Aperçu – Comparaison des caractéristiques des décès accidentels attribuables à une intoxication aiguë due à une substance au Canada aux différents stades de la vie, 2016-2017

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Grace Yi-Shin Chang, M.S.P.Note de rattachement des auteurs 1; Jingru Helen Ha, M.S.P.Note de rattachement des auteurs 1; Jacqueline Burt, M.S.P.Note de rattachement des auteurs 2; Fiona Kouyoumdjian, M.D., M.S.P., Ph. D.Note de rattachement des auteurs 3; Katherine McKenzie, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 4; Shane Randell, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 5; Amanda VanSteelandt, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1

https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.7/8.04f

Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.
Cet article fait partie de notre série thématique sur la « Mortalité par surdose accidentelle ».

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Attribution suggérée

Aperçu par Chang GY et al. dans la Revue PSPMC mis à disposition selon les termes de la licence internationale Creative Commons Attribution 4.0

Rattachement des auteurs
Correspondance

Amanda VanSteelandt, Agence de la santé publique du Canada, 785, avenue Carling, Ottawa (Ontario) K1S 5H4; tél. : 613-294-5944; courriel : amanda.vansteelandt@phac-aspc.gc.ca

Citation proposée

Chang GY, Ha JH, Burt J, Kouyoumdjian F, McKenzie K, Randell S, VanSteelandt A. Comparaison des caractéristiques des décès accidentels attribuables à une intoxication aiguë due à une substance au Canada aux différents stades de la vie, 2016-2017. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2024;44(7/8):367-374. https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.7/8.04f 

Résumé

La crise des intoxications aiguës (parfois appelées « surdoses » ou « empoisonnements ») touche la population canadienne à toutes les étapes de vie, que ce soit les jeunes, les adultes ou les aînés. Les risques biologiques et l’exposition aux substances changent avec l’âge. Cette analyse, fondée sur une étude nationale portant sur l’examen des dossiers des coroners et des médecins légistes sur les décès attribuables à une intoxication aiguë en 2016 et 2017, compare le fardeau des décès et les circonstances du décès, le lieu de l’intoxication aiguë et du décès, les antécédents en matière de santé et les substances qui contribuent au décès des personnes, selon le sexe et le stade de la vie.

Mots-clés : consommation de substances, décès attribuables à une intoxication aiguë, jeunes, adultes, aînés, Canada

Points saillants

  • Cette analyse présente les différences clés des caractéristiques des décès attribuables à une intoxication aiguë par sexe et stade de la vie, et propose des interventions possibles pour chaque groupe.
  • Dans toutes les catégories démographiques, plusieurs personnes étaient seules au moment de consommer des substances avant l’intoxication aiguë, et plusieurs d’entre elles étaient seules au moment du décès. Les jeunes, et en particulier les jeunes femmes, sont décédées le plus souvent dans des circonstances où quelqu’un aurait pu être disponible pour aider en appelant le 911 ou en administrant les premiers soins et la naloxone.
  • Parmi les personnes qui étaient en contact avec le système de santé avant leur décès, environ le quart (24 % à 28 %) des adultes et des aînés ont sollicité de l’aide pour des raisons liées à la douleur. Les jeunes ont plus souvent sollicité de l’aide pour une intoxication aiguë non mortelle (13 % à 14 %) ou pour des raisons liées à la santé mentale (en particulier les jeunes femmes, 21 %) que les personnes à d’autres stades de la vie.
  • La polyconsommation de substances était en cause pour la plupart des décès, et les substances pharmaceutiques et non pharmaceutiques étaient toutes deux des causes courantes de décès pour tous les stades de la vie et les sexes. Il existe des différences démographiques en lien avec les substances spécifiques ayant contribué aux décès.

Introduction

La crise des intoxications aiguës (parfois appelées « surdoses » ou « empoisonnements ») touche la population canadienne de tous les milieux et de tous les âges : enfants, jeunes, adultes et aînés en décèdent. À l’échelle de la population, les risques biologiques liés à la consommation de substances changent avec l’âge : le cerveau n’est pas entièrement développé avant le milieu de la vingtaineNote de bas de page 1 puis, avec le temps, les maladies et problèmes de santé divers risquent de s’accumulerNote de bas de page 2 et enfin le métabolisme et la capacité de l’organisme à transformer les substances ralentissent avec l’âgeNote de bas de page 3. Le type d’exposition aux substances évolue également avec l’âge : les premières expositions à des substances non médicales surviennent souvent chez les jeunesNote de bas de page 4, la pression des pairs incitant à consommer des substances non médicales change ensuite avec le tempsNote de bas de page 4 puis on est davantage susceptible de prendre plusieurs médicaments d’ordonnance plus tard dans la vieNote de bas de page 5.

