Aperçu – Redéfinir la palette de l’identité de genre des études longitudinales : profils des réponses des adolescents après l’adoption de la mesure du sexe et du genre en deux étapes

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Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Date de publication : novembre 2025
ISSN: 2368-7398
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Thepikaa Varatharajan, M.S.P.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 2; Angelica Amores, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1; Karen A. Patte, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 3; Margaret de Groh, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 2; Ying Jiang, M.D., M. Sc.Note de rattachement des auteurs 2; Scott T. Leatherdale, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1
https://doi.org/10.24095/hpcdp.45.11/12.04f
Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.
Attribution suggérée
Article de recherche par Varatharajan T et al. dans la Revue PSPMC mis à disposition selon les termes de la licence internationale Creative Commons Attribution 4.0
Rattachement des auteurs
Correspondance
Thepikaa Varatharajan, School of Public Health Sciences, Université de Waterloo, 200, avenue University Ouest, Waterloo (Ontario) N2L 3G1; courriel : t8varath@uwaterloo.ca
Citation proposée
Varatharajan T, Amores A, Patte KA, de Groh M, Jiang Y, Leatherdale ST. Redéfinir la palette de l’identité de genre des études longitudinales : profils des réponses des adolescents après l’adoption de la mesure du sexe et du genre en deux étapes. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2025;45(11/12):513-519. https://doi.org/10.24095/hpcdp.45.11/12.04f
Résumé
Afin de mieux saisir l’identité de genre, les études longitudinales et les systèmes de surveillance à grande échelle évoluent pour aller au-delà des mesures traditionnelles du sexe ou du genre fondées sur une question unique. Nous avons analysé les profils des réponses d’adolescents sur deux ans (années scolaires 2020-2021 et 2021-2022) après l’adoption dans l’étude COMPASS d’une mesure de l’identité de genre en deux étapes. Les analyses descriptives ont révélé qu’au fil du temps, 3,5 % des élèves du secondaire (n = 11 618) ont choisi une réponse différente à la question sur le sexe et 5,5 % à celle sur le genre. Nos résultats montrent qu’en mettant en œuvre une mesure inclusive qui considère le sexe et le genre comme des concepts distincts, on peut améliorer la détermination des identités de genre sans compromettre la qualité des données.
Mots-clés : adolescents, Canadiens, identité de genre, analyse longitudinale, santé de la population, mesure en deux étapes, sexe, systèmes de surveillance
Points saillants
- Les mesures traditionnelles fondées sur une seule question ne font souvent aucune distinction entre le sexe et le genre ou fournissent seulement des options de réponse binaires (comme « garçon » et « fille »).
- Cette étude a permis d’analyser les profils des réponses d’adolescents aux questions sur leur sexe et leur genre après l’adoption, dans une étude longitudinale en cours, d’une mesure de l’identité de genre en deux étapes.
- Nous avons constaté que, entre ces 2 années, 3,5 % des adolescents ont choisi une réponse différente pour le sexe (par exemple, de « féminin » à « masculin ») et 5,5 % ont choisi une réponse différente pour le genre (par exemple, de « féminin » à « garçon/homme »).
- La collecte de données plus inclusives sur l’identité de genre dans des études longitudinales fondées sur la population permet de combler des lacunes dans les données, cerner les disparités en matière de santé liées au genre et renforcer la santé et le bien-être de l’ensemble des Canadiens.
