Lettre à la rédaction – Ce dont nous avons besoin, c’est d’une santé publique politico-économique

Revue PSPMC

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Lindsay McLaren, Ph. D.

https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.4.05f

Rattachement de l’auteure

Université de Calgary, Calgary (Alberta), Canada

Correspondance

Lindsay McLaren, 3280 Hospital Dr., N.W., Calgary (Alberta)  T2N 4Z6; courriel : lmclaren@ucalgary.ca

Citation proposée

McLaren L. Lettre à la rédaction – Ce dont nous avons besoin, c’est d’une santé publique politico-économique. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2023;43(4):220-221. https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.4.05f

Je suis entièrement d’accord avec Choi et ses collaborateursNote de bas de page 1 pour dire qu’une collaboration interdisciplinaire permanente est nécessaire afin de régler les problèmes de santé complexes et d’améliorer la santé de tous. Toutefois, le concept de « santé publique clinique » décrit dans leur commentaire ne permettra pas de parvenir à cette fin.

Tout d’abord, il est bien établi que les causes profondes d’une mauvaise santé et des inégalités en matière de santé se trouvent dans des arrangements politico-économiques ancrés dans le capitalisme néolibéral. Leur impératif étant de maximiser les profits, ces arrangements provoquent l’érosion des déterminants sociaux et écologiques de la santé, une situation vécue de manière très inéquitable et injusteNote de bas de page 2. La financiarisation du logement, l’octroi de subventions aux industries polluantes et la polarisation des revenus et de la richesse en sont des exemples, ce qui affaiblit le soutien général à un secteur public robuste. Il est intenable de croire que nous pourrions nous attaquer aux « problèmes pernicieux » et aux « syndémies » sans tenir compte de ce contexte politico-économique plus large, et en particulier de ceux qui profitent du statu quo.

En outre, bien que les activités curatives et préventives (« en amont ») puissent être « complémentaires », elles ne sont certainement pas égales. Le pouvoir et la politique se combinent pour perpétuer les problèmes pernicieux et de longue date que sont la dérive des modes de vie (« lifestyle drift ») et la médicalisation, qui réduisent des déterminants structurels et complexes à des problèmes individuels pour lesquels on prétend pouvoir trouver des solutions techniques à l’échelle individuelleNote de bas de page 3. Ces processus masquent systématiquement les causes profondes des problèmes.

Pour s’attaquer à ces problèmes, il faut adopter une vision beaucoup plus large de la collaboration interdisciplinaire, en intégrant des études critiques en sciences sociales portant sur les causes profondes des problèmes de santé, en particulier les relations d’exploitation. Les défis à relever pour parvenir à ce type de collaboration sont considérables, mais les avantages à le faire le sont tout autantNote de bas de page 4.  

En théorie, tout cela concorde avec une vision élargie de la santé publique, que l’on définit depuis longtemps comme l’art et la science de la prévention des maladies et de la promotion de la santé grâce aux efforts organisés de la société. Bien que Choi et ses collaborateursNote de bas de page 1 ne définissent pas la santé publique dans leur commentaire, il est clair qu’ils adoptent une vision étroite de la santé publique comme branche du système de santé et principalement axée sur la prestation de services et sur la surveillance. Malheureusement, c’est cette vision étroite de la santé publique, construite depuis des décenniesNote de bas de page 5, que nous avons vue à l’œuvre pendant la pandémie de COVID-19, et ce, au détriment de la santé de la population et de l’équité en matière de santéNote de bas de page 6.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’une vision élargie de la santé publiqueNote de bas de page 7 qui tienne compte du pouvoir et de la politique au lieu de reléguer ces éléments au second plan, car ces derniers façonnent tous les facettes de la santé ainsi que nos efforts visant à améliorer la santé.

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