Stratégie holistique Anijaarniq ciblant les Inuit (revitalisée en 2022)

Introduction

L’une des priorités organisationnelles du Service correctionnel du Canada (SCC) est d’offrir des interventions efficaces et adaptées à la culture des délinquants autochtones, notamment les délinquants issus des Premières Nations et les délinquants InuitNote de bas de page 1  et Métis, pour faciliter leur réinsertion sociale. Le SCC reconnaît que les délinquants autochtones ont leurs propres besoins culturels et spirituels dont il faut tenir compte pour favoriser leur réhabilitation. Par ailleurs, le SCC reconnaît également les besoins culturels et spirituels propres aux délinquants Inuit, fondés sur une histoire sociale, une géographie, des cérémonies et une langue uniques, et des consultations tenues en 2013 auprès d’intervenants et de travailleurs Inuit du Service ont mené à la création de la Stratégie holistique Anijaarniq ciblant les Inuit.

En inuktitut, « Anijaarniq » désigne une pratique matinale traditionnelle au cours de laquelle les Inuit prennent le temps d’observer le temps, le vent et les étoiles pour planifier la journée à venir.Note de bas de page 2  L’importance culturelle de ce mot et sa signification font partie intégrante de la vision et des principes de cette stratégie qui vise à soutenir la réhabilitation et la réinsertion des délinquants Inuit au sein de leur collectivité du Nord, communément appelée Inuit Nunangat.

Stratégie holistique Anijaarniq ciblant les Inuit

Stratégie holistique Anijaarniq ciblant les Inuit

Image d’un tambour Inuit avec une poignée; dans le cercle du tambour se trouvent quatre quadrants de couleur différente pour chacun des quatre principes de la stratégie Anijaarniq. Dans le quadrant du premier principe, il se trouve une animation d’une maman ourse polaire avec son ourson. Il est inscrit « Délinquants Inuit dans l’Inuit Nunangat » . Dans le quadrant du deuxième principe, il se trouve une animation de trois mains. Il est inscrit « Défini en collaboration ». Dans le quadrant du troisième principe, il se trouve une animation de lampe à l’huile Inuit, un « qulliq . Il est inscrit « Continuum de soins pour les Inuit ». Dans le quadrant du quatrième principe, il se trouve une poignée de main. Une des mains porte des tatouages Inuit et un bracelet en peau de phoque. Il y est inscrit « Partenariats fructueux ». Au centre du tambour, où convergent les quatre quadrants, il se trouve une photo d’une aurore boréale. 

Stratégie holistique Anijaarniq destinée aux délinquants Inuit - histoire et intention derrière les images

Aperçu : L’image de la stratégie holistique Anijaarniq destinée aux délinquants Inuit représente et honore la vision de la stratégie, selon laquelle les Inuit purgeant une peine de ressort fédéral bénéficient du soutien et des ressources dont ils ont besoin pour retourner dans leurs collectivités et y demeurer en tant que membres contribuant au bien-être de leur famille et de la société. Cette image a été conçue en consultation avec les membres autochtones de la Direction des initiatives pour les Autochtones du SCC, et s’harmonise avec le guide de conception graphique de l’Organisation des affaires du Nord « L’image de marque pour le Nord et l’Arctique », ainsi qu’avec le guide linguistique « Les mots comptent » de Services aux Autochtones Canada. Chaque élément contenu dans l’image centrale du tambour Inuit, ainsi que le tambour lui-même, a été soigneusement sélectionné dans un but précis et intentionnellement, en lien avec les quatre principes de la stratégie.

Le tambour : Le tambour Inuit a été choisi comme image principale de la stratégie Anijaarniq. Traditionnellement, les hommes Inuit participent à la danse du tambour avec le tambour Inuit lors de célébrations et de cérémonies; cependant, aujourd’hui, les hommes et les femmes Inuit sont reconnus pour jouer de cet instrument et participer à la danse. On peut voir les caractéristiques dominantes du tambour Inuit, comme le cadre rond en bois, la peau (ou le tissu moderne en coton) étirée et allongée à l’extérieur du cadre, et la poignée en bois. Cette image a été choisie comme symbole principal de la stratégie en raison de son histoire et de sa valeur actuelle dans la culture Inuit, et aussi parce qu’il s’agit d’un cercle qui démontre un continuum. La croissance, le changement et la guérison ne sont pas souvent linéaires, mais prennent plutôt forme sur un continuum. Par conséquent, cette image était appropriée pour symboliser la Stratégie, puisque le SCC cherche à appuyer les Inuit purgeant une peine de ressort fédéral dans un cheminement de guérison et à les aider à retourner dans leurs collectivités et à y demeurer en tant que membres contribuant au bien-être de leur famille et de la société.

