Aperçu – Revue systématique et synthèse des articles de presse : création d’un ensemble de données sur les initiatives émergentes et les interventions locales concernant l’offre de toilettes publiques au Canada durant la pandémie de COVID-19

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Janette Leroux, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1; Emily McCullogh, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 2

https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.8.04f

Rattachement des auteurs
Correspondance

Janette Leroux, École de réadaptation, Faculté de la santé, Université Queen’s, 99, avenue University, Kingston (Ont.)  K7L 3N6; tél. : 613‑985‑5618; courriel : JL73@queensu.ca

Citation proposée

Leroux J, McCullogh E. Revue systématique et synthèse des articles de presse : création d’un ensemble de données sur les initiatives émergentes et les interventions locales concernant l’offre de toilettes publiques au Canada durant la pandémie de COVID-19. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2023;43(8):429-436. https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.8.04f

Résumé

Les articles de presse sont une source sous‑utilisée de renseignements locaux sur des questions de santé publique complexes et structurelles qui ne sont pas abordées dans les politiques ou prises en compte dans la collecte de données courantes. Nous avons appliqué des méthodes de revue systématique aux articles de presse en ligne et créé un ensemble de données sur les interventions et les initiatives des municipalités face aux problèmes de toilettes publiques durant la première année de la pandémie de COVID‑19. L’utilisation de modèles fondés sur la consommation pour l’usage de toilettes a fait la manchette durant les périodes de fermeture et de confinement. Nos résultats ont montré que de nombreuses municipalités se sont attaquées à ces problèmes, mais largement en usant de mesures temporaires relatives à la pandémie, ne tenant pas compte des besoins des groupes marginalisés.

Mots‑clés : toilettes, blocs sanitaires, COVID‑19, information, presse, Canada, santé publique, équité

Points saillants

  • La revue systématique des articles de presse offre une manière différente d’établir des liens lorsque des questions ne sont pas abordées dans les politiques ni prises en compte dans la collecte de données courantes.
  • Les toilettes publiques sont des infrastructures de santé publique essentielles, mais elles sont peu nombreuses et les données sur l’offre en la matière sont limitées.  
  • Nous avons adapté des méthodes de revue systématique aux articles de presse en ligne pour connaître les interventions des municipalités face au problème du manque de disponibilité de toilettes publiques durant la première année de la pandémie.
  • L’ensemble de données ainsi produit a révélé que 33 municipalités réparties dans plusieurs provinces ont fait l’objet d’articles de presse et que la vaste majorité des interventions face aux problèmes liés aux toilettes publiques étaient temporaires et relatives à la pandémie, ne tenant pas compte des besoins des divers groupes d’utilisateurs.

Introduction

Les articles de presse sont une source pertinente de renseignements locaux. Enracinés dans la collectivité, les médias d’information locaux peuvent servir de tribune pour le public et les chefs de file communautaires et être une source de données probantes utiles pour avoir accès aux décisions et aux mesures collectives à l’échelle localeNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Si le suivi des journaux locaux est une méthode de surveillance reconnue en santé publique, particulièrement en temps de criseNote de bas de page 3, la revue d’articles de presse n’est pas une méthode solidement établie pour la détection de problèmes de santé complexes ou structurels dans les collectivités d’une vaste aire géographique. Or, pour les questions qui ne sont pas abordées dans les politiques ni prises en compte dans la collecte de données courantes, la revue systématique d’articles de presse offre une autre manière d’établir des liensNote de bas de page 4. En effet, « de nombreux problèmes d’inégalités structurelles sont des problèmes à grande échelle qui paraissent anecdotiques tant qu’ils ne sont pas considérés dans leur ensemble » [traduction]Note de bas de page 4,p.98.