Dans cette analyse, nous avons comparé les caractéristiques des décès attribuables à une intoxication aiguë à différents stades de la vie : chez les jeunes, chez les adultes et chez les aînés. Cette analyse fournit une base de référence importante correspondant au début de la crise des intoxications aiguës qui permettra d’en mesurer l’évolution. Elle vise à faire le pont entre les rapports approfondis déjà publiés sur les jeunesNote de bas de page 6 et les aînésNote de bas de page 7 et à comparer les stades de vie de manière globale plutôt que selon les tranches d’âge de 5 ou de 10 ans utilisés dans d’autres rapports portant sur le même ensemble de donnéesNote de bas de page 8Note de bas de page 9.

Méthodologie

Le Comité d’éthique de la recherche de l’Agence de la santé publique du Canada (REB 2018-027P), le Comité d’éthique de la recherche en santé de l’Université du Manitoba (HS22710) et le Comité d’éthique de la recherche en santé de Terre-Neuve-et-Labrador (20200153) ont examiné et approuvé cette étude.

Dans cette recherche, les stades de la vie sont définis de la façon suivante : jeunes (de 12 à 24 ans), adultes (de 25 à 59 ans) et aînés (60 ans ou plus). Les substances étudiées sont l’alcool, les médicaments, les drogues non pharmaceutiques et les substances chimiques non approuvées pour la consommation humaine (drogues « de rue », inhalants non pharmaceutiques, produits chimiques industriels ou ménagers ou médicaments vétérinaires). En nous fondant sur une étude rétrospective nationale des données provenant des dossiers des coroners et des médecins légistes sur tous les décès attribuables à une intoxication aiguë liée à une substance survenus entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2017Note de bas de page 8Note de bas de page 10, nous avons calculé le fardeau des décès accidentels attribuables à une intoxication aiguë liée à une substance et nous avons déterminé les caractéristiques des personnes décédées, selon leur sexe et leur stade de vie. Le tableau 1 présente les variables utilisées dans l’analyse et leur description.

