Synthèse des données probantes – Moment choisi pour faire de l’activité physique sur 24 heures et son influence sur la santé : revue systématique

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Ian Janssen, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 2; Julie E. Campbell, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1; Samah Zahran, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1; Travis J. Saunders, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 3; Jennifer R. Tomasone, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1; Jean-Philippe Chaput, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 4

https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.4.02f

Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.

Rattachement des auteurs
Correspondance

Ian Janssen, École de kinésiologie et d’études sur la santé, Université Queen’s, Kingston (Ontario) K7L 3N6; tél. : 613-533-6000, poste 78631; courriel : ian.janssen@queensu.ca

Citation proposée

Janssen I, Campbell J J, Zahran S, Saunders TJ, Tomasone JR, Chaput JP. Moment choisi pour faire de l’activité physique sur 24 heures et son influence sur la santé : revue systématique. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2022;42(4):146-156. https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.4.02f

Résumé

Introduction. Selon certaines études récentes, les bienfaits de l’activité physique pour la santé diffèrent selon que l’activité est pratiquée le matin, l’après-midi ou le soir. Le but de cette revue systématique était de déterminer s’il existe un lien entre, d’une part, le moment choisi pour faire de l’activité physique sur 24 heures et, d’autre part, la santé.

Méthodologie. Nous avons consulté cinq bases de données pour trouver des études évaluées par les pairs, en anglais ou en français, qui visaient à déterminer s’il existe un lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique au cours de la journée et la santé. Aucune limite n’a été imposée pour l’année de publication, la population étudiée, le plan d’étude ou les résultats sur la santé. Nous avons exclu les études qui s’intéressaient aux effets précis de l’activité physique ou du choix du moment pour faire de l’activité physique en fonction de la prise d’aliments.

Résultats. Cette revue systématique a porté sur 35 études réalisées auprès de 17 259 participants et sur les résultats sur la santé suivants : santé du sommeil, adiposité, masse musculaire et taille des muscles, biomarqueurs cardiométaboliques, fonctionnalité physique et mobilité, santé mentale et risque de maladies cardiovasculaires, de cancer et de décès. L’hétérogénéité des études a rendu impossibles les méta-analyses, et nous présentons nos résultats à l’aide de synthèses narratives. Sur les 35 études examinées, 11 ont révélé que l’activité physique est davantage bénéfique pour la santé si elle est pratiquée le matin que si elle est pratiquée l’après-midi ou le soir, tandis que 12 ont déterminé que l’activité physique est moins bénéfique pour la santé si elle est pratiquée le matin que si elle est pratiquée l’après-midi ou le soir. Dans les 12 autres études, il n’y avait pas de différence nette dans les bienfaits pour la santé en fonction du moment choisi pour faire de l’activité physique. Dans l’ensemble des plans d’étude, la qualité des données probantes pour les résultats sur la santé s’est révélée très faible.

Conclusion. Il n’existe pas de données probantes cohérentes indiquant qu’il est plus bénéfique pour la santé de faire de l’activité physique à un moment donné de la journée plutôt qu’à un autre. (no d'enregistrement dans PROSPERO : CRD42021231088)

Mots-clés : activité physique, exercice, moment choisi, santé, revue systématique

Points saillants

  • Cette revue systématique avait pour but de déterminer s’il existe un lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique au cours de la journée et la santé.
  • Au total, 35 études réalisées auprès de 17 259 participants ont été incluses.
  • Les résultats de 11 études laissent penser que l’activité physique est davantage bénéfique à la santé si elle est pratiquée le matin plutôt que l’après-midi ou le soir. Les résultats de 12 études tendent à indiquer que l’activité physique est moins bénéfique pour la santé si elle est pratiquée le matin que si elle est pratiquée l’après-midi ou le soir. Enfin, les résultats de 12 études n’ont révélé aucune différence dans les résultats sur la santé en fonction du moment choisi pour faire de l’activité physique.
  • Il n’existe pas de données probantes cohérentes indiquant qu’il est plus bénéfique pour la santé de faire de l’activité physique à un moment donné de la journée plutôt qu’à un autre.

Introduction

Les premières recommandations nationales sur l’activité physique pour la santé publique proviennent du rapport de 1996 du directeur du Service de santé publique (Surgeon General) des États-Unis sur l’activité physique et la santéNote de bas de page 1. On y recommandait, pour les adultes, « au moins 30 minutes d’activité physique d’intensité modérée (comme de la marche rapide) la plupart des jours de la semaine, sinon tous les jours de la semaine »Note de bas de page 1, p. 6[traduction]. Cette recommandation reposait sur des données probantes selon lesquelles les adultes doivent dépenser environ 1 000 kcal par semaine par la pratique d’une activité physique d’intensité modérée à vigoureuse (APMV) pour réduire le risque de morbidité et de décèsNote de bas de page 1. On proposait pour cela environ 150 minutes d’APMV par semaine, à raison de 30 minutes par jour, 5 jours par semaineNote de bas de page 1. Le Guide d’activité physique canadien pour une vie active saineNote de bas de page 2 a fait des recommandations similaires en 1998.

Environ une dizaine d’années après la publication de ce rapport du directeur du service de Santé publique, les États-UnisNote de bas de page 3, le CanadaNote de bas de page 4 et l’Organisation mondiale de la santéNote de bas de page 5 ont publié des recommandations actualisées en matière d’activité physique : on n’a alors plus fait mention d’une APMV la plupart des jours de la semaine ou tous les jours de la semaine, mais on a indiqué simplement que les adultes devaient accumuler 150 minutes d’APMV par semaine, par périodes d’au moins 10 minutes.

