Recherche quantitative originale – Étude des corrélats individuels de l’initiation à la cigarette électronique dans un vaste échantillon d’élèves canadiens du secondaire

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Gillian C. Williams, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 2; Adam G. Cole, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 3; Margaret de Groh, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 2; Ying Jiang, M.D., M. Sc.Note de rattachement des auteurs 2; Scott T. Leatherdale, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1

https://doi.org/10.24095/hpcdp.41.10.04f

Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.

Rattachement des auteurs
Correspondance

Gillian C. Williams, École des sciences de la santé publique, Université de Waterloo, 200, avenue University Ouest, Waterloo (Ontario)  N2L 3G1; courriel : gillian.williams@uwaterloo.ca

Citation proposée

Williams GC, Cole AG, de Groh M, Jiang Y, Leatherdale ST. Étude des corrélats individuels de l’initiation à la cigarette électronique dans un vaste échantillon d’élèves canadiens du secondaire. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2021;41(10):322-336. https://doi.org/10.24095/hpcdp.41.10.04f

Résumé

Introduction. Une meilleure compréhension des facteurs individuels associés à l’initiation à la cigarette électronique contribuerait à l’amélioration des mesures de prévention. Ainsi, cette étude vise à 1) relever les caractéristiques de départ associées à l’initiation à la cigarette électronique et 2) déterminer si des changements dans ces caractéristiques sont associés à l’initiation à la cigarette électronique chez les adolescents canadiens.

Méthodologie. Cette étude a utilisé les données de l’année 6 (2017-2018, année de référence) et de l’année 7 (2018-2019, année de suivi) de l’étude COMPASS. L’échantillon final comprenait 12 315 élèves de la 9e à la 11e année qui avaient déclaré ne jamais avoir essayé la cigarette électronique au cours de l’année de référence. Les renseignements fournis par les élèves portaient sur leurs caratéristiques individuelles, la consommation d’autres substances, les comportements scolaires, l’activité physique, les comportements sédentaires, les troubles du sommeil, les symptômes d’anxiété et de dépression, la régulation émotionnelle et l’épanouissement. Des modèles hiérarchiques faisant appel aux équations d’estimation généralisées (EEG), stratifiés selon le sexe, ont permis d’analyser l’association entre 1) les caractéristiques de départ et l’initiation à la cigarette électronique lors de l’année de suivi et 2) des changements dans les caractéristiques de départ et l’initiation à la cigarette électronique lors de l’année de suivi.

Résultats. Au total, 29 % des élèves qui n’avaient encore jamais essayé la cigarette électronique ont déclaré en avoir fait l’usage au moment du suivi. Les élèves de 10e et 11e année étaient proportionnellement moins nombreux à avoir essayé la cigarette électronique. La consommation d’autres substances, l’école buissonnière et le respect des directives en matière d’activité physique pendant l’année de référence ainsi que des changements vers ces comportements mesurés au moment du suivi ont été associés à l’initiation à la cigarette électronique à la fois chez les garçons et chez les filles. Certaines différences ont été observées entre les filles et les garçons.

Conclusion. Étant donné que d’autres comportements liés à la santé ont été associés à l’initiation à la cigarette électronique, les stratégies de prévention devraient cibler les combinaisons de comportements à risque pour la santé afin de prévenir l’usage de la cigarette électronique chez les jeunes. De plus, mettre en œuvre des approches en milieu scolaire au début ou pendant le premier cycle du secondaire serait certainement bénéfique.

Mots-clés : vapotage, adolescent, consommation d’alcool, consommation de cannabis, tabagisme, cigarette, santé mentale, exercice, comportement sédentaire

Points saillants

  • Vingt-neuf pour cent des élèves qui n’avaient encore jamais essayé la cigarette électronique ont déclaré en avoir fait l’usage au moment du suivi. La consommation d’autres substances (alcool, cannabis et cigarettes) était fortement associée à l’initiation à la cigarette électronique.
  • Les élèves qui respectaient les directives canadiennes en matière d’activité physique ont eu davantage tendance à commencer à utiliser la cigarette électronique et les filles qui respectaient les directives sur le temps passé devant un écran ont eu moins tendance à commencer à utiliser la cigarette électronique.
  • Si l’initiation à la cigarette électronique n’était pas associée de façon significative avec l’anxiété et la dépression, elle était toutefois associée à un dérèglement émotionnel élevé chez les filles et à un épanouissement élevé chez les garçons.
  • La majorité des élèves ont maintenu leurs comportements au fil du temps : les résultats concernant les changements par rapport à l’année de référence présentaient une forte concordance avec les observations se rapportant à l’année de référence.

Introduction

Les cigarettes électroniques sont des dispositifs en évolution rapide procurant à l’utilisateur un aérosol (ou une autre substance) contenant souvent de la nicotine, sans tabac ni combustionNote de bas de page 1. L’usage de la cigarette électronique, appelé aussi vapotage, a connu un essor rapide chez les jeunes dans les dernières annéesNote de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 5. Tant au Canada qu’aux États-Unis, cet usage s’est répandu chez les adolescentsNote de bas de page 4. Aux États-Unis, la proportion d’utilisateurs parmi les élèves du secondaire est passée de 1,5 % en 2011 à 20,8 % en 2018, le bond le plus important ayant été enregistré entre 2017 (12 %) et 2018 (21 %)Note de bas de page 5. De même, l’usage de la cigarette électronique chez les adolescents de 15 à 19 ans au Canada atteignait 20 % en 2018, soit le double du taux de 10 % enregistré en 2016Note de bas de page 2. Parmi les adolescents canadiens déclarant utiliser la cigarette électronique, 40 % indiquent l’utiliser quotidiennement ou presque et 90 % disent utiliser des produits contenant de la nicotineNote de bas de page 2. Le vapotage chez les jeunes est préoccupant en raison à la fois des effets inconnus de l’exposition aux produits chimiques sous forme d’aérosols et des effets négatifs connus de la nicotine sur le développement du cerveauNote de bas de page 6Note de bas de page 7.

Alors que de nombreuses études ont établi un lien entre l’usage de la cigarette électronique et l’initiation à la cigaretteNote de bas de page 8, peu ont porté sur les facteurs individuels associés à l’initiation à la cigarette électronique. Selon les données dont on dispose, plusieurs facteurs sont associés à l’initiation à la cigarette électronique : le tabagisme (p. ex. cigares, cigarillos) et la consommation de substancesNote de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12, une forte tendance à rechercher des sensationsNote de bas de page 13Note de bas de page 14, une mauvaise santé mentaleNote de bas de page 15Note de bas de page 16, l’exposition à la promotion de la cigarette électroniqueNote de bas de page 9Note de bas de page 17Note de bas de page 18 et des attitudes positives à l’égard des cigarettes électroniques chez la personne, les amis et la familleNote de bas de page 9Note de bas de page 19Note de bas de page 20Note de bas de page 21. Bien que de nombreuses études aient établi une association significative entre l’initiation à la cigarette électronique et le genre, ces études n’ont pas exploré de quelle façon les facteurs prédictifs pouvaient différer selon le genreNote de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 18Note de bas de page 19. Une meilleure compréhension des facteurs individuels associés à l’initiation à la cigarette électronique, notamment la mise en évidence des caractéristiques (modifiables ou non) des groupes à risque, permettrait d’améliorer les mesures de prévention. Toutefois, peu d’études ont été menées sur l’influence que peuvent avoir les autres comportements à risque (p. ex. l’école buissonnière, les mauvais résultats scolaires), les comportements liés au mouvementNote de bas de page 22 et le bien-être mental sur l’initiation à la cigarette électronique ainsi que leur évolution au fil du temps.

La littérature a clairement établi que les comportements en matière de santé tendent à se dégrader durant l’adolescence. Par exemple, la consommation de substances et le temps passé devant un écran augmentent généralement au fil des ans, tandis que l’activité physique et le sommeil tendent à diminuer avec l’âgeNote de bas de page 2Note de bas de page 23Note de bas de page 24Note de bas de page 25. Même si bon nombre de ces changements ont été décrits en détail, on manque de données sur la façon dont les changements observés sont associés à des expériences nouvelles, comme l’initiation à la cigarette électronique. Jusqu’à présent, les études portant sur l’initiation à la cigarette électronique ont porté uniquement sur les comportements initiaux. On ignore ainsi comment les changements comportementaux peuvent être associés à l’initiation à la cigarette électronique.

