Aperçu – Conditions de logement et état de santé des aînés d’après l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2018
Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada
Sebastian A. Srugo, B.H.S.; Ying Jiang, M.D., M. Sc.; Margaret de Groh, Ph. D.
https://doi.org/10.24095/hpcdp.40.1.03f
Rattachement des auteurs :
Agence de la santé publique du Canada, Ottawa (Ontario) Canada
Correspondance : Margaret de Groh, Centre de surveillance et de recherche appliquée, Direction générale de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques, Agence de la santé publique du Canada, 785, avenue Carling, Ottawa (Ontario) K1S 5H4, tél. : 613-614-2045, courriel : Margaret.degroh@canada.ca
Résumé
À l’heure actuelle, au Canada, un aîné sur trois répond aux critères d’un vieillissement réussi, soit une faible probabilité de maladie et d’incapacité, des aptitudes cognitives et physiques élevées et une participation active à la vie. Les caractéristiques sociodémographiques des personnes vivant seules permettent de cibler les aînés à risque élevé, étant donné l’association avec un soutien et des interactions sociales souvent plus faibles, ce qui rend cette population plus susceptible de souffrir de problèmes de santé à un âge avancé. Il existe pourtant peu de données sur les conditions de logement des aînés canadiens. Dans cette analyse, nous présentons les caractéristiques sociodémographiques et les mesures de la santé et du bien-être social des personnes âgées en fonction de leurs conditions de logement. Ces données devraient servir à identifier et à soutenir les aînés vulnérables et à accroître la prévalence d’un vieillissement en santé chez les Canadiens.
Mots-clés : conditions de logement, aînés, vieillissement en santé
Points saillants
- Une compréhension des conditions de logement pourrait aider les gens qui développent les programmes d’intervention à mieux cibler les aînés courant un risque plus élevé de problèmes de santé à un âge avancé.
- D’après nos résultats, les femmes, les personnes plus âgées, à faible revenu, divorcées ou séparées, vivant en milieu urbain, locataires et moins scolarisées étaient plus susceptibles de vivre seules.
- Les aînés vivant seuls étaient également plus susceptibles de faire état d’une perception défavorable de leur santé et de leur bien-être social.
- Ces résultats peuvent servir à mieux cibler les politiques et les programmes visant à améliorer l’état de santé des aînés.
Introduction
En raison de l’augmentation de l’espérance de vieNote de bas de page 1 et de la baisse des taux de féconditéNote de bas de page 2, la proportion d’aînés au Canada augmente plus rapidement que jamais. En 2011, cette tendance a commencé à s’accélérer lorsque les premiers baby-boomers ont fêté leurs 65 ans. Les aînés sont maintenant plus de 6 millions (1 personne sur 6) au CanadaNote de bas de page 3 et, pour la première fois, sont plus nombreux que les enfants de 0 à 14 ansNote de bas de page 4. De plus, les tendances actuelles laissent penser que ce groupe d’âge continuera à augmenter : la proportion d’aînés devrait atteindre 1 sur 5 d’ici 2024 et 1 sur 4 d’ici 2055Note de bas de page 3. Il sera de plus en plus important de mettre en œuvre des politiques et des programmes visant à promouvoir la santé des personnes âgées, car seulement environ 1 aîné sur 3 répond actuellement aux critères d’un vieillissement réussiNote de bas de page 5 définis par Rowe et KahnNote de bas de page 6 : une faible probabilité de maladie et d’incapacité, des aptitudes cognitives et physiques élevées et une participation active à la vie.
