Influence changeante de l’idéologie en Chine : analyse des grandes enquêtes

Le président Xi a intensifié la campagne visant à susciter de l’enthousiasme à l’égard de l’idéologie socialiste, facteur essentiel du contrôle exercé par le Parti. Des sondages donnent à penser que l’adhésion au socialisme et la volonté de participer à des programmes d’éducation et d’endoctrinement dépendent de la proximité des structures du pouvoir, du statut économique, de l’âge et du contact avec des informations qui ne sont pas contrôlées par les autorités chinoises. Comme il fallait s’y attendre, les représentants du Parti embrassent le socialisme. Les gens d’affaires et les étudiants ont des opinions plus variées, tandis que les paysans voient dans l’idéologie officielle quelque chose qui est sans rapport avec eux. 

Le contrôle et l’endoctrinement idéologiques sont d’importants outils politiques que le Parti communiste chinois (PCC) utilise pour se maintenir au pouvoir. L’État-parti fournit des efforts considérables pour conserver son contrôle idéologique sur la société chinoise : programmes éducatifs du primaire à l’université, propagande politique dans les médias et activités d’endoctrinement pour les Chinois issus de tous les milieux. Le cadre idéologique repose sur le marxisme, le léninisme, la pensée de Mao, la théorie de Deng Xiaoping, les « trois représentativités », le « concept de développement scientifique » et la pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour la nouvelle ère. D’autres concepts sont également importants dans le discours idéologique chinois : le socialisme aux caractéristiques chinoises, les valeurs socialistes fondamentales, le collectivisme et le sentiment d’un idéal commun (gongtong lixiang).

De l’avis général, le PCC aurait perdu de son influence idéologique en Chine durant la période de réforme amorcée par Deng, d’où une érosion importante de sa légitimité. Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, Xi Jinping a intensifié la promotion du discours idéologique dans toutes les sphères de la société chinoise. En outre, sous sa direction, l’État-parti orchestre une attaque véhémente contre la démocratie et les valeurs occidentales. La présente étude porte sur l’efficacité de l’endoctrinement idéologique de l’État‑parti. À cette fin, nous recensons les principaux résultats de diverses enquêtes et sondages menés par des chercheurs chinois au cours des dernières années auprès de différents groupes, notamment des représentants du Parti et du gouvernement, des professionnels, des paysans, des étudiants universitaires et des propriétaires d’entreprise privée.

Quelques conclusions peuvent être tirées de ces enquêtes. Premièrement, le travail idéologique demeurera une priorité pour le Parti, qui est peu susceptible de diminuer l’intensité de ses efforts de propagande et d’endoctrinement idéologiques dans un avenir prévisible. Dans différents secteurs, respecter le cadre idéologique du Parti se traduit encore par des occasions politiques, des emplois ainsi que des possibilités d’avancement ou de réseautage commercial. Pour ceux qui œuvrent au sein du système et dans certains domaines, soutenir le discours idéologique directeur et y croire, peu importe la sincérité du sentiment, est encore considéré comme une condition d’emploi essentielle. Dans une certaine mesure, ce discours sert toujours de point de référence en matière de rectitude politique dans la société chinoise.

Deuxièmement, l’influence de l’idéologie en Chine est, dans une grande mesure, plutôt superficielle. La plupart des sympathisants de l’idéologie officielle ont seulement tendance à souscrire à des énoncés fourre-tout du genre « le marxisme devrait être l’idéologie directrice de la Chine » et « la Chine devrait continuer d’adhérer au socialisme aux caractéristiques chinoises ». Peu de gens croient véritablement à la teneur du cadre idéologique du pays, à l’exception partielle du groupe des cadres du Parti et du gouvernement. En général, ces représentants tendent à soutenir l’idéologie officielle de manière plus vive et plus sincère que tous les autres groupes de partisans, qui privilégient le pragmatisme et l’utilitarisme et qui font simplement mine de souscrire à l’idéologie officielle afin de favoriser leurs intérêts personnels. 

Troisièmement, il est possible d’observer des obstacles importants à l’efficacité des programmes de propagande. Il existe en effet un vaste écart entre la réalité socioéconomique du pays et les principes de l’idéologie officielle. La disparité grandissante des revenus, la corruption, l’injustice sociale, les abus de pouvoir des institutions gouvernementales et la hausse du prix des maisons viennent contredire la véracité du message idéologique pour la grande majorité des Chinois. La popularité grandissante d’Internet et des divers médias sociaux réduit considérablement l’efficacité des activités d’endoctrinement idéologique. L’accès à des informations de sources étrangères, en particulier de pays occidentaux, vient aussi atténuer l’attrait de l’idéologie officielle.

