Vers un programme national de surveillance des pesticides dans l’eau — Ce que nous avons entendu

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Organisation : Santé Canada

Date de publication : août 2023

Résumé

Le gouvernement du Canada s'est engagé à faire en sorte que l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada prenne des décisions opportunes et fondées sur des données scientifiques à l'appui de l'utilisation sécuritaire et durable de produits antiparasitaires efficaces au Canada, avec la collaboration d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et d'Environnement et Changement climatique Canada (ECCC). En août 2021, l'ARLA a mis en branle un processus de transformation qui renforcera ses activités de surveillance et de protection de la santé humaine et de l'environnement et améliorera la transparence. L'atteinte de ces objectifs passera entre autres par un meilleur accès à des données du monde réel issues de la surveillance de l'eau pour mieux appuyer les décisions réglementaires à l'égard des pesticides et améliorer la transparence du processus décisionnel.

Le cadre de travail de surveillance de l'eau permettra d'orienter les programmes de surveillance des pesticides, ainsi que la conception et la mise en œuvre d'un programme d'envergure nationale de surveillance des pesticides dans l'eau (PNSPE). Le PNSPE aura pour objectif de générer des données au sujet d'une large gamme de pesticides à partir d'un réseau national de sites, ce qui permettra d'accroître la disponibilité et l'utilisation de données du monde réel. Celles-ci viendront étayer les décisions réglementaires concernant les pesticides, pour assurer une meilleure protection de la santé humaine et de l'environnement. L'élaboration du cadre de travail s'appuie sur les commentaires reçus lors d'un sondage fédéral-provincial-territorial et de réunions du groupe de travail technique avec les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, le milieu universitaire, les groupes de producteurs, les organisations non gouvernementales et les fabricants de pesticides.

En effet, un sondage mené auprès des partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux a permis de recueillir des commentaires importants sur l'état actuel des programmes de surveillance de l'eau au Canada. En général, les programmes de surveillance des pesticides au Canada varient beaucoup en ce qui concerne les objectifs et les buts, le nombre de sites, la fréquence d'échantillonnage, les pesticides prioritaires, l'échange de données et la production de rapports. Le sondage a mis en lumière le manque de financement et de ressources pour les programmes de surveillance des pesticides dans l'eau, la nécessité d'étendre le réseau afin de mieux couvrir les régions et le besoin de complémentarité entre les programmes pour éviter toute duplication. Dans l'ensemble, les répondants étaient motivés et prêts à collaborer avec l'ARLA à l'élaboration d'un programme d'envergure nationale.

Plusieurs sujets liés à la surveillance de l'eau ont été explorés au printemps et à l'été 2022 lors des réunions du groupe de travail technique. En voici les principaux :

Objectifs de la surveillance de l'eau

Les membres présents ont confirmé l'importance des données du monde réel issues de la surveillance de l'eau dans les décisions réglementaires et se sont dit en faveur des objectifs suivants de l'ARLA :

D'autres objectifs ont été proposés, notamment la prise en compte des effets qu'ont les mélanges de pesticides sur les milieux aquatiques.

Sélection des sites

Les membres présents ont clairement indiqué que les critères de sélection des sites devaient être clairs et fondés sur des données scientifiques. Ils recommandent que les sites sélectionnés soient représentatifs de différentes échelles de bassins versants, de divers paysages et de zones d'utilisation variées, tout en précisant que la sélection définitive des sites pouvait dépendre de la disponibilité de données accessoires (température, débit, type de cultures, pesticides utilisés dans le secteur, etc.). Ils recommandent aussi fortement de sélectionner des sites complémentaires ou situés au même endroit que des sites provinciaux et territoriaux, ainsi que de travailler en étroite collaboration avec les producteurs et les partenaires pour l'accès aux terres privées.

Fréquence et calendrier de l'échantillonnage

Les membres présents ont convenu qu'une fréquence d'échantillonnage plus élevée permettrait d'obtenir un ensemble de données de plus grande valeur, mais ont souligné que cela nécessiterait davantage de fonds et de ressources. Ils ont indiqué que le calendrier et la fréquence de l'échantillonnage pouvaient être propres à la région et que les pratiques des producteurs locaux devaient être prises en compte. Ils ont déterminé que la combinaison des échantillonnages basés sur des évènements ponctuels météorologiques, comme la pluie, et des échantillonnages planifiés au calendrier constituait une option intéressante.