Des études internationales récentes ont montré que les conditions de logement des aînés sont un facteur déterminant d’un vieillissement en santé, dans la mesure où elles permettent de prédire le soutien social et les interactions. On a ainsi montré que les aînés vivant en couple étaient plus susceptibles d’avoir des taux d’incidence plus faibles de démenceNote de bas de page 7, une meilleure santé mentale et moins de limitations à leur participation à toutes les dimensions de la vie (vie sociale, travaux ménagers et activités de loisirs) dues à la multimorbiditéNote de bas de page 8, que ceux qui vivaient avec des membres de leur famille présentaient des taux moindres de maladies chroniques et aiguësNote de bas de page 9, et que ceux qui vivaient avec d’autres personnes faisaient état d’une meilleure santé mentale et de davantage de soutien social et de la pratique de davantage d’activités physiques que ceux vivant seulsNote de bas de page 10. Toutefois, seules quelques études ont évalué les conditions de logement des aînés canadiensNote de bas de page 11,Note de bas de page 12,Note de bas de page 13,Note de bas de page 14 et aucune n’a tenté de cibler les sous-populations d’aînés plus susceptibles de vivre seuls, condition qui les rend plus à risque de souffrir de problèmes de santé à un âge avancé. De plus, la moitié de ces études portaient uniquement sur les aînés canadiens d’origine asiatiqueNote de bas de page 13,Note de bas de page 14. Des données récentes et exhaustives sur ce sujet sont nécessaires pour cerner et combler les lacunes dans la promotion d’un vieillissement en santé chez les aînés.
L’objectif de cette brève analyse était d’examiner les conditions de logement des aînés canadiens dans l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) la plus réecente (2018) en fonction de critères sociodémographiques, de santé et de bien-être social, stratifiés selon le sexe.
Méthodologie
L’ESCC est une enquête transversale annuelle qui recueille des données représentatives sur l’état de santé et les déterminants de la santé de la population canadienne ne résidant pas en établissement, et ce, dans toutes les provincesNote de bas de page 15. Les habitants des territoires ont été exclus de la composante annuelle en raison de la petite taille des échantillons et de leur absence de représentativitéNote de bas de page 15. Nous avons utilisé les données du cycle de l’ESCC de 2018 correspondant aux personnes de 65 ans et plus vivant dans en ménage privé et ayant répondu à la question sur les conditions de logement. Nous avons utilisé, pour cette analyse, l’information sur les conditions de logement, les caractéristiques sociodémographiques (groupe d’âge, origine ethnique, quintile de revenu du ménage au niveau de la région sanitaire, état matrimonial, région de résidence, type de milieu [urbain ou rural], propriété de la résidence, niveau de scolarisation du répondant et taille du ménage) et le bien-être autodéclaré (santé perçue, santé mentale perçue, satisfaction dans la vie et sens d’appartenance à la collectivité). Le ratio de revenu du ménage mesure le revenu du ménage d’un répondant par rapport à celui des autres résidents de sa région sanitaire, ajusté pour la taille du ménage et de la collectivitéNote de bas de page 15. Un milieu urbain (centre de population) est défini comme une zone comptant au moins 1 000 habitants et ayant une densité minimale de 400 personnes au kilomètre carré. Toutes les autres zones sont considérées comme ruralesNote de bas de page 15. Nous avons stratifié les statistiques descriptives selon le sexe et les avons pondérées avec des méthodes d’autoamorçage (bootstrap) afin de produire des données représentatives de la population d’aînés canadiens habitant dans les provinces. Il importe de noter qu’en 2016, l’ESCC contenait une question demandant aux répondants s’ils étaient un homme ou une femme. Nous reconnaissons que le genre d’une personne influence ses perceptions et ses comportements, et cela devrait être pris en compte lors de l’interprétation de nos résultats. Les données sont présentées en pourcentage avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % respectant la méthode d’autoamorçage et ont été comparées avec le test Rao-Scott 𝜒2. Toutes les analyses ont été effectuées à l’aide de la version 5.1 du logiciel SAS Enterprise Guide (SAS Institute Inc., Cary, Caroline du Nord, États-Unis).