En bref, la société chinoise voit ses valeurs se diversifier et, dans l’ensemble, se désintéresse des questions idéologiques.  

Représentants de l’État-parti

Dans un premier temps, il y a lieu de se pencher sur les représentants de l’administration chinoise. Une enquête réalisée auprès de 1 300 cadres dans la province d’Anhui révèle des faits intéressants sur l’incidence de l’idéologie parmi les représentants de l’État-parti. Ce groupe comprenait 1 067 membres du Parti, qui occupaient pour la plupart des postes de directeur et de directeur-général. Selon l’enquête, 67 % des répondants avaient consulté des sites Web parrainés par le gouvernement pour y trouver des informations sur les orientations stratégiques et la politique chinoises. La plupart d’entre eux comptaient également sur la télévision centrale chinoise (CCTV), les émissions télévisées locales ainsi que sur les journaux et les revues du Parti pour se tenir au courant de l’actualité. En général, ils ne faisaient guère confiance aux informations venant de sources et de sites Web étrangers accessibles par des réseaux privés virtuels. Manifestement, les grands organes de presse officiels ont toujours une grande incidence sur ce groupe. Fait surprenant, de 20 % à 25 % de ces représentants comptaient aussi sur les médias étrangers pour obtenir de l’information.

Interrogés sur ce qu’ils pensaient des « valeurs universelles », 46 % des répondants ont répondu qu’elles pouvaient être interprétées différemment selon les pays et les sociétés, tandis que 359 répondants en ont nié l’existence. Pour ce qui est des opinions étrangères en ligne critiques à l’égard de la Chine, 35 % estimaient qu’elles s’expliquaient par une propagande inefficace, tandis que 60 % les attribuaient à la jalousie que l’essor de la Chine suscite en Occident. En outre, environ 32 % des répondants ont mentionné que ces opinions découlaient de certaines politiques chinoises inappropriées; 45 % estimaient que la corruption de certains représentants constituait un facteur, tandis que 30 % étaient d’avis que la Chine devait lutter contre les voix critiques des pays occidentaux. D’après l’enquête, près de 80 % des répondants ont indiqué le marxisme comme système de croyances. 

À 79,95 %, les répondants ont qualifié de très intenses et de très graves les luttes idéologiques avec lesquelles la Chine est aux prises, et 58,2 % des répondants ont affirmé que l’infiltration de l’idéologie et des valeurs occidentales les touchait de près ou de très près. Quelque 52 % des répondants ont mentionné que l’infiltration culturelle par des forces occidentales adverses et la menace qu’Internet fait peser sur la sécurité idéologique de la Chine représentaient désormais de graves problèmes pour le pays. Plus de 63 % des répondants ont indiqué que le cyberespace était devenu un champ de bataille important de la lutte idéologique entre la Chine et l’Occident, tandis que 61 % ont convenu que les jeunes étaient la principale cible de ces luttes idéologiques en ligne.

Par ailleurs, 90 % des cadres de ce groupe « soutenaient entièrement » ou « soutenaient » les idéaux, les objectifs, les exigences, les concepts et les mesures stratégiques mis de l’avant par le Parti depuis la tenue, en 2012, de son 18e congrès, notamment « les quatre objectifs globaux », « la modernisation de la gouvernance de l’État », le programme « Une ceinture, une route » et la nouvelle norme économique. De plus, 70 % des répondants estimaient que le rêve chinois allait se réaliser, tandis que 63,3 % et 24 % avaient respectivement confiance ou quelque peu confiance dans le socialisme aux caractéristiques chinoises. Plus de 59 % des répondants appuyaient le régime socialiste et s’en disaient satisfait, tandis que 30,2 % le soutenaient, mais se sentaient quelque peu insatisfaits. 

À 17 %, les répondants se sont dits tout à fait d’accord avec l’énoncé selon lequel les questions de subsistance (éducation, soins médicaux, emploi, logement, pension et assurance sociale) et la corruption étaient plus menaçantes que les luttes idéologiques tandis que 43 % étaient d’accord dans une certaine mesure et que 25 % étaient en désaccord. À l’énoncé selon lequel le prix élevé des maisons dans les villes de premier et de deuxième rangs avaient eu des effets profonds sur les valeurs et les attitudes des gens à l’égard de la richesse, 30 % des répondants se sont dits tout à fait d’accord, tandis qu’environ 43 % se sont dits d’accord dans une certaine mesure. Interrogés sur le principal facteur qui nuit à la réceptivité aux valeurs socialistes fondamentales, 31 % ont répondu « la corruption et l’abus de pouvoir », 24 % « le grand contraste entre la réalité sociale et les valeurs socialistes fondamentales », 16 % « l’inefficacité des programmes éducatifs sur les valeurs socialistes fondamentales » et 15 % « l’insuffisance des mesures prises pour régler les questions de subsistance ».

