Épisode 18 : L’éducation en prison
Environ 75 % des personnes qui sont admises dans une prison fédérale n’ont pas de diplôme d’études secondaires ou l’équivalent. Le SCC offre différents programmes d’éducation conçus pour aider les délinquants à acquérir les compétences nécessaires à une réinsertion sociale réussie. Du programme de formation de base des adultes (1ère à 12e année ou secondaire), aux programmes adaptés pour ceux ayant des besoins d’apprentissage particuliers, les initiatives du SCC visent à améliorer la littératie, la cognition sociale, la résolution de problèmes et l’employabilité.
Dans cet épisode, nous explorons comment l’éducation transforme des vies au sein des établissements correctionnels fédéraux du Canada. Nous discutons avec une enseignante de son travail, ainsi qu’avec un de ses élèves de l’impact positif que l’éducation a eu sur sa vie. Découvrez dans cet épisode comment l’éducation contribue à la réhabilitation, mais aussi à des collectivités plus sécuritaires et à une réduction de la récidive.
Durée : 19:40
Publié : 3 octobre 2025
Animatrice : Véronique Rioux
Invités :
- Caroline, une enseignante à l'Établissement de Cowansville
- Jean-Michel, détenu
Épisode 18 : L’éducation en prison
Véronique : Environ 75% des personnes qui sont admises dans une prison fédérale n'ont pas de diplôme d'études secondaires où l'équivalent. Derrière les murs des établissements correctionnels. L'éducation va bien au-delà des manuels et des salles de classe. C'est un outil puissant de transformation. En fait, l'éducation peut grandement améliorer les chances de réinsertion sociale d'un délinquant. Qu'il s'agisse d'alphabétisation, de base, de l'obtention d'un diplôme, d'études secondaires ou de formation professionnelle ces programmes aident les personnes incarcérées à acquérir les compétences et la confiance nécessaire pour changer leur vie.
Pour l'épisode d'aujourd'hui d'Au-delà des prisons, j'ai eu la chance de rencontrer Caroline, une enseignante à l'Établissement de Cowansville et Jean-Michel, un de ses élèves. Nous avons parlé du travail des enseignants en milieu carcéral et de l'influence positive qu'ils exercent sur leurs étudiants. Je suis votre animatrice Véronique Rioux et bienvenue à un nouvel épisode d'Au-delà des prisons. Donc je vais commencer avec vous. Caroline, ça fait combien de temps vous enseignez?Caroline : Ça fait 15, 16 ans je dirais. J'ai jamais enseigné au secteur jeune, moi la première le premier emploi que j'ai eu comme enseignante, c'est ici. J'avais pas que c'est un milieu qui existait, j'avais envoyé mon CV à l'éducation des adultes, puis c'est le pénitencier qui m'a rappelé.
Véronique : OK.
Caroline : Ça fait quand même longtemps.
Véronique : Puis, vous avez toujours travaillé à l'Établissement de Cowansville ici.
Caroline : Il y a un moment, nous, on marche par liste de rappels, fait que j'étais la plus jeune enseignante, donc j'ai dû quitter pendant 2 ans. J'ai été conseillère pédagogique, mais globalement, je suis restée ici depuis le début de ma carrière.
Véronique : Parfait. Donc tantôt on a eu la chance de visiter l'école. Il y a plusieurs secteurs-là il y a un secteur pour l'école secondaire, il y a un secteur pour le cégep. Pouvez-vous juste nous nous nous expliquer un petit peu nous nous illustrer ça a l'air de quoi ? Parce que c'est vraiment c'est des édifices qui sont dédiés à l'école ici.
Caroline : Fait que dans le fond, les classes ce sont des classes à aire ouverte, fait qu'on voit les élèves des autres, on voit nos collègues, puis chaque petite section est une matière différente. Donc moi j'enseigne à côté d'une collègue de français et j'enseigne aussi à côté d'un collègue de mathématiques. Moi, j'enseigne les mathématiques aussi. Fait que finalement, dans l'école, on voit tout le monde qui est là pour apprendre, puis tout le monde qui est là pour enseigner.
Véronique : Puis il y a combien de personnes qui sont inscrites à l'école ici?
Caroline : Je te dirais que ça roule entre une centaine, puis on a déjà atteint aussi 140. Fait que c'est des élèves qui sont multi-niveaux, fait qu'on a des gens en présecondaire, on a des gens qui courent après des optionnels pour aller au cégep fait que ça fait une clientèle quand même variée, mais on a beaucoup d'élèves, puis beaucoup de belles réussites à notre actif à chaque année.