Les toilettes publiques sont un exemple d’infrastructure de santé publique négligée, mais essentielle, qui est analysée de manière individualisée et décontextualisée par rapport aux besoins et aux expériences des personnes qui l’utilise, au rôle qu’elle joue en santé publique et aux conséquences liées à son absence. Cette pratique se traduit par des insuffisances sur le plan des services, insuffisances qui ne sont pas abordées dans la recherche et les politiques et qui sont en grande partie absentes du discours publicNote de bas de page 5Note de bas de page 6Note de bas de page 7. Pourtant, les toilettes publiques jouent un rôle essentiel dans la santé de la population par des mécanismes généraux de promotion de la santé, de protection de la santé et d’équité en santéNote de bas de page 7. Elles ont une influence sur l’accessibilité et l’inclusivité des espaces publics extérieurs, sur les modes de déplacement et de transport de la population, sur les rencontres sociales, sur le travail en dehors de la maison ainsi que sur l’activité physique, les loisirs et le jeuNote de bas de page 8Note de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11.

Les toilettes publiques ont été introduites en contexte urbain en réponse aux problèmes d’assainissement de l’ère industrielle. Leur apparition, qui fait partie de ce qui est parfois appelé le « grand éveil sanitaire », a grandement contribué à réduire la saleté dans les rues et à prévenir la propagation de maladiesNote de bas de page 12Note de bas de page 13. Malgré ces avantages, l’offre de toilettes publiques a progressivement diminué depuis quelques décenniesNote de bas de page 14Note de bas de page 15. Au Canada, cette offre relève des municipalités et repose sur un modèle public‑privéNote de bas de page 16. Autrement dit, les municipalités comptent sur les toilettes publiques présentes dans les sites commerciaux où les gens doivent faire des achats pour avoir accès aux toilettesNote de bas de page 17. L’obligation de « payer pour faire pipi »Note de bas de page 18 crée des barrières qui compliquent l’accès aux toilettes et touchent de façon disproportionnée les personnes vivant dans la pauvreté ou dans la rue et entraîne également d’autres formes de stigmatisation et d’exclusion. Comme l’a déploré la géographe féministe Joni Seagar, « seul ce qui est compté compte »Note de bas de page 19, ce qui fait que l’absence de données sur la disponibilité et la répartition des toilettes publiques demeure un défi fondamental pour la correction d’une offre inadéquate. Il n’existe pas de base de données centralisée sur les stratégies concernant les toilettes publiques, malgré plusieurs initiatives de sociofinancement visant à répertorier l’emplacement et les heures d’ouverture des toilettes publiquesNote de bas de page 20Note de bas de page 21Note de bas de page 22.

Durant les premiers stades de la pandémie de COVID‑19, la fermeture des espaces publics et commerciaux et des bâtiments contenant des toilettes accessibles au public (bibliothèques, bâtiments municipaux, gares de transport, etc.) a aggravé les problèmes liés à l’offre de toilettes publiques. Les toilettes publiques étant devenues un sujet d’actualitéNote de bas de page 23Note de bas de page 24, nous avons souhaité utiliser une approche qui fasse ressortir et résume le contenu des articles de presse abordant cette question. Dans cet aperçu, nous expliquons comment nous avons appliqué des méthodes de revue systématique aux articles de presse canadiens en ligne pour établir une base de données sur les interventions des municipalités face à la réduction soudaine et importante de la disponibilité de toilettes publiques et sur les initiatives qui en ont découlé.

Nos objectifs étaient à la fois méthodologiques et liés au sujet. Nous avons identifié des bases de données de nouvelles en ligne interrogeables, établi une stratégie de recherche rigoureuse fondée sur des méthodes de synthèse de la littérature universitaire et regroupé les résultats dans un ensemble fonctionnel, ce qui a permis de faire la démonstration du processus et de la faisabilité de procéder à une revue et à une synthèse des articles de presse. De plus, cet article contient une liste des mesures de mise en service de toilettes publiques au Canada durant la première année de la pandémie, fournissant ainsi aux décideurs locaux et aux promoteurs des toilettes publiques un aperçu des mesures prises un peu partout au Canada.

Méthodologie

Nous avons appliqué aux articles de presse des méthodes de recherche associées aux revues systématiquesNote de bas de page 25 (figure 1). Les données ont été recueillies entre mars 2020 et mars 2021 dans plusieurs bases de données informatisées d’articles de presse. Les articles des diverses bases de données ont été regroupés et les doublons éliminés. Nous avons sélectionné de façon indépendante les titres et les articles complets puis nous avons extrait des détails qualitatifs sur les changements concernant les toilettes publiques.

