Synthèse des données probantes – Examen de la portée des publications sur le jeu à l’extérieur chez les enfants et les jeunes au Canada

Revue PSPMC

Table des matières |

Louise de Lannoy, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1; Kheana Barbeau, B.A.Note de rattachement des auteurs 2; Nick Seguin, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 3; Mark S. Tremblay, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 3Note de rattachement des auteurs 4

https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.1.01f

Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.

Rattachement des auteurs
Correspondance

Louise de Lannoy, Institut de recherche du CHEO, 401, chemin Smyth, Ottawa (Ontario)  K1H 8L1; tél. : 343-202-8333; courriel : ldelannoy@cheo.on.ca

Citation proposée

de Lannoy L, Barbeau K, Seguin N, Tremblay MS. Examen de la portée des publications sur le jeu à l’extérieur chez les enfants et les jeunes au Canada. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2023;43(1):1-14. https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.1.01f

Résumé

Introduction. Depuis 2015, au Canada et ailleurs dans le monde, on assiste à une croissance de l’intérêt pour les bienfaits du jeu à l’extérieur (en plein air) sur la santé, le bien-être et le développement dans leurs dimensions physique, émotionnelle, sociale et liée à l’environnement.

Méthodologie. Cet examen de la portée vise à répondre à la question suivante : « De quelle façon et dans quel contexte étudie-t-on le jeu à l’extérieur chez les enfants et les jeunes au Canada? » Toute étude portant sur un type de jeu à l’extérieur publiée à compter de septembre 2015 en anglais ou en français par des auteurs issus d’établissements canadiens ou évaluant des enfants ou des jeunes du Canada a été incluse. Les articles, extraits des bases MEDLINE, CINAHL et Scopus jusqu’en mars 2021, ont été classés selon huit thèmes prioritaires : la santé, le bien-être et le développement; les environnements de jeu à l’extérieur; la sécurité et le jeu à l’extérieur; les relations intersectorielles; l’équité, la diversité et l’inclusion; le développement professionnel; les peuples autochtones et les jeux à l’extérieur axés sur le territoire; la COVID-19. Pour chaque sujet, nous avons recensé les types d’étude et de méthode de mesure.

Résultats. Sur les 275 articles retenus, le plus courant parmi les sujets prioritaires était la santé, le bien-être et le développement (n = 239) et les moins courants étaient la COVID-19 (n = 9) ainsi que les peuples autochtones et les jeux à l’extérieur axés sur le territoire (n = 14). Le type d’étude le plus courant était l’enquête transversale, et le moins courant était la revue rapide. La taille de l’échantillon allait des réflexions d’un seul parent à 999 951 points de données issus de bases de données sur la santé. Les études étaient plus nombreuses à s’appuyer sur des méthodes de mesure subjectives que sur des méthodes de mesure objectives. Sur l’ensemble des sujets prioritaires, la santé physique s’est révélé le critère de résultat le plus étudié et le développement mental et émotionnel, le moins étudié.

Conclusion. Une profusion de connaissances sur le jeu à l’extérieur au Canada a été produite depuis 2015. De plus amples recherches sont nécessaires sur le lien entre le jeu à l’extérieur et le développement mental et émotionnel des enfants et des jeunes.

Mots-clés : recherche au sujet des effets sur la santé, mode de vie sain, bien-être, santé des enfants, priorités

Points saillants

  • Depuis 2015, au Canada et ailleurs dans le monde, on assiste à une croissance de l’intérêt pour les avantages que représente le jeu à l’extérieur (en plein air) pour la santé, le bien-être et le développement dans leurs dimensions physique, émotionnelle, sociale et liée à l’environnement.
  • Nous avons recensé 275 articles canadiens sur le jeu à l’extérieur publiés depuis 2015.
  • Le centre d’intérêt le plus fréquent était celui des bienfaits du jeu à l’extérieur sur la santé, le bien-être et le développement et les moins fréquents étaient la COVID-19 ainsi que les peuples autochtones et les jeux de plein air basés axés sur le territoire.
  • Cet examen de la portée met en évidence la spectaculaire croissance de la recherche sur le jeu à l’extérieur au Canada et suggère plusieurs domaines de recherche à explorer davantage.

Introduction

Publié en 2015, l’Énoncé de position sur le jeu actif à l’extérieurNote de bas de page 1Note de bas de page 2 (l’Énoncé de position) a mis en évidence les bienfaits incontestables du jeu à l’extérieur sur la santé, le bien-être et le développement des enfants dans leurs dimensions physique, mentale, émotionnelle, sociale et liée à l’environnementNote de bas de page 3Note de bas de page 4. Deux revues systématiquesNote de bas de page 3Note de bas de page 4 ayant à elles deux permis de recenser 49 articles universitaires liés au jeu à l’extérieur (bien que ceux-ci ne soient pas exclusivement liés au Canada ni exclusivement d’auteurs canadiens) ont étudié les données probantes sur les bienfaits du jeu à l’extérieur sur la santé, le bien-être et le développement et ont permis l’élaboration de l’Énoncé de position. Ces deux revues ainsi que l’Énoncé de position ont eu un effet galvanisant, poussant les membres nombreux et variés du secteur du jeu à l’extérieur à unir leurs forces et influençant la recherche, les pratiques et l’élaboration de politiques au Canada et ailleurs dans le monde. Ainsi, l’Énoncé de position a été mentionné dans plus de 300 articles, a été utilisé par le gouvernement de l’Ontario pour éclairer l’élaboration de ses politiques de santéNote de bas de page 5 et par le district de Saanich dans une affaire devant la Cour suprême de la Colombie-BritanniqueNote de bas de page 6 à titre de preuve des avantages de la prise de risques, aidant le District à défendre sa position sur le jeu à l’extérieur.

Justification et objectifs

Le jeu à l’extérieur au Canada : rapport sur l’état du secteur 2021Note de bas de page 7 (le « Rapport sur l’état du secteur »), publié en octobre 2021, aborde trois grands points, à la suite de l’Énoncé de position : les changements qu’a connus le secteur du jeu à l’extérieur depuis la publication de l’Énoncé de position, l’état actuel du secteur ainsi que les priorités du secteur pour les cinq prochaines années.

Rendre compte des deux premiers points a nécessité de prendre connaissance de l’évolution du mouvement du jeu à l’extérieur depuis 2015 – celui-ci ayant évolué grâce à l’organisation de colloques, à la mise sur pied de projets de financement et à la mise en place de groupes de travail ayant pour mission de promouvoir le jeu à l’extérieur – et d’effectuer un examen de la portée de la littérature sur le jeu à l’extérieur, qui a été publiée, en partie, grâce à ces efforts.

