Recherche quantitative originale – Est-ce que certaines caractéristiques des écoles, classées selon l’Approche globale de la santé en milieu scolaire, aident les adolescents à mettre en pratique les recommandations nationales en matière d’activité physique au fil du temps?

Revue <abbr>PSPMC</abbr>

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Melissa Pirrie, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1; Valerie Carson, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 2; Joel A. Dubin, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 3; Scott T. Leatherdale, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1

https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.9.04f

Cet article a fait l'objet d'une évaluation par les pairs.

Rattachement des auteurs
Correspondance

Melissa Pirrie, École des sciences de la santé publique, Université de Waterloo, 200, avenue University Ouest, Waterloo (Ont.)  N2L 3G1; tél. : 519‑580‑6489; courriel : melissa.pirrie@uwaterloo.ca

Citation proposée

Pirrie M, Carson V, Dubin JA, Leatherdale ST. Est ce que certaines caractéristiques des écoles, classées selon l'Approche globale de la santé en milieu scolaire, aident les adolescents à mettre en pratique les recommandations nationales en matière d'activité physique au fil du temps? Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2022;42(9):460-472. https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.9.04f

Résumé

Introduction. Les adolescents canadiens ne sont pas suffisamment actifs, mais les écoles peuvent participer à la promotion de l'activité physique auprès des élèves. Cette étude, qui s'appuie sur l'Approche globale de la santé en milieu scolaire (AGSMS), visait à vérifier si certaines caractéristiques des écoles étaient associées à la mise en pratique des recommandations nationales en matière d'activité physique par les élèves de niveau secondaire au fil du temps.

Méthodologie. Nous avons utilisé les données de l'étude COMPASS visant 78 écoles de l'Ontario et de l'Alberta et 9 870 élèves de 9e et de 10e année fréquentant ces écoles. Les élèves ayant fourni des données couplées sur leur activité physique durant deux années scolaires (2013‑2014 et 2015‑2016) et sur leur genre ont été retenus. Une analyse multiniveaux a été réalisée par genre dans le but d'évaluer la relation entre les caractéristiques des écoles (classées selon l'AGSMS) et la mise en pratique des trois recommandations en matière d'activité physique (60 min/jour ou plus d'activité physique d'intensité moyenne à élevée, activité physique d'intensité élevée 3 jours/semaine ou plus, activité de renforcement 3 jours/semaine ou plus) deux ans plus tard.

Résultats. Plus de la moitié (56,9 %) des élèves respectant les recommandations en matière d'activité au départ ne les respectaient plus deux ans plus tard, et seulement le quart (25,6 %) des élèves ne les respectant pas au départ les avaient mises en pratique deux ans plus tard. Plusieurs facteurs liés à l'école ont été fortement associés à la mise en pratique des recommandations chez les élèves, mais ils étaient variables d'un groupe à l'autre (selon le genre et le niveau initial d'activité physique). De façon générale, l'accès à de l'équipement, les partenariats de santé publique et l'allocation de temps au personnel pour la santé étaient associés à une probabilité accrue de mettre en pratique les recommandations en matière d'activité physique chez certains élèves.

Conclusion. La modification des caractéristiques des écoles dans le cadre de l'AGSMS peut aider les élèves à mettre en pratique les recommandations en matière d'activité physique ou à ce qu'ils maintiennent ces recommandations deux ans plus tard. D'autres recherches sont nécessaires pour éclaircir la dynamique à l'origine des relations observées.

Mots‑clés : adolescents, écoles, modèle de régression multiniveaux, genre, directives

Points saillants

  • Environ la moitié des élèves de 9e et de 10e année ne respectaient pas les recommandations nationales en matière d'activité physique au départ.
  • D'après les données, certains élèves inactifs, garçons et filles, ont adopté un mode de vie actif deux ans plus tard, mais c'était le cas pour seulement le quart d'entre eux.
  • Les caractéristiques des écoles relevant de l'Approche globale de la santé en milieu scolaire peuvent aider les élèves, garçons comme filles, à devenir ou à demeurer actifs.
  • Certains facteurs liés à l'école ont présenté des associations avec la mise en pratique des recommandations en matière d'activité physique chez les élèves : les partenariats de santé publique, l'accès à de l'équipement en dehors des périodes d'enseignement et l'allocation de temps au personnel par la commission scolaire pour veiller à la santé des élèves.

Introduction

Les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes, publiées en 2016, recommandent l'accumulation d'environ 60 minutes par jour d'activité physique d'intensité moyenne à élevée, des activités physiques d'intensité élevée au moins trois jours par semaine et des activités de renforcement des muscles et des os au moins trois jours par semaineNote de bas de page 1Note de bas de page 2. En 2017, d'après des données objectives de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santéNote de bas de page 3, seulement 31 % des adolescents canadiens respectaient la moyenne recommandée de 60 minutes par jour d'activité physique d'intensité moyenne à élevée. La proportion d'adolescents qui ne suivent pas les recommandations nationales en matière d'activité physique est un problème de santé publique important, car l'activité physique est un comportement de santé modifiable qui entraîne de nombreux avantages immédiats pour la santé (amélioration de la santé cardiovasculaire, diminution de l'anxiété, etc.) et qui est associé à la prévention à long terme des maladies chroniques et de certains cancers.Note de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 6.

Dans le cas des élèves de niveau secondaire, la possibilité que les adolescents qui respectent les recommandations en matière d'activité physique en 9e et 10e année cessent de le faire quelques années plus tard est aussi préoccupante. Les données probantes montrent de manière systématique que l'activité physique diminue au fil de l'adolescence, particulièrement chez les fillesNote de bas de page 3Note de bas de page 7 : le niveau d'activité physique observé chez les adolescents canadiens (12 à 17 ans) est moins élevé que celui des enfants (6 à 11 ans)Note de bas de page 3. Comme l'activité physique pendant l'adolescence est un facteur prédictif important de l'activité physique à l'âge adulteNote de bas de page 6Note de bas de page 8, il est essentiel de prévenir un tel déclin pendant cette période de développement critique. De même, en offrant aux élèves de 9e et 10e année ne respectant pas les recommandations en matière d'activité physique un environnement qui les encourage à améliorer leurs habitudes, on peut contribuer à les orienter vers une trajectoire comportementale saine avant d'atteindre le début de l'âge adulte.

Selon la théorie de l'écologie du développement humain, le contexte d'un individu (famille, école, quartier) a une influence sur ses comportements en matière de santéNote de bas de page 9. Comme les écoles font partie intégrante de l'environnement de l'activité physique des élèvesNote de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12, elles sont fréquemment ciblées par les mesures visant à améliorer les habitudes des adolescents en matière d'activité physiqueNote de bas de page 13. Toutefois, un grand nombre d'interventions lancées par des chercheurs pour favoriser l'activité physique en milieu scolaire finissent par être abandonnées après la période de recherche en raison d'un manque de capacités et de ressourcesNote de bas de page 13. Une autre approche, à savoir l'évaluation des expériences naturelles à l'aide de systèmes de données longitudinales, peut servir à déterminer quels programmes, politiques et ressources ont réussi à augmenter l'activité physique dans certaines écoles et ce qui peut être fait dans d'autres écolesNote de bas de page 14.

