Aperçu – Tendances en matière de cancer au Canada, 1984-2015

Alain A. Demers, Ph. D.Rattachement d'auteur 1Rattachement d'auteur 2; Darren R. Brenner, Ph. D.Rattachement d'auteur 3; Leah Smith, Ph. D.Rattachement d'auteur 4; Amanda Shaw, M. Sc.Rattachement d'auteur 1

https://doi.org/10.24095/hpcdp.39.11.04f

Rattachement des auteurs :

Rattachement d'auteur 1

Agence de la santé publique du Canada, Ottawa (Ontario), Canada

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Rattachement d'auteur 2

Département des sciences de la santé communautaire, Université du Manitoba, Winnipeg (Manitoba), Canada

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Rattachement d'auteur 3

Départements d'oncologie et des sciences de la santé communautaire, École de médecine Cumming, Université de Calgary, Calgary (Alberta), Canada

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Rattachement d'auteur 4

Société canadienne du cancer, St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador), Canada

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Correspondance : Alain Demers, Centre de surveillance et de recherche appliquée, Agence de la santé publique du Canada, 785, avenue Carling, pièce 611B2, Ottawa (Ontario)  K1A 0K9; tél. : 613-797-2129; courriel : alain.demers@canada.ca

Résumé

L'étude des tendances portant sur l'incidence de tous les types de cancers confondus effectuée afin de comprendre les tendances en matière de cancer peut donner lieu à des conclusions erronées, car ces tendances sont variables selon le type de cancer. Cet article présente les résultats concernant les tendances tirées des Statistiques canadiennes sur le cancer 2019 en utilisant la variation annuelle en pourcentage (VAP) des taux d'incidence normalisés selon l'âge. Parmi les résultats, notons une hausse récente du taux d'incidence du cancer de la glande thyroïde chez les hommes (VAP : 6,4 %, 1997-2015) ainsi qu'une diminution des taux d'incidence du cancer de la prostate (VAP : −9,1 %, 2011-2015) et du cancer du col de l'utérus (VAP : −3,3 %, 2010-2015).

Mots-clés : néoplasmes, analyse des données, tendance, cancer

Points saillants

  • Les tendances liées à l'incidence de certains cancers évoluent rapidement au Canada.
  • Les tendances récentes révèlent une augmentation des taux d'incidence de cancer de la glande thyroïde chez les hommes, ce qui incite à étudier les répercussions potentielles de surdiagnostic.
  • L'incidence du cancer de la prostate connaît une diminution rapide, ce qui témoigne vraisemblablement des changements récents apportés aux lignes directrices en matière de dépistage.

Introduction

On considère souvent que les tendances en matière de maladies chroniques sont stables ou offrent de faibles variations au sein des populations. Par exemple, le taux d'incidence du diabète au Canada est passé de 6,7 pour 1 000 habitants en 2003‑2004 à 6,3 pour 1 000 habitants en 2013‑2014Note de bas de page 1. Jusqu'en 2011, avant que les taux d'incidence de cancer de la prostate amorcent un déclin rapide, cette perception de stabilité relative pouvait également s'appliquer à l'ensemble des cancers dans la mesure où ils étaient présentés de façon groupée. Selon le rapport Statistiques canadiennes sur le cancer 2019 (SCC 2019), entre 1984 et 2015, les taux d'incidence du cancer au Canada ont ainsi augmenté de 0,1 % par année en moyenneNote de bas de page 2. Cependant, ce portrait collectif est trompeur, car les tendances ont varié de manière considérable selon le type de cancer et la période2.

La surveillance de l'incidence de chaque type de cancer au fil du temps peut permettre de relever les tendances émergentes et de mettre en évidence les secteurs où des progrès ont été réalisés et ceux où des ressources et des travaux additionnels sont nécessaires. Cet article a pour objet de présenter les résultats du rapport SCC 2019 en matière d'évolution des tendances liées à l'incidence des cancers au Canada, en accordant une attention particulière aux profils de variation pour chaque type de cancer.

