour inconditionnel.
- Ne parlez pas en mal de votre ex-beau-fils ou belle-fille devant vos petits-enfants. Videz-vous le cœur en présence d’autres adultes dans votre vie et en l’absence de vos petits-enfants. En cas de séparation ou de divorce, il est primordial de décider ou d’agir « dans l’intérêt supérieur de l’enfant », pas des adultes.
Enseignez par la discipline
- Diriez-vous que les règles étaient justes, strictes, laxistes ou peut-être décousues à la maison quand vous étiez enfant?
- Fréquentiez-vous une école ou occupiez-vous un emploi où les règles étaient nombreuses, mais souvent absurdes?
- Avez-vous déjà eu honte ou vous êtes-vous déjà senti humilié à l’école ou au travail après qu’on vous eut dénoncé pour quelque chose?
- Y a-t-il une règle à votre avis qui garantissait votre sécurité, voire votre survie, à la maison quand vous étiez petit?
Vos enfants ont besoin de votre aide pour comprendre les comportements et les règles à respecter. Au fur et à mesure qu’ils vieillissent, vos enfants doivent saisir l’importance des règles pour leurs propres sécurité et croissance. Ils ont aussi besoin d’aide pour maîtriser leurs émotions, comprendre la notion de responsabilité et savoir se comporter. Enfin, vos enfants doivent connaître les conséquences qu’il y a à enfreindre les règles que vous avez établies.
Même s’il subit les conséquences de ses actes, l’enfant doit pouvoir se faire entendre et pardonner. Une conséquence a plus d’effet que la douleur, la peur, la honte, l’humiliation ou les punitions. Les parents ont le choix. Il peut s’agir d’une conséquence logique, par exemple aider à nettoyer ses marques de crayon sur le mur, ou naturelle, par exemple avoir faim plus tard s’il refuse de souper.
Vous pourriez également :
- Retirer un privilège et donner une tâche à l’enfant.
- Expliquer très clairement à l’enfant les comportements qui sont inacceptables et pourquoi ainsi que les conséquences d’aller trop loin. Soyez ferme mais gentil.
- Si l’enfant brise quelque chose parce qu’il se comporte mal, lui demander de réparer ou de vous aider à racheter ce qu’il a endommagé ou d’en fabriquer un autre.
- Marquer un « temps d’arrêt » en lui expliquant que s’éloigner de la situation pendant un certain temps aide tout le monde à se calmer et à penser plus clairement.
- Interdire l’agressivité physique et les insultes. Faites cesser immédiatement tout comportement agressif : « Ni ton frère ni ta soeur ni toi n’avez le droit de vous frapper. Trouve une autre solution! »
(Voir aussi « Section 7 – Aider les enfants de tous les âges ».)
Surprenez vos enfants à bien agir. Les enfants se font souvent dire « non », en partie parce qu’ils en demandent beaucoup et essaient naturellement d’en avoir plus. Mais il peut être très démoralisant de se faire répondre tout le temps « non ». Alors, soyez à l’affût des bons coups de votre enfant pour l’en féliciter en lui disant, par exemple, « Tu as ramassé ton linge sans qu’on te le demande – c’est fantastique! » ou « Je te regardais jouer avec ton petit frère et tu étais vraiment très patient – c’était très gentil de ta part! ».
Prenez tous les jours le temps de lui trouver un bon comportement à louanger. Ne soyez pas avare de caresses et de compliments envers vos enfants, car cela peut faire des merveilles et braque le feu des projecteurs sur les comportements que vous cherchez à encourager.
Montrez que votre amour est inconditionnel. Il est de votre devoir de parent d’apprendre à votre enfant à bien se comporter en tout temps. Mais si vous devez le corriger, tout est dans la façon de le faire. Le cas échéant, ne le blâmez, ne le critiquez et ne l’humiliez surtout pas, car il pourrait se sentir blessé dans son estime et vous en vouloir. Humilier un enfant est tout aussi toxique pour son développement affectif qu’avaler du poison pour sa santé physique. Efforcez-vous plutôt de l’élever dans l’amour et de l’encourager, même si vous le disciplinez. Qu’il sache que vous l’aimerez quoiqu’il arrive, même si vous vous attendez à ce qu’il fasse mieux la prochaine fois.