Introduction
La rareté de données épidémiologiques fiables et exhaustives sur l’identité de genre de la population canadienne a nui à la compréhension des disparités en matière de santé chez les personnes cisgenres, transgenres et de diverses identités de genreNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Cela s’explique principalement par le fait que les enquêtes sur la santé de la population à grande échelle évaluent l’identité de genre en se basant sur une seule question (en général, « Êtes-vous un homme ou une femme? »). Le recours à une mesure du sexe comme approximation pour mesurer l’identité de genre fusionne les concepts de sexe et de genre et limite les réponses aux options binaires traditionnellesNote de bas de page 3Note de bas de page 4. Pour améliorer l’inclusivité et combler les lacunes dans les données, Statistique Canada a adopté une nouvelle norme pour mesurer le sexe et le genreNote de bas de page 5. Cette initiative, ainsi que les récents appels lancés aux organisations nationales, aux organismes de financement et aux directeurs de revues pour qu’ils effectuent des analyses fondées sur le sexe et le genre, a incité les chercheurs à améliorer la collecte de données sur le sexe et l’identité de genre des individusNote de bas de page 1Note de bas de page 2.
Plus précisément, les systèmes de surveillance et les études démographiques à grande échelle en cours sont encouragés à améliorer leur évaluation du sexe et de l’identité de genreNote de bas de page 2Note de bas de page 6. Des études menées en milieu scolaire, comme l’Enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues chez les élèvesNote de bas de page 7 et l’étude COMPASS (Cannabis, Obesity, Mental health, Physical Activity, Sedentary behaviour and Smoking [cannabis, obésité, santé mentale, activité physique, comportement sédentaire et tabagisme])Note de bas de page 8, ont adopté une mesure de l’identité de genre en deux étapes valide et réalisable sur le plan cognitif pour évaluer et faire la distinction entre le sexe assigné à la naissance (étape 1) et l’identité de genre (étape 2)Note de bas de page 6Note de bas de page 9. On sait que distinguer le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre améliore l’exactitude de l’identification des personnes cisgenres, transgenres et de diverses identités de genre, augmente les estimations de prévalence au niveau de la population pour toutes les identités de genre et améliore les connaissances sur les disparités en matière de santé entre les personnes d’identités de genre différentesNote de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13.
Même si les données probantes appuient l’adoption d’une mesure inclusive de l’identité de genreNote de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13, la modification des questions correspondantes dans les enquêtes longitudinales est susceptible d’entraîner des incohérences dans le codage de l’identité de genre, avec une incidence sur l’évaluation des tendances ou des changements au fil du tempsNote de bas de page 14. À notre connaissance, aucune étude n’a encore exploré les effets prospectifs de la modification d’une variable démographique clé dans une étude longitudinale en cours. Cette étude avait pour but d’analyser les profils des réponses des adolescents aux questions d’identification du sexe et du genre après l’adoption d’une mesure de l’identité de genre en deux étapes au lieu d’une mesure en une étape.
Méthodologie
Approbation éthique
L’Office of Research Ethics de l’Université de Waterloo (ORE# 30118) et les conseils scolaires participants ont approuvé toutes les procédures de l’étude COMPASS.
Source des données
Nous avons utilisé des données sur les élèves de 9e année (« 9e année »; 2020-2021) et de 10e année (« 10e année »; 2021-2022) de l’étude COMPASS jumelées sur deux ans pour analyser les profils des réponses des adolescents aux questions sur leur sexe et leur genre. L’étude COMPASS est une étude de cohorte prospective et hiérarchique sur 12 ans conçue pour recueillir chaque année des données autodéclarées sur la santé auprès d’un échantillon d’élèves (9e à 12e année; secondaire I au secondaire V au Québec) et de leurs écoles secondairesNote de bas de page 8.
Au total, 11 746 élèves de 123 écoles (Alberta, n = 5; Colombie-Britannique, n = 11; Ontario, n = 50; et Québec, n = 57) ont participé à l’étude pendant ces deux années. Nous avons utilisé un sondage en ligne pour recueillir des données sur les élèves durant l’année scolaire (septembre à juin). Les écoles qui autorisaient des protocoles de collecte de données de consentement passif après information activeNote de bas de page 15 ont envoyé un courriel contenant un lien vers le sondage aux élèves admissibles (soit tous les élèves fréquentant des écoles participantes n’ayant pas été retirés de l’étude par leur parent ou tuteur). Les questionnaires ont été remplis soit en classe, soit à la maison. La méthodologie détaillée de l’étude est décrite ailleursNote de bas de page 15Note de bas de page 16.