Méthodologie

Les données sont tirées du chapitre sur l'incidence des cancers du rapport SCC 2019Note de bas de page 2, qui porte sur la période 1984 à 2015. Le Québec n'a pas été inclus dans ce rapport, car les données pour cette province n'étaient disponibles que jusqu'en 2010. Le Registre canadien du cancer (RCC)Note de bas de page 3 a été utilisé comme source de données pour la période 1992 à 2015 et le Système national de déclaration des cas de cancer (SNDCC) pour la période antérieure à 1992.

Toutes les analyses ont été effectuées par l'Agence de la santé publique du Canada. Les taux d'incidence normalisés selon l'âge (TINA) ont été calculés au moyen de la méthode de normalisation directe en fonction de la répartition par âge de la population canadienne en 2011, pour chaque tranche d'âge de cinq ans. Le logiciel d'analyse JoinpointNote de bas de page 4 (version 4.6.0.0) a été utilisé pour calculer la variation annuelle en pourcentage (VAP) au moyen des TINA annuels pour chaque type de cancer et pour toute la période (1984-2015), afin de déterminer les années au cours desquelles la VAP avait changé de façon significative. Pour établir la tendance, il fallait disposer d'au moins cinq années de données. Ainsi, la période la plus récente pour établir une tendance était 2011-2015. Par ailleurs, les paramètres par défaut du logiciel Joinpoint ont été utilisés. Au total, 23 types de cancer ont été étudiés.

Résultats et analyse

Le tableau 1 présente toutes les tendances relevées par Joinpoint entre 1984 et 2015, tandis que la figure 1 détaille la tendance la plus récente. Dans la figure 1, les données sont présentées pour chaque sexe et sont réparties entre cancers dont l'incidence a connu une hausse ou une baisse significatives (valeur p < 0,05 ou valeur p < 0,001) et cancers dont l'incidence est demeurée stable (valeur p ≥ 0,05). Nous revenons sur certains de ces résultats dans la suite du texte.

Tableau 1. Variation annuelle en pourcentage (VAP) des taux d'incidence normalisés selon l'âge (TINA), selon le siège de cancer et le sexe, Canada (à l'exception du Québec), 1984-2015
Type de cancer Hommes Femmes
Année VAP Valeur p Année VAP Valeur p
de à de à
Bouche 1984 2004 −2,5 < 0,001 1984 2003 −1,0 < 0,001
2004 2011 2,1 0,003 2003 2015 0,7 0,028
2011 2015 −0,1 0,94
Œsophage 1984 2006 0,3 0,020 1984 2015 −0,4 < 0,001
2006 2010 4,3 0,068
2010 2015 −2,4 0,015
Estomac 1984 2002 −2,5 < 0,001 1984 1999 −3,0 < 0,001
2002 2015 −1,1 < 0,001 1999 2015 −0,8 < 0,001
Colorectal 1984 1996 −0,7 < 0,001 1984 1996 −1,5 < 0,001
1996 2000 0,9 0,33 1996 2000 1,2 0,23
2000 2011 −0,5 0,001 2000 2011 −0,5 < 0,001
2011 2015 −2,2 < 0,001 2011 2015 −1,9 0,002
Foie 1984 2011 3,8 < 0,001 1984 2015 2,7 < 0,001
2011 2015 0,2 0,88
Pancréas 1984 2000 −1,5 < 0,001 1984 2015 0,1 0,58
2000 2015 0,8 0,009
Larynx 1984 2015 −2,6 < 0,001 1984 1991 0,7 0,64
1991 2015 −3,0 < 0,001
Poumon et bronches 1984 1990 −0,6 0,087 1984 1993 2,9 < 0,001
1990 2003 −2,2 < 0,001 1993 2011 0,9 < 0,001
2003 2011 −0,9 0,002
2011 2015 −3,3 < 0,001 2011 2015 −1,3 0,043
Mélanome 1984 2015 2,2 < 0,001 1984 1994 0,1 0,79
1994 2015 2,0 < 0,001
Sein 1984 2015 0,5 0,015 1984 1991 2,1 < 0,001
1991 2015 −0,2 0,010
Col de l'utérus s.o. 1984 2006 −2,1 < 0,001
2006 2010 1,5 0,41
2010 2015 −3,3 < 0,001
Utérus s.o. 1984 1990 −1,5 0,063
1990 2006 0,5 0,013
2006 2011 3,7 0,002
2011 2015 0,1 0,92
Ovaire s.o. 1984 1994 −1,7 < 0,001
1994 2015 −0,4 0,001
Prostate 1984 1993 6,3 < 0,001 s.o.
1993 1997 −3,0 0,38
1997 2001 4,1 0,23
2001 2011 −1,6 0,006
2011 2015 −9,1 < 0,001
Testicule 1984 2015 1,3 < 0,001 s.o.
Vessie 1984 2009 −1,0 < 0,001 1984 2009 −0,9 < 0,001
2010 2015 −1,5 0,052 2010 2015 −1,3 0,18
Rein et bassinet du rein 1984 1989 4,0 0,005 1984 2015 1,0 < 0,001
1989 2003 0,1 0,64
2003 2011 2,8 < 0,001
2011 2015 −0,3 0,76
Encéphale/SNC 1984 2009 −0,2 0,081 1984 2011 −0,3 0,002
2009 2015 −1,9 0,012 2011 2015 −3,2 0,059
Thyroïde 1984 1997 2,8 0,002 1984 1998 3,8 < 0,001
1997 2015 6,4 < 0,001 1998 2002 11,9 < 0,001
2002 2011 6,5 < 0,001
2011 2015 0,1 0,94
Lymphome de Hodgkin 1984 2015 −0,4 < 0,001 1984 2015 0,0 0,74
Lymphome non hodgkinien 1984 2015 1,3 < 0,001 1984 1993 2,2 < 0,001
1993 2015 0,9 < 0,001
Myélome multiple 1984 2007 0,3 0,077 1984 2015 0,6 < 0,001
2007 2015 2,6 < 0,001
Leucémie 1984 1994 −0,9 0,067 1984 2003 −0,2 0,18
1994 2015 0,7 < 0,001 2003 2007 3,7 0,071
2007 2015 −0,6 0,14