Véronique : Donc l'éducation, c'est un prérequis au Service correctionnel dans le cadre du plan correctionnel pour le pour les études secondaires. Donc ça fait que c'est, j'imagine, un programme qui est plus achalandé. Est-ce que c'est obligatoire d'aller à l'école?
Caroline : Oui, dans le fond, tous les détenus ici doivent avoir leur secondaire 5 ou quelque chose d'équivalent. Donc quand le détenu vient pas à l'école, bien il y a des pénalités sur sa paye fait que ça fait en sorte que la motivation est variable. Il y en a qui viennent pour ça alors qu'il y en a qui viennent vraiment pour les apprentissages. Puis nous, on le sent au niveau de la motivation qu'est-ce qui motive l'élève à être devant nous?
Mais en bout de ligne, on est assez rigoureux sur la l'importance d'être à l'école tous les jours fait qu'en réalité, nous, si l'élève est pas là, on court après, puis on le responsabilise aussi fait que finalement, venir à l'école, oui, c'est obligatoire, mais en même temps, ça fait un cheminement personnel pour l'élève qui est devant nous.Véronique : Puis vous, Jean Michel, vous êtes à l'école en ce moment, pouvez-vous nous parler un petit peu de votre parcours? Donc quand vous êtes arrivés, vous étiez à quel niveau de scolarité puis un petit peu votre parcours là depuis que vous avez commencé à étudier ici.
Jean-Michel : OK bien moi quand je suis arrivé à Cowansville, c'est en 2017, j'étais vraiment pas éduqué, vraiment, j'étais à la base là, comme côté français, j'étais primaire, puis mathématiques, j'étais début secondaire 2, là environ fait que c'était vraiment la base de l'éducation.
Mais là, présentement, j'ai gradué les diplômes de secondaire, puis il me reste 2 cours pour ma technique en sciences humaines au cégep.Véronique : Donc c'est quelque chose que vous suivez les cours de cégep ici?
Jean-Michel : Oui
Véronique : Ici à l’établissement.
Jean-Michel : Présentement, on est le cégep est associé avec Marie-Victorin. La formation collégiale que je fais présentement, c'est au début, je trouvais ça un peu, comment je peux dire ça, je trouvais ça un peu que ça allait un peu à nulle part, je me mettais dans ma tête, Ah, c'est juste sciences humaines, mais après ça, plus que je commençais à pratiquer la psychologie, le français plus enrichi toute la sociologie, l'anthropologie fait que là ça te fait ouvrir des yeux sur bien des affaires, puis ça te fait découvrir, ça te fait vouloir juste apprendre plus. Bien en tout cas, dans mon cas, ça m'a fait aimer l'éducation encore plus, puis me donner le goût d'apprendre plus.
Caroline : Puis je pense que ce qui est intéressant à suivre les sciences humaines au cégep, c'est que là il y a quelques élèves après qui veulent aller faire un autre programme fait que si ils arrivent dans un autre programme, bien ils ont déjà toutes leurs cours de base de fait, l'expérience de cégep fait que pour eux ça devient facilitant. S'ils font un 2e programme fait que c'est ce que ce que j'encourage aussi les élèves à faire. Puis il y a aussi des élèves qui en même temps de faire leur cégep, viennent chercher des préalables pour d'autres programmes. Fait que des élèves qui ont leur secondaire 5 mais qui viennent faire les maths, SN, sciences naturelles pour aller dans un programme plus spécifique par la suite.
Jean-Michel : C'est un plus. Mais en même temps, la science humaine aussi, c'est ça le dit avec l'humain, la communication, tu sais fait que tu apprends, tu apprends à connaître les, tu apprends à connaître les différentes cultures, tu apprends à connaître comment interagir avec le monde, tu apprends à bien communiquer, tu sais fait que ça te fait analyser des ça te fait analyser des situations différentes.
Véronique : Mais ça amène d'autres acquis aussi tu sais, c'est de l'académique, mais aussi d'apprendre sur le comportement humain aussi dans le fond, comment les gens interagissent.
