Biosurveillance humaine des substances chimiques de l'environnement

Les Canadiens sont exposés à une variété de substances chimiques durant leurs activités quotidiennes, certaines d'origine naturelle, d'autres d'origine anthropique. Un grand nombre de ces substances se retrouvent ensuite dans l'organisme et on s'interroge sur les effets qu'elles pourraient avoir sur la santé. Les responsables de la santé publique et les organismes de réglementation gouvernementaux ont besoin de données plus précises et plus directes sur l'exposition à ces substances chimiques afin de faire des choix plus éclairés en matière de protection de la santé et de prévention des maladies.

La biosurveillance est un outil important utilisé comme indicateur et mesure quantitative de l'exposition aux substances chimiques de l'environnement. Les données de biosurveillance humaine permettent de mieux comprendre l'exposition et fournissent des renseignements permettant de soutenir la gestion des risques que posent l’exposition aux substances chimiques sur la santé.

Sur cette page

Enquête canadienne sur les mesures de la santé

Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l'environnement

Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord

Qu'est-ce que la biosurveillance?

Les substances chimiques sont présentes partout - dans l'air, le sol, l'eau, les produits et les aliments - et elles peuvent s'introduire dans l'organisme par ingestion, inhalation et contact cutané. Le gouvernement du Canada utilise toute une série de méthodes, d'outils et de modèles pour évaluer l'exposition humaine aux substances chimiques (naturelles et synthétiques) et les effets potentiels que cette exposition peut avoir sur la santé humaine. L'exposition humaine aux substances chimiques peut être estimée indirectement, en mesurant ces substances dans l'environnement, les aliments ou les produits, ou directement dans le corps humain par la biosurveillance (Figure 1).

La biosurveillance consiste à doser, chez une personne, la présence d'une substance chimique ou des produits de dégradation de cette substance dans l'organisme. En règle générale, ce dosage (aussi appelée niveau ou concentration) s'effectue à l'aide de prélèvements de sang ou d'urine, et parfois même dans d'autres tissus ou liquides tels que les cheveux, les ongles et le lait maternel. La biosurveillance consiste doser une substance chimique, ses métabolites (les produits qui en découlent une fois qu'elle a été transformée), ou les sous-produits pouvant résulter des interactions dans l'organisme. Ce dosage indique la quantité de substance chimique présente dans l'organisme.

Figure 1 - Comprendre la biosurveillance humaine

Figure 1

Figure 1 - Comprendre la biosurveillance humaine - Équivalent textuel

Cette figure représente la manière dont une personne ou une population peut être exposée à des substances chimiques de l'environnement. Lorsqu'une substance chimique est rejetée de sa source, elle peut se déplacer dans différents types de milieux environnementaux jusqu'à des endroits où l'exposition humaine peut survenir. Les principaux types de milieux où l'exposition peut se produire sont l'air, le sol, l'eau, les produits et les aliments. Lorsqu'une personne a une interaction avec ces milieux ou y est exposée, des substances peuvent pénétrer dans son organisme par ingestion, inhalation ou contact cutané.

Ce que nous révèlent les études sur la biosurveillance humaine

Les vastes études de biosurveillance menées à l'échelle nationale ou régionale aident à mesurer l'exposition d'une population aux substances chimiques et à déterminer si cette exposition évolue au fil des ans. L'une de ces études est l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), une enquête nationale menée par Statistique Canada en partenariat avec Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada. Cette enquête consiste à recueillir des données auprès des Canadiens sur leur état général de santé et à mesurer les concentrations de certaines substances chimiques dans des échantillons de sang et d'urine.

Les études nationales comme l'ECMS nous fournissent des données de référence sur les concentrations de substances chimiques mesurées chez les Canadiens, données qui peuvent également servir de base pour les futures activités de surveillance ou de recherche.

Utilisation des données de biosurveillance humaine

Les données de biosurveillance humaine sont utilisées par les gouvernements, les chercheurs ou les professionnels de la santé à de multiples fins, dont les suivantes :

  • Déterminer les niveaux de référence des substances chimiques dans la population canadienne.

