Une voie vers l’influence : rencontrez 3 diplômés autochtones qui mènent des carrières intéressantes au gouvernement du Canada

Lorsque ces étudiants autochtones ont été embauchés dans le cadre du Programme fédéral d’expérience de travail étudiant du gouvernement du Canada, ils espéraient que leur emploi étudiant leur permettrait de gagner un peu d’argent et d’étoffer leur CV. Ils étaient loin de se douter qu’en acceptant ces emplois étudiants, ils faisaient leurs premiers pas dans des carrières intéressantes et dans une culture du travail qui s’éveille au pouvoir de leurs voix. Découvrez leurs histoires! 

Une voie vers l’appartenance

Lee Hyndman, gestionnaire de services, Emploi et Développement social Canada

Durée : 5 minutes, 3 secondes
Le chargement pourrait prendre quelques instants. Pour maximiser le fonctionnement de cette page, veuillez activer JavaScript.

L’auditorium résonnait de petits coups donnés sur des tambours à main en peau de cerf, qui battaient telle une chorale pour accueillir les 55 personnes qui allaient devenir citoyennes canadiennes en ce jour de printemps 2015. Des œuvres de l’artiste anichinabé Ice Bear ornaient la scène, et Larry Grant, un ancien de Musqueam, parlait du fait de respecter les communautés et les langues autochtones dans l’Île de la Tortue.

Dans la foule se trouvait Lee Hyndman qui, à titre de membre du Cercle des peuples autochtones d’Immigration et Citoyenneté Canada, participait à l’organisation de cette cérémonie de citoyenneté canadienne spéciale dans le cadre de la Semaine de sensibilisation aux cultures autochtones. Lee avait inclus des peintures de son père, Ice Bear, également connu sous le nom de Chris Johnson, pour la cérémonie. Elle rayonnait en le voyant afficher fièrement son identité anichinabée. « Cela m’avait tellement remplie de joie », se souvient-elle.

Six ans auparavant, à l’été 2009, Lee acceptait son premier emploi dans le cadre du Programme fédéral d’expérience de travail étudiant, à titre d’agente des services frontaliers à l’aéroport international de Victoria. Elle faisait de son mieux pour concilier ses études universitaires, son emploi étudiant et sa vie de parent (elle élevait son bébé avec son mari, qui était également étudiant).

Utilisez notre affiche PDF pour partager ces témoignages et ces occasions d’emploi : Emplois au gouvernement du Canada pour les étudiants autochtones

Publié : 2023-06-01

En difficulté financière, Lee avait interrompu ses études et était de retour à Vancouver avec sa famille. Elle a tiré parti de son expérience de travail étudiant et a postulé des emplois internes dans la fonction publique. Elle n’a pas tardé à trouver un emploi à temps plein comme adjointe administrative au ministère désormais connu sous le nom d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, où elle a enfilé les contrats pendant 5 ans.

Lee a été élevée à Vancouver, loin de sa communauté d’origine, la Première Nation des Chippewas de Nawash, qui se situe en Ontario sur un territoire non cédé. Encore tout jeune enfant, le père de Lee a été arraché de sa famille et envoyé dans un pensionnat, puis placé dans une famille d’accueil. « Il n’a jamais pu rentrer chez lui », raconte Lee. En tant que survivant, son père ne parle pas de son passé. Ainsi, Lee a grandi en sachant qu’elle était anichinabée, mais en se sentant coupée de cette partie d’elle-même. 

Lorsqu’elle a joint le Cercle des peuples autochtones de son ministère, c’était la première fois qu’elle entrait en contact avec d’autres Autochtones. « Le réseau se réunissait régulièrement dans différents bureaux de Vancouver, et le fait d’en faire partie m’a permis de me sentir entière », dit Lee. Elle a même rencontré des cousins et des membres de sa Première Nation grâce à GCconnex, un réseau virtuel interne du gouvernement. « Cela a éveillé en moi un sentiment d’appartenance, non seulement comme fonctionnaire, mais aussi comme Autochtone dans ce pays. »

En quête de sécurité d’emploi, Lee est passée à Emploi et Développement social Canada en 2015 pour travailler sur les demandes d’assurance-emploi. Elle a gravi les échelons, passant d’agente payeuse à chef d’équipe, puis, en février 2021, elle est devenue chef de service. Elle supervise une équipe de 76 agents.

Lee, qui termine actuellement ses études universitaires en ligne, a sauté sur les occasions offertes par le gouvernement du Canada pour progresser et acquérir de l’expérience professionnelle. Le programme pour les futurs leaders d’Emploi et Développement social Canada, qui dure un an, l’a aidée à satisfaire aux critères pour occuper un poste de gestion. Dans le cadre de ce programme, Lee a suivi un cours d’introduction aux pratiques judicieuses de leadership autochtone au Banff Centre. Ce cours a changé la donne. « Grâce au savoir et à la sagesse autochtones, j’ai appris à réécrire ma vie et à changer mon approche relativement au leadership », dit-elle. Le prochain objectif de Lee est d’accéder à un poste de direction où elle pourra aider ses collègues autochtones à s’épanouir.

