Ici et partout : Les substances chimiques et les contaminants environnementaux

Transcription

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Anita Michalkiewicz : Bonjour et bienvenue à Canadiens en santé, un endroit où nous vous offrons des conversations nuancées avec des experts de la santé. Je suis votre animatrice Anita Michalkiewicz et je suis jointe par Stéphanie Perrier Bélanger, qui est ma coanimatrice. Bonjour Stéphanie!

Stéphanie Perrier Bélanger : Bonjour Anita!

Anita : Aujourd'hui on parle de contaminants environnementaux, donc un grand terme pour dire finalement les produits chimiques qui se retrouvent un peu dans notre environnement courant de tous les jours.

Stéphanie : Exactement. Pensez aux produits chimiques des sofas, des cosmétiques, microplastiques versus nanoparticules de plastique... On démystifie le tout avec notre invitée.

Anita : Oui, donc on va rencontrer Julie Loiselle, analyste principale de programme au Bureau de la science et de la recherche en santé environnementale à Santé Canada.

Donc Julie nous parle avec passion de ce qui peut se retrouver dans notre environnement qui pourrait nous nuire, et ce qui m'a surpris beaucoup de la conversation c'est qu'il y a de plus en plus de produits chimiques autour de nous. La situation semble stressante, mais c'est pas toute mauvaise.

Stéphanie : Non, on sent beaucoup d'espoir de la part de Julie pendant la conversation. Elle nous donne des ressources, outils aussi, pour nous aider à diminuer l'exposition à ces contaminants-là.

Anita : Donc, diminuer l'exposition mais également le fait qu'il y a eu certaines diminutions de l'exposition des gens qui vivent au Canada à certains de ces produits-là.

On parle de la biosurveillance humaine, donc ça c'est très important. Comment est-ce qu'on finalement on fait pour évaluer le nombre de produits chimiques qui se retrouvent chez l'être humain? Comment est-ce qu'on fait ça? On démystifie la question et on rentre vraiment dans le sujet très intéressant parce qu'on en parle de plus en plus de produits chimiques. Je pense qu'on est tous de plus en plus au courant du fait que ça l'a un impact sur notre santé et sur notre corps et il faut vraiment y porter attention, mais sans avoir trop peur.

Stéphanie : Exactement, on vient se sensibiliser au sujet dans le fond.

Anita : Exactement.

Mais avant de commencer un petit mot de nous. Le balado Canadiens en santé vous est présenté par Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada. C'est une conversation et non un communiqué de presse, donc nous allons pas toujours refléter les politiques officielles du gouvernement du Canada. Maintenant parlons des contaminants environnementaux.

[Musique]

Bonjour Julie!

Julie Loiselle : Salut!

Anita : Bienvenue à Canadiens en santé. Merci beaucoup de vous joindre à nous.

Julie : Oh merci beaucoup.

Anita : Pourriez-vous nous parler un peu de votre travail, de ce que vous faites à Santé Canada ?

Julie : Oui. Je suis une analyste dans le bureau de la directrice pour un grand groupe, alors c'est le Bureau de la science et de la recherche en santé environnementale. Dans le bureau de la directrice j'ai un aperçu d'un peu de tout qu'est-ce qui se passe, alors il y a diverses divisions… alors, il y a trois divisions qui font la recherche dans les laboratoires, puis il y a un groupe qui fait la biosurveillance, et c'est pour ça que j'ai la chance de venir jaser avec vous aujourd'hui.

Anita : Donc de la biosurveillance, on parle de quoi exactement?

Julie : Bonne question. Alors la biosurveillance on regarde dans les personnes les niveaux de certaines substances chimiques. Alors on peut regarder dans le sang, dans l'urine et aussi d'autres fluides et de tissus, alors on peut regarder dans le lait maternel, on peut aussi regarder dans les cheveux et dans les ongles. Alors ça donne un aperçu dans le temps d'un niveau d'une substance chimique dans la personne.

Anita : Parce qu'aujourd'hui on parle justement de substances chimiques, donc de contaminants environnementaux, donc ça, ça l' inclut plusieurs choses. Donc ça peut être des choses dans l'environnement ou aussi des choses que les humains ont produit, des produits chimiques.