Tableau 1. Variables utilisées pour décrire le fardeau des décès attribuables à une intoxication aiguë liée à une substance et les caractéristiques des personnes décédées, selon le sexe et le stade de vie, Canada, 2016-2017
Variable Description
Fardeau
Nombre de décès accidentels attribuables à une intoxication aiguë Dénombrement des décès accidentels attribuables à une intoxication aiguë liée à une substance.
Taux de mortalité attribuable à une intoxication aiguë accidentelle pour 100 000 personnes Nombre de décès par tranche de 100 000 personnes dans la population analysée. Permet d’ajuster pour les différences dans le nombre de personnes que comprend chaque catégorie démographique.
Taux proportionnel de mortalité attribuable à une intoxication aiguë accidentelle Proportion des décès accidentels toutes causes confondues qui sont dus à une intoxication aiguë accidentelle.
Circonstances du décès
Consommait des substances en présence d’autrui Indique que la personne décédée a consommé des substances en présence d’autrui avant l’intoxication aiguë mortelle, c’est-à-dire que quelqu’un a été témoin de la consommation de substances.
Décédé(e) à sa découverte Il n’y avait aucun témoin connu présent lors de l’intoxication aiguë mortelle et aucune intervention n’a été possible lorsque la personne décédée a été découverte.
Trouvé(e) dans un lit ou à proximité La personne décédée se trouvait à un endroit ou près d’un endroit où on aurait pu croire qu’elle dormait. L’impression selon laquelle la personne était endormie (et non inconsciente) a pu retarder l’intervention.
Présentait des signes d’intoxication aux opioïdes Un témoin ou un premier intervenant témoin de l’intoxication aiguë mortelle a observé un ou plusieurs signes d’intoxication aux opioïdes, par exemple ronflements ou gargouillements, difficultés respiratoires, micropupilles, état d’inconscience ou absence de réaction, et lèvres ou ongles bleus. Comme les témoins et les premiers intervenants n’ont pas un accès immédiat aux renseignements toxicologiques, ils se fondent sur des toxidromes, c’est-à-dire les symptômes d’une intoxication, pour déterminer la (ou les) substance(s) responsable(s) de l’intoxication aiguë et la façon d’intervenir.
Administration de naloxone Nombre et proportion de personnes présentant des signes d’intoxication aux opioïdes qui ont reçu de la naloxone, un antidote contre l’intoxication aux opioïdes. La naloxone peut avoir été administrée par des témoins, par les services médicaux d’urgence, par la police, par les pompiers, par le personnel hospitalier ou par d’autres personnes.
Lieu de l’intoxication aiguë Indique si l’intoxication aiguë mortelle s’est produite au domicile de la personne décédée, au domicile d’une autre personne ou ailleurs.
Vivait seul(e) Nombre de personnes qui vivaient seules parmi les personnes dont l’intoxication aiguë mortelle s’est produite à leur domicile. Ces personnes étaient sans doute moins susceptibles d’avoir quelqu’un à proximité pour intervenir.
Lieu du décès Indique si la personne a été transportée du lieu de l’intoxication aiguë vers un hôpital ou ailleurs avant son décès ou bien si elle est décédée là où l’intoxication aiguë a eu lieu.
Antécédents en matière de santéNote de bas de page a
Antécédents de consommation de substances (autres que l’alcool) Le dossier d’enquête sur le décès comprend des renseignements selon lesquels la personne avait des antécédents de consommation de substances en dehors de la consommation d’alcool et de la consommation de médicaments prescrits.
Antécédents de trouble lié à la consommation de substances (autres que l’alcool) Le dossier d’enquête sur le décès indique explicitement que la personne souffrait d’un trouble lié à la consommation de substances.
Antécédents de trouble lié à la consommation d’alcool Le dossier d’enquête sur le décès indique explicitement que la personne souffrait d’un trouble lié à la consommation d’alcool.
Antécédents de consommation chronique (quotidienne) de substances Le dossier d’enquête sur le décès indique que la personne consommait des substances de façon chronique (c.-à-d. quotidiennement).
Antécédents à vie d’une intoxication aiguë non mortelle Le dossier d’enquête sur le décès fait état d’une intoxication aiguë (surdose) non mortelle dans le passé.
Antécédents de dépression ou de symptômes dépressifs Le dossier d’enquête sur le décès contient des renseignements selon lesquels la personne souffrait d’un trouble dépressif ou de symptômes de dépression.
Antécédents de trouble d’anxiété Le dossier d’enquête sur le décès contient des renseignements selon lesquels la personne souffrait d’un trouble d’anxiété.
Contact avec le système de santé au cours de l’année précédant le décès La personne a consulté les services de soins de santé au cours de l’année précédant son décès, qu’il s’agisse de services ambulatoires ou hospitaliers.
A demandé de l’aide pour… Pour les personnes qui ont été en contact avec le système de soins de santé dans l’année précédant leur décès, le dossier d’enquête sur le décès indique la raison précise pour laquelle la personne a cherché à obtenir des soins de santé (douleur, intoxication aiguë non mortelle, consommation de substances ou dépendance, problèmes de santé mentale, etc.).
Substances ayant contribué au décès
Origine des substances ayant contribué au décès L’origine des substances est classée selon les catégories suivantes :
  • substances non pharmaceutiques (drogues « de rue » et substances non destinées à un usage humain, telles que produits chimiques industriels ou ménagers ou médicaments à usage vétérinaire);
  • médicaments (substances à usage humain produites par un fabricant pharmaceutique réglementé);
  • éthanol (provenant de l’industrie des boissons alcoolisées ou d’alcool fait maison et n’entrant pas dans les autres catégories d’origine);
  • origine inconnue (données insuffisantes pour déterminer l’origine de la substance).
Une substance peut avoir plusieurs origines.
Il n’y a pas de données sur les décès dus uniquement à des médicaments prescrits ou à l’alcool pour la Colombie-Britannique.
Au moins un médicament avait été prescrit Nombre de personnes à qui au moins un médicament avait été prescrit parmi les personnes pour lesquelles au moins un médicament a contribué au décès.
Substances contribuant le plus souvent au décès Substances précises qui ont contribué à au moins 10 % des décès pour l’un des groupes.
Polyintoxication, aucune substance précisée Décès dont la cause relevait de plusieurs substances contributives, mais pour lesquels ces substances n’étaient pas indiquées.
Plusieurs substances ayant contribué au décès Décès où plus d’une substance a été mentionnée comme ayant contribué au décès.