L'Approche globale de la santé en milieu scolaire (AGSMS) fournit des directives concernant quatre volets interreliés que les écoles peuvent cibler pour améliorer les comportements en matière de santé, dont l'activité physiqueNote de bas de page 15Note de bas de page 16. Les volets de la AGSMS sont : 1) le milieu social et physique, 2) l'enseignement et l'apprentissage, 3) les partenariats et les services et 4) les politiquesNote de bas de page 15Note de bas de page 16. De nombreuses études transversales ont porté sur les associations entre, d'une part, les caractéristiques des écoles présentes visées par la AGSMS et, d'autre part, les habitudes en matière d'activité physique. Elles ont révélé que l'activité physique chez les élèves était favorisée dans les écoles qui offraient un soutien social importantNote de bas de page 17Note de bas de page 18, des partenariats établisNote de bas de page 19, des programmes d'activité physique parascolaireNote de bas de page 20, des installations sportivesNote de bas de page 21, un accès à des installations et à de l'équipement en dehors des périodes d'enseignementNote de bas de page 21 et un financement de ressources touchant l'activité physiqueNote de bas de page 22. Toutefois, aucune étude longitudinale n'a examiné l'association entre plusieurs caractéristiques des écoles correspondant à chaque volet de l'AGSMS et la mise en pratique des recommandations nationales en matière d'activité physique au fil du temps.

Cette étude exploratoire avait pour objectif de combler une lacune sur le plan des données en utilisant des données longitudinales pour déterminer 1) la proportion d'élèves respectant au départ les trois recommandations en matière d'activité physique et continuant à le faire deux ans plus tard, 2) la proportion d'élèves ne respectant pas les trois recommandations en matière d'activité physique au départ et les ayant mises en pratique deux ans plus tard et 3) les caractéristiques des écoles associées à la mise en pratique de ces trois recommandations deux ans plus tard chez ces deux groupes d'élèves. Comme le genre est considéré comme un modificateur de l'association entre les caractéristiques des écoles et l'activité physique des élèvesNote de bas de page 23, ces relations ont été évaluées pour chaque genre séparément.

Méthodologie

Approbation éthique

L'approbation déontologique a été accordée par le Bureau de l'éthique de la recherche de l'Université de Waterloo (projet : 30188), le Bureau de l'éthique de la recherche de l'Université de l'Alberta (projet : 00040729) et chaque commission scolaire ou école, le cas échéant.

Plan

L'étude COMPASS est une étude de cohorte prospective (2012-2021) qui s'intéresse à un vaste échantillon d'élèves canadiens de la 9e à la 12e année et aux écoles qu'ils fréquentent. L'étude COMPASS a été conçue comme une plateforme pour réaliser des expériences naturelles visant à évaluer l'impact des changements apportés aux politiques et aux programmes de prévention en milieu scolaire sur les comportements des élèves en matière de santéNote de bas de page 24.

Les données analysées dans le cadre de cette étude proviennent de 78 écoles de l'Ontario (n = 69) ou de l'Alberta (n = 9) ayant fourni des données lors de l'année 2 (A2; 2013‑2014) et de l'année 4 (A4; 2015‑2016), cette période correspondant à l'intervalle pendant lequel l'étude COMPASS comptait le plus grand nombre d'écoles de sa cohorte initiale et où les écoles ont rempli le questionnaire COMPASS initial sur les politiques et les pratiques en milieu scolaire (2012‑2013 ou 2013‑2014). Sur ces 78 écoles, 72 étaient publiques et 6 étaient privées avec un système éducatif classique, toutes les écoles privées étant établies en OntarioNote de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 27. Bien que l'étude COMPASS vise une cohorte mobile qui inclut toutes les années du cycle secondaire, notre étude porte uniquement sur les élèves qui étaient en 9e ou en 10e année durant l'A2, car les élèves qui étaient en 11e ou en 12e année cette année‑là auraient normalement terminé leurs études secondaires et quitté la cohorte lors de l'A4. Cette étude a porté sur 9 870 élèves (9 239 en Ontario et 631 en Alberta) ayant fourni des données sur leur genre et leur activité physique l'A2 et l'A4 et ayant indiqué leur année scolaire au moins l'une de ces années. Les tests du khi carré n'ont révélé aucune différence significative entre les élèves inclus et ceux ayant été exclus à cause de données manquantes sur les résultats (données disponibles sur demande).

Recrutement

Les détails sur les méthodes de recrutement des écoles sont disponibles ailleursNote de bas de page 24Note de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 27. En résumé, toutes les commissions scolaires qui permettent les protocoles d'information active et de consentement passif ont été invitées à participer à l'étude COMPASS. Après avoir obtenu l'approbation des commissions scolaires, nous avons recruté des écoles et envoyé des renseignements aux élèves et à leurs tuteurs, avec plusieurs mécanismes pour leur permettre un retrait de l'étude. Les élèves pouvaient aussi refuser de remplir le sondage le jour de la collecte des données ou retirer leur questionnaire en tout temps. Lors de l'A2, 79 % des élèves admissibles des 78 écoles ont participé et, lors de l'A4, c'était le cas pour 80 % d'entre eux. Les élèves absents lors de la collecte des données l'étaient principalement pour absentéisme ou parce qu'ils étaient en période libre au moment de la collecte, moins de 1 % des élèves s'étant retirés de l'étude (par eux‑mêmes ou par l'entremise d'un parent ou tuteur).

Procédures de collecte des données

Dans chaque école, le jour de la collecte des données, un membre de l'équipe COMPASS était sur place pour s'assurer de la conformité à l'étude et pour déterminer quelle personne était la mieux placée pour répondre au questionnaire à remplir par l'école. Les élèves étaient appelés à remplir un questionnaire pendant une période de classe puis à le mettre dans une enveloppe scellée pour assurer la confidentialité de leurs données. Chaque élève a été associé à un code d'identification autogénéré à partir de son mois de naissance, de son nom (2e lettre du prénom) et du nom de sa mère. Cette démarche a permis de dépersonnaliser les données sur les élèves tout en les couplant sur plusieurs années. Les détails sur la procédure suivie pour coupler les données longitudinales figurent dans un rapport techniqueNote de bas de page 28.

Mesures

Variables liées à l'école

Les données sur les écoles visées par cette étude ont été collectées lors de l'A1 ou de l'A2 (selon l'année de la première participation de chaque école à l'étude COMPASS) à l'aide du questionnaire COMPASS sur les politiques et les pratiques en milieu scolaire. Les représentants de l'étude COMPASS ont aussi collecté les manuels scolaires et les politiques écrites des écoles. Le milieu de chaque école (urbain ou rural) et le statut socioéconomique (SSE) du quartier ont été déterminés à l'aide du code postal de l'école et des données du recensement canadien de 2011. Le tableau 1 énumère les caractéristiques des écoles visées par cette étude, auxquelles s'ajoutent des données sur la présence d'installations intérieures, d'installations extérieures, de gymnases, de vestiaires et de clubs sportifs interscolaires.

