Un guide pratique d’interventions sur les rives en eau douce : chapitre 5

5.1 Analyse des avantages environnementaux nets

Lors d’une intervention en cas de déversement d’hydrocarbures, un des objectifs clés est de minimiser les effets sur les ressources sensibles – qu’elles soient écologiques, socio-économiques ou culturelles/historiques. L’analyse des avantages environnementaux nets est utilisée à la fois par les planificateurs de mesures d’urgence et les gestionnaires d’incidents, pour aider à la prise de décision sur les meilleures techniques d’intervention à utiliser. Elle permet en effet de comparer les différentes techniques, ainsi que de prendre en compte tout dommage écologique et autres qui pourrait être causé par les méthodes de traitement disponibles (IPIECA/OGP 2015).

L’analyse des avantages environnementaux nets est une approche structurée qui permet de comparer les avantages et les inconvénients de chaque technique d’intervention, y compris l’atténuation naturelle, dans le but de limiter les effets néfastes sur les ressources écologiques, socio-économiques et culturelles. Le processus décisionnel doit égale- ment considérer et respecter les réglementations gouvernementales. Souvent, la meilleure approche peut consister à permettre à la ressource impactée de se rétablir naturellement sans aucun traitement, en particulier lorsque les dommages sont légers ou lorsque les options de traitement disponibles risquent de causer plus de dommages que les hydrocarbures en soi.

L’analyse des avantages environnementaux nets se fait en quatre étapes :

  1. Compiler et évaluer les données :Au cours de cette première étape, les ressources importantes qui pourraient être touchées par le déversement sont identifiées et les priorités de protection sont établies en fonction des sensibilités environnementales et des valeurs sociales.
  2. Prédire les résultats : Des scénarios de planification en cas de déversement sont ensuite utilisés pour évaluer les effets potentiels et les options d’intervention pour des plantes et des espèces d’animaux précis, pour des habitats et pour d’autres ressources identifiées comme étant importantes. Des modèles visant à évaluer le comportement et la trajectoire des déversements d’hydrocarbures (OILMAP, OSCAR ou GNOME/ADIOS 2) sont utilisés pour divers scénarios de déversement.
  3. Envisager les compromis : Les effets environnementaux et sociaux potentiels sont ensuite comparés les uns aux autres pour déterminer les outils d’intervention les plus efficaces et trouver des compromis. Le compromis pour chaque segment ou section de la rive prend généralement en compte : le devenir et la persistance prévue des hydrocarbures résiduels; le taux estimé de rétablissement naturel (élément temporel); les avantages éventuels d’un traitement en termes d’accélération du rétablissement; les risques associés à la présence d’hydrocarbures en fonction de leur altération; et les délais éventuels au rétablissement qui peuvent être causés par les activités d’intervention. Un élément important de ce processus est la méthodologie utilisée pour l’évaluation des risques afin de déterminer le bénéfice environnemental net d’un outil d’intervention (tableau 5.1).
  4. Sélectionner les meilleures options : Chaque outil d’intervention aura des effets différents sur la diversité des ressources touchées par le déversement d’hydrocarbures (p. ex., rives, oiseaux aquatiques, pêches, marinas, etc.). Les parties prenantes locales et les partenaires d’intervention travaillent ensemble pour choisir les meilleurs outils (ou combinaison d’outils) disponibles pour réduire l’effet sur l’environnement et la collectivité. La technique de traitement optimale devrait : avoir un effet minimal sur les ressources touchées (c’est-à-dire que les avantages l’emportent sur les effets de la technique d’intervention); nécessiter un minimum de main-d’œuvre et d’exigences logistiques; permettre des taux de traitement rapides; et ne pas produire, ou produire peu, de déchets mazoutés.
Tableau 5.1 : Aperçu des méthodologies pour la réalisation d’une analyse formelle des avantages environnementaux nets
Méthodologie Avantages Limites potentielles
Évaluation consensuelle des risques écologiques
  • communément utilisée par la garde côtière américaine (USCG), l’EPA des États-Unis et la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)
  • a été modifiée pour tenir compte de facteurs socio-économiques et de la santé et de la sécurité des travailleurs, en plus des ressources écologiques à risques
  • n’utilise que les données du modèle de devenir/ trajectoire
  • s’appuie sur les parties prenantes et les experts techniques pour évaluer qualitativement les effets sur les ressources
  • nécessite du temps et une planification considérable pour la participation des parties prenantes aux ateliers de recherche de consensus
  • répond peut-être mieux aux besoins de la phase de planification des mesures d’urgence
Évaluation de l’atténuation de l’impact des déversements (SIMA)
  • avancée au niveau international en tant qu’approche cohérente pour la réalisation d’analyses des avantages environnementaux nets
  • tient compte des éléments écologiques, socio-économiques et culturels
  • accélère le processus d’obtention de consensus entre les parties prenantes durant un incident sur les ressources prioritaires, en attribuant un facteur de pondération à partir des évaluations réalisées au cours du processus de délivrance des permis d’un projet
  • peut être rapidement réévaluée pour tenir compte de l’évolution des conditions du déversement au fil du temps
  • n’utilise que les données du modèle de devenir/ trajectoire
  • s’appuie sur les parties prenantes et les experts techniques pour évaluer qualitativement les effets sur les ressources
Évaluation comparative des risques (ECR)
  • utilise les intrants de devenir/trajectoire et des effets des modèles
  • les effets du déversement peuvent être objectivement quantifiés
  • permet la pondération de certaines ressources par rapport à d’autres (p. ex. espèces en péril présentes dans la zone d’intervention)
  • dépend du scénario et l’obtention des résultats peut prendre plusieurs jours de traitement informatique avant d’être disponibles
  • répond peut-être mieux aux besoins de la phase planification des mesures d’urgence