Résultats
Au total, 8 261 aînées et 6 532 aînés ayant répondu à l’ESCC de 2018 ont été inclus dans nos analyses. Les données sur les conditions de logement des femmes (tableau 1) et celles des hommes (tableau 2) ont été pondérées et stratifiées selon les caractéristiques choisies. Les femmes étaient presque deux fois plus susceptibles de vivre seules (35,7 % contre 19,1 %) et 1,5 fois moins susceptibles d’habiter en couple (48,9 % contre 71,3 %) que les hommes. Pour les deux sexes, la probabilité de vivre seul augmentait pour les participants plus âgés, à faible revenu, divorcés ou séparés, vivant en milieu urbain, locataires et moins scolarisés. Les caractéristiques opposées étaient associées à une vie en couple (répondant plus jeune, à revenu plus élevé, marié ou en union libre, résidant en milieu rural, propriétaire et plus scolarisé). Les Asiatiques étaient plus susceptibles de vivre avec des enfants ou d’autres personnes (apparentées ou non) et moins susceptibles de vivre seuls (pour les deux sexes). Pour les aînés des deux sexes, les conditions de logement ne différaient pas selon la région. Quelques différences entre les sexes ont toutefois pu être établies. Chez les femmes, les participantes blanches étaient plus susceptibles de vivre en couple que les Asiatiques et les personnes d’origines ethniques « autres » (p. ex. noires, latino-américaines et arabes), alors qu’aucune différence en fonction de l’origine ethnique n’a été observée chez les hommes vivant en couple. Les femmes locataires étaient beaucoup plus susceptibles de vivre seules qu’en couple (62,4 % contre 25 %), mais aucune tendance semblable n’a été observée chez les hommes locataires (45,5 % contre 47,9 %). Enfin, la prévalence de la vie de couple augmentait avec le niveau de scolarité chez les deux sexes, quoique le plus grand écart ait été observé entre les femmes n’ayant pas terminé leurs études secondaires et celles ayant obtenu leur diplôme d’études secondaires (femmes : 38,6 % contre 52,7 %; hommes : 64,9 % contre 74,1 %).
Caractéristiques | Femmes vivant seules (n = 4 313) |
Femmes vivant en coupleNote a (n = 3 214) |
AutresNote b (n = 734) | Valeur de p |
---|---|---|---|---|
Effectif pondéré (%) | 1 170 194 (35,7) | 1 604 305 (48,9) | 507 312 (15,5) | s.o. |
Groupe d’âge | < 0,001 | |||
65 à 74 | 28,4 (26,3 à 30,4) | 57,1 (54,8 à 59,5) | 14,5 (12,3 à 16,7) | |
75 à 84 | 42,6 (39,5 à 45,7) | 43,0 (39,7 à 46,3) | 14,5 (11,5 à 17,4) | |
85 ans ou plus | 58,4 (53,1 à 63,6) | 18,3 (13,7 à 22,9) | 23,3 (18,3 à 28,4) | |
Origine ethnique | < 0,001 | |||
Blanc | 36,8 (35,0 à 38,6) | 50,9 (49,1 à 52,7) | 12,3 (10,8 à 13,9) | |
Autochtone | 34,1 (25,6 à 42,6) | 51,3 (41,0 à 61,7) | 14,6 (7,6 à 21,6) | |
AsiatiqueNote c | 16,0 (10,6 à 21,4) | 38,7 (30,1 à 47,2) | 45,3 (35,9 à 54,8) | |
AutresNote d | 38,6 (28,2 à 49,0) | 34,3 (24,3 à 44,3) | 27,1 (16,3 à 37,8) | |
Ratio de revenu du ménage au niveau de la région sanitaire (quintiles)Note e | < 0,001 | |||