Méthodes d'échantillonnage

Les membres présents ont indiqué que les méthodes d'échantillonnage devraient être adaptées aux objectifs des programmes et adaptables aux différences régionales. Ils ont discuté de plusieurs méthodes d'échantillonnage, y compris l'échantillonnage instantané, l'échantillonnage automatisé et l'échantillonnage passif, et ils ont indiqué qu'une combinaison de méthodes d'échantillonnage permettrait de tenir compte de différents facteurs scientifiques. Ils ont aussi souligné que l'utilisation de protocoles d’échantillonnage standardisés à l’échelle nationale serait bénéfique du point de vue de la reproductibilité et de la répétabilité.

Données accessoires

Les membres présents se sont dit d'accord avec les besoins en matière de données accessoires, car celles-ci peuvent contribuer à l'analyse, l'interprétation et la communication des résultats. Il a été souligné que chacune des régions du Canada devrait avoir ses propres types de données accessoires afin de refléter les différences régionales. Ils ont aussi mentionné que la participation des producteurs agricoles au programme d'échantillonnage faciliterait la collecte de données accessoires portant par exemple sur la superficie des cultures, la rotation des cultures, l'application des pesticides, ainsi que l'équipement et les pratiques utilisés à l'échelle locale.

Pesticides et produits de transformation prioritaires

Les membres présents ont appuyé le processus d'établissement des priorités de l'ARLA, dont le classement tient compte du devenir dans l'environnement (persistance et mobilité), de la toxicité environnementale et de l'étendue des utilisations (en fonction des données sur les ventes). Ils ont aussi fait quelques suggestions pour renforcer le processus. Par ailleurs, considérant la collaboration d'AAC et d'ECCC, ils reconnaissent que le programme pilote actuel de l'ARLA aidera à déterminer les pesticides qui nécessiteront plus d'attention dans les programmes. Certains ont affirmé que l'utilisation de méthodes d'analyse non ciblées comme point de départ pourrait aider à détecter la présence de pesticides et de produits de transformation et ainsi, à consacrer les ressources à des méthodes d'analyse ciblées sur les pesticides.

Analyse de laboratoire et méthodes analytiques

Il existe une préoccupation commune à propos de la comparabilité des données provenant de différents laboratoires. Une grande partie de la discussion a porté sur les différentes limites analytiques et la cohérence des méthodes de laboratoire internes. Les participants ont indiqué que les efforts déployés pour obtenir des limites de détection très basses introduiraient des manipulations supplémentaires des échantillons au niveau de la méthode d'analyse. Ces étapes additionnelles pourraient augmenter le niveau d’incertitude sur les données générées. De plus, chercher à obtenir de telles limites nécessiterait des volumes d'échantillons plus importants ainsi qu'un temps d'analyse et des coûts accrus.

Valeurs de référence pour la vie aquatique et valeurs de référence pour la santé humaine

Ces valeurs ont été utilisées afin d’établir les limites analytiques lors du développement des  méthodes, afin que les données recueillies soient utiles à l'évaluation des risques liés aux pesticides. Les participants ont exprimé leur inquiétude quant à l'utilisation de valeurs de référence différentes, indiquant que cette approche pourrait entraîner la publication de messages contradictoires au public (p. ex. le reportage de différents taux de dépassement pour un même site). Il est possible que d'autres ministères fédéraux et provinciaux développent leurs propres seuils.  Ces derniers sont cependant développés en lien avec différents buts et méthodes relativement à la gestion des risques. Ainsi, ces seuils pourraient ne pas correspondre aux valeurs de référence de l'ARLA.

Accès aux données et analyse des données

Les membres présents se sont dit favorables aux données ouvertes et flexibles, qu'il s'agisse de données brutes ou contextualisées. Ils recommandent que les données soient interactives afin que les utilisateurs puissent mieux les comprendre. Des préoccupations ont été soulevées quant au respect de la vie privée des propriétaires fonciers, à la cohérence dans l'interprétation des données, à la possible duplication lors de reportage et la possibilité de messages contradictoires de la part des différents niveaux de gouvernement.

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