Recherche quantitative originale – Une étude transversale sur l’évolution de la douleur et la détresse psychologique chez les personnes atteintes de douleur chronique : l’étude pancanadienne « Douleur chronique et COVID-19 »

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M. Gabrielle Pagé, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 2; Anaïs Lacasse, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 3; Lise Dassieu, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1; Maria Hudspith, M.A.Note de rattachement des auteurs 4; Gregg Moor, B.A.Note de rattachement des auteurs 4; Kathryn SuttonNote de rattachement des auteurs 4; James M. Thompson, M.D.Note de rattachement des auteurs 5Note de rattachement des auteurs 6; Marc Dorais, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 7; Audrée Janelle Montcalm, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1; Nadia Sourial, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 8; Manon Choinière, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 2

https://doi.org/10.24095/hpcdp.41.5.01f
(Publié le 10 février 2021)

Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.

Correspondance : Gabrielle Pagé, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, édifice Saint-Antoine, salle S01-122, 850, rue Saint-Denis, Montréal (Québec) H2X 0A9; tél. : 514-890-8000 poste 31601; courriel : gabrielle.page@umontreal.ca.

Résumé

Introduction. La pandémie de COVID-19 a eu un impact disproportionné sur les populations vulnérables, notamment les personnes atteintes de douleur chronique. Nous avons examiné les associations entre les variations géographiques des taux d’infection par le coronavirus, le stress et l’intensité de la douleur et nous avons étudié les facteurs associés à l’évolution de la douleur et à la détresse psychologique chez les personnes atteintes de douleur chronique pendant la pandémie.

Méthodologie. Cette analyse s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus vaste, l’étude pancanadienne « Douleur chronique et COVID-19 », qui emploie une méthode de recherche transversale observationnelle. Au total, 3 159 personnes atteintes de douleur chronique ont répondu à une enquête quantitative entre le 16 avril et le 31 mai 2020.

Résultats. Les deux tiers (68,1 %) des participants avaient entre 40 et 69 ans, et 83,5 % étaient des femmes. Les deux tiers (68,9 %) des répondants ont signalé une aggravation de leur douleur depuis le début de la pandémie. Un niveau élevé de risques perçus liés à la pandémie (rapport de cotes ajusté : 1,27 %; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 1,03 à 1,56), un niveau élevé de stress (1,21; IC à 95 % : 1,05 à 1,41), la modification des traitements de la douleur pharmacologiques (3,17; IC à 95 % : 2,49 à 4,05) et physiques/psychologiques (2,04; IC à 95 % : 1,62 à 2,58) et enfin le fait d’occuper un emploi au début de la pandémie (1,42; IC à 95 % : 1,09 à 1,86) étaient associés à une probabilité accrue de déclarer une aggravation de la douleur. La perte d’emploi (34,9 % des personnes travaillaient avant la pandémie) a été associée à une probabilité inférieure (0,67; IC à 95 % : 0,48 à 0,94) de déclarer une aggravation de la douleur. Près de la moitié (43,2 %) des personnes ont indiqué une détresse psychologique d’intensité modérée ou grave. Les émotions négatives à l’égard de la pandémie (2,14; IC à 95 % : 1,78 à 2,57) et le stress global (1,43; IC à 95 % : 1,36 à 1,50) ont été associés à une détresse psychologique modérée ou grave.

Conclusion. Les résultats de l’étude ont permis de cerner, outre les facteurs biomédicaux, plusieurs facteurs psychosociaux à prendre en compte pour surveiller l’état des patients atteints de douleur chronique et faciliter leur accès aux traitements pendant une pandémie.

Mots-clés : COVID-19, douleur, détresse psychologique, pandémie

Points saillants

  • Les deux tiers des personnes ayant répondu à un sondage en ligne ont signalé une aggravation de leur douleur depuis le début de la pandémie de COVID-19.
  • Près de la moitié des répondants éprouvaient une détresse psychologique modérée ou grave.
  • La modification des traitements de la douleur pendant la pandémie était associée significativement avec l’aggravation de la douleur.
  • La dimension géographique, que ce soit le milieu (rural ou urbain) ou le fait de vivre dans une province avec un taux d’infection élevé, n’était pas associée à l’évolution de la douleur ni à la détresse psychologique.
  • En ce qui concerne les prochaines vagues de la pandémie, il faut réfléchir aux moyens de continuer à offrir des traitements pharmacologiques, physiques et psychologiques adéquats contre la douleur.

Introduction

La douleur chronique est définie comme une douleur présente depuis plus de 3 mois, qui persiste plus longtemps que la période normale de guérison des tissus ou qui est associée à une maladie chroniqueNote de bas de page 1Note de bas de page 2. À l’échelle mondiale, environ 20 % de la population adulte souffre de douleur chroniqueNote de bas de page 3Note de bas de page 4. La prise en charge inadéquate de la douleur chronique entraîne des coûts en soins de santé directs et indirects qui atteignent entre 38,3 milliards de dollars et 40,4 milliards de dollars par année au CanadaNote de bas de page 5.

La douleur chronique peut avoir des répercussions multiples et diverses sur la vie d’une personne, dont la qualité de vie liée à sa santé et les troubles mentaux concomitantsNote de bas de page 6. Ces répercussions sur la santé physique et mentale et sur le bien-être sont susceptibles d’être exacerbées en période de stress élevé. Un quart de la population générale dit ressentir de l’anxiété ou des symptômes dépressifs depuis le début de la pandémie de COVID-19Note de bas de page 7. Toutefois, il existe peu de données empiriques sur les effets de la pandémie de COVID-19 sur la santé physique et mentale des populations vulnérables, dont les personnes atteintes de douleur chronique. La description et la détermination des facteurs associés à de piètres états de santé physique et mentale peuvent éclairer les décisions de santé publique lors des prochaines vagues de la pandémie.

Selon certains experts, les personnes atteintes de douleur chronique pourraient connaître une exacerbation de leur problème de santé au cours et à la suite de la pandémie de COVID-19Note de bas de page 8. Cette crise et les facteurs de stress psychologiques qui y sont associés pourraient également favoriser une première apparition de douleur chroniqueNote de bas de page 8. Au Canada, une personne sur deux recevant des soins tertiaires contre la douleur chronique vit en dessous du seuil de pauvretéNote de bas de page 9, et la pandémie a touché de manière disproportionnée les populations à faible statut socioéconomique. De plus, l’accès à une évaluation, à un traitement et à une prise en charge adéquats de la douleur constitue un défi de longue date au Canada, en particulier dans les régions rurales et éloignéesNote de bas de page 10, et la fermeture à grande échelle des cliniques de la douleur, des bureaux de professionnels paramédicaux et des installations de conditionnement physique pendant la pandémie a réduit l’accès aux moyens de prise en charge de la douleur.

Cette étude transversale visait à documenter l’état de santé physique et mentale et la situation socioéconomique des Canadiens atteints de douleur chronique pendant la pandémie de COVID-19. Les objectifs précis en étaient les suivants : 1) examiner le lien entre les variations spatiales du taux d’infection par le coronavirus, l’évaluation du stress et l’intensité la douleur et 2) examiner les facteurs biopsychosociaux associés a) à l’évolution de la douleur pendant la pandémie de COVID-19 et b) à la détresse psychologique chez les personnes atteintes de douleur chronique.

Nous avons émis l’hypothèse que 1) des taux provinciaux élevés d’infection par le coronavirus seraient associés à des niveaux supérieurs de stress évalué et d’intensité de la douleur et que 2) l’ampleur des taux d’infection par le coronavirus sur le plan géographique ainsi que les niveaux perçus de stress global et en lien direct avec la pandémie seraient associés à une aggravation de la douleur et à la détresse psychologique.

Méthodologie

Étude

Notre analyse s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus vaste, l’étude pancanadienne « Douleur chronique et COVID-19 », une étude transversale à méthodes mixtes visant à aborder diverses questions de recherche liées à la pandémieNote de bas de page 11. Nous résumons ici les données de l’enquête quantitative.

Comme le montre la zone ombrée à la figure 1, l’étude a commencé au début de la pandémie, lorsque le nombre de cas cumulés augmentait de façon exponentielle dans certaines provinces et que le nombre maximal de cas de COVID-19 n’avait pas encore été atteint.