Source des données : Comité consultatif de la Société canadienne du cancer. Statistiques canadiennes sur le cancer 2019. Toronto (Ontario) : Société canadienne du cancer; 2019.

Abréviations : SNC, système nerveux central; s.o., sans objet; VAP, variation annuelle en pourcentage.

Figure 1. Variation annuelle en pourcentage (VAP) la plus récenteFigure 1 Note de bas de page a des taux d'incidence normalisés selon l'âge (TINA), selon le siège de cancer et le sexe, Canada (à l'exception du Québec)

Hommes

Figure 1A

Équivalent textuel
Type de cancer (période) Variation annuelle en pourcentage Valeur p
Prostate (2011 à 2015) −9,1 p < 0,001
Poumon et bronches (2011 à 2015) −3,3 p < 0,001
Larynx (1984 à 2015) −2,6 p < 0,001
Œsophage (2010 à 2015) −2,4 0,001 ≤ p < 0,05
Colorectal (2011 à 2015) −2,2 p < 0,001
Encéphale et SNC (2009 à 2015) −1,9 0,001 ≤ p < 0,05
Estomac (2002 à 2015) −1,1 p < 0,001
Lymphome de Hodgkin (1984 à 2015) −0,4 p < 0,001
Vessie (2010 à 2015) −1,5 p ≥ 0,05
Rein et bassinet du rein (2011 à 2015) −0,3 p ≥ 0,05
Bouche (2011 à 2015) −0,1 p ≥ 0,05
Foie (2011 à 2015) 0,2 p ≥ 0,05
Sein (1984 à 2015) 0,5 0,001 ≤ p < 0,05
Leucémie (1994 à 2015) 0,7 p < 0,001
Pancréas (2000 à 2015) 0,8 0,001 ≤ p < 0,05
Lymphome non hodgkinien (1984 à 2015) 1,3 p < 0,001
Testicule (1984 à 2015) 1,3 p < 0,001
Mélanome (1984 à 2015) 2,2 p < 0,001
Myélome multiple (2007 à 2015) 2,6 p < 0,001
Thyroïde (1997 à 2015) 6,4 p < 0,001
Femmes

Figure 1B

Source des données : Comité consultatif de la Société canadienne du cancer. Statistiques canadiennes sur le cancer 2019. Toronto (Ont.) : Société canadienne du cancer; 2019.