Plusieurs parties prenantes participent au processus d’analyse des avantages environnementaux nets, qui repose sur la coopération entre divers paliers de gouvernement, l’industrie et les collectivités, pour garantir que la prise de décisions tienne compte de tous les points de vue et de toutes les perspectives. Les options doivent être revues et ajustées tout au long de l’intervention, à mesure que l’information sur la répartition et le degré de mazoutage est mise à jour.

L’analyse peut être utilisée durant la planification préalable à un déversement et durant l’intervention :

Le processus mené durant un déversement d’hydrocarbures est le même que celui mené durant la planification préalable à un déversement, sauf que :

Le processus de l’analyse des avantages environnementaux nets peut également être utilisé pour aider à prendre des décisions concernant les activités de restauration qui peuvent être planifiées et entreprises après un déversement.

5.2 Programmes d’intervention sur les rives

Il existe de nettes différences entre la portée des plans d’intervention en cas de déversement selon qu’il s’agit de petits ruisseaux et cours d’eau, de rivières, de rives lacustres ou de côtes en milieu marin (figure 5.1). La différence principale est que la planification des déversements dans des fossés, des criques et des cours d’eau peut être très spécifique au site et se concentrer sur les risques et les effets potentiels identifiables, contrairement aux déversements dans des rivières, sur des côtes ou dans des lacs ouverts et en mer, car la prévision de la trajectoire de ces déversements est généralement plus précise. Sur le plan de l’intervention, les conséquences, à mesure que les hydrocarbures passent des criques et des cours d’eau aux fleuves, puis aux lacs ouverts et aux côtes en milieu marin, sont que l’ampleur des évaluations sur le terrain et la superficie de la zone d’intervention augmentent avec l’étalement des hydrocarbures.

Figure 5.1 : Schéma spatio-temporel des déversements dans différents milieux (tiré de : Owens, 2017)

Longue description

Le graphique de la figure représente le schéma spatio-temporel des déversements dans différents environnements. Les axes sont la distance du pétrole transporté (km) de 0,1 à 1 000 par le temps de déplacement du pétrole (heures) de 0,1 à 1 000. D’un côté du graphique, il y a Océans, Rivières and Ruisseaux et de l’autre c’est Océan, Côtes et Criques. En bas vous avez la Terre. Au milieu du graphique, vous avez deux flèches représentant l’augmentation et la diminution. Dans l’augmentation, vous avez le Risque/Impact Environnemental et l’Échelle/Coût de Planification & Réponse, et pour la diminution, le Potentiel de Protection & de Récupération du Pétrole et la Précision de Prévision & de Modélisation.

L’ampleur de l’intervention a un effet direct sur la planification de l’intervention sur les rives en ce qui concerne l’étendue des responsabilités et la taille du programme TERR. La superficie de la zone touchée par un déversement dans un ruisseau ou une crique peut être de l’ordre de quelques centaines de mètres à des dizaines de kilomètres, alors que les hydrocarbures qui atteignent un grand chenal de rivière ou une rive de lac ouvert peuvent toucher des dizaines à des centaines de kilomètres. Le problème est aggravé dans les rivières par le risque de mazoutage sur les deux berges et sur les îles ou les barres situées au milieu des chenaux.

