Annexe E : Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains 2005 – Programme intégré de recherche et de surveillance
Annexe E : Programme intégré de recherche et de surveillance
Mandat
Le mandat du groupe de travail sur la recherche et la surveillance du comité de coordination du Réseau intersectoriel de promotion des modes de vie sains est de favoriser l’élaboration d’un programme intégré de recherche et de surveillance sur l’activité physique, une saine alimentation et sur leur rapport avec des poids-santé, en s’appuyant sur les efforts existants.
Contexte actuel
Depuis septembre2002, les ministres fédéral-provinciaux-territoriaux (FPT) de la santé collaborent à l’élaboration d’une Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains. Les buts de la stratégie sont d’améliorer l’état de santé général et de réduire les inégalités en matière de santé. Le premier champ d’action est l’activité physique, l’alimentation saine et leur rapport avec un poids-santé.
En septembre2003, les ministres FPT de la santé ont avalisé le cadre de la Stratégie en matière de modes de vie sains, lequel prévoit des mesures dans les domaines de la recherche et de la surveillance, notamment des pratiques exemplaires.
Une initiative pancanadienne comme la Stratégie en matière de modes de vie sains doit être inextricablement liée à un programme intégré de recherche et surveillance pour s’assurer que les interventions stratégiques et opérationnelles reposent sur les meilleures preuves existantes. À tous les échelons (fédéral/provincial-territorial, régional et local), il faut déployer des efforts intégrés d’acquisition, de synthèse, d’application et d’échange de connaissances sur l’activité physique et une saine alimentation pour guider la promotion de la santé de la population et la santé publique en plus d’appuyer les activités communautaires.
L’acquisition de connaissances (par des activités de recherche et surveillance), leur synthèse, leur échange et leur application aux politiques, aux programmes et aux pratiques sont des orientations stratégiques du cadre de la Stratégie en matière de modes de vie sains.
Historique – Élaboration du programme de recherche et de surveillance
En septembre 2004, le comité de coordination du Réseau intersectoriel de promotion des modes de vie sains (RIPMVS) a été créé et a tenu sa première réunion. Il a constitué quatre groupes de travail, dont le groupe de travail sur la recherche et la surveillance. Ce dernier comprend environ 25membres qui représentent divers secteurs, optiques et points de vue.
Pour atteindre son but, le groupe de travail a décelé les lacunes et formulé des recommandations sur les mesures à prendre dans les domaines de la recherche, de la surveillance et des pratiques exemplaires par un examen des principaux documents qui existent au Canada et dans le monde. Il a préparé une matrice et une synthèse pour cerner les secteurs prioritaires. Des stratégies et activités visant à respecter les mesures prioritaires ont ensuite été élaborées, avec le concours du comité de coordination du Réseau intersectoriel de promotion des modes de vie sains.
Raison d’être de l’importance primordiale attachée à l’acquisition et à l’échange de connaissances
L’acquisition de connaissances qui peuvent directement orienter les décisions stratégiques et opérationnelles peut grandement bénéficier d’activités de recherche et surveillance.
Les recherches interventionnistes sur les populations sont une forme de recherche qui permet de comprendre et de s’occuper des préoccupations réelles dans différents contextes, en reconnaissant leur complexité et en cherchant à répondre à des questions du genre «Quels sont les effets des politiques et des programmes sur la santé des populations?».
De multiples secteurs (comme l’industrie alimentaire, tous les ordres de gouvernement (y compris les ministères des loisirs, de l’agriculture, des finances, etc.)) adoptent des politiques et des programmes qui ont une incidence (bénéfique ou délétère) sur une saine alimentation et sur l’activité physique. Or, l’impact de ces interventions est rarement étudié: nous manquons des occasions précieuses d’étudier ces «expériences naturelles» pour savoir ce qui fonctionne et dans quel contexte, et pour éclairer les politiques et les programmes futurs. L’éthique veut que l’on appuie un moins grand nombre d’interventions mais qui ont fait l’objet d’une évaluation plus rigoureuse et qui se sont révélées plus efficaces et plus sûres. Par exemple, certaines interventions en matière de modes de vie sains ont par le passé accentué les inégalités en matière de santé plutôt qu’elles ne les ont atténuées. Il est important également d’évaluer l’impact probable d’une décision stratégique ou opérationnelle, avant de décider de l’adopter (et de l’évaluer).