Abréviation : SNC, système nerveux central.

Figure 1 Note de bas de page a

Les VAP ont été calculées pour la période 1984 à 2015. Si un ou plusieurs changements significatifs ont été observés dans la tendance des taux, la VAP reflète la tendance depuis le plus récent changement significatif jusqu'en 2015. Si aucun changement significatif n'a été observé, la VAP reflète la tendance des taux sur toute la période.

Figure 1 Retour à la référence de la note de bas de page a

Équivalent textuel
Type de cancer (période) Variation annuelle en pourcentage Valeur p
Col de l'utérus (2010 à 2015) −3,3 p < 0,001
Larynx (1991 à 2015) −3,0 p < 0,001
Colorectal (2011 à 2015) −1,9 0,001 ≤ p < 0,05
Poumon et bronches (2011 à 2015) −1,3 0,001 ≤ p < 0,05
Estomac (1999 à 2015) −0,8 p < 0,001
Ovaire (1994 à 2015) −0,4 0,001 ≤ p < 0,05
Œsophage (1984 à 2015) −0,4 p < 0,001
Sein (1991 à 2015) −0,2 0,001 ≤ p < 0,05
Encéphale et SNC (2011 à 2015) −3,2 p ≥ 0,05
Vessie (2010 à 2015) −1,3 p ≥ 0,05
Leucémie (2007 à 2015) −0,6 p ≥ 0,05
Lymphome de Hodgkin (1984 à 2015) 0,0 p ≥ 0,05
Thyroïde (2011 à 2015) 0,1 p ≥ 0,05
Utérus (2011 à 2015) 0,1 p ≥ 0,05
Pancréas (1984 à 2015) 0,1 p ≥ 0,05
Myélome multiple (1984 à 2015) 0,6 p < 0,001
Bouche (2003 à 2015) 0,7 0,001 ≤ p < 0,05
Lymphome non hodgkinien (1993 à 2015) 0,9 p < 0,001
Rein et bassinet du rein (1984 à 2015) 1,0 p < 0,001
Mélanome (1994 à 2015) 2,0 p < 0,001
Foie (1984 à 2015) 2,7 p < 0,001

Le taux d'incidence du cancer de la glande thyroïde s'est stabilisé chez les femmes, après avoir augmenté pendant de nombreuses années, mais il connaît toujours une hausse rapide chez les hommes. Cette hausse pourrait être attribuable au surdiagnostic découlant de l'utilisation accrue des technologies de diagnostic comme l'échographieNote de bas de page 5, mais des études récentes montrent également une augmentation de l'incidence des tumeurs papillaires à un stade avancé, suggérant que l'augmentation globale pourrait ne pas être entièrement attribuable au surdiagnosticNote de bas de page 6. L'augmentation de l'incidence du myélome multiple chez les hommes et les femmes pourrait être liée à la prévalence accrue de l'obésitéNote de bas de page 7. Elle pourrait également être attribuable à l'amélioration de la détection et de la vérification des cas, car le taux de myélome est relativement stable dans les pays où la vérification est élevéeNote de bas de page 8Note de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12. Les taux d'incidence du mélanome continuent d'augmenter chez les hommes comme chez les femmes. L'exposition au rayonnement ultraviolet provenant du soleil, des lits de bronzage et des lampes solaires est un facteur de risque bien établi du mélanomeNote de bas de page 13. L'augmentation de l'exposition à la lumière ultraviolette en l'absence d'une augmentation correspondante des comportements liés à la protection solaire explique probablement la hausse des tauxNote de bas de page 14.