Un programme d’intervention sur les rives (PIR) est destiné à intégrer tous les aspects d’une intervention, depuis l’évaluation initiale du mazoutage, les relevés TERR sur le terrain, les activités opérationnelles pour traiter ou récupérer les hydrocarbures échoués, jusqu’au processus d’inspection permettant de déclarer que l’intervention est terminée.

Un programme d’intervention sur les rives est établi dès qu’il est évident que les rives d’un lac ou les berges d’une rivière ont été ou pourraient être mazoutées. Le programme TERR est un élément clé d’un programme d’intervention sur les rives qui fournit des données sur les conditions de mazoutage, des recommandations pour les activités de traitement et un mécanisme pour déterminer si les critères de traitement ont été atteints (ECCC, 2018). Se référer à la section 8.1 pour plus de détails sur les critères de traitement des rives.

Les principales fonctions d’un PIR sont les suivantes :

Un PIR intègre les différents aspects d’un programme de traitement tels que les évaluations TERR sur le terrain, la gestion des données, le processus de décision de traitement, l’élaboration de recommandations de traitement, le soutien et la liaison aux opérations, et les inspections post-traitement (ECCC, 2018).

Les éléments clés d’un programme d’intervention sur les rives sont les suivants :

5.3 Segmentation et cartographie

La segmentation est l’épine dorsale du cadre de données et de la cartographie TERR. Toutes les informations recueillies, que ce soit pour les relevés pré-TERR, les relevés TERR, la surveillance ou les relevés d’inspection, sont gérées et traitées selon ce cadre. Chaque segment (ou sous-segment) a un ensemble de critères et de conditions (critères de traitement, priorités, tactiques et contraintes) qui sont utilisés par les sections Planification et Opérations tout au long d’une intervention.

La segmentation des rives, lorsqu’elle est possible et si elle est nécessaire, devrait tenir compte des paramètres décrits dans les sections suivantes.

5.3.1 Lacs

Caractère des rives d’un lac

Les rives sont segmentées en sections pour lesquelles le caractère de la rive est relativement homogène en ce qui concerne les aspects physiques, le type de sédiments, la couverture végétale et l’exposition aux vagues, car ces caractéristiques ont une incidence directe sur le comportement des hydrocarbures et les options de traitement (figure 5.2). Les approches de traitement selon les différents types de substrats des rives sont présentées à la section 6.3.

Figure 5.2 : Un exemple de segmentation primaire de rive

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La photo illustre un rivage avec une segmenation primaines. La segmentation est représentée par de petites lignes jaune qui coupent la rive en segment. Une étiquette est apposée à chacun des segment.

Caractère de la bande riveraine

Le caractère de la bande riveraine et l’utilisation du sol sont souvent importants pour les décisions d’intervention ainsi que pour la logistique. Les changements que subit la bande riveraine peuvent être un élément majeur de la segmentation parce qu’ils se répercutent sur l’accès, la zone de rassemblement et les options de traitement; à savoir, est-ce que la bande riveraine est caractérisée par une falaise, une basse terre boisée, un milieu humide, un champ agricole, un parc public ou un terrain de stationnement?

Administration

Les segments qui dépassent des limites administratives peuvent souvent nécessiter l’inclusion de multiples parties prenantes et de communautés autochtones ayant des préoccupations et des objectifs différents, ce qui pourrait être évité si les segments ou sous-segments sont délimités en fonction de ces limites. Ces limites peuvent être administratives, politiques ou liées à la gestion ou à la propriété des terres.

Rivières et ruisseaux sur la rive

Un des principes directeurs de la segmentation le long de la rive d’un lac est d’éviter d’utiliser une rivière ou un ruisseau pour délimiter les segments. Les rivières et les ruisseaux comportent souvent des secteurs de pêches ou d’autres secteurs préoccupants liés à la faune et, lorsqu’on coupe un segment dans un cours d’eau, on impose toutes les restrictions connexes à deux segments distincts, alors qu’elles pourraient s’appliquer également aux deux rives du cours d’eau. Il vaut mieux que le chenal du ruisseau ou de la rivière et la rive adjacente forment une seule unité, pour que le segment comporte sa propre identité physique et écologique (figure 5.3).