Cette histoire vous inspire? Si vous êtes à l’école secondaire, au cégep ou à l’université, vous pouvez présenter une demande au Programme fédéral d’expérience de travail étudiant tout au long de l’année. N’oubliez pas de vous autodéclarer afin d’être pris en considération pour d’autres possibilités.


Si vous êtes un diplômé autochtone à la recherche d’un emploi au gouvernement, le Centre d’expertise autochtone est là pour vous aider. Nous vous ferons découvrir les possibilités de formation et d’emploi offertes aux Autochtones.

Une voie vers l’influence

Thomas Nowlin, analyste subalterne des politiques, Environnement et Changement climatique Canada

Lorsque Thomas Nowlin a commencé comme adjoint aux programmes à Environnement et Changement climatique Canada à Winnipeg, à l’été 2018, il effectuait des tâches pragmatiques et typiquement réservées aux étudiants : « Une grande partie du travail des étudiants consiste à effectuer les tâches que les autres employés n’ont pas eu le temps de faire, dit-il. Cela m’a permis d’acquérir beaucoup d’expérience pratique, comme rédiger des documents commerciaux, participer à des réunions et apprendre à communiquer de façon concise et conviviale. »

En revanche, ce qui a incité Thomas à revenir à son emploi au Programme du bassin du lac Winnipeg, c’est le sentiment qu’il apportait une réelle contribution. Comme le programme avait des fonds à donner à des partenaires autochtones pour la gestion de l’eau, Thomas a travaillé avec un collègue pour créer une carte de toutes les communautés autochtones le long du lac Winnipeg. « Nous entretenions de bonnes relations avec certaines Premières Nations, mais avec d’autres, nous n’avions aucune relation. C’était donc une bonne façon de montrer visuellement la situation à la direction », dit-il.

Thomas savait que son travail et ses connaissances étaient appréciés. Ses gestionnaires prolongeaient sans cesse son mandat. « Ils aimaient le fait d’avoir une passerelle vers le monde universitaire par mon intermédiaire, et de connaître les innovations en cours dans le domaine de la gestion de l’eau », dit-il. Il a travaillé ainsi à temps partiel pendant ses études, et à temps plein pendant 2 étés de plus. En mai 2021, il a décroché un autre emploi étudiant à la nouvelle agence canadienne de l’eau d’Environnement et Changement climatique Canada. « C’est passionnant de faire partie d’une agence nationale qui travaille avec des partenaires autochtones afin de créer de nouvelles façons de protéger notre eau », dit-il. Il appréciait également la souplesse de pouvoir vivre à Edmonton où son partenaire, David, terminait ses études.

Thomas ne se sentait pas uniquement apprécié pour son travail. Citoyen métis de Thompson, au Manitoba, il aimait travailler dans un milieu qui s’éveille au pouvoir des voix autochtones. « On permettait à une collègue qui faisait des marches pour l’eau et des cérémonies de s’absenter de son travail pour pratiquer ces activités, explique-t-il. J’étais entouré de nombreux alliés qui comprenaient l’importance d’employer des Autochtones pour tous ces programmes. » Thomas avait le sentiment que la réconciliation progressait réellement dans son ministère. « Je voyais des non-Autochtones qui prenaient le temps d’écouter et de se familiariser avec les enjeux, et qui savaient laisser aux Autochtones la gestion de certains dossiers. »

Son lieu de travail était doté d’un solide réseau d’employés autochtones, qui permettait à Thomas de nouer des relations avec des gens parmi les 130 membres autochtones du réseau. Ils mettaient en commun des connaissances, des conseils et des possibilités d’emploi. L’expérience et la perspicacité du réseau étaient également appréciées. On demandait souvent au réseau d’examiner des stratégies et des cadres de travail lorsque le ministère déployait des efforts pour « allier les connaissances autochtones et occidentales », explique Thomas.

Après avoir obtenu son diplôme en sciences de l’environnement en mai 2022, Thomas avait envisagé de travailler dans une organisation autochtone ou un bureau offrant des services de conseil en environnement. « J’avais toujours pensé que les Autochtones devaient jouer ces rôles, afin de faire entendre différentes opinions », dit-il. Il est maintenant analyste subalterne des politiques à l’Agence canadienne de l’eau, et quand il pense à ses partenaires autochtones, il sait que sa contribution continue de changer le cours des choses : « J’ai l’impression de travailler non seulement pour le gouvernement, mais également pour eux. »

Une voie vers ses objectifs

Kim Blanchet, analyste principale des politiques, Patrimoine canadien

Kim Blanchet savait exactement ce qu’elle allait faire après avoir obtenu son diplôme en communication à l’Université Laval. « Je voulais travailler pour Red Bull et être responsable de leurs activités sportives de grande envergure », dit-elle. Mais un appel téléphonique de sa tante en février 2010 l’a mise sur une autre voie.