1 | 54,2 (50,9 à 57,5) | 32,1 (29,0 à 35.2) | 13,7 (11,0 à 16,4) | |
2 | 35,7 (32,5 à 38,9) | 48,0 (44,6 à 51,4) | 16,3 (13,1 à 19,4) | |
3 | 29,1 (25,8 à 32,5) | 55,9 (51,9 à 60,0) | 14,9 (10,9 à 18,9) | |
4 | 22.6 (19.3 à 26.0) | 58.9 (53.7 à 64.1) | 18.5 (13.1 à 23.9) | |
5 | 20,6 (16,8 à 24,5) | 64,9 (59,8 à 70,1) | 14,4 (10,6 à 18,3) | |
État matrimonial | s.oNote f | |||
Mariée ou conjointe de fait | 1,6 (1,2 à 1,9) | 92,6 (91,2 à 94,0) | 5,8 (4,4 à 7,2) | |
Veuve | 73,7 (70,3 à 77,2) | 0 | 26,3 (22,8 à 29,7) | |
Divorcée ou séparée | 76,9 (71,1 à 82,8) | 0 | 23,1 (17,2 à 28,9) | |
Célibataire | 66,9 (58,2 à 75,6) | 0 | 33,1 (24,4 à 41,8) | |
Région de résidenceNote g | 0,2 | |||
Atlantique | 34,4 (31,0 à 37,9) | 53,3 (49,6 à 57,0) | 12,3 (9,5 à 15,1) | |
Centre | 35,8 (33,5 à 38,0) | 48,0 (45,5 à 50,5) | 16,2 (14,0 à 18,5) | |
Prairies | 37,6 (33,9 à 41,3) | 49,5 (45,7 à 53,2) | 12,9 (9,0 à 16,8) | |
Ouest | 33,8 (30,3 à 37,3) | 50,0 (45,5 à 54,5) | 16,2 (12,5 à 19,9) | |
MilieuNote h | < 0,001 | |||
Urbain (centre de population) | 37,7 (35,7 à 39,7) | 46,2 (44,0 à 48,4) | 16,1 (14,1 à 18,1) | |
Rural | 26,7 (24,5 à 28,8) | 60,6 (57,8 à 63,3) | 12,7 (10,4 à 15,0) | |
Propriété de la résidence | < 0,001 | |||
Propriétaire | 26,9 (25,3 à 28,6) | 56,7 (54,7 à 58,7) | 16,4 (14,5 à 18,2) | |
Locataire | 62,4 (58,4 à 66,4) | 25,0 (21,7 à 28,3) | 12,6 (9,1 à 16,2) | |
Scolarité | < 0,001 | |||
Sans DES | 41,0 (37,5 à 44,4) | 38,6 (35,1 à 42,1) | 20,4 (16,9 à 23,9) | |
DES | 35,3 (32,0 à 38,5) | 52,7 (49,0 à 56,4) | 12,0 (9,4 à 14,6) | |
Diplôme d’études postsecondaires | 33,3 (30,9 à 35,7) | 52,5 (49,7 à 55,2) | 14,2 (11.5 à 16,9) | |
Abréviations DES, diplôme d’études secondaires; ESCC, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes; IC, intervalle de confiance; s.o., sans objet.
|
Caractéristiques | Hommes vivant seuls (n = 2105) |
Hommes vivant en coupleNote a (n = 4065) |
AutresNote b (n = 362) |
Valeur de p |
---|---|---|---|---|
Nbre pondéré (%) | 540 770 (19,1) | 2 022 160 (71,3) | 273 833 (9,7) | s.o. |
Groupe d’âge | < 0,001 | |||
65 à 74 | 17,5 (15,9 à 19,0) | 73.4 (71,2 à 75,6) | 9,1 (7,3 à 10,9) | |
75 à 84 ans | 20,0 (17,6 à 22,4) | 71,1 (68,1 à 74,1) | 8,9 (6,6 à 11,1) | |
85 ans ou plus | 28,3 (23,3 à 33,4) | 54,5 (48,0 à 61,0) | 17,1 (10,9 à 23,4) | |
Origine ethnique | < 0,001 | |||
Blanc | 20,6 (19,1 à 22,0) | 72,0 (70,3 à 73,8) | 7,4 (6,1 à 8,7) | |
Autochtone | 20,0 (11,4 à 28,6) | 63,8 (52,8 à 74,8) | 16,2 (7,0 à 25,4) | |
AsiatiqueNote c | 8,5 (3,8 à 13,2) | 67,8 (58,7 à 76,9) | 23,7 (15,2 à 32,2) | |
AutresNote d | 13,7 (7,4 à 20,1) | 69,6 (60,0 à 79,2) | 16,7 (8,6 à 24,8) | |
Ratio du revenu du ménage au niveau de la région sanitaire (quintiles)Note e | < 0,001 | |||
1 | 30,7 (27,4 à 34,0) | 57,8 (54,0 à 61,7) | 11,5 (8,6 à 14,3) | |
2 | 18,0 (15,5 à 20,4) | 71,0 (67,5 à 74,6) | 11,0 (7,8 à 14,2) | |