Figure 1. Nombre cumulé de cas dans les provinces et territoires, Canada

Figure 1. Nombre cumulé de cas dans les provinces et territoires, Canada

Description textuelle : Figure 1
Figure 1. Nombre cumulé de cas dans les provinces et territoires, Canada
Date Colombie-Britannique Alberta Saskatchewan Manitoba Ontario Québec Terre-Neuve et Labrador Nouveau-Brunswick Nouvelle-Écosse Île-du-Prince-Édouard Yukon Territoires du Nord-Ouest Nunavut
31-01-2020 1 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0 0 0
08-02-2020 4 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0 0 0
16-02-2020 5 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0 0 0
21-02-2020 6 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0 0 0
24-02-2020 6 0 0 0 4 0 0 0 0 0 0 0 0
25-02-2020 7 0 0 0 4 0 0 0 0 0 0 0 0
26-02-2020 7 0 0 0 5 0 0 0 0 0 0 0 0
27-02-2020 7 0 0 0 6 0 0 0 0 0 0 0 0
29-02-2020 7 0 0 0 8 0 0 0 0 0 0 0 0
01-03-2020 8 0 0 0 15 1 0 0 0 0 0 0 0
03-03-2020 12 0 0 0 20 1 0 0 0 0 0 0 0
05-03-2020 21 0 0 0 22 2 0 0 0 0 0 0 0
06-03-2020 21 0 0 0 28 2 0 0 0 0 0 0 0
07-03-2020 27 0 0 0 28 2 0 0 0 0 0 0 0
08-03-2020 27 1 0 0 31 3 0 0 0 0 0 0 0
09-03-2020 32 7 0 0 34 4 0 0 0 0 0 0 0
11-03-2020 39 14 0 0 42 7 0 0 0 0 0 0 0
12-03-2020 46 19 0 0 59 13 0 0 0 0 0 0 0
13-03-2020 53 23 0 1 79 17 0 1 0 0 0 0 0
14-03-2020 64 29 0 1 79 17 0 1 0 0 0 0 0
15-03-2020 73 39 0 4 103 24 0 1 0 1 0 0 0
16-03-2020 73 56 1 4 145 39 0 1 0 1 0 0 0
17-03-2020 103 74 2 7 177 50 0 2 0 1 0 0 0
18-03-2020 186 97 2 8 189 74 0 2 1 1 0 0 0
19-03-2020 271 146 8 17 258 121 1 7 5 2 0 0 0
20-03-2020 271 195 8 17 311 139 3 7 5 2 0 0 0
21-03-2020 424 226 25 11 377 202 3 9 9 2 0 1 0
22-03-2020 424 259 33 11 425 221 3 9 28 3 0 1 0
23-03-2020 472 301 65 11 503 221 4 9 41 3 2 1 0
24-03-2020 617 358 72 11 588 221 4 18 51 3 2 1 0
25-03-2020 659 419 86 11 688 1339 67 26 68 5 3 1 0
26-03-2020 725 486 95 11 858 1629 82 33 73 9 3 1 0
27-03-2020 725 542 104 25 993 2021 102 45 90 11 3 1 0
28-03-2020 884 542 134 25 993 2498 120 51 110 11 4 1 0
29-03-2020 884 621 134 69 1355 2840 135 66 122 11 4 1 0
30-03-2020 960 690 175 83 1706 3430 148 68 127 18 5 1 0
31-03-2020 970 754 184 91 1966 4162 152 70 147 21 5 1 0
01-04-2020 1066 754 193 109 2392 4611 175 81 173 21 5 2 0
02-04-2020 1121 968 206 152 2793 5518 183 91 193 22 6 2 0
03-04-2020 1174 1075 220 164 3255 6101 183 95 207 22 6 4 0
04-04-2020 1203 1075 231 172 3630 6997 195 98 236 22 6 4 0
05-04-2020 1203 1250 249 187 4038 7944 217 101 262 22 6 4 0
06-04-2020 1266 1348 253 190 4347 8580 226 103 293 22 7 5 0
07-04-2020 1291 1373 260 203 4726 9340 228 105 310 22 7 5 0
08-04-2020 1336 1423 271 206 5276 10031 232 108 342 24 7 5 0
09-04-2020 1370 1451 278 207 5759 10912 236 111 373 25 8 5 0
10-04-2020 1410 1500 285 215 6237 11677 239 112 407 25 8 5 0
11-04-2020 1445 1569 289 226 6648 12292 241 112 428 25 8 5 0
12-04-2020 1445 1651 296 226 7049 12846 242 114 445 25 8 5 0
13-04-2020 1490 1732 300 229 7470 13557 244 116 474 25 8 5 0
14-04-2020 1517 1870 301 229 7953 14248 244 116 517 25 8 5 0
15-04-2020 1561 1996 304 231 8447 14860 247 117 549 26 8 5 0
16-04-2020 1561 2158 305 239 8961 15857 252 117 579 26 8 5 0
17-04-2020 1575 2397 306 239 9525 16798 256 117 606 26 9 5 0
18-04-2020 1618 2562 310 243 10010 17521 257 118 649 26 9 5 0
19-04-2020 1618 2562 314 245 10578 18357 257 118 675 26 9 5 0
20-04-2020 1699 2908 316 246 11184 19319 257 118 721 26 11 5 0
21-04-2020 1724 3095 320 246 11735 20126 257 118 737 26 11 5 0
22-04-2020 1795 3401 326 246 12245 20965 256 118 772 26 11 5 0
23-04-2020 1824 3720 331 251 12879 21838 256 118 827 26 11 5 0
24-04-2020 1853 4017 341 252 13519 22616 256 118 850 26 11 5 0
25-04-2020 1948 4233 347 256 13995 23267 257 118 865 26 11 5 0
26-04-2020 1948 4480 353 260 14432 24107 258 118 873 26 11 5 0
27-04-2020 1998 4696 365 261 14856 24982 258 118 900 26 11 5 0
28-04-2020 2053 4850 366 261 15381 25757 258 118 915 27 11 5 0
29-04-2020 2087 5165 383 263 15728 26594 258 118 935 27 11 5 0
30-04-2020 2112 5355 389 264 16187 27538 258 118 947 27 11 5 0
01-05-2020 2145 5573 415 268 16608 28648 259 118 959 27 11 5 0
02-05-2020 2171 5670 421 269 17119 29656 259 118 963 27 11 5 0
03-05-2020 2171 5766 433 270 17553 31865 259 118 971 27 11 5 0
04-05-2020 2224 5836 467 270 17923 32623 259 118 985 27 11 5 0
05-05-2020 2232 5893 487 271 18310 33417 259 119 991 27 11 5 0
06-05-2020 2255 5963 512 273 18722 34327 259 120 998 27 11 5 0
07-05-2020 2288 6017 531 272 19121 35238 261 120 1007 27 11 5 0
08-05-2020 2315 6098 544 273 19598 36150 261 120 1008 27 11 5 0
09-05-2020 2330 6157 553 273 19944 36986 261 120 1011 27 11 5 0
10-05-2020 2330 6253 564 276 20238 37721 261 120 1018 27 11 5 0
11-05-2020 2353 6300 568 278 20546 38469 261 120 1019 27 11 5 0
12-05-2020 2360 6345 573 279 20907 39225 261 120 1020 27 11 5 0
13-05-2020 2376 6407 577 279 21236 39931 261 120 1024 27 11 5 0
14-05-2020 2392 6457 582 278 21581 40724 261 120 1026 27 11 5 0
15-05-2020 2407 6515 590 278 21922 41420 260 120 1034 27 11 5 0
16-05-2020 2428 6587 591 278 22313 42183 260 120 1037 27 11 5 0
17-05-2020 2428 6644 592 278 22653 42920 260 120 1040 27 11 5 0
18-05-2020 2444 6683 592 279 22957 43627 260 120 1043 27 11 5 0
19-05-2020 2446 6716 599 279 23384 44197 260 120 1044 27 11 5 0
20-05-2020 2467 6716 620 279 23774 44775 260 120 1045 27 11 5 0
21-05-2020 2479 6768 622 279 24187 45495 260 121 1046 27 11 5 0
22-05-2020 2507 6800 627 281 24628 46141 260 121 1048 27 11 5 0
23-05-2020 2517 6818 630 281 25040 46838 260 121 1049 27 11 5 0
24-05-2020 2517 6860 632 281 25500 47411 260 121 1050 27 11 5 0
25-05-2020 2530 6879 634 281 25904 47984 260 121 1051 27 11 5 0
26-05-2020 2541 6901 634 281 26191 48598 260 122 1052 27 11 5 0
27-05-2020 2550 6926 637 281 26483 49139 260 123 1053 27 11 5 0
28-05-2020 2558 6955 639 283 26866 49702 261 126 1055 27 11 5 0
29-05-2020 2562 6979 641 283 27210 50232 261 128 1055 27 11 5 0
30-05-2020 2573 6992 645 283 27533 50651 261 129 1056 27 11 5 0
31-05-2020 2573 7010 646 284 27859 51059 261 132 1056 27 11 5 0
01-06-2020 2597 7044 646 284 28263 51354 261 132 1057 27 11 5 0
02-06-2020 2601 7057 646 286 28709 51593 261 133 1057 27 11 5 0
03-06-2020 2623 7076 647 287 29047 51884 261 135 1058 27 11 5 0
04-06-2020 2632 7091 648 287 29403 52143 261 136 1058 27 11 5 0
05-06-2020 2632 7098 649 289 29747 52398 261 136 1058 27 11 5 0
06-06-2020 2632 7138 650 289 30202 52624 261 136 1058 27 11 5 0
07-06-2020 2632 7138 650 289 30617 52849 261 137 1059 27 11 5 0
08-06-2020 2659 7202 654 289 30860 53047 261 146 1059 27 11 5 0
09-06-2020 2669 7229 656 289 31090 53185 261 147 1060 27 11 5 0
10-06-2020 2680 7276 658 289 31341 53341 261 151 1061 27 11 5 0
11-06-2020 2694 7316 660 289 31544 53485 261 153 1061 27 11 5 0
12-06-2020 2709 7346 663 290 31726 53666 261 154 1061 27 11 5 0
13-06-2020 2709 7383 664 292 31992 53824 261 157 1061 27 11 5 0
14-06-2020 2709 7433 665 293 32189 53952 261 157 1061 27 11 5 0
15-06-2020 2745 7453 683 293 32370 54054 261 160 1061 27 11 5 0
16-06-2020 2756 7482 684 293 32554 54146 261 163 1061 27 11 5 0
17-06-2020 2775 7530 693 295 32744 54263 261 164 1061 27 11 5 0
18-06-2020 2783 7579 708 297 32917 54383 261 164 1061 27 11 5 0
19-06-2020 2790 7625 716 300 33095 54550 261 164 1061 27 11 5 0
20-06-2020 2790 7673 726 302 33301 54674 261 164 1061 27 11 5 0
21-06-2020 2790 7704 746 302 33476 54766 261 164 1061 27 11 5 0
22-06-2020 2822 7736 751 303 33637 54835 261 164 1061 27 11 5 0
23-06-2020 2835 7781 753 303 33853 54884 261 165 1061 27 11 5 0
24-06-2020 2849 7825 757 304 34016 54937 261 165 1061 27 11 5 0
25-06-2020 2869 7851 759 305 34205 55079 261 165 1061 27 11 5 0
26-06-2020 2878 7888 772 307 34316 55079 261 165 1061 27 11 5 0
27-06-2020 2878 7957 777 311 34476 55079 261 165 1061 27 11 5 0
28-06-2020 2878 7996 778 311 34654 55079 261 165 1061 27 11 5 0
29-06-2020 2904 8067 779 313 34911 55390 261 165 1061 27 11 5 0
30-06-2020 2916 8108 785 314 35068 55458 261 165 1062 27 11 5 0
01-07-2020 2916 8108 785 314 35068 55458 261 165 1062 27 11 5 0
02-07-2020 2940 8202 795 314 35370 55593 261 165 1064 27 11 5 0
03-07-2020 2947 8259 796 314 35535 55682 261 165 1064 27 11 5 0
04-07-2020 2947 8259 796 314 35656 55784 261 165 1064 30 11 5 0
05-07-2020 2947 8259 796 314 35794 55863 261 165 1064 32 11 5 0
06-07-2020 2978 8389 805 314 35948 55937 261 165 1065 32 11 5 0
07-07-2020 2990 8436 806 314 36060 55997 261 165 1065 32 11 5 0
08-07-2020 3008 8482 808 314 36178 56079 261 165 1066 32 11 5 0
09-07-2020 3028 8519 813 314 36348 56216 261 166 1066 33 11 5 0
10-07-2020 3053 8596 815 314 36464 56316 262 166 1066 33 11 5 0
11-07-2020 3053 8596 815 314 36594 56407 262 166 1066 33 11 5 0
12-07-2020 3053 8596 815 314 36723 56521 262 166 1066 34 11 5 0
13-07-2020 3115 8826 871 314 36839 56621 262 166 1066 35 11 5 0
14-07-2020 3128 8912 876 319 36950 56730 262 167 1066 36 11 5 0
15-07-2020 3149 8994 881 319 37052 56859 262 168 1067 36 11 5 0
16-07-2020 3170 9114 923 320 37163 57001 262 168 1067 36 11 5 0
17-07-2020 3198 9219 936 325 37274 57142 262 168 1067 36 13 5 0
18-07-2020 3198 9219 941 326 37440 57300 262 168 1067 36 13 5 0
19-07-2020 3198 9219 943 332 37604 57466 262 169 1067 36 13 5 0
20-07-2020 3300 9587 962 343 37739 57616 262 170 1067 36 13 5 0
21-07-2020 3328 9728 970 353 37942 57796 263 170 1067 36 13 5 0
22-07-2020 3362 9861 1030 361 38107 57938 264 170 1067 36 13 5 0
23-07-2020 3392 9975 1072 362 38210 58080 264 170 1067 36 13 5 0
24-07-2020 3419 10086 1099 371 38405 58243 265 170 1067 36 14 5 0
25-07-2020 3419 10086 1136 375 38543 58414 265 170 1067 36 14 5 0