Mesures
Sexe/genre
Conformément aux mesures utilisées dans les systèmes de surveillance des jeunes pendant la collecte des donnéesNote de bas de page 7Note de bas de page 17, on a posé aux élèves de 9e année la question « De quel sexe es-tu ? ». Les réponses possibles étaient « féminin », « masculin », « je décris mon genre autrement » ou « je préfère ne pas répondre ». Étant donné la distinction imprécise entre le sexe biologique et l’identité de genre sociale, nous appelons cette mesure l’évaluation sexe/genreNote de bas de page 17.
Le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre
On a posé deux questions aux élèves de 10e année : 1) « Quel était ton sexe à la naissance ? » (les réponses possibles étaient « féminin », « masculin » et « je préfère ne pas répondre ») et 2) « À quel genre t’identifies-tu ? » (les réponses possibles étaient « fille/femme »Note de bas de page * , « garçon/homme »Note de bas de page *, « bi-spirituel », « personne non-binaire », « je décris mon genre autrement » ou « je préfère ne pas répondre »).
Les mesures utilisées pour les élèves de 10e année ont été validées pour les adolescentsNote de bas de page 3Note de bas de page 12Note de bas de page 18.
Jumelage de données
Le processus standard de jumelage des données de l’étude COMPASS consiste à générer un code unique à six chiffres pour chaque élèveNote de bas de page 19. Ce code est fondé sur des réponses cohérentes à cinq questions précises posées au début du questionnaire (par exemple la dernière lettre du nom de famille complet de l’élève) plus la question sur le sexe/genre. Étant donné que la mesure du sexe/genre est essentielle, nous l’avons retirée du processus de jumelage. Pour nous assurer de la solidité de la nouvelle méthodologie de jumelage des données, nous avons inclus seulement les élèves qui ont été jumelés de façon uniforme dans l’ancienneNote de bas de page 19 et dans la nouvelle méthodologie (n = 11 746). Les liens repérés exclusivement dans la nouvelle méthodologie de jumelage (n = 189) ont été exclus afin de réduire les faux liens potentiels.
Analyses
Toutes les analyses ont été effectuées dans la version 10.1 de SAS (SAS Institute Inc., Cary, Caroline du Nord, États-Unis)Note de bas de page 20. Nous avons produit des statistiques descriptives pour explorer les profils des réponses et nous avons utilisé des tests McNemar pour comparer les réponses au fil du temps.
Les élèves pour lesquels il manquait des réponses à la mesure du sexe/genre en 9e année, du sexe assigné à la naissance en 10e année ou de l’identité de genre en 10e année (n = 101) ont été retirés de l’échantillon. En raison de considérations éthiques concernant les populations autochtones, nous nous sommes abstenus de produire des rapports sur les participants s’étant identifiés comme bispirituels.
Résultats
Notre échantillon comprenait 11 618 élèves (de 12 à 19 ans, la majorité s’étant identifiés comme Blancs). En 9e année, 6 523 élèves ont répondu « féminin » et 4 748 élèves « masculin » à la question sur le sexe/genre, 198 élevés ont déclaré décrire leur genre autrement et 115 élèves ont préféré ne pas répondre.
En 10e année, 6 722 élèves ont déclaré que leur sexe assigné à la naissance était le sexe féminin, 4 809 élèves que c’était le sexe masculin et 87 élèves ont préféré ne pas répondre. En réponse à la mesure de l’identité de genre en 10e année, 6 358 élèves se sont identifiées comme des filles, 4 748 élèves comme des garçons, 180 élèves comme des personnes non binaires, 181 élèves ont déclaré décrire leur genre autrement et 151 élèves ont préféré ne pas répondre (figure 1).
