Méthode d’essai biologique : essai sur la fécondation chez les échinides ou oursins globuleux et oursins plats, chapitre 7


Section 5 : Modes opératoires particuliers pour la mesure de la toxicité de substances chimiques

La présente section renferme des instructions particulières relatives aux essais sur des substances chimiques, qui s’ajoutent aux procédures exposées à la section 4.

5.1 Propriétés, étiquetage et entreposage de l’échantillon

On devrait obtenir des renseignements sur les propriétés de la substance, de la formulation ou du mélange chimique soumis à l’essai, notamment la concentration des principaux ingrédients, la solubilité dans l’eau, la tension de vapeur, la stabilité chimique, les constantes de dissociation, le coefficient de partage n-octanol-eau et la biodégradabilité. Il faudrait consulter la fiche signalétique de la ou des substances, si elle existe. Lorsque la solubilité dans l’eau soulève des doutes ou des difficultés, il faudrait recueillir et consigner l’information sur les modes opératoires admissibles employés antérieurement pour la préparation des solutions aqueuses de la ou des substances et/ou procéder à un essai pour déterminer la solubilité de la ou des substances dans l’eau d’essaiNote de bas de page 70. Il faudrait également recueillir et consigner les autres renseignements disponibles, notamment la formule développée, le degré de pureté, la nature et le pourcentage des impuretés importantes et des additifs, les précautions entourant la manipulation et les estimations de la toxicité de la substance pour les humains et/ou les organismes aquatiquesNote de bas de page 71. On devrait aussi connaître une méthode d’analyse acceptable pour la ou les substances chimiques en milieu aqueux, aux concentrations prévues pour l’essai, et disposer de données sur la précision et la justesse de l’analyse.

Dès la réception de la substance chimique, on doit fermer hermétiquement les contenants et les coder ou les étiqueter. On devrait indiquer sur l’étiquette au moins le nom de la substance, le fournisseur et la date de réception. Les conditions d’entreposage dépendent des propriétés de la substance et comportent souvent des prescriptions en matière de température et de protection contre la lumière. On devrait respecter les pratiques normalisées de manipulation et d’entreposage des substances chimiques.

5.2 Préparation des solutions d’essai

Dans la mesure du possible, on devrait préparer les solutions d’essai de la substance chimique en ajoutant des aliquotes d’une solution mère constituée d’eau témoin/de dilutionNote de bas de page 72. Lorsque la solution mère est composée d’eau désionisée, d’eau distillée ou d’eau douce, on devrait ajouter au besoin des sels de mer secs du commerce, des sels de qualité réactif ou de la SHS (90 ± 1 g/kg) pour ajuster la salinité de chaque solution d’essai à la plage de salinité voulue (c.-à-d. 30 ± 2 g/kg). Pour les échantillons aqueux (p. ex., formulations de substances chimiques dans l’eau), les solutions d’essai peuvent aussi être préparées en ajoutant les quantités appropriées de sels de mer secs du commerce, de sels de qualité réactif ou de SHS (ou de l’eau désionisée au besoin) à l’échantillon ou à chaque solution d’essai (v. 2.3.4 et 4.3.2). Dans le cas de solutions fortes ou de gros volumes, des quantités mesurées (avec une balance de précision) de la substance chimique peuvent être ajoutées à l’eau témoin/de dilution pour obtenir les teneurs nominales aux fins de l’essai. Les concentrations d’essai nominales doivent être préparées et consignées en tenant compte de l’ajustement de la salinité. Tout essai dans lequel de la SHS a été ajoutée à l’échantillon ou aux solutions d’essai doit comprendre une série de témoins constitués uniquement de SHS et d’eau désionisée (c.-à-d. des témoins de la SHS) (v. 4.1.1). De même, si des sels de mer secs du commerce ou des sels de qualité réactif et de l’eau désionisée ont été ajoutés à l’échantillon ou aux solutions d’essai, on doit prévoir une série de témoins (c.-à-d. des témoins des sels) constituées uniquement de ces sels et de cette eau (v. 4.1.1).

Pour les substances chimiques qui ne se dissolvent pas facilement dans l’eau, des solutions mères peuvent être préparées au moyen de la méthode de la colonne génératrice (Billington et coll., 1988; Shiu et coll., 1988) ou, ce qui est moins souhaitable, par dispersion ultrasoniqueNote de bas de page 73. On ne devrait pas utiliser de solvants organiques, d’émulsifiants ou de dispersants pour accroître la solubilité de la substance chimique, sauf lorsque ces substances pourraient être formulées avec la substance d’essai dans son utilisation commerciale normale. Le cas échéant, on doit préparer une solution témoin supplémentaire renfermant la même concentration d’agent solubilisant que la solution la plus concentrée de la substance d’essai. Ces agents devraient être utilisés parcimonieusement, leur concentration ne devant pas dépasser 0,1 mL/L dans toute solution d’essai. Dans le cas des solvants, les substances à privilégier (USEPA, 1985; ASTM, 1990) sont le tryéthylèneglycol et le diméthylformamide. On pourrait aussi utiliser le méthanol, l’éthanol et l’acétone, mais ces substances sont plus volatiles.