Variables liées aux élèves

Les caractéristiques individuelles du questionnaire COMPASS rempli annuellement par les élèvesNote de bas de page 29 qui ont été utilisées dans le cadre de cette étude sont le genre, l'année scolaire et l'origine ethnique.

La variable de résultat était la mise en pratique par les élèves des trois recommandations en matière d'activité physique, conformément aux recherches antérieuresNote de bas de page 30. Trois questions du questionnaire COMPASS ont été utilisées pour établir le statut de chaque élève : 1) « Combien de minutes d'activité physique INTENSE avez‑vous faites chacun des 7 derniers jours? », 2) « Combien de minutes d'activité physique MODÉRÉE avez‑vous faites chacun des 7 derniers jours? » et 3) « Durant la dernière semaine, combien de jours avez‑vous fait des exercices pour renforcer ou raffermir vos muscles? » (avec exemples fournis). Les deux premières questions ont servi à déterminer si les élèves avaient atteint une moyenne d'au moins 60 minutes d'activité physique d'intensité modérée à élevée par jour. Les élèves qui avaient pratiqué une activité physique d'intensité élevée de quelque durée que ce soit (c.‑à‑d. plus de 0 minute) au moins trois jours par semaine ont été considérés comme ayant respecté la recommandation relative à l'activité physique d'intensité élevée.

Une étude de validation a révélé que, même si ces deux questions prises individuellement présentaient une faible validité comparativement aux mesures objectives de l'activité physique (coefficient de corrélation de Pearson [r] = 0,21 et 0,27, respectivement), lorsqu'elles étaient combinées, elles avaient une validité plus élevée (r = 0,31), qui était par ailleurs semblable à celle des autres questionnaires d'auto‑évaluationNote de bas de page 31. La fiabilité test‑retest de ces deux questions était modérée (r = 0,69 et 0,57 respectivement; r = 0,68 pour les deux questions combinées). On ne dispose d'aucune donnée sur la validité ou la fiabilité de la question concernant les activités de renforcement des muscles et des os, mais comme ces activités ne nécessitent pas d'intensité ou un nombre minimum de minutes, on a considéré que les élèves étaient capables d'estimer le nombre de jours.

Les élèves ayant atteint une moyenne d'au moins 60 minutes par d'activité physique d'intensité modérée à élevée par jour, fait des activités physiques d'intensité élevée au moins trois jours par semaine et pratiqué des activités de renforcement des muscules et des os au moins trois jours par semaine ont été considérés comme respectant les trois recommandations en matière d'activité physique. Tous les autres ont été considérés comme ne respectant pas les recommandations dans leur ensemble (même s'ils en respectaient une ou deux).

Analyse statistique

Les caractéristiques des écoles et des élèves ont fait l'objet d'une analyse descriptive. Comme les données manquantes sur les écoles ne sont pas considérées comme aléatoires (et donc que la probabilité que des données soient manquantes est liée à l'absence de certains éléments), nous avons utilisé la méthode des indicateurs manquants pour traiter les données manquantesNote de bas de page 32. Pour chacune des recommandations en matière d'activité physique, ainsi que pour les trois recommandations réunies, nous avons comparé les genres à l'aide de tests du khi carré. Nous avons utilisé des tableaux croisés pour déterminer la proportion d'élèves ayant respecté les recommandations lors de l'A2 et qui continuaient à le faire durant l'A4, de même que la proportion d'élèves ne respectant pas les recommandations durant l'A2 mais les ayant mises en pratique lors de l'A4.

Les analyses de régression portaient sur quatre groupes : les participants ont d'abord été stratifiés par genre puis selon s'ils respectaient ou non les trois recommandations lors de l'A2. En raison de la nature hiérarchique des données, des modèles de régression logistique multiniveaux (interception aléatoire seulement, regroupements par école) ont été appliqués à chacun des quatre groupes d'élèves (genre et niveau initial d'activité physique), avec pour variable binaire le fait d'avoir ou non mis en pratique les trois recommandations en matière d'activité physique lors de l'A4. Dans chaque groupe, un modèle nul a été appliqué pour déterminer la variabilité d'une école à l'autre. Pour calculer la corrélation intraclasse (CIC), étant donné que la variable était binaire, nous avons établi la portion de la variance de l'erreur à l'échelle des élèves à π2/3, soit environ 3,29Note de bas de page 33.

Des modélisations complètes ont ensuite été réalisées avec chaque groupe d'élèves, toutes les caractéristiques des écoles étant des variables de niveau 2 (exclusion faite de celles ayant une prévalence de 95 % et plus en raison d'une hétérogénéité insuffisante) et l'année scolaire et l'origine ethnique des élèves étant incluses à titre de variables de niveau 1 (facteurs de confusion potentiels liés aux élèves). Les quatre modélisations complètes ont fait l'objet d'une évaluation de la multicolinéarité (facteurs d'inflation de la variance). Toutes les analyses ont été réalisées avec la version 1.3.1 du logiciel RStudio (RStudio Team, Boston, Massachussetts, États‑Unis) et la version 4.0.3 du logiciel R (R Foundation for Statistical Computing, Vienne, Autriche). La procédure à modèles mixtes de la trousse GLMMadaptive a été utilisée avec une loi binomiale, un lien logit et 100 itérations de l'algorithme espérance‑maximisation pour chaque régression. L'étude étant de nature exploratoire, les observations et l'analyse visent surtout les observations statistiquement significatives.

Résultats

Soixante‑dix‑huit écoles ont participé à l'A2 et à l'A4 de l'étude COMPASS, 10 écoles participantes de l'A2 s'étant retirées du programme lors de l'A4 (9 de l'Ontario et 1 de l'Alberta), principalement en raison de conflits de travail en OntarioNote de bas de page 27. La prévalence des caractéristiques de l'AGSMS liées à l'activité physique dans les écoles, présentée dans le tableau 1, montre l'hétérogénéité des écoles. Il est aussi à noter que 98,7 % (n = 77) des écoles avaient un gymnase, 97,4 % (n = 76) avaient d'autres installations intérieures, 94,9 % (n = 74) avaient des vestiaires, 98,7 % (n = 77) avaient des installations extérieures et 100 % (n = 78) avaient des clubs sportifs interscolaires.