Le cancer du larynx est fortement associé au tabagismeNote de bas de page 15, et la tendance à la baisse observée chez les hommes comme chez les femmes correspond probablement à la tendance à la baisse des taux de tabagisme au CanadaNote de bas de page 16Note de bas de page 17. Les mêmes observations expliquent probablement la tendance récente du TINA du cancer du poumon chez les hommes et les femmes. Le déclin récent du TINA du cancer colorectal est probablement attribuable en partie à l'augmentation du dépistage, qui permet de détecter des polypes précancéreux traitables. Depuis 2007, la majorité des provinces et des territoires ont mis en œuvre un programme structuré de dépistage du cancer colorectalNote de bas de page 18. Bien que cela ne soit pas clairement indiqué dans le rapport, des taux d'incidence accrus ont été déclarés chez les plus jeunes, ce qui est probablement attribuable en partie à la prévalence de l'obésitéNote de bas de page 19. Le TINA du cancer de l'œsophage est à la baisse tant chez hommes que chez les femmes. Au nombre des facteurs de risque de ce cancer figurent l'obésité, la consommation d'alcool et la consommation de tabacNote de bas de page 20. Alors que l'obésitéNote de bas de page 7 et les ventes de boissons alcooliséesNote de bas de page 21 ont augmenté au Canada, les baisses antérieures de la consommation de tabacNote de bas de page 22 pourraient expliquer le déclin des taux d'incidence. Le TINA du cancer du foie s'est stabilisé chez les hommes, alors qu'il est toujours à la hausse chez les femmes. Les augmentations liées au type de cancer le plus fréquent, soit le carcinome hépatocellulaire (CHC), sont généralement attribuables aux infections chroniques par le virus de l'hépatite B et le virus de l'hépatite C, ainsi qu'à la consommation excessive d'alcool et au diabète, tous deux en croissanceNote de bas de page 23. La prévalence du CHC étant plus élevée dans certains pays à faible revenu, l'augmentation au Canada pourrait s'expliquer en partie par l'augmentation du nombre d'immigrants provenant de régions où le CHC est fréquent, en particulier certaines régions de l'Asie et de l'AfriqueNote de bas de page 24.

Le TINA du cancer du sein chez la femme décline lentement depuis 1991. Cette tendance est vraisemblablement attribuable au dépistage mammographique et aux modifications à long terme des facteurs de risqueNote de bas de page 25. Le cancer du col de l'utérus connaît une baisse, explicable en grande partie par le dépistage systématique au moyen du test de Papanicolaou (Pap). Toutes les provinces du Canada (à l'exception du Québec) ont mis en place un programme organisé de dépistage du cancer du col de l'utérus. Il est recommandé dans les lignes directrices actuelles de procéder au dépistage tous les deux ou trois ans, à partir de 21 ou 25 ans et jusqu'à 65 ou 70 ansNote de bas de page 26. Au cours des prochaines années, le taux d'incidence du cancer du col de l'utérus devrait continuer à diminuer grâce à la vaccination contre le virus du papillome humainNote de bas de page 27. Au fil du temps, le TINA du cancer de la prostate a suivi la même tendance que l'utilisation du dépistage au moyen du dosage de l'antigène prostatique spécifique (APS) au CanadaNote de bas de page 28. En 2014, le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs a déconseillé le dépistage par dosage de l'APS chez les hommes de tous âges en raison du manque de données probantes sur les avantages ainsi qu'en raison des risques de surdiagnostic et des inconvénients liés à un traitement non nécessaireNote de bas de page 29. À l'heure actuelle, on observe une diminution rapide des TINA du cancer de la prostate.

En 2014, Action Cancer Ontario a mis en œuvre un nouveau système de déclaration des cas de cancer, qui s'est traduit par plusieurs améliorations au chapitre du recensement des cas de cancer, notamment l'enregistrement des cas de cancer de la vessie in situ, qui n'avaient pas été enregistrés auparavantNote de bas de page 30. Les données recueillies depuis 2010 ont été ajoutées au système de façon rétrospective, ce qui a donné lieu à une augmentation apparente des cas nouveaux de cancer de la vessie à partir de 2010. Bien que la tendance à la baisse du taux d'incidence du cancer de la vessie entre 2010 et 2015 soit comparable à celle observée entre 1984 et 2009, cette période est trop courte pour que l'observation soit significative. Nous avons eu à créer une analyse Joinpoint en 2010 pour rendre compte de ces données rétrospectives.