Figure 5.3 : Segmentation au niveau des rivières et des ruisseaux

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La photo illustre un rivage avec une embouchure de rivière qui a été séparée en segment. Les segments sont identifiés par de petites lignes jaune transversales et des étiquettes.

Convention de la nomenclature pour la segmentation de la rive d’un lac

Pour que tout le personnel de l’intervention puisse utiliser la segmentation de la rive, la règle de nomenclature des segments doit être systématique, facile à adapter et intuitive à utiliser. Lors de petits déversements locaux, qui ne comportent que quelques segments, il peut s’agir d’une simple séquence de chiffres, soit de 1 à 10. Pour les déversements plus importants, qui s’étendent sur une plus grande distance, les segments sont divisés en groupes opérationnels, par exemple ABC-01 à ABC-10. Il se peut que la segmentation doive comprendre des noms géographiques régionaux et locaux pour donner un nom de référence propre à toutes les rives dans les plans d’intervention.

Une structure hiérarchique, commençant par les niveaux les plus élevés et se divisant par la suite en sections plus petites, jusqu’à des segments ou des sous-segments de la rive, permet de recueillir et de gérer des données à divers degrés de détail (échelle géographique) dans le même cadre de segmentation. Chaque segment ou sous-segment porte alors un nom de référence qui lui est propre dans la hiérarchie, quelle que soit la taille du secteur de l’intervention (tableau 5.2).

Tableau 5.2 : Hiérarchie de la nomenclature de la segmentation des rives d’un lac
Hiérarchie de la nomenclature de la rive d’un lac avant un incident Exemple de CODE
Codes de référence géopolitique
(1) Global :
province ou territoire, p. ex. l’Ontario
ON
(2) Régional :
à plus petite échelle, p. ex. Le lac Huron
HUR
(3) Secteur :
à grande échelle, p. ex. la baie de Nottawasaga
NTW
Codesd’unités de cartographie
(4) Groupe :
référence géographique locale, p. ex. la nouvelle plage Wasaga Beach
NWB
(5) Segment :
section individuelle de la rive
01
(6) Sous-segment :
condition ou caractéristiques d’intervention secondaire
a

Les niveaux les plus élevés de la hiérarchie (1 à 3) sont des codes de référence géopolitique (ON/HUR/NTW) et les niveaux inférieurs (4 à 6) définissent des sections individuelles de la rive ou des unités de cartographie (NWB-01). La nomenclature hiérarchique qui en résulte, par exemple ON/HUR/NTW/NWB-01, définirait une section du rivage à Wasaga, Ontario, dans le lac Huron. Un identificateur de sous­segment (6) peut être ajouté s’il est important de définir et de décrire plus précisément des caractéristiques ou des conditions uniques au sein d’un segment.

Réduire la numérotation des segments à peu de chiffres dans des groupes géographiques locaux est plus intuitif pour les segments opérationnels. Selon la taille et l’emplacement d’un déversement, seule la dernière ou les dernières sections de la nomenclature seraient utilisées lors d’une intervention, p. ex. NWB-01.

Les zones mazoutées ne font pas traditionnellement partie de la convention de « segmentation ». Il s’agit d’une division temporelle des conditions observées sur et le long de la rive, éphémère et souvent changeante dans le temps et l’espace d’un relevé à l’autre. Les zones sont documentées dans le cadre de la structure de segmentation établie pour tous les relevés TERR, y compris les lacs, les rivières et les cours d’eau (et marins), quelle que soit la segmentation ou la cartographie existante, comme indiqué aux sections 5.3.1 et 5.3.2. Bien que les zones soient liées à des segments, elles sont distinctes de la « segmentation » et sont représentées séparément sur les formulaires, ainsi que dans les bases de données et les systèmes d’information géographique (SIG).

Au cours d’un incident, les zones mazoutées fournissent les ensembles de données sur les rives pouvant faire l’objet d’une action, qui sont utilisés pour générer des recommandations de traitement de la rive (RTR) et pour décrire et classer le mazoutage afin d’aider à déterminer les meilleures mesures d’intervention.