Participants

Les participants admissibles étaient les adultes (18 ans et plus) vivant au Canada, parlant couramment le français ou l’anglais, éprouvant des douleurs depuis plus de 3 mois et ayant accès à Internet.

Recrutement

L’étude a utilisé une méthode d’échantillonnage non probabiliste. Les annonces de l’étude, qui contenaient un lien hypertexte vers un formulaire de consentement et un questionnaire en français et en anglais, ont été publiées par l’entremise d’associations de patients, d’organismes de lutte contre la douleur, de réseaux de recherche et de médias sociaux à l’échelle du Canada.

Procédures

Cette étude a été approuvée par le comité d’éthique de la recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal. Le sondage s’est déroulé entre 16 avril et le 31 mai 2020, soit environ un mois après le début des restrictions de santé publique au Canada et avant que ces restrictions ne soient levées. Les participants intéressés ont répondu aux questions de sélection concernant leur admissibilité sur la page d’accueil de l’étude et ont donné leur consentement par voie électronique. Ils ont ensuite été automatiquement dirigés vers le questionnaire d’étude en ligne. Les participants pouvaient gagner l’une des dix cartes-cadeaux Visa prépayées d’une valeur de 100 dollars. Une seule réponse au questionnaire par adresse IP était autorisée. Toutes les questions du sondage ont été testées au préalable par cinq personnes atteintes de douleur chronique et possédant des niveaux de scolarité variés.

Mesures

Principaux résultats

L’évolution de la douleur a été évaluée au moyen de l’échelle d’impression globale de changement selon le patient (Patient Global Impression of Change), une échelle de Likert à 7 points (de 1 pour une aggravation considérable à 7 pour une amélioration considérable). Cette échelle présente une fiabilité test-retest élevée (coefficient de corrélation intraclasse : 0,80 à 0,92) et une validité de construit élevée (corrélation modérée avec d’autres mesures du changement [r = 0,53])Note de bas de page 13. La détresse psychologique a été mesurée au moyen d’une mesure de dépistage éprouvée des symptômes dépressifs et anxieux, le Patient Health Questionnaire-4 (Questionnaire sur la santé du patient [PHQ-4])Note de bas de page 14. Ce questionnaire a une bonne validité concourante (r = 0,36 à 0,80 avec des sous-échelles d’une mesure globale du fonctionnement) ainsi qu’une cohérence interne (α = 0,78 à 0,82) et une intercorrélation entre les éléments (r = 0,60) adéquatesNote de bas de page 14Note de bas de page 15.

Caractéristiques de la douleur

Nous avons évalué la modification (oui/non/sans objet) des traitements pharmacologiques et physiques/psychologiques depuis le début de la pandémie de COVID-19 et l’entrée en vigueur des mesures de santé publique (mi-mars 2020 au Canada). Nous avons utilisé l’échelle d’évaluation numérique de l’intensité de la douleurNote de bas de page 16Note de bas de page 17 pour mesurer l’intensité moyenne et maximale de la douleur et le désagrément causé par la douleur au cours des 7 derniers jours. Le questionnaire Brief Pain Inventory (BPI, Questionnaire concis sur la douleur)Note de bas de page 18 a servi à mesurer l’interférence entre la douleur et divers aspects de la vie quotidienne. Il constitue une échelle fiable (α > 0,70), avec une bonne validité concourante (r = 0,57 à 0,81, mesures générales de la douleur) et une sensibilité au changementNote de bas de page 19Note de bas de page 20. Le questionnaire EQ-5D-5LNote de bas de page 21 a servi à évaluer la qualité de vie liée à la santé et possède une validité de construit et une sensibilité adéquates chez les personnes atteintes de douleur chroniqueNote de bas de page 22.