« Elle me disait que Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada cherchaient des étudiants autochtones en communication, raconte Kim. Ma première réaction avait été de dire : “Oh mon Dieu que ça sonne ennuyant; je ne veux pas travailler pour le gouvernement!” Mais comme j’avais besoin d’expérience, j’ai postulé. »

Kim encourage les candidats autochtones à s’autodéclarer. Certains postes, comme celui auquel Kim a postulé, recherchent des candidats autochtones. En s’autodéclarant, Kim s’est donné une chance de décrocher ce poste, et elle l’a obtenu.

En travaillant dans le bureau très actif du ministère à Québec, Kim a réalisé que le gouvernement du Canada était bien plus passionnant qu’elle ne l’avait imaginé. « Cet été-là, j’ai pu travailler dans différents domaines : communication, médias sociaux, visites ministérielles et demandes des médias », explique-t-elle.

Cet emploi au Programme fédéral d’expérience de travail étudiant a également permis à Kim d’atteindre un objectif plus profond : promouvoir les enjeux autochtones. Au travail, Kim, qui a grandi à Québec, en apprenait davantage sur les réalités quotidiennes dans les communautés des Premières Nations, tandis qu’à la maison, elle se familiarisait avec sa propre identité.

« Je fais partie des personnes visées par l’affaire McIvor, dit Kim. Ma grand-mère a perdu son statut lorsqu’elle a épousé mon grand-père (qui était canadien-français), et elle l’a retrouvé uniquement à la fin des années 1980. » Kim est la fille d’un père anicinape et d’une mère canadienne-française. « J’étais au début de ma vingtaine lorsque j’ai obtenu ma carte de statut en 2013, après l’adoption du projet de loi C-3, et j’ai senti qu’il en découlait une certaine responsabilité. C’était le début de mon parcours visant à renouer avec mon identité autochtone. » Elle a rejoint la Première Nation Abitibiwinni sur le territoire non cédé d’Anicinapek O Takiwa, visitant sa communauté et rencontrant certains de ses cousins pour la première fois.

Lorsqu’elle a obtenu son diplôme, Kim se trouvait devant une alternative : rester au gouvernement ou travailler pour une organisation autochtone. Kim a choisi le gouvernement. « Je savais que j’avais la possibilité d’essayer d’autres types d’emplois chez le même employeur. De plus, le salaire et les avantages sociaux étaient excellents; cela m’a apporté une sécurité financière », dit-elle.

Kim débordait d’énergie, elle avait un esprit vif et une attitude fonceuse, et ses gestionnaires ont rapidement pris conscience de ses dons. Au début de sa carrière, ils ont approuvé la campagne de recrutement d’étudiants autochtones qu’elle avait lancée dans sa région, et ils ont promu Kim chef de projet. La campagne s’est tellement bien déroulée qu’on lui a demandé de l’étendre à toute la province, puis à l’échelle du pays.

Elle a déménagé à Ottawa, où elle continue de se rapprocher de sa culture anicinape, en apprenant auprès des aînés en résidence au pavillon Kumik, en se joignant au réseau des employés autochtones et en passant du temps avec ses tantes qui vivent dans la région.

Au cours de la dernière décennie, Kim a obtenu un poste de gestion dans les ressources humaines, elle a travaillé dans 4 ministères et elle a découvert sa nouvelle passion : les politiques. Aujourd’hui, elle façonne la politique audiovisuelle et de radiodiffusion autochtone à titre d’analyste principale des politiques à Patrimoine canadien.

Plutôt que d’occuper un « poste gouvernemental ennuyant », Kim a poursuivi jusqu’à présent une carrière pleine de passion, d’occasions de croissance et de changement. « J’aime le fait qu’en travaillant pour le gouvernement du Canada, je puisse suivre mes champs d’intérêt et essayer de nouvelles choses. Je veux toujours me dépasser, et au gouvernement, je peux le faire. »

La Commission de la fonction publique du Canada a collaboré avec des fonctionnaires autochtones et a entrepris ce projet de témoignages qui mettent en lumière le point de vue de ces personnes. La mise en œuvre du plan d’action Unis dans la diversité : une voie vers la réconciliation nous permet de :

  • mieux comprendre l’expérience des fonctionnaires autochtones;
  • soutenir ces fonctionnaires dans leurs démarches professionnelles;
  • trouver des moyens d’améliorer les pratiques actuelles et ainsi permettre la pleine participation et la pleine inclusion de ces fonctionnaires en milieu de travail.

Détails de la page

Date de modification :