Tableau 1. Caractéristiques des écoles ayant participé à l'année 2 (2013‑2014) et à l'année 4 (2015‑2016) de l'étude COMPASS en Ontario et en Alberta (Canada)
Données de base N = 78
n %
Nombre d'élèves inscrits 1 à 500 élèves 32 41,0
501 à 1 000 élèves 39 50,0
1 001 élèves et plus 7 9,0
SSENote de bas de page a ($ CA) 25 000 à 50 000 7 9,0
50 001 à 75 000 51 65,4
75 001 à 100 000 17 21,8
100 001 et plus 3 3,9
Milieu Rural 1 1,3
Petit centre urbain 34 43,6
Moyen centre urbain 13 16,7
Grand centre urbain 30 38,5
Environnement social
Priorité accordée à l'activité physique par l'école 1re à 3e 17 21,8
4e à 6e 35 44,9
7e à 10e 18 23,1
Données manquantes 8 10,3
Promotion d'événements d'activité physique par l'école Oui 69 88,5
Non 8 10,3
Données manquantes 1 1,3
Environnement physique
Rideaux pour se changer Garçons et filles 21 26,9
Filles seulement 15 19,2
Garçons seulement  1 1,3
Aucun 34 43,6
Données manquantes 7 9,0
Casiers verrouillables dans les vestiaires Oui 62 79,5
Non 15 19,2
Données manquantes 1 1,3
Douches Garçons et filles 69 88,5
Filles seulement 0 0,0
Garçons seulement 2 2,6
Aucune 4 5,1
Données manquantes 3 3,9
Partenariats et services
Organisations offrant du soutien (cochez toutes les cases qui s'appliquent) Services de santé publique locaux 37 52,6
Organisations non gouvernementales 47 60,3
Associations des parcs et loisirs 21 27,0
Organismes jeunesse 23 29,5
Centres de santé et de conditionnement physique 39 50,0
Consultants et spécialistes 27 34,6
Enseignement et apprentissage
Programmes d'activité physique sans lien avec le programme d'études Clubs sportifs intra‑muros et amicaux 35 44,9
Intra‑muros seulement 15 19,2
Amicaux seulement 15 19,2
Aucun 13 16,7
Politique de santé en milieu scolaire
Politique écrite Oui 45 57,7
Non 24 30,8
Données manquantes 9 11,5
Utilisation de données issues de l'évaluation de la santé des élèves pour la planification Oui 30 38,5
Non 48 61,5
Accès en dehors des périodes d'enseignement :
Installations intérieures Oui 53 68,0
Non 25 32,1
Installations extérieures Oui 67 85,9
Non 9 11,5
Données manquantes 2 2,6
Équipement Toujours 23 29,5
Parfois 46 59,0
Jamais 9 11,5
Accès en dehors des heures de classe :
Gymnases Oui 61 78,2
Non 17 21,8
Installations intérieures Oui 60 76,9
Non 17 21,8
Données manquantes 1 1,3
Installations extérieures Oui 66 84,6
Non 11 14,1
Données manquantes 1 1,3
Équipement Oui 54 69,2
Non 23 29,5
Données manquantes 1 1,3
Ressources fournies par la commission scolaire :
Temps alloué au personnel Oui 46 59,0
Non 27 34,6
Données manquantes 5 6,4
Espaces supplémentaires Oui 25 32,1
Non 47 60,3
Données manquantes 6 7,7
Fonds destinés à améliorer la santé ($ CA) 1 001 et plus 27 34,6
1 à 1 000 12 15,4
Aucun financement 31 39,7
Données manquantes 8 10,3

Niveaux d'activité physique lors de l'A2

Dans ces écoles, 10 160 élèves de 9e et 10e année ont participé à l'étude COMPASS lors de l'A2 et de l'A4 et 9 870 (97,1 %) d'entre eux ont décrit leur activité physique les deux années. Lors de l'A2, seulement 47,7 % des élèves ont déclaré respecter les trois recommandations en matière d'activité physique, 84,6 % (n = 8 351) ont déclaré respecter la recommandation relative aux activités physiques d'intensité élevée, 77,8 % (n = 7 683), la recommandation relative à l'activité physique d'intensité modérée à élevée et 55,0 % (n = 5 430), la recommandation relative au renforcement des muscles et des os. Les garçons ont été nettement plus nombreux que les filles à déclarer respecter les trois recommandations, à la fois chacune séparément et dans leur ensemble (p < 0,001; tableau 2).

Tableau 2. Comportements des élèves en matière d'activité physique, par genre, dans les écoles ayant participé à l'année 2 (2013‑2014) et à l'année 4 (2015‑2016) de l'étude COMPASS en Ontario et en Alberta (Canada)
Caractéristique Total
(n = 9 870)
Filles
(n = 5 200)
Garçons
(n = 4 670)
Test du khi carré
n % n % n % Écart entre les deux genres, en % (IC à 95 %) Valeur p
Année scolaire lors de l'A2
9e 5 309 53,8 2 722 52,4 2 587 55,4
10e 4 561 46,2 2 478 47,7 2 083 44,6
Origine ethnique
Blanc 7 579 76,8 4 046 77,8 3 533 75,7
Autre 2 291 23,2 1 154 22,2 1 137 24,4
Activité physique lors de l'A2
Respecte la recommandation sur l'activité physique d'intensité modérée à élevée 7 683 77,8 3 830 73,7 3 853 82,5 8,9 (7,2 à 10,5) < 0,001
Respecte la recommandation sur les activités physiques d'intensité élevée 8 351 84,6 4 281 82,3 4 070 87,2 4,8 (3,4 à 6,2) < 0,001
Respecte la recommandation sur le renforcement des muscles et des os 5 430 55,0 2 736 52,6 2 694 57,7 5,1 (3,1 à 7,0) < 0,001
Respecte les trois recommandations 4 706 47,7 2 279 43,8 2 427 52,0 8,1 (6,2 à 10,1) < 0,001

Évolution de la proportion d'élèves respectant les recommandations en matière d'activité physique

Des 4 706 élèves respectant les trois recommandations lors de l'A2, 56,9 % (n = 2 679) continuaient à le faire lors de l'A4 et, des 5 164 élèves ne respectant pas les trois recommandations lors de l'A2, 25,6 % (n = 1 321) avaient réussi à les mettre en pratique lors de l'A4 (figure 1). Chez les filles, des 2 279 respectant les trois recommandations lors de l'A2, seulement 49,9 % (n = 1 138) continuaient à le faire lors de l'A4 et, des 2 921 ne respectant pas les trois recommandations lors de l'A2, 21,6 % (n = 632) avaient amélioré leurs habitudes au point de les mettre en pratique lors de l'A4. Enfin, chez les garçons, des 2 427 respectant les trois recommandations lors de l'A2, 63,5 % (n = 1 541) continuaient à le faire lors de l'A4 et, des 2 243 ne respectant pas les trois recommandations lors de l'A2, 30,7 % (n = 689) avaient réussi à les mettre en pratique lors de l'A4.