Le bulletin de l’activité physique chez les jeunes de ParticipACTION de 2015, par exemple, a fait état de l’Énoncé de positionNote de bas de page 8. Ce bulletin mentionnait toutefois que les données sur les habitudes de jeu à l’extérieur chez les enfants et les jeunes canadiens étaient peu abondantes. On dispose désormais d’une plus grande quantité de données, mais ce qu’elles révèlent est inquiétant : alors que seulement 21 % des enfants et des jeunes du Canada jouaient régulièrement dehors avant la pandémie de COVID-19Note de bas de page 9, le jeu à l’extérieur a diminué au Canada, si on se fie à une évaluation d’avril 2020Note de bas de page 10, et la proportion de jeunes actifs tarde à augmenter et n’atteint pas encore le niveau prépandémiqueNote de bas de page 11. Il s’agit là d’une tendance alarmante, qu’il aurait été difficile de prouver correctement en l’absence des résultats initiaux de 2015 et des efforts qui se sont ensuivis en vue de combler les lacunes dans les connaissances sur le sujet.

Le principal objectif de cet examen de la portée est de consigner les efforts visant à appliquer les recommandations issues de la recherche sur le jeu à l’extérieur déployés au Canada depuis la publication de l’Énoncé de positionNote de bas de page 2. La recherche dans les bases électroniques effectuée au printemps 2021 et mise à jour en mars 2022 a permis de recenser 447 publications sur le jeu à l’extérieur au Canada, « jeu » étant entendu au sens d’« engagement volontaire dans une activité qui est amusante et/ou gratifiante et généralement guidée par une motivation intrinsèque» et « jeu à l’extérieur » comme une « forme de jeu qui se déroule à l’extérieur », définitions qui sont conformes au projet de terminologie, taxonomie et ontologie du réseau PLaTO-Net (Play, Learn and Teach Outdoors Network, le Projet PLaTO dans la suite du texte), en français le Réseau JEA (Jouer, Enseigner et Apprendre) plein airNote de bas de page 12Note de bas de page 13.

En raison du nombre stupéfiant de publications recensées, dont bon nombre sont axées sur le jeu entre adultes, nous avons réparti les articles retenus en deux groupes : ceux qui portaient sur le jeu à l’extérieur chez les enfants et les jeunes et ceux qui portaient sur le jeu à l’extérieur chez les adultes. Cet examen de la portée n’inclut que la littérature sur le jeu à l’extérieur chez les enfants et les jeunes et vise à répondre à la question suivante : « De quelle façon et dans quel contexte étudie-t-on le jeu à l’extérieur chez les enfants et les jeunes au Canada? ».

Un examen de la portée axé sur le jeu à l’extérieur chez les adultes va être aussi préparé.

En second lieu, cet examen de la portée vise à approfondir le troisième point abordé dans le Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7, à savoir les priorités du secteur du jeu à l’extérieur pour les cinq prochaines années. Pour ce faire, un groupe de consultation intersectoriel national formé de 63 membres a été constitué, avec pour mission de déterminer, grâce à un processus de consultation de quatre mois, les grandes priorités du secteur du jeu à l’extérieur et les actions à mettre en œuvre par suite de celles-ci. Des priorités communes ont été définies, précisées et soumises au vote, puis le groupe les a soumises à l’avis de l’ensemble du secteur du jeu à l’extérieur au Canada afin de s’assurer qu’elles étaient bien représentatives. À l’occasion de ce processus, 302 intervenants canadiens se sont entendus sur neuf grandes priorités. Douze évaluateurs, des collègues qui œuvrent dans le secteur du jeu à l’extérieur, les ont ensuite approuvéesNote de bas de page 7. Ces neuf priorités visent à offrir au secteur du jeu à l’extérieur une vision commune lui permettant de prospérer et de réussir au cours des cinq prochaines années :

  • Promouvoir les bienfaits du jeu à l’extérieur sur la santé, le bien-être et le développement;
  • Promouvoir, protéger et préserver les environnements de jeu à l’extérieur et investir en eux;
  • Encourager l’équité, la diversité et l’inclusion dans le jeu à l’extérieur;
  • Veiller à ce que les initiatives ayant trait au jeu à l’extérieur soient axées sur le territoire et représentent les différentes cultures, langues et points de vue des peuples autochtones de l’Amérique du Nord;
  • Effectuer de la recherche et appuyer la collecte de données sur le jeu à l’extérieur;
  • Revoir les conceptions concernant la sécurité dans le jeu à l’extérieur;
  • Mettre à profit les possibilités de mobilisation ayant trait aux activités de jeu à l’extérieur pendant et après la COVID-19;
  • Développer et améliorer les possibilités de développement professionnel dans le domaine du jeu à l’extérieur;
  • Élargir et renforcer les relations/collaborations intersectorielles.

Dans le contexte de l’objectif secondaire de cet examen de la portée, il fallait donc classer les articles retenus en fonction de ces priorités, offrir des lignes directrices quant aux méthodes courantes de mesure et d’évaluation de la mise en œuvre des priorités et définir les lacunes sur le plan des méthodes et des connaissances pour chaque priorité. Nous avions pour but, lorsque nous avons procédé à ces étapes, de déterminer les cibles des efforts pour chaque priorité, ainsi que les sources de connaissances suffisamment abondantes pour que les chercheurs, les décideurs, les éducateurs, les professionnels de la santé et les personnes qui préconisent le jeu à l’extérieur puissent y puiser des connaissances leur permettant de promouvoir et de protéger l’accès de tous au jeu dans la nature et en plein air.

Méthodologie

Cet examen de la portée s’appuie sur les lignes directrices PRISMA-ScR (Preferred Reporting Items for Systematic reviews and Meta-Analysis Extension for Scoping Review)Note de bas de page 14, dont la liste peut être obtenue auprès des auteurs. Nous avons aussi utilisé le cadre proposé par Arksey et O’MalleyNote de bas de page 15, dans sa forme modifiée par Levac et ses collaborateursNote de bas de page 16. Ainsi, nous avons procédé aux six étapes suivantes : (1) définir la question de recherche, (2) recenser les études pertinentes, (3) sélectionner les études selon les critères déterminés, (4) organiser les données, (5) regrouper les résultats, en faire la synthèse et produire un rapport et enfin (6) consulter les intervenants concernés.

