ARCHIVÉE - Étude sur les poissons et fruits de mer

2002

Contexte

Le poisson et les produits de la mer sont riches en nombreux nutriments essentiels et peuvent contribuer à un régime alimentaire sain pour la population canadienne. Ces produits peuvent cependant contenir, comme d'autres produits alimentaires, des contaminants environnementaux, habituellement à des niveaux très bas.

Par conséquent, Santé Canada entreprend des activités régulières de surveillance visant à déterminer le niveau des contaminants dans les aliments. Les résultats de ces activités de surveillance permettent de mettre à jour les estimations du niveau d'exposition de la population canadienne à ces contaminants et constituent un outil précieux permettant l'amélioration des évaluations de risques et le développement de stratégies appropriées pour gérer les risques pouvant être associés à la présence de ces contaminants.

En plus de l'étude annuelle sur l'alimentation totale canadienne, étude ciblant les niveaux de base de différents contaminants dans les aliments, Santé Canada a récemment entrepris une étude spécifique centrée sur le poisson et les produits de la mer. Des poissons d'origine sauvage ou provenant de l'élevage ont été échantillonnés, pendant le mois de mars 2002, parmi les produits destinés à la vente au détail dans trois villes canadiennes: Vancouver, Toronto et Halifax. Des échantillons d'omble, d'huître, de saumon, de crevette et de tilapia ont été analysés pour la présence de dioxines, furanes, biphényles polychlorés (BPC), éthers diphényliques polybromés (EDPB) et drogues vétérinaires. Des échantillons de requin, de makaire, d'espadon et de thon (en conserve et frais/congelé) ont été analysés pour leur teneur totale en mercure et méthylmercure. Les résultats sont en cours d'exploitation dans le cadre de la mise à jour qu'effectue Santé Canada sur l'évaluation du risque sur la santé humaine lié à la présence de polluants organiques persistants et d'autres contaminants chimiques dans les aliments. Il est à noter qu'au moment de l'échantillonnage, la quantité de produits d'origine sauvage (huîtres, saumon, crevettes et tilapia) disponibles sur le marché était limitée et que seules les portions comestibles (peau et os retirés) ont été analysées pour les divers contaminants cibles. Ce rapport présente les résultats obtenus pour les teneurs de BPC et d'EDPB dans ces échantillons, de même qu'une évaluation préliminaire du risque sur la santé, basés sur les niveaux d'exposition à ces contaminants lors de la consommation de poisson. L'information correspondante aux autres contaminants analysés sera fournie au fur et à mesure que les données en question et les évaluations de risques pour la santé qui en découle sont rendues disponibles.

BPC (Biphényles polychlorés)

Les BPC se trouvent en faibles quantités dans toutes les denrées alimentaires d'origine animale, y compris le poisson, de même que dans les tissus et fluides humains. Les niveaux de BPC dans les échantillons de poisson et de produits de la mer (Tableau 1) sont faibles et ne dépassent pas les 18 ppb (1 ppb ou " partie par milliard" équivaut à 0,000000001 gramme de BPC totaux par gramme).

Ces résultats concordent avec les conclusions d'autres activités de surveillance effectuées par Santé Canada et démontrent une diminution constante des niveaux de BPC au cours des 20 dernières années et ce, aussi bien dans les tissus humains que dans les aliments. Il n'existe pas de tendance générale si l'on compare les niveaux de BPC entre les espèces sauvages de poissons et celles issues de l'élevage : les niveaux présents dans l'omble sauvage et l'omble d'élevage sont très similaires; le tilapia sauvage contenait environ 3 fois plus de BPC que le tilapia d'élevage; et le saumon d'élevage contenait approximativement 2,5 fois plus de BPC que le saumon sauvage.

Bien que la voie d'exposition prédominante aux BPC, pour la majorité de la population canadienne, demeure l'alimentation, en nous basant sur la teneur moyenne maximale de BPC relevée dans le poisson lors de cette étude, Santé Canada a établi que les Canadiens ne sont pas exposés aux BPC dans l'alimentation à des niveaux qui constituent un risque pour la santé et qu'il n'y a aucun besoin d'avis spécifiques quant à la consommation du poisson et l'exposition au BPC.