Manifestement, l’idéologie officielle continue d’avoir une influence assez forte sur ces représentants de l’État-partiNote de bas de page 3  . 

Chefs d’entreprise du secteur privé

Une hypothèse veut que l’idéologie occupe une importance moindre dans le secteur privé que dans d’autres secteurs de la société chinoise. Une enquête réalisée en 2015 sur les attitudes politiques de 278 chefs d’entreprise du secteur privé à Wuhan peut donner un aperçu du degré d’influence idéologique dans ce secteur. Interrogés sur les différences entre le socialisme aux caractéristiques chinoises et le capitalisme, 58,7 % des répondants ont indiqué qu’il existait des différences fondamentales entre les deux systèmes. De plus, 45 % des répondants ont indiqué qu’ils étaient disposés à adhérer au PCC, alors que 31,4 % ont indiqué qu’ils ne l’étaient pas. D’après les données de l’enquête, 51,4 % des répondants ne faisaient partie d’aucune organisation sociale ou politique. Parmi ceux qui faisaient partie d’une organisation de ce genre, 35,5 % étaient affiliés à une fédération syndicale, 25,2 % à une conférence consultative politique du peuple et 8,4 % à une assemblée populaire locale. Selon l’enquête, près de la moitié des chefs d’entreprise qui avaient décidé d’assumer des fonctions de représentant politique avaient été fortement motivés par diverses considérations utilitaires. Ainsi, 25 % voyaient dans ces organisations des canaux pour leurs propres préoccupations commerciales, 16,1 % cherchaient à faire mieux connaître leur entreprise et eux-mêmes et 8,9 % cherchaient des occasions de réseautage avec des dirigeants gouvernementaux et les élites d’autres secteurs. Les résultats de cette enquête laissent aussi entrevoir des différences dans la conception idéologique selon les groupes d’âge. Le contact avec l’étranger avait aussi une importance. En effet, les chefs d’entreprise ayant un contact avec l’étranger tendaient à se montrer moins favorables que les autres à l’idéologie officielle.

Opinions parmi la population rurale

D’après une étude de 2016 sur les attitudes politiques et idéologiques dans la région de Yangling au Shanxi, les paysans ont généralement une compréhension suffisante de l’idéologie dominante. Les chercheurs ont fondé l’étude sur 150 questionnaires remplis dans six villages de la région de Yangling. En ce qui concerne le système de croyances des villageois, 20 % des ménages avaient un symbole bouddhiste, 90 % avaient des images de religions populaires et 10 % avaient des images de Mao Zedong, de Zhou Enlai ou d’autres anciens dirigeants du PCC. Dans le cadre d’entrevues, les villageois ont indiqué qu’ils accrochaient des images de dirigeants du PCC pour témoigner de leur admiration et de leur respect à leur égard. À 14,5 %, les répondants (surtout des cadres) ont affirmé qu’ils assistaient aux séances d’étude sur le marxisme organisées par les autorités du village; 21 % ont répondu que cela leur arrivait à l’occasion, tandis que 64,5 % n’avaient jamais entendu parler de ces séances. Interrogés sur les principaux obstacles qui les empêchaient de croire au marxisme, 56,25 % ont répondu que les théories marxistes étaient trop éloignées de leur réalité, 27,1 % ont indiqué qu’il leur était difficile de croire au marxisme en raison en raison de l’écart de richesse important dans la société et 43,75 % ont mentionné qu’ils n’avaient aucune raison ni aucun besoin intrinsèque d’étudier l’idéologie marxiste. D’après l’enquête, même les paysans qui sont membres du Parti ne souhaitent pas étudier l’idéologie marxiste, car ils estiment que l’écart entre le marxisme et la réalité est trop grand et que les théories idéologiques sont trop abstraites et trop difficiles à comprendreNote de bas de page 4  . Il n’est guère possible de tirer de grandes conclusions de cette petite enquête, mais ces chiffres offrent un rare aperçu de la situation au sein de la population rurale.