Les cancers de l'encéphale et du système nerveux central (SNC) ont connu une baisse annuelle de 3,9 % chez les femmes entre 2011 et 2015, mais non statistiquement significative (p = 0,059). Cette absence de signification statistique s'explique probablement par la courte période visée et par la variabilité des taux annuels. Chez les hommes, on assiste à une baisse significative de 1,9 % par année depuis 2009.

Conclusion

D'après nos résultats, les tendances en matière d'incidence du cancer au Canada sont dynamiques et spécifiques à chaque type de cancer. Les dernières tendances révèlent une augmentation des taux de cancer de la glande thyroïde chez les hommes, ce qui incite à vérifier les répercussions potentielles de surdiagnostic sur l'incidence du cancer. À l'inverse, les taux d'incidence des autres cancers ont récemment diminué, plus particulièrement pour le cancer de la prostate et celui du col de l'utérus. Le déclin des taux d'incidence de ces deux cancers met en évidence les répercussions potentielles de l'amélioration des lignes directrices en matière de dépistage fondées sur les données probantes. Plus précisément, la diminution du surdépistage (cancer de la prostate) et la mise en œuvre d'un dépistage systématique (cancer du col de l'utérus) peuvent avoir mené à un déclin de l'incidence.

Conflits d'intérêts

Les auteurs déclarent n'avoir aucun conflit d'intérêts.

Contributions des auteurs et avis

Tous les auteurs ont contribué à la conception, à la conceptualisation et à la révision du manuscrit. La mise en place ainsi que l'analyse et l'interprétation des données ont été réalisées par l'Agence de la santé publique du Canada.

Le contenu de l'article et les points de vue qui y sont exprimés n'engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas obligatoirement à ceux du gouvernement du Canada.

Références

Note de bas de page 1

Gouvernement du Canada. Le diabète au Canada [Internet]. Ottawa (Ont.) : Gouvernement du Canada; 2017 [modification le 14 novembre 2017; consultation le 3 juillet 2019]. En ligne à : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/diabete-canada-faits-saillants-systeme-surveillance-maladies-chroniques.html

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Note de bas de page 2

Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer. Statistiques canadiennes sur le cancer 2019. Toronto (Ontario) : Société canadienne du cancer; 2019. 98 p.

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Note de bas de page 3

Statistique Canada. Registre canadien du cancer (RCC) [Internet]. Ottawa (Ontario) : Gouvernement du Canada; 2019 [modification le 28 janvier 2019; consultation le 5 mars 2019]. En ligne à : http://www23.statcan.gc.ca/imdb/p2SV_f.pl?Function=getSurvey&SDDS=3207

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Note de bas de page 4

National Cancer Institute, Division of Cancer Control & Population Sciences, Surveillance Research Program. Joinpoint trend analysis software, version 4.6.0.0. Bethesda (MD): National Cancer Institute; 2019 [consultation le 6 mars 2019]. En ligne à : https://surveillance.cancer.gov/joinpoint

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Note de bas de page 9

Andres M, Feller A, Arndt V, NICER Working Group. Trends of incidence, mortality, and survival of multiple myeloma in Switzerland between 1994 and 2013. Cancer Epidemiol. 2018;53:105-110.

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Note de bas de page 10

Kyle RA, Therneau TM, Rajkumar SV, Larson DR, Plevak MF, Melton LJ 3rd. Incidence of multiple myeloma in Olmsted County, Minnesota: trend over 6 decades. Cancer. 2004;101(11):2667-2674.

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Note de bas de page 11

Renshaw C, Ketley N, Moller H, Davies EA. Trends in the incidence and survival of multiple myeloma in South East England 1985-2004. BMC Cancer. 2010;10:74.

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Note de bas de page 12

Soutar RL, Dawson AA, Wilson BJ. Multiple myeloma in north east Scotland: a review of incidence and survival over three decades. Health Bull. 1996;54(3):232-240.

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Note de bas de page 13

Centre international de recherche sur le cancer. Exposure to artificial UV radiation and skin cancer. Genève : Organisation mondiale pour la santé; 2006. 76 p.

