Éditorial – La prescription sociale au Canada : lier la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé à l’Objectif quintuple pour l’amélioration des soins de santé en vue d’une approche collaborative en santé
Accueil Revue PSPMC
Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Date de publication : septembre 2024
ISSN: 2368-7398
Soumettre un article
À propos du PSPMC
Naviguer
Table des matières | Page suivante
Kate Mulligan, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1; Kiffer G. Card, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 2; Sandra Allison, M.D.Note de rattachement des auteurs 3
https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.9.01f
Attribution suggérée
Éditorial par Mulligan K et al. dans la Revue PSPMC mis à disposition selon les termes de la licence internationale Creative Commons Attribution 4.0
Rattachement des auteurs
Correspondance
Kiffer G. Card, Faculté des sciences de la santé, Université Simon Fraser, 8888 University Drive West, Burnaby (Colombie-Britannique) V5A 1S6; tél. : 778-782-9917; courriel : kcard@sfu.ca
Citation proposée
Mulligan K, Card KG, Allison S. La prescription sociale au Canada : lier la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé à l’Objectif quintuple pour l’amélioration des soins de santé en vue d’une approche collaborative en santé. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2024;44(9):393-396. https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.9.01f
Résumé
La prescription sociale offre un mécanisme concret par lequel les systèmes de santé publique et de soins de santé peuvent collaborer pour un avenir où le bien-être sera une priorité, où l’équité en matière de santé sera prise en compte et où les individus et les collectivités s’épanouiront. Les articles de cette seconde partie du numéro spécial de Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada sur la prescription sociale explorent les moyens par lesquels la prescription sociale au Canada soutient les actions liées à deux cadres importants pour la santé publique et les soins de santé : la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé – qui met l’accent sur l’élaboration de politiques publiques favorisant la santé, la création d’environnements favorables, le renforcement de l’action communautaire, le développement des compétences personnelles et la réorientation des services de santé – et l’Objectif quintuple pour l’amélioration des soins de santé – qui met l’accent sur l’amélioration de la santé de la population, l’équité en matière de santé, l’expérience du patient, le bien-être de l’équipe soignante et la réduction des coûts.
Mots-clés : prescription sociale; Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé; Objectif quintuple pour l’amélioration des soins de santé
Points saillants
- La prescription sociale renforce la collaboration entre la santé publique et les services de soins de santé en leur fournissant un mécanisme par lequel agir en respectant la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé et l’Objectif quintuple pour l’amélioration des soins de santé.
- À l’échelle individuelle, les personnes développent des compétences personnelles (Charte d’Ottawa) et les expériences en matière de soins sont meilleures pour les participants, les patients et les travailleurs de la santé (Objectif quintuple).
- À l’échelle locale, la réorientation des services de santé renforce l’action des collectivités, crée des environnements favorables et réduit les coûts des soins aigus en déplaçant les soins en amont.
- À l’échelle de la population, la présence de données précises sur les soins de santé et les soins sociaux favorise l’établissement des priorités et la prise de décision, ce qui conduit à des politiques publiques favorisant davantage la santé et à une meilleure équité en matière de santé.
Introduction
La prescription sociale continue de progresser rapidement au Canada, s’ajoutant aux forces existantes et permettant d’améliorer la façon dont nous abordons les questions relatives à la promotion de la santé et à la prévention des maladies chroniques au Canada. La première partie du présent numéro spécial de Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada (PSPMC) sur la prescription sociale (publiée en juin 2024) décrivait la pratique de la prescription sociale en fonction de divers contextes, populations et interventions, en mettant l’accent sur le rôle des collectivités et des organismes communautaires.