Stratégie de recherche

Nous avons effectué une recherche électronique dans trois bases de données scientifiques, la base MEDLINE d’Ovid, la base CINAHL (Cumulative Index to Nursing & Allied Health Literature) d’EBSCO et la base Scopus, en mars 2021, au moyen des termes de recherche principaux « outdoor play » (jeu à l’extérieur) et « Canada ». Les autres termes de recherche employés étaient : « free play » (jeu libre), « nature play » (jeu dans la nature), « risky play » (jeu risqué), « active play » (jeu actif), « unstructured play » (jeu non structuré), « unsupervised play » (jeu non supervisé), « playground » (terrain de jeu), « school ground » (cour d’école), « loose parts » (objets sans fonction précise), « outdoor recreation » (activités récréatives à l’extérieur), « nature-based recreation » (activités récréatives dans la nature), « nature experience » (expérience dans la nature) et « outdoor activities » (activités à l’extérieur). Ces termes ont été choisis en fonction des termes clés liés au jeu à l’extérieur indiqués dans le projet PLaTONote de bas de page 13.

KB a effectué la recherche le 29 mars 2021 et l’a mise à jour le 31 mars 2022. Les stratégies de recherche détaillées qui ont été employées dans chaque base de données figurent dans le tableau complémentaire 1.

Critères d’inclusion des études

Nous avons utilisé le cadre PCC (population, concept et contexte)Note de bas de page 17 afin que les études sélectionnées pour l’examen correspondent à nos questions de recherche. Les articles retenus devaient avoir été évalués par des pairs et publiés en anglais ou en français entre septembre 2015 et mars 2022 et leurs auteurs (premiers ou derniers auteurs) devaient relever d’établissements canadiens ou s’appuyer sur des travaux de recherche portant sur une population du Canada. Nous n’avons appliqué aucune restriction quant au type d’étude ou d’article (les commentaires et les synthèses ont par exemple été inclus). Les études ont été exclues si elles ne mesuraient pas et ne décrivaient pas des expériences de jeu à l’extérieur ou de la littérature sur le sujet.

D’après le projet PLaTONote de bas de page 13, le jeu ne concerne pas uniquement les enfants, et nous n’avons donc pas restreint nos recherches à un groupe d’âge particulier. Toutefois, en raison du grand nombre d’articles qui respectaient les critères d’inclusion (n = 447), nous avons séparé les données en fonction de l’âge (enfants ou jeunes de moins de 18 ans; adultes de 18 ans et plus; personnes des deux catégories).

Sélection des études

Les articles qui respectaient les critères d’inclusion ont été téléchargés puis importés dans le logiciel Covidence (de Veritas Health Innovation, Melbourne, Australie) pour en détecter et éliminer les doublons. Deux chercheurs (LDL et KB) ont analysé les titres et les résumés des articles de façon indépendante au moyen du cadre PCC afin de déterminer si ces derniers devaient être inclusNote de bas de page 17. Cette décision devait être consensuelle. Ils ont d’abord élaboré la méthode d’analyse à partir du cadre PCC et, avant la présélection de niveau 1, ils se sont exercés à l’occasion d’une séance au cours de laquelle ils devaient évaluer de façon indépendante les 10 mêmes articles par rapport aux critères d’inclusion, puis discuter ensemble des points litigieux et de toute question. Au cours de la présélection de niveau 1, ils se sont rencontrés toutes les semaines pour aborder les désaccords et en arriver à un consensus.

En ce qui concerne la sélection à partir des articles entiers (niveau 2), un troisième chercheur indépendant a effectué à son tour une évaluation, puis deux chercheurs au moins (LDL, KB ou NS) devaient être d’accord à propos d’un article pour que ce dernier soit effectivement inclus, les désaccords devant être résolus par discussion pour aboutir à un consensus.

Extraction des données

Trois chercheurs (LDL, KB et NS) travaillant de façon indépendante ont utilisé un formulaire d’extraction de données qu’ils avaient eux-mêmes mis au point au préalable dans Covidence et testé pour ce qui est de l’extraction de données à partir de textes intégraux. Ils se sont rencontrés toutes les semaines à l’étape de l’extraction également afin de discuter de toute incertitude relative à la bonne uniformité du protocole d’extraction. Il est arrivé qu’un article soit évalué par deux chercheurs travaillant par hasard en même temps dans la base Covidence, ce qui a permis de faire des vérifications quant à l’uniformité méthodologique. Un consensus a été trouvé entre chercheurs par discussion, conduisant si néessaire au reclassement de certains articles.

Les données extraites de chaque article au moyen du modèle d’extraction de Covidence ont été : titre, pays, population (enfants/jeunes de moins de 18 ans; adultes de 18 ans et plus; participants des deux groupes), type d’étude, méthodes de mesure du jeu à l’extérieur et des effets sur la santé associés au jeu à l’extérieur (par exemple en ce qui concerne la qualité de vie); données sur la santé physique et mentale/émotionnelle; données sur la santé cognitive, sociale et liée à l’environnement; données sur le développement cognitif, émotionnel et physique et sur l’acquisition de compétences; données sur le bien-être général.

Une fois les données extraites, nous avons téléchargé le modèle les contenant et nous sommes partis de celui-ci pour effectuer une synthèse des thèmes liés aux types d’étude et à la mesure du jeu à l’extérieur. Nous avons classé les types d’étude selon les catégories suivantes : revue de la littérature, revue systématique, méta-analyse, examen de la portée, revue rapide, commentaire, essai clinique randomisé, essai clinique non randomisé, étude longitudinale, enquête transversale, à méthodes mixtes.

Nous avons aussi défini la mesure du jeu à l’extérieur comme objective ou subjective. A été considéré comme un mode de mesure objectif le fait d’utiliser un appareil de mesure (comme un accéléromètre ou un GPS), de procéder par observation (par exemple à l’aide d’un système d’observation du jeu à l’extérieur) ou d’évaluer l’environnement (par exemple analyser les corrélats du jeu à l’extérieur dans un quartier). Ont été considérés comme des modes de mesure subjectifs les déclarations par personne interposée (par exemple les déclarations de parents au sujet du comportement de leur enfant), les auto-évaluations et les récits (le fait qu’une personne raconte des expériences).

Si l’article était un commentaire, nous en avons extrait les thèmes suivants : le jeu à l’extérieur comme méthode d’apprentissage ou aide à l’apprentissage; le jeu à l’extérieur et le bien-être physique ou mental et le jeu à l’extérieur et le changement climatique ou les conséquences écologiques.

