Évaluation sanitaire

Il est généralement reconnu que les produits antiparasitaires peuvent poser un risque pour la santé. Parmi les incidences possibles figurent le cancer, les anomalies congénitales, les effets néfastes sur la reproduction et sur le développement, les lésions du matériel génétique et divers autres effets pouvant être préjudiciables pour la santé. Il importe donc d'effectuer toute une batterie d'épreuves toxicologiques pour déterminer la nature et l'importance du risque que présente chaque produit antiparasitaire dont l'utilisation est envisagée au Canada.

Les études requises à cette fin permettent d'évaluer chez diverses espèces les effets nocifs pour la santé pouvant résulter d'une exposition unique, d'expositions multiples ou de l'exposition toute la vie durant au produit, par voie cutanée, orale, respiratoire ou oculaire. On utilise différentes espèces pour voir si les effets sont les mêmes chez toutes ou s'ils ne se manifestent que chez certaines. Les propriétés métaboliques et toxicocinétiques du produit sont capitales, car leur étude nous apporte des renseignements précieux sur le taux d'absorption, la distribution et l'excrétion du produit par l'organisme des mammifères et sur les métabolites qui se formeront vraisemblablement.

Ci-après, nous décrivons les principales études qu'il conviendrait de présenter dans le dossier relatif aux effets sur la santé d'un produit antiparasitaire. Ces études peuvent porter non seulement sur les produits antiparasitaires comme tels, mais aussi sur leurs métabolites.

Toxicité aiguë

Toxicité aiguë : ces études nous renseignent sur les effets nocifs pour la santé pouvant se manifester pendant les deux semaines, environ, qui suivent l'exposition à de fortes de doses du produit. En général, l'étude de la toxicité aiguë met en jeu des épreuves qui servent à évaluer les effets sur l'organisme de l'exposition au produit par les voies les plus courantes (orale, cutanée et respiratoire) ainsi que des épreuves d'irritation cutanée et oculaire et des épreuves de sensibilisation cutanée. Ces épreuves apportent les renseignements nécessaires pour la formulation de recommandations sur les pratiques de sécurité à respecter et pour le choix des doses appropriées à utiliser dans les études à plus long terme. On décrit les risques aigus d'intoxication sur l'étiquette du produit pour prévenir les empoisonnements.

Toxicité à court terme

Toxicité à court terme : il s'agit d'étudier les effets d'une exposition répétée au produit pendant une courte période allant généralement de trois semaines à trois mois. On étudie aussi les effets résultant de l'exposition par les voies les plus courantes (orale, cutanée et respiratoire). Les résultats permettent au toxicologue de voir quels tissus et quels organes sont susceptibles de subir des lésions par suite de l'exposition à toute une plage de doses, de déterminer quelles doses sont tolérées par les animaux utilisés dans les épreuves et de choisir les doses appropriées pour les études à long terme.

Toxicité à long terme et pouvoir cancérogène

Toxicité à long terme et pouvoir cancérogène : on étudie les effets du produit en y exposant les sujets presque toute leur vie (p. ex., 2 ans pour le rat, de 18 mois à 2 ans pour la souris). On obtient une vaste somme de renseignements sur la toxicité générale et sur le pouvoir cancérogène du produit par l'examen des organes et des tissus des sujets et par des analyses biochimiques et pathologiques de sang et d'urine. Il est indispensable que les doses choisies pour ces études déterminent un ensemble de réactions variées et qu'elles comprennent une ou des doses ne produisant pas d'effet observable ainsi qu'une ou des doses produisant un effet de toxicité manifeste.

Reproduction et développement

Reproduction et développement : comme il s'agit d'étudier les éventuels effets du produit sur la croissance et la reproduction, ces études portent sur deux générations au moins. La période d'exposition comporte un prétraitement qui est fait pendant le développement des spermatozoïdes chez les sujets mâles et pendant au moins un cycle ovarien chez les sujets femelles. La progéniture est exposée au produit par ingestion de lait maternel contenant le produit jusqu'au sevrage, puis elle reçoit des rations renfermant le produit.

Les études de tératologie

Les études de tératologie servent à déterminer si le produit peut avoir des effets nocifs sur le foetus en développement. Le produit est administré aux femelles gravides durant les stades de la gestation où le foetus est le plus sensible. Ces études nous renseignent sur la toxicité du produit pour la femelle gravide, de même que pour l'embryon et le foetus.

Action génotoxique

Action génotoxique : il s'agit de déterminer si le pesticide peut interagir avec le matériel génétique et causer ainsi des mutations ou d'autres lésions (p. ex., des cassures chromosomiques) ou nuire aux processus génétiques normaux. On utilise souvent l'information ainsi obtenue en combinaison avec les données recueillies sur le pouvoir cancérogène pour déterminer quels mécanismes d'action pourraient produire les effets observés.