L’ourse polaire et son ourson : Choisis comme représentation visuelle du premier principe : « Les délinquants Inuit qui le souhaitent et qui le peuvent devraient être logés et surveillés dans leur collectivité d’origine », l’ours polaire et son ourson représentent la famille, la résilience et la maîtrise de la survie dans l’un des climats les plus inhospitaliers. Depuis des temps immémoriaux, les Inuit comptent sur de solides liens familiaux pour former une société saine, une société qui a renforcé la lutte pour la survie et qui a construit la résilience dans l’ensemble de l’Inuit Nunangat (territoire Inuit). Comme le principe veut que les Inuit soient logés et fassent l’objet d’une surveillance dans leur collectivité d’origine, des collectivités qui comptent sur leur famille et qui ont développé une résilience face à de nombreux défis, l’ourse polaire et son ourson sont un symbole approprié.

Les trois mains : Choisis comme représentation visuelle du deuxième principe : « Le Continuum de soins pour les Inuit doit réduire les risques que présente le délinquant et répondre à ses besoins pour favoriser la réussite de la réinsertion sociale », l’image des trois mains représente l’autodétermination, la réconciliation et les relations mutuellement respectueuses entre les peuples autochtones et non-autochtones, ce qui englobe le partenariat entre les collectivités du Nord et le SCC.

Le qulliq : Choisi comme représentation visuelle du troisième principe : « Le Continuum de soins pour les Inuit doit réduire les risques que présente le délinquant et répondre à ses besoins pour favoriser la réussite de la réinsertion sociale », le qulliq est une lampe à l’huile traditionnelle créée et utilisée par les Inuit. Il s’agissait d’un outil essentiel à la survie des Inuit, servant de source de chaleur, de lumière et d’outil de cuisson pour la nourriture. Aujourd’hui, un qulliq peut être allumé par un Aîné lors d’une cérémonie ou d’un autre événement important, alors que traditionnellement, le qulliq était utilisé principalement par les femmes à la maison et par les hommes pendant la chasse et la pêche sur le territoire. Cette image a été choisie pour le troisième principe parce que le qulliq répondait aux besoins uniques des Inuit dans le passé, et le continuum de soins est conçu pour répondre aux besoins uniques des Inuit purgeant une peine de ressort fédéral aujourd’hui.

La poignée de main : Choisie comme représentation visuelle du quatrième principe : « Des partenariats fructueux pour tous les domaines d’intervention sont essentiels à la réussite de la Stratégie holistique Anijaarniq ciblant les Inuit », la poignée de main a du sens pour démontrer l’importance de partenariats fructueux dans toutes les sphères. Cependant, le processus de consultation a généré une idée d’inclusion et de représentation de la culture Inuit, ce qui a mené à l’ajout de tatouages Inuit traditionnels et d’un bracelet en peau de phoque sur l’une des mains. Un changement subtil, mais puissant, ces embellissements démontrent avec force que des partenariats fructueux avec les Inuit et d’autres intervenants sont essentiels au succès de cette stratégie.

L’aurore boréale : L’aurore boréale a été choisie pour être au centre de l’image. Il s’agissait à l’origine d’un choix créatif suggéré par le guide Image de marque pour le Nord et l’Arctique pour représenter les liens avec les ancêtres, mais il a été décidé plus tard que cette image avait une signification plus profonde pour cette stratégie en raison de son nom, « Anijaarniq ». Le terme Anijaarniq renvoie à la pratique Inuit traditionnelle consistant à observer la météo, le vent, le ciel et les étoiles pour planifier le lendemain. De la même façon que cette pratique traditionnelle permettait l’observation et la planification à l’avance, cette stratégie a permis de déterminer la voie à suivre pour les services correctionnels pour Inuit et le SCC continuera de suivre cette voie.

Vision

La vision fondamentale de la Stratégie est la suivante : Les Inuit bénéficient du soutien et des ressources dont ils ont besoin pour retourner dans leur collectivité et y demeurer en tant que membres contribuant au bien-être de leur famille et de la société. Chacun des quatre principes fondateurs ci-dessous fait ressortir l’importance de travailler de concert avec les Inuit pour assurer la réinsertion sociale des Inuit incarcérés dans les établissements fédéraux.

Principes fondamentaux, résultats attendus et problématiques

Principe 1 : Les délinquants Inuit qui le souhaitent et qui le peuvent devraient être logés et surveillés dans leur collectivité d’origine.

