L’économie canadienne en pleine évolution : pour plus de concurrence

Discours

Allocution de Matthew Boswell, commissaire de la concurrence

Sommet canadien de la concurrence 2025

Le 1er octobre 2025

Ottawa (Ontario)

Introduction

Bon après-midi à toutes et à tous, et j’espère que le Sommet est à la hauteur de vos attentes jusqu’à maintenant.

Les discussions d’aujourd’hui surviennent à une période critique pour l’économie canadienne. La technologie progresse à toute vitesse, le commerce mondial évolue, le protectionnisme gagne du terrain et les préoccupations concernant l’abordabilité continuent de croître.

Ces changements posent sans aucun doute des défis urgents. Mais ils offrent aussi de nouvelles occasions de bâtir une économie plus abordable, plus productive et plus résiliente.

Dans ce contexte, la concurrence est fondamentale. Si nous voulons une économie qui favorise l’innovation, la productivité et la résilience, alors la concurrence doit être au cœur de nos priorités.

En tant que commissaire de la concurrence, je constate de mes propres yeux à quel point les marchés concurrentiels améliorent le niveau de vie des Canadiens et Canadiennes en conduisant à des prix plus bas, à de meilleurs produits et à des entreprises plus solides.

Malgré cela, je sais qu’il existe une impression générale selon laquelle la politique de la concurrence rivalise avec d’autres priorités telles que la politique industrielle, le développement régional et la sécurité nationale.

Ce que je propose aujourd’hui est simple : la concurrence ne nuit pas à ces objectifs, mais les soutient.

En fait, il existe trois bonnes raisons qui montrent que la concurrence est essentielle à la prospérité de l’économie canadienne :

  • Premièrement, la concurrence est catalyseur de productivité et d’innovation
  • Deuxièmement, la concurrence favorise l’abordabilité et élargit le choix des consommateurs
  • Troisièmement, une concurrence accrue consolidera la position du Canada à l’échelle mondiale

Productivité et innovation

Je vais commencer par la productivité et l’innovation.

Comme plusieurs d’entre vous le savent, le Canada fait face à un défi majeur en matière de productivité. Nous avons la chance d’accueillir Carolyn Rogers de la Banque du Canada aujourd’hui, qui a tiré la sonnette d’alarme sur la crise de productivité du Canada dans un discours l’an dernier, en désignant la concurrence limitée comme étant sa principale préoccupation. 

Autrement dit, la productivité désigne notre capacité à transformer efficacement les ressources en produits et services de qualité. Malheureusement, la croissance de la productivité du Canada est à la traîne depuis plusieurs années par rapport à celle de ses pairs.

Certaines personnes pourraient penser qu’augmenter notre productivité peut présenter certains inconvénients, qu’elle pourrait rendre les lieux de travail plus stressants ou encore que mettre l’accent sur l’efficacité pourrait réduire le nombre d’emplois. Mais ce n’est pas le cas. Il a été prouvé que les gains de productivité entraînent une augmentation du nombre d’emplois, une amélioration des salaires et un niveau de vie plus élevé. La productivité passe par l’innovation, des choix judicieux et une utilisation optimale de nos ressources, que ce soit pour les travailleurs, les entreprises ou les consommateurs.

C’est là que la concurrence entre en jeu. Quand la concurrence est réellement forte, les entreprises sont motivées à innover, à mettre en place de nouvelles technologies et à améliorer l’efficacité… Ce sont tous des facteurs qui stimulent la productivité nécessaire pour une croissance continue et un niveau de vie plus élevé.

Le Bureau a récemment commandé une étude indépendante à des spécialistes de premier plan pour évaluer les gains de productivité que le Canada pourrait réaliser en adoptant des règlements qui favorisent davantage la concurrence. Pour vous donner un aperçu, je peux vous dire que les prévisions sont très révélatrices et qu’elles soulignent la possibilité pour le Canada de lutter contre les obstacles à la concurrence imposés par le gouvernement dans l’ensemble de notre économie. Nous prévoyons que les résultats de l’étude seront publiés plus tard cette année, donc restez à l’affût.

Productivité et innovation

Cela m’amène au deuxième point : la concurrence favorise l’abordabilité et élargit le choix des consommateurs.

À une période où les Canadiens et Canadiennes peinent à joindre les deux bouts, la concurrence est l’un des outils les plus efficaces dont nous disposons pour diminuer les prix et améliorer les produits et services. Par exemple, notre récente étude sur l’industrie du transport aérien a permis de constater que les tarifs aériens diminuent en moyenne de 9 % lorsqu’un nouveau concurrent offre un itinéraire entre deux villes. 

Dans un contexte de concurrence vigoureuse, les entreprises doivent fournir les produits que les consommateurs veulent… et les offrir à des prix qu’ils sont prêts à payer. Cela signifie que, dans un marché concurrentiel, c’est le consommateur qui détient le pouvoir.

Lorsque la concurrence est limitée, ce sont les entreprises en place qui fixent les règles. Cela peut conduire à des produits et services trop chers, de mauvaise qualité ou qui ne répondent pas aux attentes des consommateurs. Sans concurrence, les consommateurs doivent accepter ces produits et services de qualité inférieure, ou s’en passer. 

Un marché concurrentiel donne du pouvoir aux consommateurs et pousse les entreprises à réduire leurs coûts et à innover.

Productivité et innovation

Finalement, examinons les effets d’une concurrence accrue sur la compétitivité du Canada à l’échelle mondiale.