Certains moyens de discipliner les adolescents. Vous devrez peut-être élever et discipliner différemment votre enfant lorsqu’il arrive au secondaire. Jeune, l’enfant a besoin de ses parents pour combler ses besoins physiques et affectifs afin de survivre et de grandir. Mais en vieillissant, il acquiert sa propre personnalité et devient capable de décider et de choisir. Les parents peuvent aider leurs enfants qui grandissent à faire de bons choix et à prendre des décisions judicieuses en leur donnant l’exemple et en leur montrant à maîtriser leurs impulsions et leurs émotions.
Le rôle de la discipline est de montrer aux enfants les conséquences logiques de ne pas se conformer aux règles conçues pour les protéger et les aider à devenir des adultes. Qu’un enfant devenu adolescent ait choisi ou non de prendre à cœur ces leçons de vie, ses parents n’y peuvent rien. Autrement dit, les parents ont le pouvoir d’influencer, mais pas de contrôler, le développement de leur enfant. Voilà une leçon de vie fondamentale pour les parents, qui pensent souvent perdre le contrôle de leurs adolescents parce qu’ils désobéissent aux règles. Mais se disputer le contrôle de leur vie ne fera probablement qu’envenimer les choses et inciter l’adolescent à désobéir d’autant plus aux règles. Bref, la question n’est pas d’avoir ou de perdre le contrôle sur votre adolescent, mais d’encadrer celui-ci pour le protéger et de renforcer son comportement lorsqu’il prend de bonnes décisions.
Pour bien discipliner les adolescents, il faut convenir de limites claires avec eux et les aider à ne pas les franchir. Quoi qu’ils en pensent, les adolescents n’ont pas ce qu’il faut afin de toujours décider pour eux-mêmes. D’ailleurs, même si vos adolescents affirment ne pas avoir besoin de vos conseils, les recherches prouvent le contraire. Les limites ainsi convenues ont une influence importante sur le bon passage de votre enfant à l’âge adulte.
La négociation, cruciale dans les communications avec les adolescents, peut vous éviter des problèmes. Vous leur montrez en négociant avec eux que vous respectez leurs idées. Cela les aide aussi à développer leur propre dextérité décisionnelle. Négociez sur les petites choses, mais ne bronchez pas sur ce qui garantit leur sécurité.
Sachez que les enfants plus âgés savent très bien comment vous vous comportez et si vous respectez les règles que vous leur imposez. S’ils vous pensent hypocrites, attendez-vous à ce qu’ils vous le fassent savoir. Vous faites figure de héros à leurs yeux : quand vous commettez une faute, excusez-vous et montrez-leur qu’on peut apprendre de ses erreurs.
Il arrive aux adolescents de s’aventurer trop loin et d’enfreindre aux règles. Voir comment les autres réagissent à leurs tentatives de repousser les limites est l’un des moyens pour eux de devenir des adultes autonomes. Demeurez ferme. À voir réagir les autres, ils apprennent à se comporter en société et comprennent ce qu’on attend d’eux. (Pour plus d’information sur les besoins particuliers de vos adolescents, consultez « Section 7 – Aider les enfants de tous les âges ».)
Certains parents, par frustration, ignorance ou manque de soutien, cessent d’appliquer les règles à la maison et de sévir. L’absence de structure et de limites découlant de cette abdication quasi totale de leur rôle de parent nuira probablement au développement affectif de leurs enfants. Il est particulièrement important pour les parents d’imposer des règles à leurs adolescents et de surveiller ceux-ci pour les aider à se protéger et à s’abstenir de comportements à risque. Les parents ont alors intérêt à reprendre du service et à demander l’aide de professionnels s’ils veulent regagner le respect et la confiance de leurs enfants.