Le vapotage étant un phénomène nouveau, il paraît nécessaire d’examiner plus à fond les facteurs individuels associés à l’initiation à la cigarette électronique chez les adolescents. Les objectifs de cette étude étaient de 1) relever les caractéristiques de départ associées à l’initiation à la cigarette électronique et 2) déterminer si des changements dans ces caractéristiques ont été associés à l’initiation à la cigarette électronique chez les adolescents canadiens.

Méthodologie

Le projet COMPASS

COMPASS est une étude de cohorte prospective canadienne qui recueille des données auprès des élèves de la 9e à la 12e année (âgés de 13 à 18 ans) en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario et des élèves du secondaire 1 à 5 (âgés de 12 à 17 ans) au QuébecNote de bas de page 26. Toutes les démarches de recherche ont été approuvées par le Bureau d’éthique de la recherche de l’Université de Waterloo (numéro de référence 30118) et les comités appropriés des commissions scolaires. Une description complète de la méthodologie de l’étude COMPASS est disponible en version impriméeNote de bas de page 26 ou en ligne.

Participants

Cette étude repose sur les données de l’année 6 (2017-2018, année de référence) et de l’année 7 (2018-2019, année de suivi) de l’étude COMPASS. Au total, 40 388 élèves de la 9e à la 11e année (et du secondaire 3 à 5 au Québec) provenant de 111 écoles ont participé à l’étude au cours de l’année de référence (taux de participation de 81,5 %). Les données de 23 168 de ces élèves (57 %) ont été appariées entre l’année de référence et l’année de suivi. Les élèves dont les données ont pu être appariées étaient généralement plus jeunes, de sexe féminin et peu enclins à consommer des substances, incluant des cigarettes électroniques, au cours de l’année de référence (données disponibles sur demande). Les élèves pour lesquels il manquait de l’information sur les covariables dans les données de l’année de référence ou de suivi (n = 5 338, soit 23 %) ont été retirés de l’échantillon. La fréquence d’utilisation de la cigarette électronique ne différait pas entre les élèves pour lesquels des données manquaient et ceux dont les données étaient complètes (données disponibles sur demande). Enfin, les élèves qui avaient déjà essayé la cigarette électronique lors de l’année de référence ont été retirés de l’échantillon (n = 5 515, soit 31 %). Trente-trois pour cent des élèves retirés de l’échantillon pour cette raison étaient en 9e année (n = 1 805), 42 % en 10e année (n = 2 304) et 25 % en 11e année (n = 1 406). L’échantillon final comprenait 12 315 élèves de la 9e à la 11e année qui, lors de l’année de référence, avaient déclaré ne jamais avoir essayé la cigarette électronique. Nous avons également examiné un sous-échantillon d’élèves (n = 10 727) dont les données étaient complètes à la fois pour l’année de référence et l’année de suivi afin de déterminer si certains changements dans les caractéristiques de départ étaient associés à l’initiation à la cigarette électronique.

Mesures

Les réponses des élèves ont été recueillies au moyen du questionnaire COMPASS pendant les heures de cours. Comme pour d’autres recherches sur la santé des jeunesNote de bas de page 27, les élèves ont mentionné leur année d’études, leur sexe, leur origine ethnique et l’argent de poche qu’ils recevaient chaque semaine.

Pour définir l’initiation à la cigarette électronique, on a demandé aux élèves : « As-tu déjà essayé la cigarette électronique? ». Les élèves ayant répondu « oui » au cours de l’année de référence ont été retirés de l’échantillon. On a considéré que les élèves avaient commencé à utiliser la cigarette électronique s’ils avaient répondu « non » la première année et « oui » au moment du suivi.

Le questionnaire comprenait aussi des questions sur la consommation d’autres substances, notamment l’alcool, le cannabis et les cigarettes. Concernant la consommation d’alcool et de cannabis, les élèves entraient dans la catégorie des utilisateurs « mensuels » s’ils indiquaient en consommer une fois par mois ou plus et des utilisateurs « occasionnels » s’ils indiquaient en consommer moins d’une fois par mois. Pour ce qui est de la cigarette classique ou électronique, les élèves étaient répartis selon qu’ils en avaient fait l’usage « au moins une fois » ou « dans le mois précédent ».

Le questionnaire a permis de recueillir des données sur les comportements des jeunes à l’école, en particulier s’ils avaient fait l’école buissonnière au cours des quatre dernières semaines et leurs notes en anglais (en français au Québec).

De plus, on a demandé aux élèves de déclarer le temps passé chaque jour à faire une activité physique modérée à vigoureuse, à s’adonner à des activités sédentaires devant un écran (regarder la télévision ou des films, jouer à des jeux vidéo sur console ou PC, naviguer sur Internet et envoyer des textos, des messages ou des courriels) et à dormir. Les élèves ont été classés comme atteignant ou n’atteignant pas les cibles des Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunesNote de bas de page 22 pour chacun de ces comportements liés au mouvement. Les recommandations pour les enfants et les jeunes sont d’au moins 60 minutes d’activité physique modérée à vigoureuse, un maximum de 2 heures de loisir devant un écran et de 8 à 10 heures de sommeil ininterrompu par jourNote de bas de page 22.

Enfin, la santé mentale et le bien-être ont été évalués à l’aide de l’échelle de dépression du Center for Epidemiological Studies – Depression (CES-D-10)Note de bas de page 28, de l’échelle GAD-7 du trouble d’anxiété généraliséNote de bas de page 29, de l’échelle sur les difficultés de régulation émotionnelle (Difficulties in Emotional Regulation Scale, DERS)Note de bas de page 30 et de l’échelle d’épanouissementNote de bas de page 31. Les échelles CES-D-10 et GAD-7 sont des échelles continues allant de 0 à 30 et de 0 à 21 respectivement, pour lesquelles un score de 10 ou plus indique une symptomatologie cliniquement pertinente : les échelles ont été dichotomisées en conséquenceNote de bas de page 28Note de bas de page 29. La DERS est une échelle continue allant de 6 à 30 où plus le score est élevé, plus la personne éprouve des difficultés à réguler ses émotions. L’échelle d’épanouissement est une échelle continue allant de 8 à 40 où plus le score est élevé, meilleur est l’épanouissement, ce dernier étant défini comme un état de bien-être général et est utilisé pour décrire une bonne santé mentaleNote de bas de page 32. L’échelle impliquait d’indiquer son niveau d’accord avec des propositions comme « Je mène une vie qui a un but et du sens », « Je suis impliqué(e) et intéressé(e) par mes activités quotidiennes » et « Je suis optimiste quant à mon avenir ». Nous avons modélisé un changement de 3 unités dans les scores de la DERS et de l’échelle d’épanouissement pour rendre compte d’un changement pertinent dans les scores (écart-type supérieur à 0,5 ) non attribuable uniquement au hasard. Ces échelles avaient déjà été validées chez les adolescentsNote de bas de page 28Note de bas de page 30Note de bas de page 33Note de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 36Note de bas de page 37.

Analyses statistiques

Les analyses ont été menées en deux temps. Dans un premier temps (partie 1), nous avons analysé l’association entre les caractéristiques individuelles au cours de l’année de référence et l’initiation à la cigarette électronique au moment du suivi. Nous avons comparé, pour les élèves ayant utilisé la cigarette électronique au moment du suivi, les variables nominales en utilisant des tests du chi carré et les variables continues en utilisant des tests t. Nous avons utilisé des équations d’estimation généralisées (EEG), au moyen de la procédure GENMOD de SAS avec une structure de corrélation échangeable, pour déterminer les variables de référence associées à l’initiation à la cigarette électronique au moment du suivi, tout en tenant compte de l’imbrication des élèves au sein des écoles. Nous avons d’abord construit des modèles partiellement ajustés pour déterminer l’association entre chaque variable et l’initiation à la cigarette électronique, l’ajustement portant uniquement sur la province, l’année d’études et le sexe. Nous avons ensuite construit des modèles entièrement ajustés pour toutes les autres variables. Tous les modèles ont été stratifiés selon le sexe, en raison des différences de comportement connues et des différences relevées au moyen du chi carré et de l’analyse bivariée.