Figure 1. DiagrammeNote de bas de page a du processus de sélection des articles de presse sur les toilettes publiques, Canada, mars 2020 à mars 2021
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel

La figure 1 présente le diagramme du processus de sélection des articles de presse sur les toilettes publiques.

Dans la première phase, Identification, les résultats de recherche ont été identifiés dans les bases de données, en fonction des chaînes de recherche suivantes (y compris les versions booléennes) : restroom, washroom, bathroom, toilet, portable toilet, porta-potty, lavatory, latrine, loo. 2772 résultats de recherche ont été identifiés, comme suit :

  • Principaux quotidiens canadiens (n = 1237)
  • FactivaTM (n = 1020)
  • Canadian Business & Current Affairs (CBCA) (n = 275)
  • Archives de Radio-Canada (n = 240)

90 articles supplémentaires ont été identifiés à travers Google News.

Dans la deuxième phase, Sélection, les documents retenus ont été triés en fonction du titre (n = 2862), ce qui a mené à l’exclusion de n = 2451 documents.
Dans la troisième phase, Admissibilité, on a évalué l’admissibilité des articles de presse complets (n = 411), ce qui a mené à l’exclusion de n = 167 doublons d’articles de presse complets.

Dans la quatrième et dernière phase, Inclusion, les 244 documents retenus ont été examinés de plus près, et n = 74 articles de presse complets ont été exclus selon les motifs suivants :

  • Hors période à l’étude
  • Hors Canada
  • Autres problems liés aux toilettes (rénovations de toilettes découlant de la pandémie, pénurie de papier hygiénique, etc.).

Ce processus a eu comme résultat n = 170 articles de presse retenus dans l’échantillon final.

Résultats

Description des articles de presse

Notre recherche a produit un premier ensemble de 2862 articles, dont 170 ont été retenus dans l’échantillon final (figure 1). Parmi ces derniers, 149 étaient des articles d’actualité (88 %), 24, des articles d’opinion ou des éditoriaux (14 %) et 3, des lettres tirées du courrier des lecteurs (3 %). Les articles provenaient de toutes les provinces, principalement de Colombie‑Britannique (27 %) et d’Ontario (41 %), mais d’aucun territoire. Soixante municipalités canadiennes sont représentées dans ces données.

La plupart des articles (70/170) visaient à informer le public de la situation fluctuante et imprévisible en matière de disponibilité des toilettes publiques, en indiquant la date et l’emplacement de celles qui étaient fermées et ouvertes ainsi que les calendriers de nettoyage et d’assainissement. Certaines de ces annonces étaient faites conjointement à celles d’autres annonces concernant la fermeture ou l’ouverture d’autres espaces publics (comme des parcs).

Élaboration de l’ensemble de données

Des 170 articles ayant porté sur les toilettes publiques durant la première année de la pandémie, 100 concernaient de nouveaux financements ou de nouvelles interventions, dans 33 municipalités ainsi que dans l’ensemble de la Colombie‑Britannique (tableau 1). L’ampleur et la cible du financement variaient selon l’annonce et la municipalité. Les investissements portaient sur la réaffectation de budgets de fonctionnement et sur la mise sur pied de fonds d’urgence liés à la pandémie, ce qui fait que la majorité des montants étaient alloués à des besoins temporaires et à des solutions aux conditions liées à la pandémie (comme la fermeture d’autres installations ou la nécessité d’améliorer l’assainissement).