Le fardeau a été déterminé à partir du nombre de décès, du taux de mortalité et du taux proportionnel de mortalité attribuables à une intoxication aiguë accidentelle liée à une substance. Dans le calcul des taux de mortalité, les chiffres du Recensement de la population de 2016Note de bas de page 11 ont été utilisés comme dénominateur. Pour calculer les taux proportionnels de mortalité attribuable à une intoxication aiguë liée à une substance, nous avons utilisé comme dénominateur les données de Statistique Canada sur le nombre de décès accidentels toutes causes confondues par groupe démographique. Nous avons inclus les décès toutes causes confondues correspondant aux codes de la CIM-10 suivants : V01-V99 (accidents de transport), W00-X59 (autres causes externes de lésion traumatique accidentelle), Y85 (séquelles d’un accident de transport) et Y86 (séquelles d’autres accidents).

Nous avons également analysé les circonstances du décès, le lieu de l’intoxication aiguë et du décès, les antécédents en matière de santé et les substances ayant contribué au décès par intoxication aiguë accidentelle, selon le sexe à la naissance et selon le stade de la vie, en utilisant les variables décrites dans le tableau 1. Nous avons calculé les proportions de chaque groupe présentant une caractéristique donnée et nous avons effectué des tests du khi carré de Pearson pour évaluer les différences statistiques entre les stades de la vie et entre les sexes (p < 0,05). Comme l’information sur les variables d’intérêt n’est pas toujours inscrite dans les dossiers d’enquête sur le décès, nos résultats ne fournissent qu’une proportion minimale des personnes présentant une caractéristique donnée.

Pour protéger la vie privée, tous les effectifs ont été arrondis aléatoirement à un multiple de trois (c.-à-d. que les valeurs avaient des chances différentes d’être arrondies au multiple de trois le plus proche) et les effectifs inférieurs à dix ont été supprimésNote de bas de page 10. Les totaux des tableaux ayant aussi été arrondis indépendamment à un multiple de trois, la somme des valeurs n’est pas toujours égale au total. Ce sont les chiffres arrondis qui ont été utilisés pour le calcul des proportions et des taux de mortalité.

Résultats

Chacun des groupes démographiques a été touché différemment par la crise des intoxications aiguës. L’intoxication aiguë est à l’origine de 41 % à 60 % de l’ensemble des décès accidentels chez les jeunes et les adultes (tableau 2). Le taux de décès attribuable à une intoxication aiguë accidentelle s’est révélé beaucoup plus élevé chez les hommes adultes (30 décès pour 100 000 personnes) que chez les autres groupes démographiques (2,8 à 9,5 décès pour 100 000 personnes). Pour les personnes décédées d’une intoxication aiguë accidentelle, les contacts avec le système de santé, les circonstances du décès et les substances ayant contribué au décès étaient variables selon le stade de la vie et le sexe.