Dans un second temps (partie 2), nous avons analysé comment les changements des caractéristiques individuelles entre l’année de référence et l’année de suivi étaient associés à l’initiation à la cigarette électronique au moment du suivi. Les élèves ont été classés en différents groupes en fonction de leurs changements de comportements de départ. En ce qui concerne la consommation de substances, les « abstinents » correspondaient à l’absence de consommation tant au cours de l’année de référence qu’à celle du suivi, les « constants » à une fréquence de comportement identique au cours des deux années de l’étude, les « intensifieurs » à une fréquence accrue du comportement entre l’année de référence et l’année de suivi et les « réducteurs » à une fréquence plus faible du comportement entre l’année de référence et l’année de suivi. Concernant les variables binaires comme l’école buissonnière, le respect des directives en matière de mouvement, la dépression et l’anxiété, les élèves ont été classés en fonction des réponses « oui » pour « les deux années », « aucune des années », « l’année de suivi seulement » ou « l’année de référence seulement ». Pour les variables continues, comme l’échelle DERS et l’échelle d’épanouissement, les élèves ont été classés dans les catégories « aucun changement », « augmentation » ou « diminution » en fonction de la différence entre leurs réponses lors de l’année de référence et au moment du suivi. Nous avons utilisé la même approche analytique que dans la partie 1. Toutes les analyses ont été effectuées à l’aide de la version 9.4 du logiciel SAS (SAS Institute Inc., Cary, Caroline du Nord, États-Unis).

Résultats

Caractéristiques descriptives

Un peu plus de la moitié de l’échantillon était de sexe féminin (56 %); 41 % des élèves étaient en 9e année, 36 % en 10e année et 23 % en 11e année et enfin 65 % des élèves étaient d’origine ethnique blanche. Parmi les élèves n’ayant jamais essayé la cigarette électronique au départ, 29 % ont déclaré l’avoir utilisée pour la première fois entre l’année de référence (2017-2018) et le suivi un an plus tard (2018-2019; tableau 1).

Tableau 1. Caractéristiques de départ des élèves de la 9e à la 11e année n’ayant jamais essayé la cigarette électronique et leur situation quant à l’initiation à la cigarette électronique au moment du suivi, selon le sexe, étude COMPASS, 2017-2018 à 2018-2019
Variable Total (n = 12 315) Filles (n = 6 891) Garçons (n = 5 424)
n % Initiation à la cigarette électronique Initiation à la cigarette électronique
Non (%)
(n = 4 791)
Oui (%)
(n = 2 100)
Valeur p Non (%)
(n = 3 907)
Oui (%)
(n = 1 517)
Valeur p
Année d’études
9 5 049 41,0 40,3 41,1 0,83 41,5 42,0 0,16
10 4 478 36,4 36,9 36,6 35,3 37,1
11 2 788 22,6 22,8 22,4 23,2 20,9
Ethnicité
Blanc 8 041 65,3 61,3 73,5 < 0,01 63,1 72,4 < 0,01
Autre que Blanc 4 274 34,7 38,7 26,5 36,9 27,6
Argent de poche hebdomadaire
Aucun 2 627 21,3 21,6 13,8 < 0,01 26,3 17,9 < 0,01
1 $ à 20 $ 3 622 29,4 29,9 28,1 29,7 28,9
21 $ à 100 $ 2 612 21,2 20,3 26,5 18,8 23,1
Plus de 100 $ 1 361 11,1 8,9 15,4 9,8 15,1
Donnée inconnue/manquante 2 093 17,0 19,3 16,2 15,4 15,0
Consommation d’alcool
Aucune 8 325 67,6 74,4 41,2 < 0,01 79,9 51,0 < 0,01
Occasionnelle 2 315 18,8 17,3 30,9 11,8 25,1
Mensuelle 1 675 13,6 8,4 28,0 8,3 23,9
Consommation de cannabis
Aucune 11 597 94,2 96,6 85,1 < 0,01 97,5 90,4 < 0,01
Occasionnelle 410 3,3 2,1 8,5 1,3 5,3
Mensuelle 308 2,5 1,3 6,4 1,2 4,4
Usage de cigarettes
Aucun 11 673 94,8 97,1 87,7 < 0,01 97,5 90,2 < 0,01
Au moins une fois 480 3,9 2,3 8,7 2,1 7,1
Usage dans le mois précédent 162 1,3 0,6 3,7 0,4 2,7
École buissonnière
Non 10 182 82,7 84,6 71,4 < 0,01 88,1 78,4 < 0,01
Oui 2 133 17,3 15,5 28,6 11,9 21,6
Note en anglais/françaisNote de bas de page a
80 % à 100 % 7 489 60,8 71,8 63,1 < 0,01 53,1 43,0 < 0,01
70 % à 79 % 3 115 25,3 19,9 24,6 29,2 33,4
60 % à 69 % 1 166 9,5 6,0 7,9 11,8 16,6
< 60 % 545 4,4 2,4 4,4 5,9 7,1
Respect des directives sur l’activité physique
Non 7 355 59,7 66,5 61,6 < 0,01 55,8 45,8 < 0,01
Oui 4 960 40,3 33,5 38,4 44,2 54,3
Respect des directives sur le temps d’écran
Non 11 250 91,4 88,3 93,2 < 0,01 93,0 94,1 0,15
Oui 1 065 8,7 11,7 6,8 7,0 5,9
Respect des directives sur le sommeil
Non 6 872 55,8 57,8 60,1 0,07 51,9 53,7 0,22
Oui 5 443 44,2 42,2 39,9 48,1 46,3
Symptômes de dépression
Non 8 366 67,9 62,9 54,4 < 0,01 77,6 77,5 0,93
Oui 3 949 32,1 37,1 45,6 22,4 22,5
Symptômes d’anxiété
Non 9 484 77,0 70,6 65,7 < 0,01 87,3 86,6 0,46
Oui 2 831 23,0 29,4 34,3 12,7 13,5
Échelle DERS
(moyenne et ET)
13,8 (4,6) 14,3 (4,8) 15,2 (4,9) < 0,01 12,8 (4,1) 13,0 (4,1) 0,15
Échelle d’épanouissement
(moyenne et ET)
32,2 (5,4) 32,1 (5,5) 31,8 (5,5) 0,03 32,2 (5,3) 32,9 (4,8) < 0,01

Abréviations : DERS, Difficulties in Emotional Regulation Scale; ET, écart-type.

Note de bas de page a

Note en francais au Québec, note en anglais ailleurs.

Retour à la référence de la note de bas de page a

Partie 1 : association entre les caractéristiques de départ et l’initiation à la cigarette électronique

Après ajustement pour les effets pour tous les autres facteurs, les élèves de 10e ou 11e année avaient une probabilité inférieure de commencer à utiliser la cigarette électronique par rapport aux élèves de 9e année, et ce, tant chez les garçons que chez les filles (tableau 2). Les élèves recevant plus d’argent de poche affichaient par ailleurs une probabilité accrue de commencer à utiliser la cigarette électronique.