Tableau 1. Investissements et initiatives liés aux toilettes publiques par lieu (ville, province) mentionnés dans les articles de presse, mars 2020 à mars 2021
Lieu Données de populationNote de bas de page a Investissement/initiative
Lieu non précisé (C.‑B.) s.o.
  • 35 toilettes portables le long des principales voies de transport en C.‑B.
  • 20 toilettes portables installées dans les aires de service et les postes d’inspection.
  • Une entreprise d’entretien a installé des toilettes portables dans le Kootenay.
Campbell River (C.‑B.) Population : 32 588
Densité : 225,7
  • Une toilette portable a été installée près de la caserne de pompiers du centre‑ville.
Castlegar (C.‑B.) Population : 8 039
Densité : 408,6
  • Columbia Basin Trust a contribué à hauteur de 322 000 CAD à un projet de mise à niveau des toilettes.
  • Projet du parc Millennium : toilettes disponibles en toutes saisons, vestiaires, douches extérieures, espaces dédiés aux familles et accessibles aux personnes handicapées.
Hope (C.‑B.) Population : 6 181
Densité : 151,0
  • Toilettes portables accessibles aux personnes handicapées et postes de lavage des mains au parc Memorial.
Kelowna (C.‑B.) Population : 127 380
Densité : 601,3
  • Les groupes Ribbons of Green Trails Society et Friends of Okanagan Rail Trail ont écrit des lettres au district régional de North Okanagan pour demander l’installation de toilettes disponibles à longueur d’année.
  • Des toilettes permanentes et intéressantes sur le plan architectural seront construites (2 cabines à accessibilité universelle, station de rafraîchissement pour chiens, fontaine à eau).
Ladysmith (C.‑B.) Population : 8 537
Densité : 711,9
  • Un commerce situé à proximité a lancé une pétition demandant le retrait d’une toilette portable; le conseil municipal a voté en faveur du maintien en place 3 mois supplémentaires.
New Westminster (C.‑B.) Population : 70 996
Densité : 4543
  • Un groupe de défense a lancé une pétition demandant l’installation de toilettes.
Oliver (C.‑B.) Population : 4 928
Densité : 896,0
  • Trois toilettes portables dotées de postes de lavage des mains ont été installées dans le centre‑ville.
Osoyoos (C.‑B.) Population : 5 085
Densité : 598,2
  • Des toilettes portables ont été installées dans des relais routiers le long de l’autoroute 3; la province a annoncé que d’autres seront financées.
  • Un restaurant Dairy Queen a installé une toilette portable.
Penticton (C.‑B.) Population : 33 761
Densité : 801,8
  • Le conseil est à la recherche d’une subvention de 400 000 CAD pour l’installation de toilettes publiques le long de la promenade Riverside (2 cabines unisexes) et dans Gyro Park (5‑6 cabines unisexes, accessibles aux personnes handicapées et aménagées pour l’hiver)
Prince Rupert (C.‑B.) Population : 12 220
Densité : 184,4
  • Le conseil est à la recherche d’un financement de 200 000 CAD pour l’implantation d’une installation sanitaire autonome qui serait disponible en tout temps.
Quesnel (C.‑B.) Population : 9 879
Densité : 279,2
  • Partenariat entre la ville et le ministère de la Gestion des urgences et de la Préparation climatique de la Colombie‑Britannique : toilettes temporaires dans 2 parcs municipaux, entretenues et nettoyées tous les jours, dotées de postes de lavage des mains.
Sidney (C.‑B.) Population : 11 672
Densité : 2290
  • La chambre de commerce de la péninsule de Saanich a demandé aux conseils municipaux des fonds pour couvrir les coûts liés au nettoyage des toilettes sur l’autoroute 17.
Vancouver (C.‑B.) Population : 631 486
Densité : 5 492
  • Le conseil des parcs de Vancouver exploite 97 toilettes publiques dans les parcs et sur les plages de la ville (désinfectées et nettoyées deux fois par jour).
  • La ville de Vancouver exploite 11 toilettes publiques automatiques et 2 blocs sanitaires souterrains, ainsi que 3 remorques sanitaires temporaires.
  • Des toilettes portables ont été installées.
  • Des installations sanitaires temporaires ont été installées dans le campement de sans‑abris du parc Strathcona.
Vernon (C.‑B.) Population : 40 116
Densité : 417,7
  • Une toilette portable accessible en tout temps a été installée dans le centre‑ville dans le cadre d’un essai de 3 mois.
  • Une toilette modeste, intéressante sur le plan architectural, est en train d’être construite sur le sentier ferroviaire de l’Okanagan (entièrement équipée, cabines à accessibilité universelle).
Whistler (C.‑B.) Population : 11 854
Densité : 49,3
  • Un projet de toilettes publiques prévoit l’installation de 28 toilettes et urinoirs dans le village de Whistler (accessibles, avec des options pour les familles et les personnes handicapées à chaque installation)
Collingwood (Ont.) Population : 21 793
Densité : 645,1
  • Prolongation des heures d’ouverture d’une toilette publique dans un parc.
Gananoque (Ont.) Population : 5 159
Densité : 733,6
  • Réouverture de toilettes fermées; embauche d’étudiants pour couvrir les heures supplémentaires et réduire les coûts liés au nettoyage et à la prolongation des heures d’ouverture.
Hamilton (Ont.) Population : 536 917
Densité : 480,6
  • La ville offrait 6 toilettes portables (retirées à la suite de la réouverture des commerces).
  • La ville a installé des toilettes portables au centre‑ville.
  • La paroisse de St‑Patrick offrira des aires d’hygiène et de repos à l’arrière de l’église.
