2. Le point sur les émissions et les rejets anthropiques de mercure au Canada

Le mercure issu d’activités humaines comme les procédés industriels, l’utilisation de produits qui contiennent du mercure, et la gestion des déchets qui peuvent avoir une incidence au fil du temps sur les niveaux de mercure présents dans l’environnement.

Pour évaluer l’efficacité des mesures de gestion des risques qu’a mises en œuvre le Canada pour juguler les rejets de mercure et atteindre l’objectif de sa Stratégie, le gouvernement a réuni ses données sur les émissions et les rejets anthropiques tirés de l’Inventaire des émissions de polluants atmosphériques  et des Outils et ressources sur les données de l’Inventaire national des rejets de polluants pour la période 2007-2017.

2.1 Émissions atmosphériques

L’Inventaire des émissions de polluants atmosphériques contient des données sur les émissions atmosphériques de mercure (tableau 1). Entre 2007 et 2017, les émissions atmosphériques de mercure au Canada ont diminué de 61 %. L’apport des principaux secteurs industriels a diminué de plus de 50 %, les diminutions les plus remarquables ayant été celles attribuables à la production d’électricité à partir de centrales alimentées au charbon (72 %), à l’incinération (92 %), et à la fonte et à l’affinage des métaux non ferreux (90 %).

Tableau 1. Émissions atmosphériques nationales de mercure, en tonnes
Catégorie/Secteur
2007 2017 % d'écart
Production d’électricité à partir de centrale alimentée au charbon

2,07

0,58

-72 %

Commercial/résidentiel/institutionnel (a)

0,57

0,30

-48 %

Incinération et sources de déchets

1,49

0,44

-70 %

Incinération

0,78

0,06

-92 %

Crémation

0,20

0,28

+42 %

Traitement et élimination des déchets

0,51

0,10

-80 %

Minerais et industries des minéraux

2,63

1,21

-54 %

Fer et acier

0,89

0,73

-18 %

Fonte et affinage de métaux non ferreux

1,41

0,15

-90 %

Industrie du ciment et du béton

0,32

0,33

+4 %

Autres sources industrielles (b)

0,68

0,25

-64 %

Autres méthodes de production d’électricité et sources de combustion de carburant (c)

0,40

0,25

-37 %

Total (d)

7,84

3,03

-61 %

Source : Inventaire des émissions de polluants atmosphériques, 2019

a Comprend les émissions de la fumée de cigarette, la combustion de combustibles fossiles et de carburants biogènes utilisés pour le chauffage d’immeubles, le chauffage de matériaux de construction, ainsi que le mercure présent dans des produits et des données d’installation d’autres secteurs qui ne sont pas mentionnés ailleurs.

b Les autres sources industrielles comprennent les émissions de l’extraction, de la fabrication de l’aluminium, du bitume pour le revêtement de chaussées, du fer, ainsi que les activités en amont et en aval de l’industrie pétrolière et gazière.

c Ces sources comprennent les émissions du gaz naturel, de matériaux de déchets, d’autres méthodes de production d’électricité, et de la combustion du carburant utilisé pour le transport et l’équipement mobile, de l’agriculture, du chauffage au bois résidentiel, de la construction, et à des fins résidentielles.

d Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.

Pour la période comprise entre 2007 et 2017, le portrait des principaux émetteurs de mercure a évolué de manière très substantielle. La figure 1 contient la répartition des émissions atmosphériques de mercure en 2007 et en 2017. Même si les émissions de l’industrie sidérurgique accaparent la plus grande partie des émissions totales de mercure au Canada en 2017, les émissions de cette source depuis 2007 ont diminué de 18 %. De plus, comme l’indique la figure 2, les émissions atmosphériques au cours de cette période ont diminué dans toutes les provinces.

deux graphiques circulaires montrant le pourcentage d'émissions atmosphériques de mercure des secteurs industriels en 2007 et 2017. Version texte ci-dessous.