Le SCC poursuit ses efforts pour favoriser la réinsertion sociale des délinquants Inuit et faciliter leur retour dans l’Inuit Nunangat. Cette démarche a été facilitée par des mises en liberté au sein de collectivités autochtones, un processus inscrit dans l’article 84 (art. 84) de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Concrètement, l’article 84 prévoit que les collectivités autochtones peuvent participer activement à la planification de la mise en liberté d’un délinquant qui est membre de leur collectivité. Ce processus est soutenu par des travailleurs Inuit et autochtones, et notamment par des Aînés, des agents de liaison autochtones, des agents de liaison autochtones dans la collectivité et des agents de développement auprès de la collectivité autochtone, dans le cadre du Continuum de soins pour les Autochtones. Par des partenariats et des accords d’échange de services (AES), le SCC s’est efforcé d’augmenter la capacité d’hébergement des délinquants dans l’Inuit Nunangat. Par exemple, le SCC a établi un partenariat avec un centre correctionnel provincialNote de bas de page 3 au Labrador pour permettre aux Inuit de terminer leur peine plus près de leur collectivité d’origine.

Bien que le gouvernement du Canada ait conclu des accords relatifs à la détermination de la peine des Inuit incarcérés dans les établissements fédéraux, il existe toujours des lacunes. Selon la Convention de la Baie James et du Nord québécoisNote de bas de page 4 (CBJNQ), les Inuit de cette région doivent être incarcérés dans leur Inuit Nunangat; cependant, la majorité des délinquants Inuit purgent leur peine de ressort fédéral dans le Sud. De plus, bien que l’article 84 favorise le retour des Inuit dans leur collectivité d’origine et que les Inuit incarcérés intéressés par les mises en liberté en vertu de l’article 84 soient plus nombreux que les autres Autochtones en détention (74 % contre 43 % respectivement),Note de bas de page 5  les Inuit obtiennent des mises en liberté en vertu de l’article 84 et des mises en liberté discrétionnaires dans une proportion moindre que les non-Inuit. Au 31 mars 2020, 20 % des délinquants Inuit avaient utilisé le processus prévu à l’article 84 lors de leur première mise en liberté, alors que la même année, 73 % des délinquants autochtones ayant un plan de libération aux termes de l’article 84 avaient obtenu une mise en liberté discrétionnaire au moment de leur première mise en liberté.Note de bas de page 6 À la lumière de ces résultats et par des accords tels que la CBJNQ, le gouvernement s’engage à renforcer les capacités de l’Inuit Nunangat, et le travail du SCC continuera d’être guidé par ces accords. À cette fin, le SCC envisagera d’établir un établissement correctionnel pour les Inuit au sein de l’Inuit Nunangat, et d’augmenter la capacité existante dans l’Inuit Nunangat à héberger les délinquants en liberté conditionnelle.

Principe 2 : Les collectivités du Nord doivent être des partenaires contribuant à façonner la stratégie ciblant les Inuit.

Le SCC s’est engagé à collaborer avec divers partenaires Inuit, y compris des organisations nationales Inuit (ONI) et les gouvernements qui ont signé divers accords sur les revendications territoriales des Inuit, en vue de la prestation d’interventions culturellement appropriées et réparatrices pour les délinquants Inuit dont il a la charge et la garde. Par exemple, le SCC a conclu un AES avec la Société Makivik (située au Nunavik, au Québec) pour la prestation de programmes correctionnels, de services d’Aînés et de soutien à la mise en liberté aux Inuit incarcérés du Nunavik. De plus, le SCC a travaillé avec des ONI à des fins de consultation sur le Programme correctionnel intégré pour les Inuit (PCII), qui a été créé et mis en œuvre pour les Inuit incarcérés dans les établissements fédéraux en 2017.

Cependant, le SCC ne peut à lui seul atteindre les buts et les objectifs de la Stratégie, et doit demander le soutien et les conseils des Inuit. Les Inuit sont les mieux placés pour déterminer les mesures à prendre pour résoudre les problèmes liés à l’incarcération, au rapatriement et à la réhabilitation des délinquants Inuit qui purgent une peine de ressort fédéral. La présente reconnaît le rôle de partenaires que doivent jouer les Inuit dans cette Stratégie – non seulement dans sa création, mais aussi dans sa mise en œuvre.

Principe 3 : Le Continuum de soins pour les Inuit doit réduire les risques que présente le délinquant et répondre à ses besoins pour favoriser la réussite de la réinsertion sociale.