Jean-Michel : Et j’ai appris beaucoup sur moi parce que en apprenant ce comportement-là, tu réalises que. OK finalement peut-être c'est pour ça. Tu sais si tu commences à réaliser des problèmes que j'avais peut-être c'est à cause de certains affaires, puis là tu commences fait que là en apprenant sur toi, bien ça donne des outils pour travailler pour t'améliorer puis apprendre mieux. Tu sais apprendre mieux à te connaître là.
Véronique : Puis vous comme enseignante, comment est-ce que vous facilitez l'éducation dans un dans un cadre comme celui-ci parce qu'on s'entend que c'est différent de l'école, bon normale, là il y a, il y a une routine qui est très structurée, sinon comment est-ce que vous facilitez l’enseignement?
Caroline : Tu sais, l'élève vient à l'école, il a besoin d'interactions positives avec d'autres membres, puis l'école on est là pour ça. L'école on est comme aussi une bulle autre. Tu sais, dans les faits, moi je suis pas employée du Service correctionnel, je suis vraiment employée de du centre de service scolaire. Fait que moi mon travail c'est d'enseigner avec des adultes qui ont besoin de moi, fait que en ayant cette idée-là en tête, on offre des services un peu plus personnalisés à la personne qu'on a devant nous. Tu sais on parlait tantôt de d'environnement, tu peux prendre une petite pause quand t'es saturé. Normal qu'un retour à l'école ce soit difficile sur le cerveau, il commence à réapprendre. Puis c'est pas évident fait que nous, on le comprend de plus en plus. Puis on a aménagé tout plein d'endroits dans l'école qui permettent à l'élève justement de décrocher.
On a des petites chaises berçantes, des belles bibliothèques qui peuvent se prendre un roman, des bandes dessinées, etcetera. Puis on a aussi beaucoup de manipulation à faire en classe, en mathématiques entre autres. On manipule les mathématiques, fait que ça, ça fait bouger les élèves. On a aussi de l'aménagement, des bancs, des bancs sur lesquels les élèves peuvent bouger, un peu comme dans les classes, les classes régulières au secteur jeune. Si on est là nous pour les aider et non pour être la discipline.Véronique : C'est un bel espace aussi comme je dis, on a visité tantôt, là c'est vraiment les plafonds sont hauts, c'est des anciens gymnases ou dortoir, c'est un environnement qui est propice à l'apprentissage là, donc.
Jean-Michel : C'est plus humain.
Véronique : Oui, ça vous sort de votre cadre habituel. Puis vous avez des élèves de tous les âges, de tous les niveaux de scolarité. Ça aussi ça doit être un défi pour vous au niveau de l'éducation.
Caroline : C'est comme l'enseignement des adultes. En réalité, les gens, les élèves devant nous sont en modulaire fait que je peux avoir devant moi des élèves de secondaire 1 comme de secondaire 5, mais l'important c'est que moi je sais ou chacun est rendu. Puis c'est un des avantages aussi parce que ça permet d'avancer au rythme de l'élève fait que si l'élève a plus de difficultés, c'est pas grave, il ralentit pas un groupe fait que dans le fond, l'enseignant peut se concentrer sur les forces et les faiblesses de chacun, fait que ça c'est une force, puis maintenant, on essaie un peu de se spécialiser les classes là fait que, en ce moment, moi j'enseigne surtout le secondaire 3, 4, 5, fait que ça fait que je peux cibler les notions qui sont plus difficiles. Puis j'arrive même à intégrer des travaux que les élèves vont faire ensemble. Fait que ça aussi, ça dynamise, ça dynamise le quotidien.
Véronique : OK puis vous Jean-Michel, au niveau de votre routine, pouvez-vous juste me décrire un peu votre journée ? Donc vous vous levez le matin, est ce que vous allez à l'école toute la journée ? Comment ça fonctionne ?
Jean-Michel : Avant oui avant j'avais un horaire temps plein au cégep, j'étais occupé 5 jours semaine là fait que j'avais les cours, je commençais l'école de 09h00 à 11h00, après ça on s'en va dîner à 01h30, on revient de 01h30 à 03h30, après ça la journée d'école est finie. Après ça bien c'est la soirée commence fait que c'est les devoirs, entraînement ou peu importe, sport fait qu'il faut c'est là vraiment l'importance d'avoir un horaire puis d'être vraiment assidu puis à son affaire. Sinon t'as pas assez de temps dans une journée malgré qu'on est incarcéré là le monde y pense, pareil qu'on a rien à faire mais au moindrement t'as un horaire chargé avec l'éducation là c'est pas évident là fait qu'il faut vraiment que tu sois faut vraiment que tu fasses ça pour toi il faut que tu veules, sinon le décrochage est extrêmement facile là. Mais il faut que tu sois organisé, il faut que tu sois à ton affaire. Il faut pas que tu procrastines trop.
