2.1 Introduction : L'environnement changeant des musées
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« La numérisation, la virtualisation, le réseautage, la syndication et le contenu produit ou coproduit par les utilisateurs ont secoué les concepts de base du secteur relativement à l'authenticité, au caractère significatif, à la propriété, à la figure d'autorité et au public. »
Cette partie du rapport alimentera les discussions sur l'incidence de la technologie au sein des musées en présentant une revue de la littérature récente parue sur le sujet et en résumant des entrevues réalisées auprès de seize professionnels de musée chevronnés en Amérique du Nord. Plus précisément, le présent rapport vise à fournir un aperçu de l'environnement changeant des musées et de l'incidence de la technologie sur le travail dans les musées, ainsi que son impact sur les principales fonctions du musée : administration, collections et gestion des collections, et services au public.
D'aucuns suggèrent que les musées ont été transformés par leur environnement sociétal et la prolifération de la technologie de l'information (TI) propre à notre époque. Parry () fait valoir que la numérisation « a aidé à soutenir le réalignement naissant de la muséographie, le faisant passer d'une approche centrée sur l'objet à un concept centré sur l'expérience » (p. 81). Bearman et Geber () posent comme postulat que les nouvelles technologies ont changé fondamentalement la façon de communiquer des musées. Ils mentionnent que « depuis la fin des années , les programmes interactifs informatisés ont permis d'offrir davantage d'information variée et passionnante dans les musées que les systèmes mécaniques ou les vignettes fixes traditionnels. De nos jours, un musée sans base de données sur ses collections et sans présence sur le Web peut difficilement être considéré comme étant professionnel ». Toutefois, ils ajoutent que « les établissements ne se servent pas tous de l'accès Internet avec la même habileté » (p. 385).
À l'heure actuelle, presque tous les musées nord-américains emploient une forme ou une autre de technologie dans leurs pratiques quotidiennes (du logiciel spécialisé pour les campagnes de financement aux services de gestion des collections et aux technologies audiovisuelles dans les lieux d'exposition, des technologies Web 2.0 pour le site Internet du musée aux systèmes d'information géographique (SIG) pour la programmation des services aux visiteurs). La plupart des musées ont un site Web, au moins un ordinateur, et une partie de leur collection est décrite dans une base de données ou dans un système de gestion des collections, ou encore un inventaire a été dressé et enregistré sous forme de fichier électronique. Ces technologies ont une incidence considérable sur la façon de fonctionner des musées et d'interagir avec leurs publics dans toutes les activités de l'exploitation du musée : administration, collections et conservation, et interaction avec le public (expositions, programmation et communication).
De plus en plus d'auteurs s'intéressent au croisement entre les nouvelles technologies et les musées et publient des ouvrages à ce sujet, notamment Paul Marty, Ross Parry, Sarah Kenderdine, Fiona Cameron et Katherine Burton Jones. Ces ouvrages portent sur plusieurs questions, que ce soit l'informatique au musée [Paul Marty () définit le domaine comme étant « l'étude des interactions sociotechniques qui surviennent lorsque se croisent les gens, l'information et la technologie dans les musées » (p. 3)], le développement des ressources (par exemple, l'imagerie, la numérisation et les systèmes d'information intégrés), ou les nouveaux médias sociaux et la théorie numérique si importante (relative aux morphologies de l'objet, aux systèmes virtuels, aux objets numériques, aux technologies liées à la communication), jusqu'à l'interaction avec les visiteurs et la technologie en ligne. La diversité et la quantité de documents sur le sujet donnent une bonne indication des nombreuses façons dont les nouvelles technologies – en particulier les technologies liées à la communication – en sont venues à influencer les façons de communiquer des musées avec leurs divers publics.
Il est difficile de ne pas arriver à la conclusion que l'effet de la technologie numérique a été catalytique, important et durable. Il serait exagéré de prétendre que l'ordinateur a été la cause de la « redéfinition », du « réexamen », de la « refonte » et du « recadrage » auxquels se sont pliés récemment les musées. Cependant, à partir des preuves accumulées, disons que les nouvelles technologies numériques semblent toujours avoir été au cœur de ce changement, confrontant constamment les musées à des dilemmes qui entraînaient toujours, dirions-nous, des perturbations constructives. (p. 140) [Traduction]
Tout en soulignant l'importance que les nouvelles formes de technologies ont eue sur les musées au cours des cinq à dix dernières années, il faut mentionner les changements apportés aux programmes d'études en muséologie. Bon nombre de ces programmes intègrent des aspects de ces nouvelles technologies à leurs cursus (à titre d'exemple, le programme d'études en muséologie de l'Université de Toronto offre les cours Museums and Information [MSL2500H] et Museums and New Media Practice [MSL2325H], alors que celui de l'Université de New York offre un cours intitulé Museums & Interactive Technologies [G49.2225]); d'autres établissements, notamment le programme de maîtrise en muséologie de l'Université Johns Hopkins, et le programme de premier cycle en cybermuséologie offert par l'École multidisciplinaire de l'image de l'Université du Québec en Outaouais, mettent l'accent sur la technologie dans tous les aspects du programme.
Des initiatives nationales d'importance ont également contribué aux discussions théoriques au sujet de l'incidence de la technologie sur les musées, tout en offrant un soutien aux musées dans l'application concrète de la technologie. À titre d'exemple, le Réseau canadien d'information sur le patrimoine (RCIP) a été proactif en concevant des programmes visant à aider le personnel des musées à naviguer au sein des nouvelles technologies. Comme l'explique Parry (), dès , le RCIP a « tout de suite saisi le potentiel que représentait le Web pour la communauté muséale, en affichant sur sa page d'accueil une mosaïque dirigeant les utilisateurs vers de l'information au sujet de ses groupes, produits et services » (p. 93). Les professionnels de musée interrogés dans le cadre du présent projet ont également désigné plusieurs établissements qu'ils considèrent comme des chefs de file sur le plan de l'utilisation de la technologie dans diverses applications, notamment le Royal BC Museum (Vancouver), le Royal Ontario Museum (Toronto), le Musée McCord (Montréal) et le Glenbow Museum (Calgary). Ils ont également cité le San Francisco Museum of Modern Art (San Francisco), le Museum of Modern Art (New York) et le J. Paul Getty Museum (Los Angeles) aux États-Unis.
Incontestablement, l'incidence de la technologie sur les activités quotidiennes et à long terme des musées a une portée plutôt vaste, même si elle se déploie inégalement en raison de la taille et en fonction du budget de chaque établissement. D'un point de vue philosophique, les possibilités entraînées par le recours à la technologie dans les musées ont conduit à un réexamen général des énoncés de mission fondamentale des musées. Comme nous le rappelle Nicole Vallières, directrice, Gestion des collections, recherche et programmes au Musée McCord, la technologie n'est qu'un outil – une interface – et il est essentiel de se rappeler que le contenu est au cœur du musée et de ses fonctions.
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