Enfin, nous avons extrait toutes les données qui portaient sur huit des neuf priorités indiquées dans le Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7, la priorité « effectuer de la recherche et appuyer la collecte de données » n’était pas pertinente dans la mesure où tous les articles recensés y correspondaient naturellement.

Synthèse des données

Nous avons séparé les données extraites en deux groupes en fonction de l’âge visé (soit enfants/jeunes, soit adultes) et avons inclus les articles qui portaient sur les enfants/jeunes et les adultes dans les deux ensembles de données. Nous avons ensuite réparti les articles en fonction des priorités indiquées dans le Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7, sachant que plusieurs des articles inclus relevaient de plus d’une priorité. Nous avons comptabilisé le nombre d’articles associés à chaque priorité, à chaque type d’étude et à chaque type de mesure du jeu à l’extérieur.

Résultats

Sélection des études

Notre recherche d’articles sur le jeu à l’extérieur a produit 4 327 articles. Une fois les doublons retirés, 3 736 articles sont passés à l’étape de la présélection de niveau 1. Une fois les articles non pertinents retirés (n = 2 979), 757 articles sont passés à l’étape de la sélection de niveau 2. Nous avons ensuite exclu 310 de ces articles pour les raisons suivantes : ils n’étaient pas axés sur le jeu à l’extérieur ou ne le mesuraient pas (n = 156; 50 %); ils avaient été publiés avant septembre 2015 (n = 77; 25 %); le critère d’un auteur canadien ou d’une étude de population canadienne n’était pas respecté (n = 60; 19 %); il ne s’agissait pas d’articles complets (n = 12; 4 %); le texte intégral de l’article était introuvable (n = 4; 1 %); ils n’étaient ni anglais ni en français (n = 1; <1 %). Pour l’examen complet, 447 articles ont été jugés pertinents et 275 articles étaient axés sur le jeu à l’extérieur chez les enfants ou les jeunes et ont été inclus dans cet examen de la portée (voir la figure 1 pour une représentation visuelle du processus de sélection).

Figure 1. Organigramme PRISMA-ScRNote de bas de page a illustrant le processus de recensement, de sélection, d’établissement de l’admissibilité et d’inclusion des études pour cet examen de la portée
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel

Cette figure illustre le processus de la sélection des études en vue de l’examen de la portée.  Il y a trois phases dans le processus : recensement, sélection, et admissibilité.

Première phase : Recensement

  • Articles recensés au moyen de recherches dans les bases de données (MEDLINE, CINAHL, Scopus), printemps 2021 : (n = 4 220)
  • Publications additionnelles recensées par des recherches dans les bases de données (MEDLINE, CINAHL, Scopus), mars 2022 : (n = 107)

Cela a donné un total de 4 327 articles recensés qui ont été analysés dans la deuxième phase.
Deuxième phase : Sélection

  • Publications une fois les doublons retirés (n = 3 736)
  • Publications retenues (n = 757)
    • Parmi les publications retenues, certaines (n = 310) ont été exclues pour les raisons suivantes :
      • N’étaient pas axées sur le jeu à l’extérieur ou ne le mesuraient pas : (n = 156)
      • Avaient été publiées avant septembre 2015 : (n = 77)
      • Le critère de l’auteur canadien ou de l’étude d’une population canadienne n’était pas respecté : (n = 60)
      • Il ne s’agissait pas d’articles complets : (n = 12)
      • Le texte intégral était introuvable : (n = 4)
      • N’étaient ni en français ni en anglais : (n = 1)

Cela a donné un total de 447 articles retenus qui ont été analysés dans la troisième phase.
Troisième phase :  Admissibilité

  • Articles complets dont l’admissibilité a été évaluée (n = 447)
    • Parmi les articles complets dont l’admissibilité a été évaluée, certains (n = 172) ont été exclus parce qu’ils portaient uniquement sur des adultes.

Cela a donné un total de 275 articles. Donc, en bout de ligne, (n = 275) articles complets ont été inclus dans la synthèse des données.

Caractéristiques des études

Un aperçu des caractéristiques de chaque étude incluse se trouve dans le tableau complémentaire 2. La figure 2 illustre la distribution des articles inclus par année de publication.

Figure 2. Distribution des articles inclus dans l’examen de la portée par année de publication (2015-2022)
Figure 2. La version textuelle suit.
Figure 2 - Équivalent textuel
Figure 2. Distribution des articles inclus dans l’examen de la portée par année de publication (2015-2022)
Année Nombre d’articles
2015 13
2016 27
2017 42
2018 48
2019 54
2020 47
2021 38
2022 6

Remarque : Chaque barre correspond au nombre d’articles inclus dans l’examen publiés au cours d’une année donnée. Le nombre d’articles pour 2015 et 2022 ne recouvre qu’une partie de l’année, car les publications ont été retenues à partir de septembre 2015 et jusqu’en mars 2022.

Conformément aux critères d’inclusion, toutes les études portaient sur des enfants et des jeunes de moins de 18 ans. Les articles portaient en plus grand nombre sur les enfants (c’est-à-dire le groupe des 5 à 11 ans ou les enfants en général sans précision d’âge; 183/275) que sur les tout-petits (moins de 5 ans; 73/275) ou les adolescents (12 à 17 ans; 117/275) et il y avait chevauchement dans bien des cas (118/275) entre les groupes d’âge étudiés.

Près des trois quarts des articles portaient tant sur des jeunes de sexe/genre masculin que de sexe/genre féminin (74 %; 204/275), 24 % (65/275) n’évoquaient pas le sexe/genre des jeunes et une fraction minime s’intéressait spécifiquement au sexe/genre masculin (1 %; 3/275) ou féminin (1 %; 3/275).

Conformément aux critères d’inclusion, tous les articles avaient été écrits par des auteurs relevant d’établissements canadiens ou portaient sur une population du Canada. Sept études portaient sur des participants canadiens et internationauxNote de bas de page 19Note de bas de page 20Note de bas de page 21Note de bas de page 22Note de bas de page 23Note de bas de page 24Note de bas de page 25 et une équipe de recherche canado-américaine a analysé des données sur des participants de divers pays dans le cadre d’une seule étudeNote de bas de page 26. La taille de l’échantillon variait considérablement en fonction du type d’étude, allant des observations d’un seul parent au sujet des jeux en plein air de son enfantNote de bas de page 27 à 999 951 points de données sur les blessures involontaires chez les enfants et les jeunes tirés de bases de données administratives et sur la santé pertinentesNote de bas de page 28.