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Note de bas de page 14

National Skin Cancer Prevention Committee. Exposure to and protection from the sun in Canada: a report based on the 2006 Second National Sun Survey. Toronto (Ont.): Canadian Partnership Against Cancer; 2010.

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Note de bas de page 15

IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans. Tobacco smoke and involuntary smoking. IARC Monogr Eval Carcinog Risks Hum. 2004;83:1-1438.

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Note de bas de page 16

Statistique Canada. Enquête canadienne sur le tabac, l'alcool et les drogues (ECTAD) : sommaire de 2013 [Internet]. Ottawa (Ont.) : Santé Canada; 2015 [modification le 3 février 2015; consultation le 30 mars 2019]. En ligne à : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/enquete-canadienne-tabac-alcool-et-drogues/sommaire-2013.html

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Note de bas de page 17

Santé Canada. Enquête de surveillance canadienne de la consommation d'alcool et de drogues (ESCCAD) [Internet]. 2014 [modification le 8 avril 2014; consultation le 30 mars 2019]. En ligne à : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/preoccupations-liees-sante/prevention-traitement-toxicomanie/enquete-surveillance-canadienne-consommation-alcool-drogues.html

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Note de bas de page 18

Major D, Bryant H, Delaney M, et al. Colorectal cancer screening in Canada: results from the first round of screening for five provincial programs. Curr Oncol 2013;20(5):252-7.

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Note de bas de page 19

Cancer Care Ontario. Cancer fact - Colorectal cancer incidence increasing in younger adults [Internet]. 2016 [consultation le 30 mars 2019]. En ligne à : https://www.cancercareontario.ca/en/cancer-facts/colorectal-cancer-increasing-younger-adults

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Note de bas de page 20

Otterstatter MC, Brierley JD, De P, et al. Esophageal cancer in Canada: trends according to morphology and anatomical location. Can J Gastroenterol. 2012;26(10):723-727.

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Note de bas de page 21

Agriculture et Agroalimentaire Canada. Tendances de la consommation : vin, bière et spiritueux au Canada. Ottawa (Ont.) : Gouvernement du Canada; 2013. 21 p.

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Note de bas de page 22

Organisation for Economic Co-operation Development (OECD). Daily smokers. 2018 [consultation le 30 mars 2019]. En ligne à : https://data.oecd.org/healthrisk/daily-smokers.htm

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Note de bas de page 23

Trad D, Bibani N, Sabbah M, et al. Known, new and emerging risk factors of hepatocellular carcinoma (review). Presse Med 2017;46(11):1000-1007.

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Note de bas de page 24

Bosetti C, Turati F, La Vecchia C. Hepatocellular carcinoma epidemiology. Best Pract Res Clin Gastroenterol. 2014;28(5):753-770.

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Note de bas de page 25

Holford TR, Cronin KA, Mariotto AB, et al. Changing patterns in breast cancer incidence trends. J Natl Cancer Inst Monogr. 2006;(36):19-25.

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Note de bas de page 26

Partenariat canadien contre le cancer. Dépistage du cancer du col de l'utérus au Canada : analyse de l'environnement (2018). Toronto (Ont.) : Partenariat canadien contre le cancer; 2018 [consultation le 30 mars 2019]. En ligne à : https://www.partnershipagainstcancer.ca/fr/topics/cervical-cancer-screening-environmental-scan-2018

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Note de bas de page 27

Comité consultatif de la Société canadienne du cancer. Statistiques canadiennes sur le cancer 2016. Toronto (Ont.) : Société canadienne du cancer; 2016. 152 p.

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Note de bas de page 28

LeBlanc AG, Demers A, Shaw A. Tendances récentes liées au cancer de la prostate au Canada. Rapports sur la santé. 2019;30(4):14-20.

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Note de bas de page 29

Bell N, Connor Gorber S, Shane A, et al. Recommendations on screening for prostate cancer with the prostate-specific antigen test. CMAJ 2014;186(16):1225-1234.

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Note de bas de page 30

Cancer Care Ontario. Ontario cancer statistics 2018. Toronto (Ont.): Cancer Care Ontario; 2018. 172 p.

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