Tableau 2. Fardeau, circonstances du décès, antécédents connus en matière de santé et substances ayant contribué au décès de personnes décédées d’une intoxication aiguë accidentelle, selon le sexe et le stade de vie, Canada, 2016-2017
Variable Jeunes (12 à 24 ans) Adultes (25 à 59 ans) Aînés
(60 ans et plus)
Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes
Nombre total de décès accidentels attribuables à une intoxication aiguë N = 207 N = 525 N = 1 563 N = 4 896 N = 246 N = 462
Taux de mortalité attribuable à une intoxication aiguë accidentelle (pour 100 000 personnes) 3,9 9,5 9,2 30 2,8 6,0
Taux proportionnel de mortalité (%) 42 41 59 60 3,1 5,9
Circonstances du décès (% et n)
Consommait des substances en présence d’autruiNote de bas de page * 28 (57) 19 (102) 20 (315) 16 (783) 12 (30) 14 (63)
Décédé à sa découverteNote de bas de page * 19 (39) 24 (126) 28 (435) 29 (1 419) 39 (96) 38 (177)
Trouvé dans un lit ou à proximitéNote de bas de page * 35 (72) 30 (156) 35 (543) 24 (1 191) 39 (96) 24 (111)
Présentait des signes d’intoxication aux opioïdesNote de bas de page a 36 (75) 30 (159) 33 (519) 26 (1 263) 27 (66) 21 (96)
Administration de naloxoneNote de bas de page * 40 (30) 34 (54) 22 (114) 28 (357) Valeur supprimée Valeur supprimée
Lieu de l’intoxication aiguëNote de bas de page * (% et n)
Domicile de la personne 59 (123) 61 (321) 70 (1 092) 62 (3 021) 87 (213) 77 (354)
Vivait seul(e) Valeur supprimée 7 (23) 16 (179) 15 (465) 32 (69) 31 (111)
Domicile d’une autre personne 16 (33) 14 (75) 10 (162) 9 (453) Valeur supprimée 5 (21)
Autre 23 (48) 25 (129) 20 (309) 29 (1 419) 10 (24) 18 (84)
Lieu du décèsNote de bas de page * (% et n)
Même endroit que l’intoxication aiguë 68 (141) 71 (375) 71 (1 113) 76 (3 735) 78 (192) 84 (390)
HôpitalNote de bas de page b 26 (54) 22 (114) 22 (339) 17 (825) 17 (42) 10 (48)
Autre 6 (12) 7 (39) 7 (111) 7 (333) 5 (12) 5 (24)
Antécédents en matière de santé (% et n)
Antécédents de consommation de substances (autres que l’alcool)Note de bas de page * 83 (171) 81 (426) 78 (1 215) 83 (4 083) 55 (135) 71 (330)
Antécédents de troubles liés à la consommation de substances (autres que l’alcool)Note de bas de page * 20 (42) 20 (105) 22 (339) 20 (966) 10 (24) 18 (81)
Antécédents de trouble lié à la consommation d’alcoolNote de bas de page * 6 (12) 5 (27) 9 (135) 9 (426) 12 (30) 15 (69)
Antécédents de consommation chronique (quotidienne) de substancesNote de bas de page * 48 (99) 42 (219) 50 (783) 54 (2 646) 43 (105) 59 (273)
Antécédents d’intoxication aiguë non mortelle 17 (36) 17 (87) 15 (234) 12 (585) 15 (36) 9 (42)
Antécédents de dépression ou de symptômes dépressifsNote de bas de page * 29 (60) 19 (99) 33 (516) 20 (963) 39 (96) 19 (90)
Antécédents de trouble d’anxiétéNote de bas de page * 22 (45) 14 (72) 19 (300) 11 (528) 21 (51) 11 (51)
Contact avec le système de santé dans l’année précédant le décèsNote de bas de page * (% et n) 61 (126) 58 (306) 80 (1 254) 66 (3 249) 91 (225) 80 (369)
A demandé de l’aide pour des problèmes de douleurNote de bas de page * 14 (18) 17 (51) 26 (321) 25 (810) 24 (54) 28 (105)
A demandé de l’aide à la suite d’une intoxication aiguë non mortelleNote de bas de page * 14 (18) 13 (39) 7 (90) 8 (249) 7 (15) 7 (24)
A demandé de l’aide pour des problèmes de consommation de substances ou de dépendance 19 (24) 17 (51) 13 (165) 14 (444) 9 (21) 9 (33)
A demandé de l’aide pour des problèmes de santé mentaleNote de bas de page * 21 (27) 14 (42) 13 (165) 11 (342) 11 (24) 6 (21)
Origine des substances ayant contribué au décèsNote de bas de page c (% et n)
Au moins une substance non pharmaceutiqueNote de bas de page * 72 (150) 73 (384) 55 (861) 74 (3 624) 18 (45) 55 (255)
Au moins un médicamentNote de bas de page * 32 (66) 29 (150) 46 (720) 28 (1 347) 63 (156) 40 (186)
Au moins un médicament prescritNote de bas de page * 18 (12) 16 (24) 56 (402) 40 (537) 66 (99) 56 (102)
Substances contribuant le plus souvent au décès (% et n)
FentanylNote de bas de page * 57 (117) 55 (291) 36 (555) 53 (2 562) 16 (39) 32 (150)
CocaïneNote de bas de page * 28 (57) 30 (156) 30 (474) 39 (1 887) 10 (24) 36 (165)
MéthamphétamineNote de bas de page * 22 (45) 17 (87) 22 (339) 24 (1 170) 5 (12) 11 (51)
Éthanol (alcool)Note de bas de page * 16 (33) 15 (81) 21 (330) 23 (1 107) 18 (45) 26 (120)
AmphétamineNote de bas de page *Note de bas de page d 13 (27) 11 (57) 7 (117) 14 (678) Valeur supprimée 6 (30)
MorphineNote de bas de page d 12 (24) 14 (72) 14 (219) 14 (696) 11 (27) 17 (78)
AlprazolamNote de bas de page * 10 (21) 10 (51) 2 (27) 2 (78) Valeur supprimée Valeur supprimée
Diacétylmorphine (héroïne)Note de bas de page * 6 (12) 12 (63) 6 (99) 12 (606) Valeur supprimée 6 (30)
MéthadoneNote de bas de page * 6 (12) 7 (36) 11 (168) 8 (378) 5 (12) 8 (39)
Polyintoxication, aucune substance préciséeNote de bas de page * Valeur supprimée 3 (18) 8 (120) 4 (201) 15 (36) 6 (27)
OxycodoneNote de bas de page * Valeur supprimée 6 (30) 7 (114) 5 (258) 12 (30) 6 (30)
Plusieurs substances ayant contribué au décès 68 (141) 64 (336) 72 (1 122) 71 (3 480) 55 (135) 64 (297)