Tableau 2. Modèles de régression logistique basés sur les EEG : association entre les caractéristiques individuelles de départ et les probabilités ajustées d’initiation à la cigarette électronique au moment du suivi chez les élèves de l’échantillon apparié sur les deux années, selon le sexe, étude COMPASS, 2017-2018 à 2018-2019 (n = 12 315)
Variable Filles Garçons
  RCA, partiellement ajusté (IC à 95 %)   RCA, entièrement ajusté (IC à 95 %)   RCA, partiellement ajusté (IC à 95 %)   RCA, entièrement ajusté (IC à 95 %)
Année d’études
9 1,00 1,00 1,00 1,00
10 0,99 (0,87 à 1,13) 0,65 (0,57 à 0,75)Note de bas de page * 1,06 (0,92 à 1,21) 0,81 (0,70 à 0,94)Note de bas de page *
11 1,10 (0,96 à 1,25) 0,54 (0,46 à 0,63)Note de bas de page * 1,02 (0,87 à 1,21) 0,62 (0,51 à 0,75)Note de bas de page *
Ethnicité
Blanc 1,00 1,00 1,00 1,00
Autre que Blanc 0,70 (0,61 à 0,80)Note de bas de page * 0,76 (0,66 à 0,87)Note de bas de page * 0,83 (0,70 à 0,98)Note de bas de page * 0,86 (0,72 à 1,03)
Argent de poche hebdomadaire
Aucun 1,00 1,00 1,00 1,00
1 $ à 20 $ 1,50 (1,29 à 1,75)Note de bas de page * 1,34 (1,14 à 1,58)Note de bas de page * 1,45 (1,20 à 1,75)Note de bas de page * 1,29 (1,06 à 1,58)Note de bas de page *
21 $ à 100 $ 2,01 (1,70 à 2,39)Note de bas de page * 1,65 (1,37 à 1,99)Note de bas de page * 1,82 (1,50 à 2,19)Note de bas de page * 1,42 (1,16 à 1,74)Note de bas de page *
Plus de 100 $ 2,63 (2,14 à 3,24)Note de bas de page * 1,89 (1,50 à 2,38)Note de bas de page * 2,27 (1,86 à 2,77)Note de bas de page * 1,65 (1,32 à 2,06)Note de bas de page *
Donnée inconnue/manquante 1,26 (1,08 à 1,47)Note de bas de page * 1,19 (1,00 à 1,41)Note de bas de page * 1,43 (1,17 à 1,75)Note de bas de page * 1,29 (1,05 à 1,58)Note de bas de page *
Consommation d’alcool
Aucune 1,00 1,00 1,00 1,00
Occasionnelle 3,37 (2,92 à 3,88)Note de bas de page * 2,81 (2,42 à 3,25)Note de bas de page * 3,42 (2,88 à 4,04)Note de bas de page * 2,99 (2,50 à 3,57)Note de bas de page *
Mensuelle 6,48 (5,50 à 7,63)Note de bas de page * 4,12 (3,45 à 4,91)Note de bas de page * 4,51 (3,71 à 5,48)Note de bas de page * 3,16 (2,55 à 3,93)Note de bas de page *
Consommation de cannabis
Aucune 1,00 1,00 1,00 1,00
Occasionnelle 4,68 (3,71 à 5,90)Note de bas de page * 1,87 (1,42 à 2,46)Note de bas de page * 4,45 (3,33 à 5,96)Note de bas de page * 2,00 (1,36 à 2,95)Note de bas de page *
Mensuelle 5,85 (4,29 à 7,97)Note de bas de page * 1,69 (1,17 à 2,45)Note de bas de page * 4,05 (2,56 à 6,42)Note de bas de page * 1,26 (0,75 à 2,14)
Usage de cigarettes
Aucun 1,00 1,00 1,00 1,00
Au moins une fois 4,38 (3,36 à 5,70)Note de bas de page * 2,13 (1,54 à 2,96)Note de bas de page * 3,89 (2,96 à 5,11)Note de bas de page * 2,52 (1,87 à 3,39)Note de bas de page *
Usage dans le mois précédent 6,38 (4,16 à 9,79)Note de bas de page * 1,72 (1,00 à 2,94)Note de bas de page * 8,35 (4,23 à 16,69)Note de bas de page * 4,28 (2,02 à 9,06)Note de bas de page *
École buissonnière
Non 1,00 1,00 1,00 1,00
Oui 2,28 (1,97 à 2,63)Note de bas de page * 1,54 (1,32 à 1,79)Note de bas de page * 2,01 (1,72 à 2,35)Note de bas de page * 1,42 (1,20 à 1,67)Note de bas de page *
Note en anglais/françaisNote de bas de page a
80 % à 100 % 1,00 1,00 1,00 1,00
70 % à 79 % 1,37 (1,21 à 1,55)Note de bas de page * 1,23 (1,07 à 1,41)Note de bas de page * 1,32 (1,16 à 1,51)Note de bas de page * 1,33 (1,15 à 1,54)Note de bas de page *
60 % à 69 % 1,48 (1,20 à 1,83)Note de bas de page * 1,26 (0,97 à 1,63) 1,57 (1,27 à 1,94)Note de bas de page * 1,55 (1,24 à 1,92)Note de bas de page *
< 60 % 2,23 (1,77 à 2,82)Note de bas de page * 1,68 (1,28 à 2,21)Note de bas de page * 1,44 (1,13 à 1,84)Note de bas de page * 1,43 (1,09 à 1,88)Note de bas de page *
Respect des directives sur l’activité physique
Non 1,00 1,00 1,00 1,00
Oui 1,27 (1,15 à 1,41)Note de bas de page * 1,14 (1,02 à 1,27)Note de bas de page * 1,54 (1,34 à 1,77)Note de bas de page * 1,35 (1,16 à 1,57)Note de bas de page *
Respect des directives sur le temps d’écran
Non 1,00 1,00 1,00 1,00
Oui 0,53 (0,44 à 0,63)Note de bas de page * 0,69 (0,58 à 0,84)Note de bas de page * 0,87 (0,68 à 1,11) 0,97 (0,75 à 1,27)
Respect des directives sur le sommeil
Non 1,00 1,00 1,00 1,00
Oui 0,82 (0,73 à 0,92)Note de bas de page * 0,90 (0,80 à 1,02) 0,88 (0,76 à 1,02) 0,93 (0,80 à 1,06)
Symptômes de dépression
Non 1,00 1,00 1,00 1,00
Oui 1,51 (1,34 à 1,70)Note de bas de page * 1,13 (0,98 à 1,31) 1,05 (0,88 à 1,25) 1,00 (0,80 à 1,24)
Symptômes d’anxiété
Non 1,00 1,00 1,00 1,00
Oui 1,29 (1,15 à 1,44)Note de bas de page * 0,89 (0,75 à 1,05) 1,10 (0,91 à 1,33) 1,02 (0,80 à 1,30)
Échelle DERS
(augmentation de 3 unités)
1,14 (1,10 à 1,18)Note de bas de page * 1,07 (1,02 à 1,12)Note de bas de page * 1,04 (0,99 à 1,09) 1,05 (0,99 à 1,11)
Échelle d’épanouissement
(augmentation de 3 unités)
0,94 (0,92 à 0,97)Note de bas de page * 1,03 (1,00 à 1,07) 1,06 (1,02 à 1,10)Note de bas de page * 1,09 (1,04 à 1,15)Note de bas de page *

Abréviations : DERS, Difficulties in Emotional Regulation Scale; EEG, équations d’estimation généralisées; IC, intervalle de confiance; RCA, rapport de cotes ajusté.

Remarques : Modèles partiellement ajustés pour tenir compte de l’année d’études, de l’ethnicité, de la province et du regroupement par école. Modèles entièrement ajustés pour tenir compte de toutes les variables dans le tableau, de la province et du regroupement par école. Directives en matière d’activité physique : au moins 60 minutes d’activité physique modérée à vigoureuse chaque jour. Directives sur le temps de loisir passé devant un écran : un maximum de 2 heures par jour. Directives sur le sommeil : 8 à 10 heures de sommeil ininterrompu. Les symptômes de dépression et d’anxiété ont été mesurés au moyen des échelles CES-D-10 et GAD-7, respectivement. Il s’agit d’échelles où un score de 10 ou plus indiquant une symptomatologie cliniquement significative.

Note de bas de page a

Note en francais au Québec, note en anglais ailleurs.

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Note de bas de page *

p < 0,05.

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Après ajustement pour les effets pour tous les autres facteurs, la consommation occasionnelle et mensuelle d’alcool ainsi que l’usage de la cigarette au moins une fois ou au cours du mois précédent ont été associés à l’initiation à la cigarette électronique chez les filles et chez les garçons. La consommation occasionnelle et la consommation mensuelle de cannabis étaient associées à l’initiation à la cigarette électronique chez les filles, tandis que seule la consommation occasionnelle était associée à l’initiation à la cigarette électronique chez les garçons. Les élèves ayant fait l’école buissonnière ou ayant obtenu de faibles notes scolaires risquaient davantage de commencer à utiliser la cigarette électronique.

Divers comportements liés au mouvement ont aussi été associés à l’initiation à la cigarette électronique. Après ajustement pour les effets pour tous les autres facteurs, le respect des directives sur l’activité physique a été associé à l’initiation à la cigarette électronique chez les filles (rapport de cotes ajusté [RCA] : 1,14; IC à 95 % : 1,02 à 1,27) et les garçons (1,35; 1,16 à 1,57). Le respect des directives sur le temps passé devant un écran était associé à une diminution des probabilités d’initiation à la cigarette électronique chez les filles seulement (0,69; 0,58 à 0,84). Le respect des directives sur le sommeil n’était pas associé de façon significative à l’initiation à la cigarette électronique.