Figure 1. Proportion d'élèves respectant les trois recommandations en matière d'activité physiqueNote de bas de page a lors de l'année 4 (2015‑2016) de l'étude COMPASS en Ontario et en Alberta (Canada), par genre et par niveau initial d'activité physique lors de l'année 2 (2013-2014)
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel
Figure 1. Proportion d'élèves respectant les trois recommandations en matière d'activité physiqueNote de bas de page a lors de l'année 4 (2015‑2016) de l'étude COMPASS en Ontario et en Alberta (Canada), par genre et par niveau initial d'activité physique lors de l'année 2 (2013-2014)
Groupe Proportion d'élèves respectant les trois recommandations en matière d'activité physique lors de l'année 4
Tous les élèves Filles Garçons
Respectait les recommandations lors de l'année 2 56,9 49,9 63,5
Ne respectait pas les recommandations lors de l'année 2 25,6 21,6 30,7

Caractéristiques des écoles associées à la mise en pratique des recommandations en matière d'activité physique lors de l'année 4

Les CIC étaient très faibles dans les quatre modèles (CIC = 0,007 à 0,027) mais étaient plus élevées chez les filles respectant les recommandations en matière d'activité physique lors de l'A2 (tableau 3).

Tableau 3. Rapport de cotes ajusté de la mise en pratique des directives en matière d'activité physique durant l'année 4 (2015‑2016) en fonction du niveau d'activité physique lors de l'année 2 (2013‑2014) et des caractéristiques des élèves et des écoles, selon les résultats de l'étude COMPASS en Ontario et en Alberta (Canada)
Caractéristique Probabilité ajustée qu'un élève mette en pratique les 3 recommandationsNote de bas de page a en matière d'activité physique lors de l'A4 parmi les élèves les respectant lors de l'année de référence (A2) Probabilité ajustée qu'un élève mette en pratique les 3 recommandations en matière d'activité physique lors de l'A4 parmi les élèves ne les respectant pas lors de l'année de référence (A2)
Filles
n = 2 279
Garçons
n = 2 427
Filles
n = 2 921
Garçons
n = 2 243
RCANote de bas de page b
(IC à 95 %)
RCANote de bas de page b
(IC à 95 %)
RCANote de bas de page b
(IC à 95 %)
RCANote de bas de page b
(IC à 95 %)
Corrélation intraclasse (modèle nul) 0,03 0,01 0,02 0,02
Niveau 1 : Élèves
Année scolaire durant l'A2
10e (réf. : 9e année) 0,72 (0,61 à 0,85)Note de bas de page *** 0,92 (0,78 à 1,10) 0,80 (0,67 à 0,96)Note de bas de page * 0,81 (0,67 à 0,97)Note de bas de page *
Origine ethnique
Autre (réf. : Blanc) 1,17 (0,94 à 1,45) 1,35 (1,10 à 1,64)Note de bas de page ** 1,06 (0,85 à 1,32) 0,88 (0,71 à 1,10)
Niveau 2 : Écoles
Environnement social
Nombre d'élèves inscrits
1 à 500 élèves 1,00 1,00 1,00 1,00
501 à 1 000 élèves 0,92 (0,67 à 1,28) 1,12 (0,82 à 1,55) 1,12 (0,79 à 1,57) 1,03 (0,72 à 1,46)
1 001 élèves et plus 0,69 (0,36 à 1,41) 1,40 (0,71 à 2,76) 1,30 (0,62 à 2,73) 0,97 (0,47 à 2,04)
SSENote de bas de page c ($ CA)
25 000 à 50 000 1,00 1,00 1,00 1,00
50 001 à 75 000 1,21 (0,77 à 1,91) 0,81 (0,52 à 1,26) 0,96 (0,60 à 1,55) 1,36 (0,83 à 2,22)
75 001 à 100 000 0,95 (0,55 à 1,63) 0,70 (0,42 à 1,18) 0,96 (0,56 à 1,74) 0,99 (0,56 à 1,75)
100 001 et plus 1,87 (0,89 à 3,97) 1,06 (0,50 à 2,23) 1,25 (0,55 à 2,84) 2,06 (0,85 à 4,96)
Priorité accordée à l'activité physique par l'école
1re à 3e 1,00 1,00 1,00 1,00
4e à 6e 0,95 (0,67 à 1,35) 0,84 (0,59 à 1,18) 0,74 (0,52 à 1,05) 1,30 (0,89 à 1,89)
7e à 10e 0,88 (0,53 à 1,46) 1,04 (0,62 à 1,73) 0,56 (0,32 à 0,97)Note de bas de page * 1,85 (1,09 à 3,14)Note de bas de page *
Données manquantes 1,25 (0,66 à 2,38) 0,63 (0,35 à 1,15) 0,72 (0,38 à 1,39) 1,73 (0,91 à 3,29)
Promotion d'événements d'activité physique par l'école 0,97 (0,64 à 1,45) 1,01 (0,68 à 1,49) 0,62 (0,40 à 0,94)Note de bas de page * 1,53 (1,00 à 2,33)Note de bas de page *
Environnement physique
Milieu
Rural ou petit centre urbain 1,00 1,00 1,00 1,00
Moyen centre urbain 1,01 (0,68 à 1,50) 1,26 (0,84 à 1,89) 0,79 (0,52 à 1,18) 0,97 (0,62 à 1,52)
Grand centre urbain 1,21 (0,78 à 1,88) 1,23 (0,80 à 1,88) 0,67 (0,41 à 1,07) 0,96 (0,59 à 1,54)
Accès à des rideaux 0,99 (0,73 à 1,33) 0,67 (0,50 à 0,89)Note de bas de page ** 1,13 (0,83 à 1,54) 1,12 (0,83 à 1,50)
Accès à des casiers verrouillables 0,86 (0,54 à 1,36) 1,24 (0,80 à 1,94) 1,37 (0,84 à 2,24) 0,88 (0,53 à 1,44)
Accès à des douches 0,62 (0,38 à 0,99)Note de bas de page * 1,09 (0,69 à 1,73) 0,63 (0,39 à 1,03) 0,62 (0,38 à 1,01)
Partenariats et services
Santé publique 1,13 (0,84 à 1,51) 1,37 (1,05 à 1,79)Note de bas de page * 0,80 (0,59 à 1,10) 1,06 (0,77 à 1,45)
Organisations non gouvernementales 0,80 (0,63 à 1,03) 0,96 (0,75 à 1,24) 0,92 (0,69 à 1,22) 0,82 (0,63 à 1,08)
Associations des parcs et loisirs 0,96 (0,70 à 1,31) 0,88 (0,64 à 1,21) 1,33 (0,96 à 1,85) 0,85 (0,60 à 1,21)
Organismes jeunesse 1,24 (0,89 à 1,72) 1,38 (0,97 à 1,94) 1,04 (0,73 à 1,48) 1,07 (0,75 à 1,53)
Centres de santé et de conditionnement physique 1,07 (0,77 à 1,47) 0,97 (0,70 à 1,33) 1,22 (0,86 à 1,73) 1,21 (0,86 à 1,70)
Consultants et spécialistes 0,93 (0,68 à 1,27) 1,18 (0,86 à 1,62) 0,99 (0,72 à 1,37) 1,14 (0,82 à 1,58)
Enseignement et apprentissage
Programmes d'activité physique sans lien avec le programme d'études
Clubs sportifs intra‑muros et amicaux 0,80 (0,55 à 1,17) 1,07 (0,73 à 1,58) 1,07 (0,72 à 1,58) 1,29 (0,85 à 1,97)
Intra‑muros seulement 0,78 (0,51 à 1,18) 1,19 (0,77 à 1,84) 1,30 (0,82 à 2,06) 0,90 (0,56 à 1,47)
Amicaux seulement 0,95 (0,60 à 1,51) 0,84 (0,53 à 1,33) 1,13 (0,70 à 1,83) 1,32 (0,80 à 2,19)
Aucun 1,00 1,00 1,00 1,00
Politique de santé en milieu scolaire
Politique écrite 0,82 (0,56 à 1,19) 0,99 (0,71 à 1,38) 0,82 (0,55 à 1,21) 0,85 (0,59 à 1,23)
Utilisation de données pour la planification 1,14 (0,85 à 1,53) 1,02 (0,76 à 1,38) 0,73 (0,53 à 1,02) 0,97 (0,71 à 1,33)
Accès en dehors des périodes d'enseignement :
Installations intérieures 1,11 (0,78 à 1,57) 0,83 (0,59 à 1,17) 0,64 (0,45 à 0,93)Note de bas de page * 1,06 (0,72 à 1,57)
Installations extérieures 0,75 (0,49 à 1,15) 0,77 (0,49 à 1,19) 0,78 (0,51 à 1,20) 0,84 (0,53 à 1,36)
Équipement
Toujours 1,20 (0,83 à 1,73) 1,56 (1,09 à 2,22)Note de bas de page * 1,40 (0,94 à 2,09) 1,01 (0,68 à 1,51)
Parfois 1,04 (0,65 à 1,66) 1,51 (1,00 à 2,27)Note de bas de page * 1,51 (0,94 à 2,42) 0,93 (0,60 à 1,45)
Jamais 1,00 1,00 1,00 1,00
Accès après les heures de classe :
Gymnases 0,72 (0,41 à 1,26) 0,90 (0,55 à 1,47) 0,79 (0,44 à 1,45) 0,50 (0,29 à 0,86)Note de bas de page *
Installations intérieures 1,26 (0,88 à 1,81) 1,01 (0,71 à 1,45) 1,26 (0,84 à 1,89) 1,38 (0,90 à 2,10)
Installations extérieures 1,26 (0,87 à 1,83) 1,04 (0,71 à 1,54) 1,30 (0,87 à 1,95) 1,01 (0,66 à 1,54)
Équipement 0,75 (0,49 à 1,15) 1,16 (0,78 à 1,71) 0,68 (0,42 à 1,09) 0,95 (0,61 à 1,48)
Ressources fournies par la commission scolaire :
Temps alloué au personnel 0,82 (0,60 à 1,11) 0,88 (0,66 à 1,18) 1,42 (1,02 à 1,98)Note de bas de page * 1,00 (0,71 à 1,41)
Espaces 0,98 (0,64 à 1,51) 1,11 (0,75 à 1,65) 0,62 (0,39 à 0,97)Note de bas de page * 1,11 (0,70 à 1,76)
Budget ($ CA)
Aucun financement 1,00 1,00 1,00 1,00
1 à 1 000 1,15 (0,80 à 1,64) 1,29 (0,87 à 1,92) 1,29 (0,89 à 1,89) 0,84 (0,56 à 1,27)
1 001 et plus 1,00 (0,75 à 1,33) 0,92 (0,71 à 1,21) 1,25 (0,92 à 1,70) 0,81 (0,60 à 1,10)
Données manquantes 0,76 (0,47 à 1,22) 1,01 (0,64 à 1,61) 1,17 (0,72 à 1,91) 0,86 (0,52 à 1,42)