Figure 1. Profils de réponse des adolescents (12 à 19 ans) aux questions sur le sexe/genre, le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre, 9e année (2020-2021) et 10e année (2021-2022), étude COMPASS, n = 11 618, Canada
Figure 1A: Texte descriptif
| Réponses en 9e année | Réponses en 10e année | Fréquence (n) | Proportion (%) |
|---|---|---|---|
| Féminin | Féminin | 6479 | 55,8 |
| Féminin | Masculin | 23 | 0,2 |
| Féminin | Je préfère ne pas répondre | 21 | 0,2 |
| Masculin | Masculin | 4722 | 40,6 |
| Masculin | Féminin | 28 | 0,2 |
| Masculin | Je préfère ne pas répondre | 32 | 0,3 |
| Je décris mon genre autrement | Féminin | 144 | 1,2 |
| Je décris mon genre autrement | Masculin | 31 | 0,3 |
| Je décris mon genre autrement | Je préfère ne pas répondre | 23 | 0,2 |
| Je préfère ne pas répondre | Féminin | 71 | 0,6 |
| Je préfère ne pas répondre | Masculin | 33 | 0,3 |
| Je préfère ne pas répondre | Je préfère ne pas répondre | 11 | 0,1 |
Figure 1B: Texte descriptif
| Réponses en 9e année | Réponses en 10e année | Fréquence (n) | Proportion (%) |
|---|---|---|---|
| Féminin | Fille | 6260 | 53,9 |
| Féminin | Garçon | 41 | 0,4 |
| Féminin | Je décris mon genre autrement | 79 | 0,7 |
| Féminin | Non-binaire | 69 | 0,6 |
| Féminin | Je préfère ne pas répondre | 74 | 0,6 |
| Masculin | Garçon | 4651 | 40,0 |
| Masculin | Fille | 26 | 0,2 |
| Masculin | Je décris mon genre autrement | 38 | 0,3 |
| Masculin | Non-binaire | 19 | 0,2 |
| Masculin | Je préfère ne pas répondre | 48 | 0,4 |
| Je décris mon genre autrement | Je décris mon genre autrement | 50 | 0,4 |
| Je décris mon genre autrement | Garçon | 29 | 0,2 |
| Je décris mon genre autrement | Fille | 34 | 0,3 |
| Je décris mon genre autrement | Non-binaire | 74 | 0,6 |
| Je décris mon genre autrement | Je préfère ne pas répondre | 11 | 0,1 |
| Je préfère ne pas répondre | Je préfère ne pas répondre | 18 | 0,2 |
| Je préfère ne pas répondre | Fille | 38 | 0,3 |
| Je préfère ne pas répondre | Garçon | 27 | 0,2 |
| Je préfère ne pas répondre | Je décris mon genre autrement | 14 | 0,1 |
| Je préfère ne pas répondre | Non-binaire | 18 | 0,2 |
Profils de réponse au fil du temps
La proportion d’adolescentes ayant sélectionné « féminin » en 10e année a augmenté par rapport à celle des adolescentes ayant sélectionné « féminin » en 9e année (57,9 % contre 56,1 %; p < 0,0001), de même que la proportion d’adolescents ayant sélectionné « masculin » en 10e année a augmenté par rapport à celle des adolescents ayant sélectionné « masculin » en 9e année (41,4 % contre 41,2 %; p = 0,02) (calcul par somme des pourcentages du tableau 1). À l’inverse, un pourcentage significativement plus élevé de répondantes avaient sélectionné « féminin » (55,8 %) en 9e année par rapport à celles ayant sélectionné « fille » (54,7 %) comme genre en 10e année, et de même pour les répondants ayant sélectionné « masculin » (40,6 %) en 9e année par rapport à ceux ayant sélectionné « garçon » (40,9 %) comme genre en 10e année (p < 0,0001). Le nombre d’adolescents ayant choisi une option de réponse indiquant une diversité de genre ( « je décris mon genre autrement » ou « personne non-binaire ») a également augmenté (1,7 % à 3,4 %; p < 0,0001). Par exemple, 1,6 % ont sélectionné « personne non-binaire » en 10e année, quelle qu’ait été leur réponse en 9e année.