5.3.2 Rivières

Le processus de segmentation des rivières, des ruisseaux et des criques est légèrement différent, car ces cours d’eau comprennent deux rives ainsi que des îles ou des barres de milieu du chenal. Pour les besoins d’un relevé TERR, une distinction est faite entre les rivières et les ruisseaux, les criques ou les fossés en fonction de facteurs opérationnels et propres au relevé :

Le choix d’utiliser le formulaire de SMR pour rivière ou pour cours d’eau dépendra souvent de l’étendue et des conditions de l’eau. En cas de débit élevé, les deux rives des petits cours d’eau peuvent ne pas être évaluées en même temps (il se peut que la rive gauche et la rive droite soient évaluées séparément) – il est possible d’utiliser le formulaire de SMR pour rivière. Dans le cas d’éléments relativement uniformes et petits, tels que les fossés, il peut être plus pratique de considérer chaque section segmentée comme étant une seule entité et de ne pas faire de relevé distinct pour les rives gauche et droite – on peut utiliser le formulaire SMR pour rivière, en indiquant que le relevé couvre les deux rives dans la section 1 du formulaire.

La segmentation des rivières peut différer selon que la cartographie pré-TERR a été réalisée et les segments pré-identifiés, ou que les segments sont créés au moment d’une intervention. En l’absence de segmentation et de cartographie préalables à l’incident, l’approche la plus pratique est basée sur une subdivision en aval de longueur fixe pour la zone d’intervention (segments et sous-segments de la borne kilométrique de la rivière de section). La segmentation et la cartographie préalables à l’incident n’ont pas de « point de départ » et sont basées sur une hiérarchie de subdivisions créant des segments distincts dans un cadre cartographique plus large (section de la Convention de la nomenclature de la segmentation des rivières).

Segments et sous­segments des points kilométriques

En l’absence de segmentation au moment d’un incident, le concept de segments et de sous-segments de PK (point kilométrique) est pratique et simple pour toutes les rivières, cours d’eau et ruisseaux. Le système de segmentation suit une simple séquence de PK de longueur fixe en aval, qui commence au point d’entrée (PDE = PK 00). Des longueurs de segments fixes suivent le milieu du chenal et peuvent être générées à l’aide de SIG ou à la main sur des cartes :

Figure 5.4 : Segmentation de PK des cours d’eau ou des ruisseaux à chenal unique

Longue description

La carte montre le chenal d’un ruisseau ou rivière coupé en segment avec point kilométrique (PK) le long du cours d’eau.

Même un système de chenal unique peut présenter une certaine complexité s’il y a présence d’îles (figure 5.5) :

Figure 5.5 : Segmentation de rivière à chenal unique avec sous-segments

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La figure représente une rivière avec des segments et sous-segments pour les îles. La flèche montre le sens de l’écoulement et une ligne pointillée qui est la limite des propriétés foncières. Chaque segment a son étiquette et les lignes rouge coupent les segments.

Pour une rivière à plusieurs chenaux, la même approche de segmentation de PK peut être utilisée sur la base d’un chenal principal, de deux chenaux, ou sur la base du chenal médian, s’il y a plus de deux chenaux (figure 5.6). Le chenal principal ou médian conserve le système de numérotation du segment du PK à 1 kilomètre basé sur le point d’entrée avec le préfixe « A »; par exemple, A-001. La segmentation dans le chenal principal (A) représente la distance totale (km) en aval du point d’entrée.

Figure 5.6 : Segmentation des rivières à chenaux multiples avec un chenal primaire (« A ») et plusieurs chenaux secondaires (« B » et « C »)

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Il s’agit d’une représentation d’une segmentation fluviale à canaux multiples avec un canal primaire et plusieurs canaux secondaires. Une flèche représente l’aval et les segments sont coupés avec une ligne rouge et des étiquettes.

Ce concept de segmentation fluviale, qu’il s’agisse de système à un ou à plusieurs chenaux, est basé sur des distances fixes en aval et va à l’encontre du processus standard de segmentation des rives marines ou lacustres, qui est généralement basé sur les changements de substrat et de morphologie (forme). Cependant, les paramètres de substrat et de forme de la rive sont réintroduits dans la cartographie et la base de données, car ils sont codés sur le formulaire SMR dans le cadre des renseignements fournis sur les zones individuelles au sein de chaque segment ou sous-segment. Lorsqu’il n’y a pas de cartographie préalable au déversement (ou si la cartographie existante est peu détaillée, désuète, ou si les conditions observées sont susceptibles d’affecter les considérations de traitement non documentées sur la cartographie existante), les procédures standards consistent à rompre les zones à l’intérieur des segments si le caractère du littoral change de manière significative (ex., d’une batture végétalisée à une berge coupée par l’érosion), même si les conditions de mazoutage ne changent pas. Cela permet à l’équipe de gestion des données de fournir une documentation sur la forme et le substrat de la rivière en ce qui concerne les différents types de berges/barres, les conditions de mazoutage et les options de traitement, à mesure que les relevés progressent, sans qu’il soit nécessaire de cartographier le réseau fluvial au préalable. De plus, on peut utiliser les zones qui identifient des changements non documentés dans l’utilisation des terres ou des contraintes opérationnelles susceptibles d’affecter les décisions d’intervention à long terme et la conformité aux critères de traitement du littoral pour délimiter des sous-segments pour le reste de l’intervention afin de faciliter les relevés et les opérations futures.

