Chapitre 13 : Les raisons pour lesquelles le sport sécuritaire est important
Partie II — Le sport sécuritaire au Canada
Les travaux de la Commission révèlent que la maltraitance dans le sport est omniprésente. La maltraitance ne nuit pas seulement aux personnes victimes ou survivantes, mais elle peut également avoir des répercussions psychologiques, cognitives, sociales et physiques à long terme allant bien au-delà du terrain de jeu.
Il ne fait aucun doute que les abus et la maltraitance ont des effets dévastateurs sur les personnes victimes ou survivantes. D’innombrables athlètes nous ont confié qu’en raison de la maltraitance, ils s’étaient sentis obligés d’abandonner un sport qu’ils aimaient et auquel ils avaient consacré toute leur vie.
Des personnes victimes ou survivantes ont déclaré qu’elles continuaient à faire face aux conséquences profondes de la maltraitance dans leur vie, et ce, plusieurs années après qu’elle avait cessé. Elles ont décrit un sentiment de honte, de gêne et de culpabilité, et même des pensées suicidaires ou des comportements autodestructeurs, qui ont perduré longtemps après les périodes d’abus et de maltraitance.
Des victimes ont décrit les abus comme étant un « virus », soulignant la façon dont ils peuvent non seulement « infecter » les victimes elles-mêmes, mais aussi d’autres athlètes, leurs familles et toute une communauté. La Commission a également entendu le point de vue de parents dont les enfants ont été victimes d’abus ou ont survécu à des abus. Ils ont répété à maintes reprises que les abus, mais aussi le processus de dénonciation, avaient entraîné des répercussions sur toute la famille. Ces répercussions ont été qualifiées de « dévastatrices ». Plusieurs participants ont exprimé leur profonde déception et leur « dégoût » à l’égard du système sportif.
Notre travail nous a permis de réaliser que les conséquences de la maltraitance dans le sport vont bien au-delà des préjudices individuels : elles touchent les fondements mêmes du système sportif. Lorsque des athlètes sont victimes ou témoins d’abus, de harcèlement ou de négligence, que ces abus soient physiques, psychologiques ou émotionnels, leur sentiment de sécurité et d’appartenance à l’environnement sportif s’en trouve ébranlé. Cela se traduit par une baisse de la confiance du public dans les institutions sportives et les instances dirigeantes, en particulier lorsque les allégations d’abus sont ignorées, niées ou traitées sans transparence. Les parents sont moins enclins à inscrire leurs enfants dans le sport organisé et les jeunes athlètes peuvent s’en retirer complètement, ce qui entraîne une baisse significative de la participation dans tous les groupes d’âge et toutes les disciplines.
En outre, nous avons appris que la maltraitance touche les groupes marginalisés de manière disproportionnée, ce qui aggrave les problèmes d’équité et d’accès. Si la confiance du public dans le système diminue, il en va de même du bassin de futurs athlètes, entraîneurs et bénévoles. Non seulement le succès compétitif est-il compromis, mais le pouvoir social et communautaire du sport lui-même en est diminué.
Un système sportif véritablement sécuritaire est un système dans lequel chaque participant, indépendamment de son âge, de son genre, de ses origines ou de son niveau d’aptitude, se sent respecté, intégré et soutenu. C’est un environnement dans lequel les individus peuvent s’engager pleinement, acquérir de nouvelles compétences, gagner en confiance et expérimenter le plaisir de bouger sans craindre de subir des préjudices ou de la discrimination. La valeur sociale du sport est inestimable : le sport forge le caractère, fortifie les communautés, améliore la santé physique et mentale et instille un sentiment de fierté nationale. Mais ces avantages ne peuvent être pleinement réalisés que lorsque la sécurité est une condition fondamentale, et non seulement une option. Si nous voulons protéger et préserver le pouvoir positif du sport au sein de la société canadienne, nous devons nous assurer de créer des systèmes qui priorisent la sécurité, la dignité, l’équité et l’imputabilité pour tous.