Après la création de la Stratégie en 2013, des centres d’excellence Inuit (CEI) ont été établis dans quatre établissements à sécurité moyenne et minimale des régions de l’Atlantique, du Québec, de l’Ontario et des Prairies. Ces centres permettent aux Inuit incarcérés dans les établissements fédéraux d’avoir accès à des travailleurs Inuit, y compris des Aînés, ainsi qu’à des programmes correctionnels culturellement appropriés et pertinents pour les Inuit, notamment le PCII. Le PCII est un modèle complet de programme correctionnel conçu - après consultation des intervenants Inuit - pour répondre aux besoins particuliers des hommes Inuit sous responsabilité fédérale. Ces CEI disposent également de moyens pour faciliter les vidéoconférences familiales dans les communautés isolées de l’Arctique, ce qui fait partie intégrante de la réinsertion sociale d’un délinquant Inuit.

Bien que les efforts et les initiatives susmentionnés favorisent la réinsertion sociale et la réhabilitation des Inuit incarcérés dans un établissement fédéral, certains Inuit se heurtent à des obstacles pour accéder à des interventions et à des services adaptés à leur culture. En date du 31 mars 2020, 76 Inuit (54 %) se trouvaient dans un CEI, sur un total de 141 Inuit en détention.Note de bas de page 7  Les délinquants qui purgent leur peine dans un établissement autre qu’un CEI peuvent ne pas bénéficier du soutien d’un travailleur Inuit et ne pas avoir accès à des programmes correctionnels propres aux Inuit. De plus, au 31 mars 2022, 15 % des Inuit incarcérés avaient une cote de sécurité maximale (n=21 sur 139 Inuit).Note de bas de page 8  Les délinquants Inuit ayant une cote de sécurité maximale ne peuvent pas être transférés dans un CEI ni participer aux interventions culturellement appropriées d’un CEI, car ces centres sont situés dans des établissements à sécurité moyenne et minimale. Par conséquent, le SCC étudie les moyens de fournir des services et des interventions culturellement appropriés semblables au modèle des CEI aux délinquants Inuit à sécurité maximale.

Principe 4 : Des partenariats fructueux pour tous les domaines d’intervention sont essentiels à la réussite de la Stratégie holistique Anijaarniq ciblant les Inuit.

Le SCC valorise les connaissances traditionnelles et l’expertise culturelle des Aînés et des employés Inuit du SCC. En effet, depuis 2003, le SCC organise chaque année des rassemblements de travailleurs Inuit afin de permettre aux travailleurs de première ligne dans les établissements d’échanger sur les défis, les réussites et les pratiques exemplaires des services correctionnels pour Inuit. Les travailleurs Inuit du SCC ont également joué un rôle essentiel dans la Stratégie, et ont été des partenaires clés tout au long de la consultation, de la création et de la mise en œuvre de la Stratégie. En plus des travailleurs Inuit du SCC, des telles que Pauktuutit Inuit Women of Canada, Tungasuvvingat Inuit et la Société Makivik se sont également associées au gouvernement pour répondre aux besoins des Inuit en détention. En s’appuyant sur le succès de partenariats fructueux avec des travailleurs Inuit, des dirigeants de collectivités Inuit et des ONI, le SCC cherchera des Inuit volontaires et disponibles pour faire partie d’un groupe de travail qui mènera des consultations sur la Stratégie Anijaarniq au cours de l’exercice 2023-2024.

Il est important de reconnaître ces partenariats et l’immense valeur qu’ils apportent aux services correctionnels pour Inuit. Le SCC ne saurait sous-estimer l’importance de la responsabilisation et de l’orientation des intervenants clés de tous les domaines pour soutenir la Stratégie. Le soutien des dirigeants des services correctionnels régionaux et nationaux, des cadres supérieurs et des responsables des services correctionnels, ainsi que les collaborations horizontales externes susmentionnées avec les ONI et les collectivités Inuit sont nécessaires pour répondre aux besoins des Inuit et les voir retourner dans leur collectivité d’origine en tant que membres actifs de leur famille et de la société.

Une voie à suivre 

Les principes fondateurs de la présente stratégie ont été élaborés en consultation avec les Inuit, qui sont les mieux placés pour déterminer les mesures à prendre pour résoudre les problèmes liés à l’incarcération, au rapatriement et à la réhabilitation des délinquants Inuit qui purgent une peine de ressort fédéral. Ainsi, l’hébergement des Inuit purgeant une peine de ressort fédéral dans leur collectivité d’origine, la collaboration avec les communautés du Nord, la prestation d’interventions culturellement appropriées dans le cadre du Continuum de soins pour les Autochtones et l’établissement de partenariats fructueux dans tous les domaines sont les étapes qui guident la réhabilitation de la population Inuit sous la responsabilité du SCC. Anijaarniq - l’observation du temps, du vent et des étoiles pour planifier la journée à venir - a tracé la voie à suivre pour les services correctionnels pour Inuit, et le SCC continuera de suivre cette voie.

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2025-09-19