Environnement social

Les filles ne respectant pas les recommandations en matière d'activité physique lors de l'A2 étaient beaucoup moins nombreuses à les mettre en pratique lors de l'A4 si l'activité physique se classait entre le 7e et le 10e rang des priorités de leur école que si elle se classait entre le 1er et le 3e rang (rapport de cotes ajusté [RCA] = 0,56; IC à 95 % : 0,32 à 0,97). La mise en pratique des recommandations par les élèves de ce groupe était aussi réduite si leur école faisait la promotion d'événements d'activité physique (RCA = 0,62; IC à 95 % : 0,40 à 0,94). Inversement, les garçons ne respectant pas les recommandations en matière d'activité physique lors de l'A2 étaient beaucoup plus nombreux à les mettre en pratique lors de l'A4 si l'activité physique se classait dans le groupe des priorités les moins importantes (RCA = 1,85; IC à 95 % : 1,09 à 3,14) et si leur école faisait la promotion d'événements d'activité physique (RCA = 1,53; IC à 95 % : 1,00 à 2,33). Dans le cas des élèves respectant déjà les recommandations lors de l'A2, aucune association significative n'a été constatée entre les facteurs liés à l'environnement social visés par cette étude et la mise en pratique des recommandations lors de l'A4.

Environnement physique

La mise en pratique des recommandations lors de l'A4 était réduite chez les garçons respectant les recommandations lors de l'A2 s'il y avait des rideaux dans les vestiaires de leur école (RCA = 0,67; IC à 95 % : 0,50 à 0,89). De même, la mise en pratique des recommandations lors de l'A4 était réduite chez filles respectant les recommandations lors de l'A2 s'il y avait des douches dans leur école (RCA = 0,62; IC à 95 % : 0,38 à 0,99). Nous avons aussi constaté une tendance non significative selon laquelle la mise en pratique des recommandations lors de l'A4 était réduite chez les filles et chez les garçons ne respectant pas les recommandations durant l'A2 s'il y avait des douches dans leur école (RCA = 0,63; IC à 95 % : 0,39 à 1,03 pour les filles et RCA = 0,62; IC à 95 % : 0,38 à 1,01 pour les garçons).

Partenariats et services

La probabilité que les garçons respectant les recommandations lors de l'A2 continuent à le faire lors de l'A4 était supérieure si leur école avait conclu un partenariat avec la santé publique (RCA = 1,37; IC à 95 % : 1,05 à 1,79).

Enseignement et apprentissage

Aucune association significative n'a été constatée entre la présence de clubs sportifs amicaux ou intra‑muros dans les écoles et la mise en pratique des recommandations en matière d'activité physique durant l'A4, dans quelque groupe d'élèves que ce soit.

Politiques

En ce qui concerne les politiques concernant l'accès des élèves en dehors des périodes d'enseignement pendant les heures de classe, la probabilité que les filles ne respectant pas les recommandations lors de l'A2 les mettent en pratique lors de l'A4 était considérablement réduite si leur école offrait l'accès à des installations intérieures (RCA = 0,64; IC à 95 % : 0,45 à 0,93), tandis que les garçons respectant les recommandations lors l'A2 présentaient une probabilité accrue de continuer à le faire si leur école offrait un accès occasionnel (RCA = 1,51; IC à 95 % : 1,00 à 2,27) ou permanent (RCA = 1,56; IC à 95 % : 1,09 à 2,22) à de l'équipement. La probabilité que les garçons ne respectant pas les recommandations lors de l'A2 les mettent en pratique lors de l'A4 était réduite si leur école offrait l'accès à un gymnase après les heures de classe (RCA = 0,50; IC à 95 % : 0,24 à 0,86). Enfin, pour ce qui est des ressources fournies par la commission scolaire pour améliorer la santé des élèves, la probabilité que les filles ne respectant pas les recommandations lors de l'A2 les mettent en pratique lors de l'A4 était accrue si leur école allouait du temps au personnel pour veiller à la santé des élèves (RCA = 1,42; IC à 95 % : 1,02 à 1,98), mais réduite si leur école offrait des espaces supplémentaires (RCA = 0,62; IC à 95 % : 0,39 à 0,97).