Après ajustement pour les effets pour tous les autres facteurs, la déclaration de symptômes d’anxiété ou de dépression cliniquement pertinents n’était pas associée à l’initiation à la cigarette électronique ni chez les filles ni chez les garçons. Toutefois, chez les filles, chaque augmentation de 3 points sur l’échelle DERS (correspondant à une régulation émotionnelle plus difficile) était associée à une légère augmentation de la probabilité d’utiliser la cigarette électronique (1,07; 1,02 à 1,12), alors que chez les garçons, chaque augmentation de 3 points sur l’échelle d’épanouissement (correspondant à un meilleur épanouissement) était associée à une légère augmentation de la probabilité d’utiliser la cigarette électronique (1,09; 1,04 à 1,15).

Partie 2 : association entre les changements dans les covariables et l’initiation à la cigarette électronique

Tant chez les filles que chez les garçons, la plupart des élèves ont conservé leurs comportements entre l’année de référence et celle du suivi, bien qu’il soit intéressant de remarquer que 29 % des élèves ont déclaré avoir augmenté leur consommation d’alcool (tableau 3).

Tableau 3. Changement dans les comportements individuels entre l’année de référence et l’année de suivi chez les élèves de l’échantillon apparié sur les deux années, selon le sexe, étude COMPASS, 2017-2018 à 2018-2019
Variable Total (n = 10 727) Filles (n = 6 032) Garçons (n = 4 695)
n % Initiation à la cigarette électronique Initiation à la cigarette électronique
Non (%)
(n = 4 191)
Oui (%)
(n = 1 841)
Valeur p Non (%)
(n = 3 399)
Oui (%)
(n = 1 296)
Valeur p
Consommation d’alcool
Constants 2 045 19,1 14,9 35,7 < 0,01 11,7 28,1 < 0,01
Abstinents 4 977 46,4 55,6 13,1 62,9 20,5
Intensifieurs 3 053 28,5 24,1 43,4 20,0 43,4
Réducteurs 652 6,1 5,4 7,8 5,3 7,9
Consommation de cannabis
Constants 340 3,2 1,5 9,1 < 0,01 1,0 6,0 < 0,01
Abstinents 8 950 83,4 91,8 60,3 93,2 63,6
Intensifieurs 1 259 11,7 5,3 27,3 4,9 28,3
Réducteurs 178 1,7 1,4 3,3 1,0 2,1
Usage de cigarettes
Constants 338 3,2 1,6 8,1 < 0,01 1,1 6,5 < 0,01
Abstinents 9 511 88,7 95,1 71,4 95,7 74,0
Intensifieurs 721 6,7 2,4 17,8 2,1 17,3
Réducteurs 157 1,5 1,0 2,7 1,1 2,2
École buissonnière
Les deux années 1 169 10,9 9,1 20,9 < 0,01 6,7 13,4 < 0,01
Aucune des années 7 009 65,3 68,4 46,2 75,2 56,7
L’année de suivi seulement 1 882 17,5 16,3 25,4 13,2 21,8
L’année de référence seulement 667 6,2 6,2 7,6 4,9 8,0
Note en anglais/françaisNote de bas de page a
Aucun changement 7 050 65,7 73,3 67,1 < 0,01 60,8 52,2 < 0,01
Augmentation de la note 1 779 16,6 13,0 16,1 19,2 22,0
Diminution de la note 1 898 17,7 13,8 16,8 19,9 25,8
Respect des directives sur l’activité physique
Non-respect les deux années 4 884 45,5 52,7 46,8 < 0,01 42,0 29,9 < 0,01
Respect les deux années 2 551 23,8 17,9 21,1 27,8 36,0
Respect l’année de suivi seulement 1 519 14,2 13,6 14,8 14,0 15,6
Respect l’année de référence seulement 1 773 16,5 15,8 17,3 16,2 18,5
Respect des directives sur le temps d’écran
Non-respect les deux années 9 408 87,7 83,3 90,3 < 0,01 90,2 91,7 0,11
Respect les deux années 333 3,1 4,8 1,8 2,3 1,5
Respect l’année de suivi seulement 400 3,7 5,1 3,0 3,0 2,2
Respect l’année de référence seulement 586 5,5 6,8 4,9 4,4 4,7
Respect des directives sur le sommeil
Non-respect les deux années 4 887 45,6 48,7 50,1 0,09 40,9 41,1 0,22
Respect les deux années 2 784 26,0 25,1 22,1 28,7 27,0
Respect l’année de suivi seulement 1 096 10,2 9,0 9,9 10,8 12,8
Respect l’année de référence seulement 1 960 18,3 17,2 17,9 19,6 19,1
Symptômes de dépression
Aucune année 5 617 52,4 46,6 37,3 < 0,01 64,3 61,1 0,04
Les deux années 2 536 23,6 29,1 34,7 14,4 14,6
L’année de suivi seulement 1 647 15,4 16,0 17,8 12,9 16,1
L’année de référence seulement 927 8,6 8,3 10,3 8,3 8,2
Symptômes d’anxiété
Aucune année 6 948 64,8 57,3 48,9 < 0,01 78,6 75,2 0,04
Les deux années 1 604 15,0 20,1 23,2 7,0 7,4
L’année de suivi seulement 1 286 12,0 13,2 16,7 8,4 10,7
L’année de référence seulement 889 8,3 9,4 11,1 5,9 6,7
Échelle DERS
Aucun changement 5 399 50,3 48,9 45,4 0,05 54,1 52,1 0,44
Augmentation 2 884 26,9 28,6 30,3 23,7 25,0
Diminution 2 444 22,8 22,5 24,3 22,2 22,9
Échelle d’épanouissement
Aucun changement 5 567 51,9 52,3 50,3 0,26 52,5 51,3 0,77
Augmentation 2 276 21,2 19,9 21,6 22,1 22,6
Diminution 2 884 26,9 27,7 28,1 25,4 26,1

Abréviation : DERS, Difficulties in Emotional Regulation Scale.

Remarques : Les changements dans l’échelle DERS et l’échelle d’épanouissement correspondent à un changement de 3 unités.
En ce qui concerne la consommation de substances, les « abstinents » correspondaient à l’absence de consommation tant au cours de l’année de référence qu’à celle du suivi, les « constants » à une fréquence de comportement identique au cours des deux années de l’étude, les « intensifieurs » à une fréquence accrue du comportement entre l’année de référence et l’année de suivi et les « réducteurs » à une fréquence plus faible du comportement entre l’année de référence et l’année de suivi.

Note de bas de page a

Note en francais au Québec, note en anglais ailleurs.

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À l’instar des résultats de la partie 1, les filles et les garçons qui s’étaient abstenus de consommer d’autres substances (en particulier alcool, cannabis et cigarette) tant au cours de l’année de référence que de l’année de suivi, avaient une probabilité moindre de commencer à utiliser la cigarette électronique par rapport à ceux qui avaient maintenu leur fréquence de consommation de substance dans les modèles entièrement ajustés (tableau 4).