Quand nous avons comparé les réponses à la question sur le sexe/genre en 9e année et celles sur le sexe assigné à la naissance en 10e année, nous avons constaté que 11 212 adolescents (96,5 %) ont sélectionné la même réponse tandis que 406 (3,5 %) ont sélectionné une réponse différente (par exemple, de « féminin », « je décris mon genre autrement » ou « je préfère ne pas répondre » à « masculin ») (tableau 1). Quand nous avons comparé les réponses à la question sur le sexe/genre en 9e année avec celles sur l’identité de genre en 10e année, nous avons constaté que 10 979 adolescents (94,5 %) ont choisi une réponse dans laquelle leur sexe était identique à leur identité de genre (par exemple « féminin » et « fille »), tandis que 639 (5,5 %) ont choisi une réponse différente (par exemple, de « féminin », « je décris mon genre autrement » ou « je préfère ne pas répondre » à « garçon »).
| Réponses en 9e année | Réponses en 10e année | Fréquence (n) | Proportion (%) |
|---|---|---|---|
| Sexe/genre par rapport au sexe assigné à la naissance | |||
| Féminin | Féminin | 6 479 | 55,8 |
| Féminin | Masculin | 23 | 0,2 |
| Féminin | Je préfère ne pas répondre | 21 | 0,2 |
| Masculin | Masculin | 4 722 | 40,6 |
| Masculin | Féminin | 28 | 0,2 |
| Masculin | Je préfère ne pas répondre | 32 | 0,3 |
| Je décris mon genre autrement | Féminin | 144 | 1,2 |
| Je décris mon genre autrement | Masculin | 31 | 0,3 |
| Je décris mon genre autrement | Je préfère ne pas répondre | 23 | 0,2 |
| Je préfère ne pas répondre | Féminin | 71 | 0,6 |
| Je préfère ne pas répondre | Masculin | 33 | 0,3 |
| Je préfère ne pas répondre | Je préfère ne pas répondre | 11 | 0,1 |
| Sexe/genre par rapport à l’identité de genre | |||
| Féminin | Fille | 6 260 | 53,9 |
| Féminin | Garçon | 41 | 0,4 |
| Féminin | Je décris mon genre autrement | 79 | 0,7 |
| Féminin | Non-binaire | 69 | 0,6 |
| Féminin | Je préfère ne pas répondre | 74 | 0,6 |
| Masculin | Garçon | 4 651 | 40,0 |
| Masculin | Fille | 26 | 0,2 |
| Masculin | Je décris mon genre autrement | 38 | 0,3 |
| Masculin | Non-binaire | 19 | 0,2 |
| Masculin | Je préfère ne pas répondre | 48 | 0,4 |
| Je décris mon genre autrement | Je décris mon genre autrement | 50 | 0,4 |
| Je décris mon genre autrement | Garçon | 29 | 0,2 |
| Je décris mon genre autrement | Fille | 34 | 0,3 |
| Je décris mon genre autrement | Non-binaire | 74 | 0,6 |
| Je décris mon genre autrement | Je préfère ne pas répondre | 11 | 0,1 |
| Je préfère ne pas répondre | Je préfère ne pas répondre | 18 | 0,2 |
| Je préfère ne pas répondre | Fille | 38 | 0,3 |
| Je préfère ne pas répondre | Garçon | 27 | 0,2 |
| Je préfère ne pas répondre | Je décris mon genre autrement | 14 | 0,1 |
| Je préfère ne pas répondre | Non-binaire | 18 | 0,2 |
Identité de genre actuelle des adolescents
Sur la base des réponses aux questions sur le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre en 10e année, nous avons classé les élèves comme filles cisgenres (n = 6 331), garçons cisgenres (n = 4 688), adolescents transgenres et d’autres identités de genre (n = 385) et personnes ayant préféré ne pas répondre (n = 214). Nous avons comptabilisé directement 321 adolescents comme transgenres ou d’autres identités de genre en fonction de leurs réponses aux questions sur l’identité de genre (« non-binaire », n = 156; « je décris mon genre autrement », n = 165) et nous en avons comptabilisé indirectement 64 à partir des discordances entre leur sexe assigné à la naissance autodéclaré et leur identité de genre.