Thèmes liés au jeu à l’extérieur

Nous avons classé les articles inclus par priorité relevant du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7 et nous les présentons ici selon un ordre décroissant (sachant que certains articles ont été associés à plus d’une priorité) : santé, bien-être et développement (n = 239); environnements de jeu à l’extérieur (n = 155); sécurité et jeu à l’extérieur (n = 85); relations intersectorielles (n = 66); équité, diversité et inclusion (n = 48); développement professionnel (n = 41); peuples autochtones et jeux à l’extérieur axés sur le territoire (n = 14); COVID-19 (n = 9).

La figure 3 illustre la distribution des articles inclus en fonction de ces priorités et de l’année de publication.

Figure 3. Distribution des articles inclus dans l’examen de la portée par rapport aux priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page a, par année de publication (2015-2022)
Figure 3. La version textuelle suit.
Figure 3 - Équivalent textuel
Figure 3. Distribution des articles inclus dans l’examen de la portée par rapport aux priorités du Rapport sur l’état du secteur, par année de publication (2015-2022)
Nombre d’articles Année
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Santé, bien-être et développement 9 22 35 41 45 41 37 6
Environnements de jeu à l'extérieur 6 18 25 24 31 27 21 4
Securité et jeu à l'extérieur 3 4 10 20 18 13 16 1
Relations inter-sectorielles 3 9 11 12 17 10 4 0
Équité, diversité et inclusion 3 2 4 12 11 7 10 1
Développement professionnel 3 6 8 5 6 9 2 1
Peuples autochtones et jeux à l'extérieur axés sur le territoire 2 0 0 4 5 1 1 1
COVID-19 0 0 0 0 0 5 4 0

Type d’étude sur le jeu à l’extérieur

Les enquêtes transversales constituaient le type d’étude le plus courant, toutes priorités confonduesNote de bas de page 7, sauf pour « peuples autochtones et jeux à l’extérieur axés sur le territoire », priorité pour laquelle les études reposaient le plus souvent sur des méthodes mixtes.

À l’inverse, le type d’étude le moins courant s’est révélé être la revue rapide, ex æquo pour les priorités suivantes : sécurité et jeu à l’extérieur (pas de revue rapide, de méta-analyse, ni d’examen de la portée); relations intersectorielles (pas de revue rapide ni d’examen de la portée); équité, diversité et inclusion (pas de revue rapide, d’étude longitudinale, ni d’essai clinique randomisé); développement professionnel (pas de revue rapide, de méta-analyse, ni d’examen de la portée); peuples autochtones et jeux à l’extérieur axés sur le territoire (pas de revue rapide, d’étude longitudinale, de méta-analyse, d’essai clinique randomisé, ni d’examen de la portée); COVID-19 (pas de revue rapide, de revue de la littérature, d’étude longitudinale, de méta-analyse, d’étude à méthodes mixtes, d’essai clinique non randomisé, d’essai clinique randomisé, d’examen de la portée, ni d’examen systématique) (voir le tableau 1 et la figure 4).

Tableau 1. Articles classés en fonction des priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page a, par type d’étude (n = 275)
Type d’étude Priorité, en % (n)
Santé, bien-être et développement (n = 239) Environnements de jeu à l’extérieur
(n = 155)
Sécurité et jeu à l’extérieur (n = 85) Relations intersectorielles (n = 66) Équité, diversité et inclusion (n = 49) Développement professionnel (n = 41) Peuples autochtones et jeux à l’extérieur axés sur le territoire (n = 14) COVID-19
(n = 9)
Commentaire 3,3 (8) 3,9 (6) 2,4 (2) 4,5 (3) 2,0 (1) 4,9 (2) 14,3 (2) 11,1 (1)
Enquête transversale 51,5 (123) 49,0 (76) 60,0 (51) 39,4 (26) 59,2 (29) 34,1 (14) 21,4 (3) 100,0 (9)
Revue de la littérature 9,6 (23) 12,3 (19) 9,4 (8) 10,6 (7) 14,3 (7) 9,8 (4) 21,4 (3) 0
Étude longitudinale 7,5 (18) 7,7 (12) 5,9 (5) 4,5 (3) 0 4,9 (2) 0 0
Méta-analyse 0,8 (2) 0,6 (1) 0 1,5 (1) 2,0 (1) 0 0 0
Méthodes mixtes 10,9 (26) 13,5 (21) 10,6 (9) 18,2 (12) 10,2 (5) 14,6 (6) 35,7 (5) 0
Essai clinique non randomisé 5,4 (13) 5,2 (8) 1,2 (1) 10,6 (7) 4,1 (2) 9,8 (4) 7,1 (1) 0
Essai clinique randomisé 5,9 (14) 3,9 (6) 4,7 (4) 12,1 (8) 0 17,1 (7) 0 0
Revue rapide 0,4 (1) 0 0 0 0 0 0 0
Examen de la portée 1,7 (4) 0,6 (1) 0 0 4,1 (2) 0 0 0
Revue systématique 6,7 (16) 6,5 (10) 5,9 (5) 3,0 (2) 6,1 (3) 7,3 (3) 7,1 (1) 0
Figure 4. Distribution des articles inclus dans l’examen de la portée correspondant aux priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page a, classées par type d’étude et année de publication (2015-2022)
Figure 4. La version textuelle suit.
Figure 4 - Équivalent textuel
Figure 4. Distribution des articles inclus dans l’examen de la portée correspondant aux priorités du Rapport sur l’état du secteur, classées par type d’étude et année de publication (2015-2022)
Type d’étude et nombre d’articles Année
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Enquête transversale 6 14 16 25 23 32 23 4
Methodes mixtes 2 4 8 6 6 1 3 1
Revue de la Iittérature 1 1 9 4 5 6 1 2
Étude longitudinale 2 0 4 3 2 3 4 0
Revue systématique 2 4 2 1 4 1 3 0
ECR 0 3 1 4 4 0 3 0
ECnR 0 2 2 2 7 0 1 0
Commentaire 0 1 1 2 3 3 0 0
Examen de la portée 0 0 0 1 1 1 0 0
Méta-analyse 0 1 0 1 0 0 0 0
Revue rapide 0 0 0 0 0 1 0 0

Mesure du jeu à l’extérieur

Dans l’ensemble, les études étaient plus nombreuses à s’appuyer sur des méthodes de mesure subjectives que sur des méthodes objectives en ce qui a trait au jeu à l’extérieur pour toutes les priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7 (voir le tableau 2).