Impact de la pandémie de COVID-19

Un groupe de chercheurs sur la douleur, de cliniciens et de représentants des patients ont élaboré un questionnaire fondé sur le modèle transactionnel du stress de Lazarus et FolkmanNote de bas de page 23 pour mesurer a) les facteurs de stress et b) l’évaluation primaire. Les scores suivants ont été calculés à partir de ce questionnaire :

  • réactions émotionnelles face à la pandémie de COVID-19;
  • stress (humain et matériel);
  • évaluation de l’expérience liée à la pandémie de COVID-19;
  • restrictions (liées au travail, à la santé, à la vie sociale).

En ce qui concerne les scores relatifs aux réactions émotionnelles face à la pandémie de COVID-19, on a demandé aux participants d’indiquer dans quelle mesure ils avaient vécu diverses émotions (tristesse, inquiétude, solitude, colère, impuissance, anxiété, surprise, soulagement et espoir) lorsqu’ils pensaient à la pandémie de COVID-19 ou lorsqu’ils en entendaient parler, sur une échelle de 0 (pas du tout) à 10 (énormément). Une méthode de réduction des données a été utilisée en vue d’analyses plus poussées : après l’élimination des variables asymétriques (surprise et espoir) et de la seule émotion positive restante (soulagement), une analyse factorielle parallèle a révélé une solution à un facteur. Une analyse de régression a été effectuée pour générer un score de facteur unique pour chaque participant.

En ce qui concerne les scores relatifs au stress (humain et matériel), on a demandé aux participants d’évaluer à quel point ils avaient trouvé stressants plusieurs facteurs liés à la pandémie, sur une échelle de 0 (pas du tout) à 10 (extrêmement). Une stratégie similaire de réduction des données a été utilisée pour ces éléments. Le facteur 1, appelé stress matériel, comprenait le stress lié aux finances, à la nourriture et aux biens essentiels. Le facteur 2, appelé stress humain, comprenait le stress associé à la pandémie et au virus ainsi qu’aux mesures de santé publique.

Nous avons utilisé l’échelle de stress perçu (Perceived Stress Scale-4, PSS-4)Note de bas de page 24 pour mesurer à quel point les personnes ont trouvé leur vie imprévisible, incontrôlable et surchargée au cours du dernier mois. L’échelle PSS-4 présente une excellente cohérence interne (α = 0,81) et une validité concourante adéquate (r = 0,66 à 0,73) avec des mesures de dépression et d’anxiétéNote de bas de page 24.

L’évaluation de l’expérience liée à la pandémie de COVID-19 a été mesurée en fonction de 1) la vulnérabilité individuelle perçue (accessibilité des tests de dépistage de la COVID-19; risque perçu de contracter la maladie), 2) la gravité perçue (accès à l’aide médicale nécessaire en cas d’infection et perception du rétablissement de la COVID-19), 3) les avantages perçus (degré d’accord avec les mesures de confinement et mesure dans laquelle, malgré le confinement, la personne peut mener une vie sociale active) et 4) les risques perçus (diminution des activités sociales et augmentation de la dépendance envers les autres).

Pour évaluer les restrictions (liées au travail, à la santé, à la vie sociale), on a demandé aux personnes d’indiquer quelles mesures de santé publique mises en place les touchaient directement. Pour chaque sous-catégorie (travail, santé, vie sociale), on a effectué la somme du nombre de restrictions sélectionnées.

Analyse des données

Nous avons utilisé des statistiques descriptives pour analyser la douleur, les variations spatiales des taux d’infection par le coronavirus, les mesures restrictives de santé publique et les caractéristiques du bien-être psychologique.

Pour mesurer l’effet des variations spatiales du taux d’infection par le coronavirus en fonction du nombre de cas provinciaux, de la vie en milieu urbain/rural et de leur interaction avec le stress (modèle 1 : stress humain et matériel, PSS-4) et avec la douleur (modèle 2 : interférence de la douleur, intensité de la douleur maximale et moyenne, qualité de vie), nous avons utilisé une analyse de variance multivariée.

Pour identifier les variables associées à l’aggravation de la douleur (modèle 3) et à la détresse psychologique (modèle 4), nous avons utilisé des analyses de régression logistique multivariée. La variable dépendante dans le modèle 3 était l’aggravation de la douleur (quelque peu, beaucoup ou considérablement aggravée, par rapport à inchangée, quelque peu, beaucoup ou considérablement diminuée). Dans le modèle 4, la variable dépendante était la détresse psychologique (scores PHQ-4 de 6 à 12 [détresse psychologique modérée/grave] contre 0 à 5 [aucune/détresse psychologique légère]). Toutes les variables d’intérêt théorique/clinique ont été entrées dans le modèle (voir la liste complète dans le tableau 2).

Nous avons vérifié la multicolinéarité en utilisant les facteurs d’inflation de la variance (FIV) et les coefficients de corrélation. Les analyses ont été effectuées au moyen de la version 9.4 de SAS (SAS Institute Inc., Cary, Caroline du Nord, États-Unis) et de la version 26.9 de SPSS pour Windows (IBM, Chicago, Illinois, États-Unis).

Estimation de la taille de l’échantillon

Les lignes directrices pour l’analyse de régression logistique multivariée à partir d’études observationnelles de grande échelleNote de bas de page 25 recommandent une taille d’échantillon supérieure à 500 pour assurer l’exactitude du coefficient. Un échantillon de 1 700 participants permet d’inclure tous les facteurs explicatifs pris en compte dans cette étude.

Résultats

Participants à l’étude

Au total, 3 159 participants admissibles ont rempli le questionnaire de l’étude totalement ou en partie (voir la figure 2). Le tableau 1 présente les caractéristiques des participants sur les plans sociodémographique, de la COVID-19 et de la douleur. Les participants étaient majoritairement des femmes (83,5 %) et des personnes blanches (88,3 %) et les deux tiers (68,1 %) avaient entre 40 et 69 ans. Avec une moyenne de 6,13 (écart-type [ET] : 1,84) sur 10, l’intensité moyenne de la douleur des participants au cours des 7 derniers jours était modérée, et 46,9 % ressentaient de la douleur depuis plus de 10 ans.

Figure 2. Construction de l’échantillon de l’étude

Figure 2. Construction de l’échantillon de l’étude

Description textuelle : Figure 2

Figure 2. Construction de l’échantillon de l’étude

Cette figure illustre la construction de l’échantillon de l’étude.

3428 personnes ont accédé au questionnaire. Les personnes suivantes ont été jugées non-admissibles et par conséquent exclues : 167 en raison de douleur de moins de 3 mois et 102 en raison de données manquantes sur la durée de la douleur. Un total de 3159 personnes ont donc répondu au questionnaire de l’étude. De ce nombre, 279 personnes ont été exclues des modèles inférentiels parce que l’évolution de leur douleur était inconnue et 457 personnes ont été exclues des modèles inférentiels pour cause de données manquantes sur les principales variables. Au total, 2423 personnes ont donc été incluses dans les analyses inférentielles.