Plus récemment, les États-UnisNote de bas de page 6, le CanadaNote de bas de page 7 et l’Organisation mondiale de la santéNote de bas de page 8 ont publié d’autres recommandations actualisées en matière d’activité physique. On ne mentionne plus que les minutes d’APMV doivent être accumulées par période d’au moins 10 minutes, car les données probantes montrent que l’APMV intermittente (moins de 10 minutes) procure des bienfaits pour la santé équivalents à ceux de séances régulières d’APMVNote de bas de page 6Note de bas de page 7Note de bas de page 8. Ainsi, si la quantité d’APMV et l’intensité de l’APMV recommandées pour la santé publique sont les mêmes depuis 1996, des changements significatifs ont été apportés aux éléments constituant ces recommandations, à savoir sur la façon d’accumuler les minutes d’APMV.

Ce qui n’a pas été pris en compte dans le cadre de ces recommandations, c’est le moment de la journée où ces minutes d’activité physique doivent être réalisées (le matin, l’après-midi ou le soir). D’après certaines études récentes, des doses équivalentes d’activité physique pratiquée le matin, l’après-midi et le soir sont associées à des résultats différents en matière d’adipositéNote de bas de page 9, de biomarqueurs cardiométaboliquesNote de bas de page 10, de maladies cardiovasculairesNote de bas de page 11 et de cancerNote de bas de page 12. Ces nouvelles études, conjuguée à un certain intérêt médiatiqueNote de bas de page 13Note de bas de page 14, ont incité certaines personnes à recommander de faire de l’exercice à des moments précis de la journée, ce qui permettrait, selon elles, d’en optimiser les bienfaits pour la santé. Cependant, les effets du moment choisi pour faire de l’activité physique n’ont pas été étudiés de manière approfondie.

Cette revue systématique visait à déterminer s’il existe un lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique sur 24 heures et la santé. Ces résultats devraient permettre d’établir s’il faut tenir compte du moment choisi pour faire de l’activité physique dans les futures recommandations en matière de santé publique et dans les efforts de promotion de la santé.

Méthodologie

Protocole et enregistrement

Cette revue de littérature a été enregistrée dans le Registre prospectif international des revues systématiques (PROSPERO; numéro d’enregistrement CRD42021231088) et a été réalisée conformément au modèle PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses)Note de bas de page 15.

Critères d’éligibilité

Nous avons utilisé le cadre PICOS (Participants, Intervention/Exposure, Comparisons, Outcomes, Study Design, soit Population, Intervention, Comparaisons, Résultats et Plan d’études) pour faciliter le processus de recherche et sélectionner les composantes de chaque étudeNote de bas de page 16.

Population

La population d’intérêt est constituée de personnes indépendamment de leur âge, sexe, origine ethnique et état de santé.

Intervention/exposition

L’intervention ou l’exposition est le moment choisi pour faire de l’activité physique sur 24 heures, quelle que soit l’intensité de cette activité. Nous avons étudié les effets d’une activité physique habituelle ou d’interventions en matière d’activité physique. Les études portant sur les réponses spécifiques à une seule séance d’activité physique ont été exclues. Nous n’avons pas étudié le choix du moment pour faire de l’activité physique en fonction de la consommation d’aliments ou de boissons, de la prise de médicaments ou d’autres traitements.

Comparaison/contrôle

La comparaison porte sur les différents moments choisis pour faire de l’activité physique. Pour le cas des études d’intervention, un groupe témoin ne faisant pas d’exercice n’était pas nécessaire.

Résultats

Tous les résultats sur la santé ont été inclus (c’est-à-dire que la stratégie de recherche n’était pas limitée à un résultat en matière de santé en particulier ou à un petit nombre de résultats sur la santé). Nous avons également inclus le sommeil et la sédentarité – les autres comportements liés au mouvement qui, avec l’activité physique, occupent les 24 heures d’une journée du point de vue de l’emploi du tempsNote de bas de page 17 – dans les résultats potentiels. Les résultats en matière de forme physique et de performance athlétique (comme la consommation maximale d’oxygène [VO2max], la force musculaire ou la vitesse de sprint) n’ont pas été pris en compte.

Plans d’étude

Toutes les études originales étaient admissibles, à l’exception des études de cas, des études ne faisant appel qu’à une analyse des données qualitatives et les études ne portant que sur certains effets pointus de l’activité physique.

Sources d’information et stratégie de recherche

Nous avons consulté cinq bases de données : Ovid MEDLINE/PubMed, Ovid Embase, Ovid PsycINFO, EBSCO Cumulative Index to Nursing and Allied Health Literature (CINAHL) et EBSCO SPORTDiscus. Les recherches ont été effectuées le 6 janvier 2021, et aucune limite de date de publication n’a été imposée. Pour être admissibles, les études devaient être en anglais ou en français, publiées ou en prépublication, et avoir fait l’objet d’une évaluation par les pairs. La littérature grise (chapitres de livre, mémoires, etc.) et les résumés ont été exclus, étant donné qu’il est difficile d’y faire des recherches et que, souvent, il n’y a eu aucun processus d’évaluation par les pairs.

Nous avons utilisé les termes de recherche suivants : (1) « physical activity » OU « physical activities » OU « physically active » OU « physical exercise » OU « exercise » ou « walk »; ET (2) « time of day » OU « timing ». On trouvera de plus amples renseignements sur la stratégie de recherche dans le matériel supplémentaire.

Pour éliminer les doublons, nous avons importé les documents dans Covidence (Veritas Health Innovation, Melbourne, Australie). Au cours de la sélection de niveau 1, deux évaluateurs (IJ, JC ou SZ) ont passé en revue de manière indépendante les titres et les résumés des articles. Les articles qui, selon l’un des évaluateurs, répondaient aux critères de sélection initiaux passaient à l’étape de la sélection de niveau 2. Au cours de la sélection de niveau 2, deux évaluateurs (IJ, JC ou SZ) ont analysé le texte intégral des articles sélectionnés. Les divergences ont été résolues par discussion jusqu’à ce qu’un consensus émerge entre les évaluateurs.