3 | 15,8 (13,6 à 18,0) | 74,4 (70,8 à 77,9) | 9,9 (6,5 à 13,2) | |
4 | 12,5 (10,0 à 15,0) | 80,9 (77,6 à 84,3) | 6,6 (4,1 à 9,1) | |
5 | 14,6 (11,6 à 17,5) | 78,2 (74,2 à 82,1) | 7,3 (4,4 à 10,2) | |
État matrimonial | s.o.Note f | |||
Marié ou conjoint de fait | 1,3 (0,9 à 1,6) | 92,1 (90,7 à 93,5) | 6,6 (5,2 à 8,0) | |
Veuf | 78,4 (73,7 à 83,2) | 0 | 21,6 (16,8 à 26,3) | |
Divorcé ou séparé | 83,0 (77,3 à 88,6) | 0 | 17,0 (11,4 à 22,7) | |
Célibataire | 78,0 (69,7 à 86,2) | 0 | 22,0 (13,8 à 30,3) | |
Région de résidenceNote g | 0,07 | |||
Atlantique | 18,5 (15,5 à 21,6) | 75,1 (71,8 à 78,5) | 6,3 (4,2 à 8,4) | |
Centre | 19,6 (17,9 à 21,3) | 71,2 (68,9 à 73,5) | 9,2 (7,3 à 11,1) | |
Prairies | 16,1 (13,6 à 18,5) | 73,2 (69,5 à 76,9) | 10,7 (7,3 à 14,0) | |
Ouest | 20,0 (16,7 à 23,2) | 67,8 (63,3 à 72,3) | 12,2 (8,3 à 16,2) | |
MilieuNote h | 0,02 | |||
Urbain (centre de population) | 19,6 (18,0 à 21,2) | 70,2 (68,1 à 72,2) | 10,2 (8,5 à 11,9) | |
Rural | 17,2 (15,3 à 19,0) | 75,1 (72,6 à 77,6) | 7,7 (5,7 à 9,8) | |
Propriété de la résidence | < 0,001 | |||
Propriétaire | 13,6 (12,4 à 14,7) | 76,3 (74,6 à 78,1) | 10,1 (8,5 à 11,7) | |
Locataire | 45,5 (40,8 à 50,1) | 47,9 (42,9 à 52,9) | 6,7 (4,0 à 9,3) | |
Scolarité | < 0,001 | |||
Sans DES | 23,2 (20,5 à 25,9) | 64,9 (61,2 à 68,5) | 12,0 (8,8 à 15,1) | |
DES | 22,8 (19,2 à 26,3) | 69,2 (65,2 à 73,1) | 8,1 (5,3 à 10,8) | |
Diplôme d’études postsecondaires | 17,0 (15,3 à 18,6) | 74,1 (71,8 à 76,3) | 9,0 (7,1 à 10,8) | |
Abréviations : DES, diplôme d’études secondaires; ESCC, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes; IC, intervalle de confiance; s.o., sans objet.
|
Les mesures de la santé et du bien-être social perçus ont également été stratifiées selon le sexe et les conditions de logement (tableau 3). Pour l’ensemble des quatre mesures, les aînés vivant en couple étaient moins susceptibles de déclarer une moins bonne santé ou un bien-être social plus faible. Comparativement à celles qui vivaient en couple, les femmes vivant seules et celles vivant avec des enfants ou d’autres personnes (apparentées ou non) ont fait état d’une moins bonne santé générale et d’une moins bonne santé mentale. De plus, les femmes vivant seules se sont déclarées moins satisfaites de leur vie, tandis que celles qui vivaient avec des enfants ou d’autres personnes (apparentées ou non) avaient un sentiment plus faible d’appartenance à la collectivité. Chez les hommes, ceux qui vivaient seuls ont déclaré avoir une santé mentale, une satisfaction envers la vie et un sentiment d’appartenance à la collectivité moins bons que ceux qui vivaient en couple. L’état de santé général perçu ne différait pas entre ces trois conditions de logement pour les hommes. Les hommes vivant avec des enfants ou avec d’autres personnes (apparentées ou non) n’étaient pas plus susceptibles de déclarer une moins bonne santé et un bien-être social plus faible que ceux vivant en couple, et ce, pour les quatre mesures.