Convention de nomenclature de la segmentation des rivières

Pour les relevés TERR sur les rivières, cours d’eau ou ruisseau qui n’ont pas été pré-segmentés ou cartographiés, l’approche la plus pratique au début d’un programme de relevé est de commencer la segmentation au point d’entrée des hydrocarbures déversés dans le réseau fluvial en utilisant les approches décrites dans la section précédente. La convention de nomenclature ou la hiérarchie de segmentation pour les rivières, ruisseaux et criques dans cette situation diffère de celle pratiquée sur les rivages marins et d’eau douce, car l’étendue de la zone affectée est clairement définie. Une hiérarchie typique comprendrait des divisions opérationnelles à grande échelle créées initialement pour la planification stratégique et logistique (tableau 5.3). Ces divisions sont indépendantes d’un processus de segmentation TERR, mais néanmoins importantes, car elles sont reconnues par les gestionnaires au niveau des décisions stratégiques. Des groupes de segments sont créés pendant le programme de relevé par l’équipe de la TERR afin de faire la synthèse des régions fluviales à grande échelle (plusieurs kilomètres) ou des caractéristiques de mazoutage. À titre d’exemple, les segments situés immédiatement en aval du déversement constituent généralement une zone où les concentrations de mazoutage sur les rives sont les plus élevées et peuvent être regroupés à des fins de planification opérationnelle spécifique.

Tableau 5.3 : Hiérarchie de nomenclature spécifiques à la segmentation lors d’incidents dans un système fluvial
Hiérarchie spécifique aux incidents dans un système fluvial But
Divisions opérationnelles Création au début de l’intervention par les Opérations pour la gestion stratégique et logistique
Groupesde segments Rivière divisée en régions hydrologiques/ géomorphologiques pour compartimenter les données TERR afin d’interpréter les conditions de mazoutage
Sections des PK (segment) Sections de chenal de longueur fixe basées sur des unités de points kilométriques (PK) en aval et au milieu du chenal à partir du point d’entrée (PDE) des hydrocarbures dans la rivière
Segments de PK Rive gauche et rive droite ou rive du milieu du chenal (île) dans une section de PK
Sous-segments Division supplémentaire des segments des PK pour délimiter les conditions de rives secondaires et pour identifier les multiples bancs d’îles au milieu du chenal

En comparaison, la segmentation et la cartographie faites avant l’incident n’ont pas de « point de départ » et sont basées sur une hiérarchie de subdivisions créant des segments uniques dans un cadre cartographique plus large. La convention de nomenclature ou la hiérarchie de segmentation pour les rivières, les cours d’eau et les criques ne diffère pas de manière significative de celle pratiquée pour les rivages marins et d’eau douce (section 5.3.1). Les niveaux supérieurs de la hiérarchie (1-2) fournissent une référence géopolitique (SK/ASB), et les niveaux inférieurs (3-6) définissent les différentes sections de la rive ou les unités cartographiques (KLV-01-RD) (tableau 5.4).

Tableau 5.4 : Hiérarchie de nomenclature de la segmentation d’un système fluvial avant un incident
Hiérarchie de la convention de nomenclature d’un système fluviaux avant incident Exemple de CODE
Codes des références géopolitiques
(1) Global :
province ou territoire, par exemple Saskatchewan
SK
(2) Régional :
à plus petite échelle, par exemple la rivière Assiniboine
ASB
Codesd’unités de cartographie
(3) Groupe :
Référence géographique locale, par exemple Kelvington
KLV
(4) Section :
Section individuelle de la rive
01
(5) Segment :
Rive gauche ou droite ou milieu de berge
RD
(6) Sous-segment :
condition ou caractéristique d’intervention secondaire
a

5.4 Plan d’interventions géographiques

Un plan d’interventions géographiques (PIG) est un document qui fournit de l’information géographique spécifique destinée à aider les intervenants lors de la phase initiale d’une intervention. Cette information permet aux intervenants de prendre les mesures d’intervention appropriées dès le début d’un incident. Un PIG peut être une composante d’un plan d’intervention par secteur ou d’un autre plan d’intervention d’urgence (PIU) qui couvre une zone plus vaste et fournit la structure globale d’une intervention intégrée.