Extraction des données

L’une des évaluatrices (JC ou SZ) a extrait les données des études admissibles pour les intégrer dans des feuilles de calcul Microsoft Excel 365 (Microsoft Corp., Redmond, Washington, États‑Unis) et la seconde (JC ou SZ) a vérifié les résultats de sa collègue. Les évaluatrices avaient accès aux noms des auteurs des articles ou des revues lors de l’extraction des données. Pour chaque étudeont été extraites les données sur les résultats et sur des caractéristiques importantes telles que le plan, la population ciblée, la taille de l’échantillon, l’âge des participants, la façon dont les variables liées au moment de l’activité physique ont été mesurées et classées et enfin les caractéristiques de l’intervention. Lorsque les résultats de plus d’un modèle de régression étaient présentés dans l’article, nous avons sélectionné les résultats du modèle le mieux ajusté.

Évaluation du risque de biais et de la qualité des études

Le risque de biais a été évalué selon les méthodes décrites dans le Cochrane HandbookNote de bas de page 18. Les évaluations ont été réalisées par une évaluatrice (JC ou SZ) et ont été vérifiées par un autre évaluateur (IJ). La qualité des données probantes pour chaque résultat en matière de santé a été déterminée systématiquement à l’aide de l’approche GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation)Note de bas de page 19. L’approche GRADE offre une classification de la qualité des données probantes en 4 niveaux : qualité « élevée », « modérée », « faible » et « très faible ». Le niveau de qualité de départ correspond à « élevée » pour les études randomisées et à « faible » pour toutes les autres études (études observationnelles, essais non randomisés, etc.). La qualité des données probantes peut être abaissée d’un ou deux niveaux si les études présentent d’importantes limites, par exemple un risque de biais élevé, une incohérence des effets, un caractère indirect ou une imprécision. La qualité des données probantes peut être haussée d’un niveau s’il n’y a pas de raison de l’abaisser, c’est-à-dire en cas d’absence de limites majeures, en cas d’ampleur de l’effet ou en cas de preuve de relation dose‑réponseNote de bas de page 19.

Résultats

Description des études

Au total, 11 773 études ont été recensées (PubMed, n = 3 455; EMBASE, n = 3 356; PsycINFO, n = 3 423; CINAHL, n = 1 903; SPORTDiscus, n = 1 840). Après élimination des doublons, il en est resté 6 666 . Quatre-vingt-une études ont franchi l’étape de la sélection de niveau 1 et 35 études ont franchi l’étape de la sélection de niveau 2 pour l’inclusion dans la revue systématique. Nous avons exclu les études qui portaient sur les effets spécifiques de l’exercice (n = 18), les études qui ne s’intéressaient pas au lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et un résultat en matière de santé (n = 14), les études autres qu’originales (n = 11) et les études qui se penchaient sur le choix du moment pour faire de l’activité physique en fonction de l’alimentation (repas, suppléments diététiques) (n = 3).

Le diagramme de flux PRISMANote de bas de page 15 est présenté figure 1.

Figure 1. Diagramme de flux PRISMA 2020Note de bas de page 15 pour la recherche, la sélection, l’éligibilité et l’inclusion des études dans cette revue systématique
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel

Cette figure illustre le diagramme de flux PRISMA pour la sélection d’études incluses dans cette revue systématique. 11 773 études ont été trouvées dans les bases de données :

  • Ovid MEDLINE/PubMed (n = 3455)
  • Ovid Embase (n = 3356)
  • Ovid PsyINFO (n = 3423)
  • EBSCO CINAHL (n = 1903)
  • EBSCO SPORTDiscus (n = 1840)

De celles-ci, 5107 doublons ont été éliminés. Un total de 6666 études ont été soumises à la sélection, ce qui a résulté en l’exclusion de 6585 études. 81 études en texte intégral ont donc fait l’objet d’une évaluation de l’éligibilité. De celles-ci, 46 études ont été exclues pour la raisons suivantes :

  • Effets spécifiques de l’activité physique étudiés (n = 18)
  • Activité physique non analysée par rapport à un résultat en matière de santé (n = 14)
  • Études non originales (n = 11)
  • Activité physique analysée en function du moment de l’alimentation (n = 3)

En bout de ligne, n = 35 études ont été incluses dans la revue.

Abréviation : PRISMA, Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses.

Les caractéristiques et les résultats des 35 études incluses dans cette revue sont présentées dans les tableaux supplémentaires S1 à S9, et les évaluations du risque de biais de chaque étude sont présentées dans les tableaux S10 à S18. Les tableaux S1 à S9 et S10 à S18 sont organisés en fonction des résultats en matière de santé : santé du sommeil (tableaux S1 et S10), adiposité (tableaux S2 et S11), masse musculaire et taille des muscles (tableaux S3 et S12), biomarqueurs cardiométaboliques (tableaux S4 et S13), risque de maladies cardiovasculaires (tableaux S5 et S14), risque de cancer (tableaux S6 et S15), fonctionnalité physique et mobilité (tableaux S7 et S16), santé mentale (tableaux S8 et S17) et risque de décès (tableaux S9 et S18). Plusieurs études comportaient des données pour des résultats relevant de deux de ces catégories ou plus.

La taille des échantillons des 35 études va d’un petit échantillon de commodité de 11 personnes à un vaste échantillon diversifié de 9 952 personnes. Deux études ont été menées auprès d’enfants et de jeunes, les autres ayant été menées auprès d’adultes. Les données des études portent sur 17 259 participants au total. Huit études sont des essais cliniques randomisés (ECR), deux sont des études croisées randomisées, cinq sont des études randomisées sans groupe témoin, quatre sont des essais non randomisés, une est une étude de cohorte prospective, cinq sont des études cas-témoin et dix sont des études transversales.