Caractéristiques | Santé globale perçue | Santé mentale perçue | Satisfaction à l’égard de la vie |
Sentiment d’appartenance à la collectivité |
||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Moins que très bonne |
Très bonne ou excellente |
Moins que très bonne |
Très bonne ou excellente |
Moins que satisfait |
Satisfait ou très satisfait |
Assez ou très faible |
Assez ou très fort |
|
Femmes | p < 0,001 | p = 0 ,001 | p < 0,001 | p < 0,001 | ||||
Conditions de logement | ||||||||
Vivant seules | 53,4 (51,1 à 55,7) |
46,6 (44,3 à 48,9) |
31,2 (28,9 à 33,6) |
68,8 (66,4 à 71,1) |
11,9 (10.3 à 13.6) |
88,1 (86,4 à 89,7) |
24,8 (22,7 à 26,9) |
75,2 (73,1 à 77,3) |
Vivant en coupleNote a | 46,9 (44,3 à 49,6) |
53,1 (50,4 à 55,7) |
25,9 (23,6 à 28,1) |
74,1 (71,9 à 76,4) |
7,1 (5,7 à 8,4) |
92,9 (91,6 à 94,3) |
21,7 (19,4 à 24.1) |
78,3 (75,9 à 80,6) |
AutresNote b | 61,7 (55,2 à 68,3) |
38,3 (31,7 à 44,8) |
35,2 (28,8 à 41,7) |
64,8 (58,3 à 71,2) |
11,7 (8,1 à 15,2) |
88,3 (84,8 à 91,9) |
35,7 (29,1 à 42,2) |
64,3 (57,8 à 70,8) |
Hommes | p = 0,01 | p = 0,007 | p < 0,001 | p = 0,003 | ||||
Conditions de logement | ||||||||
Vivant seuls | 56,5 (53,2 à 59,8) |
43,5 (40,2 à 46,8) |
31,7 (28,9 à 34,6) |
68,3 (65,4 à 71,1) |
13,0 (11,1 à 15,0) |
87,0 (85,0 à 88,9) |
29,7 (26,7 à 32,7) |
70,3 (67,3 à 73,3) |
Vivant en coupleNote a | 51,6 (49,2 à 54,0) |
48,4 (46,0 à 50,8) |
25,0 (22,8 à 27,2) |
75,0 (72,8 à 77,2) |
6,2 (4,9 à 7,4) |
93,8 (92,6 à 95,1) |
22,0 (19,9 à 24,1) |
78,0 (75,9 à 80,1) |
AutresNote b | 61,1 (53,1 à 69,1) |
38,9 (30,9 à 46,9) |
30,2 (22,3 à 38,1) |
69,8 (61,9 à 77,7) |
8,7 (4,9 à 12,5) |
91,3 (87,5 à 95,1) |
27,6 (19,1 à 36,1) |
72,4 (63,9 à 80,9) |
Abréviations : ESCC, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes; IC, intervalle de confiance.
|
Analyse
D’après les données de l’ESCC de 2018, près de la moitié des aînés vivent en couple (49,2 % au total). D’autres études ont révélé que la cohabitation avec d’autres personnes peut être particulièrement bénéfique pour vieillir en santé et que le fait de vivre seul peut être préjudiciableNote de bas de page 7,Note de bas de page 8,Note de bas de page 9,Note de bas de page 10. Le nombre de personnes vivant seules semble néanmoins être à la hausse dans ce groupe d’âge : dans une analyse du recensement de 2011, on a constaté que 31,5 % des femmes et 16 % des hommes de 65 ans et plus vivaient seulsNote de bas de page 11, ces chiffres étant passé à 33 % et à 17,4 % dans le recensement de 2016Note de bas de page 12, puis à 35,7 % et à 19,1 % dans notre analyse de l’ESCC de 2018.
