Évaluation scientifique aux fins de la désignation de l’habitat essentiel de la population boréale du Caribou des bois au Canada - Mise à jour 2011 : Principales constatations
L’information et les analyses présentées ici viennent combler les lacunes relevées au cours de la mise en œuvre des travaux présentés dans l’Examen scientifique de 2008. Toutefois, ni l’approche appliquée à cette évaluation, ni les résultats qu’elle a produits ne s’écartent fondamentalement de ce qui a été conclu dans l’Examen scientifique de 2008, c.-à-d. que l’aire de répartition est la désignation géographique qui convient pour décrire l’habitat essentiel. En outre, la perturbation totale dans une aire de répartition demeure le principal critère d’identification de l’habitat essentiel lorsqu’il s’agit du maintien de populations locales de caribou autosuffisantes.
Même si de meilleures données nous permettraient de mieux comprendre la situation et d’éliminer les incertitudes qui restent, le rapport conclut que l’information disponible suffit comme fondement scientifique pour l’évaluation de l’habitat essentiel du caribou boréal au Canada et pour la désignation de l’habitat essentiel de cette espèce dans les 57 aires de répartition qui en constituent la zone d’occurrence au Canada.
L’application du cadre de travail conceptuel et des analyses connexes qui sous-tendent l’évaluation de 2011 comprend les grands points suivants :
- La variation du recrutement dans 24 aires étudiées s’étendant sur l’ensemble de l’aire de répartition du caribou boréal et englobant les variations de conditions des aires de cette espèce au Canada a été expliquée dans une proportion atteignant presque 70 % par une seule mesure composite de la perturbation totale (phénomènes anthropiques et incendies) dont la plus grande partie pouvait être attribuée aux effets nuisibles des perturbations anthropiques. La distinction de différents types de perturbations anthropiques (ex. types linéaires et types polygonaux) est statistiquement peu étayée. Toutefois, les analyses connexes portant sur diverses largeurs de zones tampons ont révélé qu’une zone tampon de 500 m dans les secteurs de perturbation anthropique est une approximation minimale et convenable de la zone d’influence de ces phénomènes sur la démographie du caribou.
- Sur les 57 aires du caribou boréal du Canada, 17 (30 %) ont été classées dans la catégorie « autosuffisante » (AS), 7 (12 %), dans la catégorie « non autosuffisante/autosuffisante » (NAS/AS), et 33 (58 %), dans la catégorie « non autosuffisante » (NAS) (Résumé, figure 1). Avec l’évaluation intégrée du risque, ces désignations ont été perfectionnées, ce qui a donné cinq catégories de probabilité allant de très probable (AS) à très peu probable (NAS), ces différentes catégories s’appliquant à la probabilité que les conditions actuelles permettent le maintien d’une population de caribou boréal autosuffisante.
Résumé – Figure 1. Évaluation intégrée du risque pour les aires du caribou boréal au Canada.

- Les seuils de gestion propres à chacune des aires établis en fonction des perturbations peuvent être déterminés au moyen d’une fonction généralisée perturbation-croissance de la population combinée à l’information propre à l’aire considérée (Résumé, figure 2). Une méthode a été mise au point pour étendre la description de l’habitat essentiel afin de prendre en compte les seuils de gestion établis en fonction des perturbations lorsque des risques acceptables sont définis par les gestionnaires. L’une des composantes fondamentales de cette méthode est une fonction de croissance de la population en relation avec les perturbations qui peut être utilisée avec l’information propre à l’aire pour déterminer des seuils de perturbation propres à l’aire. Des exemples illustrant l’application de cette méthode à la détermination de seuils de perturbation propres à une aire sont présentés.
Résumé – Figure 2. La croissance de la population en fonction des perturbations est combinée aux renseignements propres à l’aire pour déterminer les seuils de gestion propres à l’aire une fois qu’un niveau de risque acceptable a été déterminé par les gestionnaires.

En plus de ces grands points, plusieurs observations importantes ont été faites au sujet de l’information disponible, et des recommandations ont été formulées.
- La plupart des aires de répartition du caribou boréal au Canada n’ont pas été entièrement décrites parce qu’on manquait de données uniformisées sur la localisation des animaux et qu’on comprenait mal les déplacements d’animd’animaux à l'intérieur et entre les aires de répartition adjacentes. En tout, 57 aires sont encore actuellement reconnues par les diverses compétences concernées au Canada, mais, depuis le dépôt de l’Examen scientifique de 2008, des changements y ont été apportés par certaines compétences en fonction de différents critères. La question de la délimitation des aires transfrontalières reste entière. Il est important de combler les besoins d’information additionnelle sur la localisation des animaux et leurs déplacements, de faire en sorte qu’une collaboration inter-compétence accrue soit possible et d’appliquer une approche uniforme à la délimitation des aires pour pouvoir décrire adéquatement et de façon uniforme l’aire des populations locales de caribou boréal et ce, dans l’ensemble de l’aire de répartition actuelle de l’espèce, et pour permettre l’amélioration continue de la description de l’habitat essentiel.
- Les données démographiques sont insuffisantes pour de nombreuses aires du caribou boréal au Canada. Il convient de mettre en œuvre des programmes de surveillance et d’évaluation pour obtenir des données sur la taille et la tendance des populations, sur le recrutement et sur la mortalité des adultes afin de mieux comprendre les facteurs influant sur la survie et le rétablissement du caribou boréal, d’accroître le degré de certitude des résultats des évaluations, de suivre la réaction des populations aux mesures de rétablissement et d’évaluer l’avancement de la réalisation des objectifs concernant les populations et la répartition du caribou boréal au Canada. S’il est nécessaire de recueillir d’autres données démographiques sur un bon nombre des aires du caribou boréal, il ne faut pas pour autant en conclure que nos connaissances sont insuffisantes pour définir l’habitat essentiel de cette espèce au Canada, mais plutôt voir dans cette constatation un élément du cycle de gestion adaptative destiné à améliorer le degré de certitude des programmes de gestion nécessaires pour obtenir le résultat recherché, soit des populations de caribou boréal autosuffisantes.
Pour conclure, signalons que l’importance du corpus de données et de connaissances constitué pour la présente évaluation donne la mesure du caractère approfondi de l’information, et des interrelations qui relient certaines de ses composantes, dont nous disposons pour produire une description à fondement scientifique de l’habitat essentiel qui vienne éclairer la planification du rétablissement du caribou boréal. Des progrès importants ont été réalisés aux points de vue conceptuel et méthodologique durant cette évaluation dans le but de réduire certains des grands facteurs d’incertitude et des grands facteurs limitatifs dont il est fait état dans l’Examen scientifique de 2008. Ces progrès se sont concrétisés dans la robustesse accrue des résultats qui ont servi à produire une description scientifique de l’habitat essentiel du caribou boréal au Canada.
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