Tendances et projections relatives à l'obésité chez les Canadiens - PSPMC: Volume 35-7, septembre 2015

Volume 35 · numéro 7 · septembre 2015

Synthèse portant sur les données probantes
Tendances et projections relatives à l'obésité chez les Canadiens

C. Bancej, PhDNote de bas de page i ; B. Jayabalasingham, PhDNote de bas de page i  ; R.W. Wall, PhDNote de bas de page i ; D. P. Rao, MScNote de bas de page ii ; M. T. Do, PhDNote de bas de page ii ; M. de Groh, PhDNote de bas de page i ; G. C. Jayaraman, PhDNote de bas de page ii 

https://doi.org/10.24095/hpcdp.35.7.02f

Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.

Rattachement des auteurs :

Principales constatations

  • Environ 1 enfant ou adolescent canadien sur 7 est obèse.
  • Le taux de prévalence de l’obésité chez les enfants et les adolescents canadiens n’a pas changé significativement depuis 2007 et on prévoit qu’il restera stable au cours des deux prochaines décennies.
  • Environ 1 adulte canadien sur 4 est obèse.
  • On prévoit que le taux de prévalence de l’obésité chez les adultes canadiens continuera d’augmenter au cours des deux prochaines décennies.
  • On prévoit une augmentation du taux d’obésité plus importante dans la population masculine que dans la population féminine.

Mots‑clés : obésité, épidémiologie, indice de masse corporelle, prévalence, enquête sur la santé, simulation par ordinateur, projections

Introduction

La prévalence de l’obésité – soit un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30 kg/m2 chez les adultes ou deux écarts‑types au‑dessus de la médiane de la norme de croissance de l’Organisation mondiale de la santé chez les enfants – a augmenté dans de nombreuses régions du mondeNote de bas de page 1. Les adultes obèses sont plus susceptibles d’être atteints de certaines affections chroniques, notamment d’hypertension, de diabète de type 2, de cardiopathies et de certains cancers, ainsi que de mourir prématurémentNote de bas de page 2Note de bas de page 3. Les enfants obèses présentent aussi un risque cardiométabolique accru (dyslipidémie, résistance à l’insuline et hypertension artérielle)Note de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 6. Un excès pondéral pendant l’enfance qui se poursuit à l’âge adulte peut nuire à la qualité de vie, au rendement scolaire et au revenu tout au long de la vieNote de bas de page 7,Note de bas de page 8.

L’Agence de la santé publique du Canada a estimé les coûts annuels directs, en dollars canadiens constants de 2001, des soins de santé (coûts liés aux médecins, aux hospitalisations et aux médicaments) pour les personnes classées comme obèses au Canada. Évalués à 7,0 milliards de dollars en 2011, ils devraient atteindre 8,8 milliards de dollars d’ici 2021, d’après un calcul à partir des moyennes actuelles qui font qu’ils sont plus élevés chez les obèses (2 283 $) que chez les personnes en surpoids (1 726 $), les personnes en insuffisance pondérale (1 298 $) et les personnes de poids normal (1 284 $)Note de bas de page 9. Des estimations canadiennes antérieures, de 2006 et 2008 et obtenues par des méthodologies différentes, ont évalué le fardeau économique annuel (coûts directs et indirects) de l’obésité dans une fourchette allant de 4,6 à 7,1 milliards de dollarsNote de bas de page 10Note de bas de page 11.

Cette synthèse fondée sur des données probantes vise à présenter les taux de prévalence de l’obésité au Canada à la fois actuels et projetés, à partir d’un calcul de l’IMC reposant sur des mesures objectives de la taille et du poids. L’utilisation de mesures objectives de la taille et du poids pour calculer l’IMC est fortement recommandée, particulièrement chez les enfants et les adolescentsNote de bas de page 12, car lorsque la taille et le poids sont autodéclarés ou obtenus par procuration, le poids réel est généralement sous-estimé, ce qui fait que l’IMC et la prévalence de l’obésité le sont égalementNote de bas de page 13Note de bas de page 14.