Cette seconde partie s’adresse principalement au milieu de la santé publique et à celui des soins de santé, qui sont respectivement guidés par deux cadres fondamentaux, la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santéNote de bas de page 1 et l’Objectif quintuple pour l’amélioration des soins de santéNote de bas de page 2. La Charte d’Ottawa, établie par l’Organisation mondiale de la santé en 1986, définit la promotion de la santé comme un processus visant à donner aux individus et aux collectivités les moyens de mieux maîtriser leur santé et ses déterminants. Elle définit cinq domaines d’action relatifs à la promotion de la santé : l’élaboration de politiques publiques favorisant la santé, la création d’environnements favorables, le renforcement de l’action communautaire, le développement des compétences personnelles et la réorientation des services de santé. L’Objectif quintuple, élaboré par l’Institute for Healthcare Improvement, prend appui sur l’objectif triple pour de meilleurs soins de santé (expérience des patients ou des participants, santé de la population et réduction des coûts) en y ajoutant le bien-être des cliniciens ou des équipes de soins et en abordant la question de l’équité en matière de santé. Les articles de cette seconde partie de notre numéro spécial sur la prescription sociale explorent la manière dont la recherche, les politiques et les pratiques en matière de prescription sociale au Canada s’alignent sur ces cadres, comme nous allons le voir ci-dessous.
Développement des compétences personnelles (Charte d’Ottawa) et amélioration de l’expérience des patients (Objectif quintuple)
La prescription sociale est une approche qui met l’accent sur les forces des personnes, en les aidant à affiner et à utiliser leurs habiletés personnelles, qu’il s’agisse de connaissances financières, de compétences culinaires, de compétences en matière de défense des droits ou de leadership. Elle favorise l’autodétermination, un aspect essentiel de la promotion de la santé, en encourageant l’autonomie personnelle et collective, les compétences, l’interconnexion et la bienveillanceNote de bas de page 3. Ces compétences sont variables en fonction des populations, des zones géographiques et des parcours de vie, comme l’illustre l’analyse qualitative réalisée par Yu et ses collaborateurs sur les besoins et priorités en matière de prescription sociale exprimés par les aînésNote de bas de page 4. De plus en plus, la recherche fait la preuve que les relations établies avec les agents de liaison en prescription sociale – souvent des pairs issus d’une même communauté – sont importantes pour le développement de ces compétences et sont corrélées à une amélioration de l’expérienceNote de bas de page 5. La connexion avec un agent de santé communautaire contribue à soutenir et à accompagner les personnes et est au cœur de ce qui distingue la prescription sociale des approches moins personnalisées, axées avant tout sur la recherche de services ou de soins : en effet, les agents de liaison ne se contentent pas d’orienter les participants vers des services sociaux, ils ont en outre des relations cordiales avec eux et offrent de l’empathie devant la détresse dont ils sont les témoinsNote de bas de page 5.
Renforcement de l’action communautaire (Charte d’Ottawa) et équité en matière de santé (Objectif quintuple)
Les programmes de prescription sociale peuvent contribuer à combler l’écart entre les résultats de santé des différents groupes de population, à la fois en les aidant à identifier leurs besoins en matière de santé et à y répondre et en mettant les patients en contact avec des ressources auxquelles ils n’auraient peut-être pas eu accès autrementNote de bas de page 6. La première partie de notre numéro spécial sur la prescription sociale a présenté un exemple de développement communautaire afrocentriqueNote de bas de page 7 et un exemple fondé sur la réconciliationNote de bas de page 8. Dans ce numéro, l’analyse par méthodes mixtes de Kadowaki et ses collaborateurs montre comment la prescription sociale en Colombie-Britannique a amélioré l’accès aux services chez les aînés et elle fait également clairement ressortir que l’on a besoin de ressources plus solides et plus stables pour les programmes communautaires déjà en place et pour les nouveauxNote de bas de page 9.