  • Les agents chargés d’appliquer les règlements municipaux ne donnent pas d’amende aux personnes qui urinent ou défèquent dans la rue.
  • Des étudiants diplômés de l’Université McMaster ont présenté au Comité des urgences et des services communautaires un exposé sur le besoin criant de toilettes publiques; le conseil s’est penché sur la faisabilité d’installer des toilettes publiques qui seraient disponibles en toute saison.
Kincardine (Ont.) Population : 11 389
Densité : 21,2
  • Des toilettes portables ont été installées dans certains points d’accès à la plage.
London (Ont.) Population : 383 822
Densité : 913,1
  • Le YMCA du centre‑ville de London a établi un partenariat pour offrir des services d’hygiène aux sans‑abris.
Ottawa (Ont.) Population : 934 243
Densité : 334,8
  • A installé une douzaine de toilettes portables temporaires.
  • Paie des personnes pour nettoyer les toilettes portables de la ville.
  • Les organisateurs de la campagne GottaGo! ont écrit au maire pour demander l’installation de toilettes publiques autonomes à des endroits stratégiques (parcs, secteurs à forte circulation piétonnière).
  • A sélectionné deux toilettes autonettoyantes parmi les projets admissibles à un financement fédéral et provincial de courte durée pour la COVID‑19.
Quinte West (Ont.) Population : 43 577
Densité : 88,2
  • Deux toilettes portables ont été installées : l’une dans un parc et l’autre dans une aire de jeux d’eau.
Toronto (Ont.) Population : 2 731 571
Densité : 4 334,4
  • La Commission de transport de Toronto (TTC) installera des toilettes portables à des endroits déterminés en collaboration avec ses chauffeurs.
  • La ville a ouvert des installations sanitaires un peu partout, allant des toilettes portables aux blocs sanitaires entièrement équipés.
  • La ville a annoncé l’installation de 79 nouvelles toilettes hivernales, qui compléteront les 64 déjà en place, dans des parcs, des stades, des complexes sportifs et d’autres lieux municipaux normalement inaccessibles pendant l’hiver.
  • Des toilettes seront mises en place dans 47 patinoires extérieures lorsque la saison d’hiver commencera à la fin du mois de novembre.
  • La région de Durham a ouvert des centres communautaires et a ajouté des toilettes portables.
St. Catharines (Ont.) Population : 133 113
Densité : 1 384,8
  • La municipalité examine la possibilité d’installer des toilettes autonettoyantes qui seraient ouvertes à longueur d’année (dans le cadre du budget d’immobilisations).
Winnipeg (Man.) Population : 705 244
Densité : 1 518,8
  • La ville a une subvention de 670 000 CAD pour installer au centre‑ville une toilette permanente supplémentaire qui sera ouverte en tout temps, à la suite du projet de toilette nocturne réalisé il y a plusieurs années.
  • Bridgman Collaborative Architecture a fait don d’un terrain pour l’installation d’une toilette permanente.
  • Projet pilote proposé : la ville travaillera en partenariat avec les commerces pour garder les toilettes ouvertes, accessibles et propres.
  • Sept toilettes publiques temporaires sont en train d’être installées. Elles seront suivies de sites permanents, à la suite de l’adoption de la stratégie « Places to Go » qui prévoit la mise en place de toilettes publiques au centre‑ville.
  • Les refuges de la Bibliothèque du millénaire et de la Bibliothèque St‑Boniface seront ouverts tous les jours et dotés de toilettes financées par la ville.
Calgary (Alb.) Population : 1 239 220
Densité : 1 501,1
  • Financement de 4,5 millions de dollars canadiens pour les parcs de la région de Calgary, dont une partie sera allouée aux travaux au parc de Fish Creek (amélioration des sentiers, stationnement, toilettes, refuges).
Edmonton (Alb.) Population : 932 546
Densité : 1 360,9
  • La ville a travaillé avec un organisme social local pour embaucher des préposés pour certaines toilettes publiques et améliorer le nettoyage des toilettes sans personnel dans les parcs.
Montréal (Qc) Population : 1 704 694
Densité : 4 662,1
  • 139 toilettes portables installées dans divers arrondissements.
  • 4 toilettes autonettoyantes au centre‑ville (avant la pandémie).
  • Toilettes portables installées dans des cinéparcs, à désinfecter et nettoyer entre chaque utilisation.
Halifax (N.‑É.) Population : 403 131
Densité : 73,4
  • 2 toilettes portables installées sur la place derrière la Bibliothèque centrale d’Halifax.
  • Publication de renseignements sur les toilettes publiques sur un site de données ouvertes.
Regina (Sask.) Population : 215 106
Densité : 1 195,2
  • Les toilettes et les douches des stations‑service Husky resteront ouvertes.
  • Tim Hortons a annoncé que les toilettes de 400 de ses établissements à proximité des principales autoroutes seront ouvertes aux camionneurs.
Saskatoon (Sask.) Population : 246 376
Densité : 1 080,0
  • AIDS Saskatoon a ouvert ses toilettes au public; Saskatoon Community Foundation paie les coûts associés au nettoyage régulier.
Moncton (N.‑B.) Population: 71 889
Densité : 506,5
  • A lancé un appel d’offres de 300 000 CAD pour l’achat de 2 toilettes autonettoyantes permanentes (unisexes) à installer au centre‑ville.
Saint John (N.-B.) Population: 67 575
Densité : 213,9
  • 100 000 CAD pour des améliorations de l’accessibilité dans une bibliothèque publique.