Tableau 4. Modèles de régression logistique basés sur les EEG : association entre le changement des comportements individuels entre l’année de référence et l’année de suivi et l’initiation à la cigarette électronique au moment du suivi chez les élèves de l’échantillon apparié sur les deux années, selon le sexe, étude COMPASS, 2017-2018 à 2018-2019 (n = 10 727)
Variable Filles Garçons
RCA (IC à 95 %), partiellement ajusté RCA (IC à 95 %), entièrement ajusté RCA (IC à 95 %), partiellement ajusté RCA (IC à 95 %), entièrement ajusté
Consommation d’alcool
Constants 1,00 1,00 1,00 1,00
Abstinents 0,09 (0,07 à 0,11)Note de bas de page * 0,19 (0,15 à 0,23)Note de bas de page * 0,13 (0,11 à 0,16)Note de bas de page * 0,26 (0,21 à 0,33)Note de bas de page *
Intensifieurs 0,69 (0,58 à 0,82)Note de bas de page * 0,87 (0,72 à 1,05) 0,87 (0,71 à 1,06) 1,13 (0,91 à 1,40)
Réducteurs 0,60 (0,47 à 0,77)Note de bas de page * 0,70 (0,54 à 0,90)Note de bas de page * 0,63 (0,48 à 0,83)Note de bas de page * 0,80 (0,58 à 1,09)
Consommation de cannabis
Constants 1,00 1,00 1,00 1,00
Abstinents 0,10 (0,07 à 0,14)Note de bas de page * 0,31 (0,21 à 0,45)Note de bas de page * 0,10 (0,07 à 0,15)Note de bas de page * 0,30 (0,19 à 0,49)Note de bas de page *
Intensifieurs 0,81 (0,57 à 1,16) 1,01 (0,68 à 1,49) 0,87 (0,56 à 1,34) 1,12 (0,68 à 1,83)
Réducteurs 0,40 (0,24 à 0,66)Note de bas de page * 0,60 (0,33 à 1,07) 0,35 (0,19 à 0,63)Note de bas de page * 0,52 (0,25 à 1,08)
Usage de cigarettes
Constants 1,00 1,00 1,00 1,00
Abstinents 0,14 (0,11 à 0,20)Note de bas de page * 0,37 (0,25 à 0,53)Note de bas de page * 0,12 (0,08 à 0,19)Note de bas de page * 0,27 (0,17 à 0,43)Note de bas de page *
Intensifieurs 1,45 (1,01 à 2,08)Note de bas de page * 1,55 (0,98 à 2,45) 1,35 (0,84 à 2,17) 1,26 (0,73 à 2,17)
Réducteurs 0,56 (0,33 à 0,97)Note de bas de page * 0,58 (0,31 à 1,07) 0,38 (0,20 à 0,73)Note de bas de page * 0,39 (0,19 à 0,80)Note de bas de page *
École buissonnière
Les deux années 1,00 1,00 1,00 1,00
Aucune des années 0,26 (0,22 à 0,31)Note de bas de page * 0,58 (0,49 à 0,69)Note de bas de page * 0,35 (0,28 à 0,43)Note de bas de page * 0,72 (0,58 à 0,90)Note de bas de page *
L’année de suivi seulement 0,64 (0,53 à 0,78)Note de bas de page * 0,84 (0,68 à 1,05) 0,82 (0,66 à 1,01) 1,05 (0,82 à 1,35)
L’année de référence seulement 0,51 (0,39 à 0,66)Note de bas de page * 0,65 (0,50 à 0,85)Note de bas de page * 0,80 (0,60 à 1,06) 1,14 (0,82 à 1,59)
Note en anglais/françaisNote de bas de page a
Aucun changement 1,00 1,00 1,00 1,00
Augmentation 1,37 (1,18 à 1,59)Note de bas de page * 0,98 (0,81 à 1,19) 1,31 (1,11 à 1,54)Note de bas de page * 1,17 (0,96 à 1,42)
Diminution 1,39 (1,19 à 1,62)Note de bas de page * 1,06 (0,87 à 1,29) 1,46 (1,22 à 1,74)Note de bas de page * 1,21 (0,99 à 1,49)
Respect des directives sur l’activité physique
Non-respect les deux années 1,00 1,00 1,00 1,00
Respect les deux années 1,39 (1,20 à 1,61)Note de bas de page * 1,15 (0,97 à 1,36) 1,91 (1,58 à 2,30)Note de bas de page * 1,48 (1,18 à 1,84)Note de bas de page *
Respect l’année de suivi seulement 1,30 (1,10 à 1,54)Note de bas de page * 1,09 (0,92 à 1,30) 1,64 (1,34 à 2,01)Note de bas de page * 1,28 (0,98 à 1,68)
Respect l’année de référence seulement 1,30 (1,12 à 1,50)Note de bas de page * 1,13 (0,95 à 1,34) 1,69 (1,39 à 2,06)Note de bas de page * 1,36 (1,08 à 1,71)Note de bas de page *
Respect des directives sur le temps d’écran
Non-respect les deux années 1,00 1,00 1,00 1,00
Respect les deux années 0,32 (0,22 à 0,47)Note de bas de page * 0,58 (0,39 à 0,84)Note de bas de page * 0,60 (0,38 à 0,96)Note de bas de page * 0,94 (0,57 à 1,54)
Respect l’année de suivi seulement 0,54 (0,39 à 0,74)Note de bas de page * 0,82 (0,59 à 1,14) 0,69 (0,43 à 1,11) 0,79 (0,48 à 1,32)
Respect l’année de référence seulement 0,64 (0,49 à 0,83)Note de bas de page * 0,88 (0,66 à 1,16) 1,13 (0,82 à 1,55) 1,39 (0,92 à 2,09)
Respect des directives sur le sommeil
Non-respect les deux années 1,00 1,00 1,00 1,00
Respect les deux années 0,74 (0,63 à 0,86)Note de bas de page * 0,84 (0,71 à 0,98)Note de bas de page * 0,87 (0,72 à 1,04) 1,01 (0,83 à 1,23)
Respect l’année de suivi seulement 0,98 (0,78 à 1,23) 0,96 (0,75 à 1,22) 1,14 (0,90 à 1,43) 1,26 (0,99 à 1,62)
Respect l’année de référence seulement 0,96 (0,82 à 1,12) 1,02 (0,87 à 1,20) 0,92 (0,75 à 1,14) 1,02 (0,81 à 2,19)
Symptômes de dépression
Les deux années 1,00 1,00 1,00 1,00
Aucune des années 0,62 (0,54 à 0,72)Note de bas de page * 1,04 (0,85 à 1,27) 0,88 (0,71 à 1,09) 1,13 (0,82 à 1,57)
L’année de suivi seulement 0,91 (0,75 à 1,10) 1,19 (0,94 à 1,51) 1,21 (0,94 à 1,55) 1,31 (0,90 à 1,89)
L’année de référence seulement 1,02 (0,83 à 1,26) 1,11 (0,86 à 1,45) 0,94 (0,72 à 1,24) 1,02 (0,70 à 1,49)
Symptômes d’anxiété
Les deux années 1,00 1,00 1,00 1,00
Aucune des années 0,72 (0,62 à 0,84)Note de bas de page * 0,91 (0,72 à 1,14) 0,88 (0,69 à 1,12) 0,99 (0,69 à 1,44)
L’année de suivi seulement 1,09 (0,89 à 1,33) 1,13 (0,88 à 1,46) 1,20 (0,89 à 1,63) 1,26 (0,82 à 1,93)
L’année de référence seulement 1,03 (0,81 à 1,30) 0,96 (0,72 à 1,28) 1,09 (0,82 à 1,45) 1,11 (0,77 à 1,61)
DERS (changement de 3 unités)
Aucun changement 1,00 1,00 1,00 1,00
Augmentation 1,16 (1,03 à 1,30)Note de bas de page * 1,05 (0,89 à 1,23) 1,09 (0,93 à 1,26) 0,98 (0,81 à 1,18)
Diminution 1,19 (1,03 à 1,38)Note de bas de page * 1,12 (0,94 à 1,33) 1,08 (0,92 à 1,27) 1,03 (0,86 à 1,24)
Échelle d’épanouissement (changement de 3 unités)
Aucun changement 1,00 1,00 1,00 1,00
Augmentation 1,13 (1,00 à 1,28)Note de bas de page * 1,04 (0,88 à 1,23) 1,07 (0,90 à 1,27) 1,00 (0,82 à 1,23)
Diminution 1,06 (0,95 à 1,18) 0,92 (0,80 à 1,33) 1,04 (0,90 à 1,20) 0,97 (0,81 à 1,16)

Abréviations : DERS, Difficulties in Emotional Regulation Scale; EEG, équations d’estimation généralisées; IC, intervalle de confiance; RCA, rapport de cotes ajusté.

Remarques : Modèles partiellement ajustés pour tenir compte de l’année d’études, de l’ethnicité, de la province et du regroupement par école. Modèles entièrement ajustés pour tenir compte de l’année d’études, de l’ethnicité, de l’argent de poche, de toutes les variables dans le tableau, de la province et du regroupement par école.

En ce qui concerne la consommation de substances, les « abstinents » correspondaient à l’absence de consommation tant au cours de l’année de référence qu’à celle du suivi, les « constants » à une fréquence de comportement identique au cours des deux années de l’étude, les « intensifieurs » à une fréquence accrue du comportement entre l’année de référence et l’année de suivi et les « réducteurs » à une fréquence plus faible du comportement entre l’année de référence et l’année de suivi.

