Un guide pratique d’interventions sur les rives en eau douce : chapitre 2

La santé et la sécurité du personnel sont l’objectif premier des opérations d’intervention lors de déversement. Tout le personnel d’intervention doit appliquer ces principes directeurs :

Les opérations d’intervention doivent être conformes à toutes les réglementations locales relatives à la santé et à la sécurité des travailleurs.

Le personnel d’intervention, en particulier les superviseurs, doit bien connaître tous les risques pour la santé ou la sécurité qu’ils peuvent rencontrer et doit recevoir (ou fournir) les informations, les instructions, la formation, la supervision et les installations nécessaires à la santé et à la sécurité des travailleurs. Le personnel d’intervention des équipes sur le terrain doit savoir comment utiliser correctement tous les dispositifs, les équipements et l’EPI nécessaires à sa protection. La communication et le contrôle du site sont des éléments clés pour la santé et la sécurité. Le transfert d’information avant, pendant et après la fin des séances de travail est essentiel et devrait inclure des procédures de déclaration des accidents et des quasi-accidents. Le « système de jumelage » est utilisé pour s’assurer qu’aucun intervenant n’est isolé sur le terrain et qu’il y a toujours au moins deux personnes qui travaillent ensemble et qui s’assurent du bien-être de l’autre.

2.1 Identification des facteurs de risque et des mesures de prévention

L’identification des facteurs de risque pour les travailleurs sur le terrain est un processus continu qui doit être réévalué en permanence, car les conditions peuvent changer à tout moment. Il est important de garder à l’esprit que chaque intervention comportera des facteurs de risque spécifiques à l’incident. Les dangers auxquels les équipes sur le terrain sont exposées peuvent inclure une variété de facteurs de risque, tels que les hydrocarbures, les conditions environnementales, l’environnement physique, les moyens de transport, et les machines et les équipements utilisés.

Le tableau 2.1 donne quelques exemples de dangers et de facteurs de risque auxquels peuvent être confrontées les équipes sur le terrain, ainsi qu’une série de mesures de prévention potentielles. Il est important de garder à l’esprit que chaque intervention comportera des facteurs de risques spécifiques à l’incident.

Tableau 2.1 : Dangers/facteurs de risque potentiels et mesures de prévention correspondantes
Dangers* et facteurs de risque** potentiels Mesures de prévention
Produit pétrolier : Inhalation, absorption, contact cutané Revue des fiches signalétiques, EPI, trousses de premiers soins, bassins oculaires, contrôle du site
Immersion EPI (VFI, vêtement de flottaison individuel), postes de sauvetage, procédures en cas de personnes tombées à l’eau
Glissements, trébuchements et chutes Port de chaussures appropriées, connaissance de la situation, bonne tenue du lieu de travail, précautions d’usage pour passer par-dessus des obstacles (ex. troncs ou tuyaux)
Exploitation des embarcations : dangers sous-marins, barrages, déversoirs, ponts Aides à la navigation, plans de navigation, connaissances locales, opérateurs d’embarcations expérimentés
Sécurité sur la glace Plan de sécurité pour le travail sur la glace, relevés de l’épaisseur de la glace, formation à la sécurité et au sauvetage sur glace, postes de sauvetage, EPI (y compris protection thermique, VFI, lignes et harnais de sécurité et chaussures adaptéesà la glace), contrôle du site
Débit rapide de l’eau Procédures dans le cas de personnes tombées à l’eau dans des courants rapides, postes de sauvetage, opérateurs d’embarcations expérimentés, connaissances locales, EPI
Conditions météorologiques Vérifier les prévisions avant le début du travail, surveiller les conditions météo annonciatrices de changement et rester au fait des mises à jour des prévisions météo, procédures en cas de foudre
Stress dû à la chaleur et au froid Porter des couches de vêtements appropriés pour réguler la température du corps et empêcher de transpirer par temps froid, pauses pour se rafraîchir ou se réchauffer, bonne hydratation
Exposition cutanée Protection solaire, vêtements d’extérieur appropriés, y compris chapeaux, combinaisons, gants
Exposition au bruit Protection auditive appropriée
Faune/insectes/plantes vénéneuses Insectifuge, répulsif à ours, signalement des allergies (p. ex. piqûres d’abeilles et l’utilisation d’un EpiPen), vérifier la présence de plantes vénéneuses dans la végétation, porter un EPI pour éviter tout contact avec la peau, signaler toute observation d’animaux sauvages, ne pas nourrir des animaux sauvages, ni interagir avec eux, ne pas tenter de capturer ni aider des animaux sauvages blessés ou mazoutés
Dangers biologiques Ne pas toucher aux aiguilles hypodermiques, éviter les zones à forte concentration de fientes d’oiseaux (peut constituer un danger en cas d’inhalation)