Tableau 2. Articles classés en fonction des priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page a, par type de mesure du jeu à l’extérieur (n = 275)
Mode de mesure du jeu à l’extérieur Priorité, en % (n)
Santé, bien-être et développement (n = 239) Environnements de jeu à l’extérieur
(n = 155)
Sécurité et jeu à l’extérieur (n = 85) Relations intersectorielles (n = 66) Équité, diversité et inclusion (n = 49) Développement professionnel (n = 41) Peuples autochtones et jeux à l’extérieur axés sur le territoire (n = 14) COVID-19
(n = 9)
Modes objectifs
Appareil 17,6 (42) 18,1 (28) 11,8 (10) 16,7 (11) 10,2 (5) 24,4 (10) 0 0
Évaluation de l’environnement 5,9 (14) 12,3 (19) 12,9 (11) 6,1 (4) 6,1 (3) 7,3 (3) 7,1 (1) 0
Observation 13,4 (32) 12,3 (19) 5,9 (5) 9,1 (6) 12,2 (6) 7,3 (3) 7,1 (1) 0
Modes subjectifs
Récit 25,5 (61) 27,7 (43) 34,1 (29) 39,4 (26) 32,7 (16) 36,6 (15) 50,0 (7) 22,2 (2)
Déclaration par personne interposée 34,7 (83) 33,5 (52) 48,2 (41) 36,4 (24) 30,6 (15) 43,9 (18) 14,3 (2) 88,9 (8)
Auto-évaluation 43,1 (103) 40,0 (62) 35,3 (30) 34,8 (23) 53,1 (26) 24,4 (10) 28,6 (4) 44,4 (4)

Aucun mode de mesure subjectif n’a été employé systématiquement plus qu’un autre dans toutes les priorités. Le mode du récit a été utilisé moins que les autres, mais avec des exceptions. Par exemple, pour les relations intersectorielles et le développement professionnel, c’est l’auto-évaluation qui a été le mode de mesure subjectif le moins souvent employé alors que pour l’équité, la diversité et l’inclusion et les peuples autochtones et les jeux à l’extérieur axés sur le territoire, c’est la déclaration par personne interposée qui a été le mode de mesure subjectif le moins utilisé.

Le mode de mesure objectif le plus souvent employé sur l’ensemble des priorités a été la mesure à l’aide d’un appareil, avec quatre exceptions. Pour la sécurité et le jeu à l’extérieur, c’est l’évaluation du milieu qui a été le mode de mesure objectif le plus utilisé; pour l’équité, la diversité et l’inclusion, c’est le mode de l’observation a été le plus employé; pour les peuples autochtones et les jeux à l’extérieur axés sur le territoire, c’est l’évaluation du milieu et l’observation qui ont été les modes les plus utilisés et enfin pour la COVID‑19, aucune méthode de mesure objective n’a été employée.

L’évaluation du milieu a été la méthode de mesure objective la moins utilisée, mais ex æquo avec l’observation pour les environnements de jeu à l’extérieur, le développement professionnel et les peuples autochtones et les jeux à l’extérieur axés sur le territoire. L’observation a été la méthode de mesure objective la moins utilisée pour la sécurité et le jeu à l’extérieur.

Thèmes des commentaires

Dans l’ensemble, les thèmes du jeu à l’extérieur comme méthode d’apprentissage ou aide à l’apprentissage et du jeu à l’extérieur et du bien-être physique ou mental étaient plus communs que le thème du jeu à l’extérieur et du changement climatique et des conséquences écologiques (voir le tableau 3).

Tableau 3. Articles classés selon les priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page a, par thème du commentaire (n = 275)
Thème du commentaire Priorité, en % (n)
Santé, bien-être et développement (n = 239) Environnements de jeu à l’extérieur (n = 155) Sécurité et jeu à l’extérieur (n = 85) Relations intersectorielles (n = 66) Équité, diversité et inclusion (n = 49) Développement professionnel (n = 41) Peuples autochtones et jeux à l’extérieur axés sur le territoire (n = 14) COVID-19 (n = 9)
Le jeu à l’extérieur et le changement climatique et les conséquences écologiques 1,3 (3) 1,9 (3) 0 1,5 (1) 0 0 0 0
Le jeu à l’extérieur comme méthode d’apprentissage ou aide à l’apprentissage 3,3 (8) 5,2 (8) 4,7 (4) 3,0 (2) 2,0 (1) 2,4 (1) 14,3 (2) 0
Le jeu à l’extérieur et le bien-être physique ou mental 5,9 (14) 6,5 (10) 3,5 (3) 4,5 (3) 2,0 (1) 2,4 (1) 7,1 (1) 0

Critères de résultats

Dans l’ensemble, la santé physique a été le critère de résultat le plus courant sur l’ensemble des priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7, à quelques exceptions près. Pour la priorité des environnements de jeu à l’extérieur, la santé physique a été le critère de résultat le plus commun, mais ex æquo avec la santé liée à l’environnement. Pour la priorité de l’équité, la diversité et l’inclusion et pour celle des peuples autochtones et des jeux à l’extérieur axés sur le territoire, la santé sociale a été le critère de résultat le plus courant (voir le tableau 4).

