Stratégie de gestion du risque lié aux produits contenant du mercure : chapitre 3


Préoccupations

Le mercure est un élément naturel qui peut être libéré dans l'atmosphère à partir de sources naturelles ou anthropiques. Lorsqu'il aboutit dans l'eau, l'activité biologique peut en entraîner sa conversion en un composé hautement toxique appelé méthylmercure. Les poissons, les mammifères aquatiques et la sauvagine qui s'alimentent dans les masses d'eau contaminées par cette substance peuvent l'absorber et l'accumuler dans leurs tissus.

3.1 Effets nocifs pour la vie et la santé des humains

La plupart des formes chimiques du mercure sont des neurotoxines qui peuvent causer des dommages au cerveau, au système nerveux central, aux reins et aux poumons. La gravité des effets toxiques du mercure dépend de la forme chimique et de la concentration du mercure absorbé, ainsi que de la voie d'exposition.2

Le méthylmercure, un des composés du mercure les plus toxiques, pénètre facilement dans le cerveau. Chez les adultes, l'exposition à des concentrations élevées de méthylmercure peut conduire à des troubles comme des changements de la personnalité, des tremblements, des changements de la vision, la surdité, des pertes de coordination et de sensation musculaire, des pertes de mémoire, la déficience intellectuelle et, dans les cas extrêmes, la mort.3

Les foetus peuvent recevoir une partie du mercure qui se trouve dans l'organisme de leur mère puisque cette substance traverse la barrière placentaire.4 Ce type d'exposition peut conduire à des troubles du développement neurologique. Les enfants ainsi touchés peuvent souffrir d'une réduction de la coordination et de la croissance, d'une baisse de l'intelligence et de crises épileptiques. Selon une étude récente réalisée aux États-Unis, le nombre de bébés atteints chaque année de troubles du développement neurologique dus à l'exposition in utero au méthylmercure pourrait atteindre 60 000.5

3.2 Effets nocifs pour l'environnement ou la diversité biologique

Les effets à long terme du mercure sur les écosystèmes entiers sont mal connus, mais la survie de certaines populations touchées et la persistance de la diversité biologique globale pourraient être menacées. Par exemple, 20 milligrammes de mercure - quantité que l'on trouve dans beaucoup de produits communs - dilués uniformément dans une masse d'eau douce peuvent contaminer jusqu'à 770 000 litres d'eau au delà de la limite prescrite pour la protection de la vie aquatique (fixée à 0,026 microgramme de mercure par litre d'eau).6

Le mercure, converti par l'intermédiaire de l'activité biologique en méthylmercure (un composé organique liposoluble), peut s'accumuler dans les organismes vivants7 et se concentrer en passant d'un niveau à l'autre de la chaîne alimentaire via un processus appelé « bioamplification ».8 Les prédateurs piscivores (qui se nourrissent de poissons) comme le huart, le harle, le balbuzard pêcheur, les aigles, les hérons et les martins-pêcheurs sont des espèces affichant des concentrations élevées de méthylmercure dans l'organisme. Des concentrations élevées de méthylmercure sont préjudiciables aux animaux sauvages qui y sont exposés. Selon le degré d'exposition, les effets peuvent inclure un ralentissement de la croissance, des troubles de la reproduction, un comportement anormal pouvant nuire aux techniques de survie9 et la mortalité.

2 Santé Canada - Fiche de renseignements sur le mercure et la santé humaine, septembre 2004

3 Santé Canada - Fiche de renseignements sur le mercure et la santé humaine, septembre 2004

4 OMS - Elemental Mercury and Inorganic Mercury: Human Health Aspects, 2003

5 US National Academy of Sciences - Toxicological Effects of Methylmercury (2000)

6 Conseil canadien des ministres de l'environnement (CCME) - Recommandations canadiennes pour la qualité des eaux : protection de la vie aquatique.

7 Programme de surveillance et d'évaluation de l'Arctique - fiche de renseignements sur le mercure, janvier 2005

8 PNUE - Rapport sur l'évaluation mondiale du mercure, 2003

9 USEPA - Mercury Study Report to Congress, 1997

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