Figure 1. Émissions de mercure dans l’atmosphère au Canada en 2007 (environ 7,8 tonnes) et 2017 (environ 3,0 tonnes)

*Les chiffres ayant été arrondis, les totaux peuvent ne pas correspondre

Description longue
Émissions atmosphériques de mercure au Canada en 2007 (environ 7,8 tonnes) et en 2017 (environ 3,0 tonnes)

Secteur industriel

2007

2017

Sidérurgie

11%

24%

Centrales électriques alimentées au charbon

26%

19%

Incinération

10%

2%

Traitement des eaux usées et des déchets

7%

4%

Commercial/résidentiel/institutionnel

7%

10%

Sources industrielles diverses

9%

8%

Industrie du ciment et du béton

4%

11%

Combustion d’autres carburants fossiles

5%

8%

Crémation

3%

9%

Fonte et affinage de métaux non ferreux

18%

5%

diagramme à barres qui indique les émissions atmosphériques de mercure au Canada en 2007 et 2017, par province et territoire. Version texte ci-dessous.

Figure 2. Émissions atmosphériques de mercure par province et territoire, Canada, 2007 et 2017

(Source :  Environnement et Changement climatique, 2019, Inventaire des émissions de polluants atmosphériques)

Description longue
Émissions atmosphériques de mercure par province et territoire, Canada, 2007 et 2017

Province ou territoire

2007 (émissions en tonnes)

2017 (émissions en tonnes)

Terre-Neuve-et-Labrador

0,09

0,02

Île-du-Prince-Édouard

0,02

0,01

Nouvelle-Écosse

0,23

0,10

Nouveau-Brunswick

0,24

0,08

Québec

1,44

0,47

Ontario

1,66

1,02

Manitoba

1,22

0,06

Saskatchewan

0,94

0,51

Alberta

1,45

0,43

Colombie-Britannique

0,55

0,33

Yukon

< 0,01

< 0,01

Territoires du Nord-Ouest

0,01

< 0,01

Nunavut

< 0,01

< 0,01

Canada

7,84

3,03

Remarque : Les chiffres ayant été arrondis, les totaux peuvent ne pas correspondre.

Au cours des dix dernières années, les émissions de mercure ont diminué en raison de la fermeture d’exploitations industrielles (dont une fonderie au Manitoba en 2010 et des centrales électriques alimentées au charbon en Ontario), de l’utilisation de nouvelles technologies de contrôle des émissions, et de l’utilisation accrue de pratiques de gestion exemplaires.

En 2017, les émissions de mercure étaient les plus élevées en Ontario, et elles composaient 34 % (1,0 tonne) du total national. Ces émissions étaient principalement attribuables à l’industrie sidérurgique et à l’industrie du ciment et du béton, qui composaient 60 % du total des émissions de l’Ontario.

2.2 Rejets dans l’eau

En vertu de l’Inventaire national des rejets de polluants, les installations sont tenues de déclarer chaque année leurs rejets de mercure dans l’eau si les rejets découlant de leurs activités correspondent à 5 kg ou plus de mercure. Comme l’illustre la figure 3, les rejets totaux de mercure dans l’eau ont été relativement faibles.

diagramme à barres empilées qui indique la quantité (en kilogrammes) de mercure rejetée dans l’eau au Canada entre 2003 et 2017, par source. Version texte ci-dessous.
Figure 3. Quantité (en kilogrammes)a de mercureb rejetée dans l’eau par source au Canada, entre 2003 et 2017
Description longue
Rejets de mercure dans l'eau par source, Canada, 2003 à 2017

Année

Eaux usées et gestion des déchets
(rejets dans l'eau en kg)

Industrie des pâtes et papiers
(rejets dans l'eau en kg)

Fonte et affinage de métaux non ferreux
(rejets dans l'eau en kg)

Exploitation de mines et de carrières
(rejets dans l'eau en kg)

Autres sources
(rejets dans l'eau en kg)

Total
(rejets dans l'eau en kg)

2003

303,4

23,9

14,1

0,2

34,3

375,8

2004

270,3

16,9

13,3

7,1

25,3

333,0

2005

434,2

14,0

53,4

0,2

28,5

530,3

2006

225,7

26,0

61,6

3,1

20,6

337,0

2007

167,1

25,4

31,2

3,9

23,3

251,0

2008

146,8

22,8

10,7

3,2

24,5

208,0

2009

163,6

83,6

9,4

16,2

65,8

338,7

2010

136,5

70,5

23,3

4,6

21,4

256,2

2011

173,6

68,2

9,3

90,2

13,2

354,4

2012

99,0

43,2

5,7

15,2

9,1

172,2

2013

123,6

34,6

8,5

38,6

6,2

211,5

2014

87,4

47,8

10,4

2 174,4

1,4

2 321,4

2015

77,9

21,7

5,5

5,1

1,6

111,8

2016

83,3

21,0

30,7

3,4

4,1

142,5

2017

81,4

19,3

12,0

6,8

0,7

120,3

Remarque : Les chiffres ayant été arrondis, les totaux peuvent ne pas correspondre.