Sources des données

Avant 2007, seules quelques enquêtes nationales de population utilisaient la mesure directe de la taille et du poids des enfants et des adolescents : l’Enquête santé Canada (visant les jeunes depuis la naissance) en 1978-1979; l’Enquête Condition physique Canada (visant les 7 ans et plus) en 1981; l’enquête Campbell sur le mieux‑être au Canada (visant les 7 ans et plus) en 1988 et l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), cycle 2.2, Nutrition (visant les 2 ans et plus) en 2004. Depuis 2007, dans le cadre de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), l’IMC mesuré objectivement est systématiquement recueilli, la collecte de données pour l’ensemble de l’ECMS se faisant par cycles de deux ansNote de bas de page 15 .

Nous avons généré des projections de l’IMC passé, actuel et futur de 2001 à 2031 à l’aide d’un modèle de microsimulation de santé de la population basé sur l’IMC des enfants et des adultes, le POHEM‑BMINote de bas de page 16. Le POHEM‑BMI est un modèle de microsimulation de Monte Carlo en temps continu dont l’unité de base d’analyse est la personne. La simulation dynamique recrée la population canadienne à un moment donné en fonction des naissances, de l’immigration et de l’émigration et elle en suit le vieillissement, une personne à la fois, jusqu’au décès. La trajectoire de vie et le décès de chaque personne simulée sont influencés par certains événements, notamment le début et l’arrêt du tabagisme, les changements liés à l’activité physique et à l’IMC, ainsi que l’incidence et la progression des maladies. Le POHEM‑BMI intègre des distributions de données et des équations dérivées de diverses sources : enquêtes transversales et longitudinales représentatives de la population à l’échelle nationale, statistiques de l’état civil et registres du cancerNote de bas de page 9Note de bas de page 16. En particulier, les équations de régression multivariée estimées à partir de l’enquête longitudinale nationale sur la santé de la population de 1994 à 2006 simulent les interactions plausibles liées à l’IMC, en effectuant un ajustement pour le biais lié à l’autodéclaration ou à la déclaration par procuration. Le modèle POHEM‑BMI est autorégressif et inclut des variables qui ont une force prédictive supérieure à celle des antécédents de l’IMC, notamment l’âge, le sexe, l’activité physique et le tabagisme. Les projections du POHEM‑BMI supposent que les modèles de comportement actuels persistent et qu’aucune nouvelle mesure n’est mise en place pour prévenir l’obésité.

Tendances relatives à l’obésité chez les enfants et les adolescents canadiens

Le taux de prévalence de l’obésité fondée sur l’IMC mesuré objectivement a plus que doublé chez les enfants et les adolescents canadiens (jeunes de moins de 18 ans) entre 1978-1979 et 2004, passant de 6,3 % (chez les 2 à 17 ans) à 13,3 % (chez les 6 à 17 ans)Note de bas de page 17. Le taux de prévalence de l’obésité est plus élevé chez les garçons que chez les filles et il est plus élevé chez les adolescents (12 à 17 ans) que chez les enfants (6 à 11 ans). D’après les données tirées des cycles 2007 à 2009, 2009 à 2011 et 2012 à 2013 de l’ECMS, le taux de prévalence de l’obésité s’est stabilisé entre 11,6 % et 14,3 % (chez les 6 à 17 ans). Ces observations sont cohérentes avec le POHEM‑BMINote de bas de page 16, dont les projections indiquent que l’obésité chez les jeunes canadiens de 6 à 17 ans se stabilisera après 2013 à 1 enfant sur 7 obèse (figure 1).

Figure 1. Prévalence de l’obésité chez les enfants et les adolescents et chez les adultes au Canada en fonction de l’année

Figure 1
Équivalent textuel - Figure 1

Le taux de prévalence de l’obésité fondée sur l’IMC mesuré objectivement a plus que doublé chez les enfants et les adolescents canadiens (jeunes de moins de 18 ans) entre 1978-1979 et 2004, passant de 6,3 % (chez les 2 à 17 ans) à 13,3 % (chez les 6 à 17 ans). D’après les données tirées des cycles 2007 à 2009, 2009 à 2011 et 2012 à 2013 de l’ECMS, le taux de prévalence de l’obésité s’est stabilisé entre 11,6 % et 14,3 % (chez les 6 à 17 ans). Ces observations sont cohérentes avec le POHEM-BMI, dont les projections indiquent que l’obésité chez les jeunes canadiens de 6 à 17 ans se stabilisera après 2013 à 1 enfant sur 7 obèse.