Parmi les 17 études observationnelles, le moment choisi pour faire de l’activité physique a été évalué à l’aide de méthodes autodéclarées dans 6 études et à l’aide de mesures fondées sur des appareils dans 11 études. Trois approches ont été utilisées pour évaluer ou classer le moment choisi pour faire de l’activité physique : huit études ont mesuré la quantité d’activité physique accumulée au cours de différents intervalles de temps (par exemple minutes d’APMV accumulées le matin, l’après-midi et le soir); six études ont classé les participants en fonction du moment de la journée où ils faisaient généralement de l’exercice (par exemple personnes qui ne faisaient pas d’exercice et celles qui en faisaient le matin, l’après-midi ou le soir); trois études ont examiné les changements dans le profil d’APMV au cours de la journée (par exemple être peu actif le jour mais actif le soir ou le contraire).

La durée des interventions en matière d’exercice varie entre 2 semaines et 10 mois et 11 études sur 19 portent sur une intervention de douze semaines. Une étude prescrit une activité physique de faible intensité, une autre un entraînement par intervalles de haute intensité et les autres, de l’APMV. Sept interventions prescrivent des exercices d’aérobie, trois des exercices contre résistance, trois à la fois des exercices d’aérobie et des exercices contre résistance et les autres, des programmes d’exercices multimodaux. Six interventions comparent l’exercice fait le matin et l’exercice fait l’après-midi, sept l’exercice fait le matin et l’exercice fait le soir, deux l’exercice fait le matin, l’exercice fait l’après-midi et l’exercice fait le soir et enfin une, l’exercice fait avant le coucher et l’exercice fait dans les quatre heures qui précèdent le coucher.

Synthèse des données

Nous n’avons pas pu effectuer de méta-analyse en raison de l’hétérogénéité des plans d’étude, de la mesure et de la classification de l’activité physique pour les études observationnelles, du type d’exercices prescrits et de la durée des exercices prescrits pour les interventions et enfin du type d’analyses statistiques utilisées. Nous présentons donc nos résultats sous forme de synthèses narratives.

Pour réaliser les synthèses narratives, nous avons : (1) élaboré une méthode visant à synthétiser les divers renseignements et les résultats pertinents des études; (2) regrouper les études en fonction des résultats en matière de santé, du plan d’étude, des mesures de l’activité physique et de la classification du moment choisi pour faire de l’activité physique; (3) mis en tableaux les associations positives, négatives et nulles pour ces groupements et (4) déterminé si le plan d’étude, l’âge ou le sexe étaient des variables modératrices. Dans les synthèses narratives, le terme « résultats mitigés » décrit les situations où il y a eu une combinaison de résultats nuls, de résultats favorisant l’activité physique pratiquée le matin et de résultats favorisant l’activité physique pratiquée l’après-midi ou le soir. Les résultats sont indépendants de l’âge et du sexe, sauf indication contraire.

Moment choisi pour faire de l’activité physique et santé du sommeil

Cinq études portent sur le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et les mesures de la santé du sommeil : une étude croisée randomiséeNote de bas de page 20, un essai randomisé sans groupe témoinNote de bas de page 21, un essai non randomiséNote de bas de page 22 et deux études transversalesNote de bas de page 23Note de bas de page 24(tableau S1). Les mesures de la santé du sommeil étaient la durée du sommeil, la qualité du sommeil, la latence d’endormissement, l’éveil intra-sommeil, l’efficacité du sommeil, la fragmentation du sommeil, la satisfaction du sommeil et le sentiment de repos ou de fatigue au réveil.

Des résultats mitigés ont été observés dans ces études. Selon une étude expérimentale, l’exercice fait le soir améliorerait davantage la latence d’endormissement et la satisfaction du sommeil que l’exercice fait le matinNote de bas de page 21. À l’inverse, deux études ont révélé que l’activité physique faite le matinNote de bas de page 23 ou au moins quatre heures avant le coucherNote de bas de page 22 était associée à de meilleurs résultats en ce qui concerne la santé du sommeil que l’activité physique faite plus tard dans la journée. Dans deux études, aucun lien n’a été observé entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et la santé du sommeilNote de bas de page 20Note de bas de page 24.

La qualité des données probantes s’est révélée très faible pour l’ensemble des plans d’étude (tableau 1) parce qu’il y avait des enjeux en matière de biais, d’incohérence et d’imprécision, sans démonstration d’un effet important ou d’une relation dose-réponse.