Circonstances des décès accidentels attribuables à une intoxication aiguë

  • Les aînés consommaient moins souvent des substances en présence d’autres personnes avant leur décès que les autres groupes d’âge (12 % à 14 % contre 16 % à 28 %).
  • Les aînés étaient également plus souvent déjà décédés lorsqu’ils ont été découverts que les jeunes et les adultes (38 % à 39 % contre 19 % à 29 %).
  • De nombreuses personnes ont été trouvées dans un lit ou à proximité (24 % à 39 %), ce qui a pu faire en sorte que l’intoxication aiguë ait été interprétée à tort comme du sommeil. Les femmes ont plus souvent été découvertes dans un lit ou à proximité.
  • Parmi les personnes dont le rapport indiquait qu’elles présentaient des signes d’intoxication aux opioïdes avant leur décès, la naloxone a été moins souvent administrée aux aînés (nombres et pourcentages supprimés en raison du petit nombre de cas).
  • Pour tous les stades de la vie, l’endroit où l’intoxication aiguë entraînant le décès a eu lieu le plus fréquemment était le domicile de la personne (59 % à 87 %). Parmi les personnes dont l’intoxication aiguë a eu lieu au domicile, les aînés étaient plus nombreux en proportion à vivre seuls (31 % à 32 % contre 16 % ou moins).
  • Les jeunes et les adultes étaient plus souvent, en proportion, au domicile d’une autre personne que les aînés (respectivement 14 % à 16 % et 9 % à 10 % contre 5 % ou moins), bien que cette situation ait été moins fréquente à tous les stades de la vie.
  • La plupart des personnes sont décédées là où l’intoxication aiguë s’est produite (68 % à 84 %). Les jeunes femmes ont été plus souvent transportées à l’hôpital avant le décès (26 %), alors que les hommes aînés l’ont été moins souvent (10 %).

Antécédents en matière de santé et contacts antérieurs avec le système de santé des personnes décédées d’intoxication aiguë accidentelle

  • La plupart des personnes décédées avaient des antécédents de consommation de substances (autres que l’alcool). Cet état de fait était moins fréquent chez les femmes aînées (55 %) que dans les autres groupes démographiques (71 % à 83 %).
  • De même, les femmes aînées présentaient moins fréquemment des antécédents de troubles liés à la consommation de substances (autres que l’alcool) que les autres groupes démographiques (10 % contre 18 % à 22 %).
  • La fréquence des troubles liés à la consommation d’alcool était plus élevée avec l’âge (5 % à 6 % chez les jeunes contre 12 % à 15 % chez les aînés).
  • Les jeunes hommes (42 %) et les femmes aînées (43 %) présentaient moins souvent des antécédents de consommation chronique (quotidienne) de substances que les autres groupes démographiques (48 % à 59 %).
  • Les femmes présentaient plus souvent des antécédents de dépression ou de symptômes dépressifs et de trouble d’anxiété que les hommes (respectivement 29 % à 39 % et 19 % à 22 % contre respectivement 19 % à 22 % et 11 % à 14 %).
  • Les contacts avec le système de santé (soins ambulatoires ou hospitaliers) dans l’année précédant le décès étaient plus fréquents avec l’âge (58 % à 61 % chez les jeunes contre 80 % à 91 % chez les aînés).
  • Pour les personnes ayant eu des contacts avec le système de santé avant leur décès, il n’y avait aucune différence entre les groupes démographiques dans les demandes de soins pour consommation de substances ou pour dépendance. Environ le quart (24 % à 28 %) des adultes et des aînés ont demandé de l’aide pour des raisons liées à la douleur. Les jeunes ont plus souvent demandé de l’aide pour une intoxication aiguë non mortelle (13 % à 14 %) ou pour des problèmes de santé mentale (en particulier les jeunes femmes, 21 %) que les personnes aux autres stades de la vie.