Avec autant de facteurs sociaux, culturels et environnementaux qui affectent les modes de vie sains d’une personne, la surveillance de la santé est un instrument indispensable de l’acquisition de connaissances. La surveillance aide à comprendre les progrès généraux, de même que les facteurs, les sous-populations et les tendances qui réclament le plus d’attention et également l’impact confondu des politiques et des programmes au niveau de la population.
Pour que les dépenses d’investissement dans la recherche et la surveillance aient un impact, les connaissances ainsi acquises doivent faire l’objet d’une synthèse et être appliquées et échangées avec ceux qui prennent les décisions stratégiques et opérationnelles. À titre subsidiaire, les décideurs stratégiques et opérationnels sont les grands moteurs des activités de recherche et surveillance entreprises. Cela est essentiel à l’intégration de l’utilisation des connaissances dans le système de promotion de la santé et de prévention des maladies chroniques. Il faut posséder des compétences spécialisées pour rassembler les renseignements disponibles et en faire des outils utiles pour les décideurs. Or, l’insuffisance du financement de la recherche, de la surveillance et de l’échange des connaissances à tous les paliers depuis dixans a créé au Canada une sérieuse pénurie d’experts.
Compte tenu de l’importance d’une amélioration des systèmes de surveillance des facteurs de risque, certains ordres de gouvernement ont déjà engagé des dépenses dans ce domaine. En outre, en vertu d’un processus FPT, le groupe de travail sur les systèmes de surveillance des facteurs de risque de maladies chroniques du comité consultatif sur la santé de la population et la sécurité de la santé (CCSPSS) a conçu une stratégie de surveillance détaillée sur les modes de vie sains, notamment sur l’activité physique et une saine alimentation. Étant donné que le groupe de travail sur la surveillance relève également du CCSPSS, ses efforts ont été incorporés dans l’élaboration de ce programme intégré de recherche et de surveillance. Pour limiter les redondances (un principe de la Stratégie en matière de modes de vie sains), le groupe de travail sur la recherche et la surveillance de la Stratégie en matière de modes de vie sains n’a pas élaboré de plan d’action détaillé sur la surveillance, même s’il a insisté sur le fait que la surveillance était un outil nécessaire au besoin.
Résumé des lacunes
- On sait que des facteurs comme le domaine bâti (p.ex. le réseau routier et les réseaux de transport) ont une incidence sur l’activité physique et le poids corporel de la population. Mais on sait peu de choses sur les interventions particulières qui stimulent le mieux des modes de vie sains.
- La détermination et l’analyse des rapports de cause à effet qui entraînent des changements positifs faciliteront la prise de décisions probantes et les décisions de financement.
- Les données sur la mise en œuvre et l’établissement des coûts sont rarement recueillies et(ou) diffusées avec les résultats des recherches. Or ces données sont essentielles à la prise de décisions éclairées. Les analyses de mise en œuvre, coûts-avantages et de rentabilité doivent devenir des éléments cruciaux des recherches sur la prévention afin d’orienter les décideurs quant à la meilleure façon d’utiliser des ressources limitées.
- De multiples secteurs et systèmes (p.ex. ceux qui sont responsables des politiques publiques, des programmes de santé publique et du financement des recherches) coordonnent rarement leurs efforts. Il faut donc un changement de culture, des incitatifs et des mécanismes habilitants pour intégrer les recherches, les politiques et les pratiques.
- Les chercheurs et les évaluateurs de programme qualifiés doivent être aiguillés et se voir offrir les ressources dont ils ont besoin pour s’attaquer aux problèmes qui revêtent le plus d’importance pour les décisionnaires.
- Il n’est pas facile d’obtenir des crédits pour bâtir les actifs publics (p.ex. les systèmes locaux de collecte de données qui appuient la planification, l’évaluation et la production de connaissances; les bases de données liées; et les interventions d’ordre technologique pour une intervention de santé publique sans but lucratif) dont on a besoin pour intégrer les recherches, les politiques et les pratiques et optimiser l’utilisation des ressources.
- Les organismes subventionnaires de la recherche disposent d’une capacité limitée pour financer les recherches stratégiques, et la culture tend à privilégier les recherches dictées par la curiosité plutôt que les recherches stratégiques.