    Pour de nombreuses substances chimiques, les données servent de point de départ pour établir des comparaisons avec les données des futures études, afin de déterminer la manière dont ces concentrations peuvent évoluer au fil des ans ainsi que les causes de ces changements.

  • Comparer les concentrations de substances chimiques parmi différentes populations.

    Cette étape inclut des comparaisons entre diverses sous-populations du Canada ou avec les populations d'autres pays.

  • Déterminer les substances chimiques d'intérêt prioritaire qui pourraient nécessiter l'adoption d'autres mesures pour protéger la santé publique.

    Les mesures de gestion des risques pourraient prévoir des restrictions plus rigoureuses à l'égard de l'utilisation des substances chimiques, voire même l'élimination totale de ces substances. Des renseignements pourraient aussi être fournis pour aider les Canadiens à réduire leur propre exposition aux substances chimiques préoccupantes.

  • Évaluer l'efficacité des mesures de gestion des risques pour la santé et l'environnement mises en place pour réduire l'exposition à des substances chimiques particulières et les risques pour la santé associés.

    Les données issues de l'ECMS indiquent une diminution de la concentration en plomb dans le sang depuis l'Enquête santé Canada de 1978-1979; ce qui semble indiquer que les mesures de santé publique mises en place pour réduire l'exposition au plomb se sont avérées efficaces.

  • Appuyer la recherche future sur les liens possibles entre l'exposition à certaines substances chimiques et la manifestation d'effets précis sur la santé.

    Les chercheurs sont en mesure d'examiner les liens entre les données de biosurveillance et d'autres mesures recueillies sur la santé dans le cadre de l'ECMS; ce qui pourrait aider à orienter les futurs efforts de recherche sur les liens entre l'exposition à des substances chimiques et la santé.

  • Collaborer aux programmes internationaux de gestion des substances chimiques.

    Par exemple, remplir les engagements du Canada en matière de surveillance en tant que partie à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants du Programme des Nations Unies pour l'environnement, ainsi qu'à d'autres initiatives internationales.

Limites

La biosurveillance est un outil précieux pour mesurer l'exposition aux substances chimiques. Cependant, cet outil comporte aussi des limites dont il est important de comprendre la nature et les causes afin d'utiliser ces données de manière appropriée.

  • La biosurveillance permet d'estimer la quantité d'une substance chimique présente chez une personne à un moment donné, mais les données ne peuvent, à elles seules, déterminer si des effets sur la santé, résultent de cette exposition.

    Les techniques utilisées pour mesurer des substances chimiques à de faibles concentrations continuent d'évoluer. Cependant, la présence d'une substance chimique dans l'organisme ne signifie pas nécessairement qu'elle aura un effet sur la santé d'une personne. Différents facteurs, notamment la dose, la durée et la période d'exposition, ainsi que la toxicité de la substance chimique, sont aussi importants pour déterminer le risque d'effets nocifs sur la santé. De plus, la manière dont une substance chimique agit dans l'organisme diffère d'une personne à une autre et ne peut être prédite avec certitude. Certaines populations (comme les femmes enceintes et leur fœtus, les enfants, les personnes âgées, et les personnes ayant un système immunitaire déficient) peuvent aussi être plus sensibles que d'autres aux effets d'une exposition. Enfin, certaines substances chimiques comme le manganèse et le zinc sont des éléments nutritifs essentiels au maintien d'une bonne santé, et elles sont donc normalement présentes dans l'organisme.

    Les études menées sur certaines substances chimiques, notamment le plomb et le mercure, ont permis de bien comprendre les risques pour la santé associés à des concentrations élevées dans le sang. Néanmoins, pour bon nombre d'autres substances chimiques, les recherches doivent se poursuivre afin de déterminer si des effets sur la santé sont associés aux différents taux de substances observés dans le sang ou l'urine.

  • L'absence d'une substance chimique ne signifie pas nécessairement qu'une personne n'y a pas été exposée.

    Les technologies actuelles sont parfois incapables de mesurer de très faibles quantités, ou l'exposition peut remonter à un certain temps, et la substance chimique peut avoir été éliminée de l'organisme avant d'avoir pu être mesurée.

  • La biosurveillance ne peut déterminer la source ou la voie d'exposition.