Propriétés métaboliques et toxicocinétiques

Propriétés métaboliques et toxicocinétiques : cette étude nous renseigne sur la quantité relative du produit qui risque vraisemblablement d'être absorbée dans l'organisme, sur la distribution relative de la dose absorbée dans les tissus et sur les taux et les voies d'excrétion (p. ex., urine, excréments, bile, air expiré). On caractérise les métabolites et, pour chacun, on détermine la proportion relative qui devrait être produite par les voies métaboliques des mammifères.

Action neurotoxique

Action neurotoxique : il faut étudier l'action neurotoxique des produits antiparasitaires qui, comme les insecticides organophosphorés, risquent vraisemblablement d'avoir des effets sur les tissus nerveux. Il peut être nécessaire d'effectuer toute une gamme d'épreuves de neurotoxicité pour déterminer le mécanisme d'action neurotoxique du produit.

Action immunotoxique

Action immunotoxique : on l'évalue dans le cadre des études de toxicité chronique et subchronique. L'évaluation de certains paramètres comme le poids des organes (p. ex., le thymus, la rate) et (ou) le nombre de globules blancs donne des indications sur une éventuelle action perturbant la fonction immunitaire normale. Si les résultats laissent entrevoir un effet possible, il peut être nécessaire d'approfondir l'étude de l'action immunotoxique du produit.

Dérèglement des fonctions endocrines

Dérèglement des fonctions endocrines : (il peut s'agir, par exemple, d'une action sur la production des hormones sexuelles) on considère cet aspect lorsqu'on étudie la reproduction et les effets tératologiques ainsi que la toxicité à court terme et à long terme. Si les résultats de ces études indiquent qu'il y aurait lieu d'en savoir davantage sur la perturbation de la fonction endocrine normale, d'autres épreuves peuvent être nécessaires.

Méthodes ne portant pas sur des animaux

Les milieux scientifiques font beaucoup d'efforts pour mettre au point des épreuves ne nécessitant pas d'animaux de laboratoires, surtout pour l'évaluation de l'action irritante sur les yeux. On travaille notamment à des épreuves in vitro. En outre, il existe maintenant des logiciels qui permettent de dire si un produit peut être dangereux d'après les relations structure-activité qui le caractérisent. Actuellement, ces nouvelles méthodes ne sont pas très utiles pour les programmes d'évaluation réglementaire, la plupart exigeant encore les données plus fiables qu'on obtient avec les épreuves sur animaux de laboratoire. Les nouvelles méthodes sont toutefois très utiles pour déterminer quels produits chimiques doivent être évalués en priorité parmi ceux qui n'ont pas subi d'évaluation toxicologique rigoureuse.

Évaluation des risques sur la santé

L'évaluation des risques conjugue les résultats de l'évaluation des dangers (c.-à-d. les résultats des études scientifiques) à ceux de l'évaluation de l'exposition. Les scientifiques de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) déterminent la dose sans effet nocif observable (DSENO) d'après les résultats des études décrites ci-dessus.

Évaluation des risques de cancer

L'évaluation des risques de cancer comporte des difficultés particulières. L'ARLA fonde son évaluation sur la preuve scientifique établie par l'évaluation de l'ensemble des données recueillies.

Évaluation des risques d'exposition professionnelles/tiers

Pour l'évaluation des risques d'exposition professionnelle ou des tiers, on détermine la marge de sécurité en divisant la valeur de la DSENO jugée la plus appropriée (d'après des facteurs comme la voie et la durée d'exposition, les espèces utilisées dans l'évaluation de la toxicité et l'effet toxicologique considéré) par la valeur estimée de l'exposition. En général, une marge de sécurité de 100 est considérée acceptable pour tenir compte d'une éventuelle variabilité de réaction et ce, tant chez une même espèce (c.-à-d. entre les adultes et les enfants) qu'entre différentes espèces (c.-à-d. entre les rongeurs et l'humain).

Évaluation de l'innocuité des résidus dans les aliments

Pour l'évaluation de l'innocuité des résidus dans les aliments, on divise la DSENO la plus appropriée par un facteur de sécurité, habituellement 100. Ce facteur peut être plus faible ou plus élevé, selon certains des éléments considérés dans l'évaluation des dangers comme, par exemple, le type d'effet observé. Le résultat est la dose journalière admissible, c'est-à-dire la quantité de produit que les toxicologues estiment sans danger pour l'être humain même si elle est consommée quotidiennement pendant toute la vie. On fixe une limite maximale de résidus pour chaque produit alimentaire en déterminant d'abord quelle quantité de produit antiparasitaire est susceptible de subsister sur l'aliment ou dans l'aliment au point de vente. La limite maximale de résidus n'est acceptée que si la consommation totale de résidus présents dans tous les aliments (en tenant compte de différentes habitudes de consommation, comme, par exemple, celles des enfants) ne dépasse pas la dose journalière admissible établie pour le produit considéré.

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