Réorientation des services de santé (Charte d’Ottawa) et réduction des coûts (Objectif quintuple)
La prescription sociale est un mécanisme qui permet une collaboration significative entre les organismes de soins de santé et les organismes communautaires pour répondre aux besoins sociaux liés à la santéNote de bas de page 10. Il a également été prouvé que la prescription sociale favorise la déprescription, qu’elle permet d’améliorer l’efficacité des dépenses en matière de santé en déplaçant les soins en amont et qu’elle réduit les répercussions environnementales des soins de santé en évitant les cas où l’on a inutilement recours à des soins de santéNote de bas de page 11. La contribution de Saluja et Dahrouge à propos du projet « Accès aux ressources communautaires » à Ottawa fournit des conseils détaillés sur la manière de réorienter les services au sein des soins de santéNote de bas de page 12, tandis que le commentaire de Lin et de ses collaboratrices de l’Autorité sanitaire de Fraser (Colombie-Britannique) illustre la valeur d’un financement de longue durée et d’un soutien solide au sein des organismes de soins de santé pour ce qui est de mettre en œuvre et de maintenir à long terme des initiatives de prescription sociale menées en partenariat avec la communautéNote de bas de page 13.
Création d’environnements favorables (Charte d’Ottawa) et amélioration du bien-être de l’équipe soignante (Objectif quintuple)
La prescription sociale crée et soutient des liens et des ressources pour des milieux sociaux et des espaces physiques sains (qu’il s’agisse par exemple de jardins communautaires ou de centres culturels), qui favorisent le sentiment d’appartenance, les interactions sociales et la connexion avec la natureNote de bas de page 14. Ces effets se font même sentir sur le bien-être des ressources humaines du secteur de la santé, qui sont mises à rude épreuve, en offrant aux cliniciens un sentiment de connexion, de raison d’être et d’appartenanceNote de bas de page 15. L’étude quantitative de Turpin et ses collaborateurs à propos des Carrefours bien-être pour les jeunes de l’Ontario montre les avantages d’une approche axée sur les centres de servicesNote de bas de page 16, où l’on fournit, habituellement dans un même espace communautaire, de multiples services destinés au bien-être des jeunes, facilitant ainsi la coordination des équipes de soins multidisciplinaires et des services cliniques et non cliniques.
Élaboration de politiques publiques favorables à la santé (Charte d’Ottawa) et amélioration des résultats en matière de santé de la population (Objectif quintuple)
La prescription sociale peut améliorer la santé de la population à grande échelle en encourageant les comportements sains, les liens sociaux et l’accès aux ressources communautaires pour tous les utilisateurs des services de santé et des services sociauxNote de bas de page 17. Surtout, elle peut orienter les priorités et les décisions relatives aux politiques publiques favorisant la santé, grâce à la collecte de données précises permettant de déterminer de quelles ressources communautaires les participants ont le plus besoinNote de bas de page 18. La plupart des initiatives de prescription sociale sont bien ancrées dans le processus d’élaboration de politiques de leur région respective, comme l’illustre l’exposé de politique de Mansell et ses collaboratricesNote de bas de page 19, qui établit un lien entre l’évaluation de la prescription sociale et l’élaboration de politiques connexes en fonction du Healthy Aging Asset Index de l’Alberta.
Conclusion
La prescription sociale offre une avancée importante dans la réalisation des objectifs énoncés dans la Charte d’Ottawa et l’Objectif quintuple. Elle favorise une approche holistique des soins de santé, qui reconnaît l’interconnexion des facteurs sociaux, environnementaux et individuels ayant une influence sur la santé. L’investissement dans les programmes de prescription sociale permettra aux systèmes de santé publique et de soins de santé d’évoluer vers un avenir où le bien-être est une priorité, où l’équité en matière de santé est prise en compte et où les collectivités ainsi que les travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux s’épanouissent. Dans notre quête d’un Canada en meilleure santé, la prescription sociale apparaît comme un instrument puissant et concret qui peut éclairer notre chemin.
Conflits d’intérêts
KM, KGC et SA ont agi comme rédacteurs invités pour ce numéro de la revue PSPMC mais ils se sont retirés du processus décisionnel associé à la publication de ce manuscrit.
Avis
Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.
Détails de la page
- Date de modification :