Déclaration de l’administratrice en chef de la santé publique du Canada : mise à jour de sa vision et de ses domaines d’intérêt particulier

Déclaration

26 juin 2019 - Ottawa (Ontario) - Agence de la santé publique du Canada

Ottawa (Ontario)

Alors que je souligne le deuxième anniversaire de ma nomination à titre d'administratrice en chef de la santé publique du Canada, je suis frappée par les défis de santé publique complexes auxquels nous faisons face. Ces problèmes profondément enracinés découlent de facteurs sociaux interreliés et exigent donc des approches complètes et concertées. Tirer parti de nos multiples points de vue et leviers de changement est toujours une exigence essentielle pour un changement durable.

La crise des opioïdes en cours est l'un de ces défis complexes. Elle continue d'avoir des effets dévastateurs sur les vies de milliers de personnes au Canada. Les données de Statistique Canada confirment que l'espérance de vie à la naissance n'a pas augmenté de 2016 à 2017, une première au Canada en plus de quatre décennies et une situation en grande partie attribuable à la crise des opioïdes. Notre intervention doit concilier un vaste éventail de mesures de réduction des méfaits et de traitement avec des initiatives de prévention à vaste échelle qui ciblent les causes sociales sous-jacentes de la consommation problématique de substances.

J'ai choisi Prévenir la consommation problématique de substances chez les jeunes comme thème central de mon rapport annuel de 2018 dans le but de mettre la prévention à l'avant-scène. La mise en œuvre le plus tôt possible de mesures efficaces pour aborder les risques, comme les traumatismes subis durant l'enfance, le stress, la pauvreté et les conditions de logement inadéquates, et pour favoriser des milieux propices et positifs qui renforcent la résilience est un moyen collectif de prévenir la consommation problématique de substances. C'est aussi vrai pour la prévention des méfaits liés aux opioïdes que pour la prévention de la consommation problématique d'autres substances, notamment l'alcool et le cannabis. La grande acceptabilité sociale de l'alcool au Canada a contribué à masquer les importants méfaits liés à sa consommation problématique, ce qui souligne la nécessité de mettre en place de nouvelles mesures d'ensemble en santé publique.

Depuis la parution de mon rapport annuel, je travaille avec mes homologues médecins-hygiénistes en chef de partout au pays afin de catalyser la prise de mesures pour réduire les méfaits du vapotage chez les jeunes au Canada. Bien que pour les fumeurs adultes, la cigarette électronique soit une solution de rechange moins nocive que la cigarette, nous observons qu'un nombre alarmant de jeunes vapotent de la nicotine, qui est hautement dépendogène. À titre de professionnels de la santé, nous avons l'occasion unique de pouvoir éduquer les jeunes patients et leurs parents à propos des risques du vapotage pour la santé.

Cette année, nous avons aussi observé une résurgence préoccupante de maladies évitables par la vaccination, comme la rougeole. Les vaccins, qui sont sûrs et hautement efficaces, ont permis de sauver des millions de vies partout dans le monde. Toutefois, en partie en raison de leur énorme succès, certaines personnes craignent maintenant davantage la mesure de prévention que la maladie. Ces sentiments ont été également nourris par d'inquiétantes tendances en matière de diffusion d'information erronée et de désinformation concernant les vaccins en ligne et dans les médias sociaux.

Comme société, nous devons travailler à protéger et à maintenir les bienfaits pour la santé de l'immunisation généralisée. Plus tôt cette année, j'ai publié une déclaration sur l'épidémie de rougeole actuelle et l'hésitation à la vaccination dans laquelle je conseille vivement aux parents et aux tuteurs de rechercher des sources d'information sur les vaccins qui soient fiables et dignes de confiance et j'encourage les professionnels de la santé à prendre le temps nécessaire pour répondre aux questions des parents et des patients inquiets. J'ai aussi mobilisé directement des experts de multiples secteurs pour collaborer à réduire la propagation d'information erronée et de désinformation. Cette démarche incluait notamment une table ronde à laquelle ont participé des journalistes, des acteurs des médias sociaux et des spécialistes du parentage, des vaccins, de la politique publique et de la littératie numérique. Certaines des stratégies dont nous avons parlé sont axées sur l'importance d'améliorer la littératie numérique et la culture scientifique des Canadiennes et des Canadiens pour les aider à évaluer la fiabilité et la crédibilité de l'information en ligne concernant les vaccins.

Comme les vaccins, les antibiotiques sont une innovation clé en santé publique qui depuis longtemps protègent et améliorent la santé de la population canadienne.

Plus tôt ce mois-ci, j'ai publié mon deuxième rapport Pleins feux, intitulé Manipuler avec soin : Préserver les antibiotiques aujourd'hui et demain. Je me penche dans ce rapport sur les facteurs qui nous poussent à prescrire ou à prendre des antibiotiques inutilement, ce qui contribue au problème de la résistance aux antibiotiques dans les collectivités. Étant donné que 92 % des antibiotiques sont prescrits dans les collectivités, nous avons l'occasion de mettre en œuvre une gamme de mesures à l'échelle individuelle, organisationnelle et sociétale afin de réduire la prise inutile d'antibiotiques et de préserver l'efficacité de ces médicaments essentiels pour sauver des vies. Si nous n'agissons par maintenant, nous devrons peut-être faire face à l'avenir à des infections (p. ex. gonorrhée, infection à C. difficile) devenues intraitables et à l'impossibilité de procéder à certaines interventions communes (p. ex. chimiothérapie, remplacement de la hanche, césarienne) en raison des risques de contracter des infections intraitables qui mettent la vie en danger.

Pendant ma troisième année à titre d'administratrice en chef de la santé publique du Canada, je mettrai principalement l'accent dans mon travail sur la lutte contre la stigmatisation au sein des systèmes de santé. J'ai entendu les témoignages de personnes qui ont vécu ou vivent de la stigmatisation ainsi que de responsables des systèmes. Il importe d'écouter ces divers points de vue afin de nous permettre de comprendre comment nous pouvons améliorer nos systèmes de santé pour qu'ils soient inclusifs, sûrs et non traumatisants. J'ai aussi eu l'occasion d'accueillir au Canada le directeur du Service de santé publique des États-Unis. Nous nous sommes adressés ensemble aux participants à la conférence de l'Association canadienne de santé publique pour attirer l'attention sur les répercussions des stigmatisations multiples et transversales comme le racisme, l'homophobie, la transphobie, les préjugés liés au poids ainsi que la stigmatisation liée aux maladies mentales. La stigmatisation est en fait un facteur de morbidité et de mortalité au sein de la population.

Devant ces défis de santé publique complexes et graves, je crois fermement qu'en travaillant ensemble, nous pouvons mieux aider l'ensemble de la population canadienne à jouir d'une santé optimale. En fait, ce n'est qu'en adoptant une approche axée sur les systèmes que nous pourrons créer un changement positif durable.

L'administratrice en chef de la santé publique du Canada,
Dre Theresa Tam

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