Véronique : Vous avez des devoirs le soir à faire?
Jean-Michel : Oui, parce que c'est comme à l'extérieur, c'est un cours. Le professeur, il donne ton cours toute la journée, tu prends tes notes puis le soir bien tu vas faire tes devoirs.
Véronique : Comment vous restez motivé à continuer à aller à l'école faire vos devoirs le soir ? Parce que bon, comme tout le monde, ça nous tente pas toujours de faire des devoirs.
Jean-Michel : Non c'est pas facile, c'est plus que j'avance, plus que je réalise que les avantages que l'éducation que donne que les portes que ça t'ouvre pour tout tu sais que tu réfléchis différemment, tu vois le monde différemment, ton cercle social il tu t'entoures de monde plus éduqué fait que tout, tout est mieux là c'est que du positif fait que moi je me motive avec ça comme ça, mais sinon s'il y a des jours je te dirais que c'est pas facile là.
Véronique : Puis est ce que vous aidez d'autres codétenus peut être à les motiver aussi?
Jean-Michel : Oui beaucoup, beaucoup. Pour ça oui je suis une grande source de motivation pour bien du monde. Là ça m'arrive souvent, puis autant de de aider autant de tutoriat que des fois il y en a dans ma rangée, ils sont moins avancés. C'est pas eux tout le temps au secondaire. Ou au fait, qui ça me fait plaisir d'aller les aider là.
Véronique : Puis Caroline, ça serait quoi les défis principaux que vous avez remarqués, auxquels les détenus font face au niveau de l'éducation ?
Caroline : Bien Jean-Michel parlait de la motivation, ça en est un énorme. Puis il y en a qui ont beaucoup de difficultés scolaires aussi et Jean-Michel, ici, il y avait les capacités, il a fait son DES à chaque année on a une dizaine de DES mais il y en a que c'est pas ça leur objectif fait qu'il faut vraiment y aller pour aider à la motivation qui est le principal facteur là.
Jean-Michel : C'est du cas, c'est vraiment du cas par cas-là faut que tu dises ça fait 20, 30, 40 ans qu'ils ont pas été à l'école là, donc là ils arrivent ici ils sont au primaire, il y en a même qui savent pas lire qui part vraiment de loin, loin, loin, loin. Puis des fois quand tu veux, tu dis ça, puis tu vois le toute qu'est-ce qu'il faut que tu fasses pour te rendre jusqu'à la fin de secondaire c'est long, ça peut faire peur pour certaines personnes. Là tu sais, parce que c'est beaucoup de travail, c'est beaucoup d'années.
Caroline : C'est pour ça que, au quotidien, on souligne chaque succès. Dans mon cas aussitôt qu'un élève passe un examen, bien je le félicite. Puis j'accroche son succès dans ma vitre, j'ai une vitre derrière moi derrière moi fait que c'est pas le DES l'objectif ultime pour chacun, c'est vraiment le petit pas qui va faire qui va le mener à son objectif. Fait qu'on parlait tantôt qu'il y en a qui savent pas lire, pas écrire. Il y en a qui a leur objectif, c'est juste de devenir fonctionnel.
On a des cours d'informatique de base qui sont très riches pour les détenus, les élèves un peu plus âgés. Fait que eux autres ils vont être un peu démunis mais qu'ils sortent fait qu'on les outillent en fonction de ce qu'ils sont au moment où ils arrivent dans notre classe pour leur faire faire des petits pas. Puis la motivation, des fois elle est pas facile parce que tu sais, Jean-Michel le disait tantôt, ça peut arriver que l'établissement soit fermé. Bon fait que un établissement fermé égale pas d'élèves devant nous. Puis des fois il y a des élèves qui ont des deadlines un peu serrés dans le sens que ils sortent dans 5 mois. Ils veulent finir leur secondaire, les séances d'examen, ils courent après fait qu'une une journée que l'établissement est fermé pour certains, ça peut être difficile parce qu'ils savent qu'ils prennent du retard dans l'objectif qu'ils se donnent fait, qu'il faut être prêt, toujours improviser. Mais globalement, les élèves sont, tu sais, sont contents d'être là, puis sont motivés, puis un coup sur place, bien les liens qu'ils créent avec nous, puis entre eux c'est riche aussi pour les aider à rester à l'école.Véronique : Puis c'est intéressant ce que vous dites, parce que c'est comme on disait tantôt, ça va au-delà de l'académie. Tu sais, c'est de c'est d'aider une personne dans son, dans son cheminement, mais c'est aussi d'aider comme vous disiez de de rencontrer les besoins des gens. Où est ce qu'ils sont ? Donc quelqu'un qui sait pas lire, d'apprendre à lire pendant qu'ils sont ici, puis d'être capable de lire des noms de rues par exemple, ou d'être capable de lire un menu au restaurant ou les nouvelles.
