Plan de gestion de la réserve nationale de faune de l’Île Portage : chapitre 3


3 Menaces et défis relatifs à la gestion

3.1 Tourisme

La navigation côtière et le kayak de mer sont des activités récréatives de plus en plus populaires. Des aventures d’un jour sont proposées dans des sites hors du commun et autrefois inaccessibles, que ce soit par des organisations de visites guidées ou par des entreprises touristiques. Au cours de l’été, les plaisanciers fréquentent les eaux autour de l’île Portage. L’ensemble d’îles côtières, avec leurs plages de sable facilement accessibles, séduit les touristes. Selon nos observations, des personnes se rendent sur l’île en été pour y faire des pique-niques et du camping. Cependant, la plupart des visites se limitent aux plages côtières et, principalement en raison de l’abondance de moustiques sur l’île, peu de visiteurs s’aventurent au centre de l’île Portage.

3.2 Chiens et pluviers

Les courtes visites des pique-niqueurs sur l’île Portage ont peu d’effet à long terme sur l’habitat. Toutefois, les visiteurs et leurs animaux de compagnie, principalement des chiens, perturbent considérablement les oiseaux qui nichent au sol; la situation est particulièrement néfaste pour le Pluvier siffleur. Les chiens et les chats sont donc interdits dans la réserve nationale de faune (RNF) de l’Île Portage.

3.3 Aquaculture des mollusques et crustacés

Le possible développement de sites conchylicoles dans la baie Gammon, à proximité de la RNF de l’Île Portage, est préoccupant à cause des perturbations et des conflits advenant l’alimentation et le repos des oiseaux dans les sites d’aquaculture (voir la figure 7). Les grandes tempêtes peuvent endommager les infrastructures et emporter les filets et l’équipement vers l’île. De tels matériels peuvent être difficiles et coûteux à retirer, endommager l’habitat et représenter un danger pour les oiseaux de rivage qui utilisent les plages, en particulier le Pluvier siffleur. Les mollusques et les crustacés de cette région sont en forte demande, et il existe un produit mis en marché sous le nom de « Portage Island Oysters » (huîtres de l’île Portage).

Figure 7 : Baie Gammon, à proximité de la réserve naturelle de faune de l’Île Portage, site de mytiliculture.
Baie Gammon
Photo: A. Kennedy © Environnement Canada, 2005

3.4 Changements d’habitat

Sur les dunes côtières, la succession végétale et l’érosion constituent les principaux changements d’habitat dans la RNF. À mesure que les dunes prennent de l’âge, elles se couvrent davantage d’éricacées, puis d’un habitat forestier. Cette succession sera fortement influencée par l’érosion et les inondations, qui créeront de nouveaux habitats (dunes et plages). Les inondations d’eau salée peuvent également provoquer la mort de plantes des hautes-terres. Les phénomènes météorologiques extrêmes au cours des dernières années et la perte importante d’habitat forestier du côté est de l’île laissent entendre que l’équilibre entre la hausse et la baisse de superficie de l’île pourrait être compromis. À l’heure actuelle, la perte rapide d’habitat forestier ne peut être compensée facilement ou rapidement par l’expansion de l’île Portage au sud.

L’apparence de l’île devrait changer avec le temps, avec davantage de dunes dénudées et de dunes couvertes d’ammophiles, et une diminution de la superficie de la forêt de pins gris.

3.5 Contexte des changements climatiques prévus

À l’embouchure de la rivière Miramichi, le climat, modéré par l’environnement marin du golfe du Saint-Laurent, est généralement frais, avec une moyenne annuelle de 4,7 °C. De façon générale, les étés sont chauds dans le centre de l’île Portage, mais légèrement plus frais le long de la côte. Au milieu de l’été, les températures varient de minimums moyens de 9 à 13 °C à des maximums diurnes de 22 à 25 °C. Les îles, y compris l’Île Portage, situées à l’embouchure de la rivière Miramichi sont modérément à risque à cause de l’élévation du niveau de la mer.