Montrez à vos enfants à résoudre les conflits
D’un stade de développement à l’autre, l’enfant est de plus en plus capable de réguler ses propres émotions et de reconnaître que les autres ont des sentiments et des besoins. Le jeune enfant en sera incapable si aucun adulte ne le conseille et ne l’encadre. Aider les enfants à savoir comment gérer leurs sentiments et résoudre les conflits n’a rien de sorcier, mais il faut de la patience et de la constance.
D’abord et avant tout, donnez le bon exemple et servez de modèle à vos enfants. S’entredéchirer et diverger d’opinions sont deux choses tout à fait différentes. Voir leurs parents se chamailler et se disputer un peu aide les enfants à comprendre que les gens ont différents points de vue, que des conflits éclatent inévitablement à la maison et sur le terrain de jeux et qu’il y a moyen de régler positivement les différends. L’exercice de la coparentalité est une excellente occasion pour vous d’apprendre à résoudre les conflits et de prêcher par l’exemple.
Montrer aux enfants à résoudre des conflits se résume à quelques principes de base que l’on peut formuler ainsi :
- Attends ton tour.
- Sois juste quand tu joues.
- Dis-le avec des mots.
- Excuse-toi.
- Partage.
- Rends service à quelqu’un.
Sachez composer avec la colère de vos enfants
Vous venez d’annoncer à vos enfants que vous comptiez vous séparer. Leur vie vient de basculer et à leur surprise s’ajoutent la peur et la peine. Selon son âge, l’enfant exprimera sa colère en pleurant, en piquant des crises ou en levant le ton.
Bien souvent, la colère masque d’autres sentiments de vulnérabilité tels que l’insécurité, l’embarras ou la honte. D’ailleurs, les crises de colère ne sont souvent que la pointe de l’iceberg. Voyez la colère comme un volcans’emplissant peu à peu de sentiments difficiles tels que la frustration ou la peine et pouvant faire irruption sans crier gare. Un simple déclic et l’enfant peut éclater et « perdre les pédales » autant qu’un adulte. Voici quelques conseils pour vous permettre d’aider vos enfants à reconnaître et à gérer leur colère.
Conseil no 1 : Restez calme
Les enfants absorbent les émotions ambiantes comme des éponges. Réagir calmement peut aider l’enfant à contenir sa colère tout comme se fâcher peut l’alimenter. Si vous êtes à bout de nerfs, n’oubliez pas qu’un temps d’arrêt est tout aussi utile aux adultes qu’aux enfants. Retirez-vous pour aller prendre de grandes respirations. (Voir techniques de relaxation à la page 11.)
Conseil no 2 : Stimulez l’éveil émotionnel
Plus vous aiderez votre enfant à comprendre et à exprimer les émotions difficiles, moins il les réprimera et en explosera de colère. Afin de pouvoir exprimer leurs émotions, les enfants doivent d’abord en prendre conscience. Vous pouvez montrer à votre enfant à mieux parler le « langage des émotions » en abordant davantage la colère et d’autres sentiments avec lui. Par exemple :
- Le monsieur à la télé a l’air furieux. Je me demande ce qui le met en colère.
- Je me sens frustré parce que je n’ai pas une minute à moi.
- Ton frère est « stupide »? Ne serais-tu pas plutôt fâchée parce qu’il nous a interrompus pendant notre moment juste à nous deux?
Conseil no 3 : Acceptez que l’enfant se sente ainsi et canalisez votre colère autrement
N’oubliez pas que votre enfant peut avoir d’autres sentiments que les vôtres et qu’il n’y a ni bon ni mauvais sentiment. Par exemple, écartez les sentiments difficiles de votre enfant du revers de la main (en lui disant des choses comme « Wô, calme-toi, c’est pas grave! » ou « Pourquoi tu te fâches, tu viens juste de manger un cornet de crème glacée! ») et vous ne ferez souvent que le piquer encore plus à vif. Au lieu de pouvoir parler de ce qu’il ressent, votre enfant sera maintenant d’autant plus fâché qu’il se sent de surcroît incompris. Voici la meilleure chose à faire :
- Verbalisez le sentiment se cachant derrière la rage votre enfant.