Jean-Michel : Juste un journal.
Véronique : Donc tu sais, ça va au-delà d'avoir un diplôme d'études secondaires. Puis c'est vraiment d'apprendre la base, la base dans le fond de la vie quotidienne. Comment est-ce que l'éducation aide la possibilité des perspectives d'emploi après la libération.
Caroline : Bien la perspective d'emploi c'est sûr que si tu as des diplômes, ça va aider. Puis l'école, mine de rien, ça responsabilise aussi. On parlait tantôt que le cégep, c'est un peu plus libre en fonction de l'aire de cours, mais au secondaire, l'élève doit être là à tous les matins, ponctuel, assidu, travaillant. Fait qu'on parle pas juste du diplôme ici, on parle vraiment du responsabilisation.
Jean-Michel : Responsabilisation.
Caroline : Tu es là, puis oui, ce matin tu étais en retard et on va essayer de faire mieux demain parce que quand tu vas avoir un emploi à l'extérieur, ton employeur va te demander d'être là à l'heure. Puis on a aussi, tu sais évidemment le respect. Ça, c'est 2 choses qu'on focalise beaucoup, responsabilisation et respect qui sont des clés pour quand ils vont sortir aussi. Là tu sais, on parlait de tu sais de relations humaines, bien relations humaines, tu vas en avoir quand tu vas arriver sur le marché du travail.
Véronique : Avec tes collègues, avec tes superviseurs. Donc c'est un petit peu ce que vous leur apprenez aussi dans le cadre de l'école?
Caroline : Tout à fait. Parce que tu sais, oui, on est l'enseignant, mais on est l'autorité aussi. Tu sais, c'est à nous qui se rapporte. Fait que tout ça, c'est des attitudes qu'ils vont pouvoir récupérer quand ils vont arriver sur le marché du travail. En plus de dire regarde maintenant j'ai un diplôme d'études secondaires, fait que ça, ça va ouvrir quand même quelques portes. Puis pour certains, on les pousse vers des choix un peu plus loin aussi.
Fait que il y a aussi un service qu'on a en partenariat, le service d'accompagnement en milieu scolaire. Ça c'est une ressource qui vient ici de l'extérieur qui aide les futurs bien les futurs élèves qui sortent fait que les ces élèves là ils sont à l'école actuellement mais ils ont des projets après fait qu'ils veulent s'inscrire dans une technique précise. Pas toujours facile de pouvoir envoyer des documents puis se préparer à une inscription scolaire quand ils sont en incarcérés comme ça fait que cette ressource là vient une fois par semaine pour les aider à cette inscription. Là fait que dans la dernière année on a quand même plusieurs élèves qui terminaient avec nous puis qui sont allés s'inscrire dans un programme spécifique à leur sortie, fait que non seulement ils ont eu leur DES mais en plus ils s'en vont dans une formation précise.Véronique : Puis qu'est-ce que ça représente pour vous de pouvoir étudier pendant que vous êtes incarcérés?
Jean-Michel : Moi pour moi ça a vraiment changé beaucoup, ça c'est une chance. C'est une chance pour moi d'avoir pu m'éduquer, mais tout, qu'est-ce que ça a changé ça, ça, ça a changé beaucoup. Là tu sais, ça m'a donné des meilleurs outils, ça m'a donné une meilleure estime de soi, beaucoup plus que tu réussis, plus que tu sais, c'est ravalisant, plus que c'est un estime de soi incroyable. Puis là ça te fait faire des ça te fait approcher du monde que t'aurais pas approché sans l'estime que t'as eu de l'éducation tu sais. Puis c'est puis ça te donne justement comme une meilleure analyse sur qu'est ce qui est bon puis pas bon. Parce que là t'es capable de prendre le temps de réfléchir est-ce que ça vaut la peine de faire ça ou pas? Ou t'es capable de prendre les pour et les contre plus grâce à l'éducation que t'as eu fait que t'as une meilleure analyse, un meilleur cercle social, le monde sont plus tentés à à s'approcher de toi. Tu sais plus que tu es éduquer, tu parles mieux, tu es plus poli, tu es mieux.