Diverses initiatives ont été répertoriées : la prolongation des heures d’ouverture d’organismes de charité; la prise en charge de bâtiments municipaux fermés pour accroître l’accès aux toilettes; l’aménagement d’installations sanitaires municipales saisonnières pour l’hiver; la mobilisation d’entreprises privées et de corporations pour mettre des toilettes à la disposition de groupes de clients précis et enfin la suspension de l’application des règlements municipaux et de la distribution d’amendes pour avoir uriné ou déféqué en public. La plupart des initiatives prévoyaient la mise en place de toilettes portables ou de remorques sanitaires temporaires et de postes de lavage des mains à des endroits précis (relais routiers, points de départ de sentiers, voies de transport, endroits du centre‑ville fréquentés par les sans‑abris, etc.). Plusieurs articles ont aussi porté sur l’augmentation du nombre de toilettes portables dans les grandes villes, en particulier Vancouver, Toronto, Ottawa et Montréal. Cinq articles ont décrit des changements permanents dans l’aménagement des toilettes publiques.

Outre la couverture des investissements et des initiatives, nous avons également répertorié des preuves d’un engagement local en faveur de l’amélioration de l’offre de toilettes publiques. Par exemple, des étudiants diplômés de l’Université McMaster à Hamilton (Ontario) ont fait des recherches sur le sujet et ont présenté au Comité des urgences et des services communautaires de la ville un exposé sur la faisabilité de toilettes publiques disponibles en toute saisonNote de bas de page 26. Un autre exemple de participation communautaire est la campagne GottaGo! à Ottawa (Ontario)Note de bas de page 27, qui a présenté des stratégies d’envoi de messages destinés à attirer l’attention sur la nécessité de toilettes publiques autonomes à des endroits stratégiques. Ces efforts étaient en lien avec la sélection de deux toilettes autonettoyantes parmi les projets admissibles à un financement fédéral et provincial de courte durée pour la COVID‑19. Nous avons aussi découvert le projet de toilettes nocturnes « Places to Go » à Winnipeg (Manitoba)Note de bas de page 28, qui date de 2018 : Winnipeg est la seule ville à propos de laquelle nous avons trouvé la mention d’infrastructures permanentes mises en place spécifiquement pour les sans‑abris.