Pourriez-vous nous parler exactement c'est quoi un contaminant environnemental?

Julie : Ouais, alors je pense qu'il y a différentes définitions, mais en gros je dirais c'est des substances chimiques qu'on trouve un peu partout : il y en a dans l'environnement, il y en a aussi dans l'air, dans le sol, dans l'eau, dans nos aliments, dans nos produits, alors c'est vraiment une grosse catégorie des substances chimiques.

Anita : Et vous exactement, dans votre rôle à Santé Canada, qu'est-ce que vous faites là ? Est-ce que vous êtes en laboratoire ? Vous êtes à l'ordinateur ? Est-ce que vous sortez pour aller évaluer ces choses-là ailleurs ?

Julie : Ouais, beaucoup de travail ça se passe sur l'analyse de données, alors il y a une grosse enquête qui se passe, c'est l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé, c'est mené par Statistique Canada en partenariat avec Santé Canada et l'Agence de santé publique du Canada.

Alors cette enquête-là vise à voir le niveau de… une des composants vise à voir les niveaux des substances chimiques dans les personnes au Canada, au niveau national. Alors ça donne un aperçu de toute la population canadienne et notre travail consiste principalement à analyser ces informations-là. Alors nous on regarde le sang, l'urine, pour le niveau des substances chimiques.

Anita : Ok, pourriez-vous nous donner des exemples de substances dont on parle ? Parce que je pense qu'on en entend souvent parler, comme on voit par exemple une bouteille d'eau et on voit qu'il y a pas de BPA dans le plastique, je sais pas si c'est ça le terme… On regarde nos bouteilles de shampoing et ces temps-ci, il y a certains produits qui sont éliminés…

Donc pouvez-vous nous donner des exemples de produits chimiques que vous examinez dans votre travail?

Julie : Oui. Dans cette enquête-là on regarde environ 250 substances chimiques. Alors on a des pesticides qu'on regarde, à des « plastitiseurs » alors comme des phtalates, alors ça, ça les plastiques plus mous et malléables, on regarde à certains métaux, alors on a le plomb et le cadmium.

Alors certaines substances chimiques sont mesurées pour des longues périodes de temps. Alors cette enquête-là a commencé en 2007, alors il y a certaines substances qu'on mesure depuis 2007, puis ensuite il y a aussi des nouveaux. Alors si on voit une nouvelle priorité ou une nouvelle substance qu'on pense ça pourrait peut-être avoir un enjeu, alors là on peut commencer à regarder ça dans les échantillons qu'on a.

Anita : Ok. Est-ce qu'il y a beaucoup de produits chimiques dans notre environnement ? Parce que vous regardez, vous avez dit à peu près 200… 250… 200…? Puis, mais il y en a combien dans l'environnement ? J'imagine qu'il y en a qu'on connaît pas encore là, mais celles qui sont connues, il y en a environ combien de substances chimiques ?

Julie : Oui, je dirais qu'on connaît des… plus que 1 million, je dirais des substances chimiques…

Anita : Un million ?

Julie : Je dirais, ouais. D'après moi, oui beaucoup. Il y en a comme des dizaines de chimiques qui sont fabriquées, alors des substances chimiques fabriquées pour divers… à divers fins, alors il y en a qu'on utilise dans des processus industriels, il y en a dans nos aliments pour les préserver, dans les médicaments… Alors de tout ça je dirais il y a environ 6000 qui représentent la grande majorité de notre exposition. Alors ces 6000 se trouvent dans probablement 99 % des produits qui sont sur le marché.

Alors 6000 c'est quand même beaucoup, mais il faut mettre ça un peu en perspective. Quand on allume une cigarette par exemple, environ 7000 substances chimiques qui sont produites, alors ça donne un peu un aperçu.

Stéphanie : C'est beaucoup. Juste m'assurer que je comprends bien quand on parle de contaminants environnementaux. Est-ce que c'est autant naturel que produit par nous ?

Julie : Ouais, bonne question. Je dirais les contaminants environnementaux ça pourrait dépendre à qui tu demandes. Pour moi, quand j'entends contaminants environnementaux, je pense surtout à des choses qui devraient pas être là naturellement. Alors, qu'est-ce qui me vient à l'idée, c'est des produits peut-être d'un processus de manufacturation qui se trouvent dans l'environnement, ou comme nos bouteilles de plastique qui sont là, ou des plastiques qui sont dans l'eau. Alors ça c'est qu'est-ce qui vient à l'idée.