5.3 Eau témoin/de dilution

L’eau témoin/de dilution peut être de l’eau de mer reconstituée (artificielle), de l’eau de mer naturelle « non contaminée » du laboratoire ou un échantillon d’une eau réceptrice lorsque l’essai concerne un endroit précis. Le choix de l’eau témoin/de dilution dépend de l’objet de l’essai (v. 3.4).

On devrait utiliser de l’eau de mer reconstituée quand un degré élevé de normalisation est nécessaire (p. ex., pour mesurer la toxicité d’une substance chimique par rapport à des valeurs obtenues ailleurs pour cette substance ou d’autres substances). La salinité de l’eau témoin/de dilution utilisée pour ces essais comparatifs devrait être la même pour tous les essais et servir pour toutes les dilutions; elle devrait être de 28-32 g/kg. De plus, l’écart par rapport à la salinité des témoins devrait être de ≤1 g/kg.

Lorsque l’essai a pour objet d’évaluer l’effet toxique d’une substance chimique sur une eau réceptrice donnée, on pourrait prélever un ou des échantillons de cette eau dans un endroit non contaminé par la substance en question et s’en servir comme eau témoin/de dilution. Il pourrait s’agir, par exemple, d’évaluer l’effet toxique, sur une masse d’eau donnée, d’un déversement (réel ou potentiel) ou d’un épandage intentionnel d’une substance chimique (p. ex., la pulvérisation d’un pesticide). Si on doit utiliser un échantillon d’eau réceptrice comme eau témoin/de dilution, une solution témoin distincte doit être préparée avec l’eau témoin/de dilution qui est normalement utilisée pour l’essai sur la fécondation chez les échinides et qui permet de réaliser des essais valides sur une base régulière (v. 4.5.1).

L’eau de mer naturelle non contaminée ou l’eau de mer reconstituée du laboratoire peut également être utilisée pour évaluer l’effet toxique d’une substance sur une eau réceptrice donnée, en particulier en présence d’une toxicité interférente dans cette eau réceptrice ou lorsque des contraintes d’ordre logistique empêchent le prélèvement et l’utilisation d’échantillons de cette eau (v. 4.1.1). L’eau de mer du laboratoire dans laquelle sont maintenus les adultes peut aussi servir dans d’autres situations (p. ex, évaluation préalable ou intralaboratoire de la toxicité d’une substance chimique).

Pour mesurer l’effet de la salinité sur la toxicité de la substance chimique à l’étude, on devrait réaliser des essais distincts et parallèles à ≥2 salinités différentes. Cependant, il ne faut pas oublier qu’une salinité qui se situe hors de la plage de 28-32 g/kg peut influer sur le succès de la fécondationNote de bas de page 74. Pour ces essais, l’eau témoin/de dilution devrait provenir d’une même source, qu’il s’agisse d’eau de mer reconstituée (v. 2.3.4) ou d’eau de mer naturelle dont la salinité a été ajustée au besoin avec de la SHS, des sels secs, de l’eau désionisée, de l’eau distillée ou de l’eau douce non contaminée.

5.4 Observations et mesures

En plus des observations sur la toxicité décrites en 4.4, il faut procéder à d’autres observations et mesures dans les essais sur des substances chimiques.

Pendant la préparation, on devrait examiner chaque solution d’essai afin de détecter la présence de substances chimiques et d’observer leur évolution (p. ex., odeur, couleur et opacité, précipitation ou floculation). Toute observation devrait être consignée.

Il est souhaitable et recommandé d’analyser des aliquotes des solutions d’essai afin de déterminer les teneurs en substances chimiques auxquelles les gamètes sont exposés, ces analyses englobant au moins les concentrations élevée, moyenne et faible ainsi que le ou les témoinsNote de bas de page 75.

Tous les échantillons devraient être conservés, entreposés et analysés selon des méthodes éprouvées. Les méthodes d’analyse doivent être assorties de limites de détection acceptables permettant d’établir la concentration de la substance chimique visée en solution aqueuse. Dans tous les essais au cours desquels on mesure les concentrations, la toxicité devrait être calculée et exprimée en fonction de ces dernières, sauf s’il y a lieu de croire que les analyses chimiques ne sont pas exactes. Pendant les calculs, chaque solution d’essai devrait être caractérisée d’après la moyenne géométrique de la concentration mesurée à laquelle les gamètes sont exposés.

5.5 Paramètre de l’essai et calculs

La CIpest le paramètre recommandé pour tout essai à concentrations multiples (v. 4.5).

Si on utilise un témoin du solvant, l’essai n’est pas valide lorsque le succès de la fécondation y est nettement moins élevé que dans le témoin contenant seulement de l’eau.

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