- Wow, Pierre, ça t’a vraiment fâché!
- Carole, je vois bien que tu es très en colère d’avoir à quitter le parc maintenant.
- Faites preuve de compréhension en devinant ce que souhaite votre enfant :
- Pierre, aimerais-tu que ton frère te demande d’abord la permission avant de jouer avec tes jouets?
- Carole, ce serait génial, hein, qu’on puisse rester plus longtemps?
- Encouragez l’enfant à bien exprimer ses sentiments et à tenter de résoudre le problème correctement :
- Montre-moi comment tu te sens… en le disant/le dessinant/donnant des coups sur le coussin du divan/déchirant ce bout de papier brouillon/etc.
- Qu’est-&ce qu’on pourrait faire toi et moi pour essayer de résoudre ce problème?
Conseil no 4 : Faites que les conséquences visant à restreindre le comportement agressif soient claires et constantes
Votre enfant doit apprendre que si la colère est acceptable, le comportement agressif, lui, ne l’est pas. Quand votre enfant frappe, mord ou perd autrement la tête, baissez-vous pour lui faire face et parlez-lui doucement, calmement, mais fermement pour qu’il comprenne votre mécontentement. Dites-lui que sa conduite agressive n’est pas permise et expliquez-lui pourquoi. Par-dessus tout, essayez de ne pas crier parce qu’il pensera que vous avez perdu le contrôle.
Si votre enfant cesse d’être agressif après votre mise en garde, ne tarissez pas d’éloges à son endroit. Sinon, faites-lui comprendre clairement ce qui se passera, par exemple que vous lui retirez un privilège.
Si, au bout de quelques mois, vous constatez avec inquiétude que la colère de votre enfant persiste ou ne cesse de s’amplifier, il serait bon que vous en parliez à son médecin ou à son conseiller scolaire. La thérapie par la parole ou par le jeu peut lui être bénéfique, quel que soit son âge.
Conseil no 5 : Par-dessus tout, n’en faites pas une affaire personnelle
Votre enfant de cinq ans s’écrie « Maman, je te déteste. Tu quittes Papa ». Votre fille de dix ans se rue dans l’escalier et claque la porte de sa chambre. Votre garçon de dix ans s’exclame : « Papa, tu ne me comprends jamais! »
Il est alors important de ne pas en faire une affaire personnelle. Dites-vous bien que la cause première du comportement de votre enfant, ce n’est pas vous, mais les sentiments contradictoires qui l’animent, la difficulté qu’il éprouve à se contrôler lui-même et le fait qu’il peine à comprendre et à gérer ses émotions. En faire une affaire personnelle vous blessera et pourrait vous amener à faire comme quiconque se sent blessé, à savoir se refermer, éclater ou les deux. Et voilà que ni l’un ni l’autre de vous deux ne se possède ou ne se sent compris ou apprécié.
Pour ne pas en faire une affaire personnelle :
- Prenez de grandes respirations.
- N’oubliez pas qu’il s’agit de la colère de votre enfant et qu’elle n’a rien à voir avec vous, même si on vous dit que si.
- Relâchez la douleur qui vous étreint.
- Rappelez-vous que, bien au contraire, votre enfant vous aime, mais qu’il lui est incapable de le faire en ce moment à cause de son chagrin.
- Baissez consciemment la voix.
- Essayez de vous rappeler comment vous vous sentiez quand vous piquiez une colère ou dramatisiez dans votre enfance.
- Réfléchissez bien de façon à réagir calmement et de façon constructive.
Vous devrez peut-être imposer des limites à votre enfant ou corriger son comportement, mais le faire d’un lieu empreint de calme. L’amour, et non la colère, doit être l’étoile qui vous guide au moment d’imposer des limites de comportement à votre enfant ou de corriger sa mauvaise conduite.
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