- Le sous-financement chronique des recherches sur la prévention et les systèmes de santé publique chargés de la surveillance, de la synthèse et de l’échange des connaissances explique que le potentiel de ce type de travaux au Canada soit limité. Il faut donc se doter d’un nouveau potentiel pour mettre en œuvre une stratégie fructueuse en matière de modes de vie sains.
Programme intégré de recherche et surveillance
Vision
Les Canadiens jouissent d’une meilleure santé globale et d’une atténuation des inégalités en matière de santé grâce à l’adoption de politiques et de programmes efficaces qui reposent sur la synthèse, l’application et l’échange de connaissances fondées sur la recherche et la surveillance.
But
Mettre en œuvre un système intégré doté de maillons sans soudure entre la recherche, la surveillance, les politiques et les pratiques au sujet de l’activité physique et d’une saine alimentation.
Objectifs
Les objectifs de la Stratégie en matière de modes de vie sains sont:
- une prévalence accrue des poids-santé – obtenus par des moyens sains – chez les Canadiens;
- une augmentation du niveau d’activité physique régulière chez les Canadiens;
- une amélioration des habitudes de saine alimentation et des niveaux d’activité chez les Canadiens, en particulier chez les nourrissons, les enfants et les jeunes;
- une augmentation du nombre de collectivités à risque/vulnérables qui ont accès à des choix abordables d’aliments sains et à des installations et à des possibilités appropriées d’activités physiques;
- une amélioration des infrastructures et de la conception des quartiers qui favorisent une saine alimentation et l’activité physique;
- une réduction des inégalités en matière de santé.
Les objectifs du programme intégré de recherche et de surveillance concordent avec ceux de la stratégie en matière de modes de vie sains (voir ci-dessus) et sont:
- des décisions stratégiques et opérationnelles fondées sur des données ponctuelles, régulières et utiles;
- la coordination et l’intégration des investissements dans les recherches, les politiques et les pratiques;
- des collectivités qui ont facilement accès aux connaissances dont elles ont besoin, sous une forme utile afin d’éclairer leurs décisions;
- des chercheurs mieux en mesure de conduire des recherches qui portent sur les politiques et les pratiques;
- il faut faire la synthèse des recherches existantes et les interpréter à l’intention des organismes de la santé de la population et de la santé publique;
- les intervenants intersectoriels clés à tous les niveaux collaborent aux diverses phases du cycle d’acquisition et d’échange des connaissances afin d’être en mesure «d’apprendre au fur et à mesure» – et de déterminer ce qui donne des résultats et dans quel contexte;
- la recherche, la surveillance et l’évaluation sont intégrées à l’élaboration des politiques et des programmes;
Stratégies
On propose les stratégies suivantes pour peaufiner le programme intégré de recherche et de surveillance:
Stratégie # 1
Renforcer la capacité d’acquisition et d’échange de connaissances pour promouvoir une alimentation saine, l’activité physique et leur rapport avec un poids-santé.
Stratégie # 2
Multiplier les recherches interventionnistes sur les populations pour comprendre et aborder les déterminants d’une saine alimentation, de l’activité physique et de leur rapport avec un poids-santé.
Stratégie # 3
Adopter un système intégré d’acquisition et d’échange des connaissances au sujet des politiques et des programmes dans le secteur de la santé et d’autres secteurs.
Principes directeurs
L’élaboration et la mise en œuvre du programme intégré de recherche et de surveillance s’appuient sur les principes suivants:
- le programme intégré de recherche et de surveillance doit être conforme à la Stratégie pancanadienne intégrée en matière de modes de vie sains;
- compte tenu du caractère intersectoriel de la Stratégie en matière de modes de vie sains, les principaux intervenants doivent prendre part aux divers rôles et aux multiples activités tout au long de l’élaboration et de la mise en œuvre du programme intégré de recherche et de surveillance;
- le programme intégré de recherche et de surveillance doit être fondé sur l’approche axée sur la santé de la population et tenir compte du contexte élargi de la santé publique (p.ex. de l’élaboration d’une stratégie pancanadienne de santé publique);
- le programme intégré de recherche et de surveillance est vivement recommandé aux sous-ministres et aux ministres FPT de la Santé. Ce programme a été élaboré en tant que plan et il ne cesse d’évoluer;
- il faut reconnaître la diversité (des habitants et des milieux du Canada) pour qu’elle se reflète dans l’élaboration et la mise en œuvre du programme intégré de recherche et de surveillance;
- la nature «intégrée» (recherche, surveillance, politiques, pratiques) de ce programme intégré de recherche et de surveillance est inhérente à sa valeur ajoutée afin d’assurer la production ininterrompue et l’utilisation de données pertinentes et ponctuelles qui contribuent à l’amélioration soutenue des politiques et des programmes.