Substances à l’origine des décès accidentels attribuables à une intoxication aiguë

  • Un médicament a contribué plus souvent au décès chez les aînées (63 % contre 28 % à 46 %).
  • Une substance non pharmaceutique a contribué plus souvent au décès chez les jeunes et les hommes adultes (72 % à 74 %).
  • Les jeunes avaient moins souvent d’ordonnance pour des médicaments ayant contribué à leur décès que les autres groupes (16 % à 18 % contre 40 % à 66 %).
  • Dans la plupart des décès, plusieurs substances étaient en cause (55 % à 72 %).
  • Les substances ayant le plus souvent contribué au décès chez les jeunes étaient les mêmes pour les deux sexes (fentanyl, cocaïne, méthamphétamine, éthanol [alcool] et amphétamine), mais on a constaté des différences entre les sexes pour les autres groupes d’âge. Par exemple, le fentanyl a contribué à une plus grande proportion de décès chez les hommes adultes (53 %) que chez les femmes adultes (36 %) et chez les hommes aînés (32 %) que chez les femmes aînées (16 %).
  • Le fentanyl était en cause dans plus de la moitié des intoxications aiguës mortelles chez les jeunes (55 % à 57 %) et chez les hommes adultes (53 %).

Analyse

Notre analyse révèle d’importantes différences dans les caractéristiques des décès attribuables à une intoxication aiguë selon le sexe et le stade de vie et elle propose des pistes d’intervention potentielles pour chaque groupe. De nombreuses personnes décédées d’une intoxication aiguë ont été en contact avec le système de santé dans l’année précédant leur décès. Ces interactions avec le système de soins de santé offrent des occasions de cerner et de gérer le risque d’intoxication aiguë mortelle ultérieure ainsi que de tenir compte des besoins non comblés en matière de santé et de relations sociales susceptibles de contribuer à la consommation de substances. Environ un adulte ou un aîné sur quatre avait consulté pour des raisons liées à la douleur. Ces consultations offrent une occasion de discuter de la gestion de la douleur, dont l’utilisation sécuritaire des analgésiques, le recours à d’autres substances pour tenter d’obtenir un soulagement et l’existence d’autres services et options de traitement pour aider à atténuer la douleur.

Les jeunes, en particulier les jeunes femmes, sont décédés plus souvent dans des circonstances où quelqu’un aurait pu intervenir pour les aider en composant le 911 ou en leur administrant des premiers soins et de la naloxone (tableau 2). Il est important que les témoins potentiels d’intoxication aiguë soient en mesure de reconnaître l’urgence et d’intervenir, et qu’ils disposent des bons outils pour aider (trousse de naloxone, téléphone pour composer le 911, etc.). Dans tous les groupes démographiques, de nombreuses personnes étaient seules lors de la consommation de substances avant l’intoxication aiguë, et bon nombre d’entre elles étaient seules également lorsqu’elles sont décédées. Il est important d’éliminer la stigmatisation liée à la consommation de substances afin que les personnes qui consomment seules des substances puissent se sentir davantage en sécurité avec d’autres personnes. L’établissement de liens avec des non-professionnels formés à la prévention des surdoses ou avec des services officiels de consommation supervisée pourrait aider à prévenir ces décès.