L’objectif général d’un PIG est de fournir une orientation tactique et des mesures éprouvées pour l’intervention initiale, et d’aider les intervenants en identifiant l’emplacement des ressources sensibles et des points d’interventions. Les cartes et les fiches tactiques, c’est-à-dire les plans d’intervention tactique (PIT), sont utilisées pour fournir des informations pertinentes, comme les meilleurs endroits pour déployer les équipements de confinement et de récupération et les caractéristiques logistiques et opérationnelles de l’intervention, comme les rampes de mises à l’eau des bateaux et les zones de rassemblement. Le PIG contient également des informations logistiques, telles que des listes d’hôtels, de restaurants, d’héliports, d’aéroports et d’emplacements potentiels pour des postes de commandement (PC).

Les PIG et les PIT sont des plans hautement opérationnels visant à assurer une intervention rapide et efficace en cas d’incident. Ils fournis- sent des renseignements sur la planification des interventions d’urgence aux équipes d’intervention, principalement sous la forme de points d’intervention (PI) ou de points de contrôle tactique (PCT). Il s’agit d’endroits stratégiques où l’équipement d’intervention peut être déployé de manière sûre et efficace pour prévenir toute nouvelle migration des hydrocarbures et faciliter la récupération ou protéger les ressources sensibles. En général, chaque point a sa propre fiche tactique d’information spécifique au site, qui inclue de l’information sur l’emplacement, les considérations d’accès, les caractéristiques de la voie navigable, les tactiques d’intervention recommandées et l’équipement nécessaire, comme le résume le tableau 5.5.

Tableau 5.5 : Grandes catégories d’informations fournies pour chaque point d’intervention ou point de contrôle tactique
Catégorie Description
Renseignements opérationnels Emplacement du PI, modes d’accès et autres considérations, etc.
Caractéristiques du site Caractéristiques générales de la voie navigable au niveau ou à proximité du PI, caractéristiques physiques, etc.
Objectifs d’intervention Objectif principal de l’intervention
Considérations tactiques Description des méthodes utilisées pour atteindre les objectifs de l’intervention et de l’équipement/ personnel nécessaire
Sécurité Problèmes potentiels et atténuation
Intervention hivernale Considérations et méthodes d’intervention en hiver
Sensibilité environnementale Éléments sensibles qui pourraient être affectés par l’incident ou l’intervention
Survols aériens Vues aériennes avec des diagrammes montrant l’accès, les tactiques, etc.

Les ressources sensibles sur le plan culturel et environnemental doivent être protégées et préservées en cas de déversement. Dans les milieux en eau douce, ces ressources sensibles peuvent être d’une grande variété, comme les prises d’eau potable, les puits d’eau, les aires protégées, les parcs fédéraux, provinciaux et municipaux, les réserves autochtones, les zones humides et les espèces en périls. L’information sur les sensibilités contenue dans les PIG est destinée à soutenir l’Unité environnementale (UE) et à assurer la cohérence et la coordination de l’approche adoptée pour protéger les ressources sensibles lors des déversements. L’implication des parties prenantes et des communautés autochtones dans le développement d’un PIG est un processus important qui peut garantir que les connaissances locales vitales seront prises en compte.

L’un des principaux défis de la planification des interventions en eau douce, en particulier sur les rivières, consiste à identifier des points d’accès appropriés. Les points d’accès peuvent être rares dans les régions éloignées ou lorsque l’accès à la rivière est difficile, ce qui allonge les temps de transit des embarcations et donc les délais d’intervention.

Toutes les actions lors d’une intervention devraient être ajustées pour répondre aux exigences d’un incident spécifique. Le PIG ne dicte pas les mesures; il sert simplement de ressource pour les intervenants.

Les stratégies et tactiques décrites dans un PIG peuvent devoir être ajustées pour tenir compte des conditions environnementales observées au moment d’un incident.

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