Étudiants universitaires et diplômés

D’après une enquête menée auprès de 1 800 étudiants dans neuf universités, ces derniers se servent énormément d’Internet et des médias sociaux pour obtenir de l’information, et il existe une véritable diversification des valeurs au sein de ce groupe. Quelque 61,5 % des répondants ont mentionné que l’enseignement de l’idéologie dans les universités restait peu attrayant et que le contenu demeurait sans intérêtNote de bas de page 5  . La conception idéologique des diplômés semble encore moins favorable. Une enquête réalisée auprès de diplômés de dix universités à Xian a révélé que 37 % d’entre eux avaient décidé de se joindre au Parti pour les possibilités d’emploi et d’avancement professionnelNote de bas de page 6  .

Une enquête réalisée en 2015 auprès de 200 étudiants de trois universités à Hefei, capitale de l’Anhui, révèle d’autres faits intéressants. Interrogés sur l’influence qu’exercent sur eux les valeurs idéologiques occidentales, 65 % ont répondu qu’ils en ressentaient l’influence dans leur vie quotidienne et dans le secteur du divertissement et de l’éducation, tandis que 35 % ont répondu que ces valeurs n’avaient aucune influence sur eux ou qu’ils n’avaient pas porté attention à ces questions. À 67 %, les étudiants ont répondu avoir remarqué une certaine infiltration idéologique américaine dans la culture chinoise, mais ne trouvaient pas cela alarmant, tandis que 31 % ont indiqué que le phénomène était important et la situation très dangereuse. Interrogés sur ce qu’ils pensaient des luttes idéologiques du pays avec l’Occident, 16 % ont répondu qu’ils y avaient rarement porté attention et 38 % ont affirmé qu’ils en avaient entendu parler, mais qu’ils ne comprenaient pas vraiment l’enjeu. Par contre, 22 % ont répondu qu’ils comprenaient à peu près l’enjeu, tandis que 25 % estimaient que les luttes de ce genre durent longtemps, en plus d’être intenses et compliquées. Les chercheurs chinois à l’origine de l’enquête ont conclu de ces données que la plupart des étudiants universitaires ne comprenaient pas le mal causé par l’infiltration idéologique occidentale et qu’ils manquaient de vigilance.

Par ailleurs, 68 % des étudiants estimaient que le marxisme devrait être l’idéologie dominante. Interrogés sur leurs attitudes à l’égard des croyances marxistes, 59 % ont répondu qu’essentiellement, ils y souscrivaient et les soutenaient, tandis que 14 % ont déclaré ne pas s’en soucier. De plus, 38 % ont mentionné que le système démocratique occidental et un régime multipartite pourraient être mis à l’essai en ChineNote de bas de page 7  .

Une autre enquête menée auprès d’étudiants dans quatre universités au Hunan met en évidence les difficultés auxquelles le Parti est confronté. Des 756 étudiants interrogés, 87,3 % ont dit ne guère porter attention à la politique, tandis que 96,4 % ont été incapables d’expliquer exactement en quoi consistaient « les quatre objectifs globaux ». À 71,2 %, ils étaient d’accord avec l’énoncé selon lequel le PCC joue un rôle prépondérant dans le socialisme aux caractéristiques chinoises, tandis que 28,8 % ont indiqué n’avoir aucune opinion à ce sujet. Seulement 55,3 % ont été capables de dire en quelle année le PCC avait été fondé. Par ailleurs, 39,5 % ont dit ne pas comprendre l’énoncé suivant : « Le PCC a joué un rôle déterminant dans la guerre contre le Japon. » Interrogés sur ce qu’ils faisaient pendant les cours sur la politique et l’idéologie, 35 % ont répondu qu’ils voulaient faire la sieste et 25,4 %, qu’ils faisaient des devoirs pour d’autres cours; 10,9 % utilisaient en secret leur téléphone cellulaire et 28,7 % écoutaient l’enseignantNote de bas de page 8  .

D’autres chercheurs ont mené une enquête auprès de 111 étudiants (131 questionnaires ont été distribués) de l’Université des relations internationalesNote de bas de page 9  , l’une des universités de langue étrangère les plus connues en Chine. Plus de 92 % des étudiants étaient d’accord pour dire que la Chine socialiste avait réalisé un progrès énorme, tandis que 76,6 % et 82 % étaient respectivement d’accord (rentong) avec le rôle moteur (zhidao) du marxisme en Chine et avec les politiques de l’État‑parti. Les chercheurs ont conclu qu’il fallait encore améliorer la compréhension de l’idéologie dominante chez ces étudiants universitaires. En général, ces derniers ont une attitude patriotique, mais lorsqu’il s’agit de leur identité politique, ils tendent à être moins disposés à soutenir le caractère socialiste de leur pays.