Tableau 4. Articles classés selon les priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page a, par critère de résultat (n = 275)
Critère de résultat Priorité, en % (n)  
Santé, bien-être et développement (n = 239) Environnements de jeu à l’extérieur (n = 155) Sécurité et jeu à l’extérieur (n = 85) Relations intersectorielles (n = 66) Équité, diversité et inclusion (n = 49) Développement professionnel (n = 41) Peuples autochtones et jeux à l’extérieur axés sur le territoire (n = 14) COVID-19 (n = 9)
Développement cognitif 13,0 (31) 15,5 (24) 12,9 (11) 16,7 (11) 10,2 (5) 17,1 (7) 21,4 (3) 0
Santé cognitive 6,7 (16) 4,5 (7) 4,7 (4) 7,6 (5) 6,1 (3) 7,3 (3) 14,3 (2) 0
Santé liée à l’environnement 29,3 (70) 52,3 (81) 36,5 (31) 30,3 (20) 30,6 (15) 31,7 (13) 35,7 (5) 22,2 (2)
Bien-être général 15,9 (38) 16,1 (25) 12,9 (11) 24,2 (16) 28,6 (14) 19,5 (8) 35,7 (5) 11,1 (1)
Développement mental/émotionnel 2,9 (7) 1,3 (2) 2,4 (2) 7,6 (5) 2,0 (1) 4,9 (2) 21,4 (3) 0
Santé mentale/émotionnelle 24,3 (58) 18,7 (29) 9,4 (8) 21,2 (14) 30,6 (15) 9,8 (4) 35,7 (5) 11,1 (1)
Développement physique 7,1 (17) 7,7 (12) 9,4 (8) 7,6 (5) 6,1 (3) 14,6 (6) 14,3 (2) 0
Santé physique 58,2 (139) 52,3 (81) 68,2 (58) 51,5 (34) 46,9 (23) 41,5 (17) 35,7 (5) 77,8 (7)
Qualité de vie 3,8 (9) 4,5 (7) 2,4 (2) 6,1 (4) 6,1 (3) 7,3 (3) 7,1 (1) 0
Acquisition de compétences 13,0 (31) 14,8 (23) 11,8 (10) 19,7 (13) 16,3 (8) 39,0 (16) 21,4 (3) 0
Santé sociale 39,3 (94) 36,1 (56) 35,3 (30) 37,9 (25) 55,1 (27) 19,5 (8) 64,3 (9) 22,2 (2)

Dans l’ensemble, le critère de résultat le plus rarement utilisé a été le développement mental/émotionnel, à quelques exceptions près. Pour la sécurité et le jeu à l’extérieur, les critères de résultats les moins utilisés ont été le développement mental/émotionnel et la qualité de vie. Pour les relations intersectorielles et les peuples autochtones et les jeux à l’extérieur axés sur le territoire, le critère de résultat le moins utilisé a été la qualité de vie. Pour la COVID-19, il n’a pas été tenu compte comme critères de résultats du développement cognitif, de la santé cognitive, du développement mental/émotionnel, du développement physique, de la qualité de vie et de l’acquisition de compétences.

Analyse

Le nombre de publications sur le jeu à l’extérieur au Canada a considérablement augmenté depuis la publication de l’Énoncé de position sur le jeu actif à l’extérieurNote de bas de page 1Note de bas de page 2 en 2015. On observe une grande variété dans les types de publication et dans les tailles d’échantillon. La santé physique a été le critère de résultat le plus souvent mesuré en ce qui concerne le jeu à l’extérieur chez les enfants et les jeunes, et le développement mental/émotionnel a été le critère le moins souvent mesuré. Parmi les priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7, le thème le plus souvent abordé a été les bienfaits du jeu à l’extérieur sur la santé, le bien-être et le développement, et le thème le moins souvent abordé a été celui des peuples autochtones et des jeux à l’extérieur axés sur le territoire. Ces observations rendent compte des efforts et des cibles de la recherche en matière de jeu à l’extérieur depuis 6 ans et permettent de constater quelles lacunes importantes restent à combler.

Bon nombre de revues recensées dans cet examen de la portée étaient principalement axées sur des critères de résultats liés à la santé physiqueNote de bas de page 29Note de bas de page 30Note de bas de page 31Note de bas de page 32Note de bas de page 33Note de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 36Note de bas de page 37Note de bas de page 38Note de bas de page 39Note de bas de page 40Note de bas de page 41Note de bas de page 42. Plusieurs exploraient aussi les bienfaits du jeu à l’extérieur sur la santé sociale et celle liée à l’environnement chez les enfants et des jeunesNote de bas de page 30Note de bas de page 31Note de bas de page 32Note de bas de page 33Note de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 36Note de bas de page 40 : il s’agit d’une donnée encourageante, car le lien au territoire doit être établi à un jeune âge si l’on veut favoriser une gestion de l’environnement qui soit pérenne et promouvoir l’action en vue d’atténuer les changements climatiquesNote de bas de page 43Note de bas de page 44.

Étant donné le caractère relativement nouveau de la recherche sur le jeu à l’extérieur au Canada, il est peu surprenant que les enquêtes transversales aient constitué le type d’étude le plus courant, car ces études constituent une première étape cruciale pour en comprendre la situation. Plus de la moitié des études incluses avaient une taille d’échantillon supérieure à 100 unités, et plus de la moitié de celles-ci avaient une taille d’échantillon supérieure à 1 000 unités (voir le tableau complémentaire 2). Il s’agit là d’une autre donnée encourageante, compte tenu des critiques qui ont été formulées selon lesquelles le champ de la recherche sur le jeu à l’extérieur dans son ensemble ne recourrait pas à des échantillons de taille suffisanteNote de bas de page 45.

Une autre critique formulée au sujet des méthodes de recherche sur le jeu à l’extérieur a été l’absence d’un plan expérimental rigoureuxNote de bas de page 45 du type de celui des essais cliniques randomisés. Des études de ce type sont nécessaires pour être capable de valider les nombreuses observations corrélant jeu à l’extérieur et santé et développement. Bien que cet examen de la portée ait recensé bien moins d’essais cliniques randomisés que d’études d’autres types, nous en avons tout de même recensé certains pour la plupart des priorités, ce qui est encourageant. Naturellement, il n’y a pas eu d’essais cliniques randomisés sur les thèmes de la COVID-19 et de l’équité, de la diversité et de l’inclusion pour des raisons d’éthique. Il n’y a pas non plus eu d’essais cliniques randomisés sur le thème des peuples autochtones et des jeux à l’extérieur axés sur le territoire : on a plutôt, le plus souvent, utilisé des méthodes mixtes, ce qui est considéré comme étant le mieux adapté sur le plan culturel en matière de réalisation de travaux de recherche liés aux peuples autochtones ou en collaboration avec euxNote de bas de page 46Note de bas de page 47.