Tableau 1. Caractéristiques des participants pour l’ensemble de l’échantillon et en fonction de l’évolution de la douleur et la détresse psychologique chez les participants inclus dans les analyses inférentielles
Caractéristiques Échantillon total
(N = 3 159)
Évolution de la douleur
(n = 2 423)
Détresse psychologique
(n = 2 423)
Aggravée (n = 1 697) Inchangée ou diminuée (n = 726) Aucune / détresse psychologique légère
(n = 1 365)
Détresse psychologique modérée/grave (n = 1 058)
Caractéristiques sociodémographiques
Âge en années, n (%)
18 à 39 646 (24,2) 434 (25,6) 166 (23,0) 297 (21,8) 303 (28,7)
40 à 69 1 814 (68,1) 1 181 (69,6) 472 (64,9) 945 (69,2) 708 (66,9)
70 et plus 205 (7,7) 82 (4,8) 88 (12,1) 123 (9,0) 47 (4,4)
Données manquantes 494
Sexe, n (%)
Féminin 2 225 (83,5) 1 466 (86,4) 568 (78,2) 1 115 (81,7) 919 (86,9)
Masculin 429 (16,1) 231 (13,6) 158 (21,8) 250 (18,3) 139 (13,1)
Non déterminé 11 (0,4) 0 (0,0) 0 (0,0) 0 (0,0) 0 (0,0)
Données manquantes 494
Origine ethnique, n (%)
Personne blanche 2 350 (88,2) 1 502 (88,5) 648 (89,3) 1 228 (90,0) 921 (87,0)
Autre 315 (11,8) 195 (11,5) 78 (10,7) 137 (10,0) 137 (13,0)
Données manquantes 494
Conditions de vie, n (%)
Vit seul(e) 560 (21,0) 348 (20,5) 159 (21,9) 283 (20,7) 224 (21,2)
Autre 2 105 (79,0) 1 349 (79,5) 567 (78,1) 1 082 (79,3) 834 (78,8)
Données manquantes 494
État civil, n (%)
Marié(e) ou conjoint(e) de fait 1 555 (58,6) 1 005 (59,2) 417 (57,4) 842 (61,7) 580 (54,8)
Autre 1 099 (41,4) 692 (40,8) 309 (42,6) 523 (38,3) 478 (45,2)
Données manquantes 505
Scolarité, n (%)
Pas d’études universitaires 1 444 (54,8) 939 (55,4) 385 (53,0) 678 (49,7) 646 (61,1)
Études universitaires 1 193 (45,2) 758 (44,6) 341 (47,0) 687 (50,3) 412 (38,9)
Données manquantes 522
Milieu de vie, n (%)
Rural 359 (11,4) 227 (13,4) 104 (14,3) 183 (13,4) 148 (14,0)
Urbain 2 800 (88,6) 1 470 (86,6) 622 (85,7) 1 182 (86,6) 910 (86,0)
Activité professionnelle, n (%)
Emploi à temps partiel ou à temps plein 976 (34,9) 610 (40,0) 247 (34,2) 518 (38,0) 339 (32,1)
Invalidité temporaire ou permanente 899 (32,2) 600 (35,5) 189 (26,0) 369 (27,1) 420 (39,6)
Autre 918 (32,9) 487 (24,5) 290 (39,8) 478 (34,9) 299 (28,3)
Données manquantes 366
Changement dans l’activité professionnelle, n (%)
Perte d’emploi 276 (10,0) 148 (8,7) 87 (12,0) 127 (9,2) 108 (10,2)
Pas de perte d’emploi 2 484 (90,0) 1549 (91,3) 639 (88,0) 1 238 (90,8) 950 (89,8)
Données manquantes 399
Caractéristiques liées à la pandémie de COVID-19
Variations spatiales des taux d’infection par le coronavirus (par 100 000), n (%)
Plus de 150 1 923 (73,4) 1 214 (71,5) 564 (77,7) 1 025 (75,0) 753 (71,2)
50 à 150 641 (24,5) 443 (26,2) 147 (20,3) 312 (22,9) 278 (26,3)
Moins de 50 57 (2,1) 40 (2,3) 15 (2,0) 28 (2,1) 27 (2,5)
Données manquantes 538
Diagnostic de COVID-19, n (%)
Oui, avec des complications nécessitant des soins 8 (0,3) 0 (0,0) 0 (0,0) 0 (0,0) 0 (0,0)
Oui, sans complications 16 (0,6) 0 (0,0) 0 (0,0) 0 (0,0) 0 (0,0)
En attente du résultat du test 15 (0,5) 12 (0,7) 1 (0,1) 8 (0,6) 5 (0,5)
Test non réalisé, mais présence de symptômes 77 (2,8) 56 (3,3) 12 (1,7) 32 (2,3) 36 (3,4)
Pas d’infection 2 671 (95,8) 1 629 (96,0) 713 (98,2) 1 325 (97,1) 1 017 (96,1)
Données manquantes 372
Restrictions liées au travail, score moyen (ET) 0,57 (0,70) 0,58 (0,70) 0,55 (0,69) 0,58 (0,71) 0,56 (0,68)
Restrictions liées à la santé, score moyen (ET) 1,22 (0,76) 1,30 (0,75) 1,04 (0,77) 1,11 (0,75) 1,36 (0,76)
Restrictions liées à la vie sociale, score moyen (ET) 0,87 (0,83) 0,89 (0,85) 0,80 (0,79) 0,76 (0,77) 1,00 (0,88)
Vulnérabilité perçue relativement à la COVID-19, n (%)
0 à 4 2 296 (84,6) 1 409 (83,0) 634 (87,3) 1 219 (89,4) 824 (77,9)
Plus de 4 419 (15,4) 288 (17,0) 92 (12,7) 146 (10,6) 234 (22,1)
Données manquantes 444
Gravité perçue relativement à la COVID-19, n (%)
0 à 4 1 636 (60,2) 1 006 (59,3) 431 (59,4) 803 (58,8) 634 (59,8)
Plus de 4 1 081 (39,8) 691 (40,7) 295 (40,6) 562 (41,2) 424 (40,2)
Données manquantes 442
Avantages perçus relativement à la COVID-19, n (%)
0 à 4 747 (27,6) 479 (28,2) 171 (23,6) 287 (20,9) 363 (34,3)
Plus de 4 1 963 (72,4) 1218 (71,8) 555 (76,4) 1078 (79,1) 695 (65,7)
Données manquantes 449
Risques perçus relativement à la COVID-19, n (%)
0 à 4 1 460 (54,0) 861 (50,7) 453 (62,4) 827 (60,7) 487 (45,9)
Plus de 4 1 245 (46,0) 836 (49,3) 273 (37,6) 538 (39,3) 571 (54,1)
Données manquantes 454
Stress associé à la pandémie, score moyen (ET) 6,88 (2,40) 7,17 (2,30) 6,18 (2,48) 6,01 (2,34) 7,99 (1,98)
Stress associé aux restrictions de santé publique, score moyen (ET) 5,88 (2,70) 6,21 (2,62) 5,15 (2,70) 5,14 (2,58) 6,85 (2,51)
Caractéristiques psychologiques
PHQ-4, n (%)
Aucune / détresse psychologique légère 1 513 (56,8) 850 (50,1) 515 (71,0)
Détresse psychologique modérée/grave 1 153 (43,2) 847 (49,9) 211 (29,0)
Données manquantes 493
PSS-4, score moyen (ET) 7,84 (3,24) 8,25 (3,18) 6,84 (3,15) 6,28 (2,74) 9,84 (2,68)
Caractéristiques de la douleur
Emplacement de la douleur, n (%)
Douleur généralisée 359 (11,8) 210 (12,4) 74 (10,2) 157 (11,5) 127 (12,1)
Tête 82 (2,7) 31 (1,8) 23 (3,2) 34 (2,5) 20 (1,9)
Membre supérieur et haut du corps 242 (7,9) 124 (7,4) 62 (8,4) 103 (7,5) 83 (7,9)
Membre inférieur et bas du corps 2 379 (77,2) 1 322 (77,8) 563 (77,6) 1 064 (78,0) 821 (77,5)
Emplacements multiples 13 (0,4) 5 (0,3) 2 (0,3) 6 (0,4) 1 (0,1)
Données inconnues / manquantes 84 5 (0,3) 2 (0,3) 1 (0,1) 6 (0,5)
Origine de la douleur, n (%)
Accident 750 (25,1) 441 (26,9) 160 (22,4) 324 (24,0) 287 (27,4)
Maladie 757 (25,4) 419 (25,0) 203 (28,4) 374 (27,9) 248 (23,7)
Mouvement/
traumatisme
334 (11,2) 175 (10,4) 88 (12,3) 150 (11,2) 113 (10,8)
Aucun événement précis 763 (25,6) 422 (25,1) 182 (25,5) 343 (25,5) 261 (24,9)
Autre 380 (12,7) 213 (12,6) 81 (11,4) 154 (11,4) 140 (13,2)
Données manquantes 175 27 12 20 9
BPI, score moyen (ET) 43,39 (14,24) 45,23 (13,33) 39,06 (15,32) 38,83 (13,74) 49,26 (12,65)
Intensité moyenne de la douleur, score moyen (ET) 6,13 (1,84) 6,36 (1,68) 5,64 (2,00) 5,76 (1,81) 6,63 (1,69)
Intensité maximale de la douleur, score moyen (ET) 7,65 (1,77) 7,91 (1,51) 7,18 (2,03) 7,38 (1,81) 8,09 (1,51)
Qualité de vie générale, score moyen (ET) 55,66 (20,03) 54,17 (19,78) 58,80 (19,65) 59,68 (19,04) 50,80 (19,73)
Durée de la douleur, n (%)
2 ans ou moins 390 (12,7) 180 (10,5) 111 (15,3) 166 (12,2) 125 (11,8)
De 3 à 10 ans 1 248 (40,4) 718 (42,4) 260 (35,8) 517 (37,8) 461 (43,6)
Plus de 10 ans 1 444 (46,9) 799 (47,1) 355 (48,9) 682 (50,0) 472 (44,6)
Données manquantes 77
Évolution de la douleur, n (%)
Considérablement aggravée 418 (14,5) 126 (9,2) 232 (22,0)
Très aggravée 577 (20,0) 220 (16,2) 275 (26,0)
Quelque peu aggravée 990 (34,5) 504 (36,9) 340 (32,1)
Inchangée 750 (26,0) 431 (31,5) 183 (17,3)
Diminuée (un peu, beaucoup, considérablement) 145 (5,0) 84 (6,2) 28 (2,6)
Données manquantes 279
Modification des traitements pharmacologiques, n (%)
Oui 970 (33,9) 707 (41,7) 113 (15,6) 392 (28,7) 428 (40,5)
Non 1 563 (54,6) 803 (47,3) 512 (70,5) 792 (58,0) 523 (49,4)
Sans objet 331 (11,5) 187 (11,0) 101 (13,9) 181 (13,3) 107 (10,1)
Données manquantes 315
Modification des traitements physiques/psychologiques, n (%)
Oui 1 685 (59,5) 1 140 (67,2) 334 (46,0) 821 (60,3) 653 (61,7)
Non 786 (27,7) 369 (21,7) 272 (37,5) 379 (27,7) 262 (24,8)
Sans objet 362 (12,8) 188 (11,1) 120 (16,5) 165 (12,0) 143 (13,5)
Données manquantes 326