Stéphanie : C'est fabriqué par l'être humain.

Julie : Ouais, et là c'est dans l'environnement pas de façon naturelle.

Stéphanie : Ok, je comprends.

Anita : Donc c'est fabriqué par l'humain, c'est là d'une façon qui n'est pas naturelle, mais est-ce que ça veut dire nécessairement que tous ces produits-là sont nocifs pour la santé ?

Julie : Non. Juste parce qu'on… il y a une substance ou même que c'est dans notre corps, ça veut pas dire qu'il va avoir un effet dans la santé.

Il y a plusieurs différents facteurs qui viennent en jeu, alors ça peut dépendre du type de la substance, le niveau auquel on est exposé et aussi la durée et la fréquence de l'exposition. Par exemple, pour certains produits si on est exposés à chaque jour à de grandes quantités-là, ça pourrait avoir des… potentiellement des enjeux pour la santé, comparé à quelque chose à laquelle on est exposée juste de temps à autre.

Stéphanie : Excuse-moi, je veux pas t'interrompre… Est-ce que l'âge a un impact?

Julie : Ça pourrait. La façon dont notre corps traite les substances chimiques pourrait changer avec l'âge. Alors il y a différents facteurs : il y a des facteurs génétiques qui peuvent venir jouer en jeu là aussi, puis dépendant de notre âge, surtout les enfants sont dans un stade de développement vraiment important, alors l'exposition à certaines substances chimiques pourrait avoir plus un effet que si c'était sur un adulte, par exemple.

Anita : J'imagine peut-être aussi les personnes âgées, on entend souvent dire : les choses qui peuvent plus affecter les enfants en bas âge, peuvent aussi avoir un impact sur les personnes âgées, ou les personnes qui ont peut-être un système immunitaire un peu, un peu moins fonctionnel ?

Julie : Ouais, c'est ça. Peut-être l'exposition à certaines substances pourrait rendre plus graves certaines conditions qui sont déjà préexistantes, alors ça pourrait les rendre plus susceptibles.

Anita : Mais justement, ça nous amène à une question. Quels sont les risques de certains de ces produits-là qui peuvent se retrouver dans nos corps? Quels pourraient être les risques sur la santé ?

Julie : Oui, alors... on… les substances auxquelles on est exposées, il y en a certaines qui peuvent causer un effet immédiat, comme disant on met une crème puis ça commence à brûler. Puis là, il y a d'autres qui peuvent avoir des effets plus à long terme, alors là on parle de cancer et différents effets sur la santé plus long terme. Alors ça, ça pourrait être si on est exposé à… souvent… ou à différentes substances, puis aussi d'autres facteurs qui viennent en jeu qui peuvent mener à ces effets de la santé à plus long terme.

Anita : Donc, est-ce qu'on voit ça aussi dans votre sondage que vous faites, quand vous mesurez ? Est-ce qu'on voit que les gens sont plus exposés et peuvent avoir des risques à plus long terme ? Est-ce que c'est ça que vous voyez comme résultat des fois ?

Julie : Dans ce sondage-là, alors c'est… ça se fait dans des cycles de 2 ans, alors il y a environ 5 à 6000 personnes par cycle de 2 ans, puis là on prend des échantillons de leur maison, leur sang, l'urine, puis aussi ils remplissent des questionnaires. Alors ça, ça pourrait avoir des informations sur leur état de la santé, s'ils ont des maladies, alors on peut voir, à un point dans le temps, si un niveau d'une certaine substance chimique est lié à une condition de la santé. Puis là, avec plusieurs cycles, là, on est dans le 7e cycle, ça donne beaucoup d'information, cela on peut voir avec le temps, que plusieurs de ces personnes qui ont un haut niveau d'une certaine substance, y ont cet effet de la santé, par exemple.

Stéphanie : Vous prenez des échantillons de la maison ? Qu'est-ce que vous voulez dire exactement ?

Julie : Ouais. Dans certains cycles on prend des échantillons de la maison et aussi de l'eau.

Stéphanie : Ok, ouais.