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Note en français au Québec, note en anglais ailleurs.

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Note de bas de page *

p < 0,05.

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Les résultats étaient significatifs pour les élèves n’ayant pas fait l’école buissonnière pendant les deux années ainsi que pour les filles ayant fait l’école buissonnière au cours de l’année de référence seulement.

Les garçons qui respectaient les directives sur l’activité physique pendant les deux années, qui ont commencé à les respecter et qui ont cessé de les respecter avaient une probabilité accrue de commencer à utiliser la cigarette électronique comparativement à ceux qui ne les avaient pas respectées les deux années. Les élèves de sexe féminin qui respectaient les directives sur le temps d’écran et le sommeil pendant les deux années avaient une probabilité inférieure de commencer à utiliser des cigarettes électroniques que celles qui ne les avaient pas respectées les deux années.

Les changements relatifs aux indicateurs de la santé mentale et du bien-être n’étaient pas associés de façon significative à l’initiation à la cigarette électronique.

Analyse

Sur une période d’un an, près du tiers (29 %) des élèves canadiens du secondaire qui n’avaient encore jamais essayé la cigarette électronique ont déclaré avoir commencé à l’utiliser. Cela concorde avec les recherches montrant que la popularité de la cigarette électronique a connu une hausse rapide chez les élèvesNote de bas de page 3, d’où l’importance d’étudier son introduction. Nous avons relevé de multiples facteurs démographiques et comportementaux associés à l’initiation à la cigarette électronique. De plus, nous avons examiné comment les changements des facteurs comportementaux de départ, chez les élèves de sexe féminin et masculin, étaient associés à l’initiation à la cigarette électronique. Les résultats stratifiés illustrant certaines différences entre les sexes quant aux facteurs associés à l’initiation à la cigarette électronique pourraient orienter des programmes sur mesure de prévention du vapotage.

La présente étude vient enrichir la documentation actuelle en explorant un large éventail de facteurs associés à l’initiation à la cigarette électronique. L’usage de la cigarette électronique s’est répandu davantage chez les élèves plus jeunes, peut-être parce qu’ils résistent moins bien à l’influence de leurs camaradesNote de bas de page 38. Il semble donc que les activités de prévention du vapotage devraient débuter avant la 9e année et, possiblement, être renforcées au secondaire. Comme l’indiquent les données antérieures sur le tabagismeNote de bas de page 39 et l’initiation à la cigarette électroniqueNote de bas de page 16, les élèves ayant plus d’argent de poche risquaient davantage de commencer à utiliser la cigarette électronique, tant que chez filles que chez les garçons. Le coût des dispositifs peut dissuader les jeunes qui sont sensibles au prix; par conséquent, les politiques de taxation qui augmentent le coût des dispositifs et accessoires de vapotage (p. ex. liquide à vapoter, capsules) contribueraient à réduire l’initiation à la cigarette électronique chez les jeunes.

Comme prévu, la consommation d’autres substances (c.-à-d. alcool, cannabis et cigarettes) était fortement associée à l’initiation à la cigarette électronique. En ce qui concerne les caractéristiques de départ, la consommation mensuelle d’alcool présentait le plus grand risque pour les filles, et l’usage de cigarettes au cours du mois précédent présentait le plus grand risque pour les garçons, suivi de la consommation mensuelle d’alcool. En raison du nombre relativement élevé d’élèves qui ont déclaré consommer de l’alcool (33 % contre 6 % pour le cannabis et 5 % pour les cigarettes) et des probabilités élevées d’initiation, la réalisation d’activités de prévention dans ce domaine pourrait aider à prévenir l’usage de la cigarette électronique, mais d’autres évaluations devront être menées pour le confirmer.

Les résultats obtenus étaient semblables en ce qui a trait à l’évolution des comportements de consommation de substances au fil du temps. De nombreuses études antérieures ont montré que les comportements à risque pour la santé et les comportements de consommation de substances tendent à coexister chez les adolescents, et il est probable que l’impulsivité et une forte tendance à rechercher des sensations soient des facteurs de risque qui favorisent ces comportementsNote de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 12Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 21. Les programmes de prévention devraient donc cibler de multiples substances et tenir compte des raisons sous-jacentes qui incitent les jeunes à consommer ces substances. Néanmoins, l’incidence de tels programmes sur plusieurs comportements à risque pour la santé devra faire l’objet d’évaluations additionnelles.

D’autres comportements liés à la santé étaient également associés à l’initiation à la cigarette électronique, mais les résultats étaient parfois complexes, et certaines différences ont été observées entre les élèves de sexe masculin et de sexe féminin. Par exemple, les élèves qui respectaient les directives canadiennes en matière d’activité physique ont eu davantage tendance à commencer à utiliser la cigarette électronique. Une étude canadienne antérieure a établi un lien entre l’activité physique et l’usage de la cigarette électroniqueNote de bas de page 40; toutefois, d’autres études américaines n’ont établi aucun lienNote de bas de page 41Note de bas de page 42Note de bas de page 43. Les données indiquent également que les jeunes considèrent la cigarette électronique comme une option moins nocive que les cigarettesNote de bas de page 44. Bien que les élèves soient de plus en plus conscients des méfaits du vapotage régulier de produits contenant de la nicotine, relativement peu d’élèves perçoivent les méfaits du vapotage de produits sans nicotine ou du vapotage occasionnel de produits avec nicotineNote de bas de page 2Note de bas de page 45. Cela peut expliquer l’attrait des cigarettes électroniques pour les jeunes qui pratiquent des sports et qui évitent d’autres substances inhalées comme le cannabis et les cigarettesNote de bas de page 46.

Toutefois, chez les élèves de sexe féminin, le fait de respecter les directives sur le temps passé devant un écran au début de l’étude et au moment du suivi (soit la catégorie « usage constant ») était associé de façon négative à l’initiation à la cigarette électronique. Des recherches antérieures ont établi un lien entre l’exposition à la publicité sur la cigarette électronique et l’initiation à la cigarette électroniqueNote de bas de page 9Note de bas de page 17Note de bas de page 18, et les élèves qui respectent les recommandations canadiennes sur le temps passé devant un écran pourraient être moins exposés à la publicité, particulièrement en ligne. La promotion de la cigarette électronique est répandue en ligne, et les jeunes qui déclarent y avoir été exposés sont plus susceptibles de commencer à l’utiliserNote de bas de page 47Note de bas de page 48. Il est possible que ce résultat ait été observé seulement chez les filles en raison des différences entre la façon dont les filles et les garçons passent leur temps devant un écran : les garçons sont plus enclins à jouer à des jeux vidéo, tandis que les filles ont plutôt tendance à passer du temps sur leur téléphone cellulaireNote de bas de page 49. Ces résultats doivent toutefois être interprétés avec prudence, car la grande majorité des élèves (filles et garçons) ne respectaient pas les directives sur le temps passé devant un écran.

Enfin, le respect des directives sur le sommeil pendant les deux années était associé de façon négative à l’initiation à la cigarette électronique chez les filles. Ces résultats sont intuitifs et viennent bonifier la documentation. Bien que la consommation de cannabis et la consommation excessive d’alcool aient été associées au non-respect des directives sur le sommeilNote de bas de page 50Note de bas de page 51, d’autres recherches n’ont révélé aucune associationNote de bas de page 52. Cette constatation pourrait s’expliquer par l’adoption d’un mode de vie peu propice au sommeil, mais d’autres recherches sont nécessaires.

Contrairement aux études antérieuresNote de bas de page 15Note de bas de page 16Note de bas de page 53, les indicateurs de la santé mentale n’étaient pas associés de façon significative à l’initiation à la cigarette électronique. Deux études antérieures ont révélé que des problèmes d’internalisation (p. ex. anxiété, dépression) étaient associés à l’initiation à la cigarette électronique seulement, mais non à la double utilisation de la cigarette électronique et de la cigarette classiqueNote de bas de page 15Note de bas de page 16. Une autre étude avait révélé une association entre des symptômes dépressifs et le fait de commencer à utiliser la cigarette électronique, la cigarette et les deuxNote de bas de page 53. Toutefois, ces études ont utilisé des mesures différentes, et elles incluaient la double utilisation de la cigarette et de la cigarette électronique. Deux d’entre elles n’ont pas tenu compte de la consommation de cannabisNote de bas de page 16Note de bas de page 53, qui a également été associée à la dépressionNote de bas de page 54 et pourrait confondre les résultats. D’autres études sont nécessaires pour approfondir l’association entre les indicateurs de la santé mentale et l’initiation à la cigarette électronique.