Le taux de prévalence de l’obésité fondé sur des mesures objectives de l’IMC a presque doublé chez les adultes canadiens entre 1978-1979 et 2004, passant de 13,8 % à 23,1 %. D’après les données tirées des cycles 2007-2009, 2009-2011 et 2012-2013 de l’ECMS, la prévalence de l’obésité chez les adultes se situe entre 23,9 % et 26,4 %, avec 1 adulte sur 4 obèse. Les projections établies à l’aide du POHEM-BMI laissent penser que l’obésité chez les adultes augmentera au cours des deux prochaines décennies.

Remarques : Prévalence prévue à l'aide du modèle de santé de la population comportant l'indice de masse corporelle (POHEM-BMI) version 6.0.1.0, 3 mars 2015. Prévalence mesurée objectivement tirée des enquêtes sur la santé de la population canadienne (voir la section Sources des données pour les détails). Les enfants et dolescents sont âgés de 6 à 17 ans; les adultes de 18 à 79 ans; la population a entre 6 et 79 ans.

Tendances relatives à l’obésité chez les adultes canadiens (18 ans et plus)

Le taux de prévalence de l’obésité fondé sur des mesures objectives de l’IMC a presque doublé chez les adultes canadiens entre 1978-1979 et 2004, passant de 13,8 % à 23,1 %Note de bas de page 11. Le taux de prévalence de l’obésité chez les adultes est plus faible chez les jeunes adultes, augmente à l’âge moyen et diminue légèrement chez les personnes âgées. D’après les données tirées des cycles 2007‑2009, 2009‑2011 et 2012‑2013 de l’ECMS, la prévalence de l’obésité chez les adultes se situe entre 23,9 % et 26,4 %, avec 1 adulte sur 4 obèse. Les projections établies à l’aide du POHEM‑BMI laissent penser que l’obésité chez les adultes augmentera au cours des deux prochaines décennies (figure 1), surtout chez les hommes adultes (figure 2).

Figure 2. Prévalence de l’obésité chez les enfants et adolescents et chez les adultes au Canada en fonction du sexe et de l’année

Figure 2
Équivalent textuel - Figure 2

Le taux de prévalence de l’obésité est plus élevé chez les garçons que chez les filles. D’après les données tirées des cycles 2007 à 2009, 2009 à 2011 et 2012 à 2013 de l’ECMS, le taux de prévalence de l’obésité s’est stabilisé entre 11,6 % et 14,3 % (chez les 6 à 17 ans). Ces observations sont cohérentes avec le POHEM-BMI, dont les projections indiquent que l’obésité chez les jeunes canadiens de 6 à 17 ans se stabilisera après 2013 à 1 enfant sur 7 obèse.

D’après les données tirées des cycles 2007-2009, 2009-2011 et 2012-2013 de l’ECMS, la prévalence de l’obésité chez les adultes se situe entre 23,9 % et 26,4 %, avec 1 adulte sur 4 obèse. Les projections établies à l’aide du POHEM-BMI laissent penser que l’obésité chez les adultes augmentera au cours des deux prochaines décennies, surtout chez les hommes adultes.

Remarques : Prévalence prévue à l'aide du modèle de santé de la population comportant l'indice de masse corporelle (POHEM-BMI) version 6.0.1.0, 3 mars 2015. Prévalence mesurée objectivement tirée des enquêtes sur la santé de la population canadienne (voir la section Sources des données pour les détails). Les enfants et adolescents sont âgés de 6 à 17 ans; les adultes de 18 à 79 ans; la population a entre 6 et 79 ans.

Conclusion

Notre analyse de trois cycles récents de l’ECMS révèle que le taux de prévalence de l’obésité fondé sur des mesures objectives de l’IMC s’est stabilisé chez les enfants et les adolescents, mais a augmenté légèrement chez les adultes. Nos projections laissent penser que, malgré une stabilisation de la prévalence de l’obésité chez les enfants et les adolescents, si aucune nouvelle mesure efficace n’est mise en place relativement à la tendance chez les adultes, l’obésité mesurée objectivement augmentera au cours des deux prochaines décennies, affectant plus d’1 adulte canadien sur 3 d’ici 2031. Ces projections obtenues à l’aide d’un modèle validé de microsimulation de santé de la populationNote de bas de page 18 fournissent un point de référence réaliste pour comparer les nouvelles données de surveillance afin de mettre en lumière les changements dans les tendances relatives à l’obésité chez les enfants et les adultes canadiens.

Références

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