Avec la montée du protectionnisme commercial à l’étranger, le Canada doit réagir en renforçant ses propres fondements économiques. Nous pouvons le faire en éliminant les obstacles au commerce intérieur, en ouvrant de nouveaux marchés et en favorisant un environnement réglementaire propice à une concurrence équitable. 

Pourquoi? Parce que la concurrence intérieure stimule la compétitivité à l’étranger. Protéger les entreprises nationales de la concurrence ne les rend pas plus fortes… cela les pousse à s’asseoir sur leurs lauriers. Si nous voulons qu’elles puissent rivaliser sur la scène internationale, elles doivent faire face à la concurrence à domicile. La politique de la concurrence n’est pas une contrainte, c’est un tremplin.

Productivité et innovation

Bien que le Canada ait réalisé des progrès ces dernières années afin de moderniser le droit de la concurrence, nous pouvons en faire bien plus pour que la concurrence devienne un pilier essentiel de notre économie.

Premièrement, nous devons éliminer les obstacles au commerce intérieur.

Ceux-ci constituent, fondamentalement, des obstacles à la concurrence.

L’environnement réglementaire complexe du Canada crée des obstacles inutiles pour les entreprises et les travailleurs. Nous ne pouvons pas bâtir une économie dynamique si les entreprises sont contraintes de se plier à treize différents régimes de réglementation dans un même pays.

Agir rapidement pour éliminer ces obstacles et uniformiser les règles à travers le Canada permettra de libérer un potentiel économique important et de créer un marché plus dynamique. Plusieurs provinces ont pris les devants dans ce domaine, et je tiens notamment à souligner la récente initiative de l’Ontario visant à éliminer les obstacles à la mobilité de la main-d’œuvre dans les professions réglementées, que je considère comme une avancée très positive.

Deuxièmement, nous devons développer les débouchés en matière de commerce international.

En ouvrant de nouveaux marchés grâce à des accords commerciaux, les entreprises canadiennes peuvent élargir leur clientèle et rivaliser à travers le monde.

Cela devrait inclure l’examen de nos industries qui sont protégées de la concurrence étrangère. Libérer la concurrence au niveau national rendra nos entreprises plus résilientes à long terme et profitera aux consommateurs.

Une stratégie commerciale tournée vers l’avenir favorisera la prospérité à long terme et consolidera le rôle du Canada en tant que chef de file mondial sur les marchés ouverts et équitables.

Troisièmement, nous devons favoriser un environnement réglementaire propice à la concurrence.

Tous les ordres de gouvernement (fédéral, provincial, territorial et municipal) doivent s’efforcer d’éliminer les obstacles qui limitent la capacité des petits acteurs à faire concurrence dans notre économie. Une réglementation intelligente devrait encourager l’innovation et l’entrepreneuriat, et non pas enraciner les acteurs dominants.    

Ce qui me préoccupe le plus parmi toutes les données sur la performance économique du Canada est le déclin de notre taux de création de nouvelles entreprises. L’entrée des entreprises sur le marché est au cœur du dynamisme économique. Les jeunes entreprises proposent de nouvelles technologies et de nouveaux modèles d’affaires qui remettent en question le statu quo. Elles forcent les entreprises existantes à améliorer leur efficacité, à innover et à baisser les prix. En somme, les nouvelles entreprises sont le moteur qui fait avancer notre économie.  

C’est pourquoi la stagnation, voire le déclin du nombre de nouvelles entreprises qui font leur entrée sur le marché devrait nous alarmer. Trop souvent, le fardeau administratif décourage les nouveaux acteurs. Difficultés liées à l’octroi de permis, restrictions en matière de propriété, frais trop élevés; ces obstacles ne font pas que ralentir les entrepreneurs, ils les excluent complètement. Et soyons clairs : les entreprises existantes bénéficient des règles qui défavorisent leurs concurrents.  

Le financement est un autre élément important. L’accès à du financement concurrentiel stimule la création d’entreprises et la croissance des PME. Cependant, de récentes observations soulèvent des inquiétudes quant à la concurrence dans le secteur des prêts. C’est pourquoi nous avons lancé une étude de marché sur l’état de la concurrence dans le domaine du financement des petites et moyennes entreprises canadiennes. Notre consultation publique sur la portée de cette étude se termine dans deux jours, et nous sommes déterminés à prendre des mesures décisives sur cette question cruciale.

Productivité et innovation

Cette année, le sommet vise à trouver des solutions qui font une différence pour les Canadiens et Canadiennes.

Notre programme aborde la concurrence sous différents angles, en examinant ce qu’elle représente pour les consommateurs, les travailleurs, les entrepreneurs et l’économie dans son ensemble. Chaque personne ici apporte une perspective unique à la compréhension que nous avons de la concurrence au Canada. Vos idées peuvent aider à remettre en question de vieux postulats et à élaborer de nouvelles solutions. Nous avons déjà entendu beaucoup d’idées et de points de vue intéressants ce matin, et j’espère poursuivre sur cette lancée cet après-midi. Mais ne nous arrêtons pas là.

Au moins de mai, le discours du Trône du gouvernement fédéral appelait la population canadienne à faire preuve d’audace. Aujourd’hui, j’aimerais faire la même chose. 

Ensemble, nous pouvons bâtir une économie plus abordable, plus productive et plus résiliente. Une économie où les entreprises canadiennes prospèrent sur la base du mérite et où les consommateurs disposent de plus de choix à des prix plus compétitifs.

Merci, et j’espère que la suite du Sommet vous plaira.

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2025-10-01