Abréviations : BPI, Brief Pain Inventory (Questionnaire concis sur la douleur); PHQ-4, Patient Health Questionnaire-4 (Questionnaire sur la santé du patient); PSS-4, Perceived Stress Scale-4 (Échelle de stress perçu).
Remarque : Les pourcentages étant calculés sur la base des données fournies (et excluent les données manquantes), le dénominateur peut varier d’une variable à l’autre.

De nombreux participants ont indiqué que leur douleur s’était aggravée depuis le début de la pandémie de COVID-19 (68,9 %). Moins de 1 % ont reçu un diganostic positif à la COVID-19. Une majorité (73,4 %) vivait dans des provinces où le taux d’infection était élevé (plus de 150 cas pour 100 000 habitants). Les niveaux de stress (sur une échelle de 0 à 10) directement associés à la pandémie (moyenne : 6,9 [ET : 2,4]) et au confinement (5,9 [2,7]) étaient toutefois modérés. Les niveaux de détresse psychologique étaient modérés ou graves chez près de la moitié des participants (n = 1 153; 43,2 %). Parmi ceux qui travaillaient au début de la pandémie, plus du quart (28,3 %; 276/976 personnes employées) avaient perdu leur emploi.

Associations entre les variations spatiales des taux d’infection par le coronavirus, l’évaluation du stress et la douleur

Les résultats ont montré que les taux d’infection provinciaux (trace de Pillai = 0,004; F(6; 5 168) = 1,87; p = 0,082), les milieux urbains ou ruraux (trace de Pillai = 0,001; F(3; 2 583) = 0,48; p = 0,695) ou leur interaction (trace de Pillai = 0,002; F(6; 5 168) = 0,74; p = 0,621) n’étaient pas associés au stress perçu (PSS-4, stress humain et matériel associé à la pandémie) (modèle 1). Les taux d’infection provinciaux (trace de Pillai = 0,024; F(6; 5 148) = 10,54; p < 0,001), contrairement à la vie en milieu urbain ou rural (trace de Pillai = 0,001; F(3; 2 573) = 1,09; p = 0,352) et à leur interaction (trace de Pillai = 0,003; F(6; 5 148) = 1,15; p = 0,332), étaient associés à une interférence de la douleur (mais pas à l’intensité moyenne ou maximale de la douleur ou à la qualité de vie). Ainsi, les résidents des provinces comptant entre 50 et 150 cas pour 100 000 ont indiqué des degrés d’interférence de la douleur plus élevés (moyenne : 47,5 [ET : 12,9]) que ceux déclarés par les résidents des provinces comptabilisant plus de 150 cas par 100 000 (42,1 [14,3]) [F(5; 2 593) = 15,4; p < 0,01] (modèle 2).

Variables associées à l’évolution de la douleur et à la détresse psychologique

Il n’y a pas eu de différences cliniquement significatives (plus de 20 % de différence dans les scores totaux entre les groupesNote de bas de page 26 ou dans les proportions entre les groupes pour les variables nominales) entre les personnes qui ont été incluses (n = 2 423) et celles qui ont été exclues (n = 736) en raison de données manquantes, sauf pour le nombre de restrictions de santé publique. Comparativement aux personnes retenues dans le modèle, les personnes exclues étaient plus nombreuses à ne déclarer aucune restriction liée à la santé (19,3 % contre 69,5 %), aucune restriction liée au travail (54,0 % contre 82,9 %) et aucune restriction liée à la vie sociale (37,9 % contre 73,4 %). Toutes les personnes ayant indiqué avoir contracté la COVID-19 (n = 24) ont été exclues des analyses de régression en raison de données manquantes, mais elles ne constituaient que 0,8 % des participants.

En raison de fortes corrélations entre l’interférence de la douleur (score BPI) et les deux mesures d’intensité de la douleur (douleur moyenne : r = 0,631; douleur maximale : r = 0,564), seul le score BPI a été inclus dans le modèle.

Les résultats détaillés concernant l’évolution de la douleur (modèle 3) sont présentés dans le tableau 2. Les statistiques descriptives sur les variables pertinentes en fonction du type d’évolution la douleur sont présentées dans le tableau 1. Les adultes des tranches d’âge supérieures (rapport de cotes ajusté [RCA] : 0,49 %; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 0,32 à 0,76) et les personnes ayant perdu leur emploi depuis le début de la pandémie (0,67; 0,48 à 0,94) étaient moins susceptibles de déclarer une aggravation de la douleur que les jeunes adultes ou ceux qui occupaient encore un emploi ou ne faisaient pas partie de la population active.

Tableau 2. Associations entre les caractéristiques des patients et l’aggravation de la douleur ou la détresse psychologique
Variables Modèle 3
Aggravation de la douleur
Modèle 4
Détresse psychologique modérée ou grave
RCA (IC à 95 %) Valeur p RCA (IC à 95 %) Valeur p
Période à laquelle le questionnaire a été rempli
Semaines 1 à 3 (confinement complet) Réf. Réf.
Semaines 4 à 5 (levée initiale des restrictions) 0,90 (0,71–1,13) 0,361 1,03 (0,79–1,33) 0,837
Semaines 6 à 8 (levée supplémentaire des restrictions) 1,01 (0,78–1,31) 0,961 0,96 (0,72–1,27) 0,767
Âge (années)
18 à 39 Réf. Réf.
40 à 69 0,92 (0,71–1,18) 0,487 0,75 (0,57–0,98) 0,034
70 et plus 0,49 (0,32–0,76) 0,002 0,54 (0,32–0,92) 0,024
Sexe
Masculin Réf. Réf.
Féminin 1,19 (0,92–1,55) 0,182 1,10 (0,80–1,50) 0,560
État civil
Autre Réf. Réf.
Marié(e) ou conjoint(e) de fait 1,07 (0,83–1,37) 0,626 0,94 (0,71–1,24) 0,659
Condition de vie
Vit seul(e) Réf. Réf.
Autre 0,96 (0,71–1,31) 0,801 1,06 (0,75–1,48) 0,757
Scolarité
Pas d’études universitaires Réf. Réf.
Études universitaires 0,96 (0,78–1,19) 0,721 0,85 (0,68–1,07) 0,166
Milieu de vie
Rural Réf. Réf.
Urbain 1,20 (0,91–1,59) 0,205 1,06 (0,77–1,46) 0,711
Activité professionnelle
Autre Réf. Réf.
Temps plein ou temps partiel 1,42 (1,09–1,86) 0,011 1,12 (0,83–1,52) 0,458
Invalidité permanente/temporaire 1,23 (0,94–1,60) 0,132 1,16 (0,86–1,55) 0,327
Changement dans l’activité professionnelle
Pas de perte d’emploi Réf. Réf.
Perte d’emploi 0,67 (0,48–0,94) 0,019 1,09 (0,74–1,61) 0,663
Variations spatiale des taux d’infection par le coronavirus (par 100 000)
Moins de 50 Réf. Réf.
50 à 150 1,05 (0,53–2,08) 0,887 0,79 (0,37–1,70) 0,547
Plus de 150 1,00 (0,52–1,93) 0,991 0,83 (0,39–1,76) 0,632
Vulnérabilitéperçue relativement à la COVID-19
0 à 4 Réf. Réf.
Plus de 4 0,98 (0,73–1,31) 0,886 1,17 (0,86–1,60) 0,309
Gravité perçue relativement à la COVID-19
0 à 4 Réf. Réf.
Plus de 4 0,92 (0,76–1,13) 0,437 0,92 (0,74–1,15) 0,475
Avantages perçus relativement à la COVID-19
0 à 4 Réf. Réf.
Plus de 4 1,00 (0,79–1,26) 0,997 1,03 (0,80–1,32) 0,844
Risques perçus relativement à la COVID-19
0 à 4 Réf. Réf.
Plus de 4 1,27 (1,03–1,56) 0,022 0,91 (0,73–1,13) 0,381
Restrictions liées au travail 0,99 (0,83–1,17) 0,856 1,06 (0,88–1,27) 0,547
Restrictions liées à la santé 1,10 (0,96–1,27) 0,174 1,08 (0,92–1,25) 0,349
Restrictions liées à la vie sociale 0,98 (0,86–1,12) 0,786 1,08 (0,94–1,24) 0,275
Réactions émotionnelles liées à la COVID-19Note de bas de page a 1,17 (0,99–1,38) 0,059 2,14 (1,78–2,57) <0,001
Stress (besoins matériels)Note de bas de page a 0,93 (0,82–1,05) 0,224 1,08 (0,95–1,22) 0,268
Stress (menace du virus, interactions sociales)Note de bas de page a 1,21 (1,05–1,41) 0,011 1,39 (1,17–1,66) <0,001
PSS-4 – Stress perçu 1,04 (1,00–1,08) 0,046 1,43 (1,36–1,50) <0,001
PHQ-4
Détresse nulle/légère Réf.
Détresse modérée/grave 1,18 (0,92–1,52) 0,188
BPI – interférence de la douleur 1,02 (1,01–1,03) <0,001 1,02 (1,01–1,03) <0,001
Durée de la douleur, années
0 à 2 Réf. Réf.
3 à 10 1,69 (1,24–2,29) 0,001 1,00 (0,71–1,42) 0,984
Plus de 10 1,40 (1,03–1,90) 0,033 0,83 (0,59–1,18) 0,308
Évolution de la douleur
Inchangée ou diminuée Réf.
Aggravée 1,14 (0,88–1,47) 0,316
Modification des traitements pharmacologiques
Non Réf. Réf.
Oui 3,17 (2,49–4,05) <0,001 1,27 (1,00–1,62) 0,054
Modification des traitements physiques/psychologiques
Non Réf. Réf.
Oui 2,04(1,62–2,58) <0,001 1,04 (0,79–1,37) 0,783