Julie : Ouais. Ça donne un aperçu un peu plus individualisé pour la...

Anita : Moi, je suis intéressée par ce sondage-là. Donc quand vous… est-ce que vous vous promenez un petit peu partout au Canada et vous sollicitez les gens ? Comment quelqu'un devient participant dans le fond ?

Julie : Ah ouais, pour ça c'est une enquête qui est au niveau national, alors on peut pas se porter volontaire, c'est plutôt… sont demandés s'ils veulent participer d'après le recensement.

Alors là, il y a environ 5 à 6000 personnes qui participent pendant chaque cycle. Puis, il y a comme un genre de camion qui va de site en site. Alors les sites changent avec le cycle, puis les personnes ont envoyé un questionnaire à l'avance, puis là sont invités à venir à ce site mobile-là, puis c'est là où on prend différentes mesures de la santé comme leur poids, leur hauteur, puis on prend des échantillons de sang et d'urine.

Anita : Est-ce que les gens…. J'imagine, moi, si je participais je serais intéressée de voir c'est quoi mon exposition… Est-ce que les gens ont leur résultats ?

Julie : Oui, oui. Ils peuvent faire une demande pour leur résultats, oui c'est ça.

Anita : Puis, que faites-vous finalement avec ces résultats-là ? Donc vous voyez quelque chose, est-ce qu'il y a souvent des concentrations plus élevées à certaines places ou chez certains individus ? Que faites-vous avec les résultats ?

Julie : Ouais. Avec ça on peut voir, dépendant de combien de personnes dans quel groupe d'âge. Des fois on peut diviser par âge, donc on peut voir si c'est plus haut chez les enfants ou chez les plus vieux. Aussi, on peut voir si ça change avec le temps. Alors ça, ça permet de voir si des mesures pour de réduction d'exposition ont fonctionné. Alors des fois on met des règlements en place pour diminuer l'exposition, puis en regardant ces valeurs de biosurveillance on peut voir si en effet les niveaux diminuent dans la population canadienne.

Ça permet aussi d'orienter les activités de gestion de risque, alors si on voit qu'une substance est super haute, ou ça a augmenté là, ça pourrait guider d'autres efforts pour voir qu'est-ce qui se passe.

Anita : Pourriez-vous nous donner un exemple de quelque chose qui a été détecté, de mesures qui ont été mises en place ?

Julie : Oui. Un que j'aime beaucoup c'est le bisphénol A ou BPA, comme tu avais mentionné. Alors ça, le Canada était le premier pays à mettre des mesures strictes pour interdire l'utilisation du BPA dans les bouteilles pour les nourrissons, pour protéger les enfants.

Puis là, on… ça c'est juste une des mesures prises, mais là on voit vraiment une diminution dans la concentration dans la population canadienne. Puis, un autre c'est le plomb. On voit… ça, ça descend vraiment, je pense de plus que 50 % depuis que cette enquête-là a commencé. Alors on voit que les mesures mis en place ont été…

Anita : Donc c'est bien, le plomb et le BPA sont deux qui diminuent. Est-ce qu'on voit des choses qui nous alarment ? Est-ce que on voit des hausses de certains produits ou des concentrations qui nous font peur, en ce moment ?

Julie : Ah, je suis pas certaine. Je suis pas assez dans le programme, mais je peux dire que des fois si on entend parler de substances… aussi, on voit qu'une substance est beaucoup plus haute qu'on pensait, là on partage… on est en communication avec nos partenaires dans la gestion de risques et l'évaluation des risques, alors on peut passer cette information-là, puis les autres vont poursuivre des enquêtes et des études pour voir qu'est-ce qui se passe, si on devrait prendre des actions.

Anita : Donc, on a parlé un petit peu de certains de ces contaminants-là. Est-ce que vous pourriez nous énumérer ceux qui vous, vous inquiètent là, ou qui inquiètent les gens en ce moment, pour qu'on soit conscient, et où est-ce qu'ils se retrouvent en général ?