Analyse
Cette étude avait pour but de vérifier si l’adoption d’une mesure plus inclusive de l’identité de genre dans le cadre de l’étude COMPASS en cours a une influence sur les profils des réponses des élèves aux questions sur le sexe et sur l’identité de genre au fil du temps. D’après nos résultats, les structures de réponses pour chaque catégorie sont demeurées largement comparables, avec seulement une petite proportion de participants ayant sélectionné des réponses différentes. Par conséquent, l’élargissement de la mesure de l’identité de genre dans une enquête longitudinale à l’échelle de la population peut fournir des renseignements supplémentaires sans compromettre la qualité des données.
Il peut y avoir plusieurs raisons pour lesquelles les participants ont modifié leurs réponses. Comparativement à la mesure du sexe/genre, il se peut que le libellé, l’intention et l’ordre de chaque question de mesure en deux étapes aient été plus faciles à comprendre pour les adolescents interrogésNote de bas de page 13Note de bas de page 21. Cela peut également expliquer pourquoi la majorité des réponses de l’échantillon se chevauchaient en ce qui concerne le sexe/genre indiqué en 9e année et le sexe à la naissance indiqué en 10e année. Poser d’abord des questions sur le sexe assigné à la naissance peut fournir un contexte à la question sur l’identité de genre, en particulier pour les adolescents cisgenres qui, contrairement à leurs pairs transgenres et de diverses identités de genre, peuvent ne pas être habitués à considérer le genre comme une identitéNote de bas de page 11Note de bas de page 22. Les options de réponse supplémentaires offertes en 10e année ont également pu aider les répondants à choisir la réponse décrivant le mieux leur identité de genreNote de bas de page 10. Par exemple, environ 0,6 % des participants ont sélectionné « je décris mon genre autrement » en 9e année et choisi « personne non-binaire » en 10e année.
Les données probantes des recherches antérieures indiquent que l’identité de genre est un concept fluide qui ne suit aucune tendance particulièreNote de bas de page 23Note de bas de page 24. Bien que nous ne puissions pas être certains de la façon dont les participants ont interprété la mesure de leur sexe/genre en 9e année (ils ont pu répondre en faisant référence soit à leur sexe, soit à leur genre), il est plausible que certains aient modifié leurs réponses parce que leur identité de genre a changé (les répondants ont peut-être exploré ou remis en question leur identité de genre).Note de bas de page 12 Katz-Wise et ses collaborateursNote de bas de page 23 ont constaté que 28,9 % des adolescents transgenres et de diverses identités de genre (n = 183; de 14 à 17 ans) avaient changé d’identité de genre 1,5 an plus tard, avec un nombre égal passant vers une identité de genre binaire et passant vers une identité de genre non binaire. Il est donc important que les études longitudinales recueillent de façon répétée des données sur le sexe assigné à la naissance et sur l’identité de genre, car cela permet aux participants de mettre à jour avec exactitude leur identité de genre et éclaire les chercheurs sur la fluidité de l’identité de genre des participantsNote de bas de page 2Note de bas de page 12. Si une étude longitudinale comporte des mesures incohérentes à divers points dans le temps, Bailey et ses collaborateursNote de bas de page 2 ont recommandé de faire état des données les plus récentes, ce qui permet de prévenir les erreurs de mesure et d’éviter un usage impropre des résultats de recherche.