Les résultats de l’échelle sur les difficultés de la régulation émotionnelle (échelle DERS) étaient significatifs chez les élèves de sexe féminin. Cette observation est conforme aux recherches antérieures, qui ont révélé qu’un dérèglement émotionnel est associé à l’initiation à la cigaretteNote de bas de page 55. Un score élevé sur l’échelle DERS indique une régulation émotionnelle plus difficile, ce qui pourrait vouloir dire que les filles utilisent la cigarette électronique comme stratégie d’adaptation. Par conséquent, l’enseignement de stratégies d’adaptation positives pourrait être un volet important des programmes de prévention du vapotage auprès des élèves de sexe féminin.

En revanche, les garçons ayant un degré d’épanouissement élevé affichaient une probabilité accrue de commencer à utiliser la cigarette électronique. Cette tendance va à l’encontre des résultats selon lesquels un épanouissement élevé est associé à une consommation moindre de substances ou à un effet nulNote de bas de page 56Note de bas de page 57Note de bas de page 58; il semble ainsi que les garçons n’utilisent pas les cigarettes électroniques comme stratégie d’adaptation. La curiosité à l’égard d’un nouveau produit – une raison courante pour laquelle les adolescents essaient la cigarette électronique – pourrait être ce qui motive ce groupe, de même que les stratégies de commercialisation destinées à plaire aux jeunesNote de bas de page 59Note de bas de page 60. Les recherches antérieures étaient de nature transversaleNote de bas de page 56Note de bas de page 57Note de bas de page 58, et il est possible que le sens de l’association ait changé lorsque les élèves se sont mis à en faire un usage régulier. À la lumière de ces résultats et des associations positives constatées entre l’activité physique et l’usage de la cigarette électronique, il est possible que l’usage de la cigarette électronique soit davantage une activité sociale, mais d’autres recherches sont nécessaires pour explorer cette hypothèse.

Points forts et limites

Le principal point fort de cette étude est l’utilisation d’un vaste ensemble de données longitudinales recueillies en milieu scolaire pour examiner les facteurs associés à l’usage de la cigarette électronique. En particulier, le recours à des démarches de consentement passif maximise le taux de participation des élèves et limite le biais de sélection, qui est courant dans les études qui utilisent des démarches de consentement actif pour examiner la consommation de substances chez les jeunesNote de bas de page 26Note de bas de page 61Note de bas de page 62Note de bas de page 63Note de bas de page 64. Cette étude est la première du genre à examiner l’initiation à la cigarette électronique dans le contexte canadien et l’incidence des changements comportementaux sur l’initiation à la cigarette électronique chez les élèves canadiens. L’étude COMPASS comprend des questions qui évaluent tout un éventail de comportements liés à la santé, ce qui permet de bien examiner l’influence des caractéristiques démographiques, des facteurs comportementaux et des indicateurs de la santé mentale sur l’initiation à la cigarette électronique.

Bien que l’étude COMPASS dispose d’un large échantillon, elle a été conçue pour évaluer les changements apportés aux programmes et aux politiques scolaires à l’aide d’une méthode d’expérimentation naturelle. Elle n’est donc pas représentative de tous les élèves canadiens du secondaire. De plus, comme le questionnaire ne définit ni la cigarette électronique ni les marques, et en raison du langage variable utilisé par les jeunes pour parler des cigarettes électroniques (p. ex. « vapoteuse », « Juul »), il est possible que cette étude sous-estime l’usage de la cigarette électronique. Il est également probable que la relation entre les facteurs de risque et l’initiation à la cigarette électronique soit influencée par d’autres facteurs non mesurés dans l’étude COMPASS, comme l’exposition à la publicité des cigarettes électroniquesNote de bas de page 9Note de bas de page 17Note de bas de page 18 ou la prédisposition à l’usage de la cigarette électroniqueNote de bas de page 12.

De plus, comme c’est le cas pour la plupart des enquêtes fondées sur l’autodéclaration, l’information sur la consommation de substances pourrait souffrir d’un biais de déclaration; toutefois, les élèves sont assurés de l’anonymat de leurs réponses. En outre, l’abandon d’une partie des participants et les limites du suivi des élèves sur les deux années peuvent avoir entraîné une sous-estimation des taux d’initiation à la cigarette électronique et de leurs associations avec les variables démographiques et comportementales, car les élèves dont les données ont pu être appariées d’une année à l’autre étaient généralement plus jeunes, de sexe féminin et peu enclins à consommer des substancesNote de bas de page 65Note de bas de page 66. Certaines différences entre l’échantillon d’étude complet et les cas supprimés peuvent également avoir entraîné un biais, tout comme les différences entre les échantillons des parties 1 et 2. Enfin, l’utilisation de deux points dans le temps nous a empêchés d’évaluer si les changements observés dans les covariables au moment du suivi se sont produits avant ou après l’initiation à la cigarette électronique. Notre analyse des changements dans les caractéristiques en lien avec l’usage de la cigarette électronique doit donc être considérée comme exploratoire.

Conclusion

Cette étude prospective portant sur les facteurs associés à l’initiation à la cigarette électronique fournit de nouvelles données qui confirment la nécessité de renforcer les mesures de prévention du vapotage auprès des jeunes. En seulement un an, près du tiers des jeunes de l’échantillon qui n’utilisaient pas la cigarette électronique au départ ont commencé à l’utiliser. Les stratégies de prévention devraient cibler plusieurs comportements à risque pour la santé afin de prévenir l’initiation à la cigarette électronique chez les jeunes. De plus, étant donné que les élèves de 9e année avaient une probabilité accrue de commencer à utiliser la cigarette électronique, il pourrait être avantageux de mettre en œuvre des approches en milieu scolaire avant l’entrée au secondaire.

Remerciements

L’étude COMPASS a reçu le soutien d’une subvention transitoire de l’Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) grâce à l’attribution du financement prioritaire « Obesity-Interventions to Prevent or Treat » (Interventions pour prévenir ou traiter l’obésité; OOP-110788; subvention accordée à SL), d’une subvention de fonctionnement de l’Institut de la santé publique et des populations des IRSC (MOP-114875; subvention accordée à SL), d’une subvention de projet des IRSC (PJT-148562; subvention accordée à SL), d’une subvention transitoire des IRSC (PJT-149092; subvention accordée à KP et SL), d’une subvention de projet des IRSC (PJT-159693; subvention accordée à KP) et d’un accord de financement de la recherche conclu avec Santé Canada (no 1617-HQ-000012; contrat attribué à SL). L’étude COMPASS au Québec est également financée par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et par la Direction régionale de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale. Ces travaux ont reçu le soutien d’une subvention de fonctionnement des IRSC (no ;170256, accordée à AC). GCW bénéficie du soutien des bourses d’études supérieures de l’Ontario (BESO) et de l’Agence de la santé publique du Canada dans le cadre du Programme fédéral d’expérience de travail étudiant.

Conflits d’intérêts

Scott Leatherdale est rédacteur scientifique adjoint de la revue PSPMC, mais il s’est retiré du processus d’évaluation de cet article. Les auteurs n’ont aucun conflit d’intérêts à déclarer.

Contributions des auteurs et avis

GCW a collaboré à la méthodologie de l’étude, effectué l’analyse statistique, interprété les résultats et rédigé le manuscrit original. AGC a rédigé les questions de recherche de l’étude, collaboré à la méthodologie de l’étude, interprété les résultats de l’étude, contribué à l’ébauche du manuscrit original et examiné le manuscrit pour en déterminer le contenu intellectuel important. MdG, YJ et STL ont collaboré à la méthodologie de l’étude, interprété les résultats de l’étude et révisé le manuscrit pour en déterminer le contenu intellectuel important. En qualité de chercheur principal de l’étude COMPASS, STL a rédigé la proposition de financement, élaboré les outils et dirigé la mise en œuvre et la coordination de l’étude. Tous les auteurs ont lu et approuvé le manuscrit final.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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