Julie : Ben, une des substances chimiques que je m'intéresse dedans c'est le DEET. Alors l'été passé là, je mettais des insectifuges personnels sur mes enfants, puis là j'ai entendu des nouvelles, « faudrait faire attention! »

Alors là, je cherchais d'autres informations, puis une ressource super bonne c'est le Tableau de bord de la biosurveillance canadienne. Alors ça c'est sur le site de du gouvernement du Canada. Puis tu peux aller là, puis il y a une liste de produits.

Tu peux voir comment les concentrations changent avec le temps, les niveaux dans la population canadienne, puis il y a des fiches d'information aussi liées avec ça. Puis ça, ça donne de l'information sur des évaluations de risques qui ont eu lieu alors. Pour celui du DEET ça l'indiquait « quand utilisé comme recommandé », il y avait pas d'effet sur la santé. Alors avec ces informations-là, là je me sentais capable de prendre une décision. Si on l'utilise comme indiqué, là ça ne devrait pas avoir d'effets.

Anita : Parce que ce qui est inquiétant en ce moment, nous qui travaillons en santé, c'est qu'on voit beaucoup de gens qui s'expriment sur la santé un peu partout sur les médias sociaux, et on voit de l'information qui parfois pourrait être erronée.

Donc je pense, on voit beaucoup de gens ici au studio et le message qui semble être celui qu'on garde le plus c'est d'aller s'informer auprès de sources sûres.

Donc vous dites qu'il y a certaines places qu'on peut aller s'informer. On va mettre en fait dans les notes de l'épisode les places où les gens peuvent aller, d'aller s'informer parce que oui, moi aussi, j'ai entendu… j'ai un enfant donc je m'informe, et j'ai entendu pour le DEET, ça m'inquiétait également. Est-ce que on va le respirer, on va se rendre malade ? mais il faut peser les risques et les bénéfices aussi.

Julie : Ouais, exactement. Puis ces fiches d'information-là, y ont plein d'informations comme comment tu pourrais être exposé aux produits différents, ça peut lier aussi à différentes études qui ont été faites sur les niveaux dans différentes populations. Alors c'est vraiment une belle ressource, si on entend quelque chose dans immédiat, puis là ça nous inquiète un peu, on peut aller voir l'information pour pouvoir ensuite faire des décisions éclairées.

Stéphanie : Puis quand on pense aux contaminants environnementaux, est-ce qu'ils ont nécessairement tous un impact négatif sur la santé ?

Julie : Ouais… Non. On dit souvent là juste parce que c'est dans ton corps ou tu es exposé, ça veut pas dire qu'il a un effet sur la santé. Plusieurs facteurs viennent en jeu, puis il y a certaines substances chimiques qui sont importantes, comme des parabènes. C'est un préservatif, alors ça, dans certains médicaments c'est important pour que ça reste stable.

Il y a d'autres produits comme les crèmes solaires, y ont beaucoup de substances chimiques, mais aussi c'est important de protéger la peau contre les rayons du soleil. Alors elles n'ont pas toutes un effet négatif, puis y en a aussi qui sont… présentent des bénéfices importantes.

Anita : Parlons de la maison. Dans notre maison, quels seraient certains produits chimiques ou contaminants environnementaux qu'on retrouve dans nos maisons habituellement ?

Julie : Oui. Un qui me vient à l'idée c'est nos nettoyants. Alors ça des fois même on peut le sentir quand on ouvre un nettoyant en particulier. Aussi, en cuisinant, des fois on y pense pas, mais on… il y a des substances chimiques qui sortent de qu'est-ce qu'on utilise pour cuire, dans le manger… on peut… on voit dans nos jouets aussi, comme quand on s'assoit sur notre sofa, il y a des retardateurs de flammes aussi, qui sont dans ces produits là pour prévenir les feux, alors ça c'est des produits qui ont un bénéfice mais ils sont encore là, on est encore exposés à ces substances-là.

Stéphanie : Les cosmétiques aussi, beaucoup, les shampoings, crèmes, produits solaires, vous l'avez mentionné.

Julie : Ouais exactement. Eux autres ont plein de produits chimiques. Certains jouets aussi qu'on utilise… Nos aliments des fois ils ont des préservatifs, différents ingrédients alors… sont un peu partout les substances chimiques.

Anita : Mais, est-ce qu'au Canada on limite les niveaux quand on met les choses sur les tablettes ? Parce que là, je vois des fois il y a… comme maintenant il y a des nouvelles choses… le shampoing ou le produit sans un tel ou un tel produit.

