Visages du SCC : Dave St. Onge
le 24 mai 2024
« C’est un aspect de notre culture que la plupart des gens n’ont pas la chance de voir, mais ici, ils peuvent y jeter un coup d’œil. Ça ne se résume pas au crime et à la punition; c’est aussi l’art et la culture. Les œuvres d’art populaire que réalise la population de délinquants sont étonnantes dans certains cas. »
Dave St. Onge s’est toujours intéressé à l’histoire. À l’âge de 14 ans, il faisait du bénévolat au Musée maritime des Grands Lacs. En 1981, il a obtenu son premier emploi rémunéré au Fort Henry à titre d’auxiliaire de musée. En 1984, juste après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, Dave s’est trouvé un emploi d’été au Musée du Service canadien des pénitenciers. Comme il avait le projet de faire des études de baccalauréat en histoire à l’Université Queen’s, c’était un emploi de rêve.
Dave St. Onge, Historien/conservateur, Musée pénitentiaire du Canada, Kingston, Ontario
À l’époque, le musée pénitentiaire était situé dans une remise en pierre au Collège du personnel de correction. En 1985, à l’occasion du 150e anniversaire du Pénitencier de Kingston, le musée a été relocalisé à Cedarhedge, la grande maison en pierre située face à la prison de l’autre côté de la rue, qui était jadis la demeure du directeur du pénitencier.
Dave se souvient des premières années du musée, quand les visites se faisaient seulement sur rendez-vous. « Nous disposions de deux pièces au rez-de-chaussée pour les expositions. Les autres pièces de l’étage servaient de bureaux administratifs pour le Pénitencier de Kingston, et l’une d’entre elles était le bureau du directeur », raconte-t-il.
En 1973, on a décidé que le musée de Kingston deviendrait le musée national. Le Musée du Pénitencier de Dorchester au Nouveau‑Brunswick a donc fermé ses portes et envoyé plus de 100 artefacts. Comme c’est le cas dans la plupart des musées, la majorité des artefacts sont restés entreposés jusqu’au début des années 2000, moment où les expositions sont devenues assez substantielles pour occuper le rez-de-chaussée et le premier étage au complet. Dans les salles d’exposition, on peut voir des uniformes d’agents correctionnels et de délinquants, des insignes, du matériel de contrainte et de punition, des objets interdits, des accessoires facilitant l’évasion, des œuvres d’art réalisées par des délinquants, ainsi que des armes improvisées fabriquées par des détenus.
Dave explique que des articles provenant d’établissements de partout au pays continuent de faire grossir la collection du musée.
« Les objets nous sont souvent envoyés par le personnel des établissements », explique Dave. « Ils en trouvent quand ils font le ménage des entrepôts. Dans certains cas, ce sont des objets récemment confisqués qui nous sont envoyés une fois l’enquête terminée. Souvent, quand on juge qu’un objet est unique, on nous le fait parvenir. En fait, il en est question au paragraphe 22c de la Directive du commissaire 568-5 concernant l’aliénation des objets saisis. Les objets que l’on juge uniques peuvent nous être offerts. »
Certains artefacts proviennent de patrimoines. Quand un agent chevronné décède, il arrive que sa famille ne veuille plus des souvenirs qu’il avait gardés. Les Amis du musée ont un budget, obtenu grâce aux dons et aux prix d’entrée, pour acheter des articles sur le marché libre.
« Nous venons d’obtenir deux objets extrêmement rares », dit Dave. « Le premier est un bouton provenant d’un uniforme du Pénitencier d’Halifax qui date d’avant l’année 1880. Le deuxième est un insigne de coiffure du Pénitencier du Manitoba. L’objet faisait partie d’une collection située sur l’île de Vancouver. On croit qu’il appartenait au sous-directeur D.D. Burke, et qu’il daterait des années 1880. Burke a quitté le Pénitencier du Manitoba en 1893 pour aller au Pénitencier de la Colombie‑Britannique, où il a terminé sa carrière. »
Il y a aussi des artefacts modernes, qui sont des fragments d’histoire en devenir.
« Nous venons de recevoir un drone de l’Établissement de Collins Bay et un sac à dos de pigeon de l’Établissement du Pacifique », raconte Dave. « À présent, nous avons donc des exemples très récents de méthodes utilisées pour faire entrer des objets clandestinement dans un établissement, l’une à haute technologie, et l’autre rudimentaire. »
Le musée est ouvert sept jours sur sept, de mai à octobre, et le prix d’entrée est un don. L’année dernière, 31 000 visiteurs sont venus contempler sa collection d’artefacts uniques. Au cours des 25 dernières années, le musée a accueilli plus de 679 000 visiteurs. Le musée a reçu à deux reprises le prix d’excellence de l’hôtellerie et du tourisme décerné par la Chambre de commerce de la région du Grand Kingston, soit en 2002 et en 2022.
La réussite du musée est due en grande partie au dévouement de Dave et à son amour pour l’histoire.
Au bout de quarante ans, il affirme que « même après tout ce temps, j’en apprends encore sur notre histoire et je découvre des récits étonnants qui peuvent être déchirants et tragiques comme ils peuvent être victorieux, mais qui sont toujours fascinants ».
Pour lire d’autres récits sur le Musée pénitentiaire du Canada, visitez la page Cedarhedge fête ses 150 ans - Canada.ca. Cet été, nous animerons un balado au sujet du musée, qui célèbre son 60e anniversaire. Restez à l’affût!
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