    La mesure d'une substance chimique indique une exposition à n'importe quelle source (p. ex. l'air, l'eau, le sol, la nourriture, les produits) provenant de n'importe quelle voie d'exposition (ingestion, inhalation, ou contact cutané). La détection d'une substance chimique peut être due à une exposition à une source unique ou à des sources multiples. Par ailleurs, dans la plupart des cas, la biosurveillance ne permet pas d'établir une distinction entre les sources d'origine naturelle et synthétique.

Quelle information la biosurveillance fournit-elle au sujet des risques pour la santé?

La biosurveillance fournit une estimation de l'exposition à une substance chimique. Cependant, la présence seule d'une substance chimique ne signifie pas nécessairement qu'elle aura des effets nocifs sur la santé. Le risque que pose une substance chimique pour la santé est déterminé d'après la toxicité de la substance et la concentration à laquelle la population peut être exposée. Le gouvernement du Canada évalue les risques associés à diverses substances chimiques utilisées, fabriquées et importées au Canada, parmi lesquelles figurent la majeure partie des substances chimiques mesurées durant l'ECMS. Des valeurs recommandées ont été établies pour les taux de mercure et de plomb dans le sang pour indiquer quels niveaux d'exposition pourraient être préoccupants. Si les taux mesurés sont supérieurs aux valeurs recommandées, des mesures peuvent être envisagées pour réduire l'exposition. Le gouvernement du Canada peut envisager le développement de valeurs recommandées pour d'autres substances chimiques qui ont été mesurées dans le cadre de l'ECMS et pour lesquelles il y a suffisamment de données.

Gestion des produits chimiques par le gouvernement du Canada

Le gouvernement du Canada joue un rôle déterminant dans la protection des Canadiens contre l'exposition aux substances chimiques et il a adopté à cette fin des lois pour régir les substances chimiques présentes dans les aliments, le sol, l'eau, les médicaments, les pesticides et les produits de consommation. Parmi ces lois, mentionnons la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999), la Loi sur les produits antiparasitaires, la Loi sur les aliments et drogues et la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation.

En matière de gestion des substances chimiques, le gouvernement du Canada utilise une démarche fondée sur le risque qui allie de rigoureuses activités de recherche, d'évaluation et de surveillance à une variété d'outils visant à protéger la santé humaine. De nombreuses normes et recommandations ont été mis en place (notamment les recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada) pour protéger la santé et l'environnement contre les risques associés à une exposition aux substances chimiques potentiellement nocives.

Les stratégies de gestion des risques (comme l'élimination du plomb de l'essence et d'autres produits) ont pour but de réduire l'exposition à certaines substances chimiques. La comparaison des données de biosurveillance de plusieurs cycles de l'ECMS permet de juger de l'efficacité des stratégies mises en œuvre.

Plan de gestion des produits chimiques

En 2006, le gouvernement du Canada a lancé le Plan de gestion des produits chimiques (PGPC) en vue de renforcer son rôle dans la protection des Canadiens et de leur environnement contre l'exposition aux substances chimiques. Outre les activités d'évaluation et de gestion des risques, la recherche et les initiatives de surveillance, dont la biosurveillance, sont d'autres volets essentiels visant à soutenir les décisions prises en vertu de ce Plan. Les initiatives de surveillance incluent une vaste composante nationale de biosurveillance dont l'ECMS est la pierre angulaire.

Le PGPC appuie un certain nombre d'autres activités de recherche, de surveillance et d'évaluation qui visent à aider les Canadiens à mieux comprendre les expositions et leurs effets potentiels sur la santé humaine. Ces activités incluent des études de biosurveillance axées sur des populations vulnérables (comme l'Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l'environnement), des études de suivi environnemental et des recherches à l'appui de la biosurveillance. À cela s'ajoutent diverses activités de biosurveillance et de recherche en santé menées auprès des populations du Nord du Canada, auxquelles Santé Canada collabore dans le cadre du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord du ministère des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada.

Signaler un problème ou une erreur sur cette page
Veuillez sélectionner toutes les cases qui s'appliquent :

Merci de votre aide!

Vous ne recevrez pas de réponse. Pour toute question, contactez-nous.

Date de modification :