Une autre enquête réalisée auprès de membres du Parti qui étudient à l’université révèle une idéologie plus affirmée, mais laisse aussi entrevoir des opinions variées. Parmi les 296 étudiants membres du PCC au Collège de Xinyu qui ont pris part à l’enquête, 46,9 ont affirmé qu’ils portaient régulièrement attention aux discours en série de Xi Jinping et à la 5e séance plénière du 18e Comité central du Parti, tandis que 58 % ont dit s’y intéresser à l’occasion. De plus, 94 % ont convenu que le PCC était la force essentielle du socialisme aux caractéristiques chinoises, tandis que 95,9 % ont dit soutenir le marxisme comme idéologie dominante de la Chine. Environ 77,6 % ont affirmé croire au marxisme.

Toutefois, ces jeunes membres faisaient une évaluation très différente de l’engagement des autres membres du Parti. Seulement 6 % ont affirmé qu’ils avaient une morale idéologique et politique très élevée, tandis que 56,4 % ont indiqué que cette morale était assez élevée. Environ 20,4 % ont mentionné n’avoir porté aucune attention à l’influence idéologique occidentale. Fait surprenant, 16,4 % ont dit aussi croire en la religion. 

Il est intéressant de mentionner que les étudiants qui ne font pas partie du PCC font une évaluation très différente de ceux qui en sont membres : 59,3 % ont affirmé que les membres du Parti autour d’eux portaient attention à l’actualité à l’occasion seulement, tandis que 51,2 % estimaient que les étudiants membres du Parti faisaient toujours preuve de désinvolture lorsqu’ils écoutaient les discours idéologiques et politiques et semblaient manquer d’intérêt (da bu qi jingshen). Quelque 70,4 % des étudiants réguliers ont qualifié de médiocre la ferveur politique et idéologique de leurs camarades membres du Parti. Plus de 66 % ont affirmé que les membres du Parti autour d’eux aimaient les films américains, les chaînes de restauration rapide et la NBA. À 53,7 %, les étudiants ont répondu qu’ils n’étaient pas certains que des membres du Parti proche d’eux pouvaient jouer un rôle influant dans des dossiers politiques et idéologiques ou ont simplement répondu par la négativeNote de bas de page 10  .

Une enquête menée auprès d’étudiants membres du Parti fréquentant des universités privées au Liaoning dresse un portrait différent. Parmi ces étudiants, 59,7 % ont affirmé qu’ils croyaient fermement au communisme, 25 % étaient sceptiques et 15,3 % n’y croyaient pas. Dans 70 % des universités privées, les étudiants membres du Parti représentent moins de 5 % de la population étudiante. De plus, 15 % de ces universités comptent moins de 2 % d’étudiants liés au PCC. Les étudiants réguliers ont une opinion plutôt mauvaise de leurs camarades membres du Parti : 55 % estimaient que ces derniers avaient des notes dans la moyenne et 34,8 % qu’ils n’étaient même pas aussi bons que les étudiants réguliersNote de bas de page 11  .

Conclusion

L’analyse de diverses enquêtes réalisées en Chine dans les dernières années donne à penser que les campagnes et les activités d’enseignement idéologique de l’État-parti n’ont pas permis de renforcer l’idéologie et la morale de la grande majorité de la population chinoise. Les représentants du Parti et du gouvernement reçoivent une éducation politique plus efficace, mais il est difficile de savoir si ces représentants et ces fonctionnaires croient vraiment en la teneur du discours idéologique officiel. Toutefois, la structure politique de la Chine a pour conséquence que ces principes idéologiques sont un critère obligatoire de leur état d’esprit. En outre, en raison de la propagande constante réalisée au moyen d’activités d’étude politique, il se pourrait très bien que ces représentants aient à tout le moins un assez fort penchant pour l’idéologie officielle.  

Les autres groupes en Chine affichent tous des orientations politiques pluralistes. Les programmes d’enseignement idéologique ne semblent pas avoir été très efficaces. Sur le plan idéologique, les paysans chinois demeurent indifférents. Dans le secteur privé, les Chinois portent attention aux activités politiques et idéologiques, mais leur participation et leur intérêt à cet égard semblent avoir un caractère plus symbolique que concret. Les étudiants chinois présentent des différences marquées dans leurs opinions et leurs attitudes idéologiques à l’égard de l’éducation politique. De nombreux étudiants affichaient des considérations pratiques, et leurs activités avaient un caractère utilitaire. En cette ère de l’information, les cadres du Parti chargés de la propagande idéologique devront relever des défis de taille pour exercer une influence sur la société chinoise.

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