Analyse

Bien que nous ayons constaté que la majorité des élèves de notre échantillon ne respectaient pas les trois recommandations en matière d'activité physique, certaines caractéristiques des écoles classées selon l'AGSMS ont présenté une association positive avec l'adhésion à ces recommandations deux ans plus tard. Le quart des élèves ne respectant pas les recommandations durant l'A2 les avaient mises en pratique deux ans plus tard, un constat important à la lumière des données probantes indiquant que l'activité physique diminue normalement en fonction de l'âgeNote de bas de page 3Note de bas de page 7.

Près de la moitié des élèves respectant les recommandations lors de l'A2 ne les suivaient plus deux ans plus tard, mettant en relief la nécessité de se concentrer non seulement sur l'augmentation de l'activité physique chez les élèves insuffisamment actifs, mais aussi sur le soutien aux élèves actifs afin de les aider à le rester. Un effet de regroupement négligeable a été constaté chez les garçons respectant les recommandations lors de l'A2, c'est‑à‑dire que les garçons de ce groupe fréquentant la même école étaient aussi similaires les uns aux autres qu'ils l'étaient aux garçons du même groupe fréquentant d'autres écoles. Bien que les autres groupes d'élèves aient aussi présenté une faible CIC (entre 2 % et 3 %), à l'échelle de la population, de légères modifications des comportements peuvent avoir un impact importantNote de bas de page 34 et certaines caractéristiques des écoles ont été associées à des habitudes en matière d'activité physique au fil du temps dans les quatre groupes d'élèves à l'étude.

Dans le premier volet de l'AGSMS, à savoir l'environnement social et physique, l'environnement social a été associé à la mise en pratique des recommandations en matière d'activité physique uniquement chez les élèves de notre échantillon ne les respectant pas au départ. Plus spécifiquement, le fait d'accorder une faible priorité à l'activité physique comparativement à d'autres questions de santé a été associé positivement à la mise en pratique des recommandations par les garçons deux ans plus tard, mais l'association entre ces deux variables était négative chez les filles. Ce résultat contradictoire indique que la priorité accordée par les administrateurs scolaires à l'activité pourrait s'appuyer sur la participation aux programmes observée chez les garçons, mais non chez les filles. Selon une autre explication possible, les questions de santé ayant priorité sur l'activité physique (tabagisme, consommation de cannabis, intimidation, etc.) pourraient favoriser indirectement l'activité physique davantage chez les garçons que chez les fillesNote de bas de page 35Note de bas de page 36Note de bas de page 37. Un autre résultat contradictoire a été obtenu en lien avec la promotion d'événements d'activité physique par les écoles : la fréquentation d'une école faisant la promotion d'événements d'activité physique favorisait la mise en pratique des recommandations deux ans plus tard chez les garçons mais diminuait cette probabilité chez les filles. La divergence des résultats selon le genre appuie l'hypothèse selon laquelle le niveau d'activité des garçons jouerait un rôle dans la priorisation de l'activité physique par les écoles ainsi que dans la nature des événements d'activité physique promus, mais d'autres recherches sont nécessaires pour éclaircir la dynamique à l'origine des relations observées.

Dans l'environnement physique, nous avons été surpris de constater que la présence de rideaux et de douches présentait une association négative avec la mise en pratique des recommandations dans certains groupes d'élèves. En fait, la présence de douches a été le seul facteur lié à l'école à présenter une association significative avec la mise en pratique des recommandations chez les filles les respectant lors de l'A2, et cette association était négative. Bien que l'association ait été à la limite de la signification statistique (p = 0,046), les rapports de cotes observés et les intervalles de confiance étaient presque identiques dans trois des quatre groupes d'élèves, ce qui laisse entrevoir l'existence possible d'une tendance qui justifierait un examen approfondi. Les données de cette étude ne permettent pas de savoir le degré d'intimité dans les douches, mais des recherches antérieures ont révélé que les pressions sociales et le malaise suscité par l'idée de prendre sa douche à l'école peuvent contribuer à l'abandon de l'activité physique par les élèves lorsqu'ils traversent la pubertéNote de bas de page 38Note de bas de page 39Note de bas de page 40.

En outre, la présence de rideaux dans les vestiaires a été associée à une diminution de la probabilité que les garçons respectant les recommandations lors de l'A2 continuent à le faire. Un examen approfondi des caractéristiques des douches et des rideaux fournis (comme le degré d'intimité offert), ainsi que des dynamiques sociales entourant leur utilisation, est nécessaire. Par exemple, il est possible que les garçons qui choisissent d'utiliser un rideau ou qui évitent de prendre leur douche soient victimes d'intimidation ou de stigmatisation. Des études antérieures ont révélé qu'un grand nombre de garçons qui abandonnent les cours d'éducation physique lorsque ceux‑ci ne sont plus obligatoires le font parce qu'ils ont été victimes d'intimidation et de violence par des pairs, et non parce que l'activité physique ne les intéresse pasNote de bas de page 37.

En ce qui concerne le deuxième volet de l'AGSMS, à savoir les partenariats et les services, les résultats de cette étude indiquent qu'un partenariat de santé publique peut favoriser le maintien au fil du temps de l'activité physique chez les garçons actifs. Toutefois, ils indiquent aussi que la portée des documents de santé publique et des autres ressources fournies pourrait devoir être élargie de manière à cibler d'autres groupes d'élèves (par exemple les filles, ou les garçons ne respectant pas les recommandations). Cette relation entre les partenariats et l'activité physique est ressortie dans une étude sur les écoles intermédiairesNote de bas de page 19, mais elle n'a pas été étudiée dans un échantillon d'élèves de niveau secondaire. Or il s'agit d'une observation importante, puisque les partenariats entre les écoles et les services locaux de santé publique constituent une intervention abordable et accessible qui pourrait être encouragée dans le cadre de l'AGSMS pour les écoles souhaitant améliorer le niveau d'activité physique de leurs élèves.

Dans le volet de l'AGSMS touchant l'enseignement et l'apprentissage, aucune association n'a été constatée entre l'existence d'activités sportives amicales ou intra‑muros et la mise en pratique des recommandations en matière d'activité physique deux ans plus tard. Cette observation aussi était inattendue, car des recherches antérieures ont révélé que la présence de ces activités favorisait la pratique de l'activité physique chez les fillesNote de bas de page 40Note de bas de page 41. Il est possible que les activités physiques offertes favorisent la mise en pratique de seulement une ou deux des recommandations, et non des trois. Bien que cette hypothèse dépasse la portée des travaux décrits dans cet article, elle devrait être explorée dans le cadre d'autres recherches sur les données de l'étude COMPASS.