Plusieurs substances étaient en cause dans la plupart des décès, et les médicaments ainsi que les substances non pharmaceutiques étaient des causes courantes de décès à tous les stades de vie et chez les deux sexes (tableau 2). Lorsqu’un médicament a contribué au décès, dans de nombreux cas, en particulier chez les aînés et chez les femmes adultes, la substance qui a causé le décès avait été prescrite. La contribution de plusieurs substances à une intoxication aiguë est la norme et les méfaits potentiels combinés des substances sont un facteur important à prendre en compte dans les pratiques de prescription (en particulier la gestion d’ordonnances multiples), dans l’éducation des patients, dans les programmes de réduction des méfaits, dans les services de vérification des drogues et dans les alertes au sujet des drogues.

Dans cette étude, nous n’avons pas été en mesure de déterminer si les substances multiples en cause avaient été consommées intentionnellement ou non. Les initiatives visant à s’attaquer à l’approvisionnement en drogues toxiques profiteraient à tous les groupes démographiques, tout comme une approche de prescription visant la réduction des méfaits qui mette l’accent sur l’éducation des patients au sujet des risques liés à leurs médicaments d’ordonnance, des risques liés à ces médicaments lorsqu’ils sont utilisés en association avec d’autres substances et des risques de détournementNote de bas de page 12Note de bas de page 13.

Points forts et limites

L’examen des dossiers d’enquête sur les décès a permis une analyse détaillée des tendances relatives aux décès attribuables à une intoxication aiguë liée à une substance pour différents groupes démographiques. Cela est particulièrement vrai pour les circonstances entourant le décès, car l’information contextuelle saisie dans d’autres systèmes de déclaration est limitée.

Les protocoles d’enquête sur les décès varient à l’échelle du Canada et les données sur ces variables ne figurent pas systématiquement dans les dossiers d’enquête sur les décès. L’âge, le sexe et le mode de décès sont inscrits dans tous les dossiers, mais pour d’autres caractéristiques, les données présentées correspondent à la proportion minimale de personnes décédées d’une intoxication aiguë liée à une substance et possédant une caractéristique donnée. Ces chiffres sont donc susceptibles de constituer des sous-estimations.

Conclusion

L’intoxication aiguë est une cause majeure, et entièrement évitable, de décès accidentels chez les jeunes et les adultes au Canada. Les renseignements contextuels provenant des dossiers des coroners et des médecins légistes, même lorsque certains des renseignements que nous recherchons n’y figurent pas, révèlent des tendances et des possibilités de prévenir d’autres décès liés à l’intoxication aiguë pour des groupes démographiques précis, en particulier au moyen d’interventions ciblées en fonction du stade de vie. Ces tendances peuvent avoir changé depuis la période d’étude (2016-2017), en particulier pendant la pandémie de COVID-19, mais ces résultats constituent une base de référence importante pour mesurer les répercussions des interventions mises en œuvre dans les années ultérieures.

Remerciements

Nous tenons à remercier nos collaborateurs des bureaux des coroners en chef et des médecins légistes en chef de tout le Canada, qui nous ont donné accès à leurs dossiers d’enquête sur les décès. Nous voulons également remercier Brandi Abele, Matthew Bowes, Songul Bozat-Emre, Jessica Halverson, Dirk Huyer, Beth Jackson, Graham Jones, Jennifer Leason, Regan Murray, Erin Rees, Jenny Rotondo et Emily Schleihauf pour avoir contribué à l’élaboration de l’étude nationale d’examen des dossiers concernant les décès attribuables à une intoxication aiguë liée à une substance.

Financement

Cette étude a reçu le soutien financier de l’Agence de la santé publique du Canada.

Conflits d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.

Contributions des auteurs et avis

  • GC : conception, organisation des données, analyse formelle, rédaction de la première version du manuscrit, révisions et corrections.
  • JH : conception, organisation des données, analyse formelle, rédaction de la première version du manuscrit, révisions et corrections.
  • JB : conception, organisation des données, rédaction de la première version du manuscrit, révisions et corrections.
  • FK : conception, rédaction de la première version du manuscrit, révisions et corrections.
  • KM : conception, rédaction de la première version du manuscrit, révisions et corrections.
  • SR : conception, rédaction de la première version du manuscrit, révisions et corrections.
  • AV : conception, organisation des données, analyse formelle, administration du projet, supervision, rédaction de la première version du manuscrit, révisions et corrections.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; les points de vue ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada, des fournisseurs de données ou des bailleurs de fonds.

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