Abréviations : BPI, Brief Pain Inventory (Questionnaire concis sur la douleur); IC, intervalle de confiance; RCA, rapport de cotes ajusté; PHQ-4, Patient Health Questionnaire-4 (Questionnaire sur la santé du patient); PSS-4, Perceived Stress Scale-4 (Échelle de stress perçu); réf., référence.
Remarque : Les valeurs p statistiquement significatives sont indiquées en gras.

Note de bas de page a

Scores de régression issus de l’analyse factorielle exploratoire.

Retour à la référence de la note de bas de page a

Les personnes qui avaient une activité professionnelle ont été plus nombreuses à déclarer une aggravation de la douleur que celles qui n’occupaient pas d’emploi ou n’étaient pas en congé d’invalidité (1,42; 1,09 à 1,86). Des niveaux élevés de risques perçus (mais non de vulnérabilité, de gravité ou d’avantages) associés à la COVID-19 (1,27; 1,03 à 1,56) et des niveaux élevés de stress associés à la santé et à la sécurité des personnes (score composite de stress humain) (1,21; 1,05 à 1,41) étaient associés à une probabilité accrue de déclarer une aggravation de la douleur. Une douleur présente depuis longtemps (3 à 10 ans : 1,69; 1,24 à 2,29; plus de 10 ans : 1,40; 1,03 à 1,90) et la modification des traitements pharmacologiques (3,17; 2,49 à 4,05) et des traitements physiques et psychologiques (2,04; 1,62 à 2,58) étaient également associées à une plus forte probabilité de faire état d’une aggravation de la douleur.

Sur la base des analyses de l’étude, on ne peut exclure que certaines personnes aient signalé une amélioration de leur état quant à la douleur à la suite d’un changement de traitement; cependant, seuls 5 % des répondants de l’échantillon global ont fait état d’une amélioration dans ce domaine.

Les résultats détaillés de la détresse psychologique (modèle 4) sont présentés dans le tableau 2. Des statistiques descriptives sur les variables pertinentes en fonction de la détresse psychologique sont présentées dans le tableau 1. Les résultats ont révélé que les adultes des tranches d’âge supérieures (de 40 à 69 ans : RCA = 0,75; IC à 95 % : 0,57 à 0,98; 70 ans et plus : 0,54; 0,32 à 0,92) étaient moins susceptibles de faire état d’une détresse psychologique modérée ou grave que les adultes plus jeunes.

Une forte présence d’émotions négatives associées à la pandémie (RCA = 2,14; IC à 95 % : 1,78 à 2,57), des niveaux élevés de stress associés à la santé individuelle et aux interactions sociales (stress humain : 1,39; 1,17 à 1,66) et un niveau élevé de stress global perçu (1,43; 1,36 à 1,50) étaient associés à une probabilité accrue de déclarer une détresse psychologique modérée ou grave.

Analyse

À notre connaissance, cette étude est l’une des premières à exposer les effets de la pandémie de COVID-19 sur un vaste échantillon de personnes atteintes de douleur chronique, qui ont participé à un sondage en ligne. La pandémie de COVID-19 a eu des effets néfastes sur de nombreuses personnes, en entraînant une aggravation de la douleur (70 % des personnes) et une détresse psychologique (détresse modérée ou grave chez près de la moitié des personnes). Il s’agit d’un constat important, sachant qu’il est très rare que la douleur chronique disparaisse d’elle-même et que 33 % des personnes inscrites sur la liste d’attente d’une clinique de la douleur déclarent avoir des idées suicidairesNote de bas de page 27.

Ces statistiques concordent avec celles des personnes atteintes d’autres maladies chroniques qui présentent des taux de stress, de dépression et d’anxiété plus élevés que ceux de la population générale pendant la pandémieNote de bas de page 28. Deux raisons importantes ont été trouvées et concernent les taux de mortalité plus élevés suite à l’infection par le coronavirus parmi les populations ayant des problèmes de santé et n’ayant pas d’accès à des services et traitements médicauxNote de bas de page 28. Dans cette étude, les modifications des traitements pharmacologiques et physiques ou psychologiques de la douleur depuis le début de la pandémie présentaient les plus fortes associations avec l’aggravation de la douleur. La transition rapide vers des soins virtuels ou d’autres types de soins de santé accessibles et d’autres mesures de soutien est de la plus haute importance dans ces circonstancesNote de bas de page 29.

Association entre l’évolution de la douleur et des facteurs autres que géographiques

Les variations régionales des taux d’infection par le coronavirus, le fait de vivre dans un centre urbain où la transmission est plus probable qu’en milieu rural et le fait d’être visé par un nombre élevé de mesures de santé publique n’ont pas été associés à une aggravation de la douleur ou à de la détresse psychologique. La prévalence de la douleur chronique est généralement plus élevée chez les habitants des régions rurales ou éloignées du Canada que chez les citadinsNote de bas de page 30, mais cela ne signifie pas que ces personnes sont également exposées à un risque accru d’aggravation de la douleur chronique. Dans des études asiatiques et européennes, la gravité géographique de l’éclosion du coronavirus a été positivement associée à une détresse psychologique généraleNote de bas de page 28, mais aucun examen n’a été effectué par rapport à l’évolution de la douleur.

Évaluation et gestion du stress – un aspect essentiel

Le stress perçu était associé à la fois à l’aggravation de la douleur et à la détresse psychologique. Des études antérieures sur la pandémie de COVID-19 ont démontré que les sources de stress sont nombreuses, en particulier la peur de contracter la COVID-19, les inquiétudes socioéconomiques et les réactions au stress traumatiqueNote de bas de page 31Note de bas de page 32.

Dans notre étude, l’évaluation du stress s’est révélée avoir des liens plus étroits avec l’évolution de la douleur et avec la détresse psychologique qu’avec les variations spatiales de la COVID-19. Il s’agit d’une constatation importante sur le plan clinique, car s’il est difficile de réduire le nombre absolu de facteurs de stress en période de pandémie, il est possible d’aider les personnes qui le vivent à en optimiser la gestion et l’évaluationNote de bas de page 33.