* Danger – toute source de dommages, de préjudices ou d’effets néfastes potentiels sur la santé pour quelque chose ou quelqu’un (source : Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail)

** Risque – la combinaison de la probabilité d’occurrence d’un dommage et de la gravité de ce dommage (source : Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail)

L’immersion en eau froide est une source de préoccupation pour les équipes sur le terrain qui travaillent sur/près d’un cours d’eau à courant rapide ou sur/près d’un cours d’eau glacé. Les équipes doivent être formées aux procédures d’urgence, comprendre la gravité de l’immersion en eau froide et savoir comment utiliser les équipements d’urgence disponibles. Des postes de sauvetage sur les rives peuvent être mis en place au moyen de bouées de sauvetage/sacs de sauvetage/cordages de sauvetage, et des relevés de l’épaisseur de la glace doivent être effectués avant de travailler sur la glace. Les blessures liées au froid dues à l’exposition (hypothermie, engelures, chutes en eau glacée), les surfaces glissantes, la conduite d’embarcations dans des eaux envahies par les glaces, la capacité de charge de la glace et le mouvement des glaces brisées par les courants et le vent sont également des enjeux de sécurité.

2.2 Contrôle du site et communications

Il est important d’instaurer un système afin de contrôler l’accès au site pour assurer la santé et la sécurité de tout le personnel à proximité du déversement. Des barrières visuelles et du personnel de sécurité peuvent être utilisés pour guider, contrôler ou empêcher l’accès des piétons et des véhicules à des zones de travail telles que des rives en cours de traitement, des aires de rassemblement, des zones de décontamination ou des aires d’effarouchement actif de la faune. Il est essentiel de communiquer le plan de sécurité, les facteurs de risque et les mesures de prévention aux équipes sur le terrain afin d’assurer leur santé et leur sécurité. À leur arrivée sur le lieu de travail, les équipes doivent recevoir une séance d’orientation sur le site englobant les points suivants :

2.3 Analyse de la sécurité des tâches

L’analyse de la sécurité des tâches est une procédure qui intègre les principes et pratiques acceptés en matière de sécurité et de santé dans une tâche ou une opération précise. Avant de commencer le travail, un formulaire d’analyse de la sécurité des tâches doit être passé en revue avec les équipes sur le terrain – il est important que toute question ou préoccupation soit soulevée à ce moment. Les quatre étapes de base de l’analyse sont les suivantes :

Étape 1 -> Définir le travail à effectuer

Étape 2 -> Décomposer le travail en une série d’étapes

Étape 3 -> Relever les dangers potentiels associés à chaque étape

Étape 4 -> Dresser la liste des mesures de prévention visant à atténuer ces dangers

Le formulaire d’analyse de la sécurité des tâches utilisé est généralement propre à l’entrepreneur chargé de l’intervention ou à une des autres organisations (p. ex. l’industrie ou l’organisme de réglementation) qui participent aux activités d’intervention lors de déversement.

2.4 Équipement de protection individuel

Les équipements de protection individuelle (EPI) sont utilisés à titre préventif afin de réduire l’exposition à un danger précis. Le ou les types d’EPI requis dépendent des dangers présents dans l’environnement de travail et de la tâche à effectuer. Les équipes sur le terrain doivent être informées de la façon adéquate de porter et d’utiliser les EPI. De plus, ceux-ci doivent être vérifiés et tout équipement défectueux doit faire l’objet d’une déclaration. Voici quelques exemples d’EPI dont les équipes sur le terrain peuvent avoir besoin :

Protection de la tête -> casques, chapeaux pour le soleil, casques thermiques

Protection des yeux -> lunettes de sécurité, lunettes de sécurité teintées, lunettes de protection, écrans faciaux

Protection des pieds -> chaussures de sécurité, bottes de sécurité, bottes cuissardes ou bottes-pantalons à la poitrine

Protection de l’ouïe -> bouchons d’oreille, protège-oreilles

Protection de la peau -> combinaisons, vêtements de protection, vêtements de pluie, gants, crème solaire, insectifuge

Protection des voies respiratoire -> appareils de protection respiratoire

Autre-> gilets de hautes visibilités, VFI, VFI thermiques, répulsif à ours, harnais, lignes de sécurité

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