Notes. a 1 000 kilogrammes = 1 tonne.

b Les rejets ne concernent que les activités anthropiques. Les quantités indiquées comprennent le mercure élémentaire et les composés de mercure, des alliages ou un mélange déclaré dans l’Inventaire national des rejets de polluants selon les critères de déclaration aux fins de l’inventaire. Les « Autres sources » comprennent les rejets des centrales électriques, des usines de fabrication (sauf les usines de pâtes et papiers), de l’industrie pétrolière et gazière, ainsi que des activités extractives de ressources minérales (exception faite des usines de fonte et d’affinage des métaux non ferreux), entre autres (pour obtenir d’autres précisions sur les sources, se reporter aux sources des données et méthodes utilisées pour l’inventaire).

Exception faite de l’année 2014, les rejets totaux annuels moyens de mercure dans l’eau entre 2007 et 2017 étaient de 217 kg. De 2007 à 2017, les rejets de mercure ont chuté de 66 %. En 2014, les rejets totaux étaient nettement plus élevés, et se chiffraient à 2 321 kg, ce qui était attribuable à la rupture d’une digue qui confinait des stériles de mines dans un bassin de décantation de la mine Mount Polley au centre de la Colombie-Britannique (et qui avait contribué à hauteur de 92 % aux rejets de mercure au cours de cette année).

Entre 2007 et 2017, le mercure rejeté par les usines d’assainissement des eaux usées a composé la majeure partie de tout le mercure rejeté dans l’eau. En 2017, quatre secteurs d’activité ont contribué à raison de 119 kg au total de 120 kg des rejets nationaux de mercure dans l’eau : traitement des eaux usées et gestion des déchets; pâtes et papiers; fonte et affinage des métaux non ferreux; exploitation minière et de ballastière. La plus importante source de rejets a été le secteur du traitement des eaux usées et de la gestion des déchets, qui a composé 81 kg (68 %) du total. Ce secteur ne produit pas de mercure ; les rejets mettent plutôt en cause le mercure produit en amont, par l’utilisation ou la mise au rebut de produits qui renferment du mercure.

2.3 Dépôts d’origine étrangère

Malgré une réduction des sources partout au pays, les émissions atmosphériques constituent toujours une importante source de dépôts de mercure au Canada. Contrairement à d’autres types de métaux, le mercure s’évapore facilement. Après son rejet dans l’air, le mercure peut demeurer présent dans l’atmosphère entre six mois et un an, et il peut se déplacer sur de longues distances et se déposer dans des régions éloignées du Canada, y compris dans l’Arctique. L’Arctique est particulièrement exposé aux dépôts de mercure en raison de sa composition chimique unique, ce qui se traduit par la précipitation de mercure à partir de l’atmosphère dans la neige et la glace au printemps.

Il peut être difficile de départager le mercure d’origine étrangère et le mercure produit au Canada, car le mercure peut se déplacer sur de grandes distances en raison des courants de vent. Environnement et Changement climatique Canada estime qu’en 2015, le Canada a contribué à hauteur de 0,2 % (4,3 tonnes sur un total de 2 223 tonnes) des émissions mondiales anthropiques de mercure dans l’atmosphère. Par ailleurs, environ 40 tonnes de mercure anthropique ont formé des dépôts au Canada en 2015 (Dastoor et Ryjkov, communication interne, 2018 ; Environnement et Changement climatique, 2019). Par la modélisation et l’analyse, on estime que plus de 97 % de ces dépôts proviennent d’autres pays, dont environ 37 % de l’est de l’Asie, 9 % du Sud-est asiatique, 8 % à la fois du sud de l’Asie et de l’Afrique subsahariennes, 7 % de l’Europe et 4 % des États-Unis. C’est pourquoi le Canada est un joueur de premier plan dans les efforts régionaux et internationaux visant à réduire les flux mondiaux de mercure (en particulier sous l’égide de la Convention de Minamata ; voir la section 7).

2.4 Conclusion

Il est manifeste que les secteurs industriels du Canada ont réduit la quantité de mercure qu’ils rejettent dans l’environnement. Et pourtant, malgré ces réductions à l’échelle nationale, les émissions atmosphériques anthropiques de l’étranger sont toujours une importante source d’apport en mercure au Canada.

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