Tableau 1. Évaluation de la qualité et classement de la qualité des données probantes des études portant sur le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et la santé
Résultat en matière de santé Plan d’étude Nombre d’études Nombre de participantsFootnote a Indicateur d’évaluation de la qualité Qualité
Risque de biais Incohérence Caractère indirect Imprécision Effet important Dose-réponse
Sommeil Essais randomisés 3 174 Risque modéré Incohérence élevée Aucun caractère indirect Imprécision modérée Non démontré Non démontrée Très faible
Études observationnelles 2 1 223 Risque élevé Incohérence modérée Aucun caractère indirect Imprécision modérée Non démontré Non démontrée Très faible
Adiposité Essais randomisés 3 135 Risque modéré Incohérence modérée Aucun caractère indirect Imprécision modérée Non démontré Non démontrée Très faible
Essais non randomisés 2 51 Risque élevé Aucune incohérence Aucun caractère indirect Imprécision modérée Non démontré Non démontrée Très faible
Études observationnelles 4 8 427 Risque élevé Incohérence modérée Aucun caractère indirect Aucune imprécision Non démontré Non démontrée Très faible
Masse musculaire et taille des muscles Essais randomisés 5 183 Risque modéré Incohérence modérée Aucun caractère indirect Imprécision élevée Non démontré Non démontrée Très faible
Essais non randomisés 2 84 Risque élevé Incohérence modérée Aucun caractère indirect Imprécision modérée Non démontré Non démontrée Très faible
Études observationnelles 1 263 Risque élevé Aucune incohérence Aucun caractère indirect Imprécision modérée Non démontré Non démontrée Très faible
Biomarqueurs cardiométaboliques Essais randomisés 8 437 Risque modéré Incohérence modérée Aucun caractère indirect Imprécision élevée Non démontré Non démontrée Très faible
Essais non randomisés 1 32 Risque élevé Aucune incohérence Aucun caractère indirect Imprécision modérée Non démontré Non démontrée Très faible
Risque de maladies cardiovasculaires Études observationnelles 4 1 922 Risque élevé Incohérence élevée Aucun caractère indirect Imprécision modérée Non démontré Non démontrée Très faible
Risque de cancer Études transversales 1 2 795 Risque élevé Aucune incohérence Aucun caractère indirect Imprécision élevée Non démontré Non démontrée Très faible
Fonctionnalité physique Essais randomisés 1 31 Risque modéré Aucune incohérence Aucun caractère indirect Imprécision élevée Non démontré Non démontrée Très faible
Essais non randomisés 1 29 Risque élevé Aucune incohérence Aucun caractère indirect Imprécision élevée Non démontré Non démontrée Très faible
Études observationnelles 3 1 605 Risque élevé Incohérence modérée Aucun caractère indirect Aucune imprécision Non démontré Non démontrée Très faible
Santé mentale Essais randomisés 2 118 Risque élevé Incohérence modérée Aucun caractère indirect Imprécision modérée Non démontré Non démontrée Très faible
Études observationnelles 1 92 Risque modéré Aucune incohérence Aucun caractère indirect Incertain Non démontré Non démontrée Très faible
Risque de décès Études observationnelles 1 2 978 Risque modéré Aucune incohérence Aucun caractère indirect Aucune imprécision Non démontré Non démontrée Très faible
Note de bas de page a

Le total dépasse le nombre total réel de participants en raison du chevauchement de certaines études.

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Moment choisi pour faire de l’activité physique et adiposité

Trois ECRNote de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 27, deux essais non randomisésNote de bas de page 9Note de bas de page 28 et quatre études transversalesNote de bas de page 29Note de bas de page 30Note de bas de page 31Note de bas de page 32 portent sur le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et l’adiposité (tableau S2). Diverses mesures de l’adiposité ont été analysées, notamment l’indice de masse corporelle (IMC), le tour de taille, l’adiposité de l’ensemble du corps et l’adiposité du tronc.

Les résultats sont mitigés. Selon un ECR, la diminution de l’adiposité de l’ensemble du corps était plus importante chez les participants qui faisaient davantage d’exercice le matin que chez les participants qui faisaient davantage d’exercice en fin d’après-midiNote de bas de page 26. Les deux autres ECR n’ont fait état d’aucune différence en matière d’adiposité entre le groupe qui faisait de l’exercice le matin et celui qui en faisait le soirNote de bas de page 25Note de bas de page 27. Les deux essais non randomisés ont montré que l’exercice fait le matin entraînait des améliorations plus modestes du point de vue de l’adiposité de l’ensemble du corps que l’exercice fait l’après-midi ou le soirNote de bas de page 9Note de bas de page 28. Dans deux des études transversales, il a été constaté que l’activité physique faite le matin était plus fortement associée à l’obésité que l’activité physique faite à d’autres momentsNote de bas de page 29Note de bas de page 30. Dans les deux autres études transversales, il a été principalement observé qu’il n’y avait pas de lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et l’adipositéNote de bas de page 31Note de bas de page 32.

La qualité des données probantes est très faible pour l’ensemble des plans d’étude (tableau 1). On a noté des enjeux liés au biais, à l’incohérence (essais randomisés et études observationnelles seulement) et à l’imprécision (essais randomisés et essais non randomisés seulement) et il n’y a eu aucune démonstration d’ampleur de l’effet ou de relation dose-réponse.

Moment choisi pour faire de l’activité physique, et masse musculaire et taille des muscles

Huit études ont examiné le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et les mesures de la masse musculaire et de la taille des muscles : cinq ECRNote de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 27Note de bas de page 33Note de bas de page 34, deux essais non randomisésNote de bas de page 1035 et une étude transversaleNote de bas de page 31 (tableau S3). Les interventions consistaient en un entraînement contre résistanceNote de bas de page 27Note de bas de page 33Note de bas de page 34, un entraînement d’aérobieNote de bas de page 25Note de bas de page 26 ou une combinaison d’entraînement contre résistance et d’entraînement d’aérobieNote de bas de page 10Note de bas de page 35. Les résultats de l’étude transversaleNote de bas de page 31 et de cinq études expérimentales sur septNote de bas de page 10Note de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 33Note de bas de page 34 portent à croire qu’il n’y a pas de lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et les mesures de la masse musculaire et de la taille des muscles. Dans les deux autres études expérimentales, l’une a révélé que l’exercice fait le matin entraînait des changements plus importants de la taille des muscles que l’exercice fait le soirNote de bas de page 27, tandis que l’autre a révélé le contraireNote de bas de page 35.

La qualité des données probantes est très faible pour l’ensemble des plans d’étude (tableau 1). On a noté des enjeux liés au biais, à l’incohérence (essais randomisés et essais non randomisés seulement) et à l’imprécision, et il n’y a eu aucune démonstration d’effet important ou de relation dose-réponse.