La grande diversité d’outils de mesure du jeu à l’extérieur dans l’ensemble des études est le reflet de la difficulté qu’il y a à mesurer le jeu à l’extérieurNote de bas de page 48Note de bas de page 49. Bien que la mesure à l’aide d’un appareil ait été la méthode de mesure objective la plus utilisée, quantité d’études ont aussi employé des méthodes subjectivesNote de bas de page 48Note de bas de page 50Note de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 53Note de bas de page 54Note de bas de page 55Note de bas de page 56Note de bas de page 57Note de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 60Note de bas de page 61Note de bas de page 62Note de bas de page 63Note de bas de page 64Note de bas de page 65Note de bas de page 66Note de bas de page 67Note de bas de page 68Note de bas de page 69. La combinaison de méthodes objectives et subjectives pourrait permettre d’obtenir des données plus riches au sujet de composantes multidimensionnelles du jeu à l’extérieur, telles que le vécu, les sensations, les émotions, le contexte et l’intensité de l’activité physique associés au jeu à l’extérieurNote de bas de page 70. Cependant, cette pluralité de méthodes constitue un défi lorsque l’on tente de comparer les études, ce qui fait ressortir la nécessité d’établir un vaste consensus et d’en arriver à une uniformisation des modes de mesure, c’est-à-dire à l’utilisation d’outils validés et fiables – une nécessité relevée dans le Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7 comme un élément central sur lequel agir pour faire évoluer la recherche et la collecte de données dans le domaine.

Points forts et limites

Parmi les principaux points forts de cet examen de la portée, il y a la solidité de la procédure mise en œuvre et des résultats obtenus, ainsi que la conformité aux lignes directrices PRISMA-ScRNote de bas de page 14 et au cadre mis au point par Arksey et O’MalleyNote de bas de page 15.

Bien que nous ayons appliqué un critère d’exclusion des publications dans une langue autre que l’anglais et le français, ce qui pourrait constituer une limite, seule une étude a été exclue pour ce motif. Par ailleurs, étant donné que cet examen de la portée avait pour but de recenser les articles publiés par des auteurs relevant d’établissements canadiens et les travaux portant sur des populations du Canada, il est difficile d’en généraliser les résultats à d’autres pays.

Un atout majeur de cet examen est le lien direct avec les priorités du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7 : grâce à ce lien, l’examen – et plus précisément le tableau complémentaire 2, qui énumère les caractéristiques de chaque étude sur le jeu à l’extérieur incluse par rapport aux priorités du secteur – est susceptible de servir de ressource concrète et de base de données probantes pour les chercheurs, les décideurs, les éducateurs, les professionnels de la santé, les personnes qui préconisent le jeu à l’extérieur et tous ceux qui souhaitent prendre en compte les priorités indiquées dans le Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7 et agir en conséquence.

Orientations futures

Nos constatations mettent en évidence plusieurs lacunes dans les connaissances sur le jeu à l’extérieur, ce qui ouvre la voie à d’importants secteurs de recherche. Nous avons recensé peu d’articles abordant le thème des peuples autochtones et des jeux à l’extérieur axés sur le territoire. Appuyer la création de savoirs auprès des peuples autochtones et favoriser les apprentissages en matière de jeux à l’extérieur axés sur le territoire chez les Autochtones pourrait donner l’occasion aux peuples autochtones et non autochtones du Canada de tisser des liens de confiance en vue de la réconciliation, comme nous y invitent les appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation du CanadaNote de bas de page 71. Le Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7 en a fait une de ses priorités majeures. De plus, étant donné l’importance centrale du territoire dans le jeu à l’extérieur et les liens puissants entre territoire et jeu à l’extérieur, ce thème est intégré à tous les autres.

Une autre grande lacune est le peu d’attention portée aux effets sur le développement mental et émotionnel. Étant donné que l’on se préoccupe de la santé mentale des enfants et des jeunes à la suite de la pandémie de COVID-19Note de bas de page 72 et que, parallèlement à cela, on souhaite encourager les enfants à passer du temps dehors en raison des bienfaits du plein air sur le corps et l’espritNote de bas de page 73Note de bas de page 74et de la meilleure circulation de l’air à l’extérieurNote de bas de page 75, investir davantage de ressources dans l’exploration et la compréhension des avantages du jeu extérieur pour le développement mental et émotionnel s’impose.

Enfin, après le dévoilement du Rapport sur l’état du secteurNote de bas de page 7 à l’occasion du sommet sur le jeu en plein air « Une bouffée d’air frais » d’octobre 2021Note de bas de page 76, plusieurs intervenants ont mentionné que l’établissement d’une base de connaissances sur les travaux consacrés à l’équité, à la diversité et à l’inclusion dans le domaine du jeu à l’extérieur était nécessaire. Nous avons recensé 46 articles portant sur ce thème prioritaire au cours de notre examen de la portée. Ces articles (voir le tableau complémentaire 2) pourraient servir aux personnes qui cherchent de l’information sur les pratiques exemplaires ou sur les réalisations et les obstacles qui demeurent en matière d’équité, de diversité et d’inclusion dans le domaine du jeu à l’extérieur.

Conclusion

Notre examen de la portée avait pour but de produire une réponse à la question suivante : « De quelle façon et dans quel contexte étudie-t-on le jeu à l’extérieur chez les enfants et les jeunes au Canada? » Nous avons recensé 275 articles qui avaient été publiés depuis 2015; ils faisaient état de méthodes de mesure très diverses, et une même étude s’appuyait parfois sur de multiples outils et modes de mesure. Les articles recensés recouvraient l’ensemble des thèmes prioritaires indiqués dans le document Le jeu à l’extérieur au Canada : Rapport sur l’état du secteur 2021Note de bas de page 7. La plus grande proportion des efforts de recherche avait été consacrée aux bienfaits du jeu à l’extérieur pour la santé, le bien-être et le développement, et la plus faible proportion avait été consacrée à la COVID-19 (ce qui semble normal, étant donné le caractère plutôt récent du début de la pandémie) et aux peuples autochtones et au jeu à l’extérieur sur le territoire. L’examen de la portée a visé à mettre en évidence la quantité de plus en plus grande de connaissances produites au Canada depuis la publication en 2015 de l’Énoncé de position sur le jeu à l’extérieurNote de bas de page 1 et propose plusieurs pistes de recherche liées à des domaines où il y a des lacunes.

Remerciements

Le financement de la publication Le jeu à l’extérieur au Canada : Rapport sur l’état du secteur 2021Note de bas de page 7 et de cet examen de la portée a été réalisé grâce à une subvention offerte par un donateur anonyme à la Fondation Lawson et au Conseil de recherches en sciences humaines.

Conflit d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts en ce qui concerne ces travaux.

Contributions des auteurs et avis

LDL, KB et MST ont conçu l’examen de la portée. LDL, KB et NS ont sélectionné et organisé les données et effectué l’analyse formelle et l’enquête. LDL et KB ont mis au point la méthodologie. LDL a rédigé la première version du manuscrit. LDL, KB, NS et MST ont revu et modifié l’article.

Le contenu de cet article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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