Est-ce qu'on limite ? Ou c'est vraiment s'il faut lire ce qu'il y a dans notre produit, ou est-ce qu'on est protégé, on peut juste acheter quelque chose puis se dire « ben le gouvernement s'en est occupé » … ou il faut quand même faire attention ?

Julie : Ah ouais, pour certaines substances chimiques il y a des règlements en place. Comme un qui me vient à l'idée c'est le plomb, le cadmium… alors ça c'est des métaux.

Puis, on a des limites dans les plastiques et dans les céramiques, alors certains produits ont des limites, ou pour certaines substances chimiques, puis d'autres des fois le manufacturier pourrait l'inclure juste pour que l'acheteur sache qu'ils ont fait un effort pour pas inclure certaines substances chimiques.

Anita : Donc notre maison, même s'il y a plein de produits chimiques, ça veut pas nécessairement dire que c'est une place dangereuse.

Julie : Non, exactement. Ouais, il y a des substances dans tout, puis pour certains, l'exposition est assez minime aussi.

Stéphanie : Je reviens à l'enquête que vous faites là, avec le l'outil qui est mobile, qui se déplace un peu de ville en ville. Puis dans le fond vous recueillez des échantillons de différentes populations.

Du moment que les gens sont mis au courant qui sont exposés à certains contaminants environnementaux, qu'est-ce que moi, je peux faire ? Comme le monsieur et madame, tout-le-monde, qu'est-ce que ces gens-là peuvent faire pour diminuer l'exposition à ces contaminants-là ?

Julie : Ouais, alors ça pourrait dépendre de la route d'exposition. Alors si c'est dans un aliment, par exemple, on pourrait choisir des aliments qui ont pas ce préservatif par exemple. Si c'est dans l'air, il y a différents mécanismes pour comme des purificateurs si tu es inquiet d'un contaminant par l'air. Alors oui, je dirais vraiment ça dépend d'où vient la substance, puis ta source d'exposition qui t'inquiète.

Stéphanie : OK.

Anita : Puis est-ce que toutes les populations sont exposées au même niveau ? Ou il y a certaines personnes ou des régions, populations qui sont plus exposées ?

Julie : Ouais, ça peut varier d'une population à l'autre. Alors ça peut dépendre de l'environnement, de nos habitudes, de notre style de vie alors. Ça peut tout avoir un effet.

Alors, en plus de l'enquête au niveau national, il a aussi des études plus ciblées. Alors une c'est l'Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l'environnement. Alors celui-là c'est une des études que j'aime beaucoup discuter.

Alors ça a commencé il y a plus que 10 ans et ça… les personnes enceintes se sont jointes à l'enquête, puis là on a mesuré au niveau de certaines substances chimiques, puis là on suit ces parents et les enfants, puis ça fait environ 10 à 13 ans qu'on les suit, alors on peut voir leur niveau comment les niveaux changent puis aussi chez l'enfant, alors pendant leur développement comment les niveaux de substances chimiques changent et aussi comment ça c'est lié avec différents facteurs de développement alors.

Ça c'est tellement un temps de développement important alors, c'est vraiment intéressant d'avoir toutes ces informations-là sur leurs niveaux de substances chimiques.

Puis les mères on suit aussi en ménopause dans certains cas, alors c'est… on peut vraiment voir… avoir beaucoup d'informations sur comment les produits chimiques pourraient influencer la santé.

Anita : Parlez-nous en un peu justement de qu'est-ce que vous avez vu dans ces recherches-là, quels impacts ça l'a eu sur ces personnes-là.

Julie : Je suis pas dans autant dans le programme, mais je sais qu'ils font beaucoup d'analyse pour voir s'il y a une association à ce point-ci entre le niveau de certaines substances chimiques et le comportement ou le développement, mais j'ai pas vraiment des résultats mais…

Anita : Pas de problème. Puis est-ce qu'on fait des collaborations avec d'autres pays, par exemple, pour voir comment on se compare à d'autres pays ou collaborer avec les autres… oui, les autres pays ?

Julie : Ouais. Il y a beaucoup de collaboration, puis avec les données de biosurveillance c'est vraiment intéressant de pouvoir comparer à autres populations pour voir si on est plus haut au Canada, voir comment qu'on se compare alors.

