Examen systématique de la relation entre le jeu compulsif et le système de justice pénale

Faits saillants de la recherche : Les taux de jeu compulsif (JC) sont environ 20 fois plus élevés dans les établissements correctionnels que dans la population générale. Il est essentiel de mieux comprendre les liens entre le jeu et la délinquance pour influencer le cycle du jeu, de l’endettement et de la criminalité.

Numéro : R-481
En vigueur : 2025

ISBN : 978-0-660-75674-5
No. de Cat. : PS83-3/481F-PDF

Remarque: Une version PDF complète peut également être téléchargée à partir du catalogue des publications du gouvernement du Canada.

Format alternatif :

Pourquoi nous avons effectué cette étude

Les personnes ayant des problèmes de jeu compulsif (JC) présentent une gamme de symptômes qui nuisent à leur fonctionnement quotidien et à leurs relations interpersonnelles. Les personnes incarcérées sont celles qui présentent les taux de JC les plus élevés, toutes populations confondues. L’objectif de l’examen était de résumer la documentation actuelle sur le JC et le système de justice pénale et de fournir une compréhension globale de l’état actuel de la recherche. L’examen évalue en outre diverses méthodologies et approches de recherche, et il cerne les constatations divergentes et les domaines dans lesquels des recherches sont nécessaires.

Ce que nous avons fait

Nous avons effectué une recherche documentaire systématique dans de multiples bases de données, ce qui a permis de trouver 90 études évaluées par des pairs et portant sur le JC et les comportements criminels. Les études ont été organisées en 4 thèmes :

  1. les types d’actes illégaux;
  2. les traits, les comportements et les caractéristiques liés au JC;
  3. les populations de personnes initialement arrêtées et de la collectivité;
  4. les populations carcérales.

Le tiers (30) des études incluses dans notre examen portaient sur les comportements de JC et/ou les activités criminelles liées au jeu chez les personnes ayant des problèmes de JC en milieu correctionnel.

Ce que nous avons constaté

Les personnes ayant des problèmes de JC sont surreprésentées dans le système de justice pénale. Quel que soit l’instrument de dépistage du JC utilisé, les populations carcérales présentaient les taux de JC les plus élevés parmi toutes les populations. L’examen a permis de déterminer des taux estimés de prévalence du JC de plus de 30 %, ce qui est nettement supérieur à la prévalence du JC observée dans la population générale, qui est de 2 % à 5 %. De plus, les personnes ayant des problèmes de JC présentent des niveaux élevés de comportements à risque, antisociaux et impulsifs. De tels comportements sont observés dans une plus grande mesure chez les personnes qui adoptent des comportements illégaux liés aux jeux d’argent.

Une gravité accrue des problèmes de JC chez les personnes incarcérées est associée à une plus grande fréquence des crimes lucratifs, par opposition aux crimes violents. Outre les comportements criminels, les préjudices associés au JC comprennent une instabilité en matière d’emploi, une mauvaise santé et un taux de suicide accru, dans une mesure de loin supérieure à ce qu’on observe chez les personnes ayant des troubles liés à l’utilisation de substances.

Des études portant sur des populations de personnes récemment arrêtées démontrent l’importance de mettre en place un programme de dépistage des problèmes de JC dès les premières étapes de l’admission dans le système de justice pénale. Les constatations chez les délinquants juvéniles montrent que le JC est un indicateur précoce de la criminalité.

Étant donné que la plupart des affaires criminelles ne passent pas par toutes les étapes du système correctionnel (c’est‑à‑dire une diminution générale du nombre de cas entre le nombre d’arrestations initiales et celui de condamnations réelles et de peines d’emprisonnement), les indicateurs de certaines activités de jeu peuvent fournir des renseignements supplémentaires. Dans l’ensemble, les données relatives aux personnes récemment arrêtées peuvent mettre plus directement en évidence les crimes liés au jeu au moyen de l’« effet d’entonnoir », c’est‑à‑dire qu’il y a des crimes qui, autrement, ne seraient peut-être pas détectés si l’on se limitait à l’examen de la population carcérale. Le dépistage initial du JC à l’étape de l’admission aurait des répercussions sur les mécanismes de déjudiciarisation et d’intervention, à l’instar de ce qu’on voit pour les troubles liés à l’utilisation de substances. Ces interventions précoces ont le potentiel d’atténuer les comportements de jeu et la participation à des actes criminels.

Enfin, bien que 34 des études incluses dans l’examen aient exploré le JC chez des populations recevant un traitement, peu d’entre elles font état des résultats du traitement et de l’incidence des divers traitements sur les comportements de jeu et la gravité du JC. Les études portant sur la récidive montrent que la présence d’un trouble lié au jeu d’argent pendant l’incarcération et la gravité du jeu au cours de l’année précédente sont liées au risque de récidive, même si on tient compte des antécédents criminels, des traits de contrôle de l’impulsivité et de la toxicomanie.

Ce que cela signifie

Au-delà des estimations de la prévalence, il existe peu de recherches sur les raisons pour lesquelles les populations de délinquants affichent des taux de JC aussi élevés. Les constatations corrélationnelles entre les études suggèrent l’existence de problèmes interdépendants entre le JC, la toxicomanie et la criminalité. Les tendances de JC d’une personne étant un facteur prédictif de récidive, le fait de rendre le traitement obligatoire pendant l’incarcération pourrait réduire la récidive et le fardeau global sur le système de justice pénale (c'est-à-dire les coûts énormes associés aux procédures judiciaires, aux arrestations et à l’incarcération).

Pour de plus amples renseignements

Barkovich, L., A. M. Froude, M. Massey, S. Eskandarian, J. MacKillop, et I. M. Balodis (2025). Examen systématique de la relation entre le jeu compulsif et le système de justice pénale (Rapport de recherche R‑481). Ottawa (Ontario) : Service correctionnel du Canada.

Pour obtenir le rapport complet en version PDF, ou pour tout autre renseignement, veuillez en faire la demande à la Direction de la recherche.

Vous pouvez également visiter la page des Publications de recherche pour obtenir une liste complète des rapports et des sommaires de recherche.

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2025-07-07