Véronique : Avoir des meilleures relations j’imagine.
Jean-Michel : Justement, d'avoir des meilleures relations sociales, tu sais.
Véronique : Puis vos plans, donc là vous êtes au cégep, c'est quoi vos plans pour les prochains mois, les prochaines années?
Jean-Michel : Les prochains mois ça, c'est vraiment de finir complètement ma, mon, mon cégep en sciences humaines. Là, il faut pour ça faut que je réussisse mon épreuve d'une forme de français qui est extrêmement pas facile.
Mais sinon par après, ça serait le minimum d'ici 2 à 3 ans, puis d'ici là au minimum de continuer les études à l'université.Véronique : OK, puis Caroline, avant qu'on termine, j'aimerais savoir qu'est-ce que vous aimez de votre travail?
Caroline : De pouvoir aider dans le fond, les adultes qui sont devant moi, ils ont des parcours plus souvent qu'autrement très difficiles. Fait que de pouvoir dire que je fais une différence dans la vie de ces gens-là, pour nous, pour moi, pour l'équipe de l'école, c'est vraiment ça qui fait la différence. C'est un milieu de vie que j'ai choisi pour ça. Ces gens-là ont besoin de nous, puis on est capable de de tisser des liens avec eux pour leur montrer que la vie peut être belle, peut être bonne.
Fait que juste le fait d'être capable de dire que je sens que lui j'ai fait une différence dans son quotidien puis peut être dans son futur. C'est ça là qui qui est gratifiant dans notre métier.Jean-Michel : C'est plus qu'une différence, c'est vraiment changer la vie de la personne. Tu sais c'est vraiment de nous réaligner sur le marché du travail, puis sur de vraiment devenir un un citoyen peut être pas modèle mais devenir vraiment sur la bonne voie puis nous donner les outils là.
Caroline : Vous aider à prendre des bonnes décisions pour votre future.
Jean-Michel : Exactement.
Caroline : Puis tu sais on le voit là la fierté quand il y a accomplisse que ce soit un examen ou tu sais une étape plus de plus grande là finir mon secondaire 3 finir mon secondaire 4 on voit cette espèce de fierté là puis souvent on suppose qu'ils ont peut-être pas eu l'encouragement nécessaire pour se rendre là.
Jean-Michel : Bien c'est ça, exactement faut que tu dises que en général toute notre vie, si on on, on est le style de monde qu'on s'est fait rabaisser, puis refuser, puis si on n'a jamais rien vraiment réussi, de quoi de positif puis gratifiant, tu sais. Puis là on a la chance d'avoir un diplôme. Que ça soit primaire, secondaire, cégep pour certaines personnes, c'est incroyable, c'est bon là même pour moi là, quand j'ai eu mon diplôme secondaire, là c'était le sourire jusqu'en haut, là tu sais c'est vraiment une fierté là, puis là t'appelles ta famille, tout le monde est fier.
Véronique : C'est un gros accomplissement.
Jean-Michel : Ben oui, ben oui.
Véronique : Mais je pense Caroline c'est mission accomplie pour vous. C'est clair que vous avez une influence super positive puis que votre travail a un impact dans la vie des gens avec qui vous travaillez. Donc ben merci beaucoup.
Caroline : merci à toi là.
Jean-Michel : Merci.
Véronique : C'est tout pour l'épisode d'aujourd'hui. Un grand merci à nos invités d'avoir partagé leur expérience avec nous.
Cette émission a été produite par le Service correctionnel du Canada et je suis votre animatrice, Véronique Rioux. Merci d'avoir été à l'écoute.Contactez-nous
Si vous avez des commentaires sur notre série de balados, n'hésitez pas à nous en faire part. Veuillez ne pas inclure d'informations personnelles ou privées. Envoyez-nous un courriel à l'adresse ci-dessous :