Tableau 1. Contaminants dans les échantillons de poissons et de produits de la mer achetés au détail : résumé statistique des niveaux de BPC totaux (résultats exprimés en ppb*).
Espèce Origine N Moyenne Erreur standard sur la moyenne Déviation standard Minimum Maximum
Omble D'élevage 6 6.5 1.5 3.7 3.5 13.5
Sauvage 5 5.4 1.1 2.5 3.1 9.7
Huîtres D'élevage 12 1.6 0.6 1.9 0.2 6.7
Sauvage 4 0.4 0.03 0.06 0.4 0.5
Saumon D'élevage 19 17.5 2.4 10.6 4.4 45.1
Sauvage 3 6.6 3.4 5.9 2.8 13.5
Crevettes D'élevage 13 0.3 0.1 0.5 0.04 2.0
Sauvage 4 0.4 0.2 0.5 0.1 1.1
Tilapia D'élevage 15 1.8 1.1 4.2 0.06 16.6
Sauvage 3 5.3 4.3 7.5 0.3 14.0

* ppb signifie partie par milliard et représente 0,000000001 gramme de BPC totaux par gramme d'échantillon (portion comestible)

N = Nombres d'échantillons analysés

La différence des teneurs en BPC entre le poisson d'élevage et celui d'origine sauvage pour la même espèce n'est pas statistiquement significative (p>0,05). Les niveaux de BPC totaux entre les espèces sont statistiquement différents (p<0,0001) avec le saumon d'élevage présentant la plus haute teneur moyenne ( 17,5 ppb), suivi de l'omble d'élevage (6,5 ppb).

EDPB (Éthers diphényliques polybromés)

Les éthers diphényliques polybromés (EDPB) sont des substances produites commercialement qui sont utilisées comme produits ignifuges dans une vaste gamme de produits de consommation, dont leur structure chimique est similaire aux BPC et sont aussi considérés comme des composés persistants dans l'environnement et pouvant s'accumuler dans les tissus biologiques. La détermination des EDPB dans les animaux (poissons et mammifères marins) et dans les humains (lait maternel) indique que ces niveaux n'ont cessé de croître durant les 10 à 15 dernières années. On rapporte que les niveaux d'EDPB dans le lait humain sont plus élevés en Amérique du Nord qu'en Europe. Les études récentes sur l'alimentation totale en Europe (Pays-Bas, Espagne, Suède, Royaume-Uni) et au Canada ont permis d'identifier les aliments comme une voie possible d'exposition aux EDPB.

Cependant, les estimations des teneurs ingérées via l'alimentation calculées pour le Canada (Étude canadienne sur l'alimentation totale) sont semblables à celles observées en Europe. Ceci suggère donc que d'autres sources, différentes des aliments, contribuent de façon significative à l'exposition aux EDPB. Ces sources incluent certains produits de consommation (quand ils sont utilisés comme ignifugeants), l'air, l'eau et les particules de poussière.

Les niveaux relevés d'EDPB dans les poissons et les produits de la mer échantillonnés (Tableau 2) n'excèdent pas les 5,5 ppb. Bien qu'il existe certaines preuves formelles attestant que les concentrations en EDPB sont plus élevées dans les poissons et produits de la mer issus de l'élevage, l'opinion de Santé Canada est que les teneurs actuelles en EDPB décelées dans les produits alimentaires vendus au détail ne constituent pas une inquiétude pour la santé. Santé Canada veillera à mettre à jour son évaluation du risque pour la santé associé aux EDPB à mesure que de nouvelles données seront disponibles.

Tableau 2. Contaminants dans les échantillons de poissons et de produits de la mer vendus au détail : résumé statistique des niveaux d'EDPB totaux (résultats exprimés en ppb*).
Espèce Origine N Moyenne Erreur standard sur la moyenne Déviation standard Minimum Maximum
Omble D'élevage 5 1.0 0.4 1.0 0.4 2.7
Sauvage 5 0.6 0.1 0.3 0.3 1.1
Huîtres D'élevage 11 0.7 0.1 0.5 0.006 1.4
Sauvage 4 0.4 0.08 0.2 0.3 0.6
Saumon D'élevage 19 2.2 0.3 1.4 0.4 5.5
Sauvage 3 0.6 0.2 0.3 0.1 1.3
Crevettes D'élevage 13 0.2 0.06 0.2 <0.001 0.7
Sauvage 4 0.1 0.05 0.09 0.009 0.2
Tilapia D'élevage 12 0.6 0.4 1.4 0.04 5.0
Sauvage 3 0.1 0.09 0.2 0.01 0.3

* ppb signifie partie par milliard et représente 0,000000001 gramme d'EDPB totaux par gramme d'échantillon (portion comestible)

N= Nombre d'échantillons analysés

La différence des teneurs en EDPB entre le poisson d'élevage et celui d'origine sauvage pour la même espèce n'est pas statistiquement significative (p>0,05). Les niveaux d'EDPB totaux entre les espèces sont statistiquement différents (p<0,0001) avec le saumon d'élevage présentant une teneur moyenne de 2,2 ppb, suivi de l'omble d'élevage (1,0 ppb).

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