Points forts et limites
Cette étude s’appuie sur les données de l’étude COMPASS, la plus importante étude menée en milieu scolaire en cours au Canada (2012-2027). L’étude COMPASS repose sur un plan d’étude prospectif et intègre un échantillon de grande taille.
Néanmoins, notre étude présente des limites. Premièrement, l’étude COMPASS n’est pas conçue pour être représentative, bien que l’utilisation d’échantillons provenant de toute une école et les taux de réponse positifs renforcent la généralisation. Deuxièmement, les mesures autodéclarées sont sujettes à un biais de désirabilité sociale. Cependant, il a été démontré que les procédures à consentement passif et identifications anonymes réduisent le biais de sélection et encouragent des réponses ouvertes et honnêtesNote de bas de page 15.
Conclusion
L’identité de genre est un déterminant social de la santé important qui a un impact sur les résultats en matière de santé, sur les comportements et sur l’utilisation des services, particulièrement chez les personnes transgenres et de diverses identités de genreNote de bas de page 13. Étant donné que l’adolescence est une période clé au cours de laquelle l’identité de genre est explorée, il est important que les enquêtes sur la santé ciblant les élèves du secondaire fassent la distinction entre le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre à l’aide de mesures validées et fiablesNote de bas de page 12. Une mesure qui inclut l’identité de genre dans les études longitudinales va améliorer la représentation de toutes les identités de genre, en particulier des personnes transgenres et de diverses identités de genre, et mettra en lumière leurs besoins spécifiques pour les décideurs politiques, le personnel scolaire et les autres décideurs qui s’appuient sur des données fiables provenant d’enquêtes sur la santé de la population.
Remerciements
L’étude COMPASS a été financée par une subvention transitoire de l’Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) au moyen des subventions prioritaires « Obésité – Interventions pour prévenir ou traiter » (OOP-110788; attribuées à STL); une subvention de fonctionnement de l’Institut de la santé publique et des populations (ISPP) des IRSC (POG-114875; attribuée à STL); une subvention de projet des IRSC (PJT-148562; attribuée à STL); une subvention transitoire des IRSC (PJT-149092; attribuée à KAP/STL); une subvention de projet des IRSC (PJT-159693; attribuée à KAP); une entente de financement de la recherche avec Santé Canada (no 1617-HQ-000012; contrat attribué à STL), une subvention d’équipe du Centre canadien sur les dépendances et l’usage des substances des IRSC (OF7 B1-PCPEGT 410-10-9633; attribué à STL); et une subvention de projet de l’ISPP des IRSC (PJT-180262; attribuée à STL et KAP). Le projet COMPASS-Québec bénéficie également du financement du ministère de la Santé et des Services sociaux de la province du Québec et de la Direction régionale de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale. KAP est titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau II sur l’équité et l’inclusion en santé des enfants. TV est financé par la Bourse d’études supérieures de l’Ontario et par l’Agence de la santé publique du Canada dans le cadre du Programme fédéral d’expérience de travail étudiant.
Conflits d’intérêts
MdG a été rédactrice en chef adjointe de la revue PSPMC et STL a été rédacteur scientifique adjoint. Ils se sont tous deux retirés du processus d’évaluation de cet article.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.
Contributions des auteurs et avis
- TV : conception, méthodologie, analyse formelle, conservation des données, rédaction de la première version du manuscrit, relectures et révisions.
- AA : conception, méthodologie, conservation des données, relectures et révisions.
- KAP : supervision, conservation des données, acquisition de fonds, ressources, relectures et révisions.
- MdG : supervision, conception, méthodologie, ressources, relectures et révisions.
- YJ : supervision, conception, méthodologie, ressources, relectures et révisions.
- STL : supervision, conservation des données, acquisition de fonds, ressources, conception, méthodologie, enquête, relectures et révisions.
Le contenu et les opinions exprimées dans cet article sont ceux des auteurs et ne reflètent pas nécessairement ceux du gouvernement du Canada.
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