Paradoxalement, le fait d’avoir perdu son emploi pendant la pandémie a été associé à une probabilité moindre de déclarer une aggravation de la douleur, alors que le fait d’être sur le marché du travail au début de la pandémie a été associé à une probabilité accrue de faire état d’une aggravation de la douleur. Bien que le type d’emploi n’ait pas été pris en compte dans cette étude, travailler pendant la pandémie peut conduire à atteindre ou franchir les limites des capacités physiques d’une personne si les exigences de son environnement (p. ex. prendre soin des enfants à la maison, s’adapter au travail à distance) augmentent. Perdre son emploi, si l’on peut recourir à des programmes financiers d’urgence nationaux largement accessibles, peut diminuer le niveau d’activité physique d’une personne ou lui permettre de se consacrer davantage à l’autogestion de sa douleur.

L’aggravation de la douleur et la détresse psychologique diminuaient en fréquence avec l’âge. Des constatations similaires sont ressorties d’une étude systématique, qui a montré que les jeunes adultes étaient plus exposés au risque de détresse psychologique pendant la pandémie, probablement en raison du stress financier et professionnel associé aux confinements, en plus des responsabilités accrues telles que la garde des enfantsNote de bas de page 28.

Ampleur de la détresse psychologique

La détresse psychologique dans cet échantillon (43 %) était deux fois plus importante que dans la population générale pendant la pandémie de COVID-19Note de bas de page 8. Nos analyses ont montré que les personnes qui se sentaient particulièrement vulnérables face à la pandémie de COVID-19, ou qui exprimaient des inquiétudes quant à la santé des autres, étaient plus susceptibles de faire état de détresse psychologique. La pandémie de COVID-19 place les individus dans une situation imprévisible sur laquelle ils ont peu d’emprise, une recette parfaite pour un stress accruNote de bas de page 33. Contrairement aux observations faites en matière d’évolution de la douleur, la modification des traitements pharmacologiques ou physiques/psychologiques contre la douleur n’a  pas augmenté la probabilité de faire état d’une détresse psychologique modérée ou grave. Certaines modifications de traitement peuvent avoir été apportées à l’initiative des personnes atteintes de douleur chronique, afin de limiter leur risque d’infection (par exemple en évitant les hôpitaux), ce qui peut avoir conduit à une réduction de la menace perçue. Pour d’autres, des modifications forcées de leurs traitements ont pu entraîner une aggravation de leur détresse psychologique.

Forces et limites

La conception transversale de cette étude empêche d’éventuelles inférences causales. L’autosélection des participants à l’étude, du fait d’une stratégie d’échantillonnage de commodité qui comprenait des organisations de patients, limite la généralisation de nos conclusions à toutes les personnes atteintes de douleur chronique. Toutefois, par rapport à d’autres sondages aléatoires de grande échelle, l’échantillon de notre étude est d’un âge similaire (âge moyen : 49,7; autres sondages : 46,6 à 48,4)Note de bas de page 2Note de bas de page 34Note de bas de page 35 et compte un pourcentage similaire de travailleurs (34,9 %; autres sondages : 38 à 44 %)Note de bas de page 2Note de bas de page 34. De plus, les données rejoignent celles d’autres sondages aléatoires de grande échelle en ce qui concerne la durée de la douleur (plus de 10 ans chez 46,9 % des répondants, contre 46 à 46,7 %)Note de bas de page 2Note de bas de page 36 et l’intensité de la douleur (score moyen de la douleur entre 0 et 10 : 6,1, contre 6,3 à 6,9)Note de bas de page 34Note de bas de page 37.

Les femmes sont surreprésentées dans cette étude par rapport à d’autres étudesNote de bas de page 2Note de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 37. Il est possible que cela soit en partie attribuable aux stratégies de recrutement, qui reposaient principalement sur les médias sociauxNote de bas de page 38Note de bas de page 39. Néanmoins, nous avons pu recruter un nombre non négligeable de participants masculins (n = 429), ce qui nous a permis de tenir compte de cette variable dans les modèles multivariés.

L’exclusion des personnes pour lesquelles il manquait des données a probablement donné lieu à un échantillon moins touché par la pandémie que l’échantillon global. De plus, les données fournies par les patients peuvent avoir été sujettes à un biais de rappel ou à une classification erronée. Ces mêmes caractéristiques ont cependant permis de se concentrer sur les perspectives des individus et de décrire leur vécu, ce qui est très difficile à réaliser dans les grandes études épidémiologiques utilisant des bases de données médico-administratives.

Répercussions et recommandations

Étant donné la nature transversale de cette étude et la méthode d’échantillonnage de commodité utilisée, il sera important de valider les résultats de l’étude au moyen d’autres échantillons de personnes atteintes de douleur chronique. Les résultats de notre étude ont révélé une aggravation de la douleur et une détérioration de l’état psychologique pendant la pandémie de COVID-19, au sein d’une population déjà confrontée à de multiples types de problèmes physiques, socioéconomiques et de santé mentale. La pandémie a exacerbé toutes ces difficultésNote de bas de page 40Note de bas de page 41. Compte tenu de la trajectoire de la douleur chronique, il est probable que de nombreuses personnes ne reviendront pas à leur état de douleur d’avant la pandémie après celle-ci, et les taux de douleur chronique pourraient augmenter avec le tempsNote de bas de page 5. Comme le suggère le dernier rapport du Groupe de travail canadien sur la douleur, des réponses concrètes à la pandémie de COVID-19 devraient être mises en œuvre à l’échelle du système pour améliorer la situation des personnes atteintes de douleur chroniqueNote de bas de page 5. Il s’agit notamment de faire de la douleur une priorité en matière de soins de santé, de soutenir la recherche épidémiologique sur la douleur (y compris la douleur post-virale), de faciliter la mise en œuvre de soins virtuels échelonnés pour la douleur et la santé mentale, de faciliter l’accès aux outils d’autogestion et de créer un système d’évaluation, d’admission et de soins centralisés et interdisciplinairesNote de bas de page 5.

Remerciements

Les auteurs remercient Pain BC et l’Alliance canadienne des arthritiques pour leurs commentaires sur la conception de l’étude et les questionnaires, ainsi que pour leur appui au recrutement. MGP est chercheure-boursière junior 1 et AL est chercheure-boursière junior 2 du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).

Nous tenons également à remercier nos partenaires représentant les patients – Camille Fauteux, Jacques Laliberté et Linda Wilhelm – pour leurs observations et leur collaboration tout au long du projet. Ils ont participé à la mise à l’essai préalable des questionnaires de l’étude et ont donné leur avis sur l’interprétation des résultats de l’étude.

Diffusion

Les résultats de l’étude ont été présentés lors de deux conférences, soit à la Société canadienne de psychologie et au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Deux webinaires publics ont également eu lieu pour diffuser les résultats de l’étude au grand public. En outre, nous prévoyons la diffusion des résultats de l’étude aux participants et au grand public au moyen d’infographies et de communiqués de presse par l’intermédiaire d’organisations partenaires.

Financement

Le soutien financier pour cette étude a été fourni par le Réseau de la douleur chronique dans le cadre de la Stratégie de recherche axée sur le patient des Instituts de recherche en santé du Canada (subvention SRAP SCA-145102), le Réseau québécois de recherche sur la douleur du FRQS et Pain BC.

MH, GM et KS sont employés par Pain BC, un organisme de bienfaisance sans but lucratif qui vise à améliorer le bien-être des personnes vivant avec la douleur. Ils ont participé à la conception de l’étude, au recrutement des participants et à l’examen du manuscrit. Toutes les autres sources de financement n’ont joué aucun rôle dans la conception de l’étude, la collecte, l’analyse et l’interprétation des données, la rédaction du manuscrit ou la décision de soumettre le document aux fins de publication.

Conflits d’intérêts

Tous les auteurs déclarent qu’ils ne bénéficient d’aucun soutien de la part d’entités commerciales pour le travail soumis. MH, GM et KS sont employés par Pain BC, un organisme de bienfaisance sans but lucratif qui vise à améliorer le bien-être des personnes vivant avec la douleur; cet organisme reçoit des fonds du ministère de la Santé de la Colombie-Britannique. GM a reçu un financement de la Michael Smith Foundation for Health Research par l’intermédiaire du groupe de recherche InSearch pour des travaux sans rapport avec cet article.

Contributions des auteurs et avis

MGP : conceptualisation, curation des données, analyse formelle, enquête, méthodologie, rédaction (première ébauche du manuscrit, relecture et révision); AL, LD, MH, GM, KS, JMT, MC : conceptualisation, curation des données, obtention de fonds, méthodologie, rédaction (relecture et révision); MD : analyse formelle, rédaction (relecture et révision); AJM : conceptualisation, curation des données, méthodologie, administration du projet, rédaction (relecture et révision); NS : méthodologie, analyse, relecture et révision.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs et ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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