Anita : Et ? Comment on se compare ?

[Rires]

Est-ce qu'on est quand même bien au Canada ?

Julie : Oui, j'ai pas… ouais je pourrais pas donner des données spécifiques mais, les niveaux de plusieurs des substances chimiques qui sont étudiés dans ces sondages, on les voit diminuer avec le temps, alors ça c'est vraiment bien.

Stéphanie : C'est bon signe… Parlant de sondage, je me demandais… les résultats que vous trouvez quand vous vous déplacez d'une population à une autre, est-ce que ces résultats-là sont rendus publics ?

Julie : Les niveaux… les mes… données sont au niveau national, fait qu'on les partage de cette façon-là, comme en général. Mais aussi dépendant de combien de personnes qu'on est, des fois on peut commencer à diviser ça par population, par région, alors les recherches commencent dans ce domaine-là.

Stéphanie : OK

Julie : Puis aussi, une autre étude qui se passe dans le Nord, alors Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord alors ça, ça vise vraiment les populations du Nord. Alors c'est un programme collaboratif en plusieurs départements du gouvernement et aussi d'autres organisations, puis ça cherche à voir l'exposition aux substances chimiques par les aliments, dans les personnes qui vivent dans l'Arctique canadien.

Stéphanie : Intéressant.

Anita : Oui, parce qu'on a vu même dans un autre épisode sur la qualité de l'air que certaines populations dans le Nord surtout, qui vont être plus exposées à certains contaminants de par les feux de forêt par exemple, donc on voit que parfois ça il y a certaines populations qui sont plus exposées à certaines choses.

Julie : Oui, puis les contaminants peuvent se concentrer dans le Nord, alors ouais cette étude-là est ciblée pour cette population-là, pour comprendre leur niveau d'exposition.

Anita : Ok. Donc un individu qui voudrait justement, après cet épisode, limiter un peu plus son exposition aux contaminants, quels seraient des conseils qu'on pourrait leur donner ?

Julie : Si tu utilises une crème, par exemple, puis tu veux limiter le montant d'ingrédients qui sont sur la liste, en gardant en tête que juste parce qu'on est exposé, il veut pas dire qu'il va avoir un effet, alors je pense qu'il faut essayer aussi de balancer ça avec toutes les autres choses dans notre environnement, ou nos habitudes, qui peuvent influencer la santé alors.

Peut-être une idée c'est… on entend parler de.. quand on utilise des poêles non-stick, de faire sûr qu'ils ne sont pas égratignés par exemple, ou utiliser les produits aussi comme recommandé alors. Ça c'est important, les essais ont été faits pour voir si dans certains cas la substance a un effet sur la santé quand elle est utilisée comme recommandée. Alors, c'est bien de suivre les instructions aussi pour les médicaments ou les vitamines par exemple, de prendre comme recommandé.

Anita : Donc de lire les instructions, de peut-être aller sur le site web, la page web du producteur du produit… peut-être aussi, des fois j'ai entendu dire qu'il y avait certaines applications qu'on peut avoir pour vérifier en regardant le produit, pour voir quels sont les contaminants potentiels ou les produits chimiques dedans… parce que là, moi si je regarde par exemple, on parle… on pense au déodorant, par exemple antisudorifique, on regarde en arrière, je peux pas reconnaître ce qui est écrit dessus.

Julie : Ouais, c'est embêtant. Il y a une grosse grosse liste, puis des fois là on se mêle dans tous ces mots… tous ces mots chimiques-là. Alors des fois ça l'air qu'on peut regrouper, alors là, on commence à pouvoir regrouper des substances, puis là on peut voir un peu plus à plus haut niveau de qu'est-ce qui se trouve dans un produit, mais ouais ça peut être beaucoup assez de lire la liste d'ingrédients.

Anita : Et vous, depuis que vous faites votre travail, est-ce que vous faites les choses différemment ? Ou depuis, j'imagine que vous avez commencé vos études là-dedans, est-ce que vous faites les choses différemment ? Est-ce que vous avez changé vos habitudes un peu ?