Parmi les aînés, les femmes, les personnes plus âgées, à faible revenu, divorcées ou séparées, vivant en milieu rubain, locataires et moins scolarisées étaient plus susceptibles de vivre seules. Des résultats similaires ont été signalés ailleurs. On remarque régulièrement que les aînées sont plus susceptibles de vivre seules, tant au CanadaNote de bas de page 11,Note de bas de page 12 que dans d’autres paysNote de bas de page 16,Note de bas de page 17, en partie en raison de leur espérance de vie plus longue que celle des conjoints de sexe opposéNote de bas de page 11. Selon d’autres études, les aînés à faible revenuNote de bas de page 17,Note de bas de page 18 ou peu scolarisésNote de bas de page 16 sont plus susceptibles de vivre seuls, ce qui pourrait être attribuable à leur incapacité à assumer le coût élevé d’un logement avec servicesNote de bas de page 19. En outre, les aînés vivant en milieu urbain sont plus susceptibles de vivre seuls, peut-être en raison de la disparité des services et des offres de soutien proposés aux aînés en milieu ruralNote de bas de page 20. En fait, les services pour aînés les plus utilisés sont les centres pour personnes âgées, les services d’aide-ménagère et les services de transportNote de bas de page 21, qui sont tous plus susceptibles d’être offerts en milieu urbain. Enfin, nous avons pu constater, à la suite d’autres études, que le fait de vivre seul était associé à une plus mauvaise perception de la santé et du bien-être social chez les aînés. Cela dit, la temporalité de cette association et des autres associations mentionnées ne peut pas être déterminée au moyen de cette analyse transversale. Il demeure que le fait de cibler cette sous-population d’aînés vulnérables va nous aider à élaborer des politiques et des programmes plus efficaces pour promouvoir le vieillissement en santé. Bien sûr, d’autres facteurs comme le désir ou le choix de vivre seul et le capital social devraient être pris en considération pour cibler plus spécifiquement les personnes les plus à risque.
Points forts et limites
Notre analyse est fondée sur les données transversales d’un questionnaire, ce qui rend les inférences causales difficiles. De plus, les données sur les aînés résidant dans les territoires ou en établissement n’ont pas été incluses, ce qui signifie qu’on ne peut présumer des conditions de logement des aînés vivant dans ces régions ou dans ces circonstances. Il demeure que nous avons disposé d’un échantillon de taille importante et qui a été pondéré pour être représentatif de la population canadienne des provinces et de celle ne résidant pas en établissement. De plus, notre analyse utilise les données les plus récentes sur les aînés canadiens.
Conclusion
Notre analyse a révélé que, parmi les aînés, les femmes, les personnes plus âgées, à faible revenu, divorcées ou séparées, vivant en milieu urbain, locataires, moins scolarisées et ayant une mauvaise perception de leur santé et de leur bien-être social étaient plus susceptibles de vivre seules et étaient potentiellement plus vulnérables aux problèmes de santé en vieillissant. Ce constat pourrait aider les programmes et les politiques à cibler les aînés qui courent un risque plus élevé de souffrir de problèmes de santé en raison de leurs conditions de logement, et ainsi d’accroître la prévalence du vieillissement en santé chez les aînés canadiens. Par exemple, les responsables des politiques en matière de santé pourraient promouvoir la mise sur pied de programmes communautaires visant à accroître la participation et l’inclusion sociales des femmes âgées vivant seules afin d’accroître leur sentiment d’appartenance à la collectivité.
Remerciements
Nous aimerions remercier Kerry Anderson, Patti Gorr et Rachel Milliken de la Division du vieillissement et des aînés du Centre pour la promotion de la santé de l’ASPC pour leur contribution. Leur compréhension approfondie des enjeux auxquels font face les aînés canadiens a éclairé l’analyse et l’interprétation des résultats. Nous aimerions également remercier le Dr Howard Morrison pour ses conseils professionnels.
Conflits d’intérêts
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts. Cette recherche n’a reçu aucun financement.
Contribution des auteurs et avis
Tous les auteurs ont conçu la méthodologie. SAS a effectué les analyses et rédigé la version préliminaire du document. Tous les auteurs ont interprété les résultats et procédé à une révision critique de l’article. Tous les auteurs ont lu et approuvé la version définitive.
Les auteurs assument la responsabilité du contenu de l’article et des points de vue qui y sont exprimés; ceux-ci ne reflètent pas nécessairement ceux du gouvernement du Canada.
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