La RNF de l’Île Portage est très susceptible aux impacts des grosses tempêtes, et de tels phénomènes seront vraisemblablement exacerbés par l’élévation du niveau de la mer ( Daigle, 2012 ). Les cabanes de pêcheurs présentes au milieu du 20e siècle à la pointe Gammon, langue de sable s’étendant à l’extrémité nord-est de l’île, ont été détruites par des ondes de tempête et, par la suite, ensevelies dans le sable. Les aires de nidification adéquates pour le Pluvier siffleur (en voie de disparition) sont profondément transformées ou en train de disparaître à la barre nord de l’île à cause de l’érosion continue. Cependant, le dépôt de sable à l’extrémité sud augmente la superficie de cette zone de l’île et offre un plus grand habitat dunaire dégagé. Ce changement dans la nature physique de l’île influe sur les plantes. À certains sites, des espèces climaciques comme l’hudsonie éricoïde (Hudsonia ericoides) âgées de centaines d’années ont été détruites par une inondation récente due à des tempêtes. La plus grande partie de la forêt le long de la côte est de l’île est morte à cause des embruns salés et du déplacement des dunes (voir la figure 8).

L’érosion côtière et la perte d’habitat subséquente, souvent parallèlement au gain d’habitat grâce au dépôt de sable, fait partie des caractéristiques uniques de l’île Portage (voir le tableau 5). Le littoral est de l’île a connu une grave érosion au cours des 40 dernières années, mais on ne sait pas si cette érosion fait partie d’un cycle typique ou de conditions météorologiques plus sévères attribuables aux changements climatiques. On remarque surtout la perte complète du plus vaste étang linéaire de l’île. À cause de l’érosion et de l’accumulation de sable, la longueur de l’île a diminué de 250 m entre 1971 et 2011. L’extrémité sud est en train de s’agrandir à cause des dépôts de sable, mais cette accumulation ne suit pas le taux d’érosion global. En 1979, la Gazette du Canada publiait que l’île Portage avait une superficie de 451 ha; elle mesure aujourd’hui 348 hectares. Une élévation du niveau de la mer de 90 cm (+/38 cm) a été prévue dans l’embouchure de la rivière Miramichi d’ici 2100 ( Daigle, 2012 ). La perte due à de sévères ondes de tempête est également un point préoccupant. Si les eaux autour de l’île Portage connaissaient une élévation de 0,5 m lors d’une « grande marée », plus de 50 % de l’île serait recouverte (voir la figure 9; Miramichi River Environmental Association, 2007 ). Le Service canadien de la faune (SCF), Région de l’Atlantique, a établi un programme de surveillance de l’habitat du Pluvier siffleur sur la côte est du Nouveau-Brunswick afin de mesurer les changements d’habitat liés aux ondes de tempête et à l’élévation du niveau de la mer (voir la figure 10).

Tableau 5 : Diminution de la superficie de l’île Portage, Nouveau-Brunswick, de 1870 à 2000
Année Superficie en hectares (acres) Référence
1870 451 (1 114) Carte de l’île Portage datant du 17 mars 1870
1979 451 (1 114) Gazette du Canada , 1979
2000 348 (860) Services Nouveau-BrunswickNote1de bas de tableau 5
Figure 8 : Érosion côtière extensive le long de la côte est de la réserve nationale de faune de l’Île Portage.
Érosion côtière extensive le long de la côte est de l’Île Portage.
Photo: C. MacKinnon © Environnement Canada, 2000
Figure 9 : La réserve nationale de faune de l’Île Portage sous une onde de tempête de 3 m (figure provenant du State of the Environment Report for the Miramichi Watershed, Miramichi River Environmental Association, 2007 ).
La réserve nationale de faune de l’Île Portage
Map: © Miramichi River Environmental Association, 2007
Description longue pour la figure 9

Figure 9. Une carte de l'île Portage sur laquelle sont indiqués le littoral initial et le littoral dans de nouvelles conditions, où une augmentation des tempêtes est possible. L'échelle de la carte est en centaines de mètres. De plus amples détails se trouvent aux paragraphes précédents ou suivants.

Figure 10 : Imagerie indiquant les changements d’habitat dans la réserve nationale de faune de l’Île Portage, 2011.
Imagerie indiquant les changements
Photo: © Environment Canada, 2011

3.6 Sites contaminés

La station de phare qui a déjà été opérationnelle sur l’île Portage soulève des préoccupations quant à des contaminants résiduels. Dans le cadre des travaux de maintenance prévus, la station de phare était repeinte chaque année, souvent avec de la peinture contenant du plomb. Il est également possible que la lanterne du phare reposait sur du mercure. En raison de ces préoccupations, les phases I et II d’une évaluation environnementale de site ont été effectuées sur l’île Portage, et des traces infimes de plomb et de mercure ont été notées à proximité des anciens sites de phare ( SNC-Lavalin, 2002 ).

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