Julie : Ah je pense… j'ai juste un peu plus ça en tête, alors avant de mettre une crème, peut-être regarder la liste d'ingrédients… je vais voir il y en a un qui a un peu moins dedans, ou est-ce que je peux m'en passer d'utiliser quelque chose qui a là comme… il y a une super grande liste d'ingrédients par exemple.

Anita : Donc la leçon c'est de s'informer, de faire un petit peu l'équilibre entre le fait que oui, par exemple, on a besoin d'une crème solaire, mais peut-être de s'informer sur ce qu'il y a dedans. D'être informé sur ce qu'on met sur notre peau et qu'on utilise dans la maison, pour les produits nettoyants et tout ça et moi, je me dis qu'il y a pas de façon d'éviter les produits chimiques dans le fond.

Julie : C'est ça exactement. C'est un peu partout, puis ça fait partie de la vie. Aussi on en a besoin.

Stéphanie : Oui, puis vous l'avez mentionné, c'est pas tous les produits, les contaminants environnementaux qui ont un effet, un impact néfaste sur notre santé, puis donc je pense que c'est important de réitérer ce message-là aussi.

Julie : Oui, oui exactement. Puis ouais, plusieurs y ont des bénéfices là… important alors.

Anita : Donc que nous réserve… un peu pour clore la conclusion… que nous réserve le futur du domaine. Donc, est-ce que… moi j'entends dire et je lis qu'il y a de plus en plus de produits chimiques autour de nous. Je veux dire, c'est… on continue à en fabriquer, donc est-ce que c'est toutes des mauvaises nouvelles qui s'en viennent, ou est-ce que vous êtes encouragée par ce qui s'en vient ?

Julie : Oui, je suis encouragée. On voit que les mesures qu'on met en place pour diminuer l'exposition elles marchent, alors ça c'est des super bonnes nouvelles. Puis avec toutes ces enquêtes-là qui se passent, on peut vraiment comprendre ce à quoi les Canadiens ou les personnes vivants au Canada sont exposées.

Alors, s'il y a un nouveau produit qui vient sur le marché, là on a des mesures en place pour le mesurer. On peut retourner aussi voir dans les échantillons qui ont été prises les années précédentes pour voir : est-ce que c'est toujours haut de même ? Est-ce que c'est quelque chose qu'on fait différent et c'est pour ça que les niveaux sont plus hauts ? Puis on peut prendre des mesures pour diminuer l'exposition si on voit qu'il y a un effet sur la santé. Puis, on voit qu'on a des mesures en place, qu'on a déjà mis en place… qu'on pourrait mettre en place qui peuvent avoir un effet.

Alors je suis encouragée, puis je pense beaucoup qu'est-ce qui nous réserve dans le futur, c'est qu'on a mis des mesures en place pour certaines substances, puis là qu'est-ce qui va venir les remplacer ? Ça, dans certains cas on sait pas, alors ça c'est d'autres recherches qui se passent pour mieux comprendre ça. Puis, on commence à pouvoir voir un peu… on comprend de plus en plus comment le corps fonctionne, puis on peut savoir aussi plus comment les substances s'interagissent l'une sur l'autre, puis qu'est-ce qui se passe dans le corps. Alors je pense que la recherche avance, la science avance, puis on pourra continuer à faire des décisions encore plus éclairées.

Stéphanie : Totalement.

Anita : Moi, je ressens beaucoup votre passion pour votre travail et c'est fascinant. Et qu'est-ce qui vous passionne le plus de votre travail ?

Julie : Je pense qu'on peut vraiment aider les personnes vivant au Canada. Alors avec toute cette information-là on peut prendre des décisions, on peut informer le monde, on sait qu'est-ce qui se passe. Alors, je pense avec toutes ces informations-là, on est en pouvoir là, on n'est pas dans le noir, on sait à quoi on est exposé, puis on peut prendre des mesures pour protéger le public si nécessaire alors.

Anita : Merci beaucoup Julie pour votre temps, merci de passer du temps avec nous aujourd'hui.

Julie : Merci beaucoup.

[Musique]

Anita : Merci d'avoir écouté Canadiens en santé ! Si vous nous regardez sur Youtube, n'oubliez pas de cliquer sur le bouton j'aime et de vous abonnez à notre chaîne pour rester à l'affût des épisodes à venir.

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