Moment choisi pour faire de l’activité physique et biomarqueurs cardiométaboliques

Huit études portent sur le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et les biomarqueurs cardiométaboliquesNote de bas de page 10Note de bas de page 25Note de bas de page 27Note de bas de page 36Note de bas de page 37Note de bas de page 38Note de bas de page 39Note de bas de page 40, en particulier les mesures de l’homéostasie du glucose et de l’insuline, des lipides plasmatiques et des lipoprotéines, de la pression artérielle, des marqueurs inflammatoires et d’autres hormones (comme la testostérone et le cortisol) (tableau S4). Les huit études suivaient un plan expérimental, quatre ont été effectuées au moyen d’un ECRNote de bas de page 25Note de bas de page 27Note de bas de page 37 ou d’un plan croisé randomiséNote de bas de page 36. Sur ces huit études, sept prescrivaient une intervention de douze semainesNote de bas de page 10Note de bas de page 25Note de bas de page 27Note de bas de page 37Note de bas de page 38Note de bas de page 39Note de bas de page 40.

Les études ont porté sur une variété de modalités d’exercice : exercice d’aérobieNote de bas de page 25Note de bas de page 37Note de bas de page 38, exercice contre résistanceNote de bas de page 27, combinaison d’exercice d’aérobie et d’exercice contre résistanceNote de bas de page 10Note de bas de page 39Note de bas de page 40 et entraînement par intervalles de haute intensitéNote de bas de page 36. Des résultats mitigés ont été observés dans ces huit études. Selon quatre études, le moment choisi pour s’entraîner n’avait pas d’influence sur les changements des biomarqueurs cardiométaboliquesNote de bas de page 25Note de bas de page 27Note de bas de page 39Note de bas de page 40. Trois études ont montré que le fait de s’entraîner le matin se traduisait par des changements moins favorables dans les biomarqueurs cardiométaboliques que le fait de s’entraîner le soirNote de bas de page 36Note de bas de page 37Note de bas de page 38, tandis qu’une étude a révélé le contraireNote de bas de page 10.

La qualité des données probantes s’est révélée très faible tant pour les essais randomisés que pour l’essai non randomisé (tableau 1). Pour les essais randomisés, on a noté un enjeu modéré concernant l’incohérence et un enjeu élevé concernant l’imprécision. Pour l’essai non randomisé, on a noté un enjeu modéré concernant l’imprécision. Il n’y a eu aucune démonstration d’effet important ou de relation dose-réponse.

Moment choisi pour faire de l’activité physique et risque de maladies cardiovasculaires

Trois études cas-témoinNote de bas de page 11Note de bas de page 41Note de bas de page 42 et une étude transversaleNote de bas de page 43 portent sur le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et les maladies cardiovasculaires (tableau S5). Une étude a été menée auprès d’enfants et d’adolescentsNote de bas de page 42, tandis que les autres ont été menées auprès d’adultesNote de bas de page 11Note de bas de page 41Note de bas de page 43. Une étude a porté sur le risque élevé de maladies cardiovasculaires (prévision du risque de maladies cardiovasculaires sur dix ans)Note de bas de page 43, tandis que les autres s’intéressaient à des critères d’évaluation liés aux maladies cardiovasculairesNote de bas de page 11Note de bas de page 41Note de bas de page 42.

Les quatre études présentent des résultats mitigés. Dans la première étude cas-témoin, il a été constaté que la pratique d’une activité sportive le matin et le soir, mais pas l’après-midi, était associée à un risque réduit d’infarctus aigu du myocardeNote de bas de page 11. La deuxième étude cas-témoin a montré que l’activité physique pratiquée en fin d’après-midi (entre 15 heures et 18 heures), mais pas pendant la journée d’école ni le soir, était associée aux maladies cardiaquesNote de bas de page 42. Dans la troisième étude cas-témoin, il a été déterminé que la réduction du risque de maladie coronarienne était à peu près la même quel que soit le moment habituellement choisi au cours de la journée pour faire de l’exerciceNote de bas de page 41. Enfin, l’étude transversale a révélé l’existence d’un lien entre un risque cardiovasculaire accru et un manque d’activité physique l’après-midi et le soir, mais pas le matinNote de bas de page 43.

La qualité des données probantes a été jugée très faible en raison d’enjeux élevés liés au biais et à l’incohérence, et d’enjeux modérés liés à l’imprécision (tableau 1).

Moment choisi pour faire de l’activité physique et risque de cancer

Une seule étude de cohorte prospective a porté sur le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et le cancerNote de bas de page 12 (tableau S6). Cette étude porte sur le cancer de la prostate chez les hommes et le cancer du sein chez les femmes. Aucun effet protecteur significatif n’a été observé pour l’activité physique pratiquée tôt le matin, tard le matin ou l’après-midi.

La qualité des données probantes a été jugée très faible (tableau 1) parce que le risque de biais et l’imprécision étaient élevés, et qu’aucune démonstration n’a été faite d’un effet important ou d’une relation dose-réponse.

Moment choisi pour faire de l’activité physique, et fonctionnalité physique et mobilité

Cinq études portaient sur le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et les mesures de la fonctionnalité physique et de la mobilitéNote de bas de page 9Note de bas de page 27Note de bas de page 44Note de bas de page 45Note de bas de page 46(tableau S7). Trois études ont porté sur les mesures directes de la fonctionnalité (par exemple vitesse de marche, mobilité fonctionnelle)Note de bas de page 9Note de bas de page 27Note de bas de page 45, une a porté sur les chutesNote de bas de page 44 et une s’est penchée sur la fragilitéNote de bas de page 46. Quatre de ces études sont transversalesNote de bas de page 27Note de bas de page 44Note de bas de page 45Note de bas de page 46, et la cinquième est un essai non randomiséNote de bas de page 9.

Selon les résultats de trois des cinq études, bien que l’activité physique soit associée à de meilleurs résultats du point de vue de la fonctionnalité physique, le moment choisi pour faire de l’activité physique n’est pas importantNote de bas de page 27Note de bas de page 44Note de bas de page 45. Une étude transversale a révélé que le manque d’activité physique du matin à l’après-midi, mais pas le manque d’activité le soir, était associé à la fragilitéNote de bas de page 46. À l’inverse, dans l’essai non randomisé, on a observé une amélioration plus importante des scores aux tests de marche chez les personnes qui faisaient de l’exercice le soir que chez celles qui en faisaient le matinNote de bas de page 9.

La qualité des données probantes a été jugée très faible pour l’ensemble des plans d’étude (tableau 1). On a noté des enjeux liés au biais pour tous les plans d’étude, à l’incohérence pour les études observationnelles et à l’imprécision pour les essais randomisés et l’essai non randomisé. Il n’y a eu aucune démonstration d’un effet important ou d’une relation dose-réponse.

Moment choisi pour faire de l’activité physique et santé mentale

Trois études portent sur le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et la santé mentaleNote de bas de page 47Note de bas de page 48Note de bas de page 49(tableau S9). Dans un ECR de douze semaines mené auprès de personnes âgées, l’exercice fait l’après-midi permettait d’améliorer davantage la fonction cognitive et l’humeur que l’exercice fait le matinNote de bas de page 47. Dans un essai non randomisé de douze semaines réalisé auprès d’athlètes d’élite à la retraite souffrant de dépression, l’exercice fait le matin et l’exercice fait le soir ont entraîné une amélioration comparable de l’humeurNote de bas de page 48. Dans une étude cas-témoin menée auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer et d’un groupe témoin de personnes âgées, la diminution du niveau d’activité physique dans le groupe des patients s’est révélée plus prononcée le matinNote de bas de page 49.

La qualité des données probantes a été jugée très faible pour les essais randomisés et l’étude cas-témoin (tableau 1). Pour les essais randomisés, on a noté un enjeu élevé concernant le biais et modéré concernant l’incohérence et l’imprécision. Pour l’étude cas-témoin, on a noté un enjeu modéré concernant le biais. Il n’y a eu aucune démonstration d’un effet important ou d’une relation dose-réponse.

Moment choisi pour faire de l’activité physique et risque de décès

Une seule étude de type cohorte prospective menée auprès de personnes âgées de 50 à 85 ans s’est intéressée au lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique et le risque de décèsNote de bas de page 50 (tableau S10). Les auteurs ont utilisé des accéléromètres pour mesurer l’activité physique sur sept jours et ont déterminé si l’activité physique quotidienne moyenne effectuée dans chacun des douze intervalles de deux heures pouvait s’inscrire dans un modèle de prédiction du risque de décès, toutes causes confonduesNote de bas de page 50. Le modèle de prédiction intégrait également l’activité physique totale et plusieurs variables sociodémographiques, comportementales et de santé. Aucune des mesures de l’activité pour les douze intervalles de deux heures ne s’est révélée statistiquement significative dans le modèle.

La qualité des données probantes a été jugée très faible (tableau 1). On a noté un risque modéré de biais. Il n’y a eu aucune démonstration d’un effet important ou d’une relation dose-réponse.

Analyse

La réalisation de cette revue a été motivée par l’évolution des recommandations en matière de santé publique pour l’activité physique et par le désir de comprendre si le moment choisi dans la journée pour faire de l’activité physique pourrait être un facteur à considérer dans les recommandations futures. Nous avons fait une synthèse des données probantes de 35 études évaluées par les pairs, menées auprès de plus de 15 000 participants et qui portaient sur le lien entre le moment choisi dans la journée pour faire de l’activité physique et divers indicateurs de santé. Au sein des 35 études, les caractéristiques des participants, le plan d’étude et les caractéristiques de l’activité physique se sont révélés très variés. Le tableau 2 présente un résumé de nos résultats.

Tableau 2. Résumé général des conclusions par résultat en matière de santé
Résultat en matière de santé Nombre d’études Nombre de participants Qualité des données probantes Résumé des résultats
Santé du sommeil 5 1 397 Très faible Le moment choisi pour faire de l’activité physique n’est pas important dans deux études.
L’activité physique faite le matin ou l’après-midi est favorisée dans deux études.
L’activité physique faite le soir est favorisée dans une étude.
Adiposité 9 8 613 Très faible Le moment choisi pour faire de l’activité physique n’est pas important dans quatre études.
L’activité physique faite le matin est favorisée dans trois études.
L’activité physique faite l’après-midi ou le soir est favorisée dans deux études.
Masse musculaire et taille des muscles 8 530 Très faible Le moment choisi pour faire de l’activité physique n’est pas important dans six études.
L’activité physique faite le matin est favorisée dans une étude.
L’activité physique faite le soir est favorisée dans une étude.
Biomarqueurs cardiométaboliques 8 469 Très faible Le moment choisi pour faire de l’activité physique n’est pas important dans quatre études.
L’activité physique faite le matin est favorisée dans une étude.
L’activité physique faite le soir est favorisée dans trois études.
Risque de maladies cardiovasculaires 4 1 922 Très faible Le moment choisi pour faire de l’activité physique n’est pas important dans deux études.
L’activité physique faite le matin est favorisée dans une étude.
L’activité physique faite l’après-midi est favorisée dans une étude.
Risque de cancer 1 2 795 Très faible Le moment choisi pour faire de l’activité physique n’est pas important dans une étude.
Fonctionnalité physique et mobilité 5 1 665 Très faible Le moment choisi pour faire de l’activité physique n’est pas important dans trois études.
L’activité physique faite le matin est favorisée dans une étude.
L’activité physique faite l’après-midi est favorisée dans une étude.
Santé mentale 3 210 Très faible Le moment choisi pour faire de l’activité physique n’est pas important dans une étude.
L’activité physique faite le matin est favorisée dans une étude.
L’activité physique faite l’après-midi est favorisée dans une étude.
Risque de décès 1 2 978 Très faible L’activité physique faite entre midi et 14 heures est la plus favorable.

Il n’existe pas de données probantes cohérentes indiquant qu’il est plus bénéfique pour la santé de faire de l’activité physique à un moment de la journée plutôt qu’à un autre. Bien que les résultats de onze des études examinées (31 %) portent à croire que l’activité physique faite le matin est plus bénéfique pour la santé que l’activité physique faite l’après-midi ou le soir, les résultats de douze des études examinées (37 %) donnent à penser que l’activité physique faite le matin est moins bénéfique pour la santé que l’activité physique faite plus tard dans la journée. Les autres études n’ont relevé aucune différence nette dans les résultats sur la santé en fonction du moment choisi pour faire de l’activité physique. Ces résultats mitigés s’appliquent aux neuf catégories de résultats en matière de santé.

À notre connaissance, il s’agit de la première revue qui porte sur le lien entre le moment choisi pour faire de l’activité physique sur 24 heures et les résultats sur la santé. Des revues systématiques antérieures ont porté sur le moment choisi pour faire de l’exercice en fonction de la prise d’aliments (par exemple les repas, les suppléments diététiques) ou avaient pour objectif de déterminer si la performance à l’exercice variait en fonction du moment de la journée où l’exercice était effectué. Une revue systématique récente a conclu que le fait de faire de l’exercice après les repas a un effet plus important sur la glycémie postprandiale que le fait de faire de l’exercice avant les repasNote de bas de page 51. Une autre revue avec méta-analyse portant sur le moment choisi pour consommer des protéines en fonction des exercices contre résistance a permis de conclure que la consommation de protéines adéquates combinée à des exercices contre résistance est essentielle pour maximiser les gains de taille des muscles, mais que le choix du moment de l’apport en protéines par rapport à celui de la séance d’entraînement n’a pas de conséquence significative sur ces gainsNote de bas de page 52. D’autres revues ont conclu que la performance lors des exercices aérobiques et anaérobiques est plus élevée en fin d’après-midi et jusqu’au début de la soiréeNote de bas de page 53Note de bas de page 54.

Forces et limites

Plusieurs lacunes et limites ont été relevées dans les études incluses dans cette revue. La plupart des études étaient axées sur l’APMV, une seule portant sur l’activité physique d’intensité légèreNote de bas de page 21. Pour les neuf résultats en matière de santé où des données probantes existaient, il y avait peu d’études (entre 1 et 9), et il n’y en avait aucune pour les autres résultats en matière de santé. Près de la moitié (47 %) des interventions n’avaient pas de groupe témoin ou n’étaient pas randomisées. De plus, la plupart des interventions portaient sur des échantillons de petite taille (généralement moins de 20 sujets par groupe de traitement) et n’avaient pas la puissance statistique nécessaire pour détecter de petits effets. De nombreuses études observationnelles manquaient également de précision.

Il s’est révélé difficile d’analyser les relations dose-réponse, parce que les moments étudiés couvraient souvent une longue période (par exemple, toutes les heures du matin ou toutes les heures de la soirée). Dans les études réalisées dans ce domaine, il n’a pas non plus été possible de savoir si les résultats dépendaient des caractéristiques de l’activité physique (type, intensité, dose, etc.) et des caractéristiques sociodémographiques (âge, sexe, origine ethnique, etc.). Dans les études futures, il faudrait étudier le moment choisi pour faire de l’activité physique à l’aide d’une approche d’analyse de composition des données qui prend en compte l’activité physique sur 24 heuresNote de bas de page 17.

L’une des forces à retenir de cette revue systématique est l’emploi d’une stratégie de recherche complète dans laquelle ont été inclus tous les plans d’étude, tous les résultats sur la santé et toutes les populations. L’une des principales limites est la qualité très faible des données probantes, attribuable à des enjeux liés au biais, ainsi qu’à l’incohérence et à l’imprécision des résultats. Par ailleurs, étant donné que cette revue systématique a été circonscrite aux études évaluées par les pairs, elle comporte un risque de biais de publication, les résultats nuls étant moins susceptibles d’être publiésNote de bas de page 55. Cette revue a également été circonscrite aux articles en anglais et en français mais, d’après une analyse récente, le fait d’exclure les études non publiées en anglais des synthèses de données probantes ne modifie pas les conclusionsNote de bas de page 56.

Conclusion

Les résultats de 35 études portant sur le lien entre l’activité physique et les résultats en matière de santé sont mitigés. Ces résultats, fondés sur des données probantes de très faible qualité, n’offrent pas de réponse systématique à la question d’un bénéfice plus important pour la santé dans le fait d’être actif à un moment de la journée plutôt qu’à un autre. Chacun devrait donc être encouragé à être actif au moment qui lui convient le mieux.

Remerciements

Ce travail a été financé en partie par une subvention reçue de la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa.

Enregistrement du protocole

PROSPERO, numéro d’enregistrement CRD42021231088, accessible en ligne.

Conflits d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.

Contributions des auteurs et avis

JC a eu l’idée de la revue systématique avec la contribution d’IJ, de TJS et de JT.

IJ a conçu la revue systématique avec la contribution de tous les autres auteurs.

IJ, JC et SZ ont effectué les recherches documentaires, la sélection des articles, la synthèse des données, les évaluations du risque de biais et les évaluations de la qualité des données probantes.

IJ a rédigé la première ébauche du manuscrit; tous les autres auteurs ont contribué à la révision du manuscrit du point de vue de son contenu intellectuel.

Le contenu de cet article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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