Analyse

Nous avons utilisé les articles de presse locaux pour nous informer sur les interventions locales et émergentes concernant les toilettes publiques au Canada durant la première année de la pandémie de COVID‑19. Cette analyse a produit des données de référence importantes utiles pour approfondir le sujet, dans la mesure où aucune base de données centralisée n’existe actuellementNote de bas de page * et, à notre connaissance, aucune autre recherche n’a réuni et comparé les mesures prises au Canada.

Notre approche, qui a fait ressortir les interventions et les stratégies de plusieurs villes canadiennes, y compris petites ou moyennes, a permis d’établir des comparaisons entre des administrations ayant une taille et un budget similairesNote de bas de page 29. Nous avons constaté que la question des toilettes publiques constitue un défi pour de nombreuses municipalités et que la vaste majorité des interventions en la matière étaient temporaires et relatives à la pandémie. Peu de mesures ont été prises pour répondre aux besoins de divers groupes d’utilisateurs. Nous avons aussi découvert qu’une autre forme de « données » pouvait être extraite à partir des nouvelles : le nom des intervenants qui travaillent à apporter des changements dans les municipalités. Ce sous‑ensemble de données pourrait aider à la mise en place des réseaux d’échange et des coalitions destinés à élargir les efforts d’organisations locales. En délocalisant les problèmes de chaque municipalité concernant les toilettes publiques, nous avons révélé une tendance générale à la négligence et ouvert les portes à la remise en question du modèle d’offre actuel. Notre étude a fait la démonstration du processus et de la faisabilité d’une revue systématique et d’une synthèse des articles de presse, offrant par là même une nouvelle méthodologie utile pour la santé publique, même si cette méthodologie reste à approfondir.

Points forts et limites

Bien que les données sur les articles de presse fournissent des renseignements importants sur les questions structurelles touchant la santé publique, il n’en demeure pas moins qu’elles sont incomplètes. Les nouvelles sont subjectives et sujettes à des biais : elles correspondent aux orientations politiques des journalistes et des médias qui les publient. Sur le plan pratique, les bases de données de nouvelles ne sont pas aussi faciles à interroger ou fiables que les bases de données de publications universitaires. En ce qui concerne la mise en œuvre, les articles de presse ne précisent pas nécessairement les intentions des décideurs, si bien que notre revue des nouvelles n’a peut‑être pas permis de saisir tous les efforts faits pour améliorer l’offre de toilettes publiques. Une limite inhérente à notre étude est l’exclusion des articles rédigés dans une autre langue que l’anglais. Le Canada est un pays à deux langues officielles, mais nous n’avons pas tenu compte des nouvelles des collectivités de petite taille ou exclusivement francophones, où d’autres mesures pourraient avoir été prises pour améliorer la situation des toilettes publiques. Cela limite la portée de notre ensemble de données et de nos observations.

Conclusion

En créant un ensemble de données tirées d’articles de presse sur les toilettes publiques publiés durant les premiers stades de la pandémie de COVID‑19, nous avons pu faire la démonstration de l’usage d’une revue systématique et d’une synthèse des articles de presse comme méthode de recherche, tout en montrant que la question des toilettes publiques est un enjeu d’envergure. Les ensembles de données fondés sur les nouvelles peuvent stimuler la prise de mesures visant des problèmes de santé publique qui ne sont pas abordés dans les recherches et les politiques.

Conflits d’intérêts

Les auteures n’ont aucun conflit d’intérêts à déclarer en matière de recherche, de rédaction ou de publication en lien avec cet article.

Financement

Les auteures n’ont reçu aucun soutien financier pour la recherche, la rédaction ou la publication de cet article.

Contributions des auteures et avis

JL : conception, méthodologie, analyse, rédaction de la première version du manuscrit. EM : conception, analyse, relectures et révisions.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteures; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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