Intégré = adj.forme un ensemble homogène; incorporé; indivis.
(Petit Robert)
Principaux intervenants apparentés [la liste est par ordre alphabétique]
Une liste des intervenants a été établie pour donner un aperçu du paysage actuel de la recherche, de la surveillance et des pratiques exemplaires en ce qui concerne l’activité physique et une saine alimentation. Cette liste ne se veut pas exclusive et elle peut être facilement modifiée.
Gouvernement du Canada - Exemple(s):
- Affaires indiennes et du Nord Canada
- Développement social Canada
- Instituts de recherche en santé du Canada
- Patrimoine canadien
- Santé Canada
- Statistique Canada
- Transports Canada
Gouvernements provinciaux et territoriaux
Organisations non gouvernementales nationales - Exemple(s):
- Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada
- Autorités sanitaires et unités de santé publique régionales
- Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie
- Institut canadien d’information sur la santé
- Institut national du cancer du Canada
- Initiative sur la santé de la population canadienne
- Société canadienne de physiologie de l’exercice
Secteur privé
Universités
Stratégie # 1 Renforcer la capacité d’acquisition et d’échange de connaissances pour promouvoir une alimentation saine, l’activité physique et leurs liens avec un poids santé.
Activités :
À court terme (6 à 18 mois)
- Recenser et coordonner les orientations stratégiques, les investissements, les activités de production et d’échange des connaissances.
- déterminer les mesures ou mécanismes appropriés à mettre en place et les acteurs clés pour mettre en œuvre des activités données, et examiner les plans et priorités.
- élaborer, mettre en œuvre et intégrer des activités pilotées par les divers acteurs des différents secteurs concernés.
À moyen terme (18 à 60 mois)
- Créer un système durable de développement et d’échange de connaissances par l’intermédiaire de centres nationaux et/ou régionaux en vue d’améliorer continuellement les politiques et les programmes du secteur de la santé et d’autres secteurs.
- L’administration fédérale assurera le leadership pour le développement et le maintien des infrastructures (existantes et/ou en cours d’élaboration), avec la collaboration d’un groupe consultatif intersectoriel.
- Multiplier et promouvoir les occasions opérationnelles de collaboration et d’échanges intersectorielles entre les chercheurs, les décideurs et les praticiens des divers milieux et secteurs.
- L’Agence de santé publique du Canada assurerait le leadership de cette activité avec le soutien d’un groupe consultatif intersectoriel
Stratégie # 2 Multiplier les recherches interventionnistes sur les populations pour comprendre et aborder les déterminants d’une saine alimentation, de l’activité physique et de leur rapport avec un poids-santé.
Activités :
À moyen/long terme (18 à 60 mois et plus)
- Constituer un groupe composé de chefs de file qui sont actuellement en train de jeter les bases de la capacité de recherche, pour qu’ils coordonnent les investissements et la planification entre les organismes concernés.
- Soutenir le développement d’outils, de trains de mesures et de mécanismes communs (p. ex. la collecte, l’analyse et la traduction de données) à plusieurs collectivités et secteurs pour aider ces derniers à faire la synthèse et l’échange des connaissances et à assurer la surveillance.
- Élaborer une étude longitudinale sur les indicateurs de modes de vie sains à l’échelle de la population.
- Effectuer des analyses des coûts-avantages des politiques et programmes de tous les niveaux des secteurs de la santé et d’autres secteurs.
- L’Agence de santé publique du Canada assurerait le leadership de cette activité avec le soutien d’un groupe consultatif intersectoriel.
Stratégie # 3 Adopter un système intégré d’acquisition et d’échange des connaissances au sujet des politiques et des programmes dans le secteur de la santé et d’autres secteurs.
Activités :
À moyen/long terme (18 à 60 mois et plus)
- Examiner et développer les modèles efficaces de coordination du processus décisionnel pour faciliter la planification intersectorielle.
- Soutenir le développement et l’échange de ressources pratiques et pertinentes pour les collectivités.
- L’Agence de santé publique du Canada assurerait le leadership de cette activité avec le soutien d’un groupe consultatif intersectoriel.
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