Enfin, sur le plan du volet des politiques de l'AGSMS, la probabilité que les garçons respectant déjà les recommandations continuent à le faire était accrue de 50 % si leur école offrait un accès à de l'équipement en dehors des périodes d'enseignement. Toutefois, cette relation n'a pas été constatée si c'était le cas après les heures de classe, ce qui indique que la période pendant laquelle l'accès est accordé aux élèves joue un rôle important dans l'atteinte de l'objectif. L'allocation par les commissions scolaires de temps au personnel pour la santé était significativement associée à la mise en pratique des recommandations en matière d'activité physique deux ans plus tard chez les filles ne les respectant pas au départ. Comme il est établi que les filles sont considérablement moins actives que les garçons et qu'elles cessent d'être actives à un plus jeune âge que ces derniersNote de bas de page 3Note de bas de page 7, les interventions visant à accroître l'activité physique dans ce groupe à risque sont hautement souhaitables. D'autres recherches sur l'utilisation faite du temps supplémentaire alloué au personnel pourraient orienter la mise en place d'approches similaires dans d'autres écoles.

Points forts et limites

Les deux principaux points forts de cette étude sont la grande taille de la cohorte d'élèves sur lesquels il existe des données couplées au sujet de l'activité physique au fil du temps et le processus de collecte simultanée de données dans les écoles fréquentées par ces élèves. Cette ressource unique, disponible par l'entremise de l'étude COMPASS, a permis de réaliser une analyse longitudinale des associations entre l'activité physique des élèves et un grand nombre de caractéristiques des écoles classées selon le cadre de l'AGSMS. Cette étude exploratoire avait aussi pour avantage d'évaluer de façon simultanée un grand nombre de facteurs liés à l'école, ce qui a permis de comparer, dans les modèles, l'association relative entre chaque caractéristique liée à l'école et l'activité physique des élèves. Cette méthode a jeté les bases pour d'autres recherches à venir. Alors que cette étude initiale a porté sur un résultat composite (à savoir la mise en pratique des trois recommandations en matière d'activité physique), d'autres études pourraient évaluer les caractéristiques des écoles associées à la mise en pratique de chaque type d'activité physique (activités physiques d'intensité élevée, exercices de renforcement des muscles et des os) considéré de façon indépendante. Les interactions entre les variables liées à l'école dépassaient la portée de cette étude, mais la complexité de ces relations pourrait faire l'objet de recherches dans l'avenir : par exemple, l'association entre les possibilités d'activité physique intra‑muros et l'activité physique chez les élèves est influencée par le SSE du quartier de l'école. Enfin, les études à venir pourraient inclure des écoles d'autres provinces et suivre les élèves sur une période prolongée.

Cette étude a aussi des limites. Premièrement, les données autodéclarées sur l'activité physique comportent des limites, car elles sont sujettes à un biais de rappel, et il est établi que les élèves tendent à sous‑estimer leur activité physique d'intensité modérée et à surestimer leur activité d'intensité élevéeNote de bas de page 31. Toutefois, la nature longitudinale de l'étude devrait en partie atténuer ce problème, car les sujets ont sans doute présenté un biais d'autodéclaration semblable aux deux points dans le temps et ils ont été comparés à leurs propres résultats initiaux. Deuxièmement, un biais de non‑réponse pourrait être présent chez les élèves qui n'ont pas participé à l'étude ou qui ont fourni des données incomplètes. Toutefois, le taux de participation à l'étude COMPASS est demeuré élevé chaque année (79 % à 80 %) et les données manquantes sur l'activité physique touchaient moins de 2 % des sujets de l'échantillon. Troisièmement, la période de suivi de cette étude longitudinale était relativement courte : elle pourrait expliquer certaines observations inattendues (comme une association négative entre la présence d'espaces intérieurs et la mise en pratique des recommandations en matière d'activité physique). Quatrièmement, les écoles à l'étude étaient toutes situées en Ontario et en Alberta : la généralisabilité des résultats aux écoles des autres provinces pourrait être limitée à cause de différences entre les provinces sur le plan des politiques (comme les crédits d'éducation physique obligatoires) et de la division des années scolaires. Cinquièmement, les données disponibles sur les écoles comportaient elles aussi des limites. Des données étaient manquantes pour certaines variables liées à l'école : elles ont été traitées selon la méthode des indicateurs manquantsNote de bas de page 32, mais il serait peut‑être préférable d'utiliser une méthode combinant l'imputation multiple et les indicateurs manquants dans les cas où les données manquantes ne sont pas le fruit du hasardNote de bas de page 42 et cette possibilité devrait être prise en considération dans les recherches à venir. Enfin, seules les caractéristiques de base des écoles ont été retenues pour cette étude, car les données sur les changements dans les écoles au fil du temps étaient inadéquates pour l'ensemble des facteurs inclus dans les modèles. D'autres études sont nécessaires pour incorporer dans le modèle longitudinal les changements dans les écoles.

Conclusion

En conclusion, les écoles peuvent aider les élèves tant à mettre en pratique les recommandations en matière d'activité physique qu'à continuer à les respecter au fil du temps, et ainsi lutter contre le déclin de l'activité physique à ce stade de la vie. Les facteurs significatifs liés à l'école qui ont été cernés dans cette étude sont des changements généralement abordables et accessibles (partenariats de santé publique, accès à de l'équipement pendant les heures de classe, etc.) qui ont déjà été mis en place par d'autres écoles. L'AGSMS peut aider les écoles à offrir un milieu favorable à la santé des élèves, mais les éléments les plus efficaces dépendent de la sous‑population d'élèves visée et du contexte propre à chaque école.

Remerciements

Les travaux ont été financés par une subvention transitoire de l'Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) dans le cadre du programme de financement prioritaire « Obesity-Interventions to Prevent or Treat » (Interventions pour prévenir ou traiter l'obésité (OOP‑110788; subvention accordée à SL) et par une subvention de fonctionnement de l'Institut de la santé publique et des populations des IRSC (MOP-114875; subvention accordée à SL). VC a reçu une bourse salariale de nouveau chercheur des IRSC et un prix Killam – Accélérateur de recherche.

Conflits d'intérêts

Scott Leatherdale est rédacteur scientifique adjoint à la revue PSPMC, mais il s'est désisté du processus d'évaluation de cet article. Les auteurs déclarent n'avoir aucun autre conflit d'intérêts.

Contributions des auteurs et avis

MP et SL ont conçu les travaux; SL et VC ont dirigé l'acquisition des données; MP a fait l'analyse et tous les coauteurs ont participé à l'interprétation des données; MP a rédigé le manuscrit; tous les auteurs ont participé à la révision du manuscrit et en ont approuvé la version définitive